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Editorial Elèves à l’EIPACA, nous tenons à vous informer de ce qu’il se passe dans l’établissement et en dehors. Les notes et la notation sont des sujets auxquels nous sommes confrontés tous les jours qu’on le veuille ou non et il s’agit d’un thème qui nous tient à cœur. Avec les réformes qui se mettent en place et les discussions de l’Etat sur la docimologie, nous pouvons affirmer que c’est un sujet d’actualité, qui touche les élèves de tout âge, de la maternelle jusqu’aux grandes écoles. Avec ce hors-série, nous espérons vous informer sur le fonctionnement, l’attribution et la réception de ces copies corrigées. Des sauts de joies aux larmes, nous découvrirons pourquoi nous recevons des notes. Bonne lecture L’équipe de la rédaction

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Préambule Voici un dialogue typique entre deux élèves comparant leurs notes sur un même contrôle. Entre le questionnement de leurs connaissances et les capacités du professeur à être objectif nous pouvons être amenés à nous poser la question : Les notes que nous nous voyons attribuées à l’école sont-elles vraiment représentatives du travail accompli? Les mauvaises notes sont le cauchemar de beaucoup d’élèves : Toutefois, de quoi dépendentelles? Comment sont-elles perçues par les élèves? Et quelle est leur véritable utilité?

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Sommaire L’histoire de la docimologie et de la notation

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p. 7-8

I. De quoi dépend l’attribution des notes ?

p.

II. Comment les élèves subissent-ils les notes?

p.

1. Les divers facteurs de subjectivité dans la notation

p.

1. La notion d’évaluation

p.

2. Tests effectués par nos soins auprès de professeurs

p.

2. Les différents systèmes de notation dans le monde

p.

3. Le phénomène de la « Constante Macabre »

p.

3. Témoignages

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III. Les notes sont-elles réellement utiles?

p.

1. Effets divers sur les élèves

p.

2. Études de docimologie

p.

3. Le baccalauréat et sa notation

p.

Conclusion

p.


1800

Un peu d’histoire sur la docimologie et la notation en France, depuis 1800 et jusqu'à aujourd’hui 1808 : Création du baccalauréat. 1866 : Création du certificat d’études. Après son initiation en 1793, avec Louis Joseph Charlier, et des transformations successives , l’instruction obligatoire laïque et gratuite est instituée par la loi du 28 mars 1882 dite « loi Ferry »).

En 1969, Edgar Faure prendra la décision de généraliser les lettres au niveau élémentaire. Très rapidement, les enseignants ont inventé les A+ et autres C– voire des B++ créant un système d’évaluation encore plus complexe que la notation sur 10!

La note sur 10 a été expérimentée sous Jules Ferry pour être ensuite généralisée à l’école primaire.

1900

En 1890, il a été établi par un arrêté du 5 juin que «dans les compositions, chaque copie aura sa note chiffrée de 0 à 20 »

En 1922, Henri Piéron introduit le terme de docimologie* pour désigner la science et la pratique du contrôle des connaissances.

En 1930, le professeur Henri Laugier sème un malaise dans les milieux universitaires, en effectuant une expérience de multi correction de copies d’agrégation d’histoire puisées dans les archives. Les résultats furent véritablement surprenants tant l’écart entre les notes de certaines copies était grand.

2000 Entre 1989 et 1992, mise en place d’évaluations à trois étapes de la scolarité (CE2, sixième et seconde).

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Nous sommes aujourd’hui dans la société, entouré continuellement de notes. Nous passons notre quotidien à juger, évaluer et à faire des classement de ce qui nous entoure. A l’école, cela se passe exactement de la même manière, les professeurs attribuent une note (soit un chiffre sur un morceau de papier), à la restitution de nos connaissances et à leurs applications. Toutefois ces notes, qui nous suivent de l’école primaire jusqu’au bac, influencent énormément notre avenir et notre futur travail. Cela nous amène donc à réfléchir sur leurs exactitudes. Peuvent-elles être vraiment considérées comme « juste » ?

Définition : * La docimologie (du grec dokimé, épreuve, et logos science), l'étude des épreuves, est la discipline scientifique consacrée à l'étude du déroulement des évaluations en pédagogie et notamment à la façon dont sont attribuées les notes par les correcteurs des examens scolaires. 8


Mosaïque de la vie d’un élève de la maternelle jusqu’à l’obtention d’un travail

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I. De quoi dépend l’attribution des notes ? 1. Les divers facteurs de subjectivité dans la notation Suite à un sondage réalisé dans notre École internationale, sur treize professeurs interrogés, nous avons constaté que l’école est un lieu dans lequel l’évaluation est omniprésente, et que dans le domaine de la notation, il y a des facteurs auxquels nous n’avions pas forcément réfléchi en temps que lycéens. Il s’agit premièrement de la notation non objective, effectuée par les professeurs. Si les enseignants pensent que les notes qu’ils attribuent sont généralement plus ou moins objectives, ils sont malgré tout conscients qu’un nombre incalculable de facteurs s’intègrent à leur notation. La quête de l’objectivité de la note est donc semée d’embûches majeures.

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Notions : Subjectivité Un point de vue subjectif implique la présence d'un humain derrière ces pensées. Un Homme avec des sentiments, émotions, vécus et une éducation qui lui sont propres. Un point de vue qui sera toujours personnel et individuel. Objectivité L'objectivité, quant à elle ne peut pas être assimilé à un point de vue, elle ne dépend pas de quelqu'un. Il s'agit d'une vision fondée sur la réalité, impartiale, équitable et neutre.

