« Les Saintes-Maries-de-la-Mer, Entre terre et mer, un dialogue À tisser
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Elodie Petra Diplôme de fin d’etudes 2010/2011
Directeur de TFE Catherine Farelle
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Membres du jury Président de jury : Claude Eveno
Urbaniste, écrivain et enseignant en première et deuxième année à l’ENSNP.
Directeur de mémoire : Catherine Farelle
Paysagiste urbaniste, enseignante en projet de paysage à l’ENSNP.
Enseignant de l’école nationale supérieure de la nature et du paysage : Dominique Boutin Pédologue géographe et enseignant en première et deuxième année à l’ENSNP.
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Avant-propos
Gard
Alpes de Haute Provence Vaucluse
Arles Arles
Departement des BOUCHES-DU-RÔNE Saintes Maries de la Mer
Var
Saintes-Maries-de-la-Mer Bouches-du-Rhône
Salins de Giraud
Salins de Giraud
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Aux confins des territoires de la Grande Camargue, Les Saintes-Maries-de-la-Mer est une commune de 2600 habitants qui accueille chaque année plus de 15000 vacanciers, plusieurs milliers de personnes lors des pèlerinages de mai et octobre et enfin de nombreux curieux désireux de découvrir durant quelques heures cette capitale singulière. 0
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10 km
20 km
Une ville aux confins des terres de camargue Le choix de travailler sur les Saintes Maries-de-la-Mer m’est apparu comme une évidence à la minute ou j’ai découvert cette ville mystérieuse. Je ne me lasse tous les ans de découvrir encore et encore la petite Camargue Gardoise. Je me décide enfin à traverser le petit Rhône en direction de la Grande Camargue. Bac du sauvage, direction Saintes-Maries-de-la-Mer des noms encore inconnus mais intriguants qui m’ont attirés sur une petite route de terre zigzaguant entre le riz et la vigne. J’ai quelques heures devant moi. Curieuse, je m’aventure donc sur le bac et traverse le petit Rhône. La Grande Camargue, un paysage nouveau tout en nuances et subtilités. Le long de la route qui mène aux Saintes, la végétation s’abaisse, le foisonnement et la verdure laissent place à la sécheresse et à l’hostilité. L’imposante église des Saintes se détache de l’horizon monotone. Elle se dresse contre les éléments et reste imperturbable malgré l’agressivité du milieu. L’entrée de la ville est loin de ce que j’avais pu imaginer à mesure que la route défilait. Je fus d’abord choquée par l’entassement des vacanciers, par la queue de voitures au pas attendant sous un soleil de plomb d’arriver à destination. Une frustration fut de ne pouvoir voir la mer, on ressent pleinement son influence avant de rentrer dans la ville mais il faut aller jusqu’à la plage afin de la voir dans toute son immensité.
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Ma première visite des Saintes-Mariesde-la-Mer fut rythmée par la circulation du centre ville. Arrivée à la fin du mois d’août, la ville est bondée de touristes, vacanciers venus profiter de la plage et des richesses proposées par la ville et son environnement.
Entrée de ville ‘ouest’ par la D570. La place de la voiture est imposante.
Stationnement des arènes. Un centre ville qui se plie à la demande touristique.
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Plages. Destination touristique privilégiée.
Centre ancien. Le tourisme a défiguré le coeur des Saintes-Maries-de-la-Mer jusqu’à une perte d’identité de la ville.
La ville est soumise à de fortes pressions environnementales. En effet, elle est bordée au nord et au sud de milieux écologiques spécifiques. Au nord, les terres de Camargue viennent au contact de la ville. Ces espaces de grande richesse sont protégés par de nombreuses réglementations. Au sud, la ville au contact de la mer, doit mener une lutte de tous les instants contre l’érosion de son littoral et pour la conservation de ses plages. Cette protection à transformé radicalement la relation des SaintesMaries-de-la-Mer et de la mer. Le dialogue étroit qu’entretien la ville des Saintes avec son contexte lui donne toute son épaisseur. La commune est aujourd’hui cloisonnée par ces milieux au lieu d’en tirer parti.
Épis sur la plage. Les préocupations de la commune sont tournées vers la protection du littoral.
Digue en regard des arènes . Enrochement et promenade piétonne, une relation de la ville à la mer unique sur la côte Camarguaise.
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Stationnement des Launes. Une limite délicate entre la ville et l’étang des Launes.
Entrée de ville ‘est’ par la D 85a. Rupture entre le front bâti de la ville et l’étang de l’impérial.
Nord de la ville. Les espaces naturels périphériques deviennent des delaissés périurbains.
Il y a finalement la question du pèlerinage. En effet, il accueille chaque année plus de 30 000 visiteurs en un seul week end. Ce pèlerinage est celui des gitans. Ils viennent deux fois par an prier Sara, leur Sainte. Ces manifestations ont une influence forte sur la configuration et le visage de la ville. En effet, les gitans ainsi que les touristes viennent au coeur de la ville en caravane, stationnent de façon anarchique sur l’ensemble de la commune. Les conséquences de ces manifestations sont souvent lourdes et la commune aujourd’hui dépassée par ces événements subit le pèlerinage alors qu’il faisait autrefois la réputation et la fierté de la ville.
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J’ai découvert une ville sous pression, croulant sous le poids des touristes, du soleil et du vent. Une ville lassée, dépassée, subissant chaque année une notoriété mal gérée. Cela apparaît d’autant plus contradictoire que la ville est qualifiée de capitale de la Camargue. Les questions qui émergent sont alors : - Comment cette ville de bout du monde peut elle évoluer et profiter à juste titre de sa notoriété grandissante ?
Pèlerinage des 24 et 25 mai. Une affluence concentrée.
Stationnement des Launes. Des caravanes mal acceptées par les élus et les locaux.
Place de l’hôtel de ville. Une place publique transformée en parking les jours d’affluence.
- Comment harmoniser les multiples usages qui sont aujourd’hui subits par la commune tels que le tourisme et le pèlerinage des gitans ? - Comment adapter mes réponses au territoire exceptionnel de la Camargue ? Stationnement du large. Mise en place de protection contre le stationnement en centre ville des caravanes de gitans.
Article du Figaro du 23.05.2010
« les retombées du pèlerinage sont négatives par rapport à ce qui se passait il y a quinze ans
»
Roland Chassain, maire des Saintes-Maries-de-la-Mer
Tensions aux Saintes-Maries-de-la-Mer
« Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, où étaient attendus en ce long week-end de Pentecôte des milliers de gitans en pèlerinage annuel, la tradition d’accueil n’est plus ce qu’elle était. En cause: un certain climat d’hostilité dénoncé par les gitans. Théâtre de grandes processions qui auront lieu lundi 24 et mardi 25 mai, le village camarguais célèbre chaque année Marie-Jacobé et Marie-Salomé, dont il tire son nom et qui, selon la tradition, se sont échouées ici après avoir été chassées de Palestine, où les premiers chrétiens étaient persécutés. C’est à cet endroit qu’elles ont pris pour servante, Sara, vénérée comme la sainte patronne des gitans. Mais les touristes ont failli cette année être privés de pèlerinage, l’Union française des associations tsiganes (Ufat) ayant menacé cette semaine de bloquer les accès routiers aux Saintes-Maries pour protester contre l’interdiction d’organiser des festivités en marge de l’événement. Pour dénoncer ces «nouvelles discriminations», l’Ufat, qui regroupe une vingtaine d’associations, avait envisagé un blocage, assorti d’un défilé des tsiganes dans les Saintes avec le triangle marron sur la poitrine (l’équivalent de l’étoile jaune imposée aux Juifs pendant la guerre: ndlr), selon son président Alain Daumas. Avant finalement d’y renoncer.
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Ces tensions ne sont pas les premières dans la petite commune camarguaise où le maire avait déjà pris en février 2008 un arrêté interdisant les activités de voyance pratiquées par les «diseuses de bonne aventure». Une décision jugée discriminatoire, début mars, par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Pour M. Chassain, les retombées du pélerinage sont «négatives par rapport à ce qui se passait il y a quinze ans», malgré les milliers de touristes attendus dans la commune. «Entre 25.000 et 30.000 personnes, dont 8 à 10.000 gens du voyage», selon lui. Le maire, qui évalue à «plus de 100.000 euros» le coût de l’événement pour la commune, affirme également que «beaucoup de commerçants - 70% des restaurants et des bars - ferment à partir de 18h-19h, car ça finit toujours mal». Des estimations contestées par les associations tsiganes: «Le maire parle de coûts mais à combien évalue-t-il les retombées économiques du pèlerinage», s’est interrogé Alain Fourest, président de l’association «Rencontres Tsiganes en Provence-Alpes-Côte d’Azur», qui dénonce «des conditions d’accueil scandaleuses». «Sur le fond, on constate une hostilité sourde et permanente de la population vis-à-vis des gens du voyage. Ce n’est pas une exception, c’est la situation dans toute la région, mais les habitants des Saintes se tirent une balle dans le pied, car l’essentiel de leur économie vient du tourisme en partie lié à la tradition historique des gitans», a regretté M. Fourest.
