INTRODUCTION Chères équatoriennes et chers équatoriens, et plus particulièrement aux jeunes de ma Patrie : Cela fait déjà plus de six ans, avec la plus grande joie, l’enthousiasme, et peutêtre, non sans innocence, nous présentions au monde l'Initiative Yasuní - ITT, proposant à la planète de maintenir indéfiniment inexploitées les réserves pétrolières du Bloc Ishpingo - Tiputini - Tambococha (ITT), estimées aux alentours de 920 millions de barils, correspondant à 20 % des réserves identifiées du pays. Ainsi, on éviterait de répandre dans l'atmosphère plus de 400 millions de tonnes de CO2, aidant ainsi à la lutte contre le réchauffement de la planète. Pour y arriver, la communauté internationale devait au moins contribuer à hauteur de 3,6 milliards de dollars, qui représentaient à l'époque, près de 50 % de ce que percevrait l’état s’il exploitait la zone ITT. Ce n'était pas la charité ce que nous demandions, mais la coresponsabilité dans la lutte contre le changement climatique, le peuple équatorien étant le principal contribuable, étant donné que l'Équateur contamine peu, et cependant, avec la proposition, le pays sacrifiait 3,6 milliards de dollars en revenu pétrolier. La compensation exigée avait une parfaite logique environnementale et économique : elle constituait un juste paiement pour la génération de biens environnementaux. Sans la forêt amazonienne, principal poumon de la planète, la vie sur terre disparaîtrait probablement. Malgré cela, nous les pays amazoniens, nous ne recevons rien en échange. La proposition a prétendu réveiller les consciences dans le monde et générer une nouvelle réalité : passer de la rhétorique aux faits, en exigeant la coresponsabilité de la communauté internationale dans la lutte contre le réchauffement climatique.
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Sans chercher aucune reconnaissance, simplement pour faire face à l'histoire, le Président de la République a imaginé et proposé l'initiative lors d’une réunion du Directoire de Petroecuador en Juin 2007. ÉCHEC Malheureusement, nous devons dire que le monde a failli. Au jour d’aujourd’hui, on comptabilise seulement 13,3 millions de fonds disponibles déposés dans les fidéicommis Yasuní-ITT, ce qui représente à peine 0,37 % de ce qui a été sollicité. Il existe des engagements non directement liés à l'Initiative d’un montant de 116 millions $. Pourquoi cet échec ? Nous avons sûrement commis des erreurs, par le côté innovateur de la proposition, mais je vous assure qu'en aucune façon, cela a été décisif. Je pense que l'initiative est en avance sur son temps, et elle n'a pas pu ou n'a pas voulu être comprise par les responsables du changement climatique. Nous avons eu aussi de la malchance, étant donné que le lancement de l'initiative a coïncidé avec la pire crise économique mondiale des 80 dernières années. Mais que personne ne se trompe, le facteur fondamental de l'échec est que le monde est une grande hypocrisie, et la logique qui prévaut n'est pas celle de la justice, mais celle du pouvoir, C’est si simple et si dur à la fois, chers jeunes gens: les pays qui polluent sont également les plus riches et les plus forts, et si les biens environnementaux, générés par les autres, sont libre d’accès: pourquoi devraient-ils payer quelque chose ? Imaginez-vous un instant si la situation était l'opposé : si les pays pauvres nous étions ceux qui polluent et si les pays riches avaient la forêt amazonienne génératrice d'air pur. Ne nous auraient-ils pas déjà même envahis pour nous obliger à leur payer ces biens ? 2
Ceci est la grande lutte, mes chers jeunes: un monde où règne la justice et non seulement la convenance du plus fort. RÉALITÉ Pendant ce temps, nous devons vaincre la pauvreté, nous devons construire des hôpitaux, des écoles adéquates, le logement, l’énergie, arriver à ce que chaque territoire possède les services publics indispensables. Pour cela, l'Équateur a approuvé son Plan National pour le Bon Vivre qui contient un programme d'investissements de tout l'État, incluant les Gouvernements Autonomes Décentralisés, pour environ 70 milliards de dollars. Nous avons vécu habitués aux maladies comme la dengue, le choléra, la gastroentérite, qui sont les pathologies de la misère, ainsi cela ne devrait pas exister avec des services sanitaires adéquats - eau potable, égouts, décharges. En plein XXIe siècle, seule la moitié de la population équatorienne en bénéficie. Cela va être très difficile d’atteindre en 2015 l'objectif du millénaire en ce qui concerne la malnutrition, du fait de l'absence de ces services sanitaires. Notre eau douce est en train d’être détruite, non du fait du travail des mines, comme le disent certains menteurs, mais par manque de systèmes d'eaux usés dans nos villes. La forêt aussi est en train d’être détruite, en raison de l'expansion de la frontière agricole et de l'élevage, spécialement en Amazonie, qui nécessitent des sources alternatives d'emploi et de revenus. Nos peuples ancestraux et nos minorités ethniques vivent dans la pauvreté, et certains essaient de les maintenir dans cette situation au nom de la préservation de leurs cultures, comme si la misère, la plus grande insulte à la dignité humaine, faisait partie du folklore. EXPLICATION. En raison de tout cela, c’est avec une profonde tristesse, mais aussi avec une responsabilité absolue envers notre peuple et l'histoire, que j'ai eu à prendre 3