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Nous pouvons facilement citer comme facteurs les préjugés (différence de sexe, d’attitude etc…), la non-utilisation d’un barème fixe, le visuel, la forme ou encore l’anonymat des copies. Dans le monde de la notation, le subjectif peut alors très vite prendre le pas sur l’objectivité ; la totale objectivité ne pouvant être présente que dans un questionnaire à choix multiples (QCM) où la réponse est soit juste soit fausse. Un contrôle avec des notions plus complexes, contenant des variables (contresens, intuitions, développements inattendus), fait que la note ne sera jamais à cent pour cent objective, mais d’un certain ordre de grandeur… De plus, le contexte scolaire influe sur les procédures d’évaluation en général. Ainsi, la classe et l’établissement scolaire dans lequel se trouve l’élève peut être déterminante, car

un élève jugé par son professeur comme un « bon élève » pourrait se voir contraint de redoubler son année scolaire dans une autre classe ou établissement. Cela ne dépend pas seulement des performances particulières de l’élève dans l’absolu mais surtout de ses performances par rapport à celles de ses camarades. En outre, la note est encore parfois influencée par d’autres déterminants totalement extérieurs au travail de l’élève en soi. Depuis longtemps par exemple la docimologie a pu montrer qu’une même copie peut être notée différemment par l’enseignant selon son ordre de correction. Ainsi, selon si elle se trouve parmi les premières ou les dernières feuilles de la pile que l’enseignant doit corriger la même copie sera jugée différemment. Le même ordre d’idée peut être appliqué, si elle suit une copie jugée « très bonne » ou « très faible » par l’enseignant. En conséquence, nous pouvons affirmer qu’il y a et il y aura malheureusement toujours dans la notation scolaire une part de subjectivité évidente, même faite inconsciemment, que nous devons prendre en compte, si le système reste ainsi.

Finalement au vu de si nombreux facteurs influençant notre note finale, les professeurs corrigeant toutes leurs copies au hasard, seraient-ils finalement plus impartiaux ?

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2. Les tests effectués par nos soins A l’heure d’aujourd'hui, le désir de recevoir une “bonne note” est plus puissant que le désir d’apprendre. Ainsi la phrase “Je ne comprends pas !” est une exclamation que se disent la plupart des élèves en se retrouvant nez à nez avec une copie dont la note n’ai pas suffisante à leurs yeux. Mais que faut-il faire alors pour avoir une “bonne note”, et que la copie corresponde aux attentes du professeur ? Après avoir vu que de multiples facteurs pouvaient influencer cette notation ; nous avons voulu le vérifier par nous-mêmes en effectuant des tests. Nous avons décidé pour le premier de mettre en jeu deux facteurs : l’orthographe et la rédaction du devoir. Nous avons demandé à cinq professeurs du lycée de corriger la copie de trois élèves fictifs sur un sujet en Histoire. Le premier élève a présenté sa copie de la même façon qu’une rédaction, chaque idée faisant partie d’un paragraphe rédigé, son point négatif étant de toujours répéter ses idées. Le deuxième élève quant à lui n’a pas suivi les consignes, il n’a pas structuré son texte et a présenté son devoir sous forme de points. Dans le cas du troisième élève, son devoir prend la forme d’un “SMS” géant.

Thème Histoire : La première guerre mondiale, une guerre totale. Expliquez en un paragraphe la mobilisation de masse. Attribuez une note et une appréciation à chaque élève Élève 1 : Nous parlons avant tout, de guerre totale à cause de la mobilisation de masse des hommes qui sont envoyés au front. En France, ils sont envoyés au front dès le début de la guerre, en août 1914, tous les hommes qui sont en âges ou en état de combattre sont envoyés tôt ou tard. Toutefois, vu que les hommes sont envoyés combattre et défendre leur pays, la société doit trouver des solutions pour les substituer. Les travailleurs étrangers et les femmes sont alors recrutés. Les femmes prennent un rôle important dans la guerre industrielle en devenant des « munitionnettes » (femmes qui produisent des munitions dans les fabriques durant la Première Guerre mondiale). Elles assument aussi le rôle d’éducatrice pour l’éducation des enfants ou le soin des invalides de retour du front. Les civils sont, en outre, appelés à soutenir le moral des soldats avec des lettres et envois de paquets. L’écriture de lettres aux proches était devenue pour les soldats une dépendance, une fuite de la réalité de l’horreur de la guerre. Appréciation et note : Élève 2 : Les hommes en age de se battre sont envoyé au front pour défendre leur patrie. Les femmes dans les fermes, acomplissaient leur travaux agricaules et aussi en plus ceux de leurs maris ou fils partis à la guerre. D’autres entraient dans les industries pour devenir « munitionetes » et fabriquaient les armes nécessaires à la guerre. Le soutient des civils est devenu indispensable pour le moral des soldats, et avec les lettres, ils racontent les horreurs de la guerre. Leurs envois les aide à surmonté la fatigue des soldats Appréciation et note : Élève 3 : La mobilisat° sest Droulé en 17 jours, du 2 o 18 août 1914, comprenan ltranspor, lhabillmen, léquipemen é larmemen 2 + 2 trois million dhom ds ts lé teritoir françè, essentiLmen en métropol mè o6 ds certNs colonies, pi leur acheminemen par voi feré essentiLmen ver la frontièr franco allemand 2 lépoke.En France 3580000 homs son envoyé o front, + 2 700000 6vils st touchés (bombardemen, deuil, vi quotidien dificil, génocid D arméniens, mobilisation D femes, éc.).Lsoutien D 6vils é devenu indispensab pr lmoral D soldats, é ac lé letr, ils racontent lé oreurs dla guer. leurs envois lé èd à surmonté la fatigu D soldats

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Appréciation et note :

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Texte 1

Professeur n°1

16/20

Texte 2

Concepts bien explicités.

13/20

L’essentiel est là.