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Avant propos Une ville aux confin des terres de Camargue
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La camargue, des paysages uniques 12
Approche sensible Regards sur la camargue Formation de la Camargue La mer et le fleuve à l’origine des paysages de Camargue Un territoire façonné par l’homme L’eau souterraine Endiguement du Rhône Une circulation de l’eau contrôlée Digue à la mer Une Camargue aux trois visages La Camargue fluvio-lacustre La Camargue laguno-marine La frange littorale L’Homme gestionnaire et exploitant L’Homme protectionniste
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Les Saintes-Maries-de-la-mer, une ville en perte d’identité La légende des Saintes-Maries-de-la-Mer Les gitans L’église fortifiée Modification du rapport de la ville à la nature Développement de la ville et morphologie Entrées de ville Limites de la ville, séquences Le littoral des Saintes-Maries-de-la-Mer Limites coté mer Circulation de l’eau Limites coté terres
63 66 68 72 75 76 78 80 84 90 92
Quel avenir pour les saintes-maries-de-la-mer ?
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Projets de la ville Une offre de circuits de découverte peu adaptée En guise de conclusion Enjeux Programme
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Remerciements Bibliogaphie Pochette CD
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La Camargue, Des paysages uniques
Approche sensible
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On est surpris par la netteté de ce que l’on peut voir. Chaque vol de flamand-rose, chaque roseau qui plie sous le vent se détache. Cet espace se parcourt le long des chemins et routes. Il est difficile de s’aventurer au coeur même des étangs, des marais. Cela n’est pas en soi une frustration, la portée du regard est telle que l’on voit, on ressent le moindre espace. C’est un paysage habité d’une grande sensibilité et humilité. Lorsque l’on rejoint la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer par la route qui longe le petit Rhône, on est très vite imprégné par la violence des paysages qui s’ouvrent au fur et à mesure sur la ville. C’est lorsque l’on voit l’église des Saintes que l’on se rend compte de l’immensité des paysages. La route n’est plus bordée d’arbres et d’arbustes, la plaine de Camargue dévale devant nous. L’église se dresse tel un phare au dessus de ces étendues humides. Il marque la direction, nous appelle à traverser les marécages et à la rejoindre. Signe de prospérité dans la rudesse de ce territoire, elle représente l’unique lieu où l’homme a su s’imposer depuis des décennies.
« À qui veut pénétrer l’intimité de ces retraites lacustres, la patience et la curiosité peuvent transformer leur apparente monotonie et la boue informe en monument d’histoire naturelle, celle de la rencontre silencieuse et séculaire des hommes ordinaires et de la nature’ PICON, 1998
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espace ouverts 17
mer Une
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Le ciel de camargue
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«
Le ciel se révèle dans son immensité. Parce qu’aucun relief ne l’entame, c’est lui qui décuple la sensation d’espaces quand, par temps clair, le vertige vous saisit à force de scruter les circonvolutions de quelque rapace. PICON, 1998
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REGARDS SUR LA CAMARGUE
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La Camargue. photographie de Philippe doux.
Ce monde étrange et mystérieux ne pouvait qu’aiguiser l’imagination du poète, du peintre, du photographe, du cinéaste ou de l’écrivain. De nombreux artistes ont ainsi tour à tour dépeint la Camargue. Ces multitudes de témoignages ont parfois contribué à répandre une image stéréotypée de la Camargue, image de nos jours révolue. Terres impénétrables et inhospitalières, qui n’a jamais voulu percer à jour leurs secrets ? Les hommes alors décrivent, représentent, questionnent ainsi les paysages à la recherche de réponses, ou pour simplement s’imprégner de toute la magie, de l’âme de ce territoire de bout du monde.
Le cinéma De par son originalité et sa singularité, la Camargue ne pouvait laisser les cinéastes indifférents. Marais, étangs et terres salées abondent dans cette plaine du delta du Rhône, enclave sauvage où s’ébattent en semi-liberté des manades de chevaux et taureaux, des flamands roses mais aussi des moustiques à la soif inaltérable. Les poètes prétendent même qu’elle serait hantée par l’ombre de Mireille, l’héroïne du drame du félibre1 Frédéric Mistral. Les coutumes de la région et le mode de vie de ses habitants, qu’ils soient bohémiens ou gardians, sont au centre de nombreuses adaptations tirées des écrits d’auteurs provençaux comme Alphonse Daudet, Frédéric Mistral et Jean Aicard.
Affiche du film ‘Le gardian’. Film de Jean de Marguenat adapté du roman de Jean Aicard ‘Le roi de la Camargue’ sorti en salles en 1945.
1. Félibre : poète de langue d’oc
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LES PEINTRES
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The city walls of Aigues-Mortes. Peinture de Frédéric Bazille.
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‘Le village avec son église fortifiée’ - Van Gogh. Peinture à l’huile
‘Paysage à la cabane en Camargue’ - Van Gogh. Dessin à la plume juin 1888.
La formation de la camargue Entre fleuve et mer, naissance d’un delta La Camargue est une île située entre les deux bras du Rhône et la mer. Ce delta est né de l'accumulation des alluvions du Rhône à son embouchure dans la mer Méditerranée. Il est bordé à l'ouest et à l'est par des terrasses caillouteuses. Né du conflit entre le fleuve et la mer, le delta du Rhône a une origine récente. L’essentiel de la côte, et ce, sur 200 km, est une édification marine qui a gagné sur les rivages, la dizaine de km représentant la largeur des étangs et de leur marge. La Camargue est une vaste plaine deltaïque alluviale de 1400 km2 qui s’étend entre Arles, Aigues Mortes et le Golfe de Fos. On peut distinguer la Grande Camargue, île entre les deux bras du Rhône, et la Petite Camargue à l’ouest du Petit Rhône.
Il y a environ
Géomorpholigie de la Grande Camargue : Petit Rhône
4 millions d’années
Arles Rhône
(ère tertiaire)
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La zone qu’occupera plus tard la Camargue est recouverte par la mer qui remonte profondément à l’intérieur des terres jusqu’au niveau de la ville de Lyon. Le climat chaud et humide favorise le développement d’un couvert forestier dense1 et le développement de grands mammifères.
Étangs du Vaccarès
Saintes-Maries-de-la-Mer Salins de Giraud urbanisation 4m et plus 3 à 4m 2 à 3m 1 à 2m
Anciennes lignes de rivage
0 à 1m
Anciens bras du Rhône
1. voir la carte de Cassini p. 74.
N
Étangs et lagunes
10 km
Il y a
2 ou 3 millions d’années (Fin de l’ère tertiaire)
Il y a
1 million six cent mille ans
Il y a
400 000 ans (Interglaciaire)
(Début de l’ère quaternaire) 27
La Durance s’est frayée un passage au travers de l’anticlinal des Alpilles. Elle transporte et dépose à son embouchure de grandes quantités d’alluvions. Ces alluvions se composent de galets de calcaire et de variolite (verte) provenant de l’érosion des reliefs alpins de Provence. La mer s’est progressivement retirée et la dépression qu’elle recouvrait, (partiellement recouverte de sédiments) est occupée par une succession de lacs.
Le Rhône déferle vers la Méditerranée. Il recoupe alors les anciennes alluvions de la Durance dont l’embouchure se déplace progressivement vers le sud-est. Les premiers hommes apparaissent en Camargue il y a un million d’années. Nomades, ils vivent de cueillette et de chasse.
Le cours du Rhône est proche de celui qu’on lui connaît. L’homme quant à lui a survécu aux glaciations qui se succèdent depuis 800 000 ans. Il sait profiter des grands troupeaux de mammifères que le froid a fait migrer vers le sud.
N
Alluvions duranciennes Alluvions rhodaniennes Dépots littoraux
Il y a environ
Il y a environ
(Riss-Würm)
(Interglaciaire Würm)
Le Rhône développe progressivement son delta. Ce développement sera encore perturbé par d’importantes variations du niveau marin dues aux différentes glaciations.
Le niveau de la mer s’abaisse de plus de 120 mètres et permet une extension maximum du delta vers le sud. La dernière glaciation date de 25 000 ans. À partir de cette époque, le niveau marin remonte, la ligne de rivage se déplace vers le nord. Le climat est plus tempéré.
80 000 ans
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Il y a environ
35 000 ans
Mer
7 000 ans
rhône
Camargue laguno marine
Camargue fluvio lacustre
La Camargue prend peu à peu le visage qu’on lui connaît. Le remontée de la mer a provoqué la diminution de la pente du fleuve et l’édification du delta. Grâce aux apports sablonneux et limoneux du Rhône. La dernière transgression voit la mise en place du delta actuel (vers 6500 B.P.). À cette époque, la montée des eaux installe le rivage au niveau de l’actuelle rive nord des étangs de Vaccarès. Au nord de cette ligne, la sédimentation d’origine rhodanienne devient alors de type fluvio-lacustre1. Au sud, la sédimentation d’abord marine devient laguno-marine2.
