MATHON Elise
Pour une architecture durable, consciente de son impact : Génératrice d’interactions sociales dans l’espace urbain S6SA / Rapport D’études Années 2018 / 2019
Sous la direction de Steven Saulnier-Sinan Enseignement sous la responsabilité de Théodora MANOLA
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
Sommaire Introduction
Pour une architecture humaine et durable
Pages 1-3
Partie I. Une architecture qui valorise les interactions sociales / Favorise la connexion des hommes entre eux 1) Des dispositifs spatiaux et architecturaux au service de la construction d’interactions sociales / à l’échelle du voisinage, de l’habitat
Pages 4-8
2) Un aménagement de l’espace public privilégiant les interactions sociales / à l’échelle de la ville
Pages 8-13
3) Des démarches de conception au service de la vie en communauté / Une architecture pensée en concertation avec les futurs usagers
Pages 13-18
Partie II. Une architecture qui a conscience de son impact sur son contexte 1) Une architecture qui ménage son site et respecte l’écosphère/ Une implantation bienveillante du projet sur son site
Pages 19-23
2) Une architecture qui tire profit des spécificités de son site / Utilisation de ressources naturelles, locales et gratuites
Pages 23-27
3) Une architecture qui exploite et prend en compte son environnement culturel / L’architecture comme objet d’appartenance culturelle
Pages 27-30
Conclusion
Un architecte à l’écoute et conscient de l’impact qu’a son projet
Pages 31-32
Bibliographie
Pages 33-34
Iconographie
Page 35
Introduction Pour une architecture humaine et durable Je ne peux concevoir l’architecture sans penser à sa dimension humaine. Pour moi, l’humain est à placer au centre des préoccupations de l’architecte. L’architecture est d’abord créée pour l’homme, elle permet à celui-ci d’« Habiter » (sens Heideggerien du terme). Comme l’explique Heidegger dans Bâtir, Habiter, Penser 1, l’architecture permet à l’Homme de réaliser son être au monde, sa maison devient un refuge dans ce monde irrationnel (cf Encadré 1). L’architecture, et plus particulièrement le logement, a toujours été pensée pour l’humain et par l’humain. La phénoménologie nous démontre que l’habitat est un besoin pour l’espèce humaine. Elle ne doit pas seulement être logée (ce qui répond à un besoin vital) mais doit habiter (ce qui lui permet de s’épanouir). Mettre l’être humain en tant qu’habitant au centre des préoccupations de l’architecture est donc loin d’être une pensée nouvelle. Néanmoins cette préoccupation me tient toujours à cœur et j’aimerais qu’elle soit prépondérante dans ma manière de concevoir des projets d’architecture. Dans ce rapport, je me concentrerai sur l’homme comme habitant et usager de la ville. J’ai une profonde affinité envers les sujets portant sur la ville et les processus urbains. D’où ma volonté de me focaliser sur l’homme en tant qu’urbain. C’est-à-dire individu vivant dans un espace soumis à des processus d’urbanisation. Le bien-être des individus, leur santé, et leur état psychologique dépendent, selon moi ,en grande partie du lieu dans lequel ils vivent. Proposer une architecture de qualité prenant en compte le bien être des habitants est donc un point crucial pour moi. En plus de cette volonté de permettre aux individus de vivre dans un habitat qualitatif, j’aimerais, au travers de l’architecture, favoriser la création d’un lien entre les habitants. Valoriser le tissage de relations entre les individus d’une société est la clé du bien-être et du bonheur selon moi. L’architecture peut être un moyen de créer des situations propices aux rencontres et à la convivialité. Réussir à faire cohabiter les individus dans de bonnes conditions est l’enjeu de demain. La croissance démographique ainsi que la densité de l’habitat en ville rendront obligatoire la cohabitation entre les personnes. Selon moi la meilleure manière de les faire cohabiter est de concevoir une architecture favorisant et valorisant les liens sociaux. Je suis donc pour une pensée de l’architecture 1 Heidegger M. , BÂTIR HABITER PENSER, 1951
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[Encadré 1 : Cours Habiter ou réaliser son être au monde donné par C. Bonicco Donato, année 2017 Licence 2 ENSAG (S3). Le cours avait pour but de nous familiariser avec la question d’habiter, notamment à travers la phénoménologie de Heidegger. Cet enseignement m’a beaucoup intéressé puisqu’il a suscité en moi un questionnement sur le rôle de l’habitat, qui est finalement bien plus qu’un logement, puisqu’il est un besoin essentiel pour l’épanouissement de l’homme.]
comme moyen de se mettre au service du bien-être des individus et de leur épanouissement social. Je vois ici l’architecture comme un moyen de connecter les hommes entre eux. Ma pensée de l’architecture ne se limite pas qu’à une dimension sociale. Elle intègre également mes préoccupations face à l’impact que l’architecture peut avoir sur ses environnements. En effet, l’architecture a forcément un impact sur les environnements dans lesquels elle s’installe. Par « environnements » j’entends l’ensemble du contexte géographique, topographique et climatique dans lequel une architecture s’installe ainsi que le contexte culturel auquel elle appartient. Derrière cette idée d’environnement se trouve aussi la volonté de contrôler l’impact qu’a une construction sur son environnement naturel, son écosystème. Ainsi ma démarche serait de tirer profit de ce que les contextes spécifiques dans lesquels nous concevons l’architecture ont à nous apporter tout en les respectant et en étant bienveillant à leurs égards. [Encadré 2 : En 1987, la Commission des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (World Commission on Environment and Development, WCED) publiait le Rapport Brundtland, du nom de sa présidente, Gro Harlem Brundland, et intitulé «Our Common Future». Ce document a permis de définir le concept de développement durable tel qu’on l’entend aujourd’hui encore.]
En tant que future architecte je souhaite être responsable et engagée pour une architecture plus durable, qui prend en compte et répond au mieux aux enjeux de demain. Cette durabilité comme elle a été définie dans le rapport Brundtland de 1987 (cf Encadré 2) à travers la définition de ce que pourrait être un développement durable : « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »1. Le principe de ce développement repose
sur plusieurs piliers : la performance économique, la responsabilité sociale et le respect de l’environnement. Plus tard, la dimension culturelle sera ajoutée à ces piliers car la culture, selon Jacques Testart « permet l’effectivité du dessein commun de vivre ensemble. Ce qui fait l’humanité dans l’homme est bien la culture »2.La culture parait donc être un domaine à ne pas négliger pour favoriser l’organisation d’une société plus durable et plus viable. J’aimerais donc me concentrer sur les enjeux sociaux, environnementaux et culturels qui interviennent dans la conception d’une architecture soutenable. En tant que futurs architectes, en quoi sommes-nous capables de penser la vie et l’espace urbain de manière durable ? Premièrement, ce rapport d’études va aborder la question de la place de l’architecture dans la valorisation des interactions et échanges sociaux. Nous nous intéresserons aux dispositifs architecturaux favorisant les relations sociales à l’échelle du voisinage puis à l’échelle des espaces publics. Puis nous aborderons le sujet des 1 Rapport Brundtland, 1987 2 Testart J.(sous la direction de), Réflexions pour un monde vivable. Paris, Mille et une nuits, 2003
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habitats groupés, dont l’architecture est souvent conçue de manière à rendre les modes de vie des habitants plus durables et agréables, tout en renforçant l’établissement d’interactions entre eux. Dans une deuxième partie nous verrons en quoi une architecture durable s’établit grâce à sa prise de conscience fondamentale des différents contextes auxquels elle appartient. Nous verrons comment l’architecture doit être conçue de manière à respecter et à préserver l’écosphère (cf Encadré 3) dont elle dépend. L’architecture peut également tirer profit et utiliser les spécificités de l’environnement climatique, topographique et géographique dans lequel elle s’implante afin d’être durable et responsable. Pour finir, l’architecture ne s’inscrit pas que dans un contexte physique, elle prend également vie dans un contexte culturel spécifique auquel il faut prêter attention et dont il est pertinent de se servir.
Figure 1 : Photographie prise lors du discours de G. H. Brundtland en 1987
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[Encadré 3 : La notion d’écosphère a été créée par L. C. Cole en 1958 pour désigner la partie de la planète qui renferme l’ensemble des êtres vivants et leur environnement immédiat. À ne pas confondre avec la biosphère qui privilégie le monde vivant tandis que l’écosphère englobe aussi les interactions de ce dernier avec l’environnement géologique et climatique.]
Partie I. Une architecture qui valorise les interactions sociales / Favorise la connexion des hommes entre eux Au travers de l’architecture, nous pouvons contribuer à favoriser les échanges sociaux. En effet, grâce à certains dispositifs et grâce à la mise en place de certaines ambiances et expériences ; nous sommes capables d’offrir des lieux agréables dans lesquels se retrouver, se rencontrer. Il existe différentes manières de tisser des liens sociaux au travers de l’architecture. Nous pouvons raisonner en termes d’échelles et commencer par établir des connexions sociales à l’échelle du voisinage puis à l’échelle de la ville et des lieux publics. Pour finir nous pouvons valoriser les interactions sociales non plus avec des dispositifs architecturaux, mais grâce à une démarche de projet impliquant tout un groupe d’individus.
1) Des dispositifs spatiaux et architecturaux au service de la construction d’interactions sociales / à l’échelle du voisinage, de l’habitat
[Encadré 4 : Cours sur les Qualités d’usages et habitats, A.M. Bardagot, année 2018 Licence 2 (S3). Le cours ainsi que les différentes analyses de projets de logements collectifs en TD avaient pour but de nous familiariser avec la notion de qualité d’usage et de mode de vie. Grâce à ce cours j’ai intégré le fait que la manière de concevoir un logement pouvait considérablement changer la qualité de vie de ses occupant. Un grand soin doit alors être apporté à la conception de celui-ci.]