7/20

Texte 3 Des connaissances précise mais un développement ardu à suivre (7/20 avec un encouragement)

C’est bien sur les connaissances dans Ok sur les connaissances. Tu connais ton cours et Style alambiqué et l’ensemble, mais il faut Professeur n°2 7/10 soit 6/10 soit 7/10 soit ton style est direct. Mais répétitif cela dit, et il faut répondre à la consigne 14/20 12/20 14/20 il faut faire attention à faire un seul paragraphe. avec un paragraphe. l’orthographe ! Bien pour l’orthographe. Attention aussi à l’orthographe. Très bien expliqué, mais Professeur n°3 16/20 attention au style de 20/20 Très bien 1/20 C’est pas un SMS ! rédaction. Ce n’est pas un Professeur n°4 10/20 Il y a trois paragraphe. 0/20 paragraphe. Trop de 0/20 Incompréhensible. fautes. Trop de fautes! Le Où est le paragraphe? De bons éléments et une travail est difficile à lire. Quelles sont vos Professeur n°5 capacité à raisonner. 15/20 11/20 8/20 Vous ne répondez pas à Quelques éléments logiques? Attention au la problématique de manquants français départ. Moyenne 14,2 11,2 6

Nous remarquons avec surprise la différence considérable qu’il peut y avoir entre deux correcteurs et une seule copie. Ainsi, sans barème établit par avance, les professeurs ont beaucoup plus de mal à établir un jugement. Nous pouvons vraiment nous en rendre compte dans le deuxième texte car les notes varient de 0 à 20, soit de la plus basse à la plus haute note. De plus, grâce à ce manque de barème nous pouvons en déduire l’influence et l’importance de la forme et de l’orthographe, qui passe ici au-dessus du contenu véritable. En effet qu’en savons-nous si le premier élève est quelqu’un de trop impliqué qui veut faire les choses à la perfection, si le deuxième élève est hyperactif et qu’il 1n’a pas pris le temps de lire

toute la consigne, ou si le troisième élève est dyslexique et n’écrit qu’avec le langage SMS car c’est le plus simple pour lui du point de vue phonétique ? La notation à l’école n’est-elle pas faite pour valider l’acquisition de connaissances et non pas se formaliser simplement au visuel ou à l’orthographe? Nous comprenons très bien que cela peut amener la copie à être illisible ou incompréhensible, mais prenons par exemple la correction du professeur n°4, nous pouvons lui reprocher que sa notation et ses remarques ne font référence qu’à la forme et à la compréhensibilité de la copie.

20 15 10 5

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Graphique récapitulatif des différentes notes attribuées par les professeurs pour ces trois textes.

0 Texte 1 Texte 2 Texte 3 4

3

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Comme nous l'avons précédemment dit et repéré, les professeurs sont influencés par le visuel de la copie, cela nous le savons déjà, mais la question est : à quel point ? Nous avons choisi comme second test, par soucis de réalisme, de glisser une copie anonyme dans le tas de copies. En français, notre professeur nous a donné comme devoir de répondre à un sujet de baccalauréat, composé d’une question de corpus et dans notre cas un commentaire. Nous sommes allés sur le site de l'Éducation Nationale et avons trouvé un corrigé de ce même devoir. Ayant ce texte en main, nous avons remplacé un ou deux éléments et l’avons recopié de façon à ce qu’il soit à la limite du illisible. Le contenu est bien développé et les idées sont intéressantes mais le visuel de la copie laisse à désirer. Avant d’effectuer cette expérience, notre professeur nous a confié qu’il allait noter à les devoir avec l’aide du barème du bac. De même, nous devions rendre en physique, un DM. Avec l’aide d’un professeur de physique complice, nous avons rendu une copie entièrement juste.

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Cependant la copie est elle aussi rédiger d’une telle façon qu’elle soit quasi indéchiffrable et désagréable à lire en général (pas de couleurs, changement de stylos, ratures, copies anonymes).


Après que les professeurs nous aient rendu nos deux copies, nous les avons questionnés sur leur correction. Tous deux fonctionnent par un système de soustraction de points par fautes graves. Et nous pouvons remarquer qu’ils n’ont pas fait de réflexion par rapport au visuel, peut-être ont-ils souvent droit à des copies beaucoup moins lisible que celles-ci. Le professeur de français a ajouté qu’il se base, dans sa tête, sur une copie idéale et qu’il peut modifier le barème, en cours de correction, pour faire remonter les notes. Toutefois, selon lui, un

seize ou plus, à un devoir de français, doit être attribué à une copie exceptionnelle. Lorsque nous avons dit au professeur de physique que la copie anonyme avait été en fait effectuée par nos soins pour notre TPE, nous lui avons fait remarquer une différence de 0,5 point entre le témoin et copie expérimentale. Il était alors persuadé qu’il y avait une erreur qui justifiait cette différence mais la seule faute commise était commune aux deux. Nous en déduisons alors un retrait de points fait inconsciemment.

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3. « La Constante Macabre» Suite à la remarque faite par un professeur de français sur le livre s’intitulant “La Constante Macabre” et l’impossibilité qu’ont les professeurs a justifier leurs notes, nous nous sommes penchées sur le sujet et avons donc décidé de l’acheter. L’auteur, André Antibi (professeur de mathématique), c’est en fait aperçu que dans notre enseignement, les élèves sont les principales victimes de ce qu’il appelle la “Constante Macabre”. Pour répondre à nos interrogations, et vous informer sur le sujet nous avons réussi à dénicher une interview exclusive avec la façon de pensée d’André Antibi écrite dans La Constante Macabre et dans ses conférences. -Journaliste : Qu’est-ce que la “Constante Macabre” ? -André Antibi : Lorsqu’un enseignant prépare un sujet de contrôle de connaissances et lorsqu’il choisit un barème, il fait en sorte, plus ou moins consciemment, que les notes soient étalées convenablement : il faut qu’il y en ait toutes sortes de notes, des bonnes, des moyennes, des mauvaises; et cela quel que soit le programme du contrôle, la qualité de l’enseignement, ou le niveau de la classe. Ces résultats suivent la courbe de Gauss (p 29) -Journaliste : Avez-vous des preuves de ce que vous avancé ? -André Antibi : A ceux qui seraient surpris par une telle affirmation, je demande simplement d’imaginer un instant le cas d’un professeur de maths, d’une classe de seconde par exemple, qui ne mettrait à aucun élève une note inférieure à 12 sur 20. Que se passerait-il ? La première fois, on pourrait, dans le meilleur des cas, penser tout simplement que c’est un accident, la seconde 16