1. Matériaux fluvatiles portant la marque évidente d’avoir été déposés dans un environnement lacustre. lacustre : Dépôts composés généralement soit de sables fins, de limons et d’argiles stratifiées, déposés sur un fond de lac, soit de sables modérément bien assortis et stratifiés avec des matériaux plus grossiers qui ont des dépôts de plage ou d’autres dépôts littoraux transportés et déposés par l’action des vagues. 2. Dépôts issus de la mer. Ils sont séparés de la mer par un cordon littoral ouvert par un grau et résultant de la fermeture de baies envoyées par une transgression marine récente.
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La mer et le fleuve,imprevisibles, à l’origine des paysages Camarguais n
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? N Saintes-Maries-de-la-Mer Forme pointue : Exetension maximum du Rhône de St Ferréol (-5000 à -4000 B.P.)
Forme lobée, 3 embouchures Époque Romaine, Haut Moyen Àge
La remontée du niveau marin a provoqué, au cours de la formation du delta du Rhône, l’engorgement de l’embouchure par le développement de nombreux méandres. Cette multiplication est à l’origine d’une réduction significative du débit du fleuve donc d’une diminution de l’alluvionnement. L’élévation du niveau marin provoque quant à lui une attaque intense de l’ancien promontoire deltaïque qui régresse rapidement. La côte des Saintes-Maries a ainsi progressivement reculé pour rattraper un profil rectiligne. Évolution historique du rivage maritime Au cours de la formation des paysages de Camargue, de nombreux cours d’eau N ont alimenté l’alluvionnement de la plaine. Le Saint Ferréol a joué un rôle important dans l’évolution des paysages et de la commune des Sainte-Maries-de-la-Mer. En effet, Le cours du Rhône de St Ferréol fut artificiellement coupé de sa prise sur le Grand Rhône vers 1440 à la suite de travaux d’endiguement. Le colmatage et l’assèchement de ce bras qui en résulta priva d’eau douce les habitants des Saintes qui creusèrent un chenal pour capter le Rhône de Peccaïs à Sylvéreal. Le Petit Rhône dévia alors son cours et vint déboucher au grau d’Orgon1 à l’ouest de la commune. L’arrivée de ce bras permit pendant un temps de retarder l’érosion du littoral dans ce secteur. De nos 7000 ans B.P. 3500 ans B.P. jours, les alluvions apportées par le fleuve ne sont plus assez importantes et ne époque romaine compensent plus les effets de l’érosion. La côte attaquée a du ainsi être protégée moyen âge par de nombreux ouvrages comme des digues et des épis. 10 km
1. Le Grau (estuaire » ou « chenal » en occitan) est un espace marquant une communication entre les eaux de la mer et les eaux intérieures. Un grau s’ouvre au point le plus faible du cordon littoral, à l’occasion d’une crue ou d’une tempête. Le Grau d’Orgon marque l’embouchure du Petit Rhône à l’ouest des Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Un territoire façonné par l’homme À partir de la naissance de la Camargue , trois acteurs vont influencer et façonner son histoire : la mer, le fleuve et les hommes. La présence de l’homme au coeur du delta n’est attestée qu’à partir du premier millénaire avant Jésus Christ. À partir de cette date et jusqu’au 19ème siècle, les peuplements vont se succéder. Histoire naturelle et humaine se mêlent au fil des décennies en un mouvement incessant, sur un territoire qui change de maître tout comme le Rhône change de lit. N
10 km
La Camargue à l’époque romaine.
La Camargue au moyen âge.
La Camargue du 16è au 18è siècle.
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Au Moyen Àge, la Camargue fluvio-lacustre et laguno-marine sont respectivement soumises au développement agricole et salinier. Les villes se développent autour des activités portuaires. Les grandes propriétés sont gérées sur un mode latifundiaire1 et la société agricole s’organise autour des mas. Dès le début du 12è siècle, les propriétaires mettent en place des levées afin de protéger au mieux leurs biens. Ces actions sont le plus souvent individuelles. Cependant, on peut voir se mettre en place des associations pour lutter contre les débordements du Rhône. Les routes servent alors de ‘digues’ et de voies de circulation. On voit alors peu à peu s’assécher les zones dépressionnaire à cela, s’ajoute des introductions d’eau douce par les agriculteurs. Ces actions sont l’amorce du changement progressif du visage du delta et de l’écosystème camarguais. Les terres sont labourées, les marais sont transformés en herbage. Le développement de l’agriculture est limité au sud par la salinité trop importante des sols. De même, les contraintes naturelles limitent au sud l’extension des établissements militaires ou religieux. Malgré la faiblesse des ouvrages de protection et les crues encore fréquentes dans la plaine, les mas progressent le long des paléochenaux2. Des roubines3 sont aménagées dans les anciens bras du Rhône. Après la Révolution : À la culture du blé et de l’orge, succède l’élevage ovin. Les étangs quant à eux sont loués à des pêcheurs locaux tandis que les zones plus reculées sont exploitées par des troupeaux de chevaux et de taureaux. 1. Se dit d’un grand domaine agricole, tel qu’ils furent constitués par les Romains riches dans l’Antiquité. 2. En sédimentologie fluviatile : remplisssage sédimentaire qui fossilise l’emplacement d’un ancien courant d’eau fossile. 3. Canal creusé par l’homme à des fins d’assainissement ou d’irrigation.
À la fin du 18è siècle, la culture de céréales et l’élevage occupent et structurent l’espace agricole. En parallèle, on observe un développement du réseau hydraulique à l’échelle de la Camargue. Les digues restent néanmoins faibles et cèdent régulièrement aux crues du fleuve mettant en exergue la précarité des installations agricoles et ruinant terres labourables et canaux d’irrigation. Au 19è siècle, les débits des deux grandes crues historiques de novembre 1840 et mai 1856 ont atteint plus de 12 000 m3/s inondant la quasi totalité de plaine deltaïque. Une protection définitive du delta est alors entreprise et un système d’irrigation durable est édifié. La construction de la digue à la mer dure 3 ans : de 1856 à 1859. Elle permet de supprimer de façon durable les entrées d’eau salée en basse Camargue. D’autre part, les deux bras du Rhône sont endigués de façon continue. À partir de 1875, le drainage des zones marécageuses est amélioré et leur gestion est confiée aux associations syndicales autorisées. La viticulture engendre un développement du système hydraulique camarguais. En effet, par le développement spatial et technique qu’elle engendre, la viticulture contribue à partir des années 1880 à l’accroissement de la grande propriété en Camargue. Les propriétaires sont ainsi équipés de façon individuelle ou collective pour pomper l’eau du Rhône. Cet essor du vignoble camarguais entraîne de nombreux déversements d’eau de drainage vers l’étang de Vaccarès. Schéma de fonctionnement hydrologique des eaux de surface en Grande Camargue N
L’évolution historique du système a débouché sur un ensemble de bassins hydrauliques collectifs visant à gérer les eaux d’écoulage pour les renvoyer vers le fleuve, les étangs du centre et la mer. L’important réseau d’irrigation est indispensable à la riziculture dont le développement est lié à celui des techniques de pompage. Dans les grands marais périphériques, l’artificialisation du fonctionnement hydrologique varie en fonction de leur vocation, avec une grande diversité de situation selon qu’ils sont affectés à la chasse ou à la conservation. Dans les étangs centraux, la gestion de l’eau est réactive. Il n’y a pas d’alimentation directe en eau douce et ils héritent des écoulements agricoles ou pluviaux. Ces écoulements en provenance des bassins versants et les échanges avec la mer conditionnent les niveaux et les salinités de ces étangs. Leurs répercussions sur l’hydrologie du delta sont des clés de la compréhension d’un fonctionnement global. C’est à partir de cet ensemble encore appelé système Vaccarès, qu’est définie une gestion globale de l’eau.
Arles
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Corrége et Camargue Major
Roquemaure
Sigoulette Vaccarès
Saintes-Maries-de-la-Mer
Fume morte
bassin d’assainissement
Japon
Saintes-Maries-de-la-Mer
Salines de Giraud
La Palissade
10 km
Paysages agricoles Grand marais Salins
entrées d’eau douce du Rhône sorties d’eau vers le Rhône drainages entrées - sorties mer
L’homme, par ces interventions contrôle l’eau et donc le paysage du delta. Il va désormais occuper l’espace camarguais de différentes façons, chacune ayant ses propres contraintes, et des situations sociales conflictuelles vont apparaître.