Pour favoriser les liens et échanges sociaux à l’échelle du voisinage il est pertinent de soigner la conception de certains espaces en particulier. En effet, la qualité et l’accessibilité des espaces communs au sein d’un ensemble d’habitations rendent plus instinctives et plus agréables les rencontres avec nos voisins. Pour créer un rapprochement, une convivialité entre foyers, la conception d’espaces partagés peut être envisagée.
A) Pour des espaces communs de qualité Premièrement, afin de favoriser les échanges sociaux à l’échelle du voisinage, prendre un grand soin dans la conception des espaces communs paraît crucial. Lors de son cours, Anne Monique Bardagot (cf Encadré 4) nous a souvent fait analyser la qualité des espaces communs au sein d’habitations collectives. Nous avions constaté que de manière récurrente, ces espaces communs étaient dépourvus de qualité architecturale et leur surface allouée était restreinte par rapport à la surface globale du projet. Les promoteurs cherchent la plupart du temps à rentabiliser leurs opérations en consacrant un maximum de surface aux logements en dépit de la qualité des espaces communs. Ce qui rend un
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espace commun agréable est : son organisation, sa surface et sa luminosité. Un grand hall d’entrée lumineux traité avec des matériaux qualitatifs (favorisant un certain confort acoustique, avec une matérialité mise en valeur par la lumière) est bien plus attractif qu’un hall exigu et sombre. Les circulations et distributions lumineuses incitent les habitants à les emprunter au lieu d’utiliser l’ascenseur. Si les espaces communs sont plus lumineux et plus grands ils deviennent de véritables lieux de vie propices aux rencontres entre voisins. La conception architecturale des espaces communs joue donc un rôle très important dans la création et le renforcement des liens sociaux à l’échelle du voisinage.
« Ce sont des lieux qui s’enchaînent, que l’on traverse pour se rendre chez soi, mais également dans lesquels on peut se rencontrer et que l’on peut partager. Ils sont destinés à rassembler les habitations et à accueillir la vie de voisinage »1 selon Catherine Furet à propos des espaces
communs de son projet de logement sociaux avenue de Clichy, à Paris 17ème.
Figure 2 : Venelles qui déservent les halls de l’immeuble de C. Furet
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1 Furet C. dans Bien habiter la ville. (dirigé par Masbougi A.) Paris : éditions Le Moniteur, 2010, p 56
Figure 3 : Cour intérieure en coeur d’ilôt
Dans le projet de Catherine Furet, une grande importance est apportée à la conception des espaces communs. Ces espaces intermédiaires sont traités de manière à faire vivre des expériences agréables aux habitants. Les petites venelles (voir figure 2) permettant de distribuer les halls d’immeubles sont conçues avec la plus grande attention, elles deviennent des décors jouant avec la perspective et le cadrage. La cour intérieure est aménagée de telle sorte à favoriser la création de rassemblements entre voisins : le pavement et l’espace libéré au milieu de celle-ci permettent d’accueillir des évènements de plus ou moins grande envergure. La cour (voir figure 3) est un espace agréable grâce à un aménagement paysager qualitatif faisant intervenir des masses végétales procurant une ambiance qui invite les habitants à flâner. Les espaces communs intérieurs sont également très agréables car lumineux. Ici la réflexion intense de C. Furet sur la conception des espaces communs est réellement au service de la création d’interactions sociales à l’échelle du voisinage. Créer des espaces communs de qualité, c’est inviter les habitants à y passer souvent ou à y rester plus longtemps. Cela augmente les chances pour les habitants de rencontrer leurs voisins, de les croiser, de les saluer et donc de tisser du lien. B) Pour la création d’espaces partagés Outre le besoin de créer des espaces communs de qualité, un autre type d’espace permet de créer du lien entre habitants et de manière bien plus intense. Il s’agit là du dispositif de l’espace
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partagé. L’espace partagé appartient à une échelle encore plus intime que l’espace commun. Il fait souvent intervenir un plus petit nombre de personnes et n’est pas accessible par tout le monde. J’ai eu la chance de me familiariser avec ce type de dispositif lors de l’étude d’une référence en studio S. Doucerain (cf Encadré 5). J’ai étudié les logements sociaux en bandes de Sophie Delhay (cf Encadré 6) à Nantes. [Encadré 5 : Studio Sonia Doucerain, année 2018 Licence 3 (S5), Studio durant lequel nous avions eu des projets à analyser pour se familiariser avec différentes notions telles que la densité, la qualification des espaces, l’organisation des cellules de vie et l’organisation des espaces distributifs au sein d’un projet de logements collectifs.]
Figure 4 : Venelle publique
[Encadré 6 : 55 logements expérimentaux locatifs sociaux à Nantes dans la ZAC de la Bottière Chênaie, 2008.]
Figure 5 : Espace privatif
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Figure 6 : Espace partagé
Ce projet est très complexe et travaille sur la densité horizontale. Entre chaque bande bâtie se trouve des espaces extérieurs communs accessibles au public (voir figure 4), des espaces extérieurs partagés et des espaces extérieurs privatifs. Il existe donc plusieurs échelles d’intimité au sein du projet. Chaque logement possède son propre espace privatif (voir figure 5) et partage également une cour (voir figure 6) avec d’autres logements. Cette cour n’est accessible que par les voisins de palier et personne d’autre. Les habitants s’approprient à leur manière cet espace partagé en décidant ou non de partager des moments ensemble, entre voisins. Ce type d’espace favorise très grandement l’établissement de relations sociales au sein du voisinage. Ce dispositif architectural est très efficace pour laisser libre court à la vie en communauté. Des relations amicales peuvent se développer grâce à des espaces comme ceux-ci où la cohabitation crée le rapprochement. Les espaces partagés sont donc des dispositifs efficaces dans la création d’une cohabitation agréable et qualitative entre voisins. Ils permettent aux voisins de se retrouver et de se regrouper dans un lieu plus intime privilégiant des interactions sociales plus intenses. « Les cours sont à l’usage partagé de quatre logements. Elles proposent un espace supplémentaire au jardin intime, et connectent les habitants de ces quatre logements dont les entrées sont lointaines. Ce dispositif permet de multiplier les relations de voisinage. Des voisins de palier aux voisins partageant une cour commune, en passant par les voisins empruntant la même venelle, l’ensemble des habitants peut ainsi tisser des relations de proche en proche. »1 selon S. Delhay
Le tissage d’interaction sociale ne peut pas seulement être réfléchi qu’à petite échelle. L’architecture intervient également dans le façonnage de ce tissage au sein de l’espace urbain. La qualité d’aménagement des espaces publics est également au service de la facilitation des interactions sociales et conviviales au sein des aires urbaines.
2) Un aménagement de l’espace public privilégiant les interactions sociales / à l’échelle de la ville « Il est urgent de renforcer la fonction sociale de l’espace urbain comme lieu de rencontre contribuant à l’émergence d’une société durable, ouverte et démocratique »2
La ville est le lieu des rencontres et des interactions sociales par excellence. Les habitants d’une même ville constituent une communauté. Cette communauté souffre d’un manque de cohésion. 1 Extrait de la présentation du projet LoNa + sur le site de l’agence http://sophie-delhay-architecte.fr 2 Gehl J. Pour des villes à échelle humaine, Les éd. Ecosociété, 2012, p 18
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Les habitants s’isolent et l’individualisme ambiant plane. « En raison de nombreux changements qu’ont connu la société et l’économie, la vie de bon nombre de personne se privatise de plus en plus (…) Dans cette situation, la volonté de renforcer ses contacts avec la société civile dans son ensemble va croissant »3 comme l’explique Jan Gehl.
Pour une meilleure cohabitation et cohésion sociale en ville, il est donc pertinent de s’attarder sur les manières de reconnecter les hommes entre eux. Pour mieux cohabiter, il faut mieux se comprendre, mieux se connaître. Et pour cela il faut pouvoir échanger et se rencontrer. L’architecture et l’aménagement urbain sont des outils qui peuvent favoriser l’établissement de ces interactions sociales. La qualité des espaces publics est cruciale pour répondre à cet enjeu social. L’espace urbain doit être capable d’offrir à ses habitants des lieux de qualité favorisant les échanges sociaux. Au travers de l’architecture, nous pouvons laisser les habitants s’approprier un lieu comme ils l’entendent ou bien créer des aménagements spécifiques les invitant à rester où à passer dans un lieu public dédié aux rencontres. A) Pour une appropriation de l’espace public par ses usagers L’espace public est un véritable lieu à vocation sociale. Il est l’endroit où les interactions entre habitants d’une même ville se déroulent. Pour laisser place à ces échanges sociaux, l’espace public peut être conçu de manière à créer une atmosphère agréable, saine et sécuritaire. Pour favoriser les rencontres sociales de manière naturelle, l’aménagement des espaces publics peut être pensé de telle manière à ce qu’ils soient appropriables par ses usagers. L’appropriation naturelle des lieux favorise les interactions sociales naturelles, instinctives et imprévues. Les lieux ne doivent pas forcément être pensés pour accueillir des fonctions et usages précis, ils doivent pouvoir en accueillir une multitude et devenir des objets d’appropriation par les urbains. Cette notion « d’appropriation par l’usager » et « d’affordance » a été abordée par G. Chelkoff lors d’un de ses cours (cf Encadré 7). Voici la définition de l’affordance donnée par Gibson : « The affordances of the environment are what it offers the animal, what it provides or furnishes, either for good or ill. The verb to afford is found in the dictionary, but the noun affordance is not. I have made it up. I mean by it something that refers to both the environment and the animal in a way that no existing term does. It implies the complementarity of the animal and the environment.»4
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3 Ibid , J. Gehl , p 40 4 J. J. Gibson, The ecological approach to visual perception, 1979
[Encadré 7 : Cours sur de G. Chelkoff Introduction aux ambiances et perception, L’ambiance est dans l’air, Configurations sensibles et perception située, année 2016 Licence 1 (S1). Cours durant lequel nous avons abordé les différentes qualités permettant de créer des ambiances particulières. La notion d’affordance m’as beaucoup intéressé car j’ai enfin pu mettre un mot sur cette manière de s’approprier l’espace que je constatais autour de moi. ]
[Encadré 8 : Environnements 5 - Géographie et paysage - Paysage urbain et espace public, Magali Paris, Année 2018, L3, (S5). Enseignement durant lequel nous avons étudié et modélisé différents espaces publics emblématiques à travers le monde. J’ai étudié la Piazza Del Campo à Sienne et j’ai remarqué que malgré le fait que cette place soit dépourvue de tout équipement urbain, elle reste très convoitée. Les passants se l’approprient facilement.]