« Par “Constante macabre”, j'entends qu'inconsciemment les enseignants s'arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Ce pourcentage est la constante macabre. » fois, que le sujet était vraisemblablement trop simple et certains collègues intrigués commenceraient déjà à se poser des questions. Si cette situation se reproduit à tous les contrôles, notre malheureux collègue passerait probablement, dans son établissement pour un professeur trop gentil, un peu démagogue même, qui ne traite pas le programme convenablement. On aurait même quelques inquiétudes pour les élèves qui, dans un tel contexte, seraient orientés, en fin d’année, vers des sections scientifiques. Mais pratiquement personne ne penserait que, tout simplement, le niveau des notes peut être dû, par exemple, à la compétence du professeur, à son aptitude à motiver les élèves. Ainsi, on peut dire qu’il y a dans notre manière d’évaluer les élèves, une sorte de constante : la proportion de mauvaises notes.


-Journaliste : Qu’elle est essentielle de cette constante ?

la

raison

-André Antibi : A mon avis, la raison essentielle est la suivante : la société fait jouer au système éducatif un rôle de sélection. Les élèves mais aussi les enseignants de “matière importantes” sont victimes, inconsciemment le plus souvent, de cette constante. Dans notre notation, il convient de rester dans les normes du système. Le poids de la tradition est alors tellement important que l’on ne s’en rend plus compte : notre comportement s’est adapté au contrat implicite dicté par la société. -Journaliste : Le dicton “Le niveau baisse, les élèves sont nuls” est-il lié à cette constante ? -André Antibi : Le refrain classique “le niveau baisse” si souvent entendu, devrait susciter de réelles inquiétudes car on peut se demander jusqu’à quand le niveau de nos élèves va baisser. Nous nous trouvons en présence d’un phénomène surréaliste, un peu miraculeux même. En effet : Au collège, il semblerait que le niveau baisse. En seconde d’enseignement général, alors que les élèves ont déjà subi une sélection pour y accéder, le niveau baisse encore.

En première et terminale scientifiques, le niveau baisse toujours, alors qu’une minorité d’élèves peuvent accéder à ces sections. En classes préparatoires scientifiques ou à l’université, on entend de la part des professeurs de mathématiques des conclusions du type : “Il ne savent plus rien !”, “Impossible de les faire raisonner”... Certains élèves peut nombreux, aiment les mathématiques et s’inscrivent en licence de mathématiques. Les commentaires sont alors encore plus sévères au sujet de leurs niveau. Les mordus de mathématiques préparent un concours pour être professeurs, et l’obtiennent, parfois sans difficultés quand il y a suffisamment de postes. On assiste alors à une sorte de miracle : alors que le niveau a sans cesse baissé, ces étudiants se retrouvent professeurs de bon niveau et à leur tour, répéteront chaque année : “le niveau baisse”, “le niveau baisse”, ..

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-Journaliste : A votre avis, sommes nous prisonnier de ce système ? Si oui peut-on en sortir ? -André Antibi : Selon moi, nous sommes prisonniers de ce système. Plusieurs enseignants interrogés par mes soins se sentent impuissant pour lutter, seuls, contre la “constante macabre”. Ils se sentent écrasés par une pression énorme de la société soit par des collègues, des élèves, ou encore des parents d’élèves… Ils sont alors obligés d’entrer “dans les normes”. Je conserve néanmoins une pointe d’optimisme réel : la situation actuelle peut-être améliorée.

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En conclusion, je suis convaincu que l’on peut supprimer la “constante macabre” et maintenir un très bon niveau, en encourageant les élèves à travailler davantage. Toutefois, j’ai pu remarquer au sujet de l’absence de “constante macabre” dans certaines matières, quelques réactions d’enseignants qui font même apparaître parfois le phénomène inverse, une constante anti-macabre” en quelque sorte. C’est le cas, par exemple, des matières non obligatoires ; les enseignants craignant de ne pas avoir suffisamment de “clients”, se montrent plus attrayants.


A VOUS MAINTENANT DE NOTER VOS PROFESSEURS !!!

On compare souvent les professeurs entre eux, mais qu’en ait- il vraiment? Chacun sa pédagogie et sa méthode mais vous laquelle préférez-vous et quelle note leur donneriez-vous ?

Sur une échelle de 1 à 10, à combien évalueriez-vous… 1

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L’organisation de vos professeurs? Leur pédagogie? Leur humour? Leur capacité à garder votre attention? Leur expression orale? La justesse de leurs notes ? Autres (Précisez)...

Quelle note attribueriez-vous alors globalement, à vos professeurs ? 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Cette page est à remplir, découper et à nous remettre. Merci.

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II.Comment les élèves subissent-ils les notes? 1. La notion d’évaluation Avant de voir comment les élèves «subissent» les notes dans les différents systèmes de notation qui existe dans le monde, nous pourrions déjà nous demander : Que signifie « évaluer des élèves » ?

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Collège Jules Ferry Le Thillot

L’évaluation est une notion en usage dans l’institution scolaire. Depuis notre plus jeune âge, l’évaluation sert à suivre quotidiennement nos acquis, nos progrès, et à en référer à nos parents ; les notes sont donc une liaison entre parents et professeurs. Au départ, l’attribution des notes servait à encourager l’élève pour produire des travaux de meilleure qualité et y inclure plus d’effort. Cette « industrie de présélection sociale » va de plus contribuer partiellement à définir nos niveaux d’emplois et donc nos destinées sociales. Il existe toutefois différents systèmes ou types d’évaluation, sous des formes diverses :


Quelle Evaluation ?

Diagnostique

Formative

Somatique

Quand ?

