Harmonie littéraire - Selezione di pagine del volume 1

Page 1



SIMONETTA DOVERI RÉGINE JEANNINE

Harmonie littéraire Histoire de la littérature française

auteurs textes contextes

1

Du Moyen Âge au XVIIIe siècle

Didattica inclusiva

Classe inversée

Realtà aumentata

1 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Harmonie littéraire Volume 1

Volume 2

Du Moyen Âge au XVIII siècle

XIXe, XXe et XXIe siècles

e

� Ampio quadro dello sviluppo della letteratura francese nel tempo. � Approfondimenti, confronti con altri contesti culturali e rimandi all’attualità. � Tematiche di tipo filosofico-letterario, sociale, culturale e attività di preparazione

alla prova EsaBac.

Per capire l’epoca Ogni capitolo, suddiviso in Dossier, si apre con: � mappa riassuntiva dei contenuti � i ntroduzione al contesto storico, sociale, artistico e letterario, accompagnata da due linee del tempo che sintetizzano le date e gli eventi fondamentali del periodo storico e culturale.

Per sviluppare la competenza letteraria Ciascun Dossier contiene: � generi e movimenti letterari � autori � opere: ampia scelta di brani accompagnati da attività mirate alla comprensione, all’analisi, alla riflessione e alla produzione scritta. Dossier 5

Le siècle des Lumières

Beaumarchais (1732-1799)

Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle Le théâtre

Libertinage et littérature

La tragédie continue à imiter les modèles de Racine et Corneille mais le public veut s’apitoyer sur le sort des victimes. Voltaire semble répondre à ces nouvelles tendances avec des mises en scène grandioses, il attendrit le public, et les personnages expriment des idées morales ou politiques. Le drame, né à cette époque, est défini en 1762 dans le Dictionnaire de l’Académie, il mélange les genres et n’est plus tragédie ou comédie. Dans les Entretiens entre Dorval et moi, Diderot parle de tragédie domestique et bourgeoise ; le drame est donc quelque chose qui peut arriver à tout le monde, à n’importe quel moment de la vie. Les auteurs mettent en scène la classe montante de la bourgeoisie au détriment de la noblesse. Ce nouveau genre théâtral doit avoir des caractéristiques particulières, il doit : – être une imitation fondée sur la nature et la vérité ; – peindre les humbles péripéties de l’existence moyenne ; – analyser les conditions sociales et pas les caractères ; – être écrit en prose, qui est le ton de la vie courante ; – présenter des pantomimes (tableaux vivants) qui expriment mieux les émotions. La mise en scène joue un rôle important pour traduire la réalité et l’unité de lieu n’est plus suivie. Les philosophes accordent une grande importance au théâtre comme moyen de divulgation populaire pour leurs idées, car une grande partie de la population est analphabète et la diffusion des livres est encore élitaire. Malgré ça, le genre du drame bourgeois n’a pas obtenu le succès désiré car il est plus destiné à être lu que joué. Le texte, composé de longs monologues, peu adaptés à une représentation est pour l’auteur un prétexte pour faire passer ses idées.

Libertin vient du latin libertinus, l’esclave qui vient d’être libéré. Au XVIIe, le libertin est celui qui remet en cause les dogmes établis, c’est un libre penseur dans la mesure où il est affranchi, en particulier, de la métaphysique et de l’éthique religieuse. Au XVIIIe siècle, le sens qui prévaut se réfère au libertin de mœurs, c’est-à-dire celui qui s’adonne aux plaisirs charnels avec une liberté qui dépasse les limites de la morale conventionnelle, avec un certain raffinement cultivé. Sous la Régence, le libertinage des mœurs fait naître une littérature libertine particulière et du libertinage à la perversité, la distance n’est pas grande et au plaisir de séduire s’unit celui de corrompre. La description du mal a intéressé les philosophes (Montesquieu, Voltaire, Diderot), mais l’intérêt pour le mal devient plus systématique chez Choderlos de Laclos et le marquis de Sade, où les personnages trouvent un véritable plaisir dans la souffrance causée aux autres. C’est sous la Régence que le libertinage des mœurs fait naître une littérature libertine nourrit : en 1748 Les Bijoux indiscrets de Diderot, en 1782 Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos et en 1797 Juliette ou les Prospérités du vice du Marquis de Sade entre autres. C’est sur son nom qu’on a créé le mot sadisme.

Sa vie

1 Les filles de Louis XV. 2 L’Espagnol Clavijo qui avait promis de l‘épouser manquait à ses engagements. 3 Des cadeaux, surtout en argent, qui restent la propriété du juge seulement si le procès a été gagné.

Sa vie est un vrai roman d’aventures. PierreAugustin Caron est né à Paris en 1732 où son père est horloger. En 1753 il perfectionne un mécanisme de montre et devient horloger du roi. Il obtient les faveurs de Mesdames1 grâce à son humour et en 1755 il épouse la veuve d’un clerc d’office qui meurt dix mois après. En 1761 il achète une charge de secrétaire et est anobli, il devient Monsieur de Beaumarchais. En 176465 on le retrouve en Espagne où il est allé venger l’honneur de sa sœur Lisette2 et il réussit à obtenir des sanctions contre le fiancé infidèle. En 1767 il commence à écrire et se remarie en 1768 mais sa seconde femme meurt elle aussi en 1770. Pâris-Duverney, un financier auquel il a rendu un service, meurt la même année et accorde à Beaumarchais une créance sur sa succession. Son héritier l’attaque et un procès est intenté. Beaumarchais est condamné en avril 1773. Le juge Goëzman, qui devait le défendre, ne lui restitue pas la totalité des épices3 et Beaumarchais l’attaque. Le Parlement condamne Goëzman et blâme (déchéance civique) Beaumarchais. Il doit rester dans l’ombre et il est chargé de missions secrètes à Londres et en Allemagne. En 1775 il présente Le Barbier de Séville et fait parvenir secrètement aux colonies anglaises d’Amérique des armes et des équipements pour compte de la France. Il obtient la révision de ses procès : en 1776 il est réhabilité de l’arrêt de blâme et en 1778 le Parlement d’Aix se prononce en sa faveur dans l’affaire de l’héritage Pâris-Duverney. En 1777 il crée la Société des auteurs dramatiques pour la défense de leurs droits et com-

mence la publication des œuvres complètes de Voltaire qui se fait à Kehl pour éviter la censure. Le 27 avril 1784 il fait représenter Le Mariage de Figaro. L’œuvre a été soumise à six censeurs et le roi Louis XVI la jugeait détestable et injouable. Sa portée satirique en est renforcée et le succès est énorme. Beaumarchais est imprudent, le roi interprète mal ses paroles et il le fait emprisonner à Saint-Lazare pour quelques jours. Sa popularité diminue comme son talent. En 1791 il s’installe près de la Bastille dans une très belle maison et même s’il négocie l’achat de 60 000 fusils en Hollande (il échoue) il est vu comme suspect et ne peut rentrer de Hambourg qu’en 1796. Il marie sa fille, eue de sa troisième femme, et il meurt en 1799 usé par cette vie mouvementée.

Son œuvre Elle est surtout théâtrale et il doit sa célébrité à deux pièces, Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro. C’est l’intrigue qui fait naître le rire. Le contenu critique est important, la satire sociale est présente. Il fait l’éloge du mérite personnel, dénonce la situation féodale de la femme. Le style est vif, percutant, l’action n’accorde aucun répit et le rythme est soutenu grâce à des éléments nouveaux (parfois le chant). Les personnages sont vrais et vivants et témoignent l’état d’esprit des Français à la veille de la Révolution. Même s’il n’a pas inventé de nouveaux sujets il a su créer des chefs-d’œuvre comiques, grâce aux dialogues incisifs et aux personnages (Figaro est devenu un type de personnage), et satiriques, grâce au contenu révolutionnaire et aux critiques sociales.

Activités 1. Remplissez la grille pour relever les différences entre théâtre classique et drame. THÉÂTRE CLASSIQUE Origine des personnages Sujet de la pièce Forme d’écriture Les règles Sentiments des spectateurs

334

DRAME

L’œuvre

Le Mariage de Figaro (1784) Figaro croit que Suzanne, dont il est amoureux, accepte les assiduités du comte et il croit à un rendez-vous galant, ignorant que la comtesse et Suzanne se sont accordées et ont échangé leurs vêtements : c’est la comtesse déguisée en Suzanne qui ira au rendez-vous. Figaro attend dans l’obscurité d’être témoin de son malheur. Son long monologue est adressé d’abord au comte d’Almaviva, puis aux censeurs des écrits, ensuite à ceux qui détiennent le pouvoir, enfin il joue la scène de la reconnaissance de ses parents, Bartholo et Marceline. Figaro relit son passé, une réflexion sur le sens de la destinée humaine qui autorise tant de critiques. Figaro se compare au comte et il devient le porte-parole d’une classe sociale qui conteste 335

A fine volume Cadre des auteurs pivots: gli autori più importanti, in ordine alfabetico. Una batteria di domande porta gli studenti al consolidamento delle competenze letterarie acquisite.

2 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Allegato al Volume 1

Atelier des compétences

Fiche A: Dalla comunicazione al genere letterario Fiche B: Guida ai generi letterari Fiche C: Vers la «Seconda Prova» strategie, suggerimenti e attività per la comprensione del testo e la produzione scritta Fiche D: Confronto cronologico sinottico tra le letterature europee (italiana, inglese, spagnola, tedesca) Glossaire

Per sviluppare la competenza culturale

Per superare la prova EsaBac

All’interno del capitolo sono inoltre presenti numerosi approfondimenti: � À la loupe…: e spansioni di argomento storico, culturale o letterario � À la une: correlazioni con la realtà odierna � À l’écran: r ubriche dedicate a cinema e letteratura

� Vers l’EsaBac: documenti storici e artistici con attività di tipo EsaBac � Sujet EsaBac: u n percorso articolato che ricalca fedelmente la prova d’esame (Essai bref) Sujet Esabac La tolérance

botte d’un maître sur la poitrine, tu ne t’es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères, et ne commets pas le crime d’acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l’intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout. Jeunesse, jeunesse ! sois toujours avec la justice. Si l’idée de justice s’obscurcissait en toi, tu irais à tous les périls. Et je ne te parle pas de la justice de nos Codes, qui n’est que la garantie des liens sociaux. Certes, il faut la respecter, mais il est une notion plus haute, la justice, celle qui pose en principe que tout jugement des hommes est faillible et qui admet l’innocence possible d’un condamné, sans croire insulter les juges. N’est-ce donc pas là une aventure qui doive soulever ton enflammée passion du droit ? Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n’est toi qui n’es pas dans nos luttes d’intérêts et de personnes, qui n’es encore engagée ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi ? Jeunesse, jeunesse ! sois humaine, sois généreuse. Si même nous nous trompons, sois avec nous, lorsque nous disons qu’un innocent subit une peine effroyable, et que notre cœur révolté s’en brise d’angoisse. Que l’on admette un seul instant l’erreur possible, en face d’un châtiment à ce point démesuré, et la poitrine se serre, les larmes coulent des yeux. Certes, les garde-chiourmes restent insensibles, mais toi, toi, qui pleures encore, qui dois être acquise à toutes les misères, à toutes les pitiés ! Comment ne fais-tu pas ce rêve chevaleresque, s’il est quelque part un martyr succombant sous la haine, de défendre sa cause et de le délivrer ? Qui donc, si ce n’est toi, tentera la sublime aventure, se lancera dans une cause dangereuse, et superbe, tiendra tête à un peuple, au nom de l’idéale justice ? Et n’es-tu pas honteuse, enfin, que ce soient des aînés, des vieux, qui se passionnent, qui fassent aujourd’hui ta besogne de généreuse folie ? Où allezvous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, j etant au milieu de nos discordes la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ? — Nous allons à l’humanité, à la vérité, à la justice.

PROBLÉMATIQUE • La tolérance est-elle une arme efficace ou un signe d’impuissance ?

À la loupe... Histoire de la censure Le privilège du roi Au XVIe et XVIIe siècle François Ier, voulant contrôler les écrits des protestants, confie la tâche de la censure à la Faculté de Théologie de la Sorbonne. Richelieu, sous Louis XIII, crée le corps des censeurs royaux : tous les ouvrages destinés à l’impression doivent avoir le privilège du roi, c’est-à-dire l’autorisation à paraître, et la censure est exercée par des personnes diverses, parfois sans aucune qualification. En 1723 est créé un corps de censeurs royaux qui sont des fonctionnaires spécialisés : en tout soixante-dix-neuf. En 1742 naît la Direction de la Librairie, la seule qui puisse donner ou refuser le droit de publier les imprimés, qui s’occupe du commerce du livre, de l’impression et de la diffusion, et qui est réglementée par un ensemble complexe de lois. Après avoir passé le barrage de la censure, les auteurs et les éditeurs doivent obtenir un privilège ou une permission officielle attestant que l’ouvrage ne contient rien contre la religion, le pouvoir royal et les mœurs. Le privilège garantit, non seulement l’autorisation à paraître, mais aussi la propriété littéraire qui reste à la Librairie et pas à l’auteur.

Le débat sur la liberté d’imprimer Voltaire adresse au responsable de la censure littéraire, le directeur de la Librairie, une lettre, Lettre à un premier commis, datée du 20 juin 1733 ; Diderot, dans Mémoires sur la liberté de la presse, écrits en 1763, défend l’indépendance de l’écrivain

nouveau directeur, M. de Malesherbes, ami avec la Sorbonne, les Assemblées du clergé et le des philosophes, se montre plus libéral que Parlement, ce qui explique les difficultés que les ses prédécesseurs. Il développe la pratique encyclopédistes et le libraire Le Breton rencontrent de la permission tacite : les censeurs signent avant d’arriver à la publication complète de l’œuvre. l’approbation, mais elle n’est pas imprimée sur Une fois devenu ministre de Louis XVI, Malesherbes les livres. Dans ses Mémoires sur la Librairie, demandera l’abolition de toute censure. il écrit : « … on prenait l’habitude de dire à un La Librairie est supprimée par la Révolution, mais la libraire qu’il pouvait entreprendre son édition, censure ne disparaît pas en 1789 : la différence est que mais secrètement ; que la police faisait semblant la censure intervient après l’impression et la liberté de l’ignorer et ne le ferait pas saisir ; […] on d’écrire n’est absolument pas garantie. Napoléon, lui recommandait de se tenir toujours prêt à par divers décrets, rétablit sur toutes les productions faire disparaître son édition dans le moment écrites la censure, et au XIXe siècle les auteurs, accusés d’avoir offensé les mœurs, continuent à être déférés qu’on l’avertirait, et on lui promettait de lui aux tribunaux : Flaubert avec Madame Bovary et faire parvenir cet avis avant qu’il ne fût fait des Baudelaire avec Les Fleurs du mal, en 1857 sous le recherches sur lui ». Second Empire, subissent un procès pour immoralité. Malesherbes contribue à faciliter les moyens Sous la IIIe République, en 1870, Jules Vallès (1832d’échapper à la censure, en prévenant à l’avance les et définit le livre comme propriété de l’auteur. 1885), protagoniste de la Commune, est exilé et libraires de l’arrivée de la police ou en faisant mettre Malgré la bataille philosophique contre la censure, le son œuvre pratiquement ignorée. En 1970, sous la à l’abri les épreuves de l’Encyclopédie. Toutefois il ne personnel de la Librairie passe de soixante employés Villon etqui Deindique André sont liés par un fil, un rapport qui la ressemble celui car il n’est Ve République, l’ouvrage Éden, Éden, Éden, de Pierre peut empêcher révocation duàprivilège, en 1723 à deux cents en 1789, ce Guyotat (né en 1940), subit une interdiction de la part seul à avoir le pouvoir de condamner l’ouvrage qui existe entre maîtrepas etleélève. clairement le nombre croissant d’ouvrages soumis de la censure, car il critique la guerre d’Algérie. et les auteurs, un pouvoir qu’il doit partager aux censeurs royaux. Dans la préface d’un livre des poèmes de Villon De Les ouvrages censurés et l’héritage condamnés André sont nousinterdits transmet deà ce grand poète, l’Index, l’auteur pas est condamné payer amendes pour la poésie seulementàce qu’ildes a représenté ou destiné à la prison ou à mais l’exil. La répression française, aussi pour lui. Il nous dit qu’il doit est forte et des philosophes à la Ballade et desécrivains pendus comme le contenu de son album de Voltaire, Diderot,1968 Rousseau, Laclos, Beaumarchais Tutti morimmo a stento, qui rappelle certains connaissent la prison et du l’exil ; leurs aspects texte delivres Villon.sont Ce film est un film fantastique d’action et d’aventure réalisé par Guy Ritchie. souvent imprimés l’étranger DeàAndré écrit: :les Lettres persanes, Le film, basé sur de nombreuses anecdotes, est sorti en 2017 et a eu un bon le Contrat social et La Nouvelle Héloïse sont publiés succès. en Hollande, pays Caro protestant plus libéral, L’Esprit des François, L’histoire racontée est celle d’Ar- ciles. Il rencontre une jeune femme, lois à Genève ; quant Voltaire, il fait paraître sessu un quotidiano che in Sud Nelà1963 mi capitò di leggere thur, un jeune homme qui vit avec Guenièvre, s’unit à la Résistance et œuvres à Londres, à Berlin ou à Genève. Des livres Africa le autorità celebravano senza saperlo il cinquecentesimo sa bande dans les faubourgs de doit apprendre à contrôler l’épée • Éventaire de presse, détail de l’Almanach comme Manon Lescaut, les Lettres philosophiques ou anniversario della tua scomparsa: la corte di Johannesburg aveva Londres (Londonium). Un jour il et tous ses démons intérieurs. Il va national pour 1791, Paris, Centre Émile sont condamnés à être brûlés, L’Esprit des lois destinato all’impiccagione otto presunti malviventi, naturalmente Historique des Archives Nationales. s’empare d’une épée, Excalibur, sans unir le peuple autour de sa personne est censuré et mis à l’Index, Voltaire est contraint à savoir qu’il vient de saisir, avec elle, pour chasser le tyran, Vortigern, qui neri. L’estensore dell’articolo così descriveva il disperato infantile désavouer Candide. son destin et son avenir. À partir de avait usurpé sa couronne après avoir esorcismo del loro terrore: “Ballavano e cantavano sotto le corde ce moment-là sa vie bascule et il tué ses parents. Il accèdera finaleRéalisateur GUY RITCHIE et réfléchir prima di essere appesi”. Poi si dilungava appena nel macabro Comprendre La permission tacite doit faire des choix pas toujours fa- ment au trône. del subito 6. Sous Louis XV, la censure est moins et indiquez si2017 les phrases sont vraies (V) ou En 1757, après un dettaglio attentat contre Louisdopo. XV, la“Scalciarono per un po’, alcuni sono1. LisezAnnée sévère à l’égard des écrivains. fausses (F), puis corrigez les fausses. Genre FANTASTIQUE duratiplus un attimo, altri;qualche censure devient encore rigoureuse un édit minuto”. 7. Malesherbes, directeur de la Librairie, V F Mimort preseles la auteurs rabbia giusta per scrivere una ballata. [ … ] Se non punit de la peine de et les éditeurs er est plus libéral que ses prédécesseurs. Sous François I , la tâche de la censure CHARLIE HUNNAM, avessi trovato in te un così importante predecessore probabilmente Acteurs des ouvrages interdits. est confiée à la Faculté deKATIE Théologie principaux JUDE LAW, 8. La Librairie est supprimée par la la mia canzone non porterebbe il titolo che tu mi hai suggerito: de la Sorbonne. MCGRATH L’alliance de l’absolutisme et du catholicisme Révolution et la censure est abolie. intransigeant porte à un renforcement de la censure finalmente trovo l’occasione per ringraziarti. Più di una volta 1. Richelieu et Louis XIII introduisent 9. Napoléon rétablit la censure sur qui accompagne l’élaboration l’Encyclopédie : le privilège du roi. nel chiuderede il libro delle tue ballate mi sono chiesto che cosa toutes les productions écrites. des centaines de personnes sont embastillées et la vita inquieta e mascalzona 2. En 1723 le corps des censeurs royaux si nasconda dietro i tuoi versi: 10. La censure continue encore aujourd’hui. est créé. persécutées pour délit d’opinion, y compris Diderot. del poeta di strada o l’astuzia premeditata del cortigiano 3. En 1742 naît la Direction de la Librairie. Le mécanisme de la censure un résultat 2. Le problème de la censure est toujours de colto che dia quella vita siparadoxal, è appropriato per conferire una 4. Montesquieu est le seul à ne pas avoir car les interdictions aboutissent à l’effetsospetta inverse de grande actualité : pensez-vous qu’il doit y avoir credibilità altrimenti alla propria opera poetica. de problèmes avec la censure. un contrôle plus ou moins sévère sur toutes les ce qui est souhaitéSono : l’ouvrage interdit jouit d’une domande alle quali ancora oggi mi viene da productions littéraires et non, ou bien que la 5. Voltaire fait paraître ses œuvres ailleurs, publicité qui augmente le désir de le lire et son prix rispondere con un perentorio “chi se ne frega”. Che la liberté de critiquer est un droit inaliénable ? pas à Paris. Dès son arrivée à la Librairie en 1750 comme leggenda corrisponda a verità, che la verità si sia fatta • La liberté de la presse, estampe XVIII siècle. Paris, BnFprivilége leggenda o che infine la leggenda sia diventata verità, di assolutamente vero restano i tuoi versi. [ … ] Le siècle des Lumières XVIIIe siècle 311 Nel tuo testamento è sempre un regalare, anche scherzoso e crudele, qualche cosa a qualcuno, con la sgangherata prodigalità di chi è fuori da ogni casta e non appartiene a niente e a nessuno. Così che nessuno, scrittore o poeta, pensatore o saggista, giurista o • Portrait de Fabrizio filosofo che abbia voluto trattare il dolore o la gioia del corpo e del De André. cuore ha potuto rinnegare la tua eredità o esimersi dal confrontarsi con la magia della tua parola. [ … ] Penso a tutti i poeti francesi che sono arrivati dopo di te. [… ]

Tolérance est un mot qui renferme un concept important car, ne pas interdire ou ne pas exiger ce qu’on pourrait interdire ou exiger, favorise et accompagne la liberté. Elle peut s’exprimer dans des domaines variés, de la religion à la politique, de la philosophie à l’art. De Émile Zola qui se bat pour que l’innocence du capitaine Dreyfus soit reconnue (DOC 1) à Manouchian qui dans sa lettre à sa femme peu avant d’être fusillé proclame qu’il n’a aucune haine contre le peuple allemand (DOC 2) ; de Paul Dakeyo qui proclame sa solidarité avec les noirs sudafricains (DOC 3) à Primo Levi qui explique la lutte pour la survie dans les camps de concentration (DOC 4) ; de Goya (DOC 5) à Marianne Davril (DOC 6), le thème de la tolérance a été un des thèmes majeurs pour les hommes de toutes les époques.

À la une Les

pendus, de Villon à De André À L’ÉCRAN

Le roi Arthur : la légende d’Excalibur

DOC 1

Dossier 3 L’Encyclopédie

Engagé dans le combat pour la démonstration de l’innocence du capitaine Dreyfus, Émile Zola est bouleversé de voir des jeunes gens parmi les manifestants qui insultent avec violence Dreyfus et ses défenseurs. En réaction, l’écrivain publie le 14 décembre 1897 la Lettre à la jeunesse dont voici les derniers paragraphes. Dans cette lettre ouverte, Zola s’adresse directement à la jeunesse et lui demande de s’engager comme l’ont fait ses pères. S’appuyant à la fois sur la raison et les sentiments, l’auteur montre l’espoir qu’il porte dans la jeunesse de France.

Jeunesse, jeunesse ! souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l’exprimer publiquement, c’est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n’es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c’est que de se réveiller chaque matin avec la

310

Lettre à la jeunesse (1897) Émile Zola

115

• La liberté de la presse, estampe du XVIIIe siècle, Paris, Bnf.

• Banksy, Migrants sur le radeau de la méduse de Géricault, Jungle de Calais (2015).

15

20

25

30

35

40

45

Nel catalogo è disponibile rs EsaBac Parcou d’histoire

Comprendre et réfléchir

5

10

1. Divisez le texte en trois parties et pour chacune d’entre elles mettez en évidence le thème affronté. 2. À quels temps sont les verbes utilisés dans le texte ? Pourquoi ? 3. Quelle opposition établit-il à la fin ?

346

Le siècle des Lumières XVIIIe siècle

347

ANALYSER L’AFFICHE  Le Moyen Âge

XIe-XVe siècles

1. Observez et décrivez l’affiche. 2. Quelles informations donne-t-elle ?

65

VISIONNER LA BANDE ANNONCE  3. Comment commence-t-elle ? 4. Que présentent les images ?

5. Quel autre élément est inséré ? 6. Que se passe-t-il quand Arthur retire l’épée ? 7. Que disent les deux phrases? 8. Quelle est la particularité de cette bande annonce ?

RÉDIGER UN ARTICLE 9. Écrivez un article qui résume votre travail d’analyse.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

37

� Espace thématique: itinerari per esplorare i grandi temi culturali che ricorrono nelle diverse epoche.

Per la verifica autonoma e la preparazione all’esame � S ynthèse visuelle: mappa del periodo con supporto audio

XVIIIe siècle

Histoire

Le siècle des Lumières Synthèse visuelle

• Guerre de sept ans • Guerre d’indépendance américaine • Révolution française • Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen • Coup d’état de Bonaparte

Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Littérature

� T estez vos connaissances et compétences: scheda di autovalutazione finale

1 Le théâtre et le roman avant 1750

2 La révolution littéraire

XVIIIe siècle

L’intense création théâtrale et romanesque voit la naissance de nouvelles formes transformées par l’observation et la critique de la société.

L’Encyclopédie est l’œuvre marquante du siècle et Diderot en est l’un des promoteurs. De nombreux intellectuels collaborent au projet qui veut étendre le savoir au service de l’homme. L’audace de la pensée de Diderot est extrême et il affirme que Dieu est un obstacle au bonheur et il est convaincu qu’il n’existe 1. Indiquez si les phrases sont vraies (V) oupas. fausses (F), puis corrigéz les fausses.

4 La naissance d’une nouvelle sensibilité

Testez vos connaissances et compétences Histoire et Société

• satire théâtrale • roman de mœurs

Montesquieu 1. Louis XV a été un bon administrateur. Diderot (1713-1784) (1689-1755)

Marivaux (1688-1763) • amour propre et passion (marivaudage) • commedia dell’arte

V

F

2. Il a été un roi impopulaire.

• matérialisme •3. satire sociale Louis XVI appelle Necker pour réorganiser le budget. 4. etEnpolitique février 1789, il préside l’ouverture• des états généraux. rélativité de la morale La prise de la Bastille marque le début de la Révolution. •5. gouvernements • dictionnaire universel 6. La monarchie constitutionnelle est votée par la Convention. • esprit scientifique

Abbé Prévost (1697-1763)

7. Une conspiration se crée contre l’intransigeance de Robespierre. 8. La campagne d’Italie marque la fin de la carrière de Bonaparte. Voltaire (1694-1778) 9. L’idéal d’homme du siècle est le philosophe des lumières. Le commerce militant est freiné par l’état des routes. •10.philosophe

• passion fatale • critique de la société

Art

J.-J. Rousseau (1712-1778) • nouveau contrat social • nature • sensibilité préromantique

Bernardin de SaintPierre (1732-1814) • éloge de la nature • éducation

• politique, tolérance et liberté

André Chénier (1762-1794)

2. Répondez aux questions. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

A

La pensée de Rousseau est originale, il ouvre la voie à une nouvelle sensibilité, proclame ses convictions religieuses, affirme que le progrès est négatif. D’autres auteurs vont suivre cette voie et donner la parole aux âmes sensibles et aux individus passionnés.

Le siècle des Lumières

Alain-René Lesage (1668-1747)

� A telier des compétences Fiche C: Vers la «Seconda Prova»

3 Diderot et l’Encyclopédie

Montesquieu et Voltaire, marqués par la tolérance de la monarchie constitutionnelle anglaise, critiquent la société, la monarchie absolue et les mœurs françaises. L’écriture devient une arme entre leurs mains et l’ironie et la satire sont souvent un moyen de faire passer leurs idées.

Quel est le prestige de la France à cette époque-là ? Au service de qui est l’architecture sous Louis XV ? Quels quartiers et quelles constructions naissent à Paris ? Quelles est la caractéristique des ornementations des églises ? Citez quelques peintres importants. Quelles sont les deux caractéristiques du siècle de Louis XVI dans le domaine artistique ? Pourquoi la musique s’épanouit-elle ?

• poésie d’inspiration classique • précurseur de la poésie romantique

L

Littérature 3. Complétez les phrases avec les mots manquants. 354

Dossier 5 Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle

Rousseau – épistolaire – lois – métaphysique – importante – nature (2) – théâtre – financières – analphabète – passion – explorent – divulguer – existence – population – défis – philosophique 1. La comédie dénonce les pratiques (1) ______________ des nouveaux milieux d’argent. 2. Les romanciers (2) ______________ de nouveaux horizons pour répondre aux (3) ______________ de la révolution industrielle. 3. Le roman (4) ______________ subit un essor considérable. 4. Le conte (5) ______________ est lié à la figure de Voltaire. 5. Montesquieu définit les (6) ______________ comme les rapports qui dérivent de la nature des choses. 6. La (7) ______________ est une préoccupation constante pour Voltaire. 7. Diderot exclut l’(8) ______________ de Dieu car le mal existe. 8. La (9) ______________ occupe une place (10) ______________ dans les œuvres de Rousseau. 9. Dans le roman Julie ou la Nouvelle Héloïse, (11) ______________ affronte deux thèmes importants : la (12) ______________ d’amour et l’amour pour la (13) ______________. 10. Les philosophes considèrent le (14) ______________ un moyen pour (15) ______________ les idées étant donné que la (16) ______________ est en grande partie (17) ______________.

356

Dossier 5 Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle

3 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

R


Harmonie littéraire Volume 1

Volume 2

Du Moyen Âge au XVIII siècle

XIXe, XXe et XXIe siècles

e

Contenuti digitali integrativi per lo sviluppo della competenza digitale La Classe inversée � P resentazioni audiovisive delle sezioni di Histoire e Littérature. Linee del tempo in motion graphic, che lo studente segue mentre il testo scorre contemporaneamente alle immagini. Poi risponde alle domande di verifica che lo guidano alla comprensione delle informazioni.

� I n più nel Volume 2 10 biografie di grandi autori del XIX e XX secolo raccontate attraverso video con spunti per la riflessione.

Victor Hugo (1802-1885) Sa vie

4

Il nait à Besançon et son père, militaire de carrière, confie l’éducation de ses trois enfants à sa femme. Victor Hugo vit avec sa mère à Paris, puis à Naples et il rentre à Paris en 1809. La mésentente entre ses parents porte à leur séparation qui fera souffrir le jeune enfant. De 1815 à 1818 il fréquente le lycée Louis le Grand et compose ses premiers poèmes, il écrit : je veux être Chateaubriand ou rien. En 1819 il fonde avec ses frères une revue, Le Conservateur littéraire, où il expose ses idées monarchistes et catholiques. En 1822 il épouse Adèle Foucher de laquelle il aura quatre enfants : Léopoldine en 1824, Charles en 1826, François en 1828 et Adèle en 1830. En 1822 paraît aussi son premier recueil de poèmes et il commence une carrière de romancier. Il fréquente le salon de Charles Nodier1, y rencontre Vigny et Lamartine et s’engage sur la voie du Romantisme. Il veut conquérir la scène pour assurer le triomphe de ce mouvement et dans la Préface de Cromwell (1827) il définit le drame romantique. Le 25 février 1830, à la Comédie Française, les Jeunes-France mènent la bataille contre les perruques pour faire triompher Hernani. Victor Hugo devient le chef de file du Romantisme et son appartement de la rue NotreDame de Lorette voit les réunions du Cénacle. S’il arrive à la gloire dans sa carrière littéraire, sa vie privée est plutôt triste, car sa femme a une liaison avec un de ses amis, Sainte-Beuve. Victor Hugo est infidèle à son tour et noue une relation avec Juliette Drouet, qui sera pour lui une compagne fidèle, sereine et discrète, forcera le respect de tous. Sa carrière littéraire est toujours

Classe inversée

1851, après le coup d’État, il essaie de soulever le peuple et doit fuir pour ne pas être arrêté. Il s’impose une période d’exil volontaire d’abord à Bruxelles puis, en 1852, il s’installe à Jersey2 où il va vivre à Marine-Terrace et compose des œuvres satiriques contre Napoléon le Petit, comme il appelle Napoléon III. En octobre 1855, il doit quitter Jersey pour Guernesey3 et il y achète une maison, Hauteville-House, d’où il peut voir les côtes françaises sur l’horizon. Il décide de rentrer en France au début de la guerre de 1870 et en août il est à Bruxelles et puis à Paris, le 5 septembre, le lendemain de la proclamation de la République. Son retour est triste, car la situation politique n’est pas bonne : Paris est assiégé, la défaite française est proclamée. Comme député de l’Assemblée Nationale il vote contre la paix avec la Prusse, puis il démissionne et, pendant la Commune, il va à Bruxelles et ensuite au Luxembourg. Il retourne encore une fois à Paris et en 1876 il devient sénateur inamovible. Il est acclamé par le peuple et est l’idole de la gauche républicaine. Jusqu’à sa mort, le 22 mai 1885, son activité créatrice sera intense et ses funérailles nationales verront une foule immense de l’Arc de Triomphe au Panthéon.

œuvre, a une mission sociale, qu’il doit être un guide pour l’humanité, un éducateur. Les mots, pour lui, sont des êtres magiques, animés, qui ont une vie propre et qui sont le lien entre les hommes et Dieu. En effet, les mots véhiculent la pensée des hommes vers Dieu et celui qui sait les maîtriser est un mage qui voit plus loin que les autres et il indique où est la vérité. Hugo ne perdra jamais sa confiance en Dieu, même dans les épreuves les plus dures de sa vie. La mort est douloureuse pour ceux qui restent mais c’est la naissance d’une nouvelle vie pour celui qui meurt. Il croit à un Dieu distinct du monde et mystérieux qui est la solution de l’énigme de la destinée de l’homme. Les problèmes sociaux ont une grande place dans son œuvre et il est convaincu que le bien triomphera. Il croit dans le progrès, dans la liberté, et il pense qu’il faut améliorer la condition des défavorisés. L’instruction est pour lui le moyen idéal pour aider ceux

qui sont dans le besoin. Il a révolutionné le théâtre en créant le drame romantique. Ses idées sont exprimées dans la préface de certaines de ses pièces et mettent fin aux règles du théâtre classique. − Il veut le mélange des genres, car dans la nature les choses sont mêlées et vouloir distinguer la comédie et la tragédie c’est trahir le réel. − Il est contraire à l’unité de lieu qui est tuée par le réel car, à cause d’elle, tout ce qui est trop caractéristique se passe en coulisse. Au lieu de scènes nous avons des récits ; au lieu de tableaux, des descriptions. − Il est contraire à l’unité de temps pour les mêmes motifs. Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier. − Il conserve l’unité d’action qu’il transforme en unité d’ensemble. Le drame sera un miroir, un point d’optique, Hugo crée une réalité supérieure, car l’œuvre d’art choisit, condense et interprète la réalité. L’homme de littérature doit être un écho sonore, il doit recueillir et transmettre toutes les aspirations et toutes les sensations de son époque.