Figure 7: Sol de la Piazza del Campo servant d’assise, illustration de la notion d’affordances
Cette notion m’a beaucoup marqué et m’a permis de prendre conscience de l’importance de la capacité d’appropriation d’objets urbains par les individus. Le détournement de l’usage de certains aménagements est un comportement qui reflète indéniablement le sentiment d’appropriation que les usagers ont pour un espace public. J’ai eu l’occasion de me familiariser avec le concept d’affordances en étudiant l’espace public qu’est la Piazza Del Campo à Sienne en Italie (cf Encadré 8 et figure 7). Ce que j’ai remarqué en étudiant cette place est le fait que les individus s’assoient instinctivement sur la pente pavée faisant office d’amphithéâtre. La place ne possède pas de bancs donc les personnes ont dû faire preuve d’inventivité pour trouver un endroit dans lequel s’asseoir. Malgré son absence d’équipements urbains, cette place est un espace public qui fonctionne très bien et qui catalyse bon nombre d’interactions et échanges sociaux. Elle offre un cadre agréable avec de beaux bâtiments à contempler, une vue dégagée qui contribue à donner un sentiment de sécurité et les ombres des bâtiments qui invitent les visiteurs à rester au frais en plein été. Elle représente un modèle de ce que devrait être un espace public de qualité favorisant et accueillant l’interaction sociale. La qualité du lieu et le peu d’équipement urbain permettent aux individus de s’approprier l’espace et de s’y sentir bien. Comme l’explique J. Gehl, la qualité d’un espace urbain se mesure à la quantité de personnes qui restent sur places, assises à contempler les passants et à profiter de l’effervescence urbaine plutôt qu’à la quantité de personnes ne faisant que passer. Il différencie les activités incontournables des activités facultatives et sociales. Les activités incontournables sont par exemple « aller au travail », « aller faire ses courses », les activités facultatives sont par
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exemple les « promenades », les « lectures dans l’espace public » et les activités sociales sont par exemple « aller boire un verre entre amis à la terrasse d’un bar » ou encore « aller jouer avec ses camarades lorsque l’on est enfant ».1 Les activités facultatives et sociales nécessitent un aménagement urbain de qualité. Et ses activités sont à la base du tissage de lien social. Pour favoriser les interactions sociales il est donc pertinent de se concentrer sur une conception qualitative de l’espace public. B) Pour un aménagement rendant l’espace public plus accessible L’espace urbain n’est pas toujours un lieu vaste, sans fonction apparente et donc appropriable selon l’imagination des personnes. L’espace public doit parfois être plus fortement aménagé pour pousser les gens à se l’approprier, à y rester, à y passer, et donc à interagir avec les autres. Il faut parfois, à l’aide de certains aménagements ou en rendant accessible certains espaces qui ne le sont pas habituellement, aider les individus à se projeter dans les espaces publics qui sont difficilement appropriables. Certains espaces publics aménagés de manière ou dans des lieux insolites permettent de les rendre plus attractifs. Les individus, poussés par la curiosité se rendent souvent de manière instinctive dans ces lieux attirants. C’est ici l’aménagement réfléchi de l’espace qui invite les personnes à s’y installer et donc à nouer des liens sociaux avec les autres usagers.
Figure 8: Toit du gymnase transformé en jardin public
Certains espaces non exploités peuvent être repensés de manière à accueillir des activités sociales. Prenons l’exemple du jardin aménagé sur les toits d’un gymnase parisien réalisé par l’Agence TOA (cf Encadré 9). La surface du toit du gymnase (voir figure 8) a été redonnée à la ville afin de créer un espace public au cadre 1 Gehl J. Pour des villes à échelle humaine, Les éd. Ecosociété, 2012
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[Encadré 9 : Exemple trouvé dans l’ouvrage Bien habiter la ville de A. Masboungi. Projet de Toa architectes réalisé entre 2004 et 2008 à Paris XXème. Ce projet comprend 46 logements, un gymnase, un jardin et des parkings.]
[Encadré 10 : Studio de projet Architectonique et technologies de l’architecture, Studio Doucerain, Année 2018, L3, (S5) , Studio durant lequel nous avons travaillé sur une cité des arts à Turin. Nous devions tous concevoir des complexes de logements pour artistes. Mon projet, (en binôme avec Amaury Nicot) est semi-enterré et son toit est à hauteur de rue. Pour accéder aux logements, ils faut emprunter des escaliers qui mènent au creux des patios. Ce studio m’a beaucoup appris en terme de culture constructive et de composition dans l’espace urbain. Il m’a également permis de me familiariser avec la discipline de l’aménagement des espaces publics.]
agréable. Des potagers et d’autres plantations ont été mis en place et contribuent à la création d’un espace public agréable où les liens sociaux sont amplifiés. Le jardin fonctionne de manière participative et les différents habitants du quartier peuvent y cultiver leurs propres légumes. Ce jardin reste accessible au public et offre un cadre agréable avec une vue surplombant les toits parisiens. L’atmosphère intime du lieu le rend attractif et favorise encore une fois les interactions et les échanges sociaux.
Figure 9: Maquette de mon projet de place publique creusée dans le toit des logements à patios
Cette conception atypique de l’espace public au profit de la création de liens et d’échanges sociaux se retrouve également dans mon projet du cinquième semestre (cf Encadré 10 et figure 9). Le toit de ce projet se situe au niveau de la rue et est accessible au public. Cet espace est une véritable respiration au centre de la ville de Turin, accessible par le plus grand nombre. Il est creusé dans la masse et offre des bancs organisés autour de petites placettes. L’aménagement insolite de cet espace offre plusieurs possibilités d’usages aux Turinois et redonne de l’espace aux interactions sociales. La place publique est organisée de manière attractive et offre des assises pour inviter les gens à rester. Ainsi pour favoriser les liens sociaux à l’échelle de la ville plusieurs dispositifs peuvent être mis en place. Concevoir des espaces neutres appropriables par chacun ne fonctionne pas toujours pour attirer les urbains. C’est là que la conception d’espaces publics et équipements urbains attractifs intervient pour se mettre au service 12
de la favorisation des interactions sociales. L’espace public devient un lieu propice à accueillir des échanges conviviaux entre urbains grâce à son attractivité. Tisser du lien entre urbains n’est pas seulement possible qu’en réfléchissant avec différentes échelles et qu’en concevant des espaces publics agréables. Il est également pertinent de trouver d’autres manières de rapprocher les habitants les uns des autres et de leur procurer une qualité de vie remarquable. Pour cela pourquoi ne pas permettre à des groupes d’individus de participer à la conception de leur projet de logements ? Cela ne serait-il pas pertinent dans la mise en place de véritables interactions sociales entre les membres du groupe ? Et cela ne permettrait -il pas de répondre au mieux aux besoins et au bien-être de ces personnes ?