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Le Rhône ne pénétrant plus dans le delta, c’est l’agriculteur qui doit gérer les entrées d’eau douce à l’aide de systèmes de pompages. En parallèle, les saliniers installés au sud du delta construisent les salins de Giraud. Agriculteurs et saliniers ont des besoins en eau opposés. Ces deux dynamiques sociales se retrouvent en conflit. Une solution fut de les écarter de part et d’autre de l’étang de Vaccarès par une troisième force : la réserve nationale. A cela, vient s’ajouter dans le paysage camarguais le développement de la riziculture qui renforce le réseau d’irrigation et entraîne des problèmes liés à ces introductions d’eau massives. Par ces différentes dynamiques, la Camargue est une région privilégiée pour apprécier les relations existantes entre l’homme et le milieu dans lequel il évolue, ce dernier lui offrant des potentialités qui sont exploitées tour à tour selon les opportunités économiques. À la charnière du 20è siècle, les courants sociaux sont modifiés : - Les agriculteurs passent d’une activité d’exploitation isolée basée sur la culture du blé à celle de la viticulture industrialisée à l’échelle du Delta. - La production et le ramassage du sel s’intensifient. - Le développement des sciences naturelles entraîne une volonté de protection de la nature. L’homme est perçu comme destructeur des milieux naturels. En 1854, la société nationale d’acclimatation1 voit le jour. L’étang de Vaccarès servant de moins en moins aux saliniers (ils pompent directement l’eau de la mer), la compagnie des salins accorde à la société d’acclimatation, en 1927, les 12 000 ha qu’elle possède dont le Vaccarès. Cette surface dévolue à des études de sciences naturelles sera entièrement protégée. C’est le début de la vie de la réserve. Dès 1960, le développement du tourisme, le besoin de nature, la complexification sociale du paysage camarguais, la gestion de l’eau conduisent à la création du parc naturel régional. En 1972, la réserve devient terre de l’État la société nationale de protection assure la gestion, la surveillance et le gardiennage de l’ensemble du territoire de la réserve (13 177 ha). Pour bien comprendre les enjeux au niveau du territoire de la grande Camargue, il faut prendre en compte sa division en trois zones géographiquement et socialement distinctes : - Au nord, les espaces agricoles occupés par des propriétaires terriens. On y retrouve les vignes, les rizières, les vergers et plantations. - Au sud, les salines gérées par les industriels. - Au centre, la réserve protectionniste gérée par le parc (85 000 ha) qui doit trouver un équilibre entre activités humaines et les milieux dans lesquels elles s’insèrent. 1. La société d’acclimatation est une association française qui a pour but la protection des espèces animales et végétales sauvages ainsi que les milieux naturels. À partir de 1927 de nouvelles formes de protection de la nature se sont succédées, sur ce territoire. Interviennent aujourd’hui sur ce site un Parc Naturel Régional, une fondation privée, le conservatoire du littoral, plusieurs syndicats de gestion, une réserve départementale, une réserve communale. Cette gestion spatialement encadrée répond aussi à des directives protectionnistes nationales et internationales (Natura 2000, réserve MAB, Programme Life, Medwet –RAMSAR, etc.). La multiplication des structures comme des mesures protectionnistes, liée à un nombre croissant de travaux scientifiques, fait de la Camargue un laboratoire “ grandeur nature ”pour l’analyse de la diffusion de l’idéologie protectionniste.
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Au 19è siècle, l’expression ‘territoire du vide’ s’appliquait bien à la terre de Camargue. Au 20è siècle, celle de territoire d’empoigne la remplace aisément.
L’eau souterraine L’eau est omniprésente dans les sols du delta. Les dépôts sédimentaires sont constitués de couches plus ou moins fines et perméables. On distingue deux types de nappes différentes : À faible profondeur, on retrouve des eaux à salinité variable, douces, saumâtres, salées voire même sur salées (jusqu’à 110g/l). Au dessous, la couche des cailloutis abrite une nappe à salinité variable, saumâtre au nord à salée au sud.
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Plusieurs facteurs influent sur la salinité des eaux souterraines. On retrouve la dissolution des sels présents dans les roches, le mélange avec l’eau de mer ou bien l’évaporation qui entraîne une concentration des sels par endroits. Les nappes de surface : la nature des formations sédimentaires en surface est variable. On retrouve des matériaux sableux grossiers perméables et des formations plus fines, limoneuses à argileuses quasi imperméables. Cette hétérogénéité permet la mise en place de nombreuses petites nappes d’eau souterraines. Celles ci sont très peu connectées entre elles du fait de la faible pente du delta. Les eaux de ces nappes ont une salinité très variable, sans que l’on puisse identifier de gradient nord-sud dans leur distribution géographique. On pourrait penser que la salinité de la nappe est due à l’intrusion souterraine d’eau salée ( phénomène que l’on observe dans la couche de cailloutis), mais les taux de concentration de sel n’indiquent aucune relation avec la proximité de la mer. De plus, les valeurs de salinités sont largement supérieures à celles que laisserait prévoir un simple mélange avec la mer. L’influence marine n’est donc pas suffisante pour expliquer les fortes salinités des nappes. Les eaux douces sont quant à elles sous l’influence de l’eau du Rhône apportée par les canaux d’irrigation ou par des circulations préférentielles dans les paléochenaux naturels du Rhône. (voir carte ci-contre). De manière générale, les eaux douces sont rencontrées dans des zones influencées par l’irrigation ou les circulations d’eau. Les eaux salées sont rencontrées dans des zones ou les eaux circulent peu. L’évaporation intense apparaît donc comme le principal acteur de salinisation des eaux souterraines. Avant la construction des digues, le fonctionnement naturel du delta entraînait des inondations régulières qui permettaient de réduire la salinité des nappes.
Tracé des paléochenaux en Camargue N
10 km
paléochenal
Endiguement du Rhône A la platitude frappante du premier regard porté sur le paysage environnant, se substituent des variations topographiques riches de conséquences en terme de couverture végétale selon la distribution des bourrelets alluviaux et des anciens cordons littoraux. Sur tout le delta, la nappe aquifère est proche. Celle ci est salée. L’agriculture nécessite des apports d’eau douce afin de compenser la sécheresse et les remontées capillaires qui déposent le sel au sol. La plaine est le fruit d’une activité morphosédimentaire liée aux dynamiques fluviales et marines. D 38 digue du Petit Rhône
Port Dromar
Petit Rhône
Digue du petit Rhône - Port Dromar.
Digue du petit Rhône - prise d’eau privée.
Digue du petit Rhône - coupure imposante dans le paysage camarguais.
Lorsque l’on étudie la topographie de la Grande Camargue, on peut remarquer que le pays est protégé des crues uniquement grâce aux digues. La fréquence des inondations, vingt-six entre 1800 et 1856, relance la nécessité de perfectionner les protections. Les digues du Rhône sont renforcées en 1869. L’endiguement du Rhône s’est traduit par une diminution d’apport d’eau douce, qu’il a fallu pallier par l’édification d’un considérable réseau d’irrigation et de drainage. L’équilibre précaire ne se maintient plus que par une gestion hydraulique artificielle qui permet de lutter contre la salinité des sols et de maîtriser les niveaux d’eau.
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une circulation de l’eau contrôlée developpement du réseau d’irrigation Depuis le 19è siècle, la Camargue est soumise à l’influence des aménagements hydrauliques. Dans l’ensemble du delta, l’eau est pompée dans le Rhône puis s’écoule dans un réseau complexe d’irrigation. L’organisation hydraulique de la Camargue doit son déploiement au développement de la vigne, puis de la riziculture et constitue l’assise de toutes les activités humaines. Le réseau hydraulique se compose en un secteur collectif et un secteur privé. Les propriétés situées en bordure du Rhône possèdent une station de pompage privée et d’un réseau d’irrigation. Les propriétés plus à l’intérieur des terres disposent de l’eau d’irrigation grâce à un réseau collectif de canaux. Ce réseau est géré par des Associations syndicales autorisées (asa) constituées d’un groupement de propriétaires. L’essentiel du drainage est donc collectif. Mas de Vert Petit Beaumont
N 36
Station de pompage en bordure du petit Rhône.
Arles
Arrosants et submersionnistes de Saliers Saint Césaire-Saliers
Triquette Grande Montlong Petite Montlong-Barachin
Clos de la Vigne
Petite Montlong-Beaujeu Aube de Bouic Mas Tibert Pioch
Vaccarès
Le Sambuc
Bras Mort Japon-Chamone Saintes-Maries-de-la-Mer
10 km
Station de pompage de réseau d’irrigation collective Canaux d’irrigation collective Roubines d’irrigation gravitaire
départ du réseau d’irrigation. canal d’irrigation privé.
Ci-contre, présentation du système d’irrigation collectif à l’échelle de la Grande Camargue. On remarque que ce système se localise essentiellement de part et d’autre des deux bras du Rhône, le réseau collectif prend ensuite le relais. Les stations de pompage sont concentrées au nord du delta, espace où l’agriculture est plus développée.
N
developpement du réseau de drainage
Arles
3 Albaron Sigoulette 5
Antonelle
4
2 Vaccarès 1
La Fadaise
Arnelles
1
Canal de Fumemorte
2
Canal de Roquemaure
3
Canal de Rousty
Station de pompage d’assainissement ( rejet d’eau de drainage au Rhône ou à la mer
4
Canal de la Sigoulette et canal Michel
Canaux de drainage gravitaire
5
Canal de Bourgidou
Canaux de drainage par pompage
Pèbre
Japon Barcarin
Saintes-Maries-de-la-Mer
10 km 37
Le réseau de drainage circule au coeur des différentes propriétés privées. Il assure la récolte des eaux des terres pour les relâcher dans le Vaccarès ou dans la mer. roubines et canaux
Roubine en Haute Camargue. La végétation de bord de roubine forme une paysage à part entière.