• Antonio Rossetti, Esmeralda et Djali (1865), Drexel University, Philadelphia.

Son œuvre et ses thèmes

L’œuvre Les rayons et les ombres (1840) Dans ce recueil, Hugo affronte le thème de la fonction du poète. L’idée que le EUROPASS © Casa Editrice G.guiderPrincipato poète doit le peuple et annoncer SpA l’avenir, caractérise tout le Romantisme

L’œuvre de Victor Hugo embrasse tous les genres. Poésie : Les odes (1822) ; Les odes et ballades (1826) ; Les orientales (1829) ; Les feuilles d’automne (1831) ; Les chants du crépuscule (1835) ; Les voix intérieures (1837) ; Les rayons et les ombres (1840) ; Les châtiments (1853), poème satirique ; Les

après 1830, mais chez Hugo cette idée est amplifiée le poète devient un mage, un voyant, un trait d’union entre le ciel et la terre, il a une mission historique privilégiée. Sa conception du poète, guide et lumière, deviendra prépondérante : il faut


Analisi interattive � di testi antologizzati

� di opere artistiche

Vers l’ESABAC Lire les images

La Renaissance

Le château de Chambord (Vallée de la Loire) Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Chambord, construit sur la demande de François Ier à partir de 1519, est impressionnant : 117 mètres sur 156 mètres de façade, 56 mètres de haut. Environ 12 années ont été nécessaires pour porter à terme cette grande construction, compromis entre l’art français et l’art italien. On peut faire remarquer le très grand nombre de cheminées et l’escalier, en double révolution, conçu sur une maquette de Léonard de Vinci. Terminé sous Louis XIV en 1685, le château est conçu comme une véritable forteresse avec son donjon et son enceinte à grosses tours, mais c’est aussi un chefd’œuvre mêlant la tradition des maîtres maçons français et la légèreté des édifices de la Renaissance italienne. Habité seulement vingt ans en cinq siècles, Chambord a des dimensions imposantes qui défient l’imagination. Le bâtiment central (le donjon) est l’axe autour duquel

le château est bâti : il est carré avec quatre tours rondes aux angles ; au centre du donjon, surmonté d’une lanterne, il y a l’escalier ; l’enceinte est rectangulaire avec des tours d’angle reliées au donjon, sur la façade nordouest, par des galeries ; de nombreuses cheminées, tourelles, pignons et lucarnes semblent l’élever vers le ciel ; les terrasses permettent des promenades sur le chemin de ronde. Ceint d’un mur de 32 kilomètres, le domaine de Chambord, aujourd’hui le plus grand parc forestier d’Europe clôturé, a été rendez-vous de chasse et cadre de réjouissances royales, des fêtes splendides de François Ier aux représentations données par Molière pour Louis XIV. Chambord, classé chef-d’œuvre de l’humanité par l’Unesco, indique à merveille la situation de la culture française de la première moitié du siècle.

Mappe visuali interattive

XVIIIe siècle

Una mappa per ciascuna epoca (Synthèse visuelle) permette di visualizzare eventi e concetti cardine. Il supporto audio prepara lo studente all’esposizione orale. Il carattere ad alta leggibilità risponde alle esigenze dei diversi stili cognitivi, garantendo una didattica realmente Activités inclusiva. 1. Indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F 1. Louis XIV a voulu la construction de Chambord. 2. Chambord n’a pas de donjon. 3. Le donjon est arrondi. 4. Chambord a été habité pendant longtemps. 5. Le domaine de Chambord est entouré d’un mur de 10 kilomètres. 6. Chambord n’est pas classé par l’Unesco.

Le siècle des Lumières Synthèse visuelle Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Registrazione di tutti i brani antologici, delle attività di verifica e delle mappe Classe inversée Linee del tempo di Histoire e Littérature e biografie Analisi interattive Brani letterari e opere artistiche

Société

Art

• Noblesse, clergé, tiers état • Suppression des privilèges • Cafés, salons et clubs • Le philosophe : un nouvel idéal d’écrivain et penseur

• Prestige culturel • Urbanisme • Naissance du commerce de l’art • La vie devient sujet des œuvres d’art • Naissance de l’opéra comique

4 La naissance d’une nouvelle sensibilité

5 Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle

La pensée de Rousseau est originale, il ouvre la voie à une nouvelle sensibilité, proclame ses convictions religieuses, affirme que le progrès est négatif. D’autres auteurs vont suivre cette voie et donner la parole aux âmes sensibles et aux individus passionnés.

Le théâtre devient une tribune pour critiquer les abus et, avec le drame, il permet aux auteurs de divulguer leurs idées et il devient souvent une suite de longs monologues. Le libertinage, encouragé par la libération des mœurs, prend des formes exacerbées et le roman offre un champ d’exploration très vaste.

Littérature 1 Le théâtre et le roman avant 1750 L’intense création théâtrale et romanesque voit la naissance de nouvelles formes transformées par l’observation et la critique de la société.

Alain-René Lesage (1668-1747) • satire théâtrale • roman de mœurs

• amour propre et passion (marivaudage) • commedia dell’arte

3 Diderot et l’Encyclopédie

Montesquieu et Voltaire, marqués par la tolérance de la monarchie constitutionnelle anglaise, critiquent la société, la monarchie absolue et les mœurs françaises. L’écriture devient une arme entre leurs mains et l’ironie et la satire sont souvent un moyen de faire passer leurs idées.

L’Encyclopédie est l’œuvre marquante du siècle et Diderot en est l’un des promoteurs. De nombreux intellectuels collaborent au projet qui veut étendre le savoir au service de l’homme. L’audace de la pensée de Diderot est extrême et il affirme que Dieu est un obstacle au bonheur et il est convaincu qu’il n’existe pas.

• satire sociale et politique • gouvernements • esprit scientifique

Abbé Prévost (1697-1763)

2. Répondez aux questions. 1. Comment expliquez-vous les dimensions énormes de ce château ?

2 La révolution littéraire

Montesquieu (1689-1755)

Marivaux (1688-1763)

• passion fatale • critique de la société

2. Quelles étaient les intentions du roi François Ier ?

Diderot (1713-1784) • matérialisme • rélativité de la morale • dictionnaire universel

J.-J. Rousseau (1712-1778) • nouveau contrat social • nature • sensibilité préromantique

Voltaire (1694-1778)

Bernardin de SaintPierre (1732-1814)

• philosophe militant • politique, tolérance et liberté

• éloge de la nature • éducation

3. Est-il une forteresse ou un lieu fabuleux pour les fêtes d’une société brillante ?

André Chénier (1762-1794) • poésie d’inspiration classique • précurseur de la poésie romantique

4. Comment expliquez-vous que ce château a été si peu habité ?

Beaumarchais (1732-1799) • comédie • critique sociale • satire

Choderlos de Laclos (1741-1803) • libertinage des mœurs • roman libertin

Marquis de Sade (1740-1814) • passions • plaisir de séduire

5. Quelle est la particularité de l’escalier ? 6. Le château a aussi des terrasses, que permettent-elles ?

354

Dossier 5 Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle

Nelle pagine sono inserite le seguenti icone che indicano la 89 presenza e il tipo di contributi digitali integrativi disponibili sul libro. Audio

Histoire • Guerre de sept ans • Guerre d’indépendance américaine • Révolution française • Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen • Coup d’état de Bonaparte

Le siècle des Lumières XVIIIe siècle

355

I contributi digitali sono fruibili sui siti www.europassedizioni.it, www.principato.it, sull’

e con l’App libRArsi

.

Synthèse visuelle Mappe interattive di fine capitolo

Trailer cinematografici lteriori brani letterari U e approfondimenti Link a siti sercizi interattivi a E risposta chiusa

Realtà Aumentata L’applicazione LibrARsi ti permette di accedere ai contenuti multimediali direttamente da smartphone e tablet in modo semplice e rapido: • scarica l’App gratuita • inquadra la pagina del libro in cui sono presenti le icone dei contenuti digitali integrativi • accedi ai contenuti multimediali.

5 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge Ve-XVe siècles Connaître la période Histoire

Une longue période de dix siècles

16

Un système hiérarchisé

19 20

Classe inversée

Société

VERS L’ESABAC DOCUMENT 1 Une société pyramidale

Art

Le style roman et gothique VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES Abbaye de Fontenay Basilique de Saint-Denis

Littérature

Les origines littéraires Classe inversée

Dossier 1

À LA LOUPE… La naissance de la langue française

La littérature épique

28

La Chanson de Roland Texte 1 Roland sonne du cor Texte 2 La mort de Roland

29 30 31

VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES   La tapisserie de Bayeux

33

Espace thématique Le héros

Un mythe qui dure dans les siècles

34

Texte 1 Pierre Corneille

Horace, le héros accompli Texte 2 Alfred De Vigny Chatterton, un héros romantique Texte André Malraux Kyo le héros positif À L’ÉCRAN   Le roi Arthur : la légende d’Excalibur

Dossier 2   Le récit courtois et satirique

34

36

37

38 39 40

CHRÉTIEN DE TROYES Perceval ou le conte du Graal Texte Au château du Roi Pêcheur Le Roman de Renart Texte Renart et Tiécelin

41

24 27

47

GUILLAUME DE LORRIS Le Roman de la Rose Texte Coup de foudre

48

BERNARD DE VENTADOUR Le Chansonnier Texte « Quand vois l’alouette mouvoir »

51

48 49

51 51

THIBAUT DE CHAMPAGNE Poésies Texte « Je suis pareil à la licorne » CHRISTINE DE PISAN 53 Rondeaux 53 Texte « Je ne sais comment je dure » 53 RUTEBEUF La Complainte Rutebeuf Texte « Que sont mes amis devenus » CHARLES D’ORLÉANS Rondeaux Texte « En regardant vers le pays de France »

Tristan et Iseut Texte La mort de Tristan

À LA LOUPE… Le renard, un personnage réussi

Dossier 3   La poésie didactique et lyrique

21 22 23

À LA LOUPE…   L’amour courtois et la poésie italienne

54 54 54 56 56 56 58

À LA UNE   Les troubadours étaient les rappeurs du Moyen Âge ? 59

42 42 44 44 46

6 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Dossier 4   La poésie de tradition réaliste FRANÇOIS VILLON Le Grand Testament Texte 1 Ballade des dames du temps jadis Texte 2 Ballade des pendus

Dossier 5 60 61

Le théâtre médiéval

La Farce de Maître Pathelin Texte Parlez plus bas

67 68 68

61 61 63

À LA LOUPE… La ballade : un genre à forme fixe 64

Sujet Esabac La chevelure Doc 1

À LA UNE Les pendus, de Villon à De André 65

Doc 2 Doc 3 Doc 4 Doc 5

70

Chrétien De Troyes Lancelot ou le Chevalier à la 70 charrette Charles Baudelaire 71 Le Spleen de Paris Francesco Petrarca 72 Canzoniere Edgar Degas 73 Femme se coiffant Une coloration pour nous plaire 74 et pour séduire

Synthèse visuelle   Testez vos connaissances et compétences

76

78

7 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


La Renaissance XVIe siècle Connaître la période Histoire

Les guerres d’Italie et de religion VERS L’ESABAC DOCUMENT 1 François Ier par Jean Clouet

Classe inversée

Société

Un esprit nouveau : l’Humanisme À LA LOUPE… Le château de Fontainebleau

Art

L’influence italienne VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES Le château de Chambord

Littérature

Un nouvel esprit littéraire À LA LOUPE… La langue française au XVIe siècle

Classe inversée

Dossier 1

La littérature d’idées

FRANÇOIS RABELAIS Pantagruel Texte Les conseils d’un père humaniste Gargantua Texte 1 Un nouvel emploi du temps Texte 2 Une abbaye modèle Texte La guerre Picrocholine

94 95 96 96 98 98 100

SUGGESTIONS   La très excellente

et divertissante histoire de François Rabelais 101

Dossier 2   La poésie de la Renaissance

MAURICE SCÈVE Délie, objet de plus haute vertu Texte 1 « Moins je la vois, certes plus je la hais » Texte 2 Le Front À LA LOUPE… Le sonnet

102

86 87 88 89 90 93

104

LOUISE LABÉ 105 Sonnets 105 Texte « Tant que mes yeux pourront 106 larmes épandre »

VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES

L es Œuvres de Rabelais à travers Gustave Doré

82 85

107 107 108 108 109

JOACHIM DU BELLAY 110 L’Olive 110 Texte « Ces cheveux d’or » 111 Les Regrets 112 Texte « Heureux qui comme Ulysse »

112 À LA UNE   Brassens et le poème de Du Bellay

PIERRE DE RONSARD Les Amours Texte 1 « Mignonne, allons voir si la rose » Texte 2 « Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose » Texte 3 « Quand vous serez bien vieille… »

8 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

113 114 115 115

116 117


Espace thématique La fuite du temps

Une réflexion sur la condition humaine

118

Texte 1 Guillaume Colletet

La beauté et le temps Texte 2 Charles Baudelaire Le fardeau du temps Texte 3 Guillame Apollinaire Le carpe diem Texte Pierre Corneille « Marquise, si mon visage »

118 119 120

Dossier 3   Montaigne, le philosophe

121

MICHEL DE MONTAIGNE 122 Les Essais 122 Texte 1 Comment éduquer un enfant 123 À L’ÉCRAN Entre les murs L’amitié

Texte 2

124 125

À LA UNE   L’amitié est l’état idéal de l’existence 127 Texte 3 L’éducation de la femme 128 Texte 4 L’art de voyager 129

Texte

La torture

Sujet Esabac Souvenirs d’école Doc 1

Doc 2 Doc 3

Doc 4

Doc 5

harles Sorel C Histoire comique de Francion Marguerite Duras L’Amant Mario Fillioley La Sciabba, un ricordo di scuola Jean Geoffroy En classe, le travail des petits Pennac : l’elève, partie d’une collectivité

Synthèse visuelle   Testez vos connaissances et compétences

130

131 132

132

134 135

136

138

9 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


La période classique XVIIe siècle Connaître la période Histoire

Le siècle de l’absolutisme

142

Le triomphe de la noblesse Ordre, règle et géométrie

145

Classe inversée

Société Art

VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES La Colonnade du Louvre

Littérature

Le « Grand siècle » Classe inversée

À LA LOUPE La langue au XVIIe siècle / L’Académie française

Dossier 1   Du Baroque au Classicisme THÉOPHILE DE VIAU Œuvres poétiques Texte « Un Corbeau devant moi croasse » FRANÇOIS DE MALHERBE Consolation à Monsieur Du Périer Texte Consolation à Monsieur Du Périer BLAISE PASCAL Les Pensées Texte « Le roseau pensant » RENÉ DESCARTES Discours de la méthode Texte Extrait du début du Discours de la Méthode Correspondances avec Élisabeth Texte « Lettre à Élisabeth »

154 156 156 156 157 157 158 159 160 160 162 162 162

Dossier 2   Le roman entre rêve et réalité M DE SCUDÉRY Artamène ou le Grand Cyrus Texte Le portrait de Cléomire LLE

PAUL SCARRON Le Roman comique Texte Madame Bouvillon

Dossier 3   Le triomphe du théâtre PIERRE CORNEILLE Le Cid Texte L’honneur ou l’amour ? Cinna Texte Le pardon

146 149 150 152

164 165 165 165 167 167 167

169 171 172 172 175 175

À LA LOUPE… La morale de la générosité

177

JEAN RACINE Andromaque Texte 1 Pyrrhus et Andromaque Texte 2 Hermione

178 179 180 181

À LA LOUPE…   Deux voix tragiques

et un même sujet : Bérénice de Racine et Tite et Bérénice de Corneille À LA LOUPE…   Le système dramatique de Racine et de Corneille

Phèdre Texte Texte Texte

Premier aveu Deuxième aveu Troisième aveu

10 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

183

185 185


Dossier 4

Le génie Molière

188

Espace thématique La Cigale et la Fourmi

189 189

Texte 1 Jean de La Fontaine

187

MOLIÈRE Les Précieuses ridicules Texte Débuter par le mariage ! Tartuffe Texte « Le pauvre homme »

192 193

À LA UNE   Molière est-il toujours d’actualité ?

196

À L’ÉCRAN La mort de Louis XIV

197

Une leçon morale pour tous les temps

Présent ou avenir ?

216

216

Texte 2 Jean Anouilh

La critique de la société contemporaine Texte 3 Andrée Chedid Une fourmi insouciante, une cigale bourgeoise Texte 4 Françoise Sagan Une fourmi avare

219

203

Sujet Esabac La jalousie

220

MME DE SÉVIGNÉ Les Lettres Texte 1 La mort de Vatel Texte 2 Le voyage renvoyé

204

Doc 1

MME DE LA FAYETTE La Princesse de Clèves Texte L’aveu

207 207 208

Doc 4

LA ROCHEFOUCAULD Maximes et Réflexions diverses Texte La paresse

209

Doc 5

209 210

Le Misanthrope Texte L’hypocrite Le Malade Imaginaire Texte 1 Toinette face à son maître Texte 2 Un valet ou un médecin ?

Dossier 5

Images de la cour

198 198 200

204 204 206

JEAN DE LA BRUYÈRE Les Caractères Texte De la mode

210

JEAN DE LA FONTAINE Les Fables Texte Le Chêne et le Roseau Texte Le pouvoir des fables

212

211 211

À LA LOUPE…   La Querelle des Anciens et des Modernes

Doc 2 Doc 3

Doc 6

217

218

Prosper Mérimée 220 Carmen André Gide 221 Symphonie Pastorale Alain Robbe-Grillet 223 La Jalousie Giovanni Verga 224 Cavalleria rusticana Gaetano Previati 225 Paolo e Francesca « Les organisations de jeunesse prennent toute la mesure 225 de ce fléau »

212 213

214

Synthèse visuelle

228

Testez vos connaissances et compétences

230

11 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le siècle des Lumières XVIIIe siècle Connaître la période Histoire

De Louis XV au Premier Empire Classe inversée

Société Art

VERS L’ESABAC DOCUMENT 1 L’incorruptible VERS L’ESABAC DOCUMENT 2 La naissance de l’Empire À LA LOUPE... Quelques révolutionnaires célèbres

Les nouveaux esprits sociaux L’art du XVIIIe siècle VERS L’ESABAC LIRE LES IMAGES   L’enseigne de Gersaint / Hotel Matignon

Littérature

Du triomphe du rationalisme à une nouvelle sensibilité Classe inversée

À LA LOUPE... Les cafés et les autres foyers intellectuels

Dossier 1 L e théâtre et le roman avant 1750 ALAIN-RENÉ LESAGE Turcaret Texte Un valet sans scrupules Histoire de Gil Blas de Santillane Texte Un vilain métier PIERRE CARLET DE CHAMBLAIN DE MARIVAUX Le Jeu de l’Amour et du hasard Texte La première rencontre Le Paysan parvenu Texte Les privilèges de la naissance L’ABBÉ PRÉVOST Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut Texte La lettre de Manon

L’idéal politique de Montesquieu et ses idées religieuses Texte 1 L’esclavage Texte 2 La séparation Texte 3

des pouvoirs La théorie des climats

242 243 244 246

273 274

Candide

275 276 278

249 249

Texte 1 Le château en Westphalie Texte 2 Il faut cultiver notre jardin Texte Un bel autodafé

252 252

À LA UNE L’actualité du Candide

279

À LA LOUPE... Les philosophes et la religion

280

249

254 254 255 258 258 259 260 260

Dossier 2 La révolution littéraire 262 MONTESQUIEU Lettres Persanes Texte 1 La crédulité des Parisiens Texte 2 Comment peut-on être persan ? Texte 3 Les coquettes Texte Le théâtre Texte L’Inquisition De l’Esprit des Lois

241

VOLTAIRE, UN BRILLANT POLÉMISTE Les idées dominantes de Voltaire

248

234 239 239 240

263 264 264 265 266

268 268 269 270 271

Traité sur la tolérance Texte 1 L’affaire Calas Texte 2 Prière à Dieu Dictionnaire philosophique Texte Torture

283 283

À LA UNE Je suis Voltaire

285

Espace thématique Projets de gouvernement

286

281 281 282

Texte 1 Voltaire

La supériorité des Anglais Texte 2 Denis Diderot Le consentement du peuple Texte 3 Jean-Jacques Rousseau L’importance du contrat social

Dossier 3 D iderot et l’Encyclopédie DENIS DIDEROT

Les thèmes de l’œuvre de Diderot

286 288 290

291 291 292

Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient 292 Texte La relativité de la morale 293 et de la métaphysique Jacques le fataliste et son maître 295 Texte La lettre de cachet 295 Discours d’un philosophe à un roi 298 Texte Les philosophes et les prêtres 298

12 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


E ntretien d’un philosophe avec la Maréchale de *** Texte Athéisme et vertu La Religieuse Texte « Marchez sur elle » L’Encyclopédie Texte Encyclopédie

D’HOLBACH Texte

300 300 302 302 304 305 306 306

Prêtres

JEAN-BAPTISTE D’ALEMBERT Texte Genève

307 307

À LA UNE   L’Encyclopédie des Lumières

se met à l’heure du numérique 309 À LA LOUPE... Histoire de la censure 310

Texte

oltaire V Lettre à un premier commis

Dossier 4 L a naissance d’une nouvelle sensibilité JEAN-JACQUES ROUSSEAU Les deux Discours Texte Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes Julie ou La Nouvelle Héloïse Texte Promenade sur le lac Émile Texte L’éducation par la nature Texte Profession de foi du Vicaire savoyard Les Confessions Texte Le peigne cassé À LA LOUPE...   L’exotisme et le mythe du bon sauvage

Les Rêveries du promeneur solitaire Texte Tout est dans un flux continuel

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE Paul et Virginie Texte Bonheur dans l’île

330

ANDRÉ CHÉNIER Élégies Texte À Fanny

332

Dossier 5 T héâtre et libertinage au XVIIIe siècle BEAUMARCHAIS Le Mariage de Figaro Texte Qu’avez-vous fait pour tant de biens ?

312 313 314

314 316 316 318 319

Texte 2

MARQUIS DE SADE Juliette ou les Prospérités du vice Texte Le bonheur dans le crime

Sujet Esabac La tolérance Doc 1 Doc 2

320 320

Doc 3

323

Doc 4

324

Doc 5

324

326

Texte 1 Stendhal

326 327 328 329

La réponse du Vicomte

À L’ECRAN Un peuple et son roi

Doc 6

Toute la vérité, rien que la vérité Texte 2 Jean-Paul Sartre Le deuil et l’enfance Texte 3 Albert Camus Un maître pour la vie Texte 4 Marguerite Yourcenar La première fois que je suis née

332 332

334 335 335 337

CHODERLOS DE LACLOS 340 Les Liaisons dangereuses 340 Texte 1 La proposition de la Marquise

Espace thématique L’autobiographie Naissance d’un genre

330 330

Émile Zola Lettre à la jeunesse Missak Manouchian Dernière lettre à sa femme Paul Dakeyo Soleils fusillés Primo Levi Se questo è un uomo Francisco Goya Fusillades du 3 mai 1808 Marianne Davril Apprendre la tolérance

341 342 343 344 344 344

346 346 348 349 350 352 353

Synthèse visuelle

354

Testez vos connaissances et compétences

356

Cadre des auteurs pivots

358

Index analytique Auteurs Œuvres

366 367

13 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Ve-XVe siècles

Le Moyen Âge Connaître la période

Le Moyen Âge s’étend de la chute de l’empire romain d’Occident (476) jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs (1453). Ces dix siècles sont l’époque des nobles, de l’Église, de la féodalité, mais aussi de l’amour courtois, des héros et de la poésie personnelle. Les institutions sociales et politiques reposent sur le lien de vassal à suzerain et dans les domaines littéraires il s’explique dans le rapport d’amour entre chevalier et dame. Classe inversée

Histoire • Société • Art •

Classe inversée

Littérature

Connaître la littérature Dossier 1

Dossier 2

Dossier 3

La littérature épique

Le récit courtois et satirique

La poésie didactique et lyrique

Le protagoniste de cette production est le héros guerrier des chansons de geste, défenseur de sa foi et de sa patrie, fidèle jusqu’à la mort à son roi.

Le rapport d’amour entre la dame et le chevalier donne naissance au modèle courtois.

Au XIIe siècle se développent la poésie didactique et la poésie lyrique des trouvères et des troubadours.

Thomas d’Angleterre • Tristan et Iseut

uillaume de Lorris G • Le Roman de la Rose

Chrétien de Troyes • Perceval ou le conte du Graal

ernart de Ventadour B • « Quand vois l’alouette mouvoir »

La Chanson de Roland

Le Roman de Renart

hristine de Pisan C • Rondeaux utebeuf R • La Complainte Rutebeuf Charles d’Orléans • Rondeaux

VERS L’ESABAC La tapisserie de Bayeux ESPACE THÉMATIQUE Le héros, un mythe qui dure dans les siècles À L’ÉCRAN Le roi Arthur : la légende d’Excalibur

À LA LOUPE… Le renard, un personnage réussi

À LA LOUPE… L’amour courtois et la poésie italienne À LA UNE Les troubadours étaient les rappeurs du Moyen Âge ?

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Dossier 4

Dossier 5

La poésie de tradition réaliste

Le théâtre médiéval

Grâce à la décadence de la féodalité, s’épanouit une poésie d’inspiration personnelle. François Villon est le plus grand écrivain de cette période.

Le théâtre médiéval a une origine religieuse, mais ce qui survit c’est le théâtre profane et bourgeois à travers la farce.

La farce de Maître Pathelin

François Villon • Le Grand Testament

SUJET ESABAC La chevelure En quoi la puissance de la chevelure couvre le domaine visuel, tactile et esthétique ?

À LA LOUPE... La ballade : un genre à forme fixe À LA UNE Les pendus, de Villon à De André

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Histoire (V -XV siècles) Une longue période de dix siècles Classe inversée

e

e

L’invasion arabe 400 v. 400 Les barbares envahissent la Gaule

500

600

481 Clovis, de la dynastie des Mérovingiens, est couronné roi des Francs

700

Les invasions normandes 800

900 800 Charlemagne est couronné empereur

732 Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers

911 Les Normands s’installent en Normandie

751 Pépin le Bref fonde la dynastie carolingienne

L’empire de Charlemagne

L’époque mérovingienne : du roi Mérovée à Charles Martel Au Ve siècle les barbares envahissent la Gaule ; la tribu des Francs se fixe dans le nord du pays entre la Belgique et l’Île-de-France actuelle et fonde un royaume qui deviendra la France. C’est le roi Mérovée qui donne son nom à la dynastie, mais le roi le plus célèbre est Clovis (couronné en 481) qui conquiert une bonne partie de la Gaule. Il choisit comme capitale la ville de Paris, se convertit au catholicisme et se fait baptiser à Reims en 496. À sa mort, la puissance des rois diminue au profit des Maires du Palais, des nobles qui exercent la fonction de ministres, et on assiste à une division toujours plus grande du pouvoir. C’est un Maire du Palais, Charles Martel, qui arrête l’invasion arabe à Poitiers en 732 et cette victoire marque la fin de la période mérovingienne. En effet, Pépin III, dit le Bref, fils de Charles Martel, devenu roi en 751, fonde la dynastie des Carolingiens.

Charlemagne et la renaissance carolingienne Charlemagne (771-814), fils de Pépin le Bref, est sans doute le roi le plus célèbre de l’époque carolingienne. Il agrandit le royaume par ses conquêtes en combattant, entre autres, contre les Hongrois et les Sarrasins (il étend son royaume à toute la Gaule, sauf la Bretagne, à une grande partie de l’Allemagne, à l’Italie longobarde et même à des territoires espagnols) et il est couronné empereur en l’an 800, à Rome, par le pape Léon III. Capable de bien administrer le royaume, Charlemagne divise le territoire en comtés et il crée, aux frontières, des marches (provinces) ; les comtes et les marquis les administrent au nom du roi, ils ont tous 16

Royaume des Francs en 751 Aquitaine conquise par Pépin Conquêtes de Charlemagne «Marches» régions frontières

VIKINGS

Aix-la-Chapelle

HONGROIS

SARRASINS

Rome

les pouvoirs (civil, militaire, financier et judiciaire). Charlemagne esquisse les bases d’une législation territoriale uniforme : chaque année il soumet à l’approbation de ses vassaux ses ordonnances en latin, divisées en chapitres (d’où le nom capitulaires) et, pour les faire appliquer et pour contrôler les comtes et les marquis, il se sert des missi dominici. Enfin, on assiste pendant son règne à une renaissance intellectuelle (en effet, on parle de renaissance carolingienne) : les prêtres sont incités à ouvrir des écoles où l’instruction politique, intellectuelle et religieuse se développe (Alcuin ouvre une école, l’École Palatine, dans le palais même de Charlemagne). Après sa mort, l’empire perd de sa puissance et en 843, par le traité de Verdun, on assiste à sa division entre trois descendants de Charlemagne : la Lotharingie (la partie italienne), la France de l’est (l’Allemagne) et la France de l’ouest.

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge

La guerre de Cent ans

Les croisades 1096

1270

1000

1100

987 Hugues Capet est élu roi

1200

1337

1300

1453 1400

1309 Avignon devient siège de la papauté

1099 Les Croisés s’emparent de Jérusalem

1431 Jeanne d’Arc brûlée à Rouen

1483 L’unité de la France est faite

1066 Bataille d’Hastings : le normand Guillaume le Conquérant soumet l’Angleterre

Le partage de Verdun Royaume de Charles le Chauvre Royaume de Lothaire Royaume de Louis le Germanique Aix-la-Chapelle

Rome

• Charlemagne est couronné empereur par le pape Léon III.

L’invasion des Vikings

L’époque capétienne

Au IX siècle, la France doit faire face aux Vikings venus de Scandinavie qui, dans leur conquête, ravagent les côtes de l’ouest avant de s’établir dans l’actuelle Normandie. Leur installation est officialisée en 911 par le roi carolingien Charles le Simple qui, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, cède la région à un chef scandinave intégré au monde franc : Rollon. Le duché de Normandie se constitue surtout sous les successeurs de Rollon, et c’est seulement au siècle suivant, sous le règne de Guillaume le Bâtard, surnommé le Conquérant, que le pouvoir ducal est reconnu, non seulement en France mais aussi en Angleterre. En effet, en 1066, la bataille de Hastings contre le roi anglosaxon Harold marque le début de la conquête de l’Angleterre par le duc Guillaume qui devient aussi roi de ce pays.

La dynastie carolingienne s’éteint en 987 et Hugues Capet est élu roi : c’est le début de la dynastie capétienne. Son territoire ne correspond en réalité qu’à l’Île-de-France, parce que le reste de la France est administré par de grands seigneurs indépendants du roi. Il faut attendre le XIIe siècle pour que les descendants d’Hugues Capet contrôlent tout le royaume. Les Capétiens renouvellent l’alliance avec l’Église de Rome. C’est à Clermont que le pape Urbain II prêche la première croisade, un pèlerinage armé destiné à reprendre, à Jérusalem, le tombeau de Jésus tombé sous le contrôle des Turcs musulmans. Ce sont surtout des chevaliers francs du nord du royaume qui conquièrent Jérusalem en 1099. Trois rois donnent à la dynastie capétienne un prestige incontesté : Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Bel.

e

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

17


Histoire Une longue période de dix siècles –– Philippe II dit Philippe Auguste (1165-1223) ôte aux rois d’Angleterre les provinces du nord de la France ; –– Louis IX ou Saint Louis (1242-1270), chrétien fervent, met sa vie au service de la foi, il organise et participe à deux croisades ; –– Philippe IV le Bel (1285-1314) entre en conflit avec le pape Boniface VIII et il fait nommer un pape français à Avignon qui devient le siège de la papauté de 1309 à 1377.

Les Valois et la guerre de Cent ans En 1328, meurt le dernier capétien direct et la couronne passe à Philippe de Valois, neveu du roi Philippe le Bel. Le roi d’Angleterre, fils d’une fille de Philippe le Bel, aspire lui aussi à la couronne de France et ses prétentions vont être une des causes de la guerre de Cent ans. La guerre (1337-1453) subit des phases alternes. Le roi Charles V (1364-1380) remporte une série de victoires et en 1380 une première phase de la guerre se termine avec la victoire de la France. Le nouveau roi Charles VI est fou et les Anglais essaient de profiter de cette situation, reprenant la conquête du territoire français. Les soldats français sont battus à Azincourt (1415) et le roi d’Angleterre est reconnu comme héritier du royaume de France. Le fils de Charles VI, le futur Charles VII, est faible, sans aucune autorité, mais une jeune fille, Jeanne d’Arc, va réveiller l’honneur des Français et regrouper une troupe autour du roi. Elle réussit à entrer dans Orléans et à faire sacrer Charles VII à Reims en 1429. Trahie, Jeanne d’Arc est condamnée par

• Jeanne d’Arc à Orléans dans une miniature du XVe siècle.

les Anglais à être brûlée sur la place du marché à Rouen (1431). Malgré cela, le mouvement d’enthousiasme qu’elle a fait naître grandit et en 1453 les Anglais sont définitivement repoussés hors de France. Le nouveau roi Louis XI (1461-1483) assure l’unité du royaume durant son règne ; à sa mort, la féodalité est vaincue et l’unité de la France est faite.

Activités 1. Regardez la vidéo et faites les activités. 2. Observez la frise chronologique aux p. 16-17 et complétez la grille avec les éléments manquants.

Conquêtes militaires

481 Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers Pépin le Bref fonde la dynastie carolingienne 800 Hugues Capet est élu roi L’unité de la France est faite 1066 1099 Jeanne d’Arc est brûlée à Rouen

18

3. En vous référant au paragraphe sur l’époque carolingienne, complétez les informations qui concernent Charlemagne. Organisation du royaume Renaissance culturelle 4. Répondez aux questions. 1. Comment Hugues Capet devient-il roi ? 2. À qui peut-on attribuer la conquête de Jérusalem en 1099 ? 3. Qu’a fait Philippe Auguste ? 4. Pourquoi la papauté s’établit-elle à Avignon ? Sous quel roi ? 5. Quelles motivations sont à l’origine de la guerre de Cent ans ? 6. Quel est le rôle de Jeanne d’Arc ? 7. Quand l’unité de la France est-elle réalisée ?

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge

Société Un système hiérarchisé La vie entre foi et culture Le système féodal qui s’est installé en Europe depuis l’empire carolingien de Charlemagne a entraîné une décentralisation du royaume en plusieurs territoires autonomes. Ce modèle a installé durablement une hiérarchisation de la société occidentale : rois, ducs, seigneurs, chevaliers, serfs. Au début de cette période, les villes sont dépeuplées et la vie est concentrée dans les campagnes. La ferveur chrétienne s’est progressivement ancrée dans la France du Moyen Âge. Le développement du commerce contribue à l’essor de la bourgeoisie qui prend peu à peu le pouvoir dans les villes. La vie quotidienne oppose déjà le modèle de la vie rurale et de la vie urbaine. Cette société de type militaire et rigidement réglée accentue les particularismes et favorise la variété des dialectes. La noblesse va devenir une caste toujours plus fermée et un fossé va se créer entre elle et les bourgeois des villes. La foi est très ardente et les croisades en sont un signe. Les premières avaient un seul objectif, celui de délivrer les lieux saints qu’occupaient les musulmans, mais elles deviendront, par la suite, des expéditions pour des conquêtes matérielles. La culture se développe et, au XIIIe siècle, naissent les premières universités. En 1200, est créée l’Université de Paris et, en 1257, Robert de Sorbon lui ajoute un collège : la Sorbonne est née.