Pourquoi ?

Elle se trouve en début de formation.

Cette évaluation permet de situer les prérequis des élèves sur le plan des connaissances et des savoir-faire. Il permet donc de proposer ensuite une adaptation pour remédier aux manques.

Elles se situe à la fin de période d’apprentissage

Cette évaluation permet de repérer les acquis et les difficultés restantes. Elle informe les élèves et les professeurs du niveau atteint, et est liée à la pédagogie de la réussite.

Elle se situe en fin de période de formation et revêt un caractère de bilan.

Cette évaluation permet de vérifier si l’élève a atteint les objectifs fixés, et permet à l’élève de se situer par rapport à lui même, à la classe, ou à une orientation... C’est cette évaluation qui sera utilisé pour informer la famille à travers le bulletin et servira ensuite à l’institution.

« Evaluer signifie noter, juger, récompenser ...ou bien former? Dans la pratique quand on évalue, le moins qu’on puisse faire, c’est de vérifier si les objectifs que l’on s’est donnés sont atteints ! » (Aider les élèves à apprendre - Gérard de Vecchi - Editions Hachette) 21


2. Les différents systèmes de notation dans le monde a. Le système français En France, l’école primaire et l’enseignement secondaire nous ont habitué au système de notation actuel, depuis 18901891 les élèves sont notés sur 20. Un système unique en Europe et même dans le monde. Étant né, élevé et ayant grandi avec cette cotation, elle nous paraît plus juste, plus correcte que les autres, et y introduire de nouvelles réformes est difficile car les risques de rejet sont importants. Selon Pierre Merle, sociologue et professeur d'université français, “le système de notation des élèves français est une évaluation injuste qui pénalise ceux en difficulté”. Malheureusement ce n’est pas seulement en France que ce problème a été dénoncé.

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"T'as eu combien ?" est l’incontournable question posée entre élèves après le rendu d’un devoir noté, réitérée par la famille dès le retour à la maison ; tout cela pour s’évaluer de nouveau par rapport à la classe. Cependant les notes pourraient bientôt disparaître. Ainsi François Hollande a conclu à la nécessité de "rénover notre système d'évaluation". En effet, le système français produit trop souvent de la "démotivation". "Une mauvaise note est décourageante, frustrante, démotivante", juge le sociologue Michel Fize, il dit aussi "qu’elle crée un système de compétition, de classement, qui n'a absolument pas sa place à l'école primaire, ni même au collège, où il s'agit d'apprendre les bases".


b. Dans le monde Pour palier au système français, nous avons voulu étudier et vous présenter les différentes pratiques de notations en vigueur dans d’autres pays de l’OCDE et du monde. Ainsi, connaître leurs pratiques nous permet de comprendre les spécificités de la notation française et de réfléchir aux possibles infléchissements nécessaires. Alors même qu’un certain nombre d’enseignants sont attachés en France à une grille de notation de 0 à 20 et utilisent des demi-points ou des quarts de points, des pays tels l’Allemagne, ou la Finlande ont recours à des grilles de notation beaucoup moins détaillées. Les demi-points étant proscrits, le professeur est alors amené à pratiquer des arrondis qui sont favorables aux élèves si leur attitude en classe et leurs progrès sont satisfaisants. Dans le système allemand, les notes vont de 6 à 1 (dans l’ordre croissant). La note 6 étant rarement utilisée, la note 5 est la plus utilisé pour indiquer à l’élève que son travail est insuffisant. La note 4 est la plus fréquente suivie de 3, 2 et 1. Les bonnes notes sont ainsi, plus nombreuses que les notes basses. Quelques exemples d’échelles d’évaluation et de moyennes … Pays

Échelle d'évaluation (dans l'ordre croissant)

Moyenne

France

de 0 à 20

10/20

Allemagne

de 6 à 1

4

Suisse

de 1 à 6

4

Finlande

De 4 à 10 pour beaucoup d’écoles

Etats-Unis

de F à A

C

Russie

de 1 à 5

3

Japon

de 0 à 100%

60%

Chine

de 0 à 100%

60%

Belgique

de 0 à 100 %

50%

Italie

de 1 à 10 pour l'école et de 0 à 30 pour l'université

6/10 et 18/30

Pays Bas

de 1 à 10 pour l'école et de 0 à 30 pour l'université

5 et 15/30

Espagne

de 0 à 10

6/10

5/10

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Les différents types de notation dans le monde

Légende : Pays utilisant des chiffres Pays utilisant des lettres Pays utilisant des pourcentages

L’école finlandaise a elle aussi adopté un système de notation plus favorable aux élèves. Les notes vont de 4/10 à 10/10 avec une graduation comme suit : 4 (échec à l’exercice) ; 5 (suffisant) ; 6 (moyen) ; 7 (satisfaisant) ; 8 (bien) ; 9 (très bien) ; et 10 (excellent). Ainsi une seule note existe pour indiquer à l’élève qu’il a échoué à l’exercice. L’intérêt de ce système est premièrement de permettre à l’élève qui a « échoué » de conserver toutes ses chances d’avoir au minimum la moyenne ; et deuxièmement de valoriser la réussite. Le principe général du système finlandais est ainsi de diminuer la démotivation liée aux

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« mauvaises notes », caractéristique du système éducatif français, et de récompenser davantage les bonnes copies. De plus, les élèves ne sont pas notés à l’école élémentaire et peu au collège. Toutefois, des évaluations, identiques pour tous les établissements, sont plus fréquentes qu’en France afin d’avoir une connaissance générale de la maîtrise des compétences à encore acquérir pour les élèves. Le principe directeur dans ces deux systèmes est donc d’évaluer sans dévaluer. Ce principe permet de donner confiance aux élèves et celle-ci lui est indispensable.