3) Des démarches de conception au service de la vie en communauté / Une architecture pensée en concertation avec les futurs usagers Une autre manière de renforcer les liens entre des habitants est la démarche de l’implication dans la vie collective. En s’impliquant dans la conception et la construction de son logement en groupe, nous resserrons les liens humains avec les autres personnes du groupe. L’autopromotion semble alors être une démarche pertinente pour installer une durabilité et une qualité des relations sociales. L’habitat groupé et participatif en général est une bonne manière d’instaurer des liens entre les individus et de sortir de l’individualisme pesant que l’on observe largement en ville de nos jours. Les habitats groupés s’inscrivent dans une démarche de durabilité sociale mais pas que, ils intègrent également des notions de durabilité bien plus profondes que simplement celles du social. Une durabilité écologique est souvent recherchée. Au lieu de repenser la favorisation des liens sociaux par des dispositifs architecturaux spécifiques, nous pouvons utiliser certaines démarches de conception faisant appel à la participation des futurs habitants d’un programme de logements collectifs. Ces démarches participatives ou auto-promotionnelles sont des moyens efficaces de renforcer le lien social entre les différents habitants. A) Pour une architecture participative/concertée considérant l’habitant comme « maître d’usage » Faire intervenir les futurs habitants dans le processus de conception paraît être un bon moyen de répondre à leurs besoins et à une
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[Encadré 11 : Enseignement dispensé par Magali Paris, Année 2018, L2, (S4). Cours durant lequel nous avons abordé la question des éco-quartiers et des quartiers participatifs. Nous avons vu le cas de l’écoquartier de Vauban à Fribourg en Allemagne qui a été conçu suivant une démarche participative.]
volonté d’organiser une vie en communauté agréable. Une architecture participative permet de prendre en compte l’avis des habitants et d’être à leur écoute. Cela permet ensuite de créer des lieux de vie plus adaptés et plus appropriables par les habitants. Et cette appropriation facilitée permet de favoriser un cadre de vie propice aux interactions sociales entre voisins. J’ai eu l’occasion de me familiariser avec cette notion lors du cours de Magali Paris (cf Encadré 11), dans lequel nous avons abordé plusieurs cas d’habitats groupés. L’architecture participative naît d’une véritable concertation entre les différents acteurs du projets (promoteurs, maîtres d’œuvres et habitants). La conception du projet se fait en concertation avec les maîtres d’usage. Ils peuvent émettre des réserves ou encourager certaines postures évoquées par les autres acteurs. Chacun doit y mettre du sien afin de construire l’œuvre commune. L’écoute et le dialogue sont alors les clés de la réussite du projet. Selon P. Madec « Ces citoyens sont les maîtres d’usage aux côtés du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre. Propriétaires ou locataires, ils rappellent aux professionnels que leur vie les engage très au-delà de leurs biens. » 1
Figure 10 : Espace extérieur commun (convivialité entre voisins)
Figure 11 : Toit jardin
Figure 12 : Balcon privé
1 P. Madec dans Bâtir éthique et responsable, 2006, p 48
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Un projet qui illustre clairement ce qu’est la conception d’un habitat de manière participative est le projet de 26 logements participatifs à Montreuil (93) par l’agence NZI architectes livré en 2017 (voir figures 10, 11 et 12) . Ce projet a été élaboré en concertation avec les habitants. Ceux-ci ont pu influencer la création de différents types d’espaces de vie collectifs (salle polyvalente, atelier, toits-jardins...). Un groupe d’habitants ayant envie de se lancer dans cette aventure a été rassemblé par le promoteur en charge du projet. Puis des réunions bimensuelles ont été organisées afin que les différents acteurs du projet puissent partager leurs propositions. Ce type de démarche de conception qui repose sur un principe de partage d’idées et sur l’écoute permet véritablement de créer du lien entre les habitants et de préparer une future atmosphère conviviale de vie en communauté. Selon NZI « Concevoir un immeuble de logements, implique de connaître les habitants qui l’occuperont. Ce qui n’est pas toujours le cas – paradoxalement – chez les architectes, dans la pratique du logement collectif. Dès l’immersion dans cette aventure, nous avons été plongés dans une situation de proximité avec les usagers. … Il ne s’agit plus seulement de réussir une équation financière à travers la fabrication d’un immeuble parmi d’autres: dans cette aventure nous sommes devenus les garants de la réalisation du rêve de 26 foyers. Et il était hors de question de les décevoir ! »2
J’aimerais plus tard, en tant qu’architecte, travailler sur des projets participatifs me permettant d’être en contact direct avec les futurs habitants afin de répondre au mieux à leurs besoins. Redonner de la place et de la voix aux usagers est primordial pour moi. Ce modèle de conception permet également à un groupe de personnes de mieux se connaître et de mieux aborder leur future vie en communauté. L’architecture participative favorise la conception de projet à plusieurs et permet de créer du lien social entre les différents acteurs et entre les habitants eux-mêmes. B) L’autopromotion : Une démarche initiée par les habitants L’autopromotion (voir Encadré 12) est une autre démarche de conception de projet de logements visant à redonner de la voix aux futurs habitants. Il s’agit ici aussi d’une concertation entre différents acteurs, mais cette fois l’initiative de la création de logements provient d’un groupe de futurs habitants déjà formé et soudé. Cette démarche favorise davantage la création de liens sociaux amicaux entre les habitants puisqu’ils partagent l’aventure
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2 Article sur le site www.darchitectures.com : «26 logements participatifs à Montreuil» , 2018
[Encadré 12 : l’autopromotion est un « terme technique désignant une organisation civile, initiée par des particuliers, dans l’objectif d’ériger ou de restructurer collectivement, en qualité de maître d’ouvrage, un bâtiment pour leur propre compte. L’autopromotion indique la démarche constructive choisie pour réaliser un habitat groupé. » selon B. Parasote dans son ouvrage Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux, 2001, p18 ]
[Encadré 13: Les premières réflexions sur la conception du quartier des Béalières ont débutées dans les années 70. Il s’agît d’un véritable morceau de ville de 40 hectares «noyé dans la nature», né d’une démarche participative, reconnue aujourd’hui au niveau national. source: Caue de l’Isère]
ensemble. Des collectifs d’individus sont motivés à entrer dans une démarche d’autopromotion afin de construire leur projet de vie idéale ensemble. Les avantages de la démarche d’autopromotion sont la baisse des coûts de construction ( -20 % par rapport à un projet guidé par un promoteur) et plus de liberté dans les choix qui concernent la conception. Le groupe d’autopromotion peut faire appel à un maître d’œuvre pour coordonner les travaux. Le groupe a plus de liberté et les projets de vie de chacun sont respectés.
Figure 13: Traitements des espaces communs extérieurs, quartier des Béalières, Meylan
Un exemple d’habitats groupés faisant intervenir une démarche d’autopromotion est le quartier des Béalières à Meylan (cf Encadré 13 et figure 13). Ce quartier a été réalisé grâce un groupe de citoyens souhaitant participer à ce projet urbain, en accord avec la commune. La particularité de ce projet précurseur est le fait que le collectif de citoyens engagés dans ce projet de vie qui est le leur, ont pu être libres de concevoir leur projet comme ils l’entendent, tout en étant soutenu par la municipalité et un architecte. Ce groupe de citoyens a décidé de se réunir sous une organisation collective et autogérée appelée APU (Atelier Public Urbain). Tout le quartier sera donc conçu en partenariat avec l’APU, l’architecte et bien évidemment la municipalité. Charles Fourrey (urbaniste coordinateur du quartier) a travaillé en concertation avec ce collectif de citoyens afin de répondre à leurs attentes en termes d’aménagements des espaces communs extérieurs. Collectivement, entre 16
voisins, ils peuvent décider de ce qui se fait dans cette phase d’aménagement. Ainsi, en entendant les besoins et envies des citoyens, les acteurs en charge de la conception et de la construction ont intégré des espaces communs qualitatifs, véritables lieux de vie et de rencontre pour le voisinage. Par exemple, comme l’explique Bruno Parasote « L’école, lieu de vie et centralité du quartier, a été positionnée pour jouer un rôle de rencontre et de vie. Elle est conçue sans grilles, sans barrières ; la cour sert aux élèves le jour de classe et devient une place publique le reste du temps. Il y règne une atmosphère de bien-être que l’on retrouve rarement, et qui va à l’encontre des cours fermées et hypers-sécurisées. »1
Une place importante est donc dédiée aux espaces de vie collective, et cela sur demande naturelle des citoyens souhaitant vivre au plus près de leur communauté. Au lieu d’être conçus de manière traditionnelle, les espaces publics sont véritablement pensés en fonction des besoins des habitants et au service de leur mode de vie. Quitte à devoir innover dans la manière de créer cet espace. L’autopromotion est une démarche faisant souvent appel à un management de projet innovant. Elle permet de véritablement servir les intérêts des futurs habitants et de créer des conditions propices à une vie en communauté de qualité. De plus, l’autopromotion a pour conséquence de rendre les logements plus accessibles et donc de contribuer à favoriser la mixité sociale. Les interactions sociales au sein du quartier/ du collectif ne peuvent être qu’enrichies par cette mixité.
Le tissage de liens sociaux et la qualité de la vie en communauté dépendent en grande partie de la qualité de conception des espaces publics et des dispositifs architecturaux mis au service de la population urbaine. Puisque la part de la population vivant en ville ne cesse de croître, il est pertinent de traiter cet enjeu d’établissement d’une cohabitation agréable entre habitants à l’échelle du voisinage puis de la ville. A l’échelle du voisinage, un grand soin doit être apporté à la conception des espaces collectifs. Des espaces partagés peuvent être mis en place afin de valoriser les interactions sociales entre voisins. La favorisation des interactions sociales se résout également à l’échelle de la ville et de ses espaces publics. Pour donner envie aux urbains d’y passer, d’y flâner, d’y rester et donc de faire des rencontres ; les espaces publics (places, rues, parcs) peuvent se doter d’équipements attractifs et qualitatifs ou au contraire se défaire de tout usage présupposé
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1 B. Parasote dans Autopromotion, Habitat groupé, Ecologie et Liens sociaux, éditions Yves Michel, 2011, p 64
tout en offrant un cadre agréable et sécuritaire propice à l’appropriation du lieu par les urbains. Outre l’utilisation de dispositifs architecturaux, des démarches peuvent être appliquées pour répondre à cet enjeu de connecter les urbains entre eux. Des initiatives citoyennes faisant intervenir un architecte qui saura les écouter dans la phase de conception émergent afin de créer un projet de vie en communauté. Il s’agit là d’une démarche très efficace pour développer du lien social entre les habitants tout en leur permettant de réfléchir ensemble à la place accordée aux espaces communs dédiés à accueillir la vie collective. L’autopromotion semble assurer une certaine qualité de vie entre voisins, et rend alors le projet durable et viable. Souvent, l’autopromotion est également centrée sur une démarche de durabilité en termes d’économie des ressources et du respect de la nature. Elle semble être une bonne manière de permettre aux urbains de se connecter les uns aux autres et de sortir du schéma actuel individualiste.
