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II. Une analyse de la compréhension du phénomène

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Introduction

Introduction

Pratiques prometteuses en Italie

En Italie, il existe un certain nombre d’initiatives de prévention et de lutte contre les violences et les discriminations dans le sport. Certains clubs ont lancé des campagnes pédagogiques destinées aux familles des pratiquants, qui proposent un ensemble de règles de comportement de base. L’UISP Bologne mène un programme plus structuré intitulé Oltre le regole facciamoli giocare lasciamoli sbagliare (« Au-delà des règles, laissez-les jouer, laissez-les faire des erreurs ») en collaboration avec les parents, les enfants et les entraîneurs. Le programme a notamment des arbitres qui rencontrent les parents avant les matchs pour leur demander de laisser leurs enfants s’amuser et d’éviter tout écart de conduite.

Un autre projet initié à Bologne est le Torneo Dimondi (« tournoi du monde »), qui a été créé par des clubs locaux dans le but d’atteindre des jeunes et des adultes qui généralement ne font pas partie d’un club sportif en raison de leurs origines sociales ou ethniques, leur genre, leur orientation sexuelle, etc. Le projet relaie un message anti-raciste, anti-fasciste, anti-sexiste et anti-discrimination par le biais de sport. Afin de réduire les tensions liées à la compétitivité, les parties/matchs, qui ont lieu chaque mois, sont auto-arbitrés et les équipes peuvent gagner des points pour leur bon respect des règles et de leurs opposants. Une initiative similaire, Mondiali Antirazzisti (« coupe du monde antiraciste ») organise des tournois de football, volleyball, basketball et rugby avec des équipes de genre et d’âge mixtes composées de réfugiés, d’immigrants, d’organisations anti-racistes et de jeunesse de toute l’Europe représentant plus de 70 nationalités. Comme dans le Torneo Dimondi, les matchs sont auto-arbitrés et les finales sont uniquement sur pénalités afin de renforcer l’esprit non compétitif du tournoi. Ce programme a pour objectifs de : établir un dialogue entre différentes cultures et avec les collectivités territoriales et les organisations sportives et de jeunesse à travers l’Europe dans le but d’initier des projets et des collaborations à l’échelle nationale ou européenne ; ouvrir les esprits et établir une plateforme pour les débats et les échanges d’expériences ; lutter contre les discriminations et les violences dans le sport et la société en général ; sensibiliser le public aux discriminations dans le sport et créer une campagne d’information et anti-discriminations.

Pratiques prometteuses en Belgique

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Dans la Ville de Liège en Belgique, plusieurs fédérations de sport amateur et le programme de Fan Coaching ont mis en place le Pacte liégeois pour un sport sain, amical et respectueux qui englobe divers projets et actions gérées par différents acteurs. Ceux-ci comprennent : des bannières affichant le slogan de la campagne « Le fair play est un sport » que les clubs de sport locaux peuvent afficher ; la désignation dans chaque club d’une personne en charge de faire respecter le fair play ; le Prix du Fair Play annuel auquel les clubs locaux sont encouragés à participer ; distinction de membres de la communauté ayant démontré la valeur du fair play lors d’une Nuit du Sport annuelle ; exposition sur le thème du fair play ; depuis 2019, le Pacte coordonne un projet de « sport citoyen » contre la polarisation dans le sport amateur ; le programme « Parents Cool » sensibilise les parents à leur propre comportement avec des vidéo clips. Le groupe de travail du Pacte se réunit régulièrement pour évaluer les résultats du programme, partager des expériences et ainsi améliorer le programme.