ZOOM sur le système Chinois Avez-vous déjà entendu parler du système particulier d’évaluation Chinois ? Quand on vous parle de l’école chinoise, la première image qu’il vous vient à l’esprit est que les élèves travaille tout le temps, n’est-ce pas? Pour chercher à comprendre quelles raisons peuvent vous pousser à penser cela, nous allons développer l’organisation de ce système. L’école chinoise possède premièrement deux évaluations générales par an, une au milieu et une à la fin de l’année, et des évaluations de connaissances quotidiennes en classe. Toutefois une des particularités de ce système est que, quelles que soit les épreuves, les sujets ou les barèmes de

correction, ils sont tous fournit par l’éducation nationale. Ainsi des spécialistes de chaque matière travaillent à la création d’un sujet commun pour tous. Leur système, tous en diminuant les libertés des professeurs, permet une égalisation des chances des élèves. Néanmoins, ce système contient un grand défaut : le classement. Les écoles publiques pratiquent la sélection et le classement des élèves dès les plus petites classes. Dans chaque école est affiché un classement total de tout les élèves, il est ensuite envoyé aux parents. Quel doit-être votre déception et votre état d’esprit quand vous êtes classé parmi les derniers ? 25


3. Témoignages Pour finir cette grande partie sur le thème de comment les élèves subissent-ils les notes ; nous avons collecter pour vous divers témoignages sur le ressenti de lycéens appartenant à notre Ecole et ayant été scolarisé en France ou ailleurs... Violette Lasnon : En Allemagne, la notation scolaire va de 1 à 6, avec des + et des - pour plus de finesse. Au niveau du ressenti, j’ai trouvé ça limite un peu frustrant, car j’avais l’impression que c’était plus difficile d’avoir un 1 ( il faudrait calculer pour voir si c’est vraiment le cas ). A part cela, la note moyenne (10/20) est moins importante qu’avec notre notation sur 20, et c’est plus difficile en général de se situer, j’ai trouvé. Je préfère donc de loin notre notation sur 20, mais ce n’est peut-être qu’une question d’habitude. Coralie Bremond : Je pense que dans le système français il y a trop de diverses possibilité de notation. Les QCM serait je pense bien mieux pour l’égalité des notes ; soit c’est juste, soit c’est faux. Il y a pas d’entre deux et surtout pas de favoritisme. Le système de notations français est trop vaste pour être juste.. Stéphanie Ward : En primaire, j’étais au Canada (un super pays, le meilleur) et on nous notait avec des lettres. Moi j’avais le plus souvent des A ou A+. On avait aussi des autocollants et si on les grattaient, ils sentaient bons ! Mon préféré c’était l’ananas. C’était sympa mais je trouve que c’était mieux d’être noté sur 10 car plus précis et spécifique. 26

Léonardo Devoti: Je suis italien à la base, et cette année c’est la deuxième année que je passe en France. Entre ces deux systèmes d’écoles je trouve qu’il y a vraiment des différences. En Italie la notation allait de 0 à 10 ce qui je trouve change beaucoup du 0 à 20 en France. Toutefois je n’ai pas vraiment d’avis sur lequel est le meilleur. Nous commencions l’école à 8h et nous finissions entre 12h et 13h mais nous avions beaucoup de devoirs à la maison. Des fois, les profs nous donnaient un devoir de 20 à 30 pages à rendre pour le lendemain

Eugénie Graves : En primaire, j’étais en Australie et on nous notait grâce à des autocollants de différentes tailles. Les plus grands étaient pour dire que le devoir était réussi. Je trouvais cela fun !

Marc Sanchez : J’étais avant scolarisé en Espagne, et je ne suis en France que depuis un an et demie. En Espagne nous commencions à 8h du matin et finissions à 14h30, chaque cours durait une heure, et nous n’avions pas de devoirs à la maison. La notation que nous avions et que je trouvais bien était sur 10 points. Toutefois, en comparant l’école en France et en Espagne, je préfère celle française. Elle est plus «normale» dans le fait qu’on travaille aussi l’après-midi, et les notes sur 20 sont pour moi plus précises


MOTS CROISÉS Les principaux concepts de notre magazine vus jusqu’à présent :

15

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Horizontal 6. Les professeurs nous en attribuent une après avoir évaluer notre travail. 8. Point de vue impliquant la présence d'un être humain derrière ces pensées. 12. Sentiment qui nous poursuit après l'acquisition d'une mauvaise note. 13. Elle peut être diagnostique, formative ou sommative. Vertical 1. Science consacrée à l'étude des notes à l'école. 2. Le fait d'apprendre nous en apporte. 3. Acquisition d'une attestation après le passage d'un examen. 4. Une constante selon laquelle la proportion de mauvaises notes serait toujours la même à chaque évaluation. 5. Contraire d'évaluer, qui fait perdre de la valeur à la note pour qu'elle tombe comme une sanction. 7. Elle ne dépend pas de quelqu'un, car c'est une vision fondée sur la réalité, impartiale, équitable et neutre. 9. Une évaluation permanente qui s'exerce à tout moment de l'année. 10. Eléments jouant un rôle dans le déclenchement ou l’évolution d’un phénomène. 11. La notation est vu par certains comme quelque chose qui sert à former, et d'autres pensent qu'elle sert à ... 14. Elles sont obligatoires de 6 à 16 ans en France. 15. Il s'agit de l'évaluation chiffré, lettrés ou avec des pourcentages, de travaux effectués par des élèves.

Solutions page XX

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III. Les notes sont-elles réellement utiles? 1. Effets divers sur les élèves En France, de 6 à 16 ans, l’instruction nous est obligatoire. Qu’elle soit faite à domicile, dans une école privée ou publique, l’école est dite formatrice à la vie professionnelle. Qu’il s’agisse de rigueur, de patience ou de travail en groupe, l’école nous permet d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires à notre autonomie. Mais, cet apprentissage arrive avec son lot de d’inconvénients. En choisissant de faire une simulation du parcours scolaire et professionnel des élèves 1 et 2, nous prédisons que leurs réussites ou échecs scolaires peuvent dépendre de plusieurs facteurs.