L’architecture n’a pas seulement un impact sur les liens sociaux, elle a un impact sur un tout autre ensemble de systèmes. Pour être durable, outre le fait de favoriser la connexion des urbains entre eux pour qu’ils cohabitent de manière saine et pérenne, l’architecture a un rôle à jouer sur son impact, sur les contextes auxquels elle appartient. La durabilité sociale ne peut être pensée sans prendre en compte la durabilité des équilibres mis en place entre l’architecture et ses environnements. L’humain fait partie intégrante de l’écosystème et en traitant seulement les préoccupations sociales c’est tout un pan de ce système que l’on néglige.
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Partie II. Une architecture qui a conscience de son impact sur son contexte L’architecture, pour être durable doit nécessairement prendre en compte les contextes dans lesquels elle prend place. Par prendre en compte, j’entends respecter et tirer profit sans détériorer son biotope et son site. Les différents contextes auxquels j’aimerais m’intéresser sont la prise en compte de l’équilibre de la biosphère par l’architecture, la valorisation des différentes ressources disponibles sur le site de construction, et l’attention portée au contexte culturel dans lequel l’architecture va prendre vie.
1) Une architecture qui ménage son site et respecte l’écosphère/ Une implantation bienveillante du projet sur son site Plusieurs enjeux sont à prendre en compte à notre époque, nous ne pouvons continuer à nous étaler sur des territoires vierges sans penser aux conséquences que cela a sur l’équilibre de notre biosphère. L’architecte et les autres acteurs de l’aménagement du territoire n’auront d’autres choix que de prendre des décisions plus réfléchies permettant de préserver nos terres agricoles (dont nous aurons grandement besoin pour nourrir les 9 milliards d’humains qui peupleront la Terre d’ici 2050) et d’éviter la progression du phénomène du mitage de territoire. Nous n’aurons pas d’autre choix que de densifier les secteurs urbains de manière à préserver les sols vierges et de manière à réduire les déplacements et donc la pollution abusive de notre atmosphère. « D’ici 2020, environ 80% des Européens devraient vivre en zone urbaine, et le territoire urbain couvrira près du quart du territoire total »1 L’étalement urbain n’est pas une ré-
ponse durable aux problèmes de la croissance démographique et du mitage des sols agricoles. Il ne s’agit pas de stopper l’extension des villes, mais de mieux la maîtriser et l’accompagner dans le but de construire des villes plus durables. A) Pour une centralisation des activités et habitats en ville / Lutter contre le mitage du territoire rural L’étalement urbain n’est pas une solution. Nous devons à tout prix éviter de construire sur des zones non-urbanisées et agir de manière à les préserver. De plus, comme l’explique Françoise-Hélène Jourda : «L’étalement urbain est une des causes les plus importantes 19
1 D. Clerc, C. Chalon, G. Magnin, H. Vouillot dans La ville au cœur du développement durable , in Pour un nouvel urbanisme. Editions Yves Michel, p. 77.
de l’émission de gaz à effets de serre. Il induit des déplacements importants et la mobilisation de sols rendus imperméables par les constructions. Il réduit les espaces végétalisés ou « végétalisables », particulièrement les espaces cultivables »1. La densification et la mixité fonctionnelle au
sein des villes sont des priorités qui répondent à une démarche de produire un développement urbain durable.
Bâtir en zone rurale n’est pas une solution et est trop coûteux à la fois pour les habitants, pour les collectivités et pour l’équilibre de la planète. Selon A. Farel « L’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (Ademe) a calculé qu’un pavillon coûte globalement quatre fois plus cher que le même logement dans un immeuble urbain : il représente un surcout pour la collectivité de, qui finance les infrastructures nécessaires (voiries, assainissement, transports quotidiens …) »2. Bâtir [Encadré 14: Cours Penser, représenter la ville - De la grande ville à la ville contemporaine, Claire Rosset, Année 2018, L3, (S5). Cours durant lequel nous avons parcouru les différentes doctrines urbaines et leurs modes de représentation de la ville. Nous avons eu l’occasion de nous concentrer sur le mouvement moderne fonctionnaliste porté par Le Corbusier dans les années 1930. En étudiant cette doctrine et sa méthode d’application , j’ai compris qu’elle ne correspondait pas à l’idée que je me faisais de l’aménagement urbain. Pour moi, la ville ne doit pas être fragmentée en plusieurs secteurs aux fonctions différentes, mais doit être composée d’une multitude de petits pôles mutifonctionnels.]
en zone rurale ne permet pas de répondre aux enjeux de durabilité. De plus, en dehors de l’espace urbain, toutes les commodités et commerces ne sont pas regroupés dans un même pôle. Il faut la plupart du temps emprunter sa voiture sur de grandes distances pour accéder aux activités et commerces voulus. Vivre en ville, permet d’éviter d’abuser des transports. Les commerces et activités sont tous regroupés dans un même pôle et plus facilement accessibles. Je prône l’idée de favoriser la mixité fonctionnelle au sein des villes. Lorsque différentes fonctions coexistent au sein du même quartier (espace de vie, espace de travail, de commerces, d’enseignements, de loisirs…), cela permet de minimiser les besoins en déplacements. Cela a un impact sur la diminution des émissions de gaz à effets de serre. J’ai compris que j’étais favorable à la mixité fonctionnelle en ville lorsque nous avons étudier la doctrine des modernistes en cours d’histoire de l’architecture, avec Claire Rosset (cf Encadré 14). Dans la charte d’Athènes rédigée par Le Corbusier en 1933, le zonage par fonctions était préconisé. Le fonctionnalisme moderne induisait que l’on dédie certaines zones de la ville à des fonctions spécifiques. On retrouvait donc les quartiers de logements, les quartiers de travail et les zones de loisirs tous séparés les uns des autres et reliés par des réseaux de transports. Aujourd’hui nous ne pouvons réagir de cette manière et nous devons apprendre des erreurs commises dans le passé afin de bâtir une architecture durable qui vise la mixité fonctionnelle en ville afin de rendre la vie urbaine plus attractive tout en évitant de s’étendre sur des zones non-urbanisées.
1 F. H. Jourda dans Le Petit manuel de la conception durable. 2009 2 A. Farel dans Bâtir éthique et Responsable, 2006, p 37
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B) Pour une intensité urbaine/ Respect et économie des sols En plus de s’efforcer de ne construire qu’en zone déjà urbanisée avant de s’étendre sur le territoire périphérique urbain ; nous devons réfléchir à comment construire plus en ville mais avec des conditions de vie de qualité. Pour construire plus en ville il faut nécessairement la densifier, la compacter. Seulement, cette densification doit se faire de manière maîtrisée afin de ne pas altérer les qualités de vie des urbains et ne pas nuire aux sols. Cette démarche représente de nombreux avantages, en effet selon F. H. Jourda « Densifier signifie aménager ou construire davantage sur un même espace. La densification permet d’optimiser l’utilisation des réseaux, de réduire le coût des constructions et des équipements publics, de réduire la consommation énergétique, de favoriser les modes de déplacement doux, de redynamiser les centres-villes, etc »3. Ce-
pendant pour faire apparaître la dimension qualitative, le terme densification n’est peut-être pas le plus approprié, on peut aussi parler « d’intensification urbaine. » Selon Pierre Jeannin et Serge Carcian dans la note de la DDT Isère (Comme favoriser la densification ? 2015, 29 pages) « Le concept d’« intensification» urbaine (terme souvent utilisé dans le SCoT de la région urbaine grenobloise) ou de ville « intense » se différencie de celui de « densification », car il met davantage en exergue les notions d’usage et de gestion raisonnée des ressources (desserte en TC, animation, vie sociale, ville communicante, etc.). En résumé, intensifier signifie « construire plus et mieux »4. Je
pense donc qu’intensifier la ville est une expression plus adaptée à ce qui devrait être produit pour s’installer dans une démarche de conception de ville durable. Il faut savoir doser cette intensification urbaine. Une densité trop importante peut avoir des effets très négatifs sur l’environnement. Il n’existe pas de densité idéale, chaque site, chaque projet doivent être considérés et adaptés l’un à l’autre afin de créer une densité optimisée. Dans cette démarche de recherche de densité, il est pertinent de ne pas oublier de traiter la question du sort des sols. Il convient d’éviter au maximum de contribuer à leur imperméabilisation, surtout en zone urbaine où les sols végétalisés se font rares. Il est très important de réduire l’imperméabilisation du sol afin de conserver une certaine masse végétale en cœur de ville (très appréciable pour apporter fraîcheur, ombre, et air plus pur) et de permettre aux eaux de pluie de pénétrer facilement dans le sous-sol afin d’alimenter les nappes phréatiques. Les systèmes d’implantations dans les sols et les systèmes de fon-
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3 Ibid, F. H. Jourda 4 P. Jeannin et S. Carcian dans dans la note de la DDT Isère : Comme favoriser la densification ?, 2015
[Encadré 15: Projet de Arba Architecture réalisé en 2008 à Rouen. 110 m2 et budget de 140 000 €. Il s’agit d’une forme simple composée de deux boîtes superposées. Ce projet suit une démarche environnementale puisqu’il utilise un minimum de terrassement et est équipé d’un chauffage bois et solaire passif. L’installation électrique est biocompatible et les matériaux renouvelables.]
dations peuvent eux aussi être réfléchis pour avoir le plus faible impact possible sur le site de construction.