Une société réglée La société médiévale, fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse, présente donc une structure hiérarchique rigide. Elle est divisée en trois classes ou ordres : –– ceux qui prient, c’est-à-dire les clercs et les hommes d’Église ; –– ceux qui combattent et qui dirigent, les guerriers (chevaliers et seigneurs) ; –– ceux qui travaillent, les paysans, les artisans et les bourgeois qui habitent le bourg. Ce monde est très cloisonné. Chacun y est le vassal, le subalterne, de quelqu’un d’autre : le serf est soumis à son seigneur ; l’écuyer, à son chevalier ; le chevalier, à son roi ; l’amant courtois, à sa dame. L’Église elle-même est calquée sur ce modèle. C’est l’hommage qui lie les hommes entre eux. Il s’agit d’un contrat qui unit deux personnes

• Réunion des docteurs à l’Université de Paris.

par un serment de protection et de travail (le fort protège le faible, qui travaille pour lui). En fait, les deux personnes unies par l’hommage ont des devoirs l’une envers l’autre, elles ont des obligations réciproques. Le vassal doit à son seigneur le service d’ost (l’assistance militaire); le service de conseil (siéger à la cour ou au tribunal) ; l’aide aux quatre cas, c’est-à-dire une aide financière spéciale (pour la rançon, l’armement du fils aîné, le mariage de la fille aînée ou le départ pour la croisade). Le seigneur, quant à lui, doit à son vassal la protection ; l’entretien (c’est-à-dire qu’il lui fournit de quoi vivre, le plus souvent une terre avec des paysans, un fief). Ces serments, bien sûr, ne peuvent pas être rompus, sous peine d’être accusé de félonie. Bien évidemment, le roi est au-dessus de cette organisation sociopolitique, il en est exclu puisqu’il est élu par Dieu.

Activités 1. Répondez aux questions. 1. Qu’est-ce qui a entraîné une hiérarchisation de la société ? 2. Qu’a apporté le développement du commerce ? 3. Quel est l’objectif des croisades ? 4. Qu’est-ce que l’hommage ?

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

19


Vers l’ESABAC Document 1

Une société pyramidale Interview à Jacques Le Goff (1924-2014), un des plus grands médiévistes français.

Quelle serait donc la juste perception du Moyen Âge? – Selon moi, le Moyen Âge commence durant l’Antiquité tardive (IIIe-IVe siècles) et se termine au milieu du XVIII e siècle avec les débuts de la révolution industrielle. Cette vision sur quatorze siècles, et non plus sur dix, est un bouleversement ! – Le Moyen Âge européen est né d’une acculturation où se sont lentement confondus les usages gréco-romains et ceux des peuples dits barbares dans le cadre progressif d’une christianisation profonde. C’est une longue période où la paysannerie européenne défriche les sols et les forêts, occupant les paysages avec les moulins à vent et à eau. Aux environs de l’an mille se met en place la société des trois ordres : oratores, bellatores, laboratores ; ceux qui prient, ceux qui se battent et ceux qui

• Paysans au travail, miniature du manuscrit Queen Mary Psalter (1310-1320), Londres, British Library.

travaillent, soit le clergé, l’aristocratie qui a le privilège des armes, et le peuple qui laboure la terre. On utilise avec davantage de doigté le fer. L’artisanat et la musique se développent. Les routes des pèlerinages relient villes et régions. Avec la scolastique, la pensée religieuse concilie foi et raison. Le sens de la fête est rythmé par le calendrier liturgique. Et les nations, de même que l’État, se constituent peu à peu dans une diversité riche et contradictoire entre Rome, centre de la chrétienté, et le Saint-Empire romain germanique. C’est au Moyen Âge qu’est née l’Europe ! Un Moyen Âge qui a connu trois grands moments... – Il a connu plusieurs phases, surtout trois pics, des moments d’accélération qui sont de vraies avancées : la renaissance carolingienne (VIIIe-IXe siècles) ; la renaissance du XIIe siècle avec l’essor des villes et des universités, la croissance démographique et agricole de l’Occident chrétien, l’âge des cathédrales et celui de la réforme grégorienne de l’Église ; enfin la Renaissance proprement dite, aux XVe-XVIe siècles, qui serait de fait la dernière des renaissances médiévales, une ultime sous-période d’un long Moyen Âge.

• La cérémonie de l’investiture.

Activités 1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. Selon Le Goff, le Moyen Âge finit au XVIIIe siècle. 2. La société des trois ordres se met en place au IXe siècle. 3. Ceux qui prient sont les laboratores. 4. L’Europe est née au Moyen Âge. 5. Au XIIe siècle, on assiste à l’essor des universités. 6. Le Moyen Âge n’a pas connu de croissance démographique.

20

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge

Art Le style roman et gothique L’art au Moyen Âge Au XIe et au XIIe siècle l’art roman, caractérisé par les voûtes en berceau, des arcs en plein-cintre, des murs épais et percés de rares fenêtres, se développe. La basilique, peu éclairée, devient le centre de la vie religieuse et les pèlerins et les fidèles, qui ne savent pas lire, sont plongés dans un monde de symboles apparaissant sur les chapiteaux, les moulures et les portails. L’église devient comme un livre. Le XIIe siècle voit la naissance de l’art gothique, que l’on remarque dans l’architecture des cathédrales ; celles-ci s’élancent vers le ciel comme pour tenter de s’approcher de Dieu. On utilise l’arc brisé, l’arc-boutant, des piliers très élevés ; les fenêtres sont placées en haut et décorées de vitraux polychromes. Ce style évoluera à la fin du XIVe siècle vers le gothique flamboyant, caractérisé par une volonté d’étonner et de surprendre. La tapisserie d’inspiration profane reproduit le monde aristocratique et nous renseigne sur les vêtements et sur la vie des cours qu’elle représente. Les manuscrits calligraphiés par des clercs sont de véritables œuvres d’art grâce à leurs enluminures nous montrant des scènes de la vie aristocratique, de

• Portail roman, sculpté et réalisé vers 1180-1190, Cathédrale Saint-Trophime d’Arles.

• Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres.

la vie des champs, de la chasse, des châteaux et tous les aspects de la vie des hommes de cette époque. C’est une période de croissance, d’instabilité au cours de laquelle naîtra la tradition nationale. Activités 1. Répondez aux questions. 1. Qu’est-ce qui caractérise l’art roman ? 2. Qu’est-ce qui caractérise l’art gothique ? 3. Quelles informations nous donnent les tapisseries ? 4. Que montrent les enluminures des manuscrits ?

• La cathédrale de Chartres.

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

21


Vers l’ESABAC Lire les images

Abbaye de Fontenay (Bourgogne) Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Exemple d’ascétisme et de spiritualité, transposition architecturale des idées de Saint Bernard, l’ancienne Abbaye de Fontenay, fondée en 1118, permet d’imaginer ce qu’était, au XIIe siècle, un monastère cistercien qui vivait en autarcie, à l’intérieur de son enceinte. Elle est classée parmi les monuments du patrimoine mondial de l’Unesco.

Les piliers et les contreforts sont des éléments architecturaux qui expriment la robustesse et la solidité. Les murs épais donnent la sensation que l’église, bien plantée dans le sol, communique force et sécurité. L’église romane n’est pas seulement une construction élevée pour la gloire de Dieu, où les fonctions religieuses sont célébrées, mais c’est aussi l’endroit où les gens se réunissent pour discuter des problèmes communs ou pour assister à des représentations sacrées. Les peintures et surtout les sculptures illustrent non seulement des épisodes de la Bible, mais aussi le travail, les expériences de la vie quotidienne, les rêveries et les espoirs de l’homme médiéval.

Activités 1. Reliez chaque mot à son synonyme. 1. ascétisme a. rempart 2. enceinte b. colonne 3. pilier c. austérité 2. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F 1. L’Abbaye de Fontenay a été fondée en 1118.

22

2. C’est un monastère cistercien. 3. Au XIIe siècle, le monastère cistercien vivait en autarcie. 4. Les contreforts expriment robustesse et solidité. 5. L’église romane est une construction élevée seulement pour la gloire de Dieu. 6. Les sculptures illustrent seulement des épisodes de la Bible.

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge

Basilique de Saint-Denis (Île-de-France) Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Premier chef-d’œuvre monumental de l’art gothique et nécropole des rois de France, la basilique de Saint-Denis est le prototype dont se sont inspirés les architectes des cathédrales de la fin du XIIe siècle, notamment ceux de Chartres. Elle abrite une collection de gisants et de tombeaux du XIIe au XIIIe siècle, unique en Europe.

L’église se développe vers des hauteurs incroyables pour une époque qui ne connaît pas le béton armé. C’est une construction faite de lumière, resplendissante comme la Jérusalem décrite dans l’Apocalypse de Saint Jean « semblable à une pierre précieuse, transparente comme le cristal » : c’est ce qu’a voulu faire l’abbé Suger, conseiller du roi de France. L’église gothique ne communique ni la sérénité, ni la sensation de puissance de l’église romane, mais elle exalte et entraîne le fidèle vers un règne mystérieux ; la leçon ne vient plus des chapiteaux mais des grands vitraux.

Activités 3. Reliez chaque mot à son synonyme. 1. nécropole a. cimetière 2. prototype b. statue allongée 3. gisant

c. partie élargie située entre le fût d’une colonne et la charge

4. chapiteau

d. modèle

4. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. 1. La Basilique de Saint-Denis est une église romane. 2. Elle n’abrite aucun tombeau.

V

F

3. L’église gothique ne rejoint jamais de grandes hauteurs. 4. L’église gothique est faite de lumière. 5. Elle communique une sensation de puissance. 6. Elle a de très grands vitraux. 5. Répondez aux questions sur les deux églises. 1. Comparez les deux façades et dites quels éléments rendent les deux églises si différentes. 2. Quels éléments de l’église romane et gothique ont pour but l’instruction des fidèles ? 6. Laquelle préférez-vous ? Pourquoi ?

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

23


Littérature (XI -XV siècles) Les origines littéraires e

Classe inversée

IXe

Xe

e

XIe

XIIe

880 Cantilène de Sainte Eulalie

v. 1070 La Chanson de Roland

842 Serments de Strasbourg

1100- 1170 Guillaume IX de Poitiers (langue d’oc) Jaufré Rudel (langue d’oc)

L’écrivain au service de la communauté L’écrivain du Moyen Âge est intimement lié à la société dans laquelle il vit, c’est elle qui lui donne une existence et il n’est rien sans elle. C’est elle qui assure sa survie car pour un poème récité ou une composition, le jongleur ou le clerc reçoivent du seigneur ou des notables quelques pièces d’argent, un repas ou des vêtements : c’est donc la société qui assure sa survie. Bien évidemment l’écrivain partage les valeurs, les idéaux, les croyances, les goûts de la communauté, ceux de cette minorité représentée par les seigneurs et les notables pour laquelle il compose et qui détient le pouvoir.

réelles : non seulement le chevalier est courageux (comme le chevalier des chansons de geste), mais il a aussi le désir de plaire à sa dame. Pour ce faire et pour mériter son amour, il doit essayer et surtout réussir à porter à la perfection les qualités chevaleresques et courtoises qui sont exigées. Cet idéal est bien celui des gens de cour, et c’est de là que vient le mot courtoisie. L’amour, qui dans les chansons de geste n’apparaissait guère, tient ici une place considérable et déterminante et pas seulement comme « mobile » des actions (c’est l’amour qui est à la base de toutes les aventures dans Tristan et Iseut et c’est encore lui qui règle et détermine la vie de Lancelot) Dossier 2 Le récit courtois et satirique .

Les chansons de geste Dès le XIe siècle les chansons de geste racontent les aventures des chevaliers. Le milieu où la chanson est mise en scène est celui de la société féodale de la période avec le respect absolu des engagements féodaux entre seigneur et vassal, avec sa morale chevaleresque et ses qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier est fier de ses exploits guerriers et il obéit à un code d’honneur dans lequel toute une communauté se reconnaît : c’est celui de la fidélité à son seigneur Dossier 1 La littérature épique .

La littérature courtoise À partir du XIe siècle dans le sud de la France et du XIIe dans le nord, la société féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : c’est celui du service d’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. La cour imaginaire du roi Arthur, qu’on retrouve dans les romans de la Table ronde, devient le modèle idéal des cours 24

• Miniature du manuscrit de Lancelot du Lac (1310-1315), New York, The Pierpont Morgan Library & Museum.

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Le Moyen Âge

• Scènes courtoises: paire de valves de miroir en ivoire (XIVe siècle), Paris, Musée du Louvre.

XIIe

XIIIe

1170 Béroul et Thomas, Tristan et Iseut

v. 1230 Guillaume de Lorris, Le Roman de la Rose (I)

1197 Bernard de Ventadour (langue d’oc) 1181 Chrétien de Troyes, Perceval ou le conte du Graal

v. 1270 Jean de Meung, Le Roman de la Rose (II)

XIVe 1321 Dante Alighieri, La Divine Comédie 1349 Boccaccio, Le Décameron 1300-1340 Christine de Pisan Charles d’Orléans

La littérature satirique La littérature satirique apparaît après le succès des chansons de geste et de la littérature courtoise. Au XIIIe siècle, la société subit des changements ; à cette époque l´économie française est encore agricole et la société est divisée en classes sociales fixes, mais la population a augmenté et elle se déplace de la campagne vers les territoires urbains, elle pratique aussi le commerce et l’artisanat. Dans la ville proprement dite, vit le petit peuple et la bourgeoisie, et c’est dans ces bourgs que naît une littérature satirique et comique. Il s’agit, en général, de courts récits très souvent ils parodient les romans courtois ; dans aucun de ces premiers textes satiriques on ne met en discussion l’ordre établi. Les personnages de ce type de littérature ne sont pas des nobles comme dans la littérature précédente, mais ce sont des bourgeois, qui cherchent une littérature où se reflètent leurs défauts et leurs faiblesses. Ce sont eux les personnages de cette littérature qui se moquent de leur propre catégorie sociale, soit pour moraliser, soit pour échapper aux malheurs de la vie quotidienne ; c’est à travers le rire qu’ils le font. On a dans Le Roman de Renart ou dans les fabliaux les plus importants exemples de littérature satirique et bourgeoise Dossier 2 Le récit courtois et satirique .

La poésie lyrique et didactique À l’origine, dès le début du XIIe siècle, dans le sud de la France, la poésie lyrique est une poésie musicale extrêmement codifiée, et elle est accompagnée par une mélodie. Les premiers poèmes lyriques sont de véritables chansons avec souvent des refrains. Les thèmes les plus chantés

XVe

1352 Francesco Petrarca, Les Triomphes

1457 François Villon, Lais

1465 La Farce de Maître Pathelin

1461 François Villon, Le Testament 1387 Geoffrey Chaucer, Contes de Canterbury

sont l’amour pour une dame inaccessible et la souffrance que provoque cet amour. À la fin du XIIe siècle, ce type de lyrisme fait son entrée dans la France du nord, et les chansons en langue d’oïl reprennent la thématique des troubadours souvent sous une forme moins complexe avec un souci croissant de finesse et d’élégance. Si la poésie lyrique en Languedoc est au départ populaire, la chanson d’amour au nord devient un genre noble par excellence et le service à la dame est une quête de dépassement moral. La forme la plus ancienne de cette poésie est la chanson de toile (pour charmer les dames occupées à tisser) qui a pour thème les plaintes d’une dame en mal d’amour ; on trouve aussi la chanson à danser (brefs récits en vers) qui a pour thème l’amour, les plaintes d’une femme mal mariée ou le renouveau du printemps.

QUI SONT LES AUTEURS DU MOYEN ÂGE ? Au Moyen Âge, une œuvre n’est pas le fait du travail d’un auteur unique. Des remaniements successifs sont dus autant aux jongleurs qu’aux copistes ou aux clercs. C’est pour ce motif que les œuvres sont anonymes. Si le jongleur produit le texte devant le public avec des variantes personnelles, si le copiste recopie et remanie le texte et si le clerc agit de la même façon, qui est donc à l’origine de l’œuvre, qui est le créateur ? Il est difficile de savoir si, à cette époque, une œuvre est la rédaction d’une légende, d’un récit populaire ou bien s’il s’agit d’une création individuelle et originale, non populaire mais savante.

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

25


Littérature Les origines littéraires L’esprit bourgeois, au XIIIe siècle, laisse peu de place à l’amour délicat, mais il exprime plutôt la piété, la satire du temps, le lyrisme personnel et réaliste, ou l’humour gai ou amer avec Rutebeuf. Au XIVe siècle, de nouveaux genres lyriques font leur apparition : les plus utilisés sont la ballade et le rondeau. La thématique courtoise tend à s’épuiser, une nouvelle poésie lyrique est créée par Guillaume de Machaut et poursuivie par Christine de Pisan et de nombreux autres poètes amateurs comme Charles d’Orléans par exemple. Il n’y a guère d’œuvre littéraire de pur divertissement au Moyen Âge ; l’épopée, le conte et le roman ont tous leur morale. Les auteurs veulent faire partager un savoir ou une croyance. Ainsi, à côté de la poésie d’amour, la poésie didactique fleurit au Moyen Âge et produit des œuvres très diverses, qui ont une vocation morale. Elle se propose de dispenser un savoir, qu’il soit de nature religieuse, morale, philosophique, scientifique ou littéraire. Le Roman de la Rose est l’œuvre la plus importante de ce type de littérature ; il s’agit d’une composition allégorique commencée au XIIIe siècle et terminée au siècle suivant : deux parties différentes, code de l’amour courtois dans la première partie, somme des idées morales, sociales et philosophiques dans la seconde Dossier 3 La poésie didactique et lyrique .

La poésie d’inspiration personnelle La poésie de François Villon, en révolte contre la société, l’ordre établi et en général contre toutes les structures rigides, se démarque de la poésie de son époque. C’est un grand poète qui fait revivre la tradition personnelle et réaliste, résume l’âme du Moyen Âge et annonce des temps nouveaux. Ses thèmes lyriques et personnels sont la piété, la tendresse filiale, la nostalgie, le remords et surtout la hantise de la mort. Ses qualités sont la simplicité directe, le réalisme et une grande puissance d’évocation ; Villon se laisse rarement aller à la rhétorique qui caractérise un peu l’époque Dossier 4 La poésie de tradition réaliste .

Le théâtre au Moyen Âge Le drame liturgique apparaît dans les églises vers l’an 1000. Ce sont de courtes pièces en latin qui sont représentées par des clercs dans le chœur ou la nef de l’église. Les Miracles racontent la vie des saints et les Mystères ont pour sujets des scènes de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Le Mystère se joue parfois pendant plusieurs jours, aux grandes fêtes religieuses comme Noël, Pâques ou la Pentecôte. Les textes en latin sont progressivement entre26

• Marie de France écrivant Recueil de pièces versifiées en ancien Français comprenant les Fables de Marie de France (1285-1292), Paris, BnF - Bibliothèque de l’Arsenal.

coupés, farcis (d’où plus tard la farce) de passages en langue populaire et, avec cette évolution, la représentation se déplace et se joue sur le parvis de l’église et des comédiens laïcs remplacent peu à peu les clercs. Au XIIIe siècle apparaît le Jeu, qui se caractérise par l’introduction dans le thème religieux d’anecdotes ou de légendes populaires. Le théâtre, à l’origine simple illustration du culte, devient donc vers le milieu du XIIIe siècle un genre à part entière et la farce s’impose. La plus connue est La Farce de Maître Pathelin, une pièce comique qui présente des situations et des personnages ridicules, et où règnent la tromperie, les équivoques, les ruses et les mystifications. La langue utilisée est très familière, voire grossière parfois Dossier 5 Le théâtre médiéval .

Activités 1. Regardez la vidéo et faites les activités. 2. Répondez aux questions. 1. Que sont les chansons de geste ? 2. Qu’apporte de nouveau la littérature courtoise ? 3. Qu’est-ce qui caractérise la littérature satirique ? 4. Où est née la poésie lyrique ? 5. Quelle est la vocation de la poésie didactique ? 6. Quel est le plus grand représentant de la poésie réaliste ? 7. Quand le théâtre devient-il un genre à part entière ?

Le Moyen Âge

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


À la loupe... La naissance de la langue française Langue d’oc La langue d’oc s’est formée à partir d’une évolution du latin qui était parlé au sud de la France. Son nom dérive de l’adjectif démonstratif latin hic, hæc, hoc qui signifie cela et que les méridionaux utilisaient pour répondre affirmativement. Elle a gardé des traces des langues parlées en Gaule avant la conquête romaine, qui se sont unies au latin apporté par les conquêtes de Jules César et à certains termes issus des dialectes germaniques. C’est la langue que les troubadours utilisaient, qu’ils appelaient langue provençale et dans laquelle ils ont composé leurs œuvres. La langue d’oc s’est diversifiée avec le temps et a donné naissance à de nombreuses variantes : les langues d’oc ou l’occitan qui regroupent le provençal et ses variantes (le gascon, le languedocien, l’auvergnat) et tous les dialectes qui sont parlés au sud du territoire français. Ces langues ont survécu jusqu’à nos jours et, grâce à des passionnés de traditions et de redécouvertes du folklore, elles sont encore parlées et une littérature vit encore aujourd’hui. Frédéric Mistral (1830-1914) a composé des œuvres qui ont été aussi transposées à l’opéra et il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1904 ; Marcel Pagnol (1895-1972) a créé des personnages qui sont devenus des types humains et il a lui-même adapté, pour le cinéma, certains de ses romans qui sont devenus des films cultes, grâce aussi à l’interprétation d’acteurs comme Raimu ou Fernandel ; quant à Jean Giono (18951970), ses textes ont été marqués par son profond pacifisme et sont devenus des films à succès (Le hussard sur le toit par exemple).

Langue d’oïl La langue d’oïl est une langue romane, dérivée du latin, qui s’est développée dans la partie nord de la France, le sud de la Belgique et les îles anglo-normandes. Son nom dérive du latin hoc ille, utilisé pour répondre oui. En Gaule, du Ve au IXe siècle, on parlait le gallo-roman comme l’attestent certains manuscrits, par exemple la glose de Reichenau, vulgate (texte en vulgaire) du VIIIe siècle. En 813, durant le concile de Tours, il est décidé que les prêtres doivent faire leurs sermons en langue vernaculaire pour être compris des fidèles. En 843, un traité conclu entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, deux des descendants de Charlemagne, est prononcé et écrit en galloroman : ce sont les Serments de Strasbourg,

• Extrait du Serments de Strasbourg (IXe siècle).

premier texte officiel répertorié. Le choix de la langue a été dicté par la nécessité de se faire comprendre. Il faut attendre la fin du IXe siècle pour avoir le premier texte littéraire, la Cantilène de Sainte Eulalie, et, à côté de quelques fragments, en 1050, la Vie de Saint Alexis est le premier texte important. C’est d’un des dialectes de ces langues que dérive le français. Elles ont combiné la langue des populations celtes avec le latin et le dialecte haut-allemand que parlaient les Francs. L’action de ce langage francique (des Francs) a été importante sur la prononciation et sur la forme de certains mots. C’est vers 1125 que le nom ronmanz (langue vulgaire) apparaît pour qualifier cette nouvelle langue, le mot devient romans entre 1130 et 1140 et puis roman à la fin du XIIe siècle. C’est à cette même période qu’apparaît le mot franceis ou françois. Les autres dialectes se sont standardisés et sont des variétés peu différenciées.

Comprendre et réfléchir 1. De quoi dérivent les termes langue d’oc et langue d’oïl ? 2. La langue d’oc a-t-elle encore une littérature aujourd’hui ? 3. Quel est le premier texte officiel répertorié d’un dialecte de langue d’oïl ? 4. Quel mot qualifie cette nouvelle langue ? Quand apparaît-il ? 5. Relevez les étapes de la naissance de la langue française.

Ve-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

27


Le Moyen Âge

Dossier 1

La littérature épique Un genre populaire qui plaît aux seigneurs Jusqu’à la fin du XI siècle la littérature en langue vulgaire est pauvre, seulement constituée de textes qui parlent de la vie des saints. À partir de ce moment-là, une importante production épique commence et elle continuera pendant plus ou moins trois siècles. La naissance de cette production a été favorisée par certains facteurs : –– le régime féodal a exalté dans l’âme des seigneurs l’amour de la prouesse guerrière et le sentiment de l’honneur, à travers les liens de vassal à suzerain ; –– la première croisade a exalté la foi religieuse et patriotique, le goût des récits héroïques et des luttes contre les infidèles. On commence à mettre par écrit des chansons de geste (du latin gesta qui signifie actions, exploits guerriers) qui font revivre des personnages du VIIIe ou du IXe siècle. Le point de départ est historique, mais les caractères et les faits sont modifiés et les héros carolingiens ressemblent aux barons du XIIe siècle. Conçues comme une véritable littérature de propagande appelant à la croisade, elles glorifient les prouesses de la chevalerie au service de Dieu et du roi. L’idéal de la société féodale est bien mis en scène dans ces chansons : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier, toujours fidèle à son seigneur, obéit à un code d’honneur qui méprise la fatigue, la peur, le danger. Il vit pour la guerre, fier de ses exploits guerriers surtout parce que l’Église détourne vers la croisade l’énergie de ces hommes passionnés de combats. e

–– le mètre utilisé est en général le décasyllabe ; –– des reprises sont effectuées et ont la fonction de résumer ou de rappeler les événements qui se sont produits, de façon à tenir en éveil l’attention des écoutants. Qui sont les auteurs des chansons de geste ? On a fait l’hypothèse d’une création collective ; peutêtre les pèlerins qui suivaient les grandes routes de pèlerinage (vers Saint-Jacques-de-Compostelle) et les moines des monastères qui les hébergeaient au passage. Les chansons de geste étaient récitées par un jongleur itinérant qui s’accompagnait d’un instrument de musique, pendant que des saltimbanques mimaient les épisodes racontés. Le public comprenait la foule des pèlerins et les seigneurs féodaux. La Chanson de Roland, la plus ancienne des chansons de geste, remonte au début du XIIe siècle.

Les transformations des textes À cause de leur succès grandissant, des remaniements ont été effectués et au XIIIe siècle on est passé à une forme écrite, plus complexe : le mètre utilisé est devenu l’alexandrin (vers de douze pieds, dodécasyllabe). Au XIVe siècle, on est passé à une forme en prose. Au XIIIe siècle, les chansons existantes ont été regroupées en trois Gestes ou Cycles : –– Geste du roi qui regroupe les chansons qui ont comme protagoniste Charlemagne ou les seigneurs de sa cour ; –– Geste de Garin de Monglane qui regroupe les chansons qui ont comme protagoniste Guillaume d’Orange et sont situées dans le Languedoc et en Provence ; –– Geste du Doon de Mayence qui regroupe les chansons ayant pour thème les luttes féodales.

La composition des chansons de geste Ce sont des poèmes oraux, anonymes, que les jongleurs récitaient en s’accompagnant de la vielle (instrument à cordes et à archet, ancêtre de la viole). Cette oralité a déterminé des caractères précis pour la composition : –– les chansons sont divisées en laisses, des strophes de longueur inégale qui développent une seule idée ou qui racontent un seul fait ;

28

Activités 1. Quels éléments ont favorisé la naissance des chansons de geste ? 2. Quelles sont les caractéristiques du code d’honneur ? 3. Comment les chansons sont-elles composées ? 4. Sur quoi les trois Gestes sont-elles centrées ?

Dossier 1 La littérature épique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


La Chanson de Roland (XII siècle) e

Les origines La Chanson de Roland date, sans doute, du début du XIIe siècle. Elle est connue depuis le début du XIXe siècle grâce au manuscrit d’Oxford qui a été écrit vers 1070. C’est un poème de 4002 décasyllabes, regroupés en 291 laisses. Il est écrit en dialecte anglo-normand.

L’histoire À la base de la chanson, il y a un texte historique en latin, la Vita Caroli écrite par Eginhard. L’épisode raconte que l’empereur Charles, qui a 36 ans, franchit les Pyrénées (printemps 778) pour venir en aide à des Arabes en lutte contre d’autres musulmans. Il soumet Pampelune et assiège Saragosse. Rappelé en France à cause d’une attaque des Saxons et d’un soulèvement, il rase Pampelune et repasse les Pyrénées. En août 778, l’arrière-garde de son armée est massacrée par des montagnards basques, des chrétiens. Parmi les victimes se trouve Roland, comte de la Marche de Bretagne. L’épisode est transformé et embelli, et, dans la Chanson, Charlemagne a 200 ans et Roland est son neveu. L’expédition dure depuis sept ans, l’embuscade des Basques devient une attaque faite par 400 mille Sarrasins. Leur triomphe est dû à la trahison de Ganelon (personnage inventé par l’auteur, comme un autre personnage, Olivier,

L’œuvre

ami de Roland). Charlemagne venge son neveu et écrase les Sarrasins, après quoi il punira Ganelon.

Le mythe de la Chanson La Chanson de Roland a été écrite dans une intention mythique qui justifie la présence du surnaturel ; Roland possède une épée magique, baptisée comme si elle était un être humain : son nom est Durendal. Le héros parle à Durendal qui semble le comprendre. Il possède aussi un cor en ivoire, l’Olifant, dont le son arrive à vingt lieues de distance. Roland, devant la mort de toute son arrière-garde, se décide enfin à sonner l’Olifant qui fera revenir Charlemagne. Jusqu’à présent il avait refusé de le faire, craignant de passer pour lâche, mais le moment est arrivé, car l’issue du combat ne fait aucun doute. Les Francs, très inférieurs en nombre, vont être vaincus. Charlemagne doit être prévenu et pour cela Roland décide de sonner son cor. Il en sonne si fort qu’il rompt une veine de sa tempe, ce qui causera sa mort : du moins aucun Sarrasin ne pourra se vanter de l’avoir tué. L’histoire de Roland est comme celle d’un saint ; à sa mort, deux anges viennent chercher son âme pour la transporter au paradis. Sa mort est accompagnée de prodiges comme la mort du Christ, et Ganelon, le traître, correspond à Judas.

Lorsqu’au XIIe siècle on crée cette épopée, c’est pour glorifier la figure mythique de Charlemagne comme défenseur de la chrétienté, pour exalter l’idéal de la guerre sainte contre les infidèles à l’époque des croisades, pour vanter l’idéal chevaleresque et les liens vassaliques. Les Basques deviennent des Sarrasins et la défaite franque s’explique par la trahison de Ganelon. Cette épopée, composée avant la première croisade (1095), fait de Charlemagne, en guerre contre les Sarrasins d’Espagne et fondateur du Saint Empire Romain, un précurseur des croisades, et de Roland un héros de la guerre sainte. Le simple combat du VIIIe siècle devient une véritable croisade contre les Infidèles. Le problème de l’auteur de la Chanson reste entier, car même si un nom est présent à la fin du poème on ne peut savoir qui il est. Le dernier vers de la chanson dit :

ci falt la geste que Turoldus declinet1

1 Ici finit la geste que Turold déclinet

Le problème est lié au sens du verbe declinet, qui peut signifier : –– composer (et dans ce cas Turold serait l’auteur de la chanson) ; –– suivre (le récit et dans ce cas Turold serait le chroniqueur) ; –– transcrire (et dans ce cas Turold serait le copiste) ; –– réciter (et dans ce cas Turold serait le jongleur). Ce qui ressort du texte c’est que c’était un homme cultivé qui connaissait les poètes latins, la Bible et les rituels de prière. Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

29


La Chanson de Roland Texte 1

Roland sonne du cor LA CHANSON DE ROLAND

1 Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

Les Français sont attaqués par les Sarrasins, Olivier conseille à Roland de sonner son cor d'ivoire pour appeler Charlemagne à son secours ; mais Roland, trop orgueilleux, refuse, et sa témérité le rendra responsable du désastre.

5

10

15

20

25

1 Le cor qu’il doit sonner pour appeler Charlemagne. 2 Unité de mesure. 3 Passage qui permet de traverser les montagnes. 4 C’est l’impératif du verbe oïr qui signifie entendre, donc entendez. 5 Cotte de maille, partie de la cuirasse qui protège le corps. 6 Protection de la tête.

30

30

35

CXXXIII [...] Roland a mis l’olifant1 à sa bouche ; L’enfonce bien, sonne avec grande force. Hauts sont les monts et la voix porte loin À trente lieues2 se répète l’écho. Charles l’entend et tous ses compagnons. Le roi dit : « Nos hommes livrent bataille ! » Répond Ganelon : « Qu’un autre l’eût dit, Ces paroles sembleraient grand mensonges ». CXXXIV Roland, à grand-peine et à grand effort, À grande douleur, sonne l’olifant. Et de sa bouche jaillit le sang clair, Et de son crâne la tempe se rompt. Du cor qu’il tient, le son porte fort loin : Charles l’entend, lui qui passe les ports3. Naimes l’entend avec tous les Français. Le roi dit : « J’entends le cor de Roland. N’en sonnerait, s’il ne livrait bataille. » Répond Ganelon : « De bataille, point ! Vous êtes vieux, tout fleuri et tout blanc : Par vos paroles semblez un enfant. Vous savez le grand orgueil de Roland : C’est merveille que Dieu le souffre encore... Pour un seul lièvre, il va sonnant du cor ; Devant ses pairs doit encor s’amuser... » CXXXV Comte Roland à la bouche sanglante. De son crâne la tempe s’est rompue. Sonne l’olifant à grande douleur. Charles l’entend et ses Français l’entendent. Le roi dit : « Ce cor a bien longue haleine ! » Répond Naimes : « Un baron y prend peine ! C’est bien une bataille, j’en suis sûr. L’a trahi, qui vous en veut détourner. Armez-vous et criez le ralliement Et secourez votre noble maison : Assez oyez4 que Roland se lamente ! » CXXXVI L’empereur sitôt fait sonner ses cors. Les Français mettent pied à terre et s’arment De hauberts5, heaumes6, épées ornées d’or.

Dossier 1 La littérature épique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

• Roland, miniature de La Fleur des Histoires de Jean Mansel (XVe siècle), Copenhagen, Det Kongelige Bibliotek.


40

45

7 Espèce de lance. 8 Bannière.

Ont des écus, de grands et forts épieux7, Des gonfanons8 blancs et vermeils et bleus. Tous les barons montent leurs destriers. Éperonnent au long des défilés. D’eux tous, pas un seul qui ne dise à l’autre : « Si nous voyions Roland encore vivant, Avec lui nous donnerions de grands coups. » Mais à quoi bon ? Ils ont trop attendu.

COMPRENDRE 1. Définissez le décor de la scène. Le paysage, dans cette situation tragique, a-t-il un rôle 2. 3. 4. 5. 6.

ANALYSER

7. 8. 9.

Texte 2

important ? Pour se faire entendre, quels obstacles Roland doit-il surmonter ? Quel est l’effet de l’effort de Roland ? Faites le portrait de Ganelon et commentez ses deux interventions. Est-ce qu’il respecte l’empereur ? Que dit-il de Roland ? Décrivez les préparatifs pour aller aider Roland. Quel changement de ton intervient dans la dernière strophe ? Pourquoi ce récit a-t-il les caractéristiques d’un registre épique ? Que signifie la répétition du mot olifant/cor, mise en évidence par la couleur rose ? Et celle mise en évidence par la couleur bleue ? Qu’apportent les répétitions, liées au sang, mises en évidence par la couleur jaune ?