Pratiques prometteuses au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, il existe plusieurs programmes de promotion de l’inclusion et de la diversité dans le sport et par extension dans la communauté. Par exemple Football Unites, Racism Divides (FURD) (« Le football unit, le racisme divise ») est un programme d’inclusion sociale, notamment des jeunes, dans la ville de Sheffield qui travaille avec les communautés locales mais aussi aux plans national et international pour combattre le racisme, promouvoir l’inclusion dans le football et la société et améliorer la compréhension mutuelle entre les diverses communautés. Entre autres activités, FURD offre des sessions d’entraînement gratuites ou à très bas prix pour faciliter l’accès au sport des jeunes des minorités ethniques, et des tournois auxquels participent des équipes de réfugiés et de demandeurs d’asile. Il offre aussi des sessions hebdomadaires de football gratuites pour les femmes et les filles afin de rendre ce sport plus inclusif. Une autre activité du programme FURD est l’initiative Streetkick. Il s’agit d’un mini-stade de football gonflable qui peut être installé dans différents quartiers de la ville pour promouvoir la participation des jeunes et l’anti-racisme dans le sport. Des volontaires sont présents lors du déploiement du mini-stade gonflable et donnent au public des informations sur des événements liés au sport et à l’anti-racisme. Streetkick est le plus souvent déployé dans les quartiers avec une forte proportion de jeunes issus des minorités ethniques ou bien ceux où existent des tensions raciales. L’initiative a aussi été déployée pendant le tournoi de l’Euro en 2004 (Portugal), 2008 (Autriche/Suisse) et 2012 (Pologne/Ukraine) ainsi que pendant la Coupe du Monde de 2006 en Allemagne, où elle a eu beaucoup de succès auprès des supporteurs. Le projet Breaking Boundaries (« Rompre les barrières ») a des objectifs similaires mais cette fois au travers du cricket, que ce soit en y jouant ou en étant volontaire ou spectateur. Le projet est déployé dans certains quartiers de Manchester, Birmingham, Bradford et d’autres villes et cherche à réunir des groupes d’ethnie et de religion différentes en une même communauté en faisant la promotion de la cohésion sociale, du respect mutuel et de l’amitié. Il s’adresse à tous les âges, genres et ethnicités et veille à ce que les jeunes ayant un handicap puissent participer au sport de façon égale aux autres. Le dispositif offre différents ateliers créatifs et des conférences/prises de parole par des intervenants qui peuvent être une source d’inspiration ou par des groupes de volontaires. Une autre initiative intéressante est le projet national Premier League Kicks qui aide les jeunes de certaines des zones les plus défavorisées du RoyaumeUni au travers du football. Quatre-vingt-dix clubs de football professionnel dans tout le pays travaillent avec leurs communautés locales pour offrir des activités constructives aux jeunes telles que la pratique du sport/football amateur et des sessions de coaching et de développement personnel. Il s’agit d’améliorer la participation au sport, de promouvoir l’inclusion et la cohésion et de réduire les comportements inciviques au niveau local avec des activités et un mentorat adaptés aux besoins spécifiques et aux dynamiques propres à chaque communauté locale. Le programme 2019-22 escompte attirer 175 000 jeunes au sein d’équipes masculines, féminines et mixtes. Le point fort de la campagne est la coupe annuelle Premier League Kicks Cup qui réunit toutes les équipes ayant participé au programme pour une compétition de football. L’accent est mis sur le fair play – des prix du fair play sont remis aux équipes et aux individus – et aux interactions entre les différentes équipes. Les objectifs affichés du projet sont de promouvoir l’intégration, l’égalité, la diversité et l’inclusion, le bien-être physique et mental, y compris l’estime de soi, l’ambition et les aptitudes sociales, et de renforcer les communautés locales par une culture du volontariat, de l’action sociale, des modèles de comportement, et en soutenant l’éducation, la formation et l’accès à l’emploi. Ce dernier point est particulièrement réussi : le programme a aidé des milliers de jeunes gens à bénéficier d’une éducation, d’une formation ou d’un emploi et 20% des volontaires du programme sont d’anciens bénéficiaires. Pour les trois années à venir, Premier League Kicks élargira son « offre » pour les jeunes qui nécessitent un soutien spécial. En partenariat avec l’association d’aide aux enfants Children In Need, près de 48 clubs de football professionnel offriront un mentorat et une assistance-conseil à des enfants et des jeunes en risque de dérive vers la violence ou affectés par celle-ci.

Partie 4

Conclusions et recommandations

À partir des conclusions de cette analyse, les partenaires du consortium MATCH-SPORT ont identifié les recommandations suivantes que nous adressons aux collectivités territoriales et aux clubs de sport locaux. Ces principes ont informé toutes les actions mises en œuvre dans le cadre du projet et ont été adaptés en fonction des enseignements du projet. Le sport amateur a un impact positif sur la cohésion sociale et un effet durable sur la prévention des violences. C’est pourquoi nous recommandons la création de clubs de sport ou de favoriser la pratique du sport dans les quartiers dits sensibles en y organisant des activités conjointement avec les clubs professionnels, dans l’objectif d’attirer les jeunes pratiquants. Les collectivités devraient soutenir financièrement les clubs, en particulier ceux qui sont situés dans les quartiers « difficiles », et veiller à ce que les projets de sport aient une dimension pédagogique. La compétition est inhérente au sport. Cependant, l’idée que la compétition mène aux violences est un stéréotype. Nous devons réfléchir à comment réduire les violences dans une société qui considère que gagner est le seul but et l’aune à laquelle nous nous définissons en tant qu’individus ou que groupes. C’est seulement par un travail holistique et transversal que nous arriverons à combattre les violences et les discriminations dans le sport amateur. Il est nécessaire de travailler sur plusieurs thèmes de façon simultanée, par exemple l’éducation et le respect pour les amis et les arbitres, et d’adapter les règles pour améliorer l’inclusivité. Le rôle des arbitres en tant qu’éducateurs doit être renforcé. Les formations professionnelles des arbitres doivent intégrer cette dimension.

Afin d’éviter les incidents violents entre spectateurs et joueurs, nous pouvons agir et disséminer parmi le public une culture de la responsabilité par le biais de campagnes de communication. De telles actions doivent être adaptées ou renforcées pour traiter de certains problèmes spécifiques et répondre aux problèmes locaux.

Même au niveau local, les fédérations sont des acteurs clés dans la prévention des incidents violents. Elles ont les moyens de mettre en place des mesures de prévention et le pouvoir de sanctionner les clubs et leurs membres.