Figure 14: Coupe dans la maison traversée
Figure 15: Site pentu
Les systèmes d’implantations dans les sols et les systèmes de fondations peuvent eux aussi être réfléchis pour avoir le plus faible impact possible sur le site de construction. Des pilotis peuvent être utilisés afin de sauvegarder les spécificités topographiques d’un site et de perturber le moins possible l’équilibre de la faune et de la flore présents à l’origine. Pour cela, la maison traversée construite à Rouen par l’agence Arba architecture (cf Encadré 15 et figures 14 et 15), permet de démontrer qu’il est tout à fait possible de préserver la qualité d’un site en ayant le moins d’impact possible sur lui. Ici, c’est l’utilisation de fondations légères (avec un minimum de terrassement) qui a été préconisé pour implanter le projet dans son site pentu. Cette solution de surélévation n’est pas toujours possible et n’est pas toujours la meilleure, mais il convient de la considérer pour son respect envers les sols.
Eviter de s’étaler sur les zones en périphérie des villes revient à réfléchir aux modalités de la densification en ville. Pour que cet aménagement soit durable, il convient de peser l’impact qu’aura la construction sur son site, son sol, son biotope. L’intensification de la ville lie la notion de densification des villes et de qualité d’usage pour une meilleure cohabitation entre urbains ainsi qu’une dimension de prise en compte de l’environnement proche des futurs projets. L’intensification ne serait-elle pas une des démarches des plus pertinentes qui soient pour favoriser une architecture plus durable ? . 22
Prendre en compte l’impact sur le site topographique est un bon début pour contribuer à rendre l’architecture durable. Il convient maintenant de penser à une conception de l’architecture prenant en compte l’ensemble de l’équilibre de la biosphère.
2) Une architecture qui tire profit des spécificités de son site / Utilisation de ressources naturelles, locales et gratuites Dans l’objectif de concevoir une architecture durable, nous devons être pragmatiques et nous servir de ce que l’environnement, le contexte de construction, ont à nous offrir tout en adoptant une attitude bienveillante envers eux. Le fait est, que pour être durable, en prenant en compte le contexte climatique actuel, le domaine du bâtiment ne doit plus être un secteur responsable de 19 % des émissions de gaz à effet de serre. «Les secteurs du résidentiel et du tertiaire représentent à eux seuls 23 % du taux d’émissions de gaz à effet de serre en France»1
De la construction à la démolition en passant par la période d’utilisation et d’entretien, le bâtiment doit être capable de consommer un minimum d’énergies. Utiliser des matériaux ayant subis le moins de transformations possibles, étant disponibles sur place et n’ayant pas d’impacts négatifs sur l’écosphère semble être une démarche appropriée pour concevoir une architecture durable. De plus, toujours dans une logique de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de diminuer la consommation d’énergies (grise, fossile, non-renouvelables), s’efforcer d’utiliser les énergies naturellement disponibles sur site et renouvelables est une bonne solution. A) Pour une utilisation de matériaux locaux et de qualité Comme dit précédemment, le secteur du bâtiment est l’un des premiers pollueurs et émetteurs de gaz à effet de serre. Or, nous devrons construire toujours plus pour accueillir une population grandissante. Nous ne pouvons le faire sans réfléchir à l’impact que l’architecture a sur l’écosphère. Ce questionnement passe avant tout par le bon choix des matériaux de construction. Les ressources disponibles sont limitées. Il convient donc d’éviter d’utiliser les matériaux rares comme certains métaux (cuivre ou zinc) et de se concentrer sur l’utilisation de matériaux plus durables et responsables. Plusieurs types de matériaux sont à privilégier : Premièrement, le type de matériaux qu’il est le plus pertinent d’utiliser sont les matériaux renouvelables. Il s’agit très souvent de maté23
1 Oikos, Les clés de la maison écologique ,Le Mens : Terre vivante, 2004.
[Encadré 16: Conférence Les trophées étudiants de l’architecture sobre et engagée qui a eu lieu à l’ENSAG en mars 2019 , menée par Yves Hustache de Impact Karibati. Conférence qui m’as permis de comprendre ce que sont les matériaux biosourcés.]
[Encadré 17: J’ai choisi d’utiliser la pierre dans les deux derniers studios de projets auxquels j’ai participé. Studio de projet Phénoménologie, ambiances et matérialités de l’architecture par PNG, Année 2018, L2, (S4) : Conception d’un centre de dispersion des cendres en pierres massives. Dans ce studio, j’ai pu me familiariser avec la notion de matérialité au service de la création d’ambiances spécifiques. Studio de projet Architectonique et technologies de l’architecture, Studio Doucerain, Année 2018, L3: (S5): Conception d’un projet taillé dans la masse (utilisation de pierre massive également) et percé de patios (cf Encadré 10). C’est le travail de Gilles Perraudin qui m’a poussé à choisir ce matériau pour exprimer une architecture pure et massive.]
riaux issus de végétaux mais aussi d’animaux. On peut également parler de matériaux biosourcés qui sont des « matériaux issus de la biomasse, c’est-à-dire dont la matière première est d’origine animale ou végétale » selon la définition donnée lors de la conférence d’Impact Karibati (cf Encadré 16). Dans cette catégorie de matériaux on retrouve le bois, le roseau, le chanvre, la laine de mouton, la paille, le lin, le bambou.. ou encore des carapaces de crevettes utilisées comme bio colle dans la fabrication de panneaux isolants. L’intérêt qu’ont ces matériaux en plus d’être renouvelables est le fait qu’ils stockent du carbone. En deuxième choix, si les matériaux renouvelables ne sont pas disponibles ou inadaptés au projet, nous pouvons nous intéresser aux matériaux réutilisables. Ceux-ci peuvent être réutilisés dans d’autres projets de par leur nature et leur mise en œuvre. Dans cette catégorie nous retrouvons tous les éléments préfabriqués ainsi que la pierre massive et les dalles non scellées. L’avantage de ces matériaux est qu’ils sont pensés pour être durables et pérennes et ne sont pas systématiquement détruits au moyen de procédés énergivores lors de leur fin de vie. Pour appuyer cette notion de réutilisation nous pouvons prendre en compte les propos de Gilles Perraudin lors d’un entretien : « La ressource pierre est inépuisable puisqu’il est toujours possible de démonter un bâtiment pour en faire un autre. La pierre ne perd aucune de ses qualités dans le temps. Les blocs peuvent être redimensionnés aisément. Le béton par contre est très difficile à recycler ; il faut le casser, le fragmenter, et au bout du compte on ne peut même pas en refaire du béton. »1. Je me sens assez
proche de la vision de Gilles Perraudin. J’ai souvent des réticences à travailler avec le béton pour des raisons de recyclage. J’ai plus d’affinité avec la pierre que j’ai utilisée lors de mes deux derniers projets du S4 et du S5 (cf Encadré 17). Je trouve ce matériau plus intéressant car réutilisable et plus naturel que du béton auquel on ajoute souvent des adjuvants nocifs.
Puis, nous pouvons utiliser des matériaux recyclables à condition que leur recyclage ne se fasse pas à grands frais énergétiques. Lors de ses cours, C. Grosso (cf Encadré 18) nous a expliqué qu’il fallait faire attention à la quantité d’énergie utilisée pour recycler un matériau. Par exemple l’aluminium est un métal recyclable à l’infini mais son recyclage, sa refonte demande énormément d’énergie. La dernière catégorie de matériaux que nous pouvons utiliser sont ceux issus de produits de construction déjà recyclés.
1 G. Perraudin lors d’un dialogue avec Didelon, Dialogue sous une palme les 7 et 8 juillet 2011 à Lyon, Vauvert et Patrimonio
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Le bois est un matériau qui englobe toutes ses caractéristiques. Il est à la fois renouvelable, réutilisable et recyclable et permet également l’absorption de CO2. Il convient tout de même que la filière de provenance du bois soit contrôlée afin que les forêts de production soient gérées de manière durable. Tous ces matériaux sont donc préférables à des matériaux produits de manière énergivore et utilisant des matières polluantes et non-renouvelables. Outre le fait d’utiliser des matériaux renouvelables, réutilisables ou recyclables, il est également toujours préférable d’utiliser des matériaux locaux (produits et transformés le plus près possible du site de construction). Chaque région possède des ressources locales particulières qu’il convient d’utiliser le plus souvent possible pour ne pas avoir recours à des matériaux fabriqués à l’autre bout du globe. Il convient donc parfois de ne pas choisir à tout prix un matériau renouvelable si il est produit dans un pays lointain car son transport de longue distance augmentera considérablement sa charge en énergie grise et en émission de CO2 et de gaz à effet de serre. Comme l’explique Françoise Hélène Jourda : « S’il n’est pas possible d’utiliser des matériaux renouvelables (bois, paille, fibres végétales, laines animales…), il est nécessaire de choisir des matériaux à faible énergie grise. L’énergie grise d’un matériau est généralement réduite lorsque l’on utilise des matériaux naturels et produits localement, pierre ou terre par exemple, puisque le transport est réduit »2.