La mort de Roland LA CHANSON DE ROLAND

2

Après avoir en vain tenté de briser son épée pour qu'elle ne tombe pas entre les mains de ses ennemis, Roland se prépare à mourir en chrétien. Il prie. C'est dans cette description des derniers moments de Roland que l'association entre la foi et le courage du héros, une des caractéristiques de toute l’œuvre, est la plus évidente.

5

10

1 Exprime son repentir.

CLXXIV Roland sent que la mort le prend. De la tête au cœur elle descend : En courant il est allé sous un pin. Sur l’herbe verte il s’est couché face contre terre. Sous lui il met son épée et son olifant. Il a tourné la tête du côté des païens : Il l’a fait parce qu’il veut vraiment Que Charles dise, ainsi que tous les siens, Que le noble comte, il est mort en conquérant. Il bat sa coulpe1 à plusieurs reprises. Pour ses péchés il offre à Dieu son gant. CLXXV Roland sent que son temps est fini. Face à l’Espagne il est sur un mont à pic : D’une main il s’est frappé la poitrine :

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

31


La Chanson de Roland 15

20

25

2 Le héros appartient à une famille, à un lignage dont il doit continuer à illustrer la renommée et la gloire. 3 Il veut se soucier du salut de son âme. 4 Saint Michel Archange est honoré au Mont-Saint-Michel en Normandie sous le nom de Saint Michel du Péril de la Mer.

30

35

40

« Dieu, je me repens, devant tes grandes vertus, De mes péchés, grands et petits, Que j’ai faits depuis l’heure de ma naissance Jusqu’à ce jour que je suis ici venu à ma mort ! » Il a tendu vers Dieu son gant droit ; Des anges du ciel descendent à lui. CLXXVI Le comte Roland est étendu sous un pin, Vers l’Espagne il a tourné son visage. Il s’est pris à se rappeler bien des choses : Tant de terres qu’il a conquises par sa prouesse, Douce France, les hommes de son lignage2, Charlemagne, son seigneur, qui l’a élevé ; Il ne peut s’empêcher d’en pleurer et d’en soupirer, Mais il ne veut pas s’oublier lui-même3 ; Il bat sa coulpe, il demande à Dieu merci : « Vrai Père qui jamais ne mentis, Toi qui ressuscitas saint Lazare de la mort Et préservas Daniel des lions, Préserve mon âme de tous les périls Causés par les péchés que je fis en ma vie ! » Il offrit à Dieu son gant droit ; Saint Gabriel l’a pris de sa main. Sur son bras il tenait sa tête inclinée, Les mains jointes il est allé à sa fin. Dieu lui a envoyé son ange Chérubin, Et saint Michel du Péril de la Mer4, Avec eux y est venu saint Gabriel ; Ils emportent l’âme du comte en paradis.

COMPRENDRE 1. Combien de personnages interviennent dans cette scène ? ANALYSER

2. Quelle est l’idée dominante dans les trois laisses ? 3. Relevez le système de répétitions d’une laisse à l’autre : trouvez-vous que ces enchaînements par répétitions et assonances facilitent la mémoire du jongleur, la déclamation et l’attention du public ? Pourquoi ? Quel est l’effet produit ? 4. La mise en scène : relevez toutes les indications concernant le cadre et le décor de la scène, la position du corps, de l’épée et du cor. Remplissez la grille. Cadre et décor

RÉFLÉCHIR

ÉCRIRE

32

Position du corps

Position de l’épée et du cor

5. Relevez aussi le type de verbes utilisés et dites quel est l’effet produit. Roland meurt vaincu ou maître du champ de bataille ? L’honneur de la France est-il sauf ? 6. Roland meurt : a-t-il commis un péché d’orgueil en sonnant si tard son cor, ou n’avait-il pas d’autre choix ? 7. Quels sont les thèmes principaux du monologue intérieur de Roland ? Pourquoi se souvient-il de ses conquêtes ? Y voyez-vous un signe d’orgueil ? Quelle est l’importance accordée au lignage ? 8. Comment expliquer le vers 35 Il offrit à Dieu son gant droit ? La religion de Roland a-t-elle une dimension féodale ? 9. Résumez les détails fondamentaux de la mort héroïque de Roland.

Dossier 1 La littérature épique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Vers l’ESABAC Lire les images

La tapisserie de Bayeux • Le faucon.

68,30 MÈTRES DE HISTOIRE C’est une broderie sur toile, faite à l’aiguille avec des laines de 4 couleurs dans 8 tonalités différentes. Elle a été commandée par Odon de Conteville, évêque de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, et elle devait justifier l’expédition de Guillaume de l’autre côté de la Manche ; elle avait aussi un but religieux. En effet, l’Anglais Harold aurait violé le serment, prêté sur de saintes reliques, de laisser le trône d’Angleterre à Guillaume après la mort d’Édouard le Confesseur. Le parjure commis entraînait les pires conséquences pour le coupable et les siens, et Harold aurait été puni par le Ciel. En réalité, il est tué en combattant pendant la bataille d’Hastings, le 14 octobre 1066.

• Un banquet est organisé et les cuisiniers préparent le repas, la troupe mange sur les boucliers retournés et les chefs sont assis à une table.

La tapisserie de Bayeux est une pièce de toile brodée qui raconte une série d’événements qui se sont déroulés de 1064 à 1066 et ont conduit à la conquête de l’Angleterre par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant. Cette tapisserie mesure 68,30 mètres de longueur et 50 cm de hauteur et a été réalisée moins de 10 ans après la bataille d’Hastings ; elle se trouve aujourd’hui dans le « Musée de la Tapisserie » à Bayeux. La tapisserie de Bayeux est très riche et comprend 72 scènes composées

de 626 personnages, 202 chevaux et mulets, 55 chiens, 505 créatures mythologiques (oiseaux et dragons), 37 édifices, 41 vaisseaux et barques, 49 arbres et environ 2000 mots en latin. Ses bordures représentent de nombreux animaux réels ou imaginaires. La partie inférieure montre souvent les appétits et instincts bestiaux présents dans chaque homme, alors que la partie supérieure fait référence à leurs idéaux et à leur élan vers Dieu. La tapisserie est le témoignage de faits historiques dont il ne reste que peu de

traces. Elle est ainsi inestimable quant à la connaissance de la vie de l’époque, car elle nous renseigne sur : –– l’organisation sociale de la société médiévale ; –– les formes de pouvoir ; –– les modes de vie des seigneurs et des paysans ; –– les équipements de guerre, les vêtements des soldats, les signes distinctifs sur leurs boucliers. Certains voient en elle, dans sa présentation sous forme d’images, un précurseur de la bande dessinée.

Activités 1. Quels aliments et quels objets reconnaissez-vous sur la table ? 2. Quelle est la position du serviteur devant les convives ? 3. Les convives portent-ils des armes ? Pourquoi d’après vous ? 4. Un homme sur la gauche de la tapisserie a un objet à la bouche. Que pourrait être cet objet d’après vous ?

5. Quels animaux sont représentés dans la frise au bas de la tapisserie ? 6. Quels animaux sont représentés dans la partie supérieure de la tapisserie ? 7. Cette image de la tapisserie vous a-t-elle apporté d’autres connaissances sur le Moyen Âge ? Si oui, que vous a-t-elle appris ? Si non, que vous a-t-elle confirmé ?

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

33


Thèmesthématique Espace universels

courage audace intrépidité

Le héros

Un mythe qui dure dans les siècles Le Moyen Âge a exalté la première figure du héros : viril, guerrier, grand, fort mais pas invulnérable, protégé des dieux (Roland), supérieur à tous ses rivaux (les Sarrasins), capable d’affronter des dangers multiples, souvent écrasé par les forces de la fatalité et pour cela destiné à la mort, à une fin tragique. Dans la littérature d’inspiration courtoise, on trouve encore des héros guerriers, mais aussi courtois : le preux chevalier doit posséder la noblesse du cœur, la franchise; il est soucieux d’armes et d’amour. Dans la littérature de la Renaissance il y a des tentatives d’épopée pas toujours réussies, qui attestent le goût persistant pour l’héroïsme chevaleresque, mais la magnificence du héros revient avec le Grand siècle classique. L’éclipse de la littérature héroïque arrive avec le siècle des Lumières qui cesse d’admirer les prouesses guerrières. La figure du héros traditionnel revient au XIXe siècle avec les romantiques (Chateaubriand, Hugo), qui exaltent la figure légendaire de Napoléon Ier et imposent en même temps un nouveau type de héros : l’artiste, le créateur, le poète, un héros sans armes. Du XIXe au XXe siècle la figure de L’œuvre

Horace (1640) Toute l’œuvre dramatique de Corneille est inspirée par une intense rêverie d’héroïsme. Le héros cornélien n’est pas simplement un homme, puisque c’est un héros. Ce n’est ni l’homme tel qu’il est, ni l’homme tel qu’il devrait être, c’est l’homme tel qu’il se rêve dans ses moments d’exaltation. Dans Horace, les portraits que trace Corneille sont antithétiques, puisque le tragédien oppose les thèmes de la générosité et de l’humanité à travers les personnages d’Horace et de Curiace.

Texte 1

34

Horace, le héros accompli Pierre Corneille, HORACE, ACTE II, SCÈNE 3

3

5

Pierre Corneille p. 171

1 Vaine gloire. 2 Hésité.

Jeanne d’Arc retrouve la pleine lumière qu’elle avait eue de son vivant et son héroïsme devient sainteté. Elle est le symbole de la pureté, de l’innocence, c’est une sainte, une jeune fille pure et droite, au milieu d’un monde corrompu. Au XXe siècle on assiste aussi à un retour des mythes antiques et des héros classiques. Réactualisés, les mythes deviennent un moyen de déchiffrer le monde contemporain. Le XXe siècle est, plus encore que son précédent, un siècle de héros, non seulement parce que des écrivains exaltent la grandeur humaine, mais aussi parce que le cinéma est né : films d’aventure, de guerre et d’adaptations d’œuvres épiques.

10

Dans cette scène, Curiace qui félicitait Horace d’avoir été choisi comme champion par Rome, vient d’apprendre qu’il était lui-même désigné pour l’affronter au nom d’Albe. Horace voit dans ce choix la grandeur, tandis que Curiace y voit l’horreur de la situation.

Curiace Il est vrai que nos noms ne sauraient plus périr, L’occasion est belle, il nous la faut chérir. Nous serons les miroirs d’une vertu bien rare : Mais votre fermeté tient un peu du barbare. Peu, même des grands cœurs, tireraient vanité D’aller par ce chemin à l’immortalité : À quelque prix qu’on mette une telle fumée1 L’obscurité vaut mieux que tant de renommée. Pour moi, je l’ose dire et vous l’avez pu voir, Je n’ai point consulté2 pour suivre mon devoir ;

Dossier 1 La littérature épique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


persévérance

humanité sensibilité générosité justice honneur

15

20

25

30

35

40

45

50

Notre longue amitié, l’amour, ni l’alliance, N’ont pu mettre un moment mon esprit en balance ; Et puisque par ce choix Albe montre en effet Qu’elle m’estime autant que Rome vous a fait, Je crois faire pour elle autant que vous pour Rome ; J’ai le cœur aussi bon, mais enfin je suis homme : Je voix que votre honneur demande tout mon sang, Que tout le mien consiste à vous percer le flanc ; Près d’épouser la sœur, qu’il faut tuer le frère, Et que pour mon pays j’ai le sort si contraire. Encor qu’à mon devoir je coure sans terreur, Mon cœur s’en effarouche, et j’en frémis d’horreur ; J’ai pitié de moi-même, et jette un œil d’envie Sur ceux dont notre guerre a consumé la vie, Sans souhait toutefois de pouvoir reculer. Ce triste et fier honneur m’émeut sans m’ébranler : J’aime ce qu’il me donne, et je plains ce qu’il m’ôte ; Et si Rome demande une vertu plus haute, Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain, Pour conserver encor quelque chose d’humain. Horace Si vous n’êtes Romain, soyez digne de l’être ; Et si vous m’égalez, faites-le mieux paraître. La solide vertu dont je fais vanité N’admet point de faiblesse avec sa fermeté ; Et c’est mal de l’honneur entrer dans la carrière Que dès le premier pas regarder en arrière. Notre malheur est grand, il est au plus haut point ; Je l’envisage entier, mais je n’en frémis point : Contre qui que ce soit que mon pays m’emploie, J’accepte aveuglément cette gloire avec joie ; Celle de recevoir de tels commandements Doit étouffer en nous tous autres sentiments. Qui, près de le servir, considère autre chose, À faire ce qu’il doit lâchement se dispose ; Ce droit saint et sacré rompt tout autre lien. Rome a choisi mon bras, je n’examine rien. Avec une allégresse aussi pleine et sincère Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère ; Et, pour trancher enfin ces discours superflus, Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. Curiace Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue.

Comprendre et réfléchir 1. Quels sont les sentiments de Curiace ? 2. À quoi Curiace réduit-il l’honneur et la gloire ? Est-ce que la gloire vaut un tel sacrifice ? 3. Horace, le héros accompli : quelle définition donne-t-il de la vertu et de l’héroïsme qui le sépare de Curiace ? 4. Curiace et Horace : deux héros, deux discours parallèles : qu’est-ce qui les oppose et les désunit ?

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

35


Espace thématique L’œuvre

Chatterton (1835) Il s’agit d’un drame romantique en trois actes écrit par Alfred de Vigny. Dans Chatterton, il met en scène les difficultés et les tourments du poète qui ne parvient pas à trouver sa place dans une société matérialiste : pour cela, il s’inspire de l’histoire vraie du célèbre poète anglais Thomas Chatterton, qui a mis fin à ses jours à l’âge de 17 ans.

Texte 2

courage audace intrépidité

Chatterton, un héros romantique Alfred De Vigny, CHATTERTON, ACTE III, SCÈNE 7

4

Dans la scène finale proposée, Chatterton a pris congé de ses hôtes et du lord-maire, venu lui offrir un emploi de valet, et se retire dans sa chambre dans l’intention de se tuer.

Allez, mes bons amis. – Il est bien étonnant que ma destinée change ainsi tout à coup. J’ai peine à m’y fier ; pourtant les apparences y sont. – Je tiens là ma fortune. – Qu’a voulu dire cet homme1 en parlant de mes ruses2 ? Ah ! toujours ce qu’ils disent tous. Ils ont deviné ce que je leur avouais moi-même, que je suis l’auteur de mon livre. Finesse grossière ! je les reconnais là ! Que sera cette place ? quelque emploi de commis ? Alfred de Vigny, Harmonie Littéraire 2 Tant mieux, cela est honorable ! Je pourrai vivre sans écrire les choses communes qui font vivre. – Le quaker rentrera dans la paix de son âme que j’ai troublée, et elle ! Kitty Bell, je ne la tuerai pas, s’il est vrai que je l’eusse tuée. – Dois-je le croire ? J’en doute : ce que l’on renferme toujours ainsi est peu violent ; et, pour être si aimante, son âme est bien maternelle. N’importe, cela vaut mieux, et je ne la verrai plus. C’est convenu... autant eût valu me tuer. Un corps est aisé à cacher. – On ne le lui eût pas dit. Le quaker y eût veillé, il pense à tout. Et à présent, pourquoi vivre ? pour qui ?... – Pour qu’elle vive, c’est assez... Allons... arrêtez-vous, idées noires, ne revenez pas... Lisons ceci... (Il lit le journal.) « Chatterton n’est pas l’auteur de ses œuvres... Voilà qui est bien prouvé. – Ces poèmes admirables sont réellement d’un moine nommé Rowley, qui les avait traduits d’un autre moine du dixième siècle, nommé Turgot... Cette imposture, pardonnable à un écolier, serait criminelle plus tard... Signé... Bale3. Bale ? Qu’est-ce que cela ? Que lui ai-je fait ? – De quel égout sort ce serpent ? Quoi ! mon nom est étouffé ! ma gloire éteinte ! mon honneur perdu ! – Voilà le juge !... le bienfaiteur ! Voyons, qu’offre-t-il ? (Il décachète la lettre, lit... et s’écrie avec 1 Lord indignation.) Une place de premier valet de chambre dans sa maison !... Ah ! pays Beckford, ami damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! (Prenant la fiole d’opium.) O mon du père de Chatterton. âme, je t’avais vendue ! je te rachète avec ceci. (Il boit l’opium.) – Adieu, humilia2 On accuse tions, haines, sarcasmes, travaux dégradants, incertitudes, angoisses, misères, torChatterton tures du cœur, adieu ! Oh ! quel bonheur, je vous dis adieu ! – Si l’on savait ! si l’on d’avoir donné comme étant savait ce bonheur que j’ai... on n’hésiterait pas si longtemps ! (Ici, après un instant de de lui des recueillement durant lequel son visage prend une expression de béatitude, il joint les mains et poésies qui sont l’œuvre poursuit.) Ô Mort, ange de délivrance, que ta paix est douce ! j’avais bien raison de d’un auteur du Moyen Âge. t’adorer, mais je n’avais pas la force de te conquérir. – Je sais que tes pas seront lents 3 Un critique et sûrs. Regarde-moi, ange sévère, leur ôter à tous la trace de mes pas sur la terre. (Il littéraire jette au feu tous ses papiers.) Allez, nobles pensées écrites pour tous ces ingrats dédaihostile à Chatterton. gneux, purifiez-vous dans la flamme et remontez au ciel avec moi ! [...] Comprendre et réfléchir 1. Le monologue de Chatterton : relevez les différents états d’âme du personnage, de l’espoir au désespoir, à l’indignation, au geste final. 2. Les invectives : contre qui et contre quoi sont-elles adressées? Que souligne le jugement sévère porté sur l’Angleterre ? 3. Ce héros romantique est voué à la solitude et à l’incompréhension, à une position d’exclu et de renoncement. Voyez-vous les différences avec le héros cornélien ? Vers l’EXAMEN

4. À partir des textes proposés (voir aussi Médiathèque), décrivez le mythe du héros en 150 mots maximum.

36

Dossier 1 La littérature épique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

Médiathèque André Malraux • Kyo le héros positif

5

10

15

20

25

30


À L’ÉCRAN

Le roi Arthur : la légende d’Excalibur (2017) Ce film est un film fantastique d’action et d’aventure réalisé par Guy Ritchie. Le film, basé sur de nombreuses anecdotes, est sorti en 2017 et a eu un bon succès. L’histoire racontée est celle d’Arthur, un jeune homme qui vit avec sa bande dans les faubourgs de Londres (Londonium). Un jour il s’empare d’une épée, Excalibur, sans savoir qu’il vient de saisir, avec elle, son destin et son avenir. À partir de ce moment-là sa vie bascule et il doit faire des choix pas toujours fa-

 Réalisateur

GUY RITCHIE

Année

2017

Genre

FANTASTIQUE

Acteurs principaux

CHARLIE HUNNAM, JUDE LAW, KATIE MCGRATH

ANALYSER L’AFFICHE  1. Observez et décrivez l’affiche. 2. Quelles informations donne-t-elle ?

VISIONNER LA BANDE ANNONCE  3. Comment commence-t-elle ? 4. Que présentent les images ?

ciles. Il rencontre une jeune femme, Guenièvre, s’unit à la Résistance et doit apprendre à contrôler l’épée et tous ses démons intérieurs. Il va unir le peuple autour de sa personne pour chasser le tyran, Vortigern, qui avait usurpé sa couronne après avoir tué ses parents. Il accèdera finalement au trône.

5. 6. 7. 8.

Quel autre élément est inséré ? Que se passe-t-il quand Arthur retire l’épée ? Que disent les deux phrases? Quelle est la particularité de cette bande annonce ?

RÉDIGER UN ARTICLE 9. Écrivez un article qui résume votre travail d’analyse.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

37


Le Moyen Âge

Dossier 2

Le récit courtois et satirique La littérature courtoise Vers la seconde moitié du XII siècle, l’aristocratie, qui devient une classe de plus en plus fermée, se tourne vers des œuvres moins rudes que les chansons de geste. Cette littérature de la cour est liée à trois influences : l’influence antique, bretonne et méridionale. e

L’influence antique On assiste à un renouveau de la littérature latine et les « romans antiques » sont à la mode. Ces œuvres adaptent au goût du jour des légendes antiques (Roman d’Alexandre en vers de 12 pieds, d’où le terme alexandrin pour qualifier ce vers). Transition entre l’épopée et le roman courtois, on y retrouve des batailles, des exploits chevaleresques, mais aussi des aventures romanesques et le merveilleux médiéval (éléments ou événements surnaturels, objets magiques et créatures en tout genre), l’amour et les analyses des sentiments comme dans les romans. L’influence

bretonne En 1155, Wace traduit très librement une Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne) et écrit le Roman de Brut. Il révèle la légende du roi Arthur, un roi puissant et raffiné, qui vit dans une cour luxueuse, entouré par les Chevaliers de la Table Ronde. Cette « matière de Bretagne » va donner au roman courtois ses héros, le cadre de leurs aventures, les détails romanesques et féériques, comme dans Tristan et Iseut.

L’ influence

Le Midi de la France connaît une civilisation plus raffinée et les seigneurs du sud sont habitués à une vie plus douce, ils s’entourent de poètes et d’artistes et accordent une place plus importante à la dame. Cette influence méridionale s’est diffusée grâce à Aliénor d’Aquitaine. D’abord reine de France comme épouse de Louis VII, puis reine d’Angleterre, après l’annulation du mariage, comme femme de Henri Plantagenêt, roi Henri II en 1154, elle aimait les artistes et s’entourait d’une cour raffinée qui l’aurait suivie dans ses déplacements. Cette influence se serait encore plus répan-

38

méridionale

due sous l’impulsion de ses deux filles Aélis de Blois et surtout Marie, comtesse de Champagne.

La courtoisie Un nouvel idéal, la courtoisie, pensé pour séduire l’élément féminin, contribue à l’adoucissement des mœurs et suit des règles bien précises : –– le service d’amour dicte au chevalier ses exploits qui obéissent à la soumission absolue à sa dame et pas à Dieu ou à son suzerain comme dans les chansons ; –– ce service d’amour a des règles artificielles et charmantes : le chevalier recherche la perfection et la Dame le soumet à toutes sortes d’épreuves ; il doit savoir aimer et souffrir en silence, avec discrétion et patience et, seulement quand il aura satisfait tous les caprices de sa dame, il sera récompensé de sa constance, ennobli et payé de retour, comme dans l’œuvre de Chrétien de Troyes.

La littérature satirique À partir du XIIe siècle, alors que la société aristocratique écoute les chansons de geste ou les romans courtois, les bourgeois sortent de leur condition misérable. Cette transformation sociale va avoir des répercussions dans la littérature. Ce nouveau public, les bourgeois enrichis capables de bien rétribuer les auteurs aiment la satire, la raillerie, le dénigrement, la gaité populaire, le cynisme. Ces thèmes entrent dans les œuvres et vont inspirer toute une partie de la littérature. C’est cet esprit bourgeois, celui du peuple, des bourgs et des villes, qui va produire des œuvres satiriques et irrévérencieuses qui sont comme une revanche des humbles et des faibles contre la société des nobles et des puissants (Le Roman de Renart). Activités 1. Quelles sont les influences littéraires liées à la littérature courtoise ? 2. Quelles sont les règles de la courtoisie ? 3. Pourquoi la littérature satirique se développe-t-elle ?

Dossier 2 Le récit courtois et satirique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Tristan et Iseut (env. 1172) Ses origines Cette légende celtique (matière de Bretagne) a connu une diffusion dans toute l’Europe. Nous n’en avons pas une transcription complète, mais des fragments que Joseph Bédier (professeur et philologue français, 1864-1938) a reconstitués, recomposant Le roman de Tristan et Iseut. Au milieu du XIIe siècle deux auteurs, Thomas d’Angleterre et Béroul, ont écrit chacun un Tristan d’inspiration très différente. Le roman de Béroul s’adresse à un auditoire plus populaire, celui de Thomas plutôt à un public cultivé car il a vécu à la cour d’Aliénor d’Aquitaine. Ce conte d’amour et de mort peint une passion qui contrevient aux lois de l’homme chevaleresque, parce que certaines valeurs courtoises sont présentes dans le poème.

La légende d’un thème Comme Roland, Tristan est, tout au long de sa vie, un brave chevalier au service d’un suzerain, il fait

preuve de courage, il meurt d’une blessure reçue dans un combat, mais sa légende se déroule dans le monde de la cour et l’amour de Tristan est celui d’un chevalier courtois, fidèle à Iseut la Blonde jusqu’à la mort. Le cadre même dans lequel cet amour est vécu répond à la définition du genre courtois : l’amour adultère, la soumission du chevalier à sa dame, mais la fin’amor est un acte de raison, une relation amoureuse dans laquelle on choisit d’aimer l’autre pour ses qualités, alors que Tristan et Iseut n’ont pas choisi de s’aimer, ils sont victimes du philtre, de la fatalité. L’amour courtois doit rester secret. Ce n’est pas le cas de Tristan et Iseut : Tristan doit abandonner la cour, les deux amants sont déchirés entre cet amour interdit, mais impossible à oublier, et leurs engagements envers Marc, suzerain de Tristan et mari d’Iseut. Le thème de Tristan et Iseut a été repris par Wagner en 1859 dans son Tristan et Isolde.

Le prince Tristan est élevé par son oncle, le roi Marc de Cornouaille, qui fait de lui un chevalier parfait. Tristan va chercher en Irlande la princesse Iseut la Blonde, future épouse de son oncle. Sur le bateau du retour, Tristan et Iseut boivent par erreur le philtre d’amour destiné à Iseut et au roi Marc. Ce philtre les unit d’un amour contre lequel la volonté ne peut rien. De retour à la cour du roi Marc, Tristan et Iseut continuent de vivre leur passion. Accusés d’adultère, les amants sont condamnés à être brûlés. Échappés miraculeusement à leurs gardiens, ils se cachent dans la forêt, toujours en fuite, ils acceptent enfin de se séparer. Tristan se rend en Bretagne chez le duc Hoël, accomplit des gestes mémorables et, pour le récompenser, Kaherdin, fils du duc, lui offre la main de sa sœur, Iseut aux Blanches Mains. Tristan ne peut refuser sans offenser son hôte, mais il ne consomme pas son mariage. Iseut aux Blanches Mains cherche à se venger de cet affront. Blessé par une arme empoisonnée, Tristan ne peut être guéri que par Iseut la Blonde. Il envoie Kaherdin la chercher pour la revoir une dernière fois. La réussite de sa démarche sera annoncée en hissant sur le vaisseau une voile blanche, au contraire une voile noire sera un signe d’échec. Iseut aux Blanches Mains aperçoit la voile blanche, mais pour se venger de Tristan elle lui dira qu’elle est noire. Tristan, désespéré, meurt. Iseut, retardée par une tempête, arrive trop tard et meurt de douleur sur le corps de son amant. Tristan et Iseult se rendant en Cornouailles

L'œuvre

• en bateau, dans Roman de Tristan (1450-1500), Chantilly, Musée Condé.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

39


Tristan et Iseut Texte 1

La mort de Tristan Thomas d’Angleterre, TRISTAN ET ISEUT

5

C’est la scène finale : Tristan, blessé, attend la venue d’Iseut la Blonde qui seule peut le sauver. Iseut aux Blanches Mains, jalouse, lui annonce que la voile du navire est noire.

5

10

15

20

25

30

Tristan est triste et épuisé. Souvent il se plaint, souvent il soupire Pour Iseut qu’il désire tant revoir. Ses yeux pleurent, son corps se tord Pour peu il mourrait de désir. Dans cette angoisse, dans ce chagrin, Sa femme Iseut vient près de lui. Ayant conçu une perfide ruse, Elle dit: « Ami, Kaherdin arrive: J’ai vu son vaisseau sur la mer. Je l’ai vu faire voile à grand-peine : Cependant j’ai si bien vu son vaisseau Que pour le sien je l’ai reconnu. Dieu fasse qu’il apporte une nouvelle telle Que votre cœur y trouve réconfort ! » Tristan tressaille à cette nouvelle. Il dit à Iseut : « Belle amie, Savez-vous en vérité que c’est son vaisseau ? Dites-moi donc quelle est la voile ? » Iseut dit ceci: « Je le sais en vérité. Sachez que la voile est toute noire. Ils l’ont montée bien haut Parce que le vent leur fait défaut. » Tristan en a une si grande douleur, Que jamais il n’en eut ni n’en aura de pire, Et se tourne vers le mur, Et dit alors : « Dieu nous sauve Iseut et moi ! Puisque vous ne voulez venir à moi, Il me faut donc mourir pour l’amour de vous. Je ne puis plus retenir ma vie ; Pour vous je meurs, Iseut, belle amie. » « Amie Iseut » a-t-il dit trois fois, À la quatrième il a rendu l’esprit.

COMPRENDRE 1. Vers 1-5 : description de l’agonie de Tristan. Quel est le désir qui le maintient en vie ?

ANALYSER

ÉCRIRE

40

2. Vers 6-23 : la perfide Iseut aux Blanches Mains. En quoi son mensonge a-t-il quand même un détail de vérité ? 3. Vers 24-33 : quelles sont les dernières pensées de Tristan ? 4. La mort de Tristan. Quel est le geste qui l’exclut du monde et qui rend possible un dialogue intime avec Iseut la Blonde, comme si elle se trouvait près de lui ? 5. Tristan trouve-t-il enfin la sérénité que le destin semblait lui refuser ? 6. Qui est responsable de la mort de Tristan ? Relevez la succession des causes. 7. Roland et Tristan : qu’est-ce qui les unit et qu’est-ce qui les diversifie ? 8. Décrivez la scène au premier plan et la scène au fond. 9. Résumez les détails fondamentaux de l’histoire de Tristan et Iseut.

Dossier 2 Le récit courtois et satirique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


COMPÉTENCES LITTÉRAIRES Auteurs pivots p. 358

Chrétien de Troyes (vers 1135-1185) Sa vie Nous ne connaissons presque rien de sa vie, les seules informations sont ce qu’il dit de lui dans ses œuvres. Nous apprenons ainsi son nom, ses œuvres et les dates entre lesquelles il a écrit ses romans. Il est né en Champagne vers 1130, peut-être à Troyes, car on trouve des traces du dialecte champenois dans ses écrits. On le considère comme le fondateur de la littérature arthurienne et comme un des premiers auteurs des romans de chevalerie. Il a été au service de la cour de Champagne, à côté de Marie (fille d’Aliénor) et ensuite aux côtés du comte de Flandre, Philippe d’Alsace. Ces deux mécènes sont des repères importants pour dater certaines œuvres de Chrétien de Troyes entre l’année de mariage de Marie de Champagne et la mort du comte de Flandre. Tout comme sa naissance, l’année de sa mort aussi est inconnue (entre 1180 et 1190).

Le contexte culturel Les idéaux politiques et culturels du milieu pour lequel il compose se retrouvent dans ses romans. Ils sont liés à la légende du roi Arthur, leur cadre est celui du monde celtique (Irlande, Cornouaille, Pays de Galles, Armorique) qui n’a pas été complètement conquis par les Romains ou les invasions germaniques. Les chevaliers de la Table Ronde (Lancelot, Perceval) en sont les héros et des détails féériques et le merveilleux, comme dans la tradition bretonne, peuplent son récit. Tous vivent dans un milieu raffiné, les relations sont dominées par l’amour courtois et la figure de la dame. Enfin dans ses dernières œuvres, l’inspiration mystique et le Saint Graal se mêlent aux aventures romanesques. 1 Ancien dialecte parlé en Île-deFrance à l’origine du français.

Son œuvre Le thème du conflit entre l’amour de la dame et les aventures chevaleresques parcourt toute la

production de Chrétien de Troyes et il l’analyse sous des facettes différentes : –– dans Érec et Énide (v. 1165), le héros conquiert sa femme par ses exploits, mais ensuite il préfère vivre tranquillement et il est accusé de lâcheté. Il reprend sa vie aventureuse et oblige sa femme à le suivre ; –– dans Cligès ou la fausse mort (1176), le chevalier tombe amoureux de Fenice promise à son oncle Alis. Après beaucoup d’aventures et la mort d’Alis, ils rentrent en Grèce et peuvent vivre heureux ; –– dans Lancelot ou le chevalier à la charrette (1179), Lancelot sacrifie son honneur et risque sa vie pour les caprices de sa dame, la reine Guenièvre ; –– dans Le Chevalier au lion (1180), Yvain choisit la vie aventureuse et sa femme le pardonnera seulement quand il vivra tranquillement chez lui ; –– dans Perceval ou le conte du Graal (1181), inachevé peut-être à cause de la mort de Chrétien, le jeune chevalier doit rechercher le Graal et ses aventures se mêlent à celles d’un autre chevalier, Gauvain. Le roman s’arrête au moment où un ermite lui apprend que le Graal contient une hostie qui pourrait sauver le Roi Pêcheur. Chrétien de Troyes se reconnaît par un style personnel, léger et élégant ; il sait peindre la vie matérielle avec des détails comme un documentaire ; les dialogues sont vivants, acérés et fins. Il a observé tous les manèges de l’amour et ses analyses sont toujours d’une extrême précision. Il sait utiliser les enjambements et toutes les possibilités de la versification. Il a contribué de manière importante au triomphe du « francien1 » et on reconnaît en lui le créateur du genre du roman.

• Fête avec musiciens dans une enluminure flamande (première moitié du XIVe siècle).

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

41


Chrétien de Troyes

Perceval ou le conte du Graal (1181)

L'œuvre

Perceval est le premier roman où l’on mentionne le Saint Graal. Les continuateurs de Chrétien de Troyes feront de cet objet énigmatique le vase qui aurait recueilli le sang du Christ lors de son supplice sur la Croix. Texte 1

Au château du Roi Pêcheur Chrétien de Troyes, PERCEVAL OU LE CONTE DU GRAAL

6 Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

1 La cheminée. 2 Mal élevé. 3 Tissu qui recouvre les tables.

42

Perceval, après plusieurs aventures, un soir qu’il cherchait un logis, est reçu par le Roi Pêcheur dans un château où il vit une bouleversante aventure. Pendant qu’il parle avec le roi, il est témoin d’un spectacle étrange : le cortège du Graal. Il apprendra ensuite que le Graal est porté au père du Roi Pêcheur qui se nourrit seulement de l’hostie qui vient du Graal. Si Perceval avait interrogé son hôte, sa question aurait pu guérir le roi blessé et lever la malédiction qui pesait sur ses terres. Perceval vient de subir une épreuve spirituelle et il n’a pas réussi à la surmonter. Le château, qui était animé et plein de faste, est désert quand il le quitte.

