TENDANCE

LES BIJOUX

se parent de noir

Bracelet le gramme Câble, le 5g en céramique noire brossée lisse. Bracelet le gramme Entrelacs, le 1g en argent poli lisse sur cordon noir.

Bracelet Menottes TOM G Argent sur cordon.

Ciselés dans des pierres noires comme l’onyx et le jais, ces bijoux « de deuil » laissent place, au siècle suivant, au noir et blanc, complice de l’effervescence des années folles. Un autre siècle s’est depuis écoulé et la haute joaillerie s’habille de noir pour jouer la carte de la séduction et de l’intemporalité.

La reine veuve

Victoria n’a que 19 ans lorsqu’elle est couronnée reine en 1838. Comme l’exige la coutume, il lui faut un mari. Son statut royal exige qu’elle fasse elle-même sa demande en mariage et comme elle a toujours eu un faible pour son cousin Albert de Saxe-Cabourg, elle l’épouse en 1839. Influenceuse avant l’heure, elle se marie en robe blanche, et non rouge, comme le voudrait la tradition de l’époque. Le blanc sied mieux au cadeau de mariage d’Albert, une broche en saphirs et diamants que Victoria, grande amatrice de bijoux, associe à un collier et des boucles d’oreilles en diamants. Inconsolable à la mort d’Albert – après 21 ans de vie commune et neuf enfants – Victoria ne porte plus que du noir pendant les quarante dernières années de son règne. Mais elle reste une grande amatrice de bijoux. Elles les commandent noirs afin qu’ils siéent à sa tenue de deuil. Toutes les veuves d’Angleterre l’imitent bientôt : les bijoux de deuil connaissent dès lors une popularité exponentielle.

Une vente Sotheby’s exceptionnelle

« Les quatre broches proposées sont en onyx et en agate, les pierres les plus appropriées pour des bijoux de deuil puisqu’elles sont noires et suffisamment dures pour être très polies. L’émail était aussi fréquent, tout comme le jais, mais tous deux sont un peu plus fragiles » fait remarquer Kristian Spofforth, directeur du département Bijoux de Sotheby’s Londres. « La plupart des pièces dispersées par les familles royales sont restées pendant très longtemps dans la famille. Elles apparaissent dans une vente aux enchères de temps en temps et atteignent souvent des prix étourdissants, ce qui explique pourquoi elles sont généralement acquises par une autre famille royale. Cela nourrit une sorte de cycle qui maintient l’intérêt du public ».

Liés à la disparition des proches de la reine Victoria, sa mère et l’une de ses filles, la princesse Alice, ces bijoux, à la symbolique extrêmement touchante, devraient également attirer un public composé de collectionneurs et de conservateurs de musées. « Il est très difficile d’estimer un bijou d’après sa valeur sentimentale. C’est pourquoi nous essayons de mettre un prix correspondant à la valeur intrinsèque de l’objet. Plus il y a d’enchérisseurs et d’intérêt, plus nous avons une idée juste de cette valeur sur le marché. Mais seul le coup de marteau final permet de lever le mystère. C’est tout le sel des enchères ».

L’ entre-deux-guerres en noir et blanc

Au XXème siècle, le noir s’allie au blanc de l’or, du platine et des diamants pour célébrer un monde nouveau. Paris est la capitale du luxe, de la fête et des arts. La tendance Art déco donne le la. On lit alors dans les colonnes de Vogue qu’« À Paris, une femme qui sait s’habiller est presque toujours en noir, non point par paresse à chercher des accords de couleurs, mais par raffinement, par amour de la difficulté et de la recherche inédite. C’est lui qui confère à la toilette sa distinction voire sa dignité, et un certain classicisme ». Pour orner les tenues, des pierres comme l’onyx se déclinent alors sur tous les bijoux. Du sautoir au choker, en passant par les châtelaines, les broches ou les bracelets.

Le noir, étoile montante en joaillerie

Un siècle plus tard, le noir s’invite dans tous les registres joailliers. Aussi cohérent sur une néo-chevalière fantaisie qu’une parure de haute joaillerie. Le jais, l’onyx, la céramique et le carbone viennent parer nos bijoux et nos montres. Tandis que les cordons des bracelets pour homme se parent de noir pour passer facilement du pull à la veste de smoking.