l'une des décisions les plus difficiles de tout mon gouvernement. Aujourd'hui, j'ai signé le Décret Exécutif pour la liquidation des fidéicommis Yasuní-ITT, et ainsi, mettre un terme à l'initiative. De cette manière, dans ce décret, j'ordonne l'élaboration
de
rapports
techniques,
économiques
et
juridiques
pour,
conformément à l’article 407 de la Constitution, solliciter à l'Assemblée Nationale la déclaration d'Intérêt National au profit du pétrole dans le parc Yasuní, utilisation qui affectera, écoutez-moi bien peuple équatorien et, spécialement, mes chers jeunes, moins de 1 % du Parc Yasuní, moins de 1 % du Parc Yasuní. Cet engagement, je l'inclus dans le même décret, et je le superviserai personnellement. Je cite : Article 5.- Dans le cas où l'Assemblée Nationale autorise l'activité minière, celleci ne pourra pas se développer dans une zone supérieure à un pour cent (1 %) du Parc National Yasuní. Nous pouvons créer, pour cela, un observatoire citoyen, mais avec des gens honnêtes, pas avec les fondamentalistes aux programmes insensés antitout qui ont atteint à peine 3 % d'appui populaire lors des dernières élections. C’est un mensonge grossier et irresponsable ce qu’on déclaré les groupes de toujours, dans lequel sont tombés de nombreux jeunes au bon cœur : Yasuni ou pétrole. Cela n’est pas vrai. Jamais je ne permettrai que le Yasuni disparaisse. Ils nous ont menti avec un faux dilemme: tout ou rien; exploiter l’ITT ou la survie du Yasuní. Ce faux dilemme fait partie d’un faux dilemme encore plus grand: la nature ou l’extraction minière. La Norvège est un pays pétrolier, et c’est l'un des pays qui traite le mieux la nature. Le Canada est un pays minier, et possède les plus grandes réserves d'eau douce de la planète. Ce qu’on dit ces gens est faux, mes chers jeunes. Actuellement, en fonction de la technologie disponible pour l’extraction pétrolière et sur la base des prix du pétrole, le profit des réserves de l'ITT atteindrait une valeur 4
nette de 18,292 milliards de dollars, plus de 11 milliards à ce qui avait été initialement estimé. En conséquence le vrai dilemme est : 100 % du Yasuní et aucune ressource pour satisfaire les besoins urgents de notre peuple, ou; 99 % du Yasuní et près de 18 milliards pour vaincre la misère, spécialement dans l'Amazonie, paradoxalement la région avec la plus grande pauvreté. Je crois que le choix est parfaitement clair. DISTRIBUTION DES RESSOURCES Grâce
à
ces
ressources,
les
Gouvernements
Autonomes
Décentralisés
Amazoniens via la Loi 010 recevraient près de 258 millions de dollars, et par la répartition de 12 % d'excédents pétroliers, autour de 1,882 milliards de dollars. Avec cela, l'Amazonie pourra confortablement sortir de son retard historique. Tout ceci ajouté à près de 1,568 milliard que recevraient tous les gouvernements autonomes décentralisés du pays pour leur participation dans la rente pétrolière. Les charlatans de toujours viendront dire que cette décision est le fruit de la dépense publique excessive, comme si c'était un délit d’investir dans la santé, l’éducation, bien-être de notre peuple. La vérité c’est que ces ressources ne sont même pas pour notre gouvernement, mais pour l'avenir. Vous, équatoriens, pouvez voir sur le graphique les courbes de production estimées des sites Tiputini et Tambocoha, où seule une petite partie serait reçue durant notre période de gouvernement c'est-à-dire, jusqu'en 2017.
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Je demande à nos compagnons et à l’opposition responsable à l'Assemblée Nationale leur appui sur cette décision dure mais nécessaire. Le Yasuní continuera de vivre, mais la pauvreté diminuera, et par chance et décisions adéquates, nous la vaincrons définitivement. INFORMATION Les travaux sur le site Tiputini seront lancés durant les prochaines semaines, une fois terminée la consultation préalable et obtenus les permis environnementaux, étant donné que 80 % de ce site est en dehors du parc, et faisait partie de l'initiative car, comme cela a toujours été dit, le plus grand problème ce n'est pas l'extraction du pétrole, qui réalisée de manière technique a un impact minimal, mais les émissions de CO2 quand ce pétrole lourd sera utilisé.