Tandis qu’ils parlaient de choses et d’autres, un jeune valet, qui porte une lance blanche qu’il tient par le milieu, sort d’une chambre ; il passe entre le feu1 et ceux qui étaient assis sur le lit. Tout le monde pouvait voir la lance blanche et l’éclat de son fer. Il sortait une goutte de sang à la pointe de la lance et cette goutte vermeille coulait jusqu’à la main du jeune homme. Le jeune Perceval qui vient d’arriver en ces lieux voit ce spectacle surprenant mais il se retient de demander comment cela peut se produire, car il se rappelle la recommandation de celui qui lui a appris la chevalerie : il faut se garder de trop parler. Il a donc peur, s’il pose une question, qu’on le trouve grossier2 et c’est pour cette raison qu’il ne demande rien. Deux autres jeunes gens apparurent à ce moment qui portaient des chandeliers d’or pur, décorés de fines incrustations noires. Ces jeunes gens étaient d’une immense beauté. Sur chaque chandelier brûlaient au moins dix chandelles. Une demoiselle portait un graal à deux mains et s’avançait avec les jeunes gens : elle était belle, gracieuse et élégamment habillée. Quand elle fut entrée dans la pièce avec le graal qu’elle portait, il y eut une si grande lumière que les chandelles semblèrent plus sombres, comme les étoiles ou la lune quand le soleil commence de briller. Une autre demoiselle venait derrière elle : elle portait un plat en argent. Le graal qui était à la tête de la procession était de l’or le plus pur et incrusté de pierres précieuses de toutes sortes parmi les plus riches et les plus rares qui existent sur terre et dans la mer. Les pierres précieuses du graal dépassaient toutes les autres, cela ne fait pas de doute. De la même manière que la lance était passée, ils passèrent devant le jeune homme pour aller d’une chambre à l’autre. Perceval vit passer les jeunes gens mais il n’osa pas demander qui l’on servait dans ce graal, car il pensait toujours à la recommandation du sage seigneur. J’ai bien peur que le mal ne soit déjà fait, car j’ai souvent entendu dire qu’on peut parfois trop se taire, tout comme on peut parfois trop parler. Mais cependant, le jeune homme ne leur pose aucune question, ni pour son bien, ni pour son malheur. Le seigneur donne l’ordre à ses serviteurs d’apporter de l’eau et de sortir les nappes3. Les serviteurs font leur travail et suivent les ordres, comme ils en ont l’habitude. Le seigneur et le jeune homme se lavent les mains avec de l’eau tiède et pendant ce temps deux serviteurs apportent une grande table d’ivoire. [...] Pendant ce temps, le graal traversa encore la salle devant eux – le jeune homme ne demanda pas qui l’on servait avec ce graal. Il s’en gardait à cause

Dossier 2 Le récit courtois et satirique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

5

10

15

20

25

30

35


du seigneur respectable qui lui avait conseillé de ne pas trop parler : ce conseil lui reste en mémoire, il ne cesse d’y penser. Mais il est plus silencieux qu’il ne devrait l’être. À chaque mets que l’on apporte, il voit le graal repasser juste devant lui, sous ses yeux, mais il ne sait pas à qui il sert. Il voudrait bien le savoir et il se dit qu’il demandera, avant de partir du château, à l’un des serviteurs de la cour. Mais il préfère attendre le lendemain matin, quand il quittera son hôte et tout son entourage. Il remet sa question au lendemain et il s’occupe seulement de bien manger et de bien boire. D’ailleurs, il ne regrette rien parce qu’on sert à la table des mets et des vins tous aussi délicieux que plaisants.

40

45

• Chrétien de Troyes, à gauche : Perceval recevant une épée des mains du roi Pescheor ; à droite : Procession du saint Graal, tirée de Conte du Graal (1330), Paris, BnF.

COMPRENDRE 1. Retrouvez dans le texte l’ordre des composants du cortège et leurs actions.

ANALYSER

ÉCRIRE

2. Quelle est la réaction de Perceval ? 3. Quels sont les différents éléments mystérieux qui composent le cortège du Graal et qui font basculer la scène dans le merveilleux ? 4. Est-ce que la scène du cortège a un caractère chrétien ? 5. Selon vous, s’il s’agissait d’une procession chrétienne, aurait-il été possible que la porteuse du Graal soit une jeune fille : Une demoiselle portait un graal à deux mains ? 6. Pourquoi un Graal et non le Graal ? 7. Décrivez le Graal. À quoi est comparée sa lumière ? D’où vient sa beauté ? 8. Quelles sont les réactions des présents à ce cortège ? Est-ce que tout le monde sait ce qu’est le Graal ? 9. Quelle est l’attitude du héros devant le cortège ? Comprend-il qu’il a affaire à une merveille ? 10. Qu’indiquent les informations mises en évidence par la couleur bleue ? 11. Observez les phrases soulignées en rose : pourquoi Perceval n’ose-t-il pas poser de questions au sujet du Graal ou de la lance ? Pourquoi reste-t-il silencieux? 12. Perceval reste muet et il échoue dans cette épreuve à laquelle il était destiné. Imaginez que Perceval retourne au château du Roi Pêcheur et qu’il ose poser, à son hôte, des questions sur le cortège du Graal. a. Vous raconterez brièvement l’arrivée de Perceval au château. b. Vous imaginerez le dialogue entre Perceval et son hôte, en respectant scrupuleusement les contraintes d’écriture du discours direct. c. Vous décrirez la merveille dont sont témoins les personnages de la scène.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

43


Le Roman de Renart (fin du XII siècle) e

Ses origines Ce sont des récits indépendants, 27 branches, qui sont unis par le protagoniste, un goupil (substantif qui indique le renard au Moyen Âge) qui se nomme Renart, et par sa lutte contre le loup Ysengrin. Ces récits ont les origines suivantes : –– origines populaires : ces épisodes semblent remonter à des contes du folklore des provinces, de la Russie et de la Finlande entre autres, qui se transmettaient oralement dans les campagnes ; –– sources littéraires : on connaissait des fables d’auteurs grecs et latins (Phèdre, Ésope) et aussi des textes en français pour les écoles

(les Ysopets) dans lesquels les animaux se comportaient comme des hommes. La transposition du monde animal au monde humain est parfaite : les animaux parlent et agissent exactement comme des hommes, mais parfois les instincts reparaissent et ce mélange humain-animal porte à sourire. Toute une époque apparaît avec ses mœurs et ses conditions sociales sous ces animaux, et la caricature humoristique des hommes est précise. Le succès de ce roman a été tel que le nom propre de l’animal, Renart, a fini par devenir le nom commun : renard, pour désigner l’espèce ; le nom commun goupil est devenu un terme archaïque et a disparu du vocabulaire de la langue française.

Le goupil est le personnage central, qui est vaincu par les plus faibles mais qui triomphe contre les plus forts. Ce triomphe de la ruse et de l’esprit contre la force brutale peut être lu comme une revanche de la bourgeoisie et du peuple contre la noblesse qui les écrase. Nous sommes face à une société animale qui est organisée comme la société féodale. Chaque espèce animale est représentée, chacun a sa famille (avec femme et enfants), son caractère, son histoire, ses habitudes. La paix règne dans cette société où seulement Renart ne respecte pas toujours toutes les règles.

L’œuvre

Texte 1

Renart et Tiécelin LE ROMAN DE RENART

7

1 Un hêtre. 2 Maître Tiécelin. 3 Dépendance d’une ferme.

44

Le Corbeau Tiécelin est sur un arbre et il tient dans son bec un fromage. Arrive Renart qui veut manger le fromage et il pense comment faire pour réussir. Par des paroles flatteuses, Renart réussit à faire chanter le corbeau qui pour montrer sa voix ouvre le bec. Le fromage tombe par terre, Renard le mange : un flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute !

Dans une plaine fleurie que bornaient deux montagnes et qu’une eau limpide arrosait, Renart, un jour, aperçut de la rive opposée un fau1 solitaire planté loin de tout chemin frayé, à la naissance de la montée. Il franchit le ruisseau, gagne l’arbre, fait autour du tronc ses passes ordinaires, puis se vautre délicieusement sur l’herbe fraîche, en soufflant pour se bien refroidir. Tout dans ce lieu le charmait ; tout, je me trompe, car il sentait un premier aiguillon de faim, et rien ne lui donnait l’espoir de l’apaiser. Pendant qu’il hésitait sur ce qu’il avait à faire, damp Tiécelin2, le corbeau, sortait du bois voisin, planait dans la prairie et allait s’abattre dans un plessis3 qui semblait lui promettre bonne aventure. Là se trouvait un millier de fromages qu’on avait exposés, pour les sécher, à un tour de soleil. La gardienne était rentrée pour un moment au logis, et Tiécelin, saisissant l’occasion, s’arrêta sur un des plus beaux et reprit son vol au moment où la vieille reparaissait. « Ah ! mon beau monsieur, c’est pour vous que séchaient mes fromages ! » Disant cela, la vieille jetait pierres et cailloux.

Dossier 2 Le récit courtois et satirique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

5

10


• Renart et Tiécelin le corbeau, miniature extraite d’un manuscrit du Roman de Renart (1310-1315), Paris, BnF.

4 Aujourd’hui le mot est masculin. 5 Qui guette. 6 Extrémité postérieure du corps de l’oiseau, le derrière. 7 Qui ne peut pas bouger.

« Tais-toi, tais-toi, la vieille, » répond Tiécelin ; « quand on demandera qui l’a pris, tu diras : c’est moi, c’est moi ! car la mauvaise garde nourrit le loup. » Tiécelin s’éloigne et s’en vient percher sur le fau qui couvrait damp Renart de son frais ombrage. Réunis par le même arbre, leur situation était loin d’être pareille. Tiécelin savourait ce qu’il aimait le mieux ; Renart, également friand du fromage et de celui qui en était le maître, les regardait sans espoir de les atteindre. Le fromage à demi-séché donnait une entrée facile aux coups de bec : Tiécelin en tire le plus jaune et le plus tendre ; puis il attaque la croûte dont une parcelle lui échappe et va tomber aux pieds de l’arbre. Renart lève la tête et salue Tiécelin qu’il voit fièrement campé, le fromage dressé dans les pattes. « Oui, je ne me trompe pas ; oui, c’est damp Tiécelin. Que le bon Dieu vous protège, compère, vous et l’âme de votre père, le fameux chanteur ! Personne autrefois, dit-on, ne chantait mieux que lui en France. Vous-même, si je m’en souviens, vous faisiez aussi de la musique : ai-je rêvé que vous avez longtemps appris à jouer de l’orgue ? Par ma foi, puisque j’ai le plaisir de vous rencontrer, vous consentirez bien, n’est-ce pas, à me dire une petite ritournelle. » Ces paroles furent pour Tiécelin d’une grande douceur, car il avait la prétention d’être le plus agréable musicien du monde. Il ouvre donc aussitôt la bouche et fait entendre un cri prolongé. « Est-ce bien, cela, damp Renart ? — Oui », dit l’autre, « cela n’est pas mal : mais si vous vouliez, vous monteriez encore plus haut. — Écoutezmoi donc. » Il fait alors un plus grand effort de gosier. « Votre voix est belle », dit Renart, « mais elle serait plus belle encore si vous ne mangiez pas tant de noix. Continuez pourtant, je vous prie. » L’autre, qui veut absolument emporter le prix du chant, s’oublie tellement que, pour mieux filer le son, il ouvre peu à peu les ongles et les doigts qui retenaient le fromage et le laisse tomber justement aux pieds de Renart. Le glouton frémit alors de plaisir ; mais il se contient, dans l’espoir de réunir au fromage le vaniteux chanteur. « Ah ! Dieu, » dit-il en paraissant faire un effort pour se lever, « que de maux le Seigneur m’a envoyés en ce monde ! Voilà que je ne puis changer de place, tant je souffre du genou ; et ce fromage qui vient de tomber m’apporte une odeur infecte et insupportable. Rien de plus dangereux que cette odeur pour les blessures des jambes ; les médecins me l’avaient bien dit, en me recommandant de ne jamais en goûter. Descendez, je vous prie, mon cher Tiécelin, venez m’ôter cette abomination. Je ne vous demanderais pas ce petit service, si je ne m’étais l’autre jour rompu la jambe dans un maudit piège tendu à quelques pas d’ici. Je suis condamné à demeurer à cette place jusqu’à ce qu’une bonne emplâtre4 vienne commencer ma guérison. » Comment se méfier de telles paroles accompagnées de toutes sortes de grimaces douloureuses, Tiécelin d’ailleurs était dans les meilleures dispositions pour celui qui venait enfin de reconnaître l’agrément de sa voix. Il descendit donc de l’arbre ; mais une fois à terre le voisinage de Renart le fit réfléchir. Il avança pas à pas, l’œil au guet5, et en se traînant sur le croupion6. « Mon Dieu ! » disait Renart, « hâtez-vous donc, avancez ; que pouvez-vous craindre de moi, pauvre impotent7 ? » Tiécelin s’approcha davantage, mais Renart, trop impatient, s’élance et le manque, ne retenant en gage que trois ou quatre plumes. « Ah ! traître Renart ! » dit alors Tiécelin, « je devais bien savoir que vous me tromperiez ! J’en suis pour quatre de mes plus beaux tuyaux ; mais c’est là tout ce que vous aurez, méchant et puant larron, que Dieu maudisse ! » Renart, un peu confus, voulut se justifier. C’était une attaque de goutte qui l’avait fait malgré lui sauter. Tiécelin ne l’écouta pas : « Garde le fromage, je te l’abandonne ; quant à ma peau, tu ne l’auras pas. Pleure et gémis mainteLe Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

45


Le Roman de Renart nant à ton aise, je ne viendrai pas à ton secours. — Eh bien va-t-en, braillard de mauvais augure, » dit Renart en reprenant son naturel ; « cela me consolera de n’avoir pu te clore le bec. Par Dieu ! » reprit-il ensuite, « voilà vraiment un excellent fromage ; je n’en ai jamais mangé de meilleur ; c’est juste le remède qu’il me fallait pour le mal de jambes. » Et, le repas achevé, il reprit lestement le chemin des bois. COMPRENDRE 1. Quel est le cadre du récit ?

ANALYSER

ÉCRIRE

2. Quelles sont les circonstances de l’action ? 3. Au premier paragraphe, quel sentiment éprouve Renart dans la plaine fleurie ? Relevez deux mots qui le montrent. 4. Qu’est-ce qui vient déranger Renart ? Relevez l’expression qui le souligne. 5. Quel personnage trouve une solution au problème qui se pose également à Renart ? De quelle façon ? 6. Dans le troisième paragraphe, montrez que la situation de Renart et de Tiécelin est diamétralement opposée. 7. Toujours dans le troisième paragraphe, que veut Renart ? 8. Quel défaut de Tiécelin Renart exploite-t-il pour obtenir ce qu’il désire ? Citez quelques passages du texte qui le prouvent. 9. Comment Renart réagit-il lorsque le corbeau s’aperçoit du mauvais tour qu’il s’apprêtait à lui jouer ? 10. D’où vient le comique de cette histoire ? 11. Par quels moyens le renard obtient-il ce qu’il veut ? 12. La force de la parole et la flatterie sont un art : sur quoi ont-elles un pouvoir ? 13. Dans la forme que vous préférez, en vers ou en prose, racontez la même histoire en gardant les mêmes animaux ; vous pouvez décider aussi de changer la morale de votre fable.

À la loupe... Le Corbeau et le Renard

Le renard, un personnage réussi Le renard est, au même titre que le loup, une grande figure des contes traditionnels, des fables et des histoires populaires, des romans, de la bande dessinée. Il est la métaphore du personnage rusé et il personnifie tous les défauts humains. La Fontaine, un fabuliste du XVIIe siècle, met souvent en scène des animaux auxquels on prête les qualités et les défauts des hommes et il a choisi souvent le renard comme protagoniste de plusieurs de ses fables.

La Fontaine raconte ici une histoire à peu près semblable à celle de Renart et Tiécelin (protagonistes du Roman de Renart) ; il y a la personnification des mêmes animaux et le même parallélisme dans la présentation des personnages.

5

10

Comprendre et réfléchir 1. Que représente le renard dans l’imaginaire des hommes ? 2. Dans la fable de La Fontaine, comment se comporte le renard ? 3. Quel texte avez-vous préféré ? Pourquoi ?

46

15

Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : « Et bonjour, Monsieur le Corbeau, Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » À ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Dossier 2 Le récit courtois et satirique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

70


Le Moyen Âge

Dossier 3

La poésie didactique et lyrique

Médiathèque Thibaut de Champagne • « Je suis pareil à la licorne »

La poésie didactique La poésie d’amour n’est pas majoritaire au Moyen Âge. Il y a un autre versant de la littérature, la poésie didactique, où les œuvres morales qui la constituent se définissent par opposition à la chanson d’amour des troubadours. La poésie didactique, constituée d’un vaste ensemble de textes et de structures, est une poésie moralisante, allégorique et d’habitude pessimiste. Politique, amour, religion et morale constituent les quatre grands complexes thématiques de cette poésie qui a le désir d’instruire et qui vise à enseigner quelque chose. L’abstrait et le concret sont souvent mêlés, les formes sont extrêmement diverses, mais dans toutes triomphe l’allégorie, un développement logique du symbole, souvent définie comme un décalage entre ce qui est dit et ce qui est signifié. L’allégorie devient un mode d’expression privilégié au XIIIe siècle parce qu’elle est en accord avec les tendances de l’art de l’époque qui passe à un code stabilisé pour comprendre les signes symboliques. L’apprentissage des deux champs sémantiques (mots et symboles) permet de décoder le texte. On part en général d’un songe ou d’une vision et des thèmes de la tradition (voyage, quête, conflit, mariage), où le dieu Amour joue un rôle de premier plan. L’espace est une figuration des obstacles que rencontre le désir et les personnifications sont un inventaire de l’univers moral et amoureux. L’allégorie est donc un art composite, un miroir, un exemple qui exprime le mieux la mentalité des hommes de cette période. Le trait le plus évident de l’allégorie est la personnification. Le chef-d’œuvre du genre est Le Roman de la Rose.

Le lyrisme courtois La poésie lyrique chante des sentiments personnels et s’en inspire. À l’origine, elle était destinée à être chantée par des jongleurs et des ménestrels, à la fois musiciens et poètes, qui s’accompagnaient de la lyre. Elle présente une grande variété de formes qui sont fixes et que le poète/musicien doit connaître. Au milieu du XIIe siècle, elle est d’inspiration cour-

toise et aristocratique et elle est l’œuvre de trouvères ou de grands seigneurs lettrés comme Charles d’Orléans. Elle a souvent la forme de la chanson de toile ou d’histoire et le nom dérive de l’occupation des femmes qui filaient la toile pendant qu’elles chantaient. Ce type de chanson est typique de la littérature du nord de la France, très différente de la littérature du sud, celle des troubadours. Elle emprunte aussi un répertoire riche et varié à la littérature méridionale.

Le lyrisme des troubadours La poésie des troubadours (Bernard de Ventadour, Jaufré Rudel, Bertran de Born) se développe dans le Midi de la France à partir de la fin du XIe siècle. Cette poésie a instauré une nouvelle conception de l’amour qui s’est mêlée aux valeurs féodales de la chevalerie. La fin’amor reprend les structures de la société féodale, mais c’est la dame (domina en latin) qui occupe la position du seigneur. Les textes des troubadours chantent le printemps, l’amour heureux, l’amour lointain. L’amour est souvent un amour adultère et c’est le motif pour lequel la femme n’est jamais nommée directement, mais elle apparaît dans le texte avec un senhal (nom d’emprunt ou allusion).

Le lyrisme bourgeois Au XIIIe siècle, une évolution se vérifie avec l’introduction d’une verve satirique et réaliste qui s’unit au lyrisme et l’opposition entre l’esprit aristocratique et bourgeois s’affirme. Parmi les poètes de cette période, on cite l’œuvre très variée de Rutebeuf (v. 1280). Au XIVe et au XVe siècles, le statut du poète change : c’est un professionnel qui vit de son art. La poésie est encore l’expression de la vie courtoise mais elle devient aussi un ornement et un accessoire luxueux. On élabore une sagesse nouvelle et le lyrisme devient l’aveu d’une conscience. Les formes poétiques continuent d’évoluer et une mise au point formelle se dessine avec Guillaume de Machaut (1300-1377). Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

47


La poésie didactique et lyrique Il fixe les règles précises que les poètes doivent suivre et auxquelles les textes doivent se soumettre. On distingue entre autre : –– le rondeau : poème de 13 vers avec un refrain qui est une reprise des premiers vers à la fin de chaque strophe ; les vers ont 8 ou 10 syllabes et ils sont construits sur 2 rimes ; –– le lai : poème de 12 strophes sur 2 rimes ; la longueur peut varier ; –– le virelai : poème composé sur 2 rimes ; la première strophe devient le refrain qui est repris après chaque strophe ; –– la ballade : poème de 3 ou 5 strophes souvent de 10 vers, construites sur le même rythme et la même rime, et d’un envoi qui conclut le poème et qui a un nombre de vers qui est la moitié de celui de chaque strophe. Le dernier vers se répète comme un refrain.

Activités 1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. La poésie didactique a comme thème l’amour. 2. L’allégorie exprime la mentalité de l’époque. 3. La poésie des troubadours a instauré la fin’amor. 4. Au XVe siècle, la poésie devient une profession. 5. Pour les troubadours, l’amour est idéalisé. 2. Relevez les différences entre le lyrisme courtois et le lyrisme des troubadours. 3. Quelles sont les caractéristiques du lyrisme courtois ? 4. Qu’est-ce que la fin’amor ? 5. Quel est le conflit toujours présent dans l’amour courtois ? 6. Que se passe-t-il aux XIVe et XVe siècles ? 7. Qu’est-ce que Guillaume de Machaut a apporté à la poésie ?

Guillaume de Lorris (1200?-1238?) Sa vie et son œuvre Nous n’avons que très peu d’informations sur Guillaume de Lorris. C’est un trouvère célèbre qui serait né vers 1200 peut-être à Lorris, village à cinquante kilomètres d’Orléans. On a essayé de l’identifier avec Guillelmus de Lorriaco, un ingénieur qui est mentionné dans le testament du

L’œuvre

comte de Poitiers, mais rien n’est sûr. Il devait être noble et avoir trente ans vers 1230 au moment où il a commencé à composer Le Roman de la Rose. Il a écrit environ 4000 vers et n’a pas complété son œuvre, peut-être à cause de sa mort prématurée vers 1238. Son roman a été continué par Jean de Meung une quarantaine d’années après.

Le Roman de la Rose (XIII siècle) e

Le Roman de la Rose est un poème allégorique, composé par deux auteurs différents à deux moments différents : Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Guillaume de Lorris, à l’âge de 20 ans, raconte qu’il a fait un rêve. Les allégories vont lui permettre d’exprimer, d’une façon plus générale ou détaillée, tous les sentiments, toutes les qualités et toutes les manières d’être. Guillaume de Lorris ne finit pas son histoire et son rêve, mais, dans ses environ 4000 vers, il nous montre une réelle connaissance du cœur humain. Le roman est repris là où il avait été interrompu par Jean de Meung, qui y rajoute 17 722 vers. Les deux parties se diversifient : –– par la langue : raffinée chez Guillaume de Lorris, énergique et savoureuse chez Jean de Meung ; –– par l’intérêt psychologique de la première, la valeur encyclopédique et intellectuelle de la seconde. La première partie est un code de l’amour courtois, pleine de délicatesse, de raffinement et de poésie. La seconde devient une suite de dissertations sur tout ce qui 48

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


peut intéresser les esprits cultivés : de l’origine de la royauté à la vraie noblesse, au mariage, à la richesse, à la liberté, à la création, aux rapports entre les hommes et les animaux, à la place de l’homme dans le monde. L’auteur a un véritable culte de la Nature et c’est en son nom qu’il critique le célibat des prêtres et des moines et qu’il nous donne une vision de l’amour bien différente de celle de l’amour courtois. L’amour est indispensable pour le maintien de l’espèce et la procréation, la femme n’est donc plus une idole mais il expose les défauts des femmes, leurs pièges et les moyens de les déjouer. Le Roman de la Rose est une œuvre maîtresse du Moyen Âge ; il est riche et ample et son influence considérable a marqué la littérature. Il résume tous les thèmes de la courtoisie et de la philosophie des XIIe et XIIIe siècles et il a été traduit en italien, en anglais et en flamand. Au XVIe siècle, il a été modernisé par Clément Marot et lu par Ronsard, qui le considérait comme le monument le plus remarquable de la littérature ancienne. Le chemin que doit faire l’Amant préfigure la « Carte du Tendre » et les subtilités de la psychologie amoureuse et de la galanterie des romans précieux du XVIIe siècle.

L'histoire Un matin, au mois de mai, Amant est allé se promener dans la campagne et il est arrivé à un verger qui était entouré d’un mur orné de statues très laides qui représentaient Envie, Avarice, Vieillesse. Un jeune homme, Oisiveté, lui a ouvert la porte et l’a conduit dans un pré où dansent Plaisir, le dieu Amour, Beauté, Richesse. Amant admire surtout un buisson de roses, et une fleur (la

Texte 1

jeune fille aimée) lui semble si belle et si fraîche qu’il ne peut détacher ses yeux d’elle. Amour le frappe de ses flèches et lui expose, en 800 vers, tout un art d’aimer sur le modèle d’Ovide. L’Amant se désole mais Raison arrive et lui donne des conseils pour se débarrasser des problèmes et des soucis que procure Amour. Elle ne réussit pas à convaincre Amant,

alors Ami arrive et le console. Amour assiège la tour où la Rose est prisonnière avec Noblesse de cœur, Franchise, Largesse, Courtoisie, Abstinence, Contrainte et Faux-Semblant. C’est après l’intervention de Nature, qui les harangue, qu’ils sont victorieux et, après l’intercession de Courtoisie, Amant peut finalement arriver à Rose.

Coup de foudre Guillaume de Lorris, LE ROMAN DE LA ROSE

8

La fontaine de Narcisse contient la clé de l’œuvre. Le narrateur rêve qu’il se promène un beau jour de mai et qu’il réussit à pénétrer dans un jardin habité par de charmantes allégories. À la fin de son exploration, il arrive à une fontaine où une inscription gravée dans la pierre rappelle que Narcisse est mort ici. Le dieu Amour le guette mais, après une hésitation compréhensible, il ne peut s’empêcher de regarder dans l’eau transparente de la fontaine.

5

1 Dangereux. 2 Admira, le miroir reflète tout ce qui se passe dans le jardin, c’est donc à travers ce miroir que le narrateur voit pour la première fois la Rose. 3 Courageux.

10

C’est le miroir périlleux1 Où Narcisse l’orgueilleux Mira2 son visage et ses yeux, Ce qui causa sa mort. Qui se mire en ce miroir Ne peut avoir garant ni médecin Qui l’empêche de voir de ses yeux quelque chose Qui l’engage aussitôt sur le chemin de l’amour. Ce miroir a mis plus d’un homme De grande vaillance en difficulté, car les plus sages, Les plus preux3, les plus courtois Y sont bien tôt pris et prisonniers. Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

49


Le Roman de la Rose

15

20

25

30

35

4 Lacets. 5 Demoiselles et jeunes hommes, damoiseaux était le masculin de damoiselles. 6 Il ne s’agit pas de textes romanesques, mais de textes écrits en langue romane, par opposition aux ouvrages latins. Ici l’auteur proclame la supériorité de sa version. 7 Raconter. 8 Mauvaise.

40

45

C’est ici que les gens tombent en proie à une rage nouvelle, C’est ici que leurs cœurs changent, Ici il n’y a raison, sens ni mesure, Ici il règne seule la volonté d’aimer, Ici personne ne sait se raisonner ; Car Cupidon, le fils de Vénus, A semé ici la graine d’Amour, Qui a teinte toute la fontaine, Et a posé ses lacs4 tout autour, Et ses pièges pour prendre Damoiselles et damoiseaux5, Car Amour ne veut pas d’autres oiseaux. À cause de la graine qui y fut semée On appela cette fontaine À juste titre la Fontaine d’Amour, Dont plusieurs ont à leur tour Parlé dans leurs livres, en romans6. Mais jamais vous n’entendrez mieux décrire La vérité de la question Que je ne veux vous la relater7 Là-dessus je me mis à regarder La fontaine et à la contempler, Ainsi que les inscriptions qui m’expliquaient Cent mille choses qui y apparaissaient. Mais c’est à la male8 heure que je m’y suis miré Hélas ! j’en ai tant soupiré par la suite ! Ce miroir m’a trompé : Si j’avais connu d’avance Quelles en étaient la force et la vertu, Jamais je ne m’en serais approché, Car immédiatement je tombai dans les lacs Qui ont pris et trahi plus d’un homme. Au miroir, entre mille autres choses, Je vis des rosiers chargés de roses, Qui étaient dans un massif Enclos de haies tout à l’entour ; [...] • Les amants à la fontaine de Narcisse, miniature extraite d’un manuscrit du Roman de la Rose (v. 1405), New York, The Pierpont Morgan Library & Museum.

COMPRENDRE 1. Quel danger se cache dans cette fontaine ?

ANALYSER

ÉCRIRE

50

2. 3. 4. 5.

Qui ont été ses victimes ? Pourquoi ? Expliquez l’expression « miroir périlleux » (vers 1). Quelle idée de l’amour apparaît dans ce passage ? Est-il possible d’y échapper ? Mais c’est à la male heure que je m’y suis miré / Hélas ! j’en ai tant soupiré par la suite ! / Ce miroir m’a trompé : quelles informations ces vers contiennent-ils concernant la suite du roman ? 6. Retrouvez dans le texte les allégories et les personnifications. Quelle réaction produit la beauté de la Dame-Rose sur l’auteur ? 7. Quelle impression produit sur vous l’usage de la métaphore dans ce roman d’amour ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous attire ? Rappelez-vous que Le Roman de la Rose a été en quelque sorte un best-seller qui a séduit des générations de lecteurs jusqu’au début du XVIe siècle.

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Bernard de Ventadour (v. 1125-v. 1200) Sa vie et son œuvre Bernard de Ventadour est né à Ventadour (Corrèze) et mort dans l’Abbaye de Dalon (Dordogne) dans le sud-ouest de la France, en Occitanie, mais sa date de naissance et de mort ne sont pas sûres. Il serait le fils d’un homme d’armes et d’une boulangère ou peut-être le bâtard d’un grand seigneur. Après quelques pérégrinations, il a été accueilli à la cour d’Aliénor d’Aquitaine dont il

tombe amoureux. Il l’aurait suivie en Angleterre après son second mariage avec Henri Plantagenêt et serait rentré en France seul. On le retrouve à Toulouse au service du comte Raymond V, puis à Narbonne. En 1194, après la mort du comte, il va finir sa vie dans l’Abbaye de Dalon. Il nous a laissé une œuvre riche de sentiments personnels, il est l’un des meilleurs musiciens de son époque et un des plus célèbres troubadours français en langue d’oc.

Le Chansonnier (XII siècle)

L’œuvre

e

Bernard de Ventadour laisse quarante-cinq chansons : de courts poèmes amoureux, traditionnellement divisés en trois cycles qui célèbrent trois dames différentes et expriment la puissance de ses sentiments. Il utilise des mots à la fois simples et délicats qui développent la thématique de la fin’amor propre à la poésie courtoise. Il a composé également sa propre musique, dont vingt airs sont conservés dans des manuscrits. Ces « chants » de cour ont été diffusés à leur époque dans toute l’Europe médiévale et même au delà.

Texte 1

« Quand vois l’alouette mouvoir » Bernard de Ventadour, LE CHANSONNIER

9

Ce poème est une plainte amoureuse, une élégie où l’amour est montré comme une illusion. Le poète dénonce l’insensibilité des femmes et décide de renoncer même à écrire.

5

10

15

Quand vois l’alouette mouvoir De joie ses ailes face au soleil, Que s’oublie et se laisse choir Par la douceur qu’au cœur lui va, Las ! si grand envie me vient De tous ceux dont je vois la joie, Et c’est merveille qu’à l’instant Le cœur de désir ne me fonde. Hélas ! tant en croyais savoir En amour, et si peu en sais. Car j’aime sans y rien pouvoir Celle dont jamais rien n’aurai. Elle a tout mon cœur, et m’a tout, Et moi-même, et le monde entier, Et ces vols ne m’ont rien laissé Que désir et cœur assoiffé.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

51


Bernard de Ventadour

20

25

30

35

40

45

50

Or ne sais plus me gouverner Et ne puis plus m’appartenir Car ne me laisse en ses yeux voir En ce miroir qui tant me plaît. Miroir, pour m’être miré en toi, Suis mort à force de soupirs, Et perdu comme perdu s’est Le beau Narcisse en la fontaine. Des dames, je me désespère ; Jamais plus ne m’y fierai, Autant d’elles j’avais d’estime Autant je les mépriserai. Pas une ne vient me secourir Près de celle qui me détruit, Car bien sais que sont toutes ainsi. Avec moi elle agit en femme Ma dame, c’est ce que lui reproche, Ne veut ce que vouloir devrait Et ce qu’on lui défend, le fait. Tombé suis en male merci Car ai fait le fou sur le pont Et si cela m’est advenu C’est qu’ai voulu monter trop haut... Et puisqu’auprès d’elle ne valent Prière, merci ni droit que j’ai, Puisque ne lui vient à plaisir Que l’aime, plus ne lui dirai ; Aussi je pars d’elle et d’amour ; Ma mort elle veut, et je meurs, Et m’en vais car ne me retient, Dolent, en exil, ne sais où. Tristan, plus rien n’aurez de moi, Je m’en vais, dolent, ne sais où ; De chanter cesse et me retire, De joie et d’amour me dérobe.

• L’amour frappe avec ses flèches le cœur de l’amant, peint sur un coffret en bois fabriqué en Allemagne (v. 1405).

COMPRENDRE 1. Quel est le grand thème de ce texte ?

ANALYSER

ÉCRIRE

52

2. 3. 4. 5. 6.

À quoi renvoie l’image de l’alouette dans la première strophe ? Dans la troisième strophe, qu’aime faire le poète ? Expliquez pourquoi ce poème est aussi une plainte amoureuse. Est-ce qu’on connaît l’anecdote qui est à l’origine de cet amour malheureux ? Relevez l’enchaînement des métaphores. a. À quoi le poète, compare-t-il son cœur dans les deux premières strophes ? b. À quoi sont comparés les yeux de la femme ? c. Dans la troisième strophe, à quoi le poète se compare-t-il ? 7. Relevez les termes du champ lexical de la souffrance du poète. 8. Que retrouvez-vous de l’univers de la cour, de l’univers féodal chez Bernard de Ventadour ? 9. Repérez les thèmes ou les motifs courtois dans cette chanson et écrivez un texte en vous appuyant sur le poème.

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Christine de Pisan (1363/4 ?-1430) Sa vie Elle est née à Venise et morte au monastère de Poissy. Elle est la première femme écrivain qui a pu vivre de son travail. Son érudition lui donne une place à part et la distingue des écrivains de son époque. La famille va vivre à Paris, car son père, médecin fameux, y est appelé par le roi Charles V. Elle apprend la musique et le latin pour pouvoir lire des ouvrages de philosophie, d’histoire, de poésie ou de religion. Elle est bilingue, connaît le français et l’italien mais n’écrit qu’en français. Quand elle a quinze ans, son père lui choisit un mari, Étienne de Castel, savant et vertueux, âgé de vingt-trois ans. Le mariage est très heureux et trois enfants naissent, mais malheureusement son père et son mari meurent et laissent la famille dans le besoin ; de plus, Christine décide de ne pas se remarier, choisit la pro-

fession d’homme de lettres et, au Moyen Âge, cette prise de position est vue avec méfiance. Elle doit organiser sa fortune, essaie de constituer des revenus suffisants pour maintenir son rang et cette période difficile dure 14 ans, comme elle l’écrit elle-même.

La première femme écrivain Elle reprend ses études et complète son éducation, elle s’intéresse à l’histoire, à la poésie savante et commence à composer des pièces lyriques qui lui procurent des commandes et la protection de grands seigneurs lettrés. Elle prend de l’assurance et s’engage dans la défense de l’image de la femme dans la littérature. Elle sait conserver les relations qu’elle a à la cour et cela lui permet d’avoir une place dans le monde des hommes cultivés de son temps. Elle devient un écrivain renommé en France et aussi à l’étranger.

