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TOUS POUR UN
from Sdafgt
by elloco2019
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DÉFILÉ-HOMMAGE
PAGE DE GAUCHE 1. Une création d’Alber Elbaz pour sa marque AZ Factory. 2. Création hommage de Stella Mc Cartney, « Dans la mode, son talent a brillé d’un tel éclat qu’il a déchiré les conventions et enveloppé de bonheur un million d’âmes. » 3. Création hommage de Kim Jones, directeur artistique Femme de Fendi. « Lors d’un voyage au Japon, il était assis à la place que j’occupe par habitude dans un avion. Il m’a dit : “J’ai entendu dire que vous vouliez avoir ma place, voulez-vous vous asseoir à côté de moi ? ” Il n’était rien d’autre que gracieux et gentil ». 4. Interprétation par Thom Browne du smoking « Alber Elbaz ».
PAGE DE DROITE Bruno Sialelli, directeur artistique de Lanvin, signe une silhouette dans les règles de l’art de son prédécesseur.
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Sous son mantra « Love Brings Love », ce défilé d’anthologie aurait aussi pu s’appeler « Femmes, je vous aime », car il s’agit bien de cela. Quarante-cinq créateurs sollicités par l’équipe d’AZ Factory ont imaginé chacun, une silhouette qui rend hommage à Alber Elbaz, à sa « marque de fabrique », ses volumes si particuliers, aussi amples qu’aériens, ses drapés parfaits, ses coupes au cordeau. Mais chacune des interprétations va plus loin. Toutes transcrivent l’amour qu’Alber Elbaz adressait aux femmes dans ses créations. Il avait coutume de dire « Parfois, on n’a pas vraiment besoin d’une armure pour se sentir protégé. Parfois, vous avez juste besoin d’une robe en mousseline pour vous étreindre ». Repéré à New York, quand il débutait sa carrière avec Geoffrey Beene, par Ralph Toledano en 1996 qui le débauche pour Guy Laroche, le créateur israélo-américain succède en 1998 à Yves Saint Laurent dans sa propre maison avant de prendre les rênes de Lanvin en 2001 pour quinze ans. Il inaugure une nouvelle ère pour « cette belle endormie » qui renaît avec flamboyance et retrouve sa splendeur d’une mode exigeante, alliant force et féminité. Quand il est brusquement renvoyé en 2015, c’est la mode qui saigne, une épine dans le cœur, si cher à Alber Elbaz, qui le porte en bandoulière et le sème sur toute tenue. Le créateur s’en va. Et cite Charlie Chaplin « qui s’autorise à pleurer les jours de pluie pour que ça ne se voit pas ». Durant cinq ans, il fait deux fois le tour du monde, enseigne dans différentes écoles. Il prend le pouls de la planète, celui des nouvelles générations et questionne la mode dans son fondement même. « Pendant toutes ces années, je n’ai fait que voir la souffrance de celles, si nombreuses, qui bataillent avec leur poids, soumises aux diktats et aux jugements permanents. On vit dans un monde qui génère trop de solitude et trop d’agressivité. Un monde qui a trop de likes et pas assez de love. C’est le moment, je crois, de s’autoriser à être soi-même et à s’aimer. » Après, il fonde son « usine laboratoire » AZ Factory, repensant la mode de A à Z, avec l’appui du groupe Richemont dont le P.-D.G. Johann Rupert ne lui demande qu’une chose « Make it fun ». Alber Elbaz propose avec son premier défilé AZ Factory en janvier 2021 une autre mode « couture super athlétique », innovante, sociale et éthique. La collection présentée se centre sur la robe transformable, multi-usages pour toutes les tailles. « Je soutiens le ventre mais je libère le cœur. » Chacune des personnalités de mode invitées traduit un des aspects particuliers de ce trublion multi- facettes : l’ampleur de ses volumes avec une cape rose, géante, par Demna Gvasalia de Balenciaga, son humour dans un tee-shirt au nœud de travers, la perfection de ses fourreaux drapés par Riccardo Tisci de Burberry, son goût pour le grandiose avec une robe en faille noire par Pierpaolo Piccioli de Valentino… Sarah Burton, Donatella Versace, Vivienne Westwood, Gabriela Hearst pour Chloé, Dries Van Noten, Maria Grazia Chiuri pour Dior, Giorgio Armani, Ralph Lauren, Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton… Tous s’en donnent à cœur joie. Alexandre Samson, responsable des créateurs contemporains au musée Galliera, insiste sur la mise en scène de ses quarante-six modèles, reprenant les ordres de passage du défilé, les codes lumière, la musique « mais l’émotion viendra aussi de la proximité des créations, les mannequins se verront de tous côtés ». On entendrait presque Alber Elbaz citer une de ses maximes « Quand tu marches, regarde dans cinq directions différentes : regardez droit parce que vous devez regarder devant vous. Regardez en arrière parce que vous devez vous rappeler d’où vous venez. Regardez sur les côtés pour voir qui sont les personnes qui seront à côté de vous si vous en avez besoin. Regardez-en bas pour vous assurer que vous ne marchez sur personne. Et levez les yeux pour vous rappeler que quelqu’un nous protège. C’est peut-être ça, la vie ». « Love Brings Love » du 5 mars au 11 juillet. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. 10, av. Pierre 1er de Serbie, 75116. Tél. 01 56 52 86 00 et palaisgalliera.paris.fr
« QUE SERA SERA »
PAGE DE GAUCHE 1. Rei Kawakubo, créatrice de Comme des Garçons interprète l’imprimé de sa collection 2021 avec l’ampleur et la fluidité recherchées par Alber Elbaz. 2. Jean Paul Gaultier multiplie pour lui les cœurs. « Une robe cœur s’est imposée tant Alber en avait et qu’il a mis dans toutes ses créations et ses collections ».
PAGE DE DROITE Interprétation par le créateur belge Dries Van Noten des volumes chers au créateur, épaule bouffante et rectitude de la ligne, avec peint en « porte-bonheur » la joyeuse bonhomie d’Alber Elbaz.