Roubine en Basse Camargue. En bord de draille.
Construction des Digues à la mer définition d’un trait de côte
Étang de l’Impérial
Digue piétonne
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Digue à la mer. À l’est des Saintes-Maries-de-la-Mer.
La digue à la mer change le visage de la côte camarguaise en fixant la limite entre terre et eau l’homme a modifié la nature des échanges qui ont jadis formé la Camargue que l’on connaît. Un tel geste n’est pas sans conséquences et la forte érosion du littoral et la pression de la mer au niveau de la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer en est une de taille. Quel avenir pour cette côte ? Son entretien et le renforcement des ouvrages de protection forment un coût non négligeable à l’État. Comment penser l’évolution de la côte ? Les avis sont tranchés et les débats sont vifs. Deux opinions se distinguent : Continuer à entretenir les digues à la mer et lutter contre l’intrusion maritime. Laisser la mer reprendre ses droits en lui permettant de couvrir à nouveaux les terres basses de Camargue.
Digue
Mer méditerranée
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Les enjeux liés à l’urbanisation sont un frein à la prise de décision . Ne pourrait-on penser que dans un futur plus ou moins proche, la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer deviendrait une presqu’île camarguaise, par un jeu de polderisation, seule témoin d’une occupation passée de la Basse Camargue. La maîtrise de l’eau au coeur du delta va bouleverser le visage de la Camargue. Les apports d’eau douce étant limités et contrôlés, on voit se mettre en place des milieux adapté à ces pénuries d’eau et de matière organique ainsi qu’à la nature des sols et de leur salinité. La formation géologique de delta suivie de l’artificialisation par l’homme ont conduit aux milieux que l’on connaît.
Une camargue aux trois visages La Camargue est constituée de trois types de sols qui influencent grandement les activités économiques par leur nature si caractéristique. On peut distinguer les sols au sud du delta, saturés en sel, ceux de salure moindre au centre et ceux à salure faible au nord et sur les bourrelets alluviaux. Les rapports subtils entre topographie, l’eau et le sel déterminent la mosaïque des milieux et permettent de distinguer une Camargue fluvio-lacustre, une Camargue laguno-marine et la frange littorale. La Camargue fluvio-lacustre est représentée par les bourrelets alluviaux de part et d’autre des anciens bras du Rhône ainsi que les marais doux à roseaux. La Camargue laguno-marine correspond à celle des vastes étangs peuplés d’une végétation spécifique des milieux salés telle que la sansouire. La frange littorale quant à elle est étroite. Elle renferme au sud toute la Camargue, c’est un milieu de sable et de dunes. Camargue fluvio - lacustre Camargue laguno marine
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Camargue fluvio-lacustre
Camargue laguno-marine
Frange littorale
frange littorale
La Camargue fluvio-lacustre
Elle correspond à la partie nord de la Camargue. Elle s’étend depuis Arles en tête de delta jusqu’au nord du Vaccarès et se prolonge plus au sud le long des deux bras du Rhône. La couverture de cet ensemble géomorphologique d’altitude plus élevée trouve son origine dans les sables et les limons déposés par le Rhône. De larges bourrelets alluviaux formés par les divagations successives du Rhône, isolent de nombreuses dépressions à l’origine des marais. On peut distinguer dans cet ensemble deux bombements topographiques majeurs de direction est-ouest : l’un, ancien Rhône d’Albaron, sépare les marais de Rousty et de Saliers, l’autre, ancien Rhône de St-Ferréol, isole ceux de la Grand Mar du Vaccarès. La Camargue fluvio-lacustre est formée de trois milieux influencés principalement par l’apport d’eau douce du Rhône et de ses bras en perpétuel mouvement. On distingue la forêt le long du Rhône, les bourrelets alluviaux où cultures et pelouses s’installent et les marais à roselière. 41
LES BOURRELETS ALLUVIAUX
Terres hautes
Mas et bâtiments agricoles
Marais avec roselière plus ou moins aménagée pour la chasse
Route principale
Terres basses
Roselière
Pelouse
Blé, cultures sèches
Mise en valeur actuelle des bourrelets alluviaux et des dépressions.
Rizières Canaux d’irrigation et de drainage
Ces levées ont été, dès l’antiquité, les supports d’activités économiques variées. Leur situation à l’abri des inondations leur confère une position privilégiée. On y voit alors s’y établir des mas et hameaux ainsi que les voies de communication. Les terres de ces bourrelets sont de qualité et sont principalement consacrées à la riziculture. En bordure des bourrelets, on retrouve des pelouses où peuvent s’installer les pâtures.
LES PELOUSES
1 - Communauté d’annuelles sur prairie fortement pâturée. 2 - Pelouse à Berlia robertina. 3 - Gazons à Salicorne annuelle. 4 - Prairie méditerranéenne à Avoine.
1
2
3
4
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Les pelouses s’installent sur des terres hautes, marquées par une sécheresse estivale très accentuée pouvant s’accompagner d’une remontée de sel. Il existe pour ce type d’habitat de grandes variabilités dans les conditions écologiques (eau/salinité). On distingue globalement : -Les pelouses halophiles, correspondant à des zones relativement basses et à un stade quasi climacique. -Les pelouses hautes, moins typiques des zones littorales, qui évoluent naturellement vers des formations plus boisées. La végétation qui compose les pelouses est essentiellement herbacée. Ces milieux accueillent une flore très diversifiée composée d’annuelles qui bouclent rapidement leur cycle avant les chaleurs de l’été. Les trèfles, lotus, chiendents, vesces dominent sur les pelouses hautes tandis que les saladelles, les carex et les plantains composent le cortège moins diversifié des pelouses halophiles. Même si leur régression est aujourd’hui contenue, les pelouses font partie, avec les sansouires, des milieux qui ont le plus perdu de surface depuis 50 ans. C’est un habitat riche, diversifié et très utilisé par la faune (reptiles) qui accueille la flore la plus diversifiée de Camargue. En outre, c’est un lieu de pâturage privilégié des taureaux et des chevaux qui y trouvent une alimentation à grande valeur fourragère.
MARAIS DOUX ET ROSELIÈRES Ce sont des formations à végétation émergente des zones semi-aquatiques et temporairement inondées. Leur niveau de salinité reste généralement faible à modéré. La submersion peut être permanente ou périodique avec une période d’assèchement plus ou moins longue. Les formations végétales sont composées d’hélophytes (phragmites, joncs, scirpes) souvent peu diversifiées et fortement dépendantes de la gestion de l’eau. Ces milieux présentent des intérêts cynégétiques et ornithologiques. Les marais doux et roselières ont subi des diminutions moins importantes que les autres habitats. Dans certains secteurs de Camargue, leur superficie a plutôt augmenté. Mais leur fragmentation pour faciliter la gestion hydraulique sous forme de petites parcelles (« mares à canards ») leur ont fait perdre une grande partie de leur valeur patrimoniale. Il faut souligner le cas particulier des marais à Cladium, localisés exclusivement dans le plan du Bourg. Ces derniers sont d’un intérêt patrimonial très fort et sont soumis aux menaces de destruction et fragmentation.
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Marais doux. ‘La baisse claire’.
Sagneur.
Exploitation des marias à roselières.
LES BOISEMENTS En Camargue, on distingue trois types de boisements : - Les ripisylves - Les forêts de plaine - Les boisements sur dunes fossiles
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La ripisylve : Il en existe actuellement des fragments en bordure du Rhône, ainsi que des vestiges correspondant aux anciens tracés du Rhône, généralement aménagés en canaux d’irrigation. La physionomie de ces forêts alluviales est multistrates, plus ou moins discontinues, et occupant une bande de quelques mètres à parfois plusieurs centaines de mètres selon le type de berge. 4 espèces dominent la strate haute : le peuplier blanc, l’orme champêtre, le frêne à feuilles étroites, le saule blanc. Dans les parties basses du cours du Rhône, où l’influence du sel est plus forte, des ripisylves composées de Tamaris de manière monospécifique peuvent se développer et jouer le même rôle. Les ripisylves ont fortement regressé avec la construction des digues du Rhône. Ce sont des formations qui prennent toute leur valeur écologique si elles peuvent constituer des grands ensembles en continuité, ce qui est exceptionnellement le cas aujourd’hui. Les forêts de plaine : Principalement en haute Camargue, ces formations sont souvent en relation avec le bâti et forment des bosquets ou sont regroupées en bordure des espaces cultivés. Si la pression humaine est trop forte, ces formations sont réduites à leur unité, l’arbre isolé en bord de champs ou de voies de circulation. Les forêts sur dunes fossiles : Ces formations se développent sur d’anciens cordons dunaires stabilisés et dont l’évolution permet l’installation progressive d’espèces arbustives puis arborées. Souvent, une nappe d’eau douce dégage la végétation de l’influence du sel et favorise l’installation des espèces arborées au système racinaire plus profond.