B) Pour une utilisation des énergies durables disponibles sur site / tirer profit d’un contexte climatique et topographique spécifique En parallèle de l’utilisation de matériaux de qualité et produits le plus localement possible, il est pertinent de traiter la question de l’approvisionnement énergétique d’un projet. La démarche la plus pragmatique et la plus bienveillante face à la biosphère est celle de l’utilisation des ressources énergétiques gratuites, renouvelables et illimitées disponibles sur place. Lors du cours sur les fluides et réseaux de P. Thiollière (cf Encadré 19), nous avons justement intégré le fait qu’il fallait au maximum utiliser les énergies naturellement présentes sur site. Plusieurs types d’énergies peuvent être exploitées. Premièrement, l’énergie solaire, selon les régions, peut être utilisée comme moyen de chauffage ou de production d’énergie électri-
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2 F. H. Jourda dans Le Petit manuel de la conception durable. 2009, p 66
[Encadré 18: Cours Matériaux et mise en oeuvre 5 : Acier, Verre. J. C. Grosso, Année 2018, L3, (S5). Cours durant lequel nous avons étudié les différentes techniques de façonnage de l’acier. Grâce à cet enseignement j’ai compris qu’il fallait choisir très consciencieusement les matériaux ainsi que leur méthode de façonnage. Certains matériaux demandent plus d’énergie que d’autres pour être conçus. Il faut donc toujours prendre en considération leur mode de fabriquation.]
[Encadré 19: Maîtrise des ambiances 5 : fluides et lumière artificielle, P. Thiollière, Année 2018, L3, (S5). TD durant lesquels nous avons réfléchi à la mise en place des sytèmes de réseaux électriques, de chauffage et de ventilation. J’ai beaucoup apprécié le fait qu’on nous pousse à utiliser un maximum de ressources naturellement présentes sur site (récupération des eaux de pluies, énergies solaires, énergies éoliennes..). ]
que (panneaux à cellules photovoltaïques…). Le bâtiment peut donc profiter de l’ensoleillement pour subvenir à ses besoins électriques jusqu’à parfois devenir passif ou à énergie positive. Une utilisation intelligente de l’énergie solaire permettra également de bénéficier de lumière naturelle et de consommer moins d’énergie dans un éclairage artificiel. Le projet doit donc être orienté et équipé (à l’aide de brise-soleil en façade par exemple) de telle sorte à bénéficier des avantages des rayonnements solaires sans en subir les désagréments.
Figure 16: Système de claustra dans l’église Saint Jean-Baptiste en Guadeloupe, A. Tur
[Encadré 20 : Cours sur Ali Tur et l’architecture climatique, Sophie Paviol , année 2018, L3, (S5). Cours durant lequel on nous a présenté les travaux de Ali Tur en Guadeloupe. Ce qui m’a marqué est l’ingéniosité dont faisait preuve cet architecte pour concevoir une architecture qui répond aux contraintes climatiques locales.]
Deuxièmement, l’énergie éolienne présente sur site peut être utilisée pour mettre en place un système de ventilation naturelle. En effet selon Françoise-Hélène Jourda « Une ventilation naturelle, si elle est contrôlée, permet de réduire considérablement les consommations énergétiques. Elle peut se faire par des ouvrants en façade, en toiture, ou par des cheminées verticales d’extraction. Dans certains pays au climat particulièrement chaud, les cheminées d’extraction sont des composantes importantes de l’architecture vernaculaire. »1. Lors du
cours de Sophie Paviol (cf Encadré 20) , nous avions également vu que l’architecte moderne Ali Tur avait pour habitude d’utiliser des claustras (voir figure 16) pour permettre à ses réalisations d’être ventilées naturellement. Il a développé l’architecture climatique pour répondre aux contraintes du climat Guadeloupéen.
La géothermie peut également être utilisée pour apporter un confort thermique tout au long de l’année dans le bâtiment. Il s’agit de capter la chaleur émanant de la profondeur de la croûte terrestre pour la diffuser dans le bâtiment. Ce chauffage est une 1 F. H. Jourda dans Le Petit manuel de la conception durable. 2009, p 57
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méthode naturelle pour chauffer le bâtiment et elle permet de ne pas consommer ou de moins consommer d’énergies polluantes. Les eaux de pluies sont également des ressources qu’il est pertinent de collecter. L’eau est une ressource rare à ne pas gaspiller et à utiliser de manière intelligente. En effet « les eaux dites gratuites peuvent être récupérées, telle l’eau de pluie qui, après avoir été collectée, peut être utilisée pour alimenter des sanitaires, servir au nettoyage des parties communes ou permettre l’arrosage de végétaux. »2.
Utiliser au maximum les ressources présentes sur place (matériaux de constructions ou énergies) est, pour moi, une des clés permettant de penser une architecture de manière durable. Cependant l’exploitation, la production et la mise en œuvre de ces ressources ne doivent pas compromettre l’équilibre de l’écosphère.
Il n’y a pas que le site topographique ou la biosphère qui doivent être ménagés pour concevoir et penser une architecture qui se veut durable. Pour s’installer dans son milieu de manière durable l’architecture doit également prendre en compte et valoriser le contexte culturel auquel elle appartient.
3) Une architecture qui exploite et prend en compte son environnement culturel / L’architecture comme objet d’appartenance culturelle L’architecture s’inscrit toujours dans un contexte culturel spécifique. Plusieurs postures sont envisageables lors de la conception d’un projet. Soit celui-ci ne prend pas en compte la culture locale et revêt une apparence et un concept indépendant. Cela revient à favoriser l’homogénéité de l’architecture à travers le monde. Soit l’architecture s’adapte à la culture locale et possède une apparence et un système de conception dépendant du lieu dans lequel elle s’établit. Dans ce cas là l’architecture est hétérogène en fonction de la spécificité culturelle du site dans lequel elle s’inscrit. Pour concevoir une architecture durable, la dimension culturelle ne peut être délaissée. La culture et les savoir-faire qui en émanent, sont également des outils qui peuvent servir dans l’élaboration d’une architecture qui se veut durable. De plus, lorsque l’architecture est pensée en harmonie avec son environnement culturel, elle permet de faire naître un sentiment d’appartenance à cette culture. L’architecture permet aux habitants d’affirmer leur identité et de se sentir intégrés à une communauté. 2 Ibid, F. H. Jourda ,p 51
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A) Un apport culturel à l’architecture : les savoir-faire et cultures constructives La culture influe généralement sur la conception des architectures dans un lieu spécifique. La spécificité culturelle propre à un lieu a toujours permis d’apporter des solutions de conception architecturales. C’est le cas de l’architecture vernaculaire, qui permet au travers des savoir-faire et traditions, de réussir à répondre aux contraintes climatiques propres au lieu de construction. Selon Cédric Beacher et Nicolas Dutreix l’architecture vernaculaire « naît du sol et des ressources de la région où elle se développe et sa conception prend en compte l’ensemble des contraintes locales. Elle présente donc une bonne résistance à l’égard des risques naturels de la région. Cette inscription territoriale s’exerce également au niveau social. Les acteurs locaux sont impliqués, ce qui génère des démarches de concertation et un certain renforcement du rapport identitaire entre les habitants et le territoire. »1. Ici le savoir-faire est un capital social qui
sert à concevoir une architecture qui se veut durablement ancrer dans son environnement culturel.
Figure 17: Palmyra House, implantée sur un site tropical
[Encadré 21: Analyse architecturale et constructive, J-C. Grosso, année 2018, L3 (S5). Enseignement durant lequel nous avons étudié les détails constructifs de projets à travers le dessin. Ce cours m’a permis de prendre conscience que l’architecte a un rôle très technique et qu’il se doit d’être cultivé en terme de culture constructive.]
Figure 18: Persiennes
Les savoir-faire et cultures constructives permettent également de répondre aux enjeux climatiques et s’inscrivent souvent dans une démarche de respect et de bienveillance face au site et à la biosphère en général. Nous avons été sensibilisés à cette notion de culture constructive et de savoir-faire traditionnel lors de plusieurs cours, mais celui que je retiens est celui de J.C. Grosso ( cf Encadré 21) sur la construction de la Palmyra House (voir figures 17 et 18) de Studio Mumbai en Inde. Cette maison a été construite selon les savoir-faire locaux avec des essences de bois locales. La charpente de la maison a été conçue en bois dur local et la menuiserie a été fabriquée selon un modèle traditionnel dit « à emboîtement ». Les persiennes ont été fabriquées à la main à l’aide de troncs de palmiers disponibles sur place. L’architecture de la Palmyra House 1 Propos issus de l’artcicle Architecture vernaculaire, territoires et villes durables : Nomadéis publie une étude pour l’ARENE Île-de-France sur construction21.org, 2012
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est donc le résultat d’un travail artisanal mené par une équipe de constructeurs maîtrisant la culture constructive traditionnelle. L’architecture vit donc en harmonie avec son milieu et est pensée pour répondre aux contraintes propres à celui-ci. B) Acquisition de notre appartenance culturelle au travers de l’architecture « C’est l’architecture qui exprime d’abord une civilisation » 2
Outre l’apport de la culture au niveau constructif, l’architecture a un tout autre rôle à jouer. Lorsqu’elle est pensée en accord avec les traditions et la culture dans lesquelles elle s’ancre, celleci devient un véritable objet auquel une population peut s’identifier. L’expression formelle d’une architecture tirée de traditions constructives propres au lieu, permet d’affirmer l’identité culturelle de ce lieu et contribue à la création d’un sentiment d’appartenance à cette culture spécifique chez les habitants. Comme l’explique Alain Farel dans son texte Pour une approche durable du cadre bâti3, lorsque l’architecture tend à s’homogénéiser et que son expression formelle ne dépend plus de sa localisation, celleci n’est plus représentative d’une culture locale. Ce qui rend une architecture intéressante et remarquable, est le fait qu’elle soit hétérogène en fonction du lieu et du contexte social dans lesquel s elle est conçue. Une ville avec une architecture particulière, utilisant des matériaux locaux possède une architecture remarquable puisque celle-ci devient l’identité de la ville et permet aux habitants de celle-ci de développer un sentiment d’appartenance à leur ville.