ELEVE 1 Mention Très Bien Prépa + Grande Ecole (ENS)

Elevé €

Parcours

Lycée Général BAC

ELEVE 2 Sans Mention

Etudes (plus ou moins longues) Récompensés le plus souvent par un DIPLOME

Emploi

Fac puis Abandon

Bas €

REMUNERATION

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La maxime : « Si tu as de bonnes notes à l’école, ton travail sera bien rémunéré » , est-il vrai selon vous? Notre futur est-il déterminé par nos notes?


Prenons par exemple le parcours sans failles du premier élève, ce parcours constitue disons “un extrême positif” dans lequel l’élève réussi à comprendre le système et à l’intégrer. Ces notes sont souvent proche de l'excellence ; il brille donc dans ce qu’il entreprend. Le deuxième élève malheureusement est le reflet d’un “extrême négatif”, ses notes sont médiocres, il abandonne ses études ; le système n’est pas fait pour lui. Nous pouvons toutefois voir que ces simulations ne peuvent pas être entièrement justes, car seul une minorité des élèves correspond aux “extrêmes positifs ou négatifs”. En reprenant le grand thème qu’est la docimologie, nous pouvons comparer cela au résultat d’un contrôle. La majorité des élèves, comme l’as montré André Antibi (p 16), se situe autour de la moyenne soit 10/20. La courbe ci-dessous, défini comme « Courbe de Gauss » est la représentation de la « loi de Posthumus » : « Un enseignant tend à ajuster le niveau de son enseignement et ses appréciations des performances des élèves de façon à conserver, d’année en année, approximativement la même distribution (gaussienne) de notes »

2

Courbe de Gauss

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Le schéma ci-dessus représente la faible proportion d’élèves qui termine leurs études avec succès. Cela est dû à de nombreux facteurs dont il est victime, pourtant le correcteur doit rester à priori impassible devant toute situation. Toutefois, de nombreux paramètres (de portée personnelle ou juste liée à l’éducation elle même) influencent la qualité des travaux. Ainsi qu’ils proviennent d’un élève souffrant de problèmes (sociaux ou économique), ou 30

qu’ils soient issu d’un élève au contexte plus sain, le résultat final entre les deux copies sera différent. De plus, une personne sujette au stress négatif, produit en général un travail de moins bonne qualité qu’un élève de même niveau n’éprouvant pas cette préoccupation supplémentaire. En outre à cause de la pression liée à la volonté de réussir, une compétition entre élèves peut s’installer et les conduire à abandonner.


Malheureusement l'école est devenu aujourd’hui pour beaucoup d’étudiants un lieu où ils se doivent de récolter de bonnes notes pour satisfaire leurs parents ou leur proches, et non par intérêt d’apprendre. Peu de parents inculquent vraiment à leurs enfants que le fait d’aller à l’école et l'acquisition des connaissances leur servira à eux. Cet apprentissage bâclé est pour certains élèves une perte de temps car ils retiennent sans apprendre ni comprendre les informations. Leur but est de recracher ces connaissances

lors d’une interrogation, pour ensuite les oublier quelques jours après. Est-ce alors intéressant du point de vue docimologique de juger des notions que les élèves n’auront appris que pour cette occasion précise ? L’utilité des notes est-elle vérifiée ? Par ailleurs, sans les savoir-faire nécessaires, nous pouvons dire que les étudiants sont, dès la fin de leurs études, jetés dans le bain de la vie active. Pouvons-nous, par conséquent, nous demander si l’école est réellement formatrice à la vie professionnelle ?

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2. Etudes de docimologie a. Quelques études docimologique Le terme "docimologie" apparaît en 1929 sous la plume du psychologue français 'Henry Piéron qui attire notre attention avec ces termes : « C’est un principe général que, pour être reçu à un examen, il faut avoir la moyenne, …dès lors, …pour un grand nombre de candidats, ce sera …le hasard qui décidera de leur admission ou de leur recalage. En effet, on sait que… c’est dans la région moyenne qu’ils se massent… ». Depuis que ce terme existe, beaucoup d’études ont été menées. A ses débuts, la docimologie était surtout critique ou négative ; elle mettait en lumière les problèmes posés au niveau des enseignants chargés de procéder à l'évaluation mais sans néanmoins les résoudre. Aux USA, en Angleterre, et même en Belgique, diverses expériences menées au début du XXème siècle mirent en évidence le manque de fiabilité des notes scolaires. Les premières études qui firent menées en France sont celles de Laugier, Piéron et Weinberg qui étudièrent ce phénomène. En 1934, ils mirent leurs travaux en commun pour publier via la commission française un rapport intitulé « Etudes docimologiques ».

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Ce rapport, basé sur le Certificat d’Etudes de 1922 et sur le Baccalauréat de 1932, mit à son tour en lumière les écarts de jugement considérables qui affectaient la notation des copies. Le baccalauréat offrait une situation exceptionnelle étant donné que les mêmes questions sont posées à de très nombreux étudiants, durant de véritables examens, et sont collectées et corrigées par de nombreux correcteurs sélectionnés. A travers cette situation, l'équipe française met en évidence de nombreux «biais de notation»*. Outre la question de la sévérité du correcteur et de son usage de l’échelle de notes, les «docimologistes» ont réussi à isoler de multiples facteurs de jugements entre correcteurs (p 30) et montré que la «vérité» de la note ne pouvait être qu'un mythe. Ainsi ils avaient calculé qu’il aurait fallu par exemple 127 correcteurs pour

qu’une note d’une copie de philosophie soit approximativement «juste». La reprise de ces recherches dans les années soixante-dix a confirmé les observations du début du XXème siècle. Pourtant, la note n’a pas perdu aux yeux de la société ni de sa crédibilité, ni de son utilité ; elle est toujours autant attendue par l'institution afin de permettre de les additionner et de faire les moyennes. Néanmoins, les chercheurs essayent progressivement au jour d’aujourd’hui de proposer des solutions permettant de limiter au plus le caractère «subjectif» de la notation. Il ne faut pas toutefois attribuer ce caractère subjectif uniquement au professeur chargé de noter l’élève, il existe des mécanismes beaucoup plus complexes qui mettent en jeu les enseignants, les élèves et le système éducatif.