Un outil à prendre en compte est l’adaptation des règles pour faciliter la participation de tous. Rendre certains sports moins difficiles afin de les rendre plus accessibles n’est cependant pas toujours une bonne solution parce que cela les rend moins intéressants pour la majorité des pratiquants. Il vaut mieux adapter les règles aux capacités individuelles des pratiquants au cas par cas. Les conflits provoqués par les parents et les familles sont souvent liés à la charge émotionnelle qu’ils placent sur leur enfant et les compétitions auxquelles elle ou il participe. Les parents projettent leurs aspirations, leur colère ou leur frustration sur leur enfant. Le problème est qu’il est socialement accepté que les parents perdent le contrôle d’eux-mêmes dans de telles situations et qu’il est difficile de les réprimander. Il faut donc que nous dialoguons avec eux si nous voulons qu’ils changent de comportement et que nous les persuadions qu’éviter tout comportement abusif est une bonne chose. On peut envisager une interdiction permanente de fréquenter le club ou autre mesure de sanction lorsque les parents refusent de changer leur comportement. Mais il convient d’agir avec prudence parce que de telles mesures peuvent aussi avoir un impact négatif sur le club. Nous encourageons les associations et les clubs de sport à adopter des mesures communes, telles que l’introduction d’une sanction pour mauvais comportement dans le règlement du club. Il est important d’associer les parents à de telles décisions afin de les légitimer.

Il est essentiel d’avoir un socle commun de principes et de valeurs afin de pouvoir distinguer les mauvais et les bons comportements.

Pour ce faire, la communication et le dialogue sont clés.

Partie 5

Ressources complémentaires

Commission des Communautés européennes (2007). Livre blanc sur le sport : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/ ?uri=CELEX:52007DC0391&from=EN

Conseil de l’Europe (2008). Recommandation de politique générale de l’ECRI nº12 sur la lutte contre le racisme et la discrimination raciale dans le sport : :https://rm.coe.int/ecri-general-policy-recommen dation-no-12-on-combating-racism-and-racia/16808b5ae7 Bureau des Comités olympiques européens auprès de l’UE (2011).

Guide de la politique sportive de l’Union européenne : ttp://www. euoffice.eurolympic.org/files/guide_to_eu_sport_policy_final_versionwithlinks.pdf Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) (2010). Racisme, discrimination ethnique et exclusion des migrants et minorités : une vue comparative d’ensemble de la situation dans l’Union européenne : https://juridique.defenseurdesdroits.fr/index.php?lvl= notice_display&id=3321 (version anglaise disponible ici : https://fra.europa.eu/sites/default/ files/guide-tackling-racism-in-sport_en.pdf) Gasperini, W. & Talleu, C. (2010). Sport et discrimination en Europe.

Conseil de l’Europe, Publication Epas : https://book.coe.int/en/ root/4484-sport-and-discrimination-in-europe.html

Le partenariat MATCH-SPORT :

L’Efus a piloté ce projet en partenariat avec les collectivités et les organisations expertes suivantes : Liège (BE), Lisbonne (PT), Loano (IT), Maranello (IT), Nea Propontida (GR), Valence (FR), Europäische Sportakademie Land Brandenburg (Académie européenne des sports de Brandebourg, DE), Unione Italiana Sport per Tutti (Union italienne du sport pour tous, IT), ministère portugais de l’Administration intérieure (PT).

Le projet a duré de janvier 2019 à juin 2021 (30 mois).

MATCH-SPORT - Rendre le sport amateur plus tolérant en éliminant le racisme et la discrimination

Analyse des violences discriminatoires dans le sport amateur – état de l’art dans 7 pays européens

Les violences dans le sport n’affectent pas seulement le sport professionnel et les grands événements largement couverts par la presse : elles se manifestent aussi dans le sport amateur. Dans ce domaine, les incidents sont souvent liés à des provocations incitant à la haine et aux violences discriminatoires, qui peuvent être le fait de joueurs et d’athlètes mais aussi de managers de clubs, de volontaires ou de parents. Certains sports sont plus affectés que d’autres par les incidents de violence, dont la plupart sont de nature discriminatoire, mais quoi qu’il en soit, c’est un problème qui demande des interventions appropriées. Comment faire face aux violences, au racisme, aux discriminations et à l’intolérance dans le sport, et plus particulièrement le sport amateur ? Le projet MATCH-SPORT réunit des collectivités territoriales et des organisations sportives qui travaillent ensemble pour réduire de tels phénomènes dans le sport amateur au travers de l’échange d’expertise et de pratiques. L’Efus porte ce projet en partenariat avec des collectivités territoriales et des organisations expertes : Liège (BE), Lisbonne (PT), Loano (IT), Maranello (IT), Nea Propontida (GR),Valence (FR), Europäische Sportakademie Land Brandenburg ( « L’Académie Européenne des Sports de Brandebourg », DE), Unione Italiana Sport per Tutti (« L’Union italienne : Sport pour tous », IT), et le ministère de l’Administration Interne du Portugal (PT).

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