Rondeaux (1390-1400)

L’œuvre

Christine de Pisan a laissé une œuvre poétique abondante et variée, plus de 300 ballades et 69 rondeaux ainsi que des lais, des virelais et des complaintes. Texte 1

« Je ne sais comment je dure » Christine de Pisan, RONDEAUX

10

Ce texte a été écrit entre 1390 et 1400. C’est un court poème, qui a été édité dans un recueil intitulé Rondeaux, première indication sur sa forme1.

Je ne sais comment je dure, Car mon dolent cœur fond d’ire2 Et plaindre n’ose, ni dire Ma doleureuse3 aventure, 5

1 À l’origine, c’est une forme musicale, vocale et une danse en rond (une ronde), voir p. 48. 2 Chagrin, douleur, colère. 3 Du latin dolor. 4 Par dissimulation. 5 Ce que.

10

Ma dolente vie obscure. Rien, hors la mort ne désire ; Je ne sais comment je dure. Et me faut, par couverture4, Chanter que5 mon cœur soupire Et faire semblant de rire ; Mais Dieu sait ce que j’endure. Je ne sais comment je dure.

COMPRENDRE 1. Quel est le thème principal de ce rondeau ? 2. Est-ce que Christine de Pisan précise la cause de cette douleur ? Est-ce qu’on peut la deviner ? 3. Cette souffrance durable a-t-elle une issue possible ? 4. Dans le troisième quatrain, qu’est-ce qui rend encore plus tragique la situation de la poétesse ?

ANALYSER 5. Relevez le champ lexical de la douleur. 6. Qu’est-ce qui rend si musical ce poème ? 7. Du point de vue lexical et stylistique, que remarquez-vous ?

ÉCRIRE 8. Pourquoi doit-elle dissimuler sa peine ? Donnez des motivations et faites des suppositions en écrivant un court texte.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

53


Rutebeuf (deuxième moitié du XIII siècle) e

Sa vie et son œuvre On ne sait pratiquement rien de sa vie, même pas son nom, qui viendrait de son surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux) qu’il utilise dans son œuvre pour parler de lui. C’était probablement un jongleur, avec une formation de clerc, car il connaissait le latin et son origine était champenoise (il parle de guerres à Troyes dans ses écrits), mais c’est à Paris qu’il a vécu.

Son œuvre est très variée et elle résume toutes les tendances de son époque et de son milieu (la piété, son enthousiasme pour les croisades) qu’il a exprimées avec réalisme et ironie. Son œuvre ne comporte aucune chanson d’amour selon l’idéologie courtoise, mais raconte ses problèmes personnels et ses mésaventures. Il y a un grand souci du rythme et la forme est très soignée, parfois aussi un peu artificielle.

La Complainte Rutebeuf (1261-1262?)

L’œuvre

Ce poème évoque plusieurs thèmes éternels : les malheurs d’un poète, sa solitude, la fragilité de l’amitié, la pauvreté et la misère de l’artiste. L’emploi de la première personne, tout au long du texte, marque bien une œuvre lyrique où le poète se confie et évoque ses sentiments. Léo Ferré a chanté et mis en musique une version de La Complainte. Texte 1

« Que sont mes amis devenus » Rutebeuf, LA COMPLAINTE RUTEBEUF

11

C’est sans doute son texte le plus célèbre. Le poète y raconte son mariage malheureux et passe en revue tous les problèmes qui l’accablent, en déplorant la perte de ses amis. Rutebeuf ne regrette pas l’amitié en tant que sentiment qui aide à vivre, mais comme soutien financier des amis, c’est-à-dire de ses protecteurs.

5

10

15

20

54

Les maux ne savent pas venir seuls ; Tout ce qui devait m’advenir, Est maintenant du passé. Que sont mes amis devenus Que j’avais tant cultivés, Et tant aimés ? Je crois qu’ils se sont éparpillés ; Ils n’avaient pas été bien attachés, Et ainsi ils ont failli. De tels amis m’ont mis en mauvaise situation, Car jamais, aussi longtemps que Dieu me mit à l’épreuve De bien des manières, Je n’en vis un seul à mes côtés. Je crois que le vent les a emportés. L’amitié est morte : Ce sont amis que le vent emporte. Et il ventait devant ma porte, Ainsi le vent les emporta, Car jamais aucun ne me réconforta Ni ne m’apporta rien de ce qui lui appartenait. Ceci m’apprend

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


25

30

35

40

45

50

55

1 Détenteur de l’office des vidanges à Paris, son nom est passé en proverbe pour dire : je le jette aux égouts.

Que celui qui a des biens, doit les prendre pour lui ; Mais celui-ci se repent trop tard Qui a trop dépensé Pour se faire des amis, Car il ne les trouve pas sincères, même à moitié Pour lui venir en aide. Je cesserai donc de courir la fortune, Et je m’appliquerai à me tirer d’affaire Si je le peux. Il me faut aller trouver mes bons seigneurs Qui sont courtois et débonnaires Et qui m’ont fait vivre. Mes autres amis sont tous des pourris : Je les envoie à maître Orri1 Et je les lui laisse. On doit bien y renoncer Et laisser telles gens à l’abandon, Sans les réclamer, Car il n’y a en eux rien à aimer Que l’on doive juger digne d’amour. Or je prie Celui Qui fit trois parties de lui-même, Qui ne sait refuser personne Qui se réclame de lui, Qui l’adore et le clame son seigneur, Et qui soumet à la tentation ceux qu’il aime, Car il m’y a soumis, Qu’il me donne bonne santé, Pour que je fasse sa volonté, De bon cœur sans m’esquiver. À monseigneur qui est fils de roi J’envoie ma complainte et mon dit, Car j’en ai bien besoin, Car il m’est venu en aide très volontiers : C’est le bon comte de Poitiers Et de Toulouse ; Il saura bien ce que désire Celui qui se lamente ainsi.

• Musicien, miniature tirée du Graduel de Saint-Étienne de Toulouse, France, (fin XIe-début XIIe siècle), Londres, British Library.

COMPRENDRE 1. À quelle personne est écrit le poème ? Pourquoi ?

ANALYSER ÉCRIRE

2. Que chante le poète ? 3. À partir de l’idée de la maladie est introduit le thème des amis infidèles. Quelle est la conclusion amère du poète sur l’amitié ? À quelle métaphore fait-il appel ? 4. Après une humble prière de soumission à Dieu, comment justifiez-vous la demande d’argent et de protection, ce double recours à Dieu et au comte de Poitiers et de Toulouse, personnage influent à la cour de Louis IX ? 5. Pourquoi Rutebeuf ne dit-il pas clairement ce qu’il désire ? 6. Est-ce qu’il s’agit d’amitié au sens moderne du terme ? Quelle est la préoccupation du poète ? 7. Étudiez la structure poétique du texte : l’alternance de vers longs et courts donne à la strophe une cadence, comme si ce vers constituait un refrain. En quoi est-elle bien adaptée à une mise en musique ? 8. Et pour vous, qu’est-ce que l’amitié ? Partagez-vous l’amertume de Rutebeuf ? Écrivez et motivez votre réponse.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

55


Charles d’Orléans (1394-1465) Sa vie Il est né à Paris le 26 mai 1394 et mort à Amboise le 4 janvier 1465. C’était un prince important et nous avons beaucoup d’informations sur sa vie. Son père, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI et chef des Armagnac, a été assassiné en 1407, et il est devenu un des chefs de ce groupe. Le désir de venger cette mort va l’accompagner pendant de nombreuses années. Pendant la guerre de Cent ans, à la bataille d’Azincourt, il est fait prisonnier et emmené en Angleterre. Son emprisonnement va durer vingt-cinq ans ; il sera surveillé constamment, déplacé d’un château à un autre, sans aucune nouvelle de la France. Il a continué d’espérer dans sa libération et il en est arrivé même à reconnaître les droits du roi d’Angleterre sur la couronne de France pour l’obtenir. Finalement, en 1440, Philippe le Bon paiera une rançon de 200 000 écus d’or (une véritable fortune) et il sera libéré. Il va se retirer dans ses châteaux de Blois et de Tours dans la vallée de la Loire pour y finir sa vie, en mécène, au milieu d’une cour littéraire en composant des ballades, des chansons et des rondeaux et en protégeant des artistes.

À sa cour de Blois, il a organisé des concours poétiques et on retrouve dans les manuscrits et les éditions, les textes écrits par les auteurs de l’époque qui y ont participé.

Son œuvre On peut distinguer deux parties dans ses poésies : un premier groupe constitué par les textes qu’il a écrits pendant ses 25 années de captivité et un autre qu’il a composé après son retour en France. Dans les textes écrits en Angleterre, l’allégorie mise à la mode par Guillaume de Lorris est la toile de fond, l’amour occupe une grande place et Beauté, à qui le poète s’adresse, n’est pas une femme particulière mais peut être aussi la France. Il y parle aussi de son mal du pays et du désir de la paix qu’il veut maintenir. On y retrouve un grand naturel, une aisance infinie, une clarté et une élégance extrêmes accompagnées d’une fraîcheur et d’une délicatesse remarquables. Dans ses autres textes, composés après 1140, il parle de sujets variés, souvent amoureux. Avec l’âge il a découvert la sagesse et sa poésie devient sincère, douce et mélancolique.

Rondeaux (XV siècle)

L’œuvre

e

Les 344 rondeaux, écrits pour la plupart dans le milieu littéraire raffiné de la cour de Blois, à son retour de captivité, témoignent la distance qu’il prend par rapport à la poésie courtoise. Dans son œuvre, il ne reste que des traces discrètes des événements qu’il a vécus.

Texte 1

« En regardant vers le pays de France » Charles d’Orléans, RONDEAUX

12

1 J’avais l’habitude. 2 Ainsi. 3 Quoique.

56

L’événement qui bouleverse la vie de Charles d’Orléans est sa capture par les Anglais après la bataille d’Azincourt et son emprisonnement en Angleterre pendant 25 ans. De ce long exil est né ce poème, un des plus célèbres du Moyen Âge et un des tous premiers à exprimer le regret de la patrie.

5

En regardant vers le pays de France, Un jour m’advint, à Douvres sur la mer, Qu’il me souvint de la douce plaisance Que je soulais1 au dit pays trouver ; Si2 commençai de cœur à soupirer, Combien certes que3 grand bien me faisait De voir France que mon cœur aimer doit.

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


10

15

4 Une erreur. 5 Pour réconfort. 6 Sans perdre de temps. 7 Que Dieu donc nous donne. 8 Alors. 9 Empêché. 10 À tort ou à raison.

20

25

Je m’avisai que c’était non savance4 De tels soupirs dedans mon cœur garder, Vu que je vois que la voie commence De bonne paix, qui tous biens peut donner ; Pour ce, tournai en confort5 mon penser. Mais non pourtant mon cœur ne se lassait De voir France que mon cœur aimer doit. Alors chargeai en la nef d’Espérance Tous mes souhaits, en leur priant d’aller Outre la mer, sans faire demourance6, Et à France de me recommander. Or nous doint Dieu7 bonne paix sans tarder ! Adonc8 aurai loisir, mais qu’ainsi soit, De voir France que mon cœur aimer doit. Paix est trésor qu’on ne peut trop louer. Je hais guerre, point ne la doit priser ; Destourbé9 m’a longtemps, soit tort ou droit10 De voir France que mon cœur aimer doit.

• Le duc d’Orléans, emprisonné dans la Tour de Londres, est en train d’écrire ses poèmes et il regarde par la fenêtre, miniature tirée d’un recueil manuscrit des œuvres du duc d’Orléans (XVe siècle), Londres, British Library.

COMPRENDRE 1. Quel sentiment éprouve le poète en regardant la France ? De quoi naît sa nostalgie ?

ANALYSER

ÉCRIRE ET RÉFLÉCHIR

2. Dégagez l’idée essentielle de chaque strophe et de l’envoi. Que souhaite Charles d’Orléans ? Que représente la paix si désirée ? 3. En quoi le refrain que mon cœur aimer doit souligne le thème patriotique de la ballade ? 4. On perçoit dans la poésie la tristesse de l’exilé et son patriotisme. Charles d’Orléans se donne du courage et semble reprendre espoir. Son patriotisme est-il revanchard ? Est-ce qu’on peut aimer son pays et vouloir la paix ? 5. Observez la forme de ce texte. a. Type de vers et de strophe, organisation des rimes. b. Disposition des vers. 6. De quelle forme poétique s’agit-il ? 7. Charles d‘Orléans ne peut que détester la guerre qui l’a privé de son pays et de sa liberté. La souffrance de l’exilé est toujours de brûlante actualité. La frontière entre la paix et la guerre est aujourd’hui, une fois de plus, très fragile et les États nationaux sont encore les acteurs clés de l’histoire. Exprimez votre réflexion sur la situation actuelle de la pensée et de l’action pour la paix.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

57


À la loupe... L’amour courtois et la poésie italienne

Le modèle courtois italien La poésie italienne en langue vulgaire naît comme poésie d’amour, et le modèle auquel elle s’inspire est celui de l’amour courtois qui subit les premières modifications à la cour de Frédéric II et surtout après dans le milieu des communes. Le changement est évident surtout dans le rituel de l’amour courtois : dans la poésie française, il était modelé sur l’hommage féodal et sur le rapport du service et de l’attente de la récompense relative, qui n’excluait pas le désir du corps de la femme pour l’amant ; dans la poésie des siciliens, le physique et le corps disparaissent, le centre de l’attention est le cœur, la femme devient un objet de contemplation mentale ou un rêve de bonheur.

Guido Cavalcanti ajoute l’amour passion et la personnification des sens, mais le véritable innovateur est Dante, qui porte à l’extrême le processus de spiritualisation religieuse de la femme, pour laquelle le poète a une véritable adoration. Elle est décrite à travers sa beauté, elle devient un idéal, comme si elle était de nature divine ; c’est la femmeange qui devient une messagère du monde divin et, de cette image, naît le thème du salut.

La femme-ange Ce n’est pas un hasard si Guido Guinizzelli, dans sa chanson Al cor gentile rempaira sempre Amore, a jeté les bases de cette nouvelle poésie pour laquelle la valeur d’un individu vient de sa noblesse de cœur et c’est lui qui, le premier, a associé l’image de la femme aimée à celle d’un ange. Chez Guinizzelli aussi, la femme n’est plus un objet de désir et devient femme-ange ; sa fonction est de médiation entre Dieu et les créatures humaines. Cet amour transcende la dimension terrestre pour une dimension purement spirituelle. La femme disparaît comme corps, on ne décrit plus sa beauté, mais on réfléchit sur les effets psychologiques et moraux qu’elle provoque chez les autres. Courtiser une femme n’a plus aucune raison d’être et est remplacé par un nouveau rituel, celui de la louange et de l’hommage.

58

• L’amour courtois, enluminure du Codex de Heidelberg (XIVe siècle).

Comprendre et réfléchir 1. De quoi naît la poésie en vulgaire italienne ? 2. Quelle est une des différences essentielles entre cette poésie et la poésie française ? 3. Qui a jeté les bases de la nouvelle poésie italienne ? 4. Quelle est la fonction de la femme ? 5. Qui porte à l’extrême le processus de spiritualisation de la femme ?

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


n u e a l À Les

troubadours étaient

rappeurs

les du Moyen Âge ?

Troubadours et rappeurs donnent leurs lettres de noblesse à des expressions absentes de la littérature classique, au Moyen Âge comme aujourd’hui. Contrairement aux idées reçues, le Moyen Âge a été une période de très grande fécondité artistique et littéraire. Outre les récits arthuriens ou les chansons courtoises, on trouve notamment certaines formes de poésie et de musique finalement pas si éloignées du rap. D’abord on trouve les troubadours (langue d’oc) ou trouvères (langue d’oïl) qui apparaissent au cours du XIIe siècle. Le rapprochement entre ces chanteurs ambulants et les rappeurs d’aujourd’hui semble assez évident. Premièrement, d’un point de vue formel, la superposition de textes poétiques sur un fond musical est tout à fait propre à ce genre. EGOTRIP ET JOUTES VERBALES. Des punchlines au vers enflammés, de la lyre au beat-box, troubadours médiévaux et rappeurs actuels se ressemblent à plus d’un titre. Par leur sens du rythme très développé d’abord, mais surtout par leur très grande facilité à faire de la poésie orale. À cette faculté de s’exprimer aisément à l’oral s’ajoute un autre point commun : l’intérêt porté par les troubadours au langage vernaculaire, aux expressions populaires, loin des canons académiques du latin, langue officielle à l’époque. ART CONTESTATAIRE. Aux banquets des seigneurs comme sur les scènes des salles de concerts, trouvères et MC (Master of Ceremonies, dans le milieu du rap, ce terme désigne le rappeur) développent le même art contestataire ? L’article du site lerapenfrance cite notamment le cas des « sirventès », un genre musical qui « dénonce les injustices et critique les puissants ». La dimension contestataire de la musique était d’autant plus prégnante au Moyen Âge que l’art se transmettait exclusivement à l’oral parmi les classes populaires, largement illettrées. De quoi tordre le cou à l’idée établie selon laquelle le rap

français est né seulement grâce à l’émergence de ce genre musical aux États-Unis. DU PARTIMEN AU CLASH. Au Moyen Âge se développe également le « partimen », genre musical qui se rapproche beaucoup des joutes d’improvisation verbale qui opposent les rappeurs (le clash ou la battle). Les poètes s’affrontaient lors des partimen : le premier lançait un thème de débat chanté ; le second improvisait ensuite sur le sujet; le troisième devait enchaîner alors en respectant la mélodie engagée. EGOTRIP ET PRÉFACES. De la même façon, les egotrips des rappeurs, ces textes destinés à se mettre en valeur, souvent au deuxième degré, peuvent se retrouver dans les préfaces des recueils de poèmes du Moyen Âge. Les premières lignes du roman de Thèbes illustrent bien ce parallèle : « qu’ils se taisent tous ceux de ma profession […] ils sont tous aussi capables de m’écouter qu’un âne de jouer de la harpe ».

Comprendre et réfléchir 1. Qu’est-ce qui rapproche les troubadours des rappeurs ? 2. Qu’est-ce qui est facile pour tous les deux ? 3. Qu’est-ce qui rapproche le partimen du clash ? 4. Quel parallèle peut-on retrouver dans les egotrips des rappeurs et les préfaces des recueils du Moyen Âge ?

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

59


Le Moyen Âge

Dossier Unité 3 4

La poésie de tradition réaliste Le réalisme de Villon Alors que la poésie aristocratique et savante est sur son déclin et que le changement vers le lyrisme personnel s’opère déjà avec Charles d’Orléans, un nouveau lyrisme prend forme avec François Villon, qui fait revivre la tradition personnelle et réaliste des jongleurs. Il se dresse contre le système établi, les lois et les autorités, il ne décrit pas les nuances raffinées de l’amour courtois mais il règle ses comptes avec les personnages auxquels il s’était confronté. Dans sa première œuvre, Les Lais, il s’amuse à donner en héritage à ses amis un soulier, une coquille d’œuf, des cheveux. Le ton est satirique, mais laisse déjà entendre, face à la mort, une inquiétude que Le Testament amplifie. Villon fait un retour sur sa jeunesse et l’ensemble de sa vie ; le ton reste satirique quand il s’en prend à l’évêque qui l’a emprisonné, mais l’œuvre est le plus souvent lyrique. Avec ses dernières poésies, dont L’épitapheVillon est la pièce maîtresse, le ton devient vraiment pathétique.

La force de son art tient à son réalisme et s’affirme en particulier dans la ballade, où il est inimitable. Sa poésie émeut par sa sincérité et il traduit avec une sincérité frémissante de grands sentiments humains, dans une langue réaliste et pittoresque qui frappe celui qui le lit. Si les sujets abordés sont classiques (la mort, la vieillesse, l’injustice, l’amour impossible ou déçu et même l’emprisonnement, qui sont des sujets médiévaux), peu d’auteurs les ont vécus d’aussi près.

La fiction autobiographique En effet, Villon a brûlé sa vie au fond des tavernes au milieu des gueux, des bandits et des prostituées. Il a été plusieurs fois emprisonné, a été condamné et a réellement frôlé la mort. Sa vie dissolue apparaît dans ses textes et leur donne une profondeur et une sincérité touchante. L’œuvre de François Villon comme nous la connaissons aujourd’hui forme un ensemble complexe et presque fermé, malgré son hétérogénéité et variabilité. Cet ensemble est unique, car malgré une certaine subjectivité poétique de Villon, elle représente un microcosme de son monde, de l’automne du Moyen Âge avec ses inquiétudes, ses tensions, son système de valeurs. François Villon n’était que fils de son temps, témoin important du bas Moyen Âge. Ce qui différencie radicalement l’œuvre de Villon de toute la production poétique médiévale, c’est qu’il revendique son caractère autobiographique. Sans être révolutionnaire, il reprend à son compte la tradition littéraire, il se l’approprie et la pervertit pour en faire un porte-voix de sa propre personnalité et de ses états d’âme. Activités

• Scène de danse, miniature de Guilielmus Hebraeus Pisauriensis, De pratica seu arte tripudii (1463), Paris, BnF.

60

1. Pourquoi parle-t-on d’un nouveau lyrisme avec François Villon ? 2. Quelle est la nouveauté de l’œuvre de François Villon ? 3. Pourquoi peut-on définir Villon le premier écrivain de la littérature française par rapport aux autres auteurs du Moyen Âge ?

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


François Villon (1431- ?) Sa vie Il naît à Paris en 1431, ses origines sont humbles. Il est orphelin et il est élevé par un prêtre, Maître Guillaume de Villon, qui lui donne son nom. Il étudie à la Sorbonne, mais il songe surtout à s’amuser. Il a de mauvaises compagnies et tue même un prêtre lors d’une rixe. Il obtient des lettres de rémission pour ce meurtre, mais il continue sa vie aventureuse. Il est impliqué dans des vols et on le retrouve souvent en prison à Paris ou ailleurs en France. Le 5 janvier 1463, le Parlement de Paris annule une sentence de condamnation à mort et lui interdit de vivre à Paris pendant dix ans. Après cette date, on perd toute trace de lui.

Son œuvre Toute l’œuvre de Villon est en vers et consiste en deux grands poèmes lyriques : Le Petit Testament et Le Grand Testament, qui comprend diverses

L’œuvre

COMPÉTENCES LITTÉRAIRES Auteurs pivots p. 364

ballades. La ballade des pendus ou Épitaphe Villon est écrite plus tard, au moment où le poète, condamné à la potence, s’attend à être pendu. Dans ses poèmes, Villon fait revivre la tradition réaliste et les grands thèmes lyriques comme la piété, la tendresse filiale, le patriotisme, les regrets du passé, les remords, la fraternité et la hantise de la mort. Il est toujours très sincère et se livre à nous tel qu’il a été. Il refuse de s’attendrir sur son sort et il est capable d’ironiser. L’idée de la mort est constante dans son œuvre et le hante continuellement. La langue qu’il utilise est vivante et populaire, son réalisme est puissant et il nous décrit la vérité tragique de la condition humaine. Un problème reste : qui est-il ? Peutêtre la réponse est dans un de ses vers : je ris en pleurs, qui exprime bien la dualité de sa personnalité et de sa conscience.

Le Grand Testament (v. 1462) Le Grand Testament est l’œuvre maîtresse de Villon. Il comprend deux parties : dans la première (strophes 1 à 70), le poète nous entretient de lui-même. Repassant en esprit sa vie dissipée, il prend conscience de son indignité et fait d’amers retours sur son cas. Tous, pauvres ou riches, sages ou fous, mourront. L’idée de la mort inéluctable lui inspire alors les admirables Ballades des dames et des Seigneurs du temps jadis. Dans la seconde partie (strophes 71 à 186), il reprend son testament. Sa pensée reconnaissante est tout d’abord pour Guillaume de Villon, et pour sa pauvre mère. Puis, il songe à sa maîtresse : ce sera, pour elle aussi, une ballade (Ballade à s’amye). Le reste du poème reprend la série de ses lais fantaisistes, les uns ayant une valeur morale, les autres étant des privilèges.

Texte 1

Ballade des dames du temps jadis François Villon, LE GRAND TESTAMENT

13

1 Noms de courtisanes célèbres. 2 La nymphe Écho, amoureuse de Narcisse, finit par disparaître et il ne reste que la trace de sa voix. 3 Du passé.

Ce poème est un hommage à des femmes célèbres mais il est avant tout un texte profondément lyrique, où Villon sollicite le lecteur pour lui faire partager sa mélancolie face au temps qui passe.

5

Dites-moi où, dans quel pays, Est Flora la belle Romaine, Archipiades, et Thaïs1, Qui fut sa cousine germaine, Écho2, parlant quant bruit on mène Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut surhumaine ? Mais où sont les neiges d’antan3 ? Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

61


François Villon 10

4 Héloïse, amoureuse d’Abélard, a causé la mutilation du philosophe. Son oncle l’a fait châtrer. 5 Marguerite de Bourgogne qui, selon la légende, faisait jeter dans la Seine ses amants, après une nuit passée entre leurs bras. 6 Blanche de Castille, mère de Saint Louis. 7 C’est la mère de Charlemagne. 8 Héroïnes des chansons de geste. 9 Jeanne d’Arc.

15

20

25

Où est la très sage Héloïs4, Pour qui fut châtré puis fait moine Pierre Esbaillart à Saint-Denis ? Pour son amour eut cette peine. Semblablement, où est la reine5 Qui commanda que Buridan Fût jeté dans un sac en Seine ? Mais où sont les neiges d’antan ? La reine Blanche6 comme un lis Qui chantait à voix de sirène, Berthe au grand pied7, Biétris, Alis8, Haremburgis qui tint le Maine, Et Jeanne, la bonne Lorraine9 Qu’Anglais brûlèrent à Rouen ; Où sont-ils, où, Vierge Souveraine ? Mais où sont les neiges d’antan ? Prince, ne demandez cette semaine ni cette année, où elles sont ; Sans que je vous ramène à ce refrain : Mais où sont les neiges d’antan ?

• Figure féminine, détail de la fresque du mois d’avril, Cycle des Mois de Torre dell’Aquila (XIVe-XVe siècles), Trente, Castello del Buonconsiglio.

COMPRENDRE 1. Quel est le thème de cette ballade ? 2. Qui sont les femmes dont Villon parle ? Remplissez la grille. Femmes

ANALYSER

Identité

3. À qui est adressé l’envoi ? 4. L’énumération des femmes célèbres suit l’ordre de l’histoire, mais aussi un ordre thématique. Quel est le thème qui se superpose à l’ordre historique ? 5. La mention de Jeanne d’Arc : à l’époque elle n’est pas encore canonisée, elle n’est pas citée comme exemple de beauté et de séduction amoureuse. Quelle est donc sa place dans cette ballade ? Comment définir son héroïsme ?

ÉCRIRE

62

6. Rien n’est plus fragile que la neige : quel est son rapport avec toutes les dames mentionnées ? 7. Est-ce que le refrain est rattaché au sujet dominant du texte ? 8. Pourquoi Villon invoque-t-il la Vierge et non Dieu ? Et pourquoi, à votre avis, Villon a choisi comme destinataire de la ballade un prince de ce monde ? 9. L’envoi témoigne-t-il un sentiment profane ou religieux de l’existence ? « Les neiges d’antan », métaphore pour les créatures humaines, ont-elles disparu à jamais, ou bien se retrouveront-elles dans l’au-delà ? La mort est-elle disparition définitive ou y a-t-il l’espérance chrétienne de la résurrection ? 10. Quels sont les temps que Villon utilise dans cette ballade ? Pourquoi ? 11. Quels types de phrases utilise-t-il tout au long du texte ? Pourquoi ? 12. Quelle est l’originalité de Villon en exprimant son sentiment de nostalgie ? 13. Alors qu’il médite sur la fuite du temps, il exprime son angoisse pour la dimension tragique de la condition humaine : partagez-vous son angoisse ? Avez-vous la perception de la vieillesse ? Ou bien le présent vous absorbe-t-il entièrement ? Exprimez-vous sur ce sujet.

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Texte 2

Ballade des pendus François Villon, LE TESTAMENT

14

Le poète, condamné à la potence, attend d’être pendu. Les pendus, à l’époque, étaient laissés au bord des routes comme exemple pour les autres. Villon imagine que son corps de pendu et ceux de ses compagnons s’adressent aux passants. Son titre authentique est Épitaphe Villon.

5

10

15

20

1 Durs. 2 Putréfiée, moisie, détériorée. 3 Équilibré. 4 Asséchée, épuisée. 5 Trempés, mouillés. 6 Rendus noirs. 7 Oiseau noir. 8 Enlevé. 9 Emporté. 10 Protection pour le doigt quand on coud. 11 Aucun compte, aucune dette. 12 Il n’y a aucun motif pour rire.

Frères humains qui après nous vivez, N’ayez pas vos cœurs durcis1 à notre égard, Car si vous avez pitié de nous pauvres, Dieu aura plus tôt miséricorde de vous. Vous nous voyez attachés ici, cinq, six : Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie, Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie2, Et nous, les os, devenons cendre et poussière. De notre malheur, que personne ne se moque, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Si nous vous appelons frères, vous n’en devez Avoir dédain, bien que nous ayons été tués Par justice. Toutefois vous savez Que tous les hommes n’ont pas l’esprit bien rassis3. Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés, Auprès du fils de la Vierge Marie, De façon que sa grâce ne soit pas tarie4 pour nous, Et qu’il nous préserve de la foudre infernale. Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

30

La pluie nous a lessivés5 et lavés Et le soleil nous a séchés et noircis6 ; Pies7, corbeaux nous ont crevé8 les yeux, Et arraché9 la barbe et les sourcils. Jamais un seul instant nous ne sommes assis ; De ci de là, selon que le vent tourne, Il ne cesse de nous ballotter à son gré, Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre10. Ne soyez donc de notre confrérie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

35

Prince Jésus, qui a puissance sur tous, Fais que l’enfer n’ait sur nous aucun pouvoir : N’ayons rien à faire ou à solder11 avec lui. Hommes, ici pas de plaisanterie12, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

25

• Pisanello, détail de Saint Georges et la Princesse de Trébizonde (1434-1436), fresque dans l’église Sant’Anastasia, Vérone.

COMPRENDRE 1. Analysez les thèmes de la ballade. a. Le premier thème est la demande des pendus : que souhaitent-ils pour eux-mêmes ? b. Le second thème est la leçon que les pendus offrent aux hommes : que souhaitent-ils pour les autres, les vivants ? c. Le troisième thème est la description des cadavres pendus : comment sont-ils décrits ? 2. Parmi les détails, certains sont horribles, d’autres apparaissent sous une forme moins sérieuse, plus pittoresque. Lesquels ?

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

63


François Villon

ANALYSER ÉCRIRE

3. Comment Villon parvient-il à associer les vivants et les morts dans une seule communauté ? 4. Comment le poète instaure-t-il une solidarité entre les pendus et le reste de l’humanité ? Le refrain n’est-il qu’une formule conventionnelle ou a-t-il une résonance plus profonde ? 5. La ballade alterne l’appel à la pitié et le spectacle de l’horreur. La condition des pendus est d’un réalisme hallucinant. Relevez les détails qui tendent à susciter l’horreur. 6. L’angoisse du poète : craint-il la mort physique ou encore davantage la mort spirituelle ? 7. Comment le destin de l’homme dans l’au-delà est-il perçu ? 8. La chanson française a une longue tradition de textes poétiques mis en musique. La Ballade des dames du temps jadis a été interprétée par Georges Brassens et la Ballade des pendus a été chantée par Serge Reggiani et Léo Ferré. La chanson se fait véhicule oral d’une tradition écrite en réintroduisant au profit d’un large public des textes parfois oubliés. a. Selon vous, quel rapport y a-t-il entre poésie et musique ? Qui gagne et qui perd dans cet échange ? b. La chanson profane-t-elle la poésie ? c. Si la poésie est expression de la pensée, la musique peut-elle distraire ou favoriser la méditation ?

À la loupe... La ballade : un genre à forme fixe La ballade au Moyen Âge La poésie avait connu, au Moyen Âge, une véritable floraison, grâce aux poètes-musiciens qui fréquentaient les cours de France et d’Angleterre et composaient des poèmes toujours musicaux reflétant une conception nouvelle de l’amour, appelée fin’amor, qui prônait le dévouement total de l’amant à sa dame : c’est l’amour courtois. Vers la fin du Moyen Âge, la décadence de cet idéal courtois, de la chevalerie et de la féodalité, favorise le développement de nouveaux genres poétiques, d’inspiration plus personnelle. Cette tendance, déjà présente chez Rutebeuf au XIIIe siècle, s’épanouit surtout au XVe siècle dans les œuvres de Charles d’Orléans et de François Villon. C’est après Guillaume de Machaut (1300 ?-1377 ?) que le texte est de moins en moins chanté, pour devenir seulement une forme poétique avec Eustache Deschamps (1346 ?-1407 ?). La ballade est la forme poétique la plus pratiquée au cours du XIVe et XVe siècles. Elle doit son nom au provençal ballada (de balar : danser) et désigne une composition pour la danse, une chanson à danser. C’est un poème à forme fixe composé de : −− trois ou cinq strophes de 8 ou 10 vers construites sur les mêmes rimes et le même rythme ; −− un envoi composé de 4 ou 5 vers (une moitié de strophe) qui commence par une adresse à celui à qui la ballade est dédiée, en général c’est le mot « Prince ». Le dernier vers de la première strophe est repris à la fin de chaque strophe et à la fin de l’envoi. Il forme comme

64

un refrain. Le vers le plus employé est le décasyllabe, l’octosyllabe est moins fréquent. Les contraintes de la ballade imposent au poète un jeu de trois ou quatre rimes pour l’ensemble de sa composition. Les mêmes rimes sont reprises dans toutes les strophes et dans le même ordre, ce qui nécessite du poète une grande richesse de vocabulaire (il existait d’ailleurs des dictionnaires de rimes pour aider cette recherche). Les 4 premiers vers de la ballade sont construits sur la même rime, en général une rime croisée : abab. Pour le huitain (strophes de 8 vers), la rime suit le schéma : ABABBCBC ; pour les dizains (strophes de 10 vers) : ABABBCCDCD ; mais il existe aussi de nombreuses variantes.

La ballade romantique Ce poème à forme fixe n’a rien en commun avec la ballade romantique, poème de forme libre. Au XXe siècle, le mot ballade renvoie à une forme fixe et aussi à un genre qui associe la liberté de la prose et le rythme du vers, permettant de renouer avec les sources folkloriques et légendaires de la poésie française.

Comprendre et réfléchir 1. D’où vient le nom ballade ? 2. Comment est-elle composée ? 3. Pourquoi dans la ballade l’auteur peut-il exprimer un lyrisme plus personnel ?