Figure 19: Façades Amstellodamoises aux styles architecturaux hétérogènes
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2 J. Ferron, Cotnoir, Montréal, Éditions d’Orphée, 1962 3 Texte issu de Bâtir éthique et responsable, 2006
Figure 20: Mon croquis des façades Amstellodamoises
[Encadré 22 : voyage personnel durant l’été 2018. J’ai eu l’occasion de découvrir la magnifique ville d’Amsterdam. Cette ville m’as tellement passioné que j’en ai fait le thème de mon arcticle au semestre 5 ]
Lors d’un voyage dans la ville d’Amsterdam (voir Encadré 22) j’ai vraiment eu l’occasion de ressentir cette sensation d’être dans une ville unique avec une architecture très spécifique. Là-bas les maisons peuvent être incroyablement hétérogènes dans leur styles (façades et matériaux différents) mais leur alignement successif en bandes étroites et l’utilisation massive de la brique rendent le tout homogène et participe à l’harmonie et au façonnage de l’identité forte de la ville (voir figures 19 et 20). La culture et l’histoire de la ville sont à l’origine de cette architecture forte. De par les lois foncières, les maisons ne pouvaient être trop larges au risque de payer plus de taxes. C’est tout naturellement que les maisons ont été construites le plus étroitement possible tout en cherchant à être profondes et hautes. L’architecture crée ici un véritable sentiment d’appartenance culturelle à la ville d’Amsterdam. Et ce sentiment là est important dans le processus de création d’une ville durable. Cela procure du bien-être aux habitants qui se sentent intégrés à une communauté urbaine dont le symbole est la ville et son architecture remarquable.
Ainsi pour concevoir une architecture durable, il est primordial d’être conscient de l’impact que celle-ci a sur son environnement proche. L’architecture qui se veut durable est pensée de manière à ne pas compromettre l’équilibre du site sur lequel elle s’inscrit en adoptant une posture d’intensification en zone urbaine pour préserver les zones sauvages. La durabilité d’un projet se réfléchit également à l’échelle des matériaux de constructions et des énergies nécessaires à son exploitation. Ceux-ci doivent être le plus possible non-polluants et renouvelables. Pour finir, afin de s’inscrire de manière durable dans son contexte, l’architecture doit prendre en compte et se servir des richesses culturelles présentes sur site. La culture et les savoir-faire qui en découlent servent souvent à l’élaboration d’une architecture plus durable et responsable. 30
Conclusion Un architecte à l’écoute et conscient de l’impact qu’a son projet Ce rapport d’études m’a réellement permis de faire un travail sur moi-même. Comme l’a démontré tout le développement précédent, j’ai des convictions sociales et éco-responsables. C’est pour cela que je me suis intéressée de près à la question de la cohabitation entre habitants dans un contexte où l’intensification des villes est préconisée pour faire face aux enjeux climatiques et démographiques. La question de la culture au service de l’architecture me touche également beaucoup. La culture rend l’architecture plus vivante et apporte des outils précieux pour répondre aux enjeux sociaux et climatiques que j’ai évoqués dans ce rapport. Après avoir passé ces trois ans à l’ENSAG, je me rends compte de tout le savoir que l’on nous a transmis au fil des années et de tous ces enseignants si inspirants qui nous ont poussé à être curieux. Je prends conscience qu’il faut réellement que je continue à intégrer ce que l’on apprend et à chercher des ressources par moi-même pour compléter les enseignements dispensés par l’école. Ce qui me motive à devenir architecte est le pouvoir que la profession a de véritablement faire changer les choses établies, de remettre en cause les erreurs commises pour construire de manière durable. L’architecte a une certaine position et compétence lui permettant d’intervenir sur les enjeux sociétaux de notre époque. Je me demande, comment nous, en tant que futurs architectes, nous pourrons changer la manière de concevoir l’architecture pour la rendre accessible et durable? Je me demande si un retour vers la simplicité et des méthodes de constructions locales et traditionelles tout en se concertant avec les habitants n’est pas l’une des meilleures démarches pour concevoir une architecture durable et de qualité. La thématique et l’échelle de la ville m’ont toujours attirée car elles permettent d’étudier le tissage des interactions entre habitants et leurs habitudes et déplacements. La ville est un concentré culturel et social façonné par l’architecture. Je suis également très intéressée par tout ce qui se rapporte à la culture constructive car elle permet justement de répondre aux différents enjeux qui me tiennent à cœur (aspect social, culturel et respect du site et de l’écosphère). J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour intégrer l’école d’ar31
chitecture de Budapest pour ma première année de master. Cette école va justement me permettre de me familiariser avec la pratique de l’urbanisme et l’étude de nouvelles cultures architecturales. Cette école dispense également des cours sur la question de la démarche participative au cœur de la conception du projet. Je vais maintenant poursuivre mes études dans l’optique de devenir un architecte engagé et nourrit par ses convictions. Un architecte à l’écoute et aux services de ceux pour qui vont supporter son architecture au quotidien. Un architecte responsable et conscient de l’impact que son projet a sur l’écosphère. Un architecte-artisan, un architecte-urbaniste.
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Bibliographie Ouvrages BAJARD M. (2017). Amsterdam : une autre façon de voir la ville à travers son urbanisme. Actes Sud, 176 pages BENDIMERAD S. (2010). Habitat pluriel : densité, urbanité, intimité. Paris : PUCA, 172 pages CHALON C., CLERC D., MAGNIN G. et VOUILLOT H. (2008), Pour un nouvel urbanisme. La ville au cœur du développement durable, Paris, Éd. Yves Michel, Gap, et Adels, 156 pages FAREL, A., & BENOIT, J. (2006). Bâtir éthique et responsable. Ed. du Moniteur. 140 pages FERRON J. (1962). Cotnoir, Montréal, Éditions d’Orphée, 99 pages. GEHL, J. (2012). Pour des villes à échelle humaine. Les éd. Ecosociété. 274 pages GIBSON J. J. (1979) The Ecological Approach to Visual Perception JANIN P. et CARCIAN S. (2015). note de la DDT Isère : Comme favoriser la densification ?, 29 pages JOURDA F. H., (2009). Petit manuel de la conception durable. Archibooks+ Sautereau éd. 98 pages MASBOUNGI A., (2010). Bien habiter la ville. Paris : éditions Le Moniteur, 175 pages OÏKOS, (2004), Les clés de la maison écologique. Mens : Terre vivante, 157 pages HEIDEGGER M. (1951), retranscription de la conférence et essai : Bâtir, Habiter, Penser, prononcée à Darmstadt, Gallimard PARASOTE B. (2011), Autopromotion, habitat groupé, écologie et liens sociaux. éditions Yves Michel, 239 pages TESTARD Jacques (sous la direction de), (2003), Réflexions pour un monde vivable. , Paris, Mille et une nuits (collection « les petits libres » n°50), 125 pages 33
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Conférences BAJARD M. , Conférence à l’ENSA Strasbourg : Amsterdam, comprendre la ville et son architecture au fil du temps, le 1er Mars 2018, disponible sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=tgOzeG-XrQA , durée : 1h05, visionnée en février 2019 IMPACT KARIBATI, Conférence à l’ENSAG par Yves Hustache: Les trophées étudiants de l’architecture sobre et engagée , par Impact Karibati ( SCOP spécialiste du biosourcé), mars 2019
Dialogue Perraudin et Didelon - 2012 - Dialogue sous une palme les 7 et 8 juillet 2011 à Lyon, Vauvert et Patrimonio
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Iconographie Photographie de couverture: Projet de NZI architecture - 26 logements participatifs à Montreuil, crédit : Juan Sepulveda Grazioli Figure1 : site du cerdd http://www.cerdd.org/var/www/storage/images/mediatheque/cerdd/images/actualites/parcours-7/brundtland1987speech/150403-1-fre-FR/Brundtland1987speech.jpg
Figures 2 et 3 : site de Catherine Furet http://www.catherine-furet-architecte.com/realisations/clichy
Figures 4,5 et 6 : prises par Pierre-Yves Brunaud et disponibles sur le site de Sophie Delhay http://sophie-delhay-architecte.fr/portfolio/lona/ Figure 7 : http://archiobjects.org/wp-content/uploads/2014/05/IMG_7568.jpg Figure 8 : sur le site de l’agence toa
http://www.toa-archi.com/site/wp-
content/uploads/2015/06/toa-secteur-vignoles-est-paris-1-1750x980.jpg
Figure 9 : photographie personnelle Figures 10, 11 et 12 : photographies de Juan Sepulveda Grazioli https://www.muuuz.com/magazine/rubriques/architecture/48918-nzi-architectes-26-logements-participatifs.html
Figure 13 : caue de l’Isère
https://www.caue-isere.org/wp-content/me-
dias/2014/04/La_Une-Meylan-Les_Bealieres-300x300.jpg
Figures 14 et 15 : arba http://www.arba.pro/realisations/mtraversee/ Figure 16 : guadeloupe tourisme https://fr.guadeloupe-tourisme.com/images/ photos/370_photo_4.jpg
Figures
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et
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:
Archdaily
https://images.adsttc.com/media/
images/5009/1b3c/28ba/0d27/a700/1846/slideshow/stringio.jpg?1414024845
Figure 19 : photographie personnelle Figure 20 : production personnelle
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