* Les méthodes employées dans ces études pour étudier les «biais de notation» reposent sur différentes procédures, selon le type à mettre en évidence. De manières expérimentales ces approches sont le plus souvent employés : - Une même série de copies est corrigée plusieurs fois par le même correcteur, à des moments différents, sans que celui-ci s’en rendre compte (mesure de la stabilité intracorrecteurs). - Une même série de copies est corrigée par plusieurs correcteurs différents (mesure de la concordance intercorrecteurs).

- Une même copie est placée dans un ensemble de copies dans des positions différentes, précédée de copies meilleures ou plus faibles (mesure de l’effet de contraste). - Une même copie est placée dans un ensemble de copies dont les valeurs sont plus ou moins dispersées largement (tantôt parmi des copies ayant toutes reçu la même note lors d'une évaluation préalable, tantôt parmi des copies très variées en qualité). - Une même copie est corrigée par plusieurs groupes de correcteurs auxquels on fournit des informations complémentaires différentes sur l'élève.

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b. Les réformes récentes Après avoir été témoins de quelques études docimologiques qui se sont succéder au XXème siècle, nous voulions vous montrer les réformes récentes qui ont été faites par le ministère de l’éducation. Ainsi nous voulions vous montrez si ces études docimologiques ont vraiment eu un impact, et si des vrai changements ont eu lieu au jour d’aujourd’hui. Dans les dernières réformes proposées, nous pouvons nous apercevoir que le Conseil supérieur des programmes (CSP) a remis, jeudi 27 novembre 2015, à la ministre de l'Education nationale, un document qui révolutionnerais l'évaluation des élèves. Il voudrait en finir avec un système de notation jugé stressant pour les élèves. L'idée n'est plus de noter tel ou tel devoir ou contrôle continu, mais de vérifier ce que le CSP appelle des "blocs de compétences" dans chaque matière, grâce à des bilans de fin d'année. Il s'agit de percevoir les progrès de l'élève, et de pouvoir remédier à ses lacunes par un soutien ciblé.

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Les notes serait ainsi remplacées par un barème de 4 à 6 niveaux sur le modèle qui se pratique dans de nombreux pays. Le zéro tant redouté par les élèves et décrié par certains comme traumatisant disparaîtrait ainsi. De plus, cette notation est censée permettre d'établir un classement qui diviserait la classe en quatre catégories plutôt que d'établir un classement du meilleur au pire élève. En outre ce conseil saborde aussi l'idée de moyenne générale qui pour lui ne veut plus rien dire. Plus question pour un élève bon en maths mais mauvais en français de se raccrocher à son point fort. Il devra aussi acquérir des compétences satisfaisantes dans la matière où il est plus faible. Malheureusement les opposants à ce projet sont nombreux. Le SNALC (Syndicat national des lycées et collèges) ne semble pas convaincu. Dans un communiqué furibond, le syndicat donne un détestable 2/20 à la copie du CSP. Le deuxième argument contre ce projet c’est Luc Ferry (ancien ministre de l'Education nationale) qui nous le donne : "Mettre des lettres à la place (des notes) avec six niveaux, ça finit par revenir exactement au même. On a juste fait semblant et rien n'est pire pour les enfants que les faux-semblants". Ce projet fut finalement abandonné.


A la suite du rapport de novembre dernier, il a été remis à Najat VallaudBelkacem un nouveau rapport vendredi 13 février 2015. Il préconise la suppression des notes en primaire et jusqu'en 6ème. Sans aller jusqu’à l’abandon de la notation chiffrée toute la scolarité, le jury de la Conférence nationale sur l'évaluation, se prononce sur une utilisation progressive, en n’introduisant des notes qu’à partir de la cinquième. Dans les faits, beaucoup d’écoles primaires n’utilisent déjà plus le système de notation classique. Ils voudraient donc seulement généraliser cette pratique, et l’étendre à la sixième. De plus, toujours dans la même logique, ils militent pour que les enseignants usent davantage de l’évaluation dite «formative», dont l’unique but est d’aider l’élève à progresser, sans le sanctionner. Cette évaluation n’utilise pas de notes mais d’autres voies, par exemple un exercice corrigé en classe. «Les élèves les plus jeunes sont en effet ceux pour lesquels la présence de la note est à la fois la moins légitime et la plus déstabilisante», s’accordent les membres du jury. Cette conférence sur l'évaluation des élèves avait été organisée les 11 et 12 décembre, avec des témoignages d'experts et

des enseignants innovants. C’était une initiative lancée par le prédécesseur de la ministre de l’éducation actuelle, Benoît Hamon, dans la suite de la loi sur la refondation de l'école (Vincent Peillon) qui prône une "évaluation bienveillante". Même si la ministre de l'éducation nationale a désormais toutes les cartes en main pour faire avancer le chantier de l'évaluation des élèves. La communication du ministère le même jour (13 février), a cependant refroidi les plus optimistes ; ceux qui espéraient que toutes ces réflexions sur l’évaluation aboutissent à une réforme en profondeur. Non, Najat Vallaud-Belkacem ne suivra pas cette recommandation, les notes et les bulletins scolaires ne vont pas disparaître de l’école. (Selon son entourage : «La ministre de l’Education nationale et le président de la République ont toujours dit qu’une suppression des notes chiffrées n’était pas à l’ordre du jour»). Et vous, que pensez-vous de l'efficacité pédagogique du système actuel de notation ? Et faut-il, toujours selon vous, le réformer jusqu'à supprimer la notation des élèves ?

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