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


n u e a l À Les

pendus, de Villon à De André

Villon et De André sont liés par un fil, un rapport qui ressemble à celui qui existe entre maître et élève. Dans la préface d’un livre des poèmes de Villon De André nous transmet l’héritage de ce grand poète, pas seulement ce qu’il a représenté pour la poésie française, mais aussi pour lui. Il nous dit qu’il doit à la Ballade des pendus le contenu de son album de 1968 Tutti morimmo a stento, qui rappelle certains aspects du texte de Villon. De André écrit :

Caro François, Nel 1963 mi capitò di leggere su un quotidiano che in Sud Africa le autorità celebravano senza saperlo il cinquecentesimo anniversario della tua scomparsa: la corte di Johannesburg aveva destinato all’impiccagione otto presunti malviventi, naturalmente neri. L’estensore dell’articolo così descriveva il disperato infantile esorcismo del loro terrore: “Ballavano e cantavano sotto le corde prima di essere appesi”. Poi si dilungava appena nel macabro dettaglio del subito dopo. “Scalciarono per un po’, alcuni sono durati un attimo, altri qualche minuto”. Mi prese la rabbia giusta per scrivere una ballata. [ … ] Se non avessi trovato in te un così importante predecessore probabilmente la mia canzone non porterebbe il titolo che tu mi hai suggerito: finalmente trovo l’occasione per ringraziarti. Più di una volta nel chiudere il libro delle tue ballate mi sono chiesto che cosa si nasconda dietro i tuoi versi: la vita inquieta e mascalzona del poeta di strada o l’astuzia premeditata del cortigiano colto che di quella vita si è appropriato per conferire una credibilità altrimenti sospetta alla propria opera poetica. Sono domande alle quali ancora oggi mi viene da rispondere con un perentorio “chi se ne frega”. Che la leggenda corrisponda a verità, che la verità si sia fatta leggenda o che infine la leggenda sia diventata verità, di assolutamente vero restano i tuoi versi. [ … ] Nel tuo testamento è sempre un regalare, anche scherzoso e crudele, qualche cosa a qualcuno, con la sgangherata prodigalità di chi è fuori da ogni casta e non appartiene a niente e a nessuno. Così che nessuno, scrittore o poeta, pensatore o saggista, giurista o filosofo che abbia voluto trattare il dolore o la gioia del corpo e del cuore ha potuto rinnegare la tua eredità o esimersi dal confrontarsi con la magia della tua parola. [ … ] Penso a tutti i poeti francesi che sono arrivati dopo di te. [… ]

• Portrait de Fabrizio De André.

▶ Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

65


n u e a l À Les

pendus, de Villon à De André

La Ballata degli impiccati Fabrizio De André

5

10

15

20

25

30

Tutti morimmo a stento ingoiando l’ultima voce tirando calci al vento vedemmo sfumare la luce. L’urlo travolse il sole l’aria divenne stretta cristalli di parole l’ultima bestemmia detta. Prima che fosse finita ricordammo a chi vive ancora che il prezzo fu la vita per il male fatto in un’ora. Poi scivolammo nel gelo di una morte senza abbandono recitando l’antico credo di chi muore senza perdono. Chi derise la nostra sconfitta e l’estrema vergogna ed il modo soffocato da identica stretta impari a conoscere il nodo. Chi la terra ci sparse sull’ossa e riprese tranquillo il cammino giunga anch’egli stravolto alla fossa con la nebbia del primo mattino. La donna che celò in un sorriso il disagio di darci memoria ritrovi ogni notte sul viso un insulto del tempo e una scoria. Coltiviamo per tutti un rancore che ha l’odore del sangue rappreso ciò che allora chiamammo dolore è soltanto un discorso sospeso.

ANALYSE DU TEXTE Dès le titre, Ballata degli impiccati, la chanson de De André fait clairement référence au poète du XVe siècle. En examinant le texte, nous pouvons comprendre que, pour tous les deux, le pendu n’est pas un criminel qu’il faut condamner, mais un symbole : c’est le symbole de la condition humaine qui voit l’homme comme un désespéré à l’agonie, marchant sur un fil tendu entre le mal et la mort. Ce qui change entre les deux auteurs est la façon qu’ils ont de se comporter face à l’autre. De André le fait avec l’invective, il souhaite au spectateur, pour qu’il comprenne, les mêmes douleurs et les mêmes sensations que celles éprouvées par le pendu ; Villon l’appelle frère et l’invite à prier pour lui et pour les autres pendus dans la miséricorde de Dieu qui aura ainsi pitié d’eux. Si la Ballade des pendus est, sans aucun doute, un vibrant appel à la solidarité et à la compréhension humaine et divine, c’est différent pour De André. Il n’y a aucune pitié pour celui qui les a fait mourir lentement de façon atroce, non sans mal. Les pendus de De André meurent avec la certitude qu’ils ne seront pas pardonnés ; les pendus de Villon meurent en espérant l’être. Aucun des deux n’en est certain, mais ce qui est sûr est que la perspective est différente.

Comprendre et réfléchir 1. Quels sont les points en commun aux deux textes ? 2. Entre la solidarité et l’appel à la compréhension humaine et divine de Villon et la rage des pendus de De André, que choisissez-vous ? Motivez votre réponse.

66

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Dossier 5

Le théâtre médiéval Le début du théâtre L’origine du théâtre est religieuse. Dès le début du Xe siècle, l’église l’utilise pour illustrer aux fidèles qui ne savent pas lire des scènes de la Bible ou de la liturgie. Le théâtre est joué en latin, par des hommes d’église, pour étendre l’influence ecclésiastique dans les populations. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, apparaît un théâtre en langue vulgaire, autrement dit en français, et le premier drame que nous connaissons est le Jeu d’Adam (joué vers 1165). Les jours de fêtes religieuses et de foires, la population se concentre dans les cités médiévales et va voir les représentations des jongleurs qui racontent des histoires et des légendes. Le théâtre va profiter de cette situation et sortir des églises, sur le parvis, pour toucher un public plus important. On va commencer à construire les scènes et les décors pour remplacer le décor naturel constitué par la structure de l’église. Du XIIIe au XIVe siècle, les miracles et les mystères commencent à être joués, ils racontent la vie des saints et leurs actions et le plus connu est Le Miracle de Théophile de Rutebeuf (1260).

Le théâtre profane Toujours à la fin du XIIe siècle, apparaît un théâtre intermédiaire entre le théâtre religieux et profane : ce sont des textes plus longs, les jeux. Les plus connus sont Le Jeu de Saint Nicolas (Jean Bodel) ou Courtois d’Arras. La ville d’Arras voit la naissance de la Confrérie des Jongleurs et Bourgeois d’Arras

qui sont des artistes qui commencent à jouer des œuvres profanes, sans rien de sacré. La première pièce de théâtre profane qui est arrivée jusqu’à nous est l’œuvre d’un trouvère arrageois Adam de la Halle, Le Jeu de la Feuillée de 1276.

La naissance de la farce À la fin du Moyen Âge, les farces et les sotties (sermons joyeux) sont les pièces les plus représentées et elles annoncent ce que sera le théâtre de Molière au XVIIe siècle. Elles ont pour thème la vie quotidienne, et le comique est simple et efficace. La plus importante est La Farce de Maître Pathelin qui date peut-être de 1465. Dans ces pièces, les villes et les habitants servent de modèles et on y retrouve le vilain (paysan) simple et parfois rustre, le bourgeois préoccupé par son argent, le moine qui vend des reliques, le médecin (un vrai charlatan), le noble (souvent un chevalier courtois), les compagnons de beuverie et la femme infidèle. À côté de ces personnages, le fou, ou parfois la folie, est utilisé pour critiquer la société médiévale ou pour se moquer des codes des autres personnages. Le jeu des acteurs est basé sur l’exagération des mouvements du corps et du visage et on utilise surtout la caricature des personnages. Les costumes et les accessoires sont ceux des hommes médiévaux, les décors utilisent des symboles allégoriques ou sont plutôt réalistes, et certaines pièces sont aussi chantées et dansées. Activités 1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. Au début, le théâtre est joué en latin. 2. Le théâtre doit illustrer des scènes de la Bible et de la liturgie. 3. Les Confréries naissent à Arras. 4. Les farces parlent des saints. 5. Les acteurs ont un jeu très simple. 2. Pourquoi le théâtre religieux est-il né ? 3. Pourquoi les décors sont-ils nés ? 4. Quels sont les thèmes et les personnages des farces ? • Issogne, détail de Magasin de tissus, fresque (XIVe siècle), château d’Issogne, Vallée d’Aoste. Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

67


La Farce de Maître Pathelin (1465) La peinture des mœurs Plus que d’une farce il s’agit d’une comédie de mœurs et caractères, digne d’une comparaison avec les pièces de Molière. Sans autre intention que de faire rire les spectateurs avec la peinture des mœurs de la bourgeoisie et du peuple, cette farce est encore actuelle. Elle est anonyme, mais des indices font penser que les personnages sont

normands par les pièces de monnaie qu’ils utilisent et par la corporation des drapiers qui était très forte à Rouen, ville qui comptait aussi un grand nombre d’avocats. Il est possible que cette pièce date de 1465 environ, parce qu’on fait allusion au grand froid de l’année 1464 et, déjà en 1470, on trouve le premier emploi du verbe pateliner pour faire semblant d’être malade.

L'histoire Pathelin est un avocat sans clients. Sa femme, Guillemette, a besoin de drap et Pathelin lui promet de s’en procurer gratis. Il se rend chez un drapier et se fait donner du drap, en lui demandant de venir se faire payer à la maison. Quand le marchand arrive, Pathelin fait semblant d’être gravement malade et, avec la complicité de sa femme, il joue la Texte 1

comédie. Le drapier repart sans argent, convaincu de la maladie de Pathelin. Un client se présente à la maison de l’avocat : c’est le berger du drapier, accusé d’avoir volé et mangé des moutons. Pathelin conseille à son client de répondre toujours Béé ! aux questions du juge. Au tribunal, le drapier reconnaît en

Pathelin l’avocat qui l’a trompé et s’embrouille en passant du drap aux moutons. Le juge finit par le croire fou et répète sans cesse : revenons à nos moutons ! Le procès terminé, Pathelin demande au berger d’être payé. Le berger répond avec Béé ! à Pathelin. Pathelin trompeur est trompé à son tour.

Parlez plus bas LA FARCE DE MAÎTRE PATHELIN, SCÈNE V

15

Pathelin avec le drap est rentré à la maison et, avec Guillemette, il organise la mise en scène de la maladie.

Que Dieu me protège ! Bas ! Si vous ne voulez qu’il ne s’éveille ! Comment « bas » ? À l’oreille ? Au fond du puits ? ou de la cave ? guillemette Dieu ! Quel bavard ! D’ailleurs, c’est toujours votre manière. le drapier Quand le diable y serait, maintenant que j’y pense ! Si vous voulez que je parle bas… Dites donc ! De telles discussions jamais je 5 ne fis l’expérience. Ce qui est vrai, c’est que maître Pierre a pris six aunes1 de drap aujourd’hui. guillemette (Élevant la voix.) Eh quoi ? Allez-vous persister toute la journée ? Le diable s’en mêle ! Voyons ! Comment, « prendre » ! Ah ! monsieur ! puisse-t-on pendre qui ment ! Il est en tel état, le pauvre 10 homme, qu’il n’a pas quitté le lit de onze semaines ! réalisezvous ? Par les angoisses de Dieu, suis-je malheureuse ! vous déciderez-vous à vous éloigner de ma maison ? le drapier Vous me disiez de parler si bas ! Sainte Vierge bénie ! Et vous 15 criez ! guillemette C’est vous, par mon âme, qui ne faites que quereller ! le drapier Dites, afin que je m’en aille, donnez-moi… guillemette (S’oubliant encore et criant.) Parlez bas ! Enfin ! le drapier Mais vous-même allez l’éveiller ! Palsambleu2 ! Vous parlez quatre 20 fois plus fort que moi ! Je vous somme de me payer ! guillemette Qu’est-ce ? Êtes-vous ivre ? ou fou ? Au nom de Dieu notre Père ? le drapier Ivre ? Mauvais gré vous en ait saint Pierre ! Belle demande ! guillemette Hélas ! Plus bas ! le drapier Je vous demande, Madame, par Saint Georges, le prix de six 25 aunes de drap. guillemette le drapier

1 Ancienne mesure de longueur. 2 Juron déformé : par le sang de Dieu.

68

Dossier    5 Le théâtre médiéval

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


part, puis haut.) Comptez là-dessus ! Et à qui avez-vous remis le drap ? le drapier À lui-même. guillemette Il est bien en état d’acheter du drap ! Hélas ! Il ne bouge. Il n’a nul besoin de se faire tailler une robe. Jamais il ne revêtira une robe, sinon une blanche, et il ne quittera le lieu où il est que les pieds devant. le drapier Le mal a donc commencé au lever du soleil ? Car, sans faute, c’est bien à lui que j’ai parlé. guillemette (D’une voix perçante.) Vous avez la voix tellement forte ! Parlez plus bas, par charité ! le drapier C’est vous, en vérité, vous-même, sacré Dieu ! Palsambleu ! c’est vraiment beaucoup d’embarras ! si on me payait je m’en irais ! (À part.) Par Dieu, chaque fois que j’ai fait crédit, je n’ai jamais récolté autre chose. pathelin (Couché.) Guillemette ! Un peu d’eau rose ! Redressez-moi. Relevez les coussins derrière moi ! Fichtre3 ! À qui est-ce que je parle ? Le pot à eau ! À boire ! Frottez-moi la plante des pieds ! le drapier Je l’entends là. guillemette Bien sûr ! pathelin Ah ! méchante ! viens ici ! T’avais-je dit d’ouvrir ces fenêtres ? Viens me couvrir ! Chasse ces gens noirs ! Marmara ! Carimari ! Carimara4 ! Emmenez-les moi ! Emmenez ! guillemette (À l’intérieur.) Qu’est-ce ? Comme vous vous démenez ! Avezvous perdu le sens ? pathelin Tu ne vois pas ce que je sens. (Il s’agite.) Voilà un moine noir qui vole. Attrape-le ! Passe-lui une étole5 ! Au chat, au chat ! Comme il monte ! guillemette Eh ! Qu’est ceci ? N’avez-vous pas honte ? Eh ! Par Dieu ! C’est trop remuer ! pathelin (Retombant épuisé.) Ces médecins m’ont tué avec ces drogues qu’ils m’ont fait boire. Et toutefois il faut les croire ! Ils nous manient comme de la cire ! guillemette (Au drapier.) Hélas ! Venez le voir, cher monsieur, il est au plus mal. le drapier Vraiment, il est malade, depuis l’instant où il est revenu de la foire ? guillemette De la foire ? le drapier Par saint Jean, oui ! Je crois qu’il y est allé. (À Pathelin.) Du drap que je vous ai donné à crédit il me faut l’argent, maître Pierre ! pathelin Ah ! maître Jean, plus dures que pierre j’ai chié deux petites crottes, rondes comme pelotes. Prendrai-je un clystère6 ? guillemette (À

3 Expression de douleur. 4 Pathelin fait semblant de délirer et prononce des noms sans aucun sens. 5 Ornement sacerdotal qu’on passait au cou des possédés du démon. 6 Pathelin feint de prendre le drapier pour un médecin.

30

35

40

45

50

55

60

65

COMPRENDRE 1. Qui sont les protagonistes ? À quelle classe sociale appartiennent-ils ?

ANALYSER

ÉCRIRE

2. Guillemette est aussi digne comédienne que son mari : entre son rôle et celui de son époux, lequel est plus difficile à jouer ? 3. Le personnage du drapier suscite-t-il de la sympathie ? Fait-il preuve de sottise ? 4. Relevez les différentes formes de comique de la scène : a. comique de situation, de répétition ; b. de mœurs, d’incohérence verbale. 5. Outre les avocats et les marchands, y a-t-il la satire d’une autre classe sociale ? 6. L’intention de la farce est de faire rire et réfléchir en s’amusant. Relevez la leçon qu’on tire de l’histoire de Pathelin et dites si elle vous paraît encore actuelle.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

69


Sujet Esabac La chevelure PROBLÉMATIQUE

• En quoi la puissance de la chevelure couvre le domaine visuel, tactile et esthétique ?

La chevelure est l’un des attributs de la personne. Elle est également, autour du thème de la femme et de l’amour, à la fois symbole de beauté et signe du corps. Aussi est-elle un thème poétique par excellence : le poète y recourt pour exprimer une forme de sensualité, souligne son aspect mouvant (qui figure les vagues, les ondulations du désir et du plaisir), brillant (elle est dorée, lumineuse, moirée), note son abondance, sa douceur au toucher, la noblesse qu’elle confère. Ce lien ancestral entre la chevelure et la séduction est exprimé d’une façon directe dans l’art et la littérature. À travers les textes et les tableaux, les auteurs ont traité ce rapport et l’ont montré de diverses façons, des portraits de la littérature courtoise (DOC 1), à ceux du Dolcestilnovo DOC 3, de Baudelaire (DOC 2) à Degas (DOC 4) et à la psychiatrie (DOC 5). DOC 1

16

• Sandro Botticelli, Portrait d’une jeune femme (1476-1480), Berlin, Gemäldegalerie der Staatlichen Museen.

Lancelot ou le Chevalier à la charrette (entre 1176 et 1181) Chrétien De Troyes

Dans la suite de ses pérégrinations, Lancelot arrive auprès d’une fontaine où la reine s’est reposée sous la garde de son ravisseur ; il trouve un peigne chargé de cheveux d’or. Apprenant d’une jeune fille qui veut récupérer le peigne qu’il s’agit des cheveux de la reine, il s’évanouit de joie. Le peigne et les cheveux témoignent de son passage. Ils sont la trace matérielle de la reine, trace dérisoire mais essentielle, car leur présence dévoile la direction dans laquelle le chevalier doit s’engager pour délivrer la reine qui est aussi la dame de ses pensées : ils sont donc un élément crucial de la quête.

5

10

Et lui, qui veut bien qu’elle ait le peigne, Le lui donne, et en retire les cheveux, Si doucement qu’il n’en rompt aucun. Jamais yeux humains ne verront Honorer à ce point aucune chose, Car il commence à les adorer, Et les touche bien cent mille fois, Et les porte à ses yeux, à sa bouche, À son front, et à son visage ; Il n’est aucune joie qu’il ne manifeste ; Il en est très heureux, il en est très riche ; En son sein, près de son cœur, il les range Entre sa chemise et sa chair. Il ne prendrait pas en échange un char

70 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


15

20

25

30

35

DOC 2

Rempli d’émeraudes et d’escarboucles1 ; Il ne croyait pas que le chancre Ou quelque autre mal pût le prendre, Il dédaigne le dimargateron Et la pleuriche et la thériaque2 Et même saint Martin et saint Jacques : Car il a tant confiance en ces cheveux Qu’il n’a pas besoin de leur aide ; Mais de quel prix étaient les cheveux : On me tiendra pour un menteur et un Fou, si j’en dis la vérité : Si la foire du Lendi battait son plein, Et si les marchandises y abondaient, Le chevalier ne voudrait pas les posséder Toutes, c’est la vérité, Et ne pas avoir trouvé les cheveux. Et, si vous me demandez la vérité à ce sujet, De l’or cent mille fois affiné, Et refondu autant de fois, Aurait paru plus obscur que ne l’est la nuit Par rapport au plus beau jour d’été Qu’il y ait eu cette année, Pour celui qui aurait vu l’or et les cheveux En les mettant côte à côte.

1 Variété de grenat rouge foncé. 2 Préparations pharmaceutiques du Moyen Âge.

Comprendre et réfléchir 1. Quelle est la réaction de Lancelot dès qu’il trouve le peigne ? Comment le traitet-il? 2. Est-ce qu’il fait une différence entre ce qui appartient à Dieu et à la femme ? 3. Est-ce que ces cheveux sont décrits ? 4. Relevez les termes qui exaltent la valeur et la beauté de ces cheveux.

Le Spleen de Paris (1869) Charles Baudelaire

17

Ce poème en prose a été inspiré par Jeanne Duval. La femme et son parfum jouent un rôle important et ce sont des thèmes privilégiés pour dépasser le spleen. Le poète respire l’odeur de la femme et de ses cheveux et cela évoque pour lui un au-delà inaccessible.

• Henri-Edmond Cross, La chevelure (v. 1892), Paris, Musée d’Orsay.

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.

5

10

15

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

71


Sujet Esabac Comprendre et réfléchir 1. Relevez le champ lexical de l’odorat et du parfum. 2. Précisez l’image de cette femme à travers sa description. 3. Qu’est-ce qu’est la chevelure pour le poète ?

DOC 3

Lachevelure farce de Maître Pathelin La

Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.

20

25

30

Canzoniere (1342) Francesco Petrarca

Le poème joue sur le contraste entre Laure de leur première rencontre, quand elle était jeune et très belle, et Laure aujourd’hui, qui a vieilli et dont la beauté extérieure s’est fanée. 18 TRADUCTION DE JOSEPH POULENC, ÉDITION DE 1877

4

Erano i capei d’oro a l’aura sparsi che ‘n mille dolci nodi gli avolgea, e ‘l vago lume oltra misura ardea di quei begli occhi, ch’or ne son sì scarsi;

8

e ‘l viso di pietosi color’ farsi, non so se vero o falso, mi parea: i’ che l’esca amorosa al petto avea, qual meraviglia se di sùbito arsi:

4

Au gré du vent flottait sa blonde chevelure, Qui formait mille nœuds les plus délicieux ; Un éclat excessif brillait dans ses beaux yeux, Qui maintenant en sont privés outre mesure.

8

Sur ses traits était peinte une pitié si pure ! Si j’ai vu bien ou mal, j’en suis encor douteux. Qui serait donc surpris qu’aussitôt ses doux feux M’aient embrasé, l’amorce étant dans ma nature :

Non era l’andar suo cosa mortale, ma d’angelica forma; e le parole sonavan altro che, pur voce umana; 12

uno spirto celeste, un vivo sole fu quel ch’i’ vidi: e se non fosse or tale, piagha per allentar d’arco non sana

On aurait dit un ange, et le timbre enchanteur De sa voix n’avait rien de la nature humaine, Et son port et sa marche annonçaient une reine. 12

Mes yeux virent en elle un soleil de splendeur, Un tout céleste esprit. Si maintenant moins belle Elle est, ma passion n’en est pas moins cruelle.

• Petrarca et Laura De Noves, École Vénitienne (v. 1510), Oxford, The Ashmolean Museum of Art and Archaelogy.

Comprendre et réfléchir 1. Comment les cheveux sont-ils décrits ? 2. Sur quoi se concentrent les yeux du poète ? 3. Que dit-il dans les derniers vers ?

72 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


DOC 4

Femme se coiffant (entre 1887 et 1890) Edgar Degas, PARIS, MUSÉE D’ORSAY

Ce tableau est un chef-d’œuvre pour la coupe innovatrice et le rendu des couleurs. L’image représente une femme qui se peigne : la perspective est de bas en haut, et le corps féminin est partiellement caché par les longs cheveux roux et par la serviette autour de la taille. La femme est représentée dans une attitude curieuse qui la fait ressembler à un violoniste : le peigne dans sa main droite ressemble à un archet de violon, et sa main gauche semble tendue pour mieux entendre le son des notes. Les cheveux et les gestes occupent le premier plan et caractérisent la composition, alors que l’artiste efface le visage de la femme, tourné et caché dans l’ombre. La lumière, qui vient de la droite, frappe le bras plié et est concentrée sur le drap blanc autour des hanches.

Comprendre et réfléchir 1. Quelle place occupent les cheveux dans la composition ? 2. Le décor est-il bien mis en évidence ? 3. Voit-on le visage de la femme ? Pourquoi ?

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

73


Sujet Esabac DOC 5

La chevelure farce de Maître Pathelin La

Une coloration pour nous plaire et pour séduire Certaines d’entre nous aiment changer de couleur fréquemment ; d’autres gardent leur teinte naturelle, même quand elle se pare de cheveux blancs... Pour Françoise Millet-Bartoli, psychiatre, le soin que nous apportons à colorer - ou non - nos cheveux n’est jamais anodin. Il en dit long sur le regard que nous portons sur nous-même et le message que nous voulons transmettre.

Pourquoi nous colorons-nous les cheveux ? Françoise Millet-Bartoli Il existe toute une symbolique du cheveu, de sa longueur, de sa texture et bien sûr, de sa couleur. Nous sommes toujours fortement influencées, marquées par la connotation de la couleur que nous portons naturellement. Même s’il n’est pas possible d’établir de règle générale, nous avons plus tendance à associer le blond à notre enfance, à notre histoire familiale, tandis que le brun a plutôt une connotation plus piquante, plus séduisante. Si la couleur naturelle est importante, celle que nous choisissons dans un acte de coloration est très significative car elle fait suite à une prise de position décidée, consciente. En changeant de couleur de cheveux, quel message cherchons-nous à transmettre ? Françoise Millet-Bartoli L’envie d’un changement fort, que ce soit dans la coupe ou dans la couleur, est souvent liée à des moments importants de notre vie. Difficulté, deuil, séparation, choc, changement de cap professionnel ou personnel : ces événements sont souvent à l’origine de cette métamorphose. C’est une façon de nous donner la force de repartir à zéro, avec une personnalité que nous voulons mieux armée pour affronter la vie, en tous les cas, différente. Les changements radicaux de couleur sont souvent un moyen de nous retrouver, d’être plus en phase avec nous-même. Nous gardons alors cette nouvelle tête, abandonnant l’ancienne à notre vie “d’avant”. Certaines voient aussi dans le changement de couleur un moyen de choquer, se démarquer, d’annoncer un désaccord, une envie profonde de contestation. C’est souvent le cas des adolescents en pleine mutation qui s’octroient le langage des cheveux pour mieux parler d’eux-mêmes. Là, il s’agit d’un cap, d’une transition qui aboutit à autre chose de généralement plus apaisé et sage. Qu’est-ce que le fait de changer de couleur de cheveux régulièrement dit de nous ? Françoise Millet-Bartoli Troquer une tête pour une autre, un style pour un autre peut constituer, chez certaines d’entre nous, un rite de passage. Pour d’autres, la couleur comme la coupe, sont des accessoires. Celles qui changent en permanence, passent du châtain au roux, du roux au blond, répondent à une autre démarche psychologique. C’est une quête d’une nouvelle image de soi, que l’on cherche sans parfois jamais la trouver. Ces femmes sont souvent en quête d’une certaine stabilité dans leur identité, qui requiert auparavant qu’elles la testent, qu’elles la mettent à l’épreuve. Cela passe par le corps et par les cheveux en particulier. C’est une démarche narcissique qui n’est pas sans révéler une certaine fragilité. Qu’est-ce qu’une coloration apporte dans notre relation aux autres ? Françoise Millet-Bartoli Une nouvelle couleur de cheveux se passe avant tout entre soi et soi. Nous sommes face à notre miroir, chez nous ou chez le 74 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


coiffeur si nous avons préféré lui faire confiance. Puis, en sortant du salon ou en poussant la porte de la maison, nous sommes confrontés au regard de l’autre. Les yeux de l’autre constituent alors un véritable miroir de soi. Il peut être source de douleur si cette personne ne remarque pas un changement que nous avons justement voulu remarquable. Nous risquons alors de nous sentir absents, inexistants, non reconnus. Une nouvelle coupe, une nouvelle couleur vont généralement de pair. Ils ont pour but de nous mettre plus à l’aise avec notre corps, mais tendent une perche à ceux qui nous regardent. On veut se plaire mais aussi séduire ou, en tout cas, induire un regard sur soi différent, que ce soit dans la séduction ou dans la contestation.

Comprendre et réfléchir 1. Quel thème affronte cet article ? 2. Pourquoi changeons-nous souvent de couleur ou de coupe ? 3. Quelle est l’importance de l’autre dans notre rapport avec nos cheveux ?

Quand le résultat n’est pas celui escompté, la coloration peut donc fragiliser l’image de soi ? Françoise Millet-Bartoli Tout à fait, nous pouvons ne pas du tout nous reconnaître quand le changement a été trop radical. Dans ces cas, un sentiment de dépersonnalisation peut apparaître, comme cela pourrait être le cas suite à une intervention de chirurgie esthétique. L’avantage de la coloration est qu’elle est toujours réversible. Toutefois, il faut garder à l’esprit que chez les femmes aimant changer de couleur régulièrement, ce geste peut être quelque chose d’amusant mais également de très angoissant. Il n’est jamais sans impact sur l’image que nous avons de nous-même. Que dit ce changement léger de couleur de nous ? Françoise Millet-Bartoli Il y a toujours, dans ce type de coloration, une démarche de séduction. La question qu’il faut alors se poser est « qui cherche-ton à séduire » ? Est-ce que l’on cherche à se séduire soi-même, à se plaire ? Estce que l’on veut plutôt séduire les autres ? Chacune d’entre nous a sa propre réponse.

OBJET D’ÉTUDE ESABAC 1. 2. 3. 4. 5.

En rapprochant les documents 1 et 2, que pouvez-vous dire de la chevelure ? Qu’ajoute le document 3 ? Dans le document 4, quel est son rôle ? Quel type de problème affronte le document 5 ? À partir de vos connaisances personnelles et des documents proposés, exposez brièvement pourquoi la chevelure constitue l’un des traits physiques aux significations les plus complexes.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

75


Ve-XVe siècles

Le Moyen Âge Synthèse visuelle Médiathèque PLAN INTERACTIF

19

Littérature 1 La littérature épique La littérature épique présente l’idéal de la société féodale, fait de courage, de fidélité et de soumission à dieu et au roi, souvent représenté par la figure de Charlemagne. Le protagoniste de cette littérature est le chevalier, un héros qui combat pour cet idéal et pour son seigneur, que La Chanson de Roland a très bien mis en scène.

La Chanson de Roland (XIIe siècle) • • • • •

épopée honneur prouesse héroïsme féodalité

2 Le récit courtois et satirique

3 La poésie didactique et lyrique

Le récit courtois, né au sein de la cour, déplace l’intérêt vers des thèmes plus appropriés aux goûts des Dames. On y parle d’amour et de la vie matérielle. Les protagonistes sont les chevaliers, et les philtres d’amour et les mages entrent dans les romans de Chrétien de Troyes qui illustrent ce nouveau genre. Le public bourgeois préfère la satire, une littérature plus réaliste, qui complète la vision du monde médiéval. Le Roman de Renart représente parfaitement ce type de récits.

Le Roman de la Rose, considérable par son ampleur, sa richesse et son influence est l’œuvre maîtresse de la poésie didactique. Son but est de donner un enseignement pratique, moral et scientifique. Avec la poésie lyrique, les sentiments personnels des auteurs deviennent le thème portant des textes. La poésie devient un métier et doit répondre à des règles de composition.

Thomas d’Angleterre (XIIe siècle) • amour et souffrance • amour et mort • fatalité de la passion

Chrétien de Troyes (v. 1135-1185) • esprit courtois • chevalerie • merveilleux médiéval

Le Roman de Renart (fin du XIIe siècle) • littérature satirique 76

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

uillaume de Lorris G (1200 ?-1238 ?) • poésie didactique • allégorie • l’art d’aimer

Bernart de Ventadour (v. 1125-1200) hristine de Pisan C (1363/4-1430) Rutebeuf (deuxième moitié du XIIIe siècle) Charles d’Orléans (1394-1465) • • • •

poésie lyrique chansons d’amour langue d’oc lyrisme bourgeois


Histoire et Société

Art

Époque Mérovingienne (Ve-VIIIe siècles)

Époque carolingienne (VIIIe-Xe siècles)

Époque Capétienne (Xe-XVe siècles)

L’art roman domine la première partie du Moyen Âge

• Le rois Clovis se convertit au catholicisme • Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers

• Charlemagne • Législation territoriale uniforme • Renaissance intellectuelle

• H � ugues Capet roi • Les Croisades et le Schisme d’Occident • La Guerre de Cent ans

L’art gothique apparaît au XIIe siècle : les cathédrales s’élancent vers le ciel

4 La poésie de tradition réaliste Avec une certaine décadence de la féodalité, les goûts du public changent. On s’intéresse aux problèmes personnels, on partage les sentiments des auteurs et Villon est le maître incontesté de cette nouvelle poésie qui affronte des thèmes macabres comme la mort, la souffrance et l’exil.

Francois Villon (1431- ?) • • • •

lyrisme personnel réalisme puissance d’évocation ballade

5 Le théâtre médiéval C’est à l’intérieur des églises que le théâtre est né comme représentation du culte mais, bien vite, le genre a évolué. La représentation a eu lieu à l’extérieur et on a dû créer des décors ; les comédiens de profession sont apparus ; la farce a acquis ses lettres de noblesse et s’est conservée jusqu’à nous. La Farce de Maître Pathelin est le plus bel exemple de pièce de théâtre médiéval.

La farce de Maître Pathelin (1465) • comique • tromperie

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

77


Ve-XVe siècles

Le Moyen Âge

Testez vos connaissances et compétences Histoire et Société 1. Indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

F

Le Moyen Âge a été marqué par trois grandes périodes. Clovis ne s’est jamais baptisé. Charlemagne favorise une renaissance intellectuelle. Les Vikings envahissent les côtes de la Bretagne. Hugues Capet hérite de la couronne de France. Sous Philippe le Bel, la papauté s’installe à Avignon. Jeanne d’Arc a été trahie. Louis XI participe à deux croisades. La société est divisée en trois ordres. Le seigneur doit à son vassal l’ost-assistance militaire.

Art 2. Répondez aux questions. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Quand l’art roman se développe-t-il ? Que devient l’église grâce aux symboles des chapiteaux ? Pourquoi, dans l’art gothique, les cathédrales s’élancent vers le ciel ? Qu’apporte en plus le gothique flamboyant ? Quelle est l’inspiration des tapisseries ? Qui a écrit les manuscrits ? Que sont les enluminures ? Quel type de tradition naît pendant le Moyen Âge ?

Littérature 3. Complétez les phrases avec les mots manquants. héros – personnages – Villon – didactique – théâtre – chevalier – poésie – farce – l’époque – ballade – littérature – satirique – rondeau – religion 1. Les chansons de geste sont une (1) ______________ de propagande. 2. La littérature courtoise met au centre les aventures du (2) ______________. 3. La littérature (3) ______________ naît dans les bourgs et les (4) ______________sont des bourgeois. 4. La (5) ______________ lyrique est à l’origine musicale. 5. Les (6) ______________ de Chrétien de Troyes sont des chevaliers courtois. 6. Au XIVe siècle apparaissent la (7) ______________ et le (8) ______________. 7. La poésie (9) ______________ produit des œuvres qui ont une vocation morale. 8. La poésie de (10) ______________ se démarque de la poésie de (11) ______________. 9. Le (12) ______________ est à l’origine en latin et a comme thèmes la (13) ______________. 10. La (14) ______________ s’impose au XVe siècle.

78

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Auteurs et œuvres 4. Complétez la grille.

Auteurs

Œuvres

Genres

La Chanson de Roland Thomas d’Angleterre

Roman courtois Perceval ou le Conte du Graal Récit satirique

Guillaume de Lorris Jean de Meung Bernart de Ventadour

Poésie lyrique Rondeaux

Rutebeuf Charles d’Orléans

Ballades

Inconnu

Le point sur... 5.

Théâtre, comédie

François Villon

20 Complétez le texte avec les mots manquants, puis vérifiez avec l’écoute. nostalgie – pardon – châtiment – thème – potence – corbeaux – illustres – soleil – fuite – pluie – mort – humains – compagnons – ballades La Ballade des dames du temps jadis a pour (1) ______________ le temps passé qui ne reviendra plus. Villon évoque des femmes (2) ______________ et exprime toute sa (3) ______________ à l’égard du passé, de la (4) ______________ du temps et de l’inéluctabilité de la (5) ______________. La ballade des pendus ou Épitaphe Villon demeure l’une des plus célèbres de ses (6) ______________. Le poète attend son (7) ______________ et se voit déjà, avec ses (8) ______________ d’infortune, pendu à la (9) ______________, trempé par la (10) ______________, desséché par le (11) ______________, dévoré par les (12) ______________. Il demande le (13) ______________ et la miséricorde pour lui et pour ses frères (14) ______________.