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Les travaux seront à la charge de l'entreprise étatique Petroamazonas. En guise d’exemple, le site Pañacocha de Petroamazonas, développé totalement durant notre Gouvernement, a été récompensé internationalement pour l’application des paramètres environnementaux, et a sorti de la misère les communautés amazoniennes de Playas de Cuyabeno et de Pañacocha. Probablement, le pays ne le sait pas, mais actuellement, quatre entreprises pétrolières opèrent dans le parc YASUNI, exemples d'exploitation respectueuse de l'environnement. Dans les prochains jours, une campagne de communication sera faite pour expliquer en détail au pays les techniques d'extraction de dernière génération qui vont être employées. Chers jeunes gens: ne nous laissons pas tromper par des simplicités du tout ou rien, et des gentils contre les méchants. Le monde ne fonctionne pas ainsi. Ici il y a des gens au grand cœur, comme vous, et nous voulons conserver la nature, mais aussi en finir avec la misère. REMERCIEMENTS. Au nom de la Patrie, je remercie profondément Ivonne Baki, qui s'est entièrement impliquée en tant que responsable directe de l'initiative Yasuní-ITT. Elle l'a fait avec profonde affection, conviction, sacrifice, et passion. Malgré cela et ses compétences immenses, les objectifs n'ont pas été atteint pour les motifs exposés auparavant. Je veux aussi remercier toutes les personnes qui ont mis tout leur cœur pendant ces années pour le succès de l'initiative. En particulier, je voudrais remercier Lenín Moreno, ex-Vice-président de la République, fils du Yasuní, qui a aussi mis toute son âme dans cette utopie. Notre gratitude éternelle à l'appui et les apports des citoyens conscients de la planète, des gouvernements des pays amis et des simples écoles rurales, et, en particulier de nos propres concitoyens. Nous avons aussi compté sur l’appui 7
inestimable de la communauté scientifique et académique, qui a reconnu le caractère révolutionnaire de l'Initiative. MESSAGE AUX JEUNES Chers jeunes gens: Pendant six ans, nous avons fait ce que nous avons pu. Vous ne devez pas avoir le moindre doute. Pourvu que vous compreniez que ce retard a signifié des millions d’équatoriens sans eau potable, des enfants mourant ou grandissant mal pour des causes parfaitement évitables, des centaines de milliers de jeunes sans infrastructure éducative adéquate, des personnes sans accès à la santé. En ces jours, j'ai reçu des milliers de messages twitters, de messages de tas de jeunes défendant le Yasuní. Je suis très fier de vous, les nouvelles générations qui grandissent avec une grande conscience écologique, en grande partie grâce aux efforts de la Révolution. Vous aimez la vie, moi aussi j'aime la vie, l'Équateur aime la vie, mais il y a des morts, qui sont vraiment un crime au XXIe siècle, à cause de la dengue, l’amibiase, la malnutrition, pathologies de la misère. Le pétrole ne vous plaît pas. Je vous assure qu’à moi non plus ça ne me plaît pas, mais à tous la misère devrait nous déplaire encore plus. Que personne ne se trompe : nous avons besoin de nos ressources naturelles pour sortir le plus rapidement possible la pauvreté, et pour un développement souverain. Celui qui leur dit le contraire est un menteur. Le plus grand attentat aux Droits de l’Homme est la misère, et la plus grande erreur est de subordonner ces droits aux droits supposés de la nature : peu importe qu'il y ait de la famine, un manque de services … : l'important c’est le conservationnisme à outrance!
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Ça aussi c’est un faux dilemme, car l'être humain fait partie de la nature, et la pauvreté aussi attente contre la Pachamama, avec la surexploitation des sols, l’abattage des forêts, la contamination de nos rivières par manque de services. CLOTURE Équatoriennes, équatoriens, chers jeunes gens: Nous pouvons avoir la conscience tranquille : Yasuní-ITT a été la proposition la plus sérieuse et concrète dans la lutte contre le changement climatique, mais nous devons veiller sur notre peuple, nos gens, surtout les plus pauvres. Cette décision nous déçoit tous, mais elle est nécessaire. Nous ne pouvons faire plus, sans causer un grave préjudice au bien-être de notre peuple. L'histoire nous jugera. Les charlatans de toujours peuvent dire ce qu'ils veulent. Soyez sûrs que personne ne
défend
plus
le
Yasuní
que
le
compagnon
président.
Et cette décision lui fait très mal. Dans l'immédiat, ils essaieront de le politiser, ils essaieront de nous déstabiliser. Ayez confiance en votre gouvernement, et ne tombez pas dans ces jeux, pis encore, dans la violence que certains groupes essaieront de générer sur la base d’une « résistance » vide. Ma fonction sera toujours d’être à votre disposition, jeunes, et à celle du peuple équatorien. Je vous lance un appel à la confiance : nous pouvons nous tromper, mais jamais de mauvaise foi. Ne tombez pas dans les mensonges des opportunistes de toujours. Rappelez-vous quand ils ont inventé le massacre des requins, que nous échangions des nageoires contre des votes. Tout était mensonge. Aujourd'hui, nous sommes félicités et imités pour avoir l'un des meilleurs systèmes de contrôle de la pêche au requin de la région. 9
Nous ne renoncerons jamais à l'utopie. Au fil de ces années, nous avons démontré notre amour pour le Yasuní, et nous réitérons notre promesse d’y veiller parce que son intégrité et sa merveille durent pour toujours, mais aussi en profitant de manière responsable des ressources de son sous-sol pour le service des équatoriennes et des équatoriens, avec une attention absolue, avec un amour infini. Rien pour nous, tout par la Patrie! Hasta la victoria siempre!
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