Ripisylve du bord du Petit Rhône
Ripisylve du bord du Petit Rhône. Bac du sauvage.
Cloisonnement des parcelles par des haies de tamaris
Cortège arbustif le long des canaux d’irrigation
La Camargue laguno - marine
Cette deuxième entité est dominée largement par l’influence du vent, de la mer et du sel. Au sud du delta, c’est un espace d’interfaces. Interface entre le sel et l’eau douce mais aussi entre la terre et l’eau. Cet ensemble est formé principalement d’étangs saumâtres et hypersalés et s’organise autour du Vaccarès. Cette Camargue d’origine laguno-marine a vu osciller vers le sud le rivage marin depuis son installation maximale au nord du Vaccarès. Les retraits successifs des lignes de rivage ont construit un éventail d’anciens cordons littoraux ou dunaires en plein delta qui ont, peu à peu, isolé des étangs et des lagunes. L’empreinte du sel détermine de façon nette les paysages de cette Camargue médiane. On peut cependant noter que l’influence du sel suit un gradient décroissant à mesure que l’on remonte vers le nord du Vaccarès. Sur ces terrains stériles, exposés aux vents et aux embruns, croit la sansouire, paysage typique de cette Camargue.
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Bloc : Organisation des espaces du bord de mer au Vaccarès. mer méditerranée
plage dunes
lagune
sansouire digue à la mer
SUD
NORD
eaux souterraines sursalées
étang du Vaccarès
LA SANSOUIRE
Paysage de sansouire. Image de Camargue.
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Paysage de sansouire. En arrivant aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Cette unité s’étend de part et d’autre de l’étang du Vaccarès ainsi qu’en basse Camargue, en ceinture des plans d’eau saumâtre, en moyenne et haute Camargue dans les zones plus basses et limono-argileuses. Ce milieu se caractérise par des sols plus salés où l’élevage est très présent. La sansouire représente la Camargue mythique telle que nous pouvons nous la représenter. C’est celle chantée par les poètes, véhiculée par l’image des traditions taurines. Ancrée dans l’imaginaire collectif, elle constitue le paysage venant à l’esprit à l’évocation de la Camargue. Elle se compose d’une grande diversité de milieux formant de nombreuses nuances paysagères. Fort élément du patrimoine paysager du delta du Rhône, la sansouire est formée d’espaces ouverts où la salicorne, le tamaris, la saladelle, les marais à joncs ainsi que les sols nus blanchis par le sel. La sansouire est une appellation locale qui désigne les formations végétales basses dominées par des halophytes (végétaux adaptés à des fortes teneurs en sel), ligneux ou herbacés. Ces milieux se caractérisent aussi par un sol hydromorphe. Les sansouires sont des milieux dont la dynamique naturelle est lente. Des tentatives de restauration ont pu montrer qu’il était cependant possible de reconstituer ces milieux en une vingtaine d’années. On distingue les sansouires hautes et les sansouires basses en fonction de leur composition floristique liée essentiellement à la topographie et la texture du sol.
Salicorne, du latin sal, le sel et cornu la corne.
Pâturage en Basse Camargue
La Saladelle, lavande de mer.
Le Tamaris.
Palette de couleurs.
Les sansouires font partie des milieux ayant subi les plus fortes diminutions en surface depuis 50 ans. Cette évolution a été ralentie par la mise en protection de la plus grande partie des sansouires situées au sud de la Camargue. Il n’en subsiste que de très faibles surfaces au nord de la Camargue. Près de 50% des sansouires de Camargue se trouvent sur des espaces protégés par acquisition foncière ou par règlement (réserves). Néanmoins, on constate que les sansouires dites hautes sont moins protégées (36% sur des espaces protégés) que les sansouires basses (60%).
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La frange littorale dune à oyat
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pied de dune
zone à choin et à joncs
zone à saladelle
sansouire
Barrière fragile entre la mer, les étangs et les terres du delta, elle est uniquement constituée de sables, sans cesse remaniés par la houle, les vents et les fortes marées. Ce dernier milieu attire de fortes fréquentations touristiques difficile à maîtriser. Bordée de dunes, la plage forme un liseré côtier à l’extrême sud de la Camargue. La frange s’étend de l’embouchure du Grand Rhône à celle du petit Rhône. La plage s’étend sur une largeur de quelques centaines de mètres. Ce long cordon ou ‘lido’ emprisonne un chapelet de lagunes, échancré par des graus, favorisant l’échange d’eau et l’alimentation des salines. La digue à la mer, érigée pour protéger la Camargue des intrusions marines, double en arrière ce cordon littoral. La formation de cette frange est récente. Elle a été façonnée par les vagues et les dérives littorales. Elle résulte à la fois de phénomènes d’accumulation et de sape dont les moteurs principaux, la mer et le vent, remanient les sédiments fluviatiles et marins.
DUNE DYNAMIQUE Ralenti par la végétation, le vent dépose le sable.
L’évolution des contours du rivage se traduit par une avancée à l’est et au droit de l’embouchure du Grand Rhône, et par le recul à l’ouest près des Saintes. Du golfe d’Aigues Mortes à celui de Fos sur Mer, s’étend une grande plage de sable fin de 50 km environ. Elle représente une superficie de 1800 ha. Depuis les travaux d’endiguement du Rhône et de la mer, seul le littoral fait encore l’objet de processus de sédimentation et d’érosion. Sous l’action du vent, le sable déposé par la mer en bord de plage est redéposé à l’intérieur des terres. Cette accumulation de sable est ensuite fixée par une végétation spécifique. Si les premières dunes littorales sont mobiles et dépourvues de végétation, à l’arrière, des plantes pionnières (chiendents, oyats, salicornes) participent à la création et la fixation du cordon dunaire. Une fois le travail des pionnières effectué, une flore plus diversifiée et extrêmement spectaculaire peut s’installer et ce malgré les conditions particulièrement difficiles du milieu (embruns, sècheresse). Les dunes sont des milieux actuellement en mauvais état de conservation, leur développement et leur extension étant fortement contraints par la présence de la digue à la mer et des digues frontales, l’érosion du littoral et la sur fréquentation.
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Sur cette carte d’occupation des sols camarguais, réalisée par le Parc Naturel Régional de Camargue, on distingue bien la répartition nord/sud des milieux. Au nord, les terres plus fertiles sont colonisées par l’agriculture. L’homme, par ces exploitations, permet de maintenir les paysages de cette Camargue fluvio-lacustre. Au sud, les milieux essentiellement composés de marais et d’étangs sont soumis à une gestion humaine qui repose sur la pêche, la chasse, l’élevage... L’ensemble des territoires de la Grande Camargue sont soumis à de nombreuses réglementations censées permettre une pérennisation de la richesse et la grande variété des paysages camarguais.
Qui assure aujourd’hui la gestion de ces milieux et exploitent ces espaces ? On retrouve différents acteurs qui à différentes échelles contribuent à façonner ou figer les paysages camarguais.
acteurs
Au nord, on retrouve les espaces agricoles où cohabitent propriétaires terriens, viticulteurs, riziculteurs. Au sud, les terres sont exploitées par les saliniers.
Les propriétaires terriens
Mas
Le mas Camarguais
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Dès les années 1950, la mécanisation des travaux agricoles, réduit considérablement les besoins en main-d’oeuvre et entraine une modification progressive de l’organisation socio-économique des mas et exige des investissements accrus. Les cultures occupent la majeure partie de la Camargue fluvio-Iacustre, soit un tiers (25000 ha) de la superficie totale. Essentiellement spéculatives et céréalières, elles accordent à la riziculture 80 % des terres labourables. L’élevage extensif de chevaux et de taureaux, bien que subissant la réduction des secteurs de pacage, connaît une progression récente en tant que support des activités taurines et touristiques. Les grandes propriétés dominent l’espace agricole. Un quart des exploitations ont des superficies supérieures à 100 hectares, certaines dépassent 2000 hectares. Ce système s’explique par la faible productivité des sols, de lourds investissements pour la mise en valeur des terres et des coûts de fonctionnement élevés, liés à l’entretien indispensable des réseaux d’irrigation et de drainage. Ceci se traduit par un gradient de surface des propriétés croissant du nord au sud.
Cabane de gardian
Le mas de l’Amarée. la maison d’habitation et la petite cabane de gardian.
Le mas de Cacharel. Carte postale des années 1950-1960.
L’architecture rurale témoigne d’une organisation sociale très hiérarchisée. Faisant défaut en Camargue, la pierre à bâtir, que seuls les riches propriétaires pouvaient se procurer pour la construction des mas, provient de Beaucaire et des carrières d’Arles. La cabane, demeure des pêcheurs, des gardians et des ouvriers agricoles, s’accommodait de matériaux locaux : bois, terre et roseaux. Le mas camarguais, situé sur les levées alluviales et dans des bosquets qui le protègent du vent, est un bloc massif et rectangulaire dont une des extrémités est marquée par un pigeonnier. Les mas, à la fois unités d’habitation et de production, peuvent former de véritables hameaux entourés par les modestes habitations des ouvriers agricoles saisonniers et les bâtiments d’exploitation.
