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PLUS LOIN, PLUS HAUT

1. 2.

1. Dauphine de Jerphanion photographiée par Thierry Mugler sur les toits de l’Opéra de Paris en 1986. Il se lance, dès 1976, dans les prises de vues de ses propres campagnes visuelles faisant poser ses mannequins dans des décors monumentaux à travers le monde. Ses images sont aujourd’hui iconiques. 2. Le portrait de Thierry Mugler devenu Manfred Thierry Mugler, Montréal, 2018. Poing levé, il porte une bague reprenant l’étoile exacte du flacon « Angel ».

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ALORS QU’IL AVAIT QUITTÉ LA PLANÈTE MODE DEPUIS PRESQUE VINGT ANS, THIERRY MUGLER ENFLAMME À NOUVEAU LE CIEL DE PARIS, AVANT DE LE REJOINDRE EN JANVIER DERNIER. L’EXPOSITION-RÉTROSPECTIVE QUI LUI EST CONSACRÉE AU MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, RAPPELLE QUE LA VIE SE CONJUGUE EN « ISSIME ». GLAMOURISSIME. BRILLANTISSIME. COUTURISSIME. PAR Virginie Bertrand

Des shows plus que des défilés rassemblant des milliers de personnes

– il sera le premier à les ouvrir au grand public en distribuant des tickets –, des silhouettes aux volumes exagérés, des décors de science-fiction, et enfin ses « glamazones » à l’assaut des podiums, Thierry Mugler magnifie tout, amplifie tout. Il surpasse la réalité, l’envoie se rhabiller. Sans casque de réalité augmentée. On est dans les années 1970 quand il arrive à Paris de son Grand Est qu’il juge trop étriqué. Il s’est déjà forgé un corps dans le corps de ballet de l’Opéra national du Rhin. Il a saisi la magie des costumes. Arpentant la capitale dans des tenues de capes et d’armures, il fait ses premières armes dans la mode et lance vite sa propre griffe « Café de Paris ». Une seconde, éponyme, la remplace l’année suivante en 1974. Ses lignes fuselées, étirées : épaules marquées, taille étranglée, jambes allongées, préfigurent les années 1980. Il se fait photographe et les immortalise portées par les mannequins les plus célèbres, de Jerry Hall à Eva Herzigova, dans des paysages choisis pour leur démesure, toit de l’Opéra de Paris, désert ou Groenland. Suit le clip qu’il réalise pour George Michael, Too Funky. La haute couture, très parisienne, devient en une vidéo, un phénomène mondial. L’artiste pluridisciplinaire ne s’arrête pas là et entend bien enchanter, voir libérer, tous les imaginaires. Renversant les codes et convenances de la parfumerie, il imagine un parfum aux notes pralinées dans un flacon dit impossible à réaliser en forme d’étoile, de couleur bleu et baptisé « Angel ». Effluve planétaire immédiatement. Le monde de la mode évoluant avec l’arrivée des groupes de luxe, il s’envole en 2002 pour Berlin où il donne encore une autre dimension à son univers comme à lui-même. Il devient Manfred Mugler, parachevant son auto-fiction et défit la chronique avec son spectacle de cabaret The Wyld au Friedrichstadt-Palast, en 2014. Se succèdent les tournées de Beyoncé à Cardi B. Avant « de partir relooker les anges et les démons là-haut ! le ciel était sa couleur », confie Jean-Paul Gaultier.

THIERRY MUGLER, COUTURISSIME

— Jusqu’au 24 avril. MAD. 107, rue de Rivoli, 75001. madparis.fr

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