6. Préparez un exposé multimédia sur François Villon (sa vie, ses genres littéraires, ses thèmes, ses œuvres principales) et exposez-le à la classe.

Réflexion et production 7. Écrivez un compte-rendu sur Tristan et Iseut. −− Présentation de la période ou de l’œuvre. −− Présentation et commentaire de l’œuvre et des thèmes affrontés. −− Considérations personnelles. 8. Préparez une description écrite du personnage de Charlemagne et n’oubliez pas de préciser le contexte historique et social.

Le Moyen Âge XIe-XVe siècles

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

79





SIMONETTA DOVERI RÉGINE JEANNINE

Harmonie littéraire Atelier compétences des

Mise à jour 2020 • Marche à suivre pour la «Seconda Prova» • Étude des genres littéraires • Panorama des littératures européennes EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Responsabile editoriale Samantha Papaianni Redazione e impaginazione Les Mots Libres srl – Bologna Progetto grafico e copertina Enrica Bologni Ricerca iconografica Liliana Maiorano

ISBN 978-88-416-4153-8 Harmonie Littéraire 1 + Atelier des compétences - Mise à jour 2020 + CDmp3 ISBN 978-88-6706-362-8 Harmonie Littéraire 1 + Atelier des compétences - Mise à jour 2020 solo versione digitale Edizione aggiornata : gennaio 2020 Ristampe 2025 2024 2023 2022 2021 2020 VI V IV III II I * Printed in Italy

© 2019 - Proprietà letteraria riservata.

Per le riproduzioni di testi e immagini appartenenti a terzi, inserite in quest’opera, l’editore è a disposizione degli aventi diritto non potuti reperire, nonché per eventuali non volute omissioni e/o errori di attribuzione nei riferimenti.

È vietata la riproduzione, anche parziale, con qualsiasi mezzo effettuata, compresa la fotocopia, anche ad uso interno o didattico, non autorizzata. Le fotocopie per uso personale del lettore possono essere effettuate nei limiti del 15% di ciascun volume dietro pagamento alla SIAE del compenso previsto dall’art. 68, commi 4 e 5, della legge 22 aprile 1941 n. 633. Le riproduzioni per finalità di carattere professionale, economico o commerciale o comunque per uso diverso da quello personale, possono essere effettuate a seguito di specifica autorizzazione rilasciata da CLEARedi (Centro licenze e autorizzazioni per le riproduzioni editoriali), corso di Porta Romana 108, 20122 Milano, e-mail autorizzazioni@ clearedi.org e sito web www.clearedi.org. L’editore fornisce – per il tramite dei testi scolastici da esso pubblicati e attraverso i relativi supporti o nei siti www.principato.it e www.europassedizioni.it – materiali e link a siti di terze parti esclusivamente per fini didattici o perché indicati e consigliati da altri siti istituzionali. Pertanto l’editore non è responsabile, neppure indirettamente, del contenuto e delle immagini riprodotte su tali siti in data successiva a quella della pubblicazione, dopo aver controllato la correttezza degli indirizzi web ai quali si rimanda.

Casa Editrice G. Principato S.p.A. Via G.B. Fauché 10 20154 Milano siti web: http ://www.principato.it http://www.europassedizioni.it e-mail: info@principato.it La casa editrice attua procedure idonee ad assicurare la qualità nel processo di progettazione, realizzazione e distribuzione dei prodotti editoriali. La realizzazione di un libro scolastico è infatti un’attività complessa che comporta controlli di varia natura. È pertanto possibile che, dopo la pubblicazione, siano riscontrabili errori e imprecisioni. La casa editrice ringrazia fin da ora chi vorrà segnalarli a : Servizio clienti Principato – email : info@principato.it

Stampa : Vincenzo Bona, Torino

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Sommaire

Fiche A

De la communication au texte littéraire Exercices d’entraînement

4 8

Fiche B

Les genres littéraires

10

1. Le roman Exercices d’entraînement

10

2. La poésie Exercices d’entraînement

17

3. Le théâtre Exercices d’entraînement

27

Fiche C

13

22

29

Mise à jour 2020

Vers la « Seconda prova » (D.M. 769 del 26 novembre 2018) Exercices d’entraînement (Langue et culture - Langues 1, 2 et 3)

32 36

texte littéraire • texte artistique • texte historico-social • texte d’actualité

Fiche D

Tableaux chronologiques des littératures européennes

44

Glossaire

62

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA

3


Fiche A De la communication au texte littéraire La communication La communication est basée sur le langage et sur des signes corporels et du visage qui permettent de transmettre des messages. verbale À la base du langage, il y a les mots qui sont porteurs de signification et qui sont formés de deux aspects : –– le signifiant, sa forme graphique et sonore (maison, casa, home, ...) ; –– le signifié, son idée. Toute communication se déroule à travers ce schéma : CANAL (VOIX) ÉMETTEUR

MESSAGE

CONTEXTE

RÉCEPTEUR CODE

La communication écrite

Dans la communication écrite un nouvel élément, le texte, est intégré dans le schéma communicatif et le canal n’est plus la voix mais le texte écrit. Un texte se caractérise par : –– la cohérence (relations entre les mots) ; –– la cohésion (liens entre les messages communiqués) ; –– la ponctuation ; –– la mise en page et la division en paragraphes ; –– les connecteurs ; –– les temps des verbes ; –– la progression.

Le texte littéraire

Un texte devient littéraire quand il utilise la langue en recherchant des aspects esthétiques et formels. Il obéit alors à des règles qui vont distinguer un texte en prose, un texte en vers ou un texte de théâtre. Le schéma communicatif devient : CANAL (LIVRE) AUTEUR

TEXTE

TRADITION, CULTURE

LECTEUR LANGUE, STYLE

Les textes littéraires peuvent être différents et on distingue : –– le texte narratif : sa fonction est de raconter des événements réels, imaginaires ou historiques et d’en informer le lecteur ; –– le texte descriptif : sa fonction est de présenter un personnage, un lieu, un objet que le lecteur ne voit pas ; –– le texte argumentatif : l’auteur expose son opinion pour prouver une thèse, combattre des idées ; il veut convaincre, polémiquer ou ridiculiser un adversaire ; 4 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


–– le texte poétique : la poésie se caractérise par une façon de sentir, de voir, de réagir devant le monde et une façon inhabituelle de s’exprimer (mise en page, emploi du vers, disposition en strophes, présence de rimes) ; –– le texte théâtral : il est fait pour être joué et à des codes propres.

Repérer le registre d’un texte

Le registre d’un texte se définit par l’effet qu’il produit sur le lecteur : rire, sourire, tristesse, peur, pitié. Un texte qui fait rire est comique ; s’il fait sourire, il est humoristique ; s’il émeut ou fait peur, il est dramatique ; s’il inspire la pitié, la tristesse ou la douleur, il est pathétique ; s’il inspire la terreur ou le désespoir, il est tragique ; s’il fait partager des émotions ou des sentiments intimes, il est lyrique ; s’il raconte des exploits héroïques ou des événements extraordinaires, il est épique ; s’il se moque de quelqu’un ou de quelque chose en disant le contraire de ce qu’il pense, il est ironique. Les procédés du comique sont la déformation (la caricature d’un personnage ou l’exagération d’une situation) ; la répétition (de mots, de phrases ou de gestes) ; l’écart entre la situation et le langage (un personnage qui dans une situation officielle emploie un langage familier ou le contraire etc.). Les formes du comique sont : la satire (critique moqueuse de la société ou d’un personnage), la parodie (imitation burlesque par exagération), l’ironie (dire le contraire de ce qu’on pense pour dénoncer des personnes et des idées en soulignant l’absurdité), l’humour (moins fort que l’ironie, il jette un regard souriant sur le monde pour en dévoiler l’absurdité). Un texte pathétique se caractérise par l’expression de la souffrance, de la tristesse, de la douleur et il vise à provoquer la pitié du lecteur. Ses marques sont l’hyperbole (l’exagération), l’exclamation, les interjections, tout un vocabulaire d’émotions, de sensations, de douleur, de souffrance. Un texte lyrique exalte les sentiments et les émotions, il se caractérise par les marques de la première personne, les anaphores, les exclamations, les interrogations, le vocabulaire des sentiments, du bonheur, du malheur, l’évocation de grands thèmes comme la nature, la mort, l’amour.

Repérer un niveau de langue

Il existe plusieurs façons d’exprimer une même idée selon les circonstances, la situation, selon la personne qui parle ou la personne à qui l’on parle. Ces diverses façons s’appellent les niveaux de langue, on en distingue trois : 1. familier ; 2. courant ou neutre ; 3. soutenu. Il existe aussi la langue populaire ou vulgaire (l’argot). On repère un niveau de langue par la prononciation, le vocabulaire et la grammaire. Le niveau soutenu se distingue par les liaisons faites dans la prononciation, par des mots compliqués, précis ou rares dans le vocabulaire, par la concordance des temps au subjonctif, par des phrases correctes et complexes dans la forme grammaticale. Le niveau courant se distingue par des mots courants et des phrases simples. Le niveau familier a une prononciation déformée, utilise des mots familiers,

5 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


De la communication au texte littéraire

Fiche A

une forme grammaticale incorrecte, par exemple avec la négation supprimée ou le sujet omis, et des phrases simples. Repérer un niveau de langue sert pour se renseigner sur le niveau social et culturel, l’origine, l’âge, le caractère, la personnalité de celui qui parle.

Repérer les figures de style

Les figures de style les plus fréquentes sont : Accumulation

Acrostiche

Allégorie

Anaphore

Antithèse

Chiasme

Elle permet un foisonnement de détails qui développent l’idée principale, elle est source de richesse et de précision. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire… (Balzac, Le père Goriot) Poème dans lequel les initiales de chaque vers, lus verticalement, composent le nom de l’auteur, du dédicataire ou un mot-clé. Mon aimée adorée avant que je m’en aille, Avant que notre amour, Maria, ne déraille, Râle et meurt, m’amie, une fois, une fois, Il faut nous promener tous deux seuls dans les bois, Alors je m’en irai plein de bonheur, je crois (Apollinaire, Poèmes retrouvés, « Maria ») Expression d’une idée par une métaphore animée, elle est souvent écrite avec une majuscule. Il y a quatre paires de feuilles Que Nature avec une grande habileté A placées côte à côte (Guillaume de Lorris, Le Roman de la Rose) Procédé qui consiste à commencer plusieurs vers ou phrases par le même mot ou groupe de mots. Le limon se fendille, il grille et s’éparpille Le limon s’épaissit et devient une étoffe Le limon s’éparpille et devient limitrophe (R. Queneau, Petite Cosmogonie portative) Elle permet d’opposer deux termes ou deux expressions dans une même phrase ou un même paragraphe ; elle joue sur les contraires. Faut-il de votre éclat voir triompher le comte Et mourir sans vengeance ou vivre dans la honte ? (Corneille, Le Cid, I, 4) Ce sont deux ensembles dont les mots sont inversés ; le chiasme permet de mettre en valeur des parallélismes ou des oppositions. Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger (Molière, L’Avare, III, 1)

6 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Comparaison

Elle permet de souligner les similitudes entre des êtres ou des choses et conserve le sens de deux termes qu’elle rapproche. ..les chandelles en perdirent leur éclat, comme les étoiles de la lune au lever du soleil (Chrétien de Troyes, Perceval) Litote Elle permet de dire en peu de mots quelque chose qui signifie beaucoup ; elle modère les aveux ou les éloges. Va, je ne te hais point. (Corneille, Le Cid, III, 4) Métaphore Elle remplace un terme par un autre pour produire une image ; elle permet de traduire visuellement des sensations ou des sentiments. Usant à l’envie leurs chaleurs dernières, Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux (Baudelaire, Les Fleurs du mal, « La mort des amants ») Métonymie Elle permet de désigner une chose avec un mot qui se rapporte à autre chose ; elle permet de passer du concret à l’abstrait ou de l’abstrait ou concret, de la cause à l’effet ou de l’effet à la cause, Viens boire un verre à la maison ! Oxymore Il permet de rapprocher des réalités supposées incompatibles, des termes opposés ; il a l’effet d’un paradoxe. un savant ignorant, un mystificateur mystifié, un prêtre incrédule (Balzac, l’Illustre Gaudissard) Périphrase Elle consiste à employer plusieurs mots au lieu d’un seul pour désigner ou qualifier une personne ou une chose. L’astre de la nuit pour la lune. Personnification Elle permet de représenter des abstractions ou des choses par des hommes ou des femmes Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder. (La Fontaine, Fables, « La Mort et le Bûcheron ») Redondance Ce procédé consiste à répéter la même idée sous plusieurs formes. Lucullus ne faisait compte de toutes ces plaintes et doléances. (Amyot, Vie de Lucullus)

Classer un texte

Si on le classe selon : ses caractéristiques de forme l’intention de celui qui parle ou écrit l’effet qu’il produit sur le lecteur son niveau de langue

On trouve : son genre (roman, théâtre, poésie, apologue  etc.) sa forme de discours (narrative,  argumentative, descriptive etc.) son registre  

le niveau social, culturel ou le caractère de celui qui parle

7 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Fiche A

De la communication au texte littéraire

Exercices d’entraînement REPÉRER LE GENRE

1. Parmi ces différents extraits, repérez le genre du texte, dites s’il s’agit d’un texte narratif, descriptif ou argumentatif. a. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), ÉMILE (1762)

La femme est faite spécialement pour plaire à l’homme ; si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe, son mérite est dans sa puissance, il plaît par cela seul qu’il est fort. Ce n’est pas ici la loi de l’amour, j’en conviens ; mais c’est celle de la nature, antérieure à l’amour même. Cultiver dans les femmes les qualités de l’homme et négliger celles qui leur sont propres, c’est donc visiblement travailler à leur préjudice : les rusées le voient trop bien pour en être les dupes ; en tâchant d’usurper nos avantages elles n’abandonnent pas les leurs ; mais il arrive de là que, ne pouvant bien ménager les uns et les autres, parce qu’ils sont incompatibles, elles restent audessous de leur portée sans se mettre à la nôtre, et perdent la moitié de leur prix. Croyez-moi, mère judicieuse, ne faites point de votre fille un honnête homme, comme pour donner un démenti à la nature ; faites-en une honnête femme, et soyez sûre qu’elle en vaudra mieux pour elle et pour nous. b. Gustave Flaubert (1821-1880), UN CŒUR SIMPLE (1877)

En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d’hôpital. Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; et toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique. c. Samuel Beckett (1906-1989), MOLLOY (1951)

Je suis dans la chambre de ma mère. C’est moi qui y vis maintenant. Je ne sais pas comment j’y suis arrivé. Dans une ambulance peut-être, un véhicule quelconque certainement. On m’a aidé. Seul je ne serai pas arrivé. Cet homme qui vient chaque semaine, c’est grâce à lui peut-être que je suis ici. Il dit que non. Il me donne un peu d’argent et enlève les feuilles. Tant de feuilles, tant d’argent. Oui, je travaille maintenant, un peu comme autrefois, seulement je ne sais plus travailler. Cela n’a pas d’importance, paraît-il. Moi je voudrais maintenant parler des choses qui me restent, faire mes adieux, finir de mourir. Ils ne veulent pas. REPÉRER LE REGISTRE

2. Repérez le registre de ces extraits. a. Jean Cocteau (1889-1963), LA VOIX HUMAINE (1930)

... Sois tranquille. On ne se suicide pas deux fois... Peut-être, pour essayer de dormir... Je ne saurais pas acheter un revolver. Tu ne me vois pas achetant un revolver !... Où trouverais-je la force de combiner un mensonge, mon pauvre adoré ?... Aucune... J’aurais dû avoir de la force. Il y a des circonstances où le mensonge est utile. Toi, si tu me mentais pour rendre la séparation moins pénible... Je ne dis pas que tu mentes. Je dis : si tu mentais et que je sache. Si, par exemple, tu n’étais pas chez toi et que tu me dises... Non, non, mon chéri ! Écoute... 8 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


b. Eugène Ionesco (1912-1994), LA LEÇON (1950) l’élève La

neige tombe l’hiver. L’hiver est une des quatre saisons. Les trois autres sont... euh... le prin... le professeur Oui ? l’élève …temps, et puis l’été… et… euh… le professeur Ça commence comme automobile, Mademoiselle. l’élève Ah, oui, l’automne… le professeur C’est bien cela, Mademoiselle, très bien répondu, c’est parfait. Je suis convaincu que vous serez une bonne élève. Vous ferez des progrès. Vous êtes intelligente, vous me paraissez instruite, bonne mémoire. l’élève Je connais mes saisons, n’est-ce pas, Monsieur ? REPÉRER LE NIVEAU DE LANGUE

3. Repérez dans ces extraits le niveau de langue. a. Molière (1622-1673), L’AVARE (1668)

THOMAS DIAFOIRUS Souffrez donc, Mademoiselle, que j’appende aujourd’hui à l’autel de vos charmes l’offrande de ce cœur, qui ne respire et n’ambitionne autre gloire, que d’être toute sa vie, Mademoiselle, votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et mari… b. Marcel Proust (1871-1922), DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN (1913)

Je ne quittais pas ma mère de mes yeux, je savais que quand on serait à table, on ne me permettrait pas de rester pendant toute la durée du dîner et que, pour ne pas contrarier mon père, maman ne me laisserait pas l’embrasser à plusieurs reprises devant le monde, comme si ç’avait été dans ma chambre. c. Raymond Queneau (1903-1976), ZAZIE DANS LE MÉTRO (1959)

Gabriel regarde dans le lointain ; elles, elles doivent être à la traîne, les femmes c’est toujours à la traîne ; mais non, une mouflette surgit qui l’interpelle. – « Chsuis Zazie, jparie que tu es mon tonton Gabriel ». – « C’est bien moi, répond Gabriel en anoblissant son ton, oui je suis ton tonton ». La gosse se mare. Gabriel, souriant poliment, la prend dans ses bras, il la transporte au niveau de ses lèvres, il l’embrasse, elle l’embrasse, il la redescend. REPÉRER LES FIGURES DE STYLE

4. Repérez dans ces extraits les figures de style. a. Charles Baudelaire (1821-1867), LE SPLEEN DE PARIS, LA CHEVELURE (1869)

[...] Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre, dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical, sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. b. Louis Aragon (1897-1982), LE ROMAN INACHEVÉ (1956)

Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la plage Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage Comme l’algue sur un sextant qu’échoue à terre la marée Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite [...] 9 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Fiche B Les genres littéraires 1. Le roman

Un texte devient un roman quand il est soumis à des lois de fonctionnement. La fiction romanesque est une représentation, qui raconte une histoire avec des personnages, un espace et un temps donnés. C’est un texte composite qui peut être fait d’un récit événementiel, de descriptions, de discours, de passages explicatifs qui s’adresse à un lecteur, destinataire dont la trace est effacée. Les discours peuvent être rapportés de façons différentes : –– discours direct : les paroles sont rapportées telles quelles, c’est ce qu’on appelle un dialogue ; –– discours indirect : le sujet parlant reproduit la parole et la pensée d’un autre ; –– discours indirect libre : il s’agit d’une forme intermédiaire entre le discours direct et indirect ; c’est d’habitude une proposition indépendante qui n’a pas de signes de ponctuation particulière, qui n’est pas introduite par un verbe d’opinion. Cette forme permet à l’auteur de garder une certaine distance par rapport à celui qui parle, elle rend la pensée du personnage, c’est la transposition de son monologue intérieur.

Le personnage

Le personnage est une somme de signes linguistiques, un « être de papier » dont on peut faire un portrait physique, moral ou social. La description du personnage peut être faite : –– par le narrateur ou proposée par un intermédiaire ; –– de l’extérieur en laissant pressentir l’intérieur (sa psychologie ou son rôle) ; –– sur la base de son comportement, ses actions, ses paroles, ses traits physiques et moraux, qui vont former un ensemble cohérent et définir son rôle thématique ; –– par sa fonction (son rôle ou son influence sur les autres).

L’espace

L’espace sert de cadre aux événements. Il peut être décrit de façon minutieuse pour donner un effet de réalisme, susciter des impressions ou annoncer les faits qui vont suivre ou bien il devient l’espace du rêve, un univers lié à la psychologie, et illustre le rôle thématique du personnage. Il y a toujours une interaction entre l’espace et les personnages.

Le temps

Toute fiction suppose une durée, elle doit donner l’illusion d’un déroulement temporel, mais, tandis que la durée de l’histoire est faite d’heures, de minutes et de secondes, la durée du texte est faite de mots, de lignes et de pages. Le rapport entre la durée du texte et celle de l’action peut varier et quatre possibilités nous sont offertes : –– nous pouvons avoir un rapport direct, les deux temps coïncident = scène ; –– le récit peut être plus rapide que n’a été la durée de l’action = sommaire ; –– le récit peut ne pas rapporter la durée de l’action (passer sous silence des événements sans importance) = ellipse ; –– le récit peut donner une grande place à un fait très rapide, en ajoutant d’autres éléments (les pensées d’un personnage, par exemple) = pause.

10 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Les faits peuvent être racontés dans l’ordre chronologique, ou bien la succession peut être interrompue par des retours en arrière, ou bien des événements peuvent être annoncés avant leur réalisation. Le rapport entre la durée de l’histoire et la durée de la narration n’est pas direct, des faits qui se déroulent pendant des années peuvent être racontés en quelques mots et vice-versa ; l’alternance de l’une ou de l’autre de ces formes de rapport « durée de l’histoire » ou « durée de la narration » constitue le rythme de la narration.

L’action

Dans la fiction, le récit des actions et les passages descriptifs sont liés. Il y a des actions qui ont une fonction cardinale et d’autres qui sont secondaires et qui remplissent les espaces entre les actions principales. Toutes les actions s’enchaînent et font naître la structure de base du roman.

La voix du narrateur

Le narrateur a un rôle fictif, il ne peut pas être confondu avec l’auteur, une personne réelle vivante ou ayant vécu dans un temps déterminé. Le rôle du narrateur est de raconter une histoire et aussi de distribuer entre les divers personnages les discours et de préciser le ton, un peu comme un metteur en scène du théâtre. Il peut être présent dans le texte dans un personnage et donc jouer un rôle, ou rester anonyme et n’avoir aucun rôle direct dans l’action.

Le point de vue du narrateur ou focalisation

Le narrateur peut : –– tout savoir, il est omniscient, il a une vue d’ensemble qui dépasse celle qu’en ont les divers personnages. Dans ce cas on parle de focalisation zéro ; –– en savoir autant que le personnage, le regard du narrateur est situé dans le regard d’un personnage, et il ne raconte que ce que voit ou ressent ce personnage (focalisation interne) ; –– en savoir moins que le personnage, la réalité décrite est réduite à ses apparences extérieures, le lecteur ignore souvent l’identité des personnages et le sens de leurs actions comme dans le roman policier, d’aventures et en particulier dans les écrivains du Nouveau Roman (focalisation externe) ; –– au fil du récit le point de vue peut se déplacer d’un personnage à l’autre, comme, par exemple, dans les romans par lettres.

LES GENRES LES PLUS IMPORTANTS DU ROMAN L’autobiographie

Dans ce type de récit en prose, l’auteur s’identifie avec le narrateur et le protagoniste, il raconte des épisodes de sa vie, ses expériences et ses déceptions amoureuses ou politiques. Le je est celui qui raconte et qui a vécu les événements racontés et il a un pacte de sincérité avec le lecteur. L’autobiographie se heurte à de nombreuses difficultés comme les défauts de la mémoire, le désir de se justifier, l’impossibilité d’être tout à fait sincère et objectif. Elle se distingue des mémoires (qui mettent l’accent sur l’histoire de l’époque de l’auteur et non sur sa vie individuelle et intime), du journal (qui n’est pas rétrospectif, mais écrit au jour le jour), du roman autobiographique (qui présente l’histoire et les personnages comme imaginaires).

L’apologue

C’est un récit allégorique, une histoire parfois en vers qui met en scène des animaux ou des hommes et qui donne une leçon morale ou un enseignement. La morale peut être explicite (exprimée clairement) ou implicite (non exprimée, c’est au lecteur de la trouver).

11 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Vers la « Seconda prova » - Mise à jour 2020

Fiche C

Exercices d’entraînement

Langue et culture – langue 1 Le Jeu

TEXTE n. 1 (LITTÉRAIRE)

5

10

15

20

25

30

35

40

Un après-midi, il réveilla assez rudement Robinson qui faisait la sieste sous un eucalyptus. Il s’était fabriqué un déguisement dont Robinson ne comprit pas tout de suite le sens. Il avait enfermé ses jambes dans des guenilles nouées en pantalon. Une courte veste couvrait ses épaules. Il portait un chapeau de paille, ce qui ne l’empêchait pas de s’abriter sous une ombrelle de palmes. Mais surtout il s’était fait une fausse barbe en se collant des touffes de poils roux de cocotier sur les joues. « Sais-tu qui je suis ? » demanda-t-il à Robinson en déambulant majestueusement devant lui. « Non. » « Je suis Robinson Crusoé, de la ville d’York en Angleterre, le maître du sauvage Vendredi ! » « Et moi alors, qui suis-je ? » demanda Robinson stupéfait. « Devine ! » Robinson connaissait trop bien maintenant son compagnon pour ne pas comprendre à demi-mot ce qu’il voulait. Il se leva et disparut dans la forêt. Si Vendredi était Robinson, le Robinson de jadis, maître de l’esclave Vendredi, il ne restait à Robinson qu’à devenir Vendredi, le Vendredi esclave d’autrefois. En réalité, il n’avait plus sa barbe carrée er ses cheveux ras d’avant l’explosion, et il ressemblait tellement à Vendredi qu’il n’avait pas grand-chose à faire pour jouer son rôle. Il se contenta de se frotter le visage et le corps avec du jus de noix pour se brunir, et d’attacher autour de ses reins le pagne de cuir des Araucans que portait Vendredi le jour ou il débarqua dans l’île. Puis il se présenta à Vendredi et lui dit : « Voilà, je suis Vendredi ! » Alors Vendredi s’efforça de faire de longues phrases dans son meilleur anglais, et Robinson lui répondit avec les quelques mots d’araucan qu’il avait appris du temps que Vendredi ne parlait pas du tout l’anglais. « Je t’ai sauvé de tes congénères qui voulaient te sacrifier pour neutraliser ton pouvoir maléfique », dit Vendredi. Et Robinson s’agenouilla par terre, il inclina sa tête jusqu’au sol en grommelant des remerciements éperdus. Enfin prenant le pied de Vendredi, il le posa sur sa nuque. Ils jouèrent souvent à ce jeu. C’était toujours Vendredi qui en donnait le signal. Dès qu’il apparaissait avec sa fausse barbe et son ombrelle, Robinson comprenait qu’il avait en face de lui Robinson, et que lui-même devait jouer le rôle de Vendredi. Ils ne jouaient d’ailleurs jamais des scènes inventées, mais seulement des épisodes de leur vie passée, alors que Vendredi était un esclave apeuré et Robinson un maître exigeant. Ils représentaient l’histoire des cactus habillés, celle de la rizière asséchée, celle de la pipe fumée en cachette près des tonneaux de poudre. Mais aucune scène ne plaisait autant à Vendredi que celle du début, quand il fuyait les Araucans qui voulaient le sacrifier, et quand Robinson le sauvait. Robinson avait compris que ce jeu faisait du bien à Vendredi parce qu’il le libérait du mauvais souvenir qu’il gardait de sa vie d’esclave. Mais à lui aussi Robinson, ce jeu faisait du bien, parce qu’il avait toujours un peu de remords de son passé de gouverneur et de général. Michel Tournier, Vendredi ou la vie sauvage (1971)

36 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


COMPRÉHENSION 1. Dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses. V 1. 2. 3. 4. 5.

F

Robinson dort sous un eucalyptus. Vendredi a une barbe en touffes de cocotiers. Robinson devient Vendredi. Ils jouent des scènes inventées. Le jeu fait du bien à Vendredi.

2. Répondez aux questions suivantes. 1. En quoi consiste le jeu du déguisement ? 2. Quelle est la réaction de Robinson à ce jeu ? 3. Qui prend toujours l’initiative du jeu ? 4. Que Vendredi, s’efforce-t-il de faire pendant le jeu ? 5. Que doit faire Robinson pour ressembler à Vendredi ? 6. Quelle est la scène que Vendredi préfère jouer ? 7. Quelle est la réaction de Robinson ? 8. Pourquoi Robinson pose-t-il le pied de Vendredi sur sa nuque ? 9. Quels sont les bienfaits de ce jeu ? Pourquoi ? 10. Quelle est la portée symbolique de ce texte ?

Pourquoi veut-on la peau du Sacré-Cœur ?

TEXTE n. 2 (ARTISTIQUE)

C’est le deuxième édifice religieux le plus visité après la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pourtant certains ne le portent pas dans leur cœur.[…] Que reproche-t-on exactement au Sacré-Cœur ?

5

10

15

20

« Le Sacré-Cœur est une verrue versaillaise qui insulte la mémoire de la Commune de Paris. » D’entrée de jeu, les intentions de « Nathalie Lemel » sont claires. Un Parisien, identifié sous le pseudonyme de cette figure féministe de la Commune de Paris, souhaite « la démolition totale de la basilique lors d’une grande fête populaire ». […] Chaque année, la ville de Paris donne l’opportunité à ses habitants de proposer des idées d’investissements pour leur arrondissement et/ou tout Paris. Pour être recevable, il est impératif que le projet proposé relève de l’intérêt général, de la compétence de la Ville de Paris et rentre dans le budget d’investissement sans générer de dépenses de fonctionnement. […] La construction du Sacré-Cœur, à partir de 1875, se déroule dans un contexte « d’ordre moral » qui fait suite à la Commune de Paris, véritable insulte pour une partie de la France monarchiste et cléricale. L’amertume et la honte n’en sont que plus renforcées puisque la France vient de perdre face à la Prusse qui, en prime, a récupéré une partie de l’Alsace et de la Lorraine. […] Le Sacré-Cœur est donc le moyen « d’expier les péchés imputés à la Commune », explique Mathilde Larrère, maître de conférences en histoire contemporaine. Pour les partisans de la Commune, il est encore plus difficile de voir s’ériger cette basilique, symbole de l’obscurantisme le plus total, à l’endroit où ont débuté les événements de la Commune. « Les communards voient cet édifice religieux comme un lieu d’asservissement des masses. Ils sont pour la séparation de l’Église et de l’État », détaille le père Jacques Benoist, historien et auteur de plusieurs ouvrages sur le Sacré-Cœur. […] 37 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Fiche D

Tableaux chronologiques Moyen Âge Littérature italienne

Littérature anglaise

Les premiers textes littéraires en langue vulgaire datent du XIIIe siècle et sont d’inspiration religieuse. En retard par rapport à la France, la poésie lyrique naît à Palerme, à la cour de Frédéric II de Suède et elle reprend la poésie des troubadours français. Avec le Dolce stilnovo (dont les plus grands représentants sont Dante, Guido Guinizelli et Guido Cavalcanti), école poétique qui s’affirme à Florence entre 1280 et 1310, la femme n’est plus vue comme un ange mais elle est ange, trait d’union entre ciel et terre, salut spirituel. Dante, père de la langue et de la littérature italienne, est le modèle culturel de tout le Moyen Âge. Au XIVe siècle l’Italie est la nation guide pour la littérature et pour les arts. C’est le siècle de Pétrarque et de Boccace qui anticipent la nouvelle civilisation de l’Humanisme. Au XVe siècle Florence, à l’époque de Laurent de Médicis, a une très riche vie culturelle. Angelo Poliziano est le poète qui interprète le mieux la sensibilité et le goût humaniste. Dans la deuxième moitié du siècle naît le poème chevaleresque qui reprend les thèmes de la matière bretonne et carolingienne. Les initiateurs du genre sont à Florence Luigi Pulci avec Morgante et, à Ferrare, Matteo Maria Boiardo avec Le Roland Amoureux.

Beowulf est considéré comme l’un des plus vieux témoignages écrits de la littérature anglo-saxonne. C’est un poème épique composé entre la première moitié du VIIe siècle et la fin du premier millénaire qui évoque des événements historiques. Beowulf est le héros dont on connaît les exploits. Après une littérature savante en latin ou en anglo-saxon, limitée à la cour ou aux monastères, avec la conquête des Normands en 1066, les modèles français pénètrent en Grande Bretagne. Les ménestrels traduisent et imitent les trouvères, mais la première œuvre poétique importante en langue anglaise est Les visions de Guillaume au sujet de Pierre Le Laboureur de Robert Langland qui date de 1362. Il s’agit d’une satire allégorique des mœurs du clergé et de la société laïque de l’époque. Le plus grand écrivain du XIVe siècle est Geoffrey Chaucer qui au début imite la forme allégorique du Roman de la Rose et qui, après un voyage en Italie, s’inspire de Boccace. Son grand poème est les Contes de Canterbury.

44 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


des littératures européennes Littérature allemande

Littérature espagnole

Les œuvres poétiques les plus intéressantes du Xe et du XIe siècle sont des traductions en vers latins des vieux chants nationaux : les moines qui les ont écrits ont conservé la trace des poèmes ou des traditions qu’ils avaient sous les yeux. Tel est le poème de Walther d’Aquitaine composé en vers latins par le moine Eckehard, vers le milieu du Xe siècle, et le poème de Ruodlieb, rédigé aussi par un moine au commencement du siècle suivant. L’apogée de la littérature du Moyen Âge commence quand les peuples allemands entrent en contact avec les nations du Midi. La littérature s’inspire alors des modèles français et à ses œuvres chevaleresques, mais avec une résonance personnelle et originale comme par exemple les Nibelungen, dont le thème de Siegfried et de Kriemhild sera repris par Wagner dans la Tétralogie. À côté des trouvères français figurent les Minnesänger ou chanteurs courtois avec leur poésie lyrique amoureuse comme Walther Von Vogelweide ou Wolfran von Eschenbach qui, dans son Parzival, élargit le récit de l’apprentissage du jeune héros en lui donnant une vision cosmique et de paix chrétienne.

La chanson de geste Cantar de moi Cid (XIIe siècle) est le point de départ de la littérature espagnole, c’est le premier poème castillan conservé, symbole de la reconquête espagnole sur les Maures et de la fidélité vassalique. Le foyer culturel le plus important est la cour d’Alphonse le Sage. Le recueil de ses lois, connu sous le nom des Sept parties, nom tiré des sept divisions de l’ouvrage, est un système complet de législation et de police ecclésiastique et civile ; en ce qui touche les devoirs réciproques d’un souverain et de ses sujets. Alphonse a eu sans doute de nombreux collaborateurs, mais on s’accorde à lui attribuer la rédaction de l’ouvrage. À la cour d’Alphonse naît une importante littérature en prose comme le Comte Lucanor de don Juan Manuel ou le Livre du bon Amour de Juan Ruiz, inspiré en partie par l’Art d’aimer d’Ovide. Au XVe siècle l’Espagne vit encore un moment de transition et de préparation. En littérature, elle cherche encore son identité, et, durant tout ce siècle, est dominée par la triple influence de l’Antiquité, de la Provence et de l’Italie. Parmi les poètes on cite Juan Rodríguez de la Cámara avec son Triomphe des dames et du côté théâtre on signale la Célestine, œuvre clé de la littérature espagnole.

45 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato SpA


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.