3
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1 4
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1 - Mas. 2 - Parcelles de culture du riz de Camargue doté d’un système de canaux permettant de conserver l’eau en permanance dans les parcelles. 3 - culture de blé. 4 - Parcellaire sans découpage visible. c’est une friche ou une pâture pour chevaux ou taureaux. 5 - Sansouire.
L’espace agricole des hautes terres de Camargue, est le dernier témoignage des possibilités offertes par la Camargue pour le développement de cultures à haut rendement. Ces paysages sont extrêmement morcelés par le réseau hydrographique qui assure le drainage et l’irrigation, et les haies brise-vent qui protègent les cultures du mistral. En raison d’un équipement hydraulique satisfaisant et opérationnel, de l’absence de sel et de la fertilité des sols des hautes terres, des cultures de type maraîchage, très spéculatives, telles que les fleurs, les asperges, les arbres fruitiers, les légumes se sont développées. Derrière les hautes barrières de cyprès et de peupliers se découvrent des vergers de pommiers et poiriers et des cultures maraîchères mises à l’abri sous les serres.
La viticulture
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La viticulture, présente dès l’antiquité, connaît en Camargue une période de grand essor de 1870 à 1943. Elle s’y développe à la faveur de la crise céréalière que connaît la France sous le Second Empire et de l’invasion du phylloxera. Pour lutter contre cet insecte importé d’Amérique, plusieurs moyens peuvent être mis en oeuvre : diffuser de l’insecticide au voisinage des racines de la vigne, planter la vigne dans le sable, ou bien l’inonder chaque hiver pendant 40 à 50 jours. Cette dernière méthode, la plus efficace, est facilement applicable en Camargue où l’endiguement vient d’être terminé, où canaux d’irrigation et d’assainissement et stations de pompage sont en place.
Viticulture en Camargue
Réservé jusque là, à la consommation locale, le vin passe au rang de produit d’échange. Cependant après avoir connu une extension maximum en 1983, le vignoble camarguais régresse jusqu’à devenir à nouveau une activité marginale. Ce recul est dû à l’apparition d’une nouvelle méthode de lutte contre le phylloxera, la greffe des vignes françaises sur plants américains, qui permet à la viticulture d’autres régions de reprendre. Ce renouveau réduit la demande de vin camarguais et le développement de la culture du riz, à partir de 1942, accélère cette régression. La vigne n’en demeure pas moins présente aujourd’hui dans une partie du delta. Elle produit des vins de consommation courante comme le «vin des sables».
Viticulture en Camargue
La riziculture Il est difficile de dater exactement les débuts de la culture du riz en Camargue. La première rizière aurait été organisée en 1864 sur le domaine de Paulet par Etienne-Noël Godefroy. Jusque dans le courant de la deuxième guerre mondiale, les surfaces consacrées au riz restent limitées à un millier d’hectares. La riziculture nécessite une submersion permanente des terres pendant les mois d’avril à septembre (période de végétation). Elle est pratiquée en assolement dans le but de rentabiliser le dessalage des sols nécessaires à d’autres cultures. Avant de planter une terre en vigne on y fait croître du riz pendant deux ou trois ans consécutifs. L’essor de la riziculture voit le jour en 1942 date à laquelle la France, coupée des pays d’Outre-mer, ne peut s’approvisionner en riz. Les aides financières accordées par le plan Marshall permettent d’effectuer d’importants travaux hydrauliques indispensables au développement de la riziculture.
Culture du riz en Camargue. Phase d’installation du riz. chemin
chemin Levadon parcelle
bordure
parcelle
roubine 55
Coupe shématique du milieu rizicole.
Culture du riz en Camargue. La végétation de bord de parcelle forme un écosystème à part entière très diversifié.
Les zones moins fertiles telles que la sansouire et le marais sont complémentaires des secteurs cultivés et parfaitement integrées à l’économie locale. Elles servent au pâturage des animaux qui fournissent à l’agriculture leur fumier et leur force de travail. Elles constituent pour les camarguais un lieu de chasse et de pêche. De plus, les roselières sont explotées pour l’alimentation du bétail.
L’élevage
L’élevage est en pleine expansion depuis le XXe siècle, alors que le cheptel des taureaux n’atteignait qu’un demi millier au XIXe siècle. Il doit sa relance, au Second Empire, à l’impératrice Eugénie voulant développer un art tauromachique national. A l’inverse, l’élevage ovin autrefois considérable a nettement diminué. Quelques grandes bergeries subsistent et témoignent de la place qui lui était accordée.
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Il existe de nos jours un réel déséquilibre entre l’augmentation des effectifs (plus de 10 000 têtes) et la régression des surfaces pâturables, dues à l’extension des rizicultures et des marais de chasse. Or, l’élevage extensif, seul possible sur les terrains peu productifs du centre et sud de la Camargue, nécessite de grands espaces. Une autre difficulté tient au statut des éleveurs, qui sont rarement propriétaires des terres et dépendent donc des locations consenties. (60% des manadiers1 n’ont pas d’herbages, ils les louent à l’année aux propriétaires terriens). Les pâturages restant trop utilisés, n’arrivent plus à se reconstituer naturellement et l’hiver, le manadier doit apporter un complément de fourrage.
Élevage de chevaux.
Élevage Marquage des bêtes du troupeau.
Élevage Promenades equestres au mas de Cacharel. 1. Les manadiers sont les propriétaires des manades, troupeaux libres de taureaux, de vaches ou de chevaux
L’élevage extensif joue un rôle déterminant dans le maintien de la biodiversité végétale. En effet, le pacage influence considérablement l’évolution des zones non cultivées. Chevaux et taureaux peuvent servir d’outil de gestion : grâce au pâturage, l’exploitant peut favoriser tel ou tel type de milieu et donc la diversité animale et végétale. Néanmoins, pour être efficace, des charges minimales et des périodes appropriées doivent être respectées. Le taureau de Camargue, appelé le bioù, noir et de petite taille est l’élément essentiel de la culture locale. La finalité de l’élevage du taureau est la course camarguaise. Les opérations particulières qui découlent de cet élevage sont devenues des spectacles qui constituent un apport financier substantiel dans l’économie agricole. On élève aussi, mais en moindre proportion, le taureau espagnol, nommé «brave», pour la corrida. L’élevage du cheval Camargue, appelé le rosse, a évolué de manière particulière. De l’outil de production qu’il était, pour les besoins agricoles et de conduite des troupeaux, il est insensiblement devenu un produit touristique destiné à la promenade. Le cheval de race Camargue dispose d’une forte image de marque et véhicule les traditions de la culture camarguaise. Cet engouement a débouché sur la structuration de la production par la création d’un livre généalogique de la race Camargue et d’une association d’éleveurs. L’augmentation des coûts de production (affouragement hivernal, traitements sanitaires et clôtures) a conduit à une forte tertiarisation de l’élevage. Aussi l’élevage, tant celui du taureau que celui du cheval, dérive de plus en plus vers une activité touristique procurant une manne financière très appréciée des manadiers qui organisent des ferrades, des promenades équestres, des journées camarguaises...
Élevage de taureaux.
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Manade de taureaux.
Abrivado dasn la ville d’Arles.
Jeux taurins. Arènes du Grau du Roi
Pêche et chasse
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La pêche occupe une place modeste dans l’économie locale. Sauf pour la centaine de Saintois qui en vivent. La pêche touche de nombreux milieux : mer, étangs, marais, fleuve, canaux. En découle une grande variété de poissons: brochets, carpe, goujon , tanche, anguille, perche, plie turbot, sole, muge, loup, maquereau, sardine, merlan, murène, daurade, rouget, aigle des mers en mer et enfin esturgeon, alose, barbeeau dans le Rhône. Les techniques utilisées sont également multiples : sur mer des petites barques à fond plat (béto) fixent ou trainent de longs filets. Dans les marais et les étangs, on utilise la foëne, gros harpon, efficace en été lorsque, sous l’effet de l’évaporation, l’eau sursalée aveugle les poissons ou en hiver lorsqu’ils sont engourdis par le froid. Dans les canaux à la mer, les poissons sont piégés dans des pêcheries ou bourdigo.
Filets de pêche dans les marais.
Barques sur étang.
La chasse se pratique essentiellement dans les marais et a pour cible des gibiers d’eau comme la sarcelle, la bécassine et l’alouette.
«Sous un linceul de neige quand la nature dort. Par une nuit venteuse et claire. Quand les chaseures à la fouée secouent les ronceraies tout le long des ruisseaux. Ainsi moineaux et chouettes, eveillés en sursaut dans leur couche, effarouchés, partent par bandes. Et, avec un bruit de soufflet de forge, s’engouffrent dans le filet» Frédéric Mistal, Mirèo, Fasquelle, 1968, p.229.
Chasse dans les marais.
Les chasseurs jouent un rôle important dans l’évolution des paysages camarguais. En effet, ils possèdent une main mise sur de nombreux territoires en arrière des Saintes comme l’étang de Ginès, l’étang des Massoucles et la marais de Couvin. Dans ces espaces, aucun aménagement ne peut être pensé. Étant assurés du soutien de la commune, ils contrôlent ces territoires et gèlent leur évolution. Les espaces deviennent ‘fossiles’. Aucun parcours de découverte n’est envisageable, l’espace est figé.
Saliculture Le sel fut exploité dès l’Antiquité, en raison de conditions climatiques favorables, ramassé naturellement dans des dépressions asséchées durant l’été. Durant le Moyenâge, de petites exploitations salinières se développent sur les berges du Vaccarès et près du Petit Rhône, sous la responsabilité des abbayes cisterciennes d’Ulmet et de Sylvéréal. Les toponymes Salin de Badon, ancienne saline de la Vignole, Saliers témoignent de l’étendue de cette activité.
La saliculture camarguaise, devenue industrielle au début du siècle, a connu un essor entre 1953 et 1976. Pour être performante, l’extraction du sel, pratiquée à grande échelle, requiert l’utilisation précise des conditions atmosphériques, une haute technologie et des méthodes de production de pointe comme, par exemple, la gestion informatisée des mouvements d’eau, le nivellement au laser des tables salantes et la mécanisation de la récolte.
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Salins.
Excentrée géographiquement, l’exploitation du sel a contribué à édifier une véritable «société du sel» autour de Salin-de-Giraud, créée en 1860 pour loger les employés. L’exploitation des marais salants est contrôlée par la Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est (CSME), propriétaire depuis 1969. Elle couvre environ 11000 hectares, concentrés entre le Vaccarès et le Grand-Rhône pour une production annuelle d’un million de tonnes de sel. Le chlorure de sodium (NaCI) récolté reste une matière première indispensable à l’industrie chimique, principalement utilisée par celles de PortSaint-Louis et de Fos-sur-Mer.
Marais salants en Basse Camargue.
N
L’homme, protectionniste
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Deux étapes essentielles se sont succédées concernant la protection de la nature en Camargue. Les mesures protectionnistes mises en oeuvre depuis le début du 20ème siècle. L’intention première était de protéger la nature de l’homme nécessairement destructeur. À la fin des années 1980, la gestion de la nature en Camargue repose sur une représentation de l’homme qui n’est plus perçu comme forcément négatif mais comme étant intégré à son environnement. Les nouvelles politiques gestionnaires s’appuient ainsi sur la construction d’un rapport harmonieux entre l’homme et la nature. Les premières mesures protectionnistes prises en Camargue résultent d’usages conflictuels de l’eau entre les saliniers et les agriculteurs. A la structure pionnière qu’est la réserve naturelle de Camargue instaurée dès 1927 se sont succédés, sur ce territoire, les formes historiques de protection de la nature. Interviennent aujourd’hui sur ce site un Parc Naturel Régional, une fondation privée, le conservatoire du littoral, plusieurs syndicats de gestion, une réserve départementale et une réserve communale
De nombreuses mesures de protection, nationales et internationales, se chevauchent au coeur du delta. N
10 km
Zonage des différentes mesures de protection à l’échelle du delta
La Camargue et donc la commune des Saintes Maries de la Mer croulent sous les réglementations, les obligations dues aux labels et autres mesures de protection. Cette superposition agit comme un ‘frein’ au développement de la ville. En effet, celle ci est confrontée à une multitude d’interlocuteurs à chacune de ses démarches de proposition de nouveaux aménagements. Ce climat de pression juridique ne favorise pas un dialogue sain entre les élus de la commune et les acteurs extérieurs, la ville se sentant comme prise en étau. Ce manque de communication a abouti aujourd’hui à une réelle incompréhension, les environnementalistes et acteurs du parc reprochant à la ville de ne soucier du devenir du Parc et des espaces naturels. La ville quant à elle se voit perdre le contrôle et semble désireuse d’une plus grande liberté quant aux décisions concernant les aménagements dont elle a besoin. Les besoins entre les naturalistes et les élus locaux différent et aucun ne semble prendre cela en compte lors de l’élaboration de leur plan concernant le devenir de la ville ou de la Camargue. Le syndicat mixte de gestion est constitué, pour la durée du classement, du territoire en Parc naturel régional jusqu’à l’achèvement de la phase de révision de la Charte. Le classement est accordé pour une période de 10 ans renouvelables. La nouvelle Charte doit être validée avant la fin de cette année, elle est sujette à un renouvellement en 2012. La Ville des Saintes-Maries-de-la-Mer refuse pour l’instant de signer cette charte considérée comme trop intrusive et donnant trop de pouvoir au parc. Les différents enjeux proposés par le parc dans sa nouvelle charte concernent en partie des espaces en lien avec la ville comme les étangs et le littoral. Par ailleurs, les différentes mesures protectionniste ne nous indiquent aucunement le devenir des territoire de Camargue ni quelles sont les orientations de l’évolution des espaces ‘naturels’. Les mesures de protections revêtent un aspect trop conservateur pour ces milieux fragiles en constante évolution. Les prises de décisions ne se basent que sur une vision de l’espace à un instant ‘T’. Les acteurs de la ville, les naturalistes et les acteurs du parc semble parfois oublier que c’est l’homme qui a de toute pièce formé ces territoires. Il a modelé, orienté, favorisé une certaine nature. Vouloir à tout prix conserver les milieux camarguais n’est pas en soi critiquable, il faut néanmoins moduler le discours parfois trop accusateur des naturaliste et prendre en compte la Camargue comme pays inventé par l’homme. La Camargue n’est pas une terre de traditions. Tout y vient de l’extérieur, tout y est mouvement. De plus, il est indispensable de prendre en compte le fonctionnement des milieux dans leur ensemble et ne pas s’attarder sur des mesures de protections ciblés (petit oiseau, petite plante.). La parc naturel régional de Camargue il fut créé en 1970. jusqu’en 2001, sa gestion a été assurée par une fondation . Depuis 2002, un groupement d’intérêt public a repris l’Activité du parc naturel régional. Il y eu la nécessité d’associer le maximum de partenaires et de conserver les statuts du personnel, il est alors proposé la création d’un syndicat mixte ouvert élargi. Celui ci est formé de différents membres : la région Provence Alpes Cote d’Azur Le département des bouches du Rhône La commune d’Arles La commune des Saintes maries de la mer Les établissement publics suivants : La chambre de commerce et d’industrie du Pays d’Arles La chambre d’agriculture des bouches du Rhône La chambre des métiers des bouches du Rhône
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2
Les Saintes-Maries-de-la-Mer, une ville en perte d’identité Comme on a pu le constater, les Saintes Maries sont aujourd’hui confrontées à une demande grandissante. La renommée de la Camargue comme zone humide d’intérêt international et l’ouverture au sein de la communauté européenne sont susceptibles d’accroitre la fréquentation touristique dans les années à venir alors que l’on peut déjà recenser 1 million de visiteurs par an. Conscients des enjeux, les élus locaux remettent en question le tourisme de la ville dans sa globalité. Car si les actions menées présentement permettent de répondre à l’actualité du problème (problème de l’accueil touristique, de stationnement des caravanes et d’engorgement du centre ville), elles ne sont en aucun cas des réponses durables aux enjeux de la ville. De plus, il est difficile de proposer des solutions dans un espace si protégé. Dans ce contexte, la question est simple : Comment proposer un accueil touristique raisonné, en accord avec une demande précise et un territoire riche et complexe dont la préservation du patrimoine est enjeu au quotidien ?.
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« La ville n’est pas au bord de la mer mais au commencement de la terre. Les étendues lacustres, qui la bordent, les moutonnements de salicornes sans fin donnent des impressions de début du monde, monde inaccompli qui n’aurait pas encore émergé de l’élément liquide ni accouché de ses reliefs. Picon B.
»
Église des Saintes Maries de la mer. Elle se dresse tel un phare au dessus de ces entendues humides. Elle marque la direction, nous appelle à traverser les marécages et à la rejoindre. Signe de prospérité dans la rudesse de ce territoire, elle représente l’unique lieu où l’homme a su s’imposer depuis des décennies. Lorsque l’on arrive aux Saintes-Maries-de-le-Mer, on est d’abord émerveillé par la qualité des paysages qui bordent la ville. La ville émerge des terres et se distingue par le contraste qu’elle offre au regard. À l’intérieur de la ville, ce lien si précieux se perd. Il se noie dans une ville banalisée au fil des ans, au fil de la quantité de touristes venus profiter de la plage et admirer l’église quelques minutes. Cette connexion ville/espaces naturels est ce qui fait la richesse de la ville, lui donne une raison d’exister. Cette limite, cette frange mince et tenace dicte la nature de la ville, la légitime. La tension entre la ville et la Camargue e délite, se perd, la frange s’amenuise à mesure que le temps passe. Pour rendre un nouveau souffle à la ville, il faut rendre une place à cette limite, lui donner de l’épaisseur, la rendre vivante. En perdant la nature de cette frange, la ville renonce à sa nature même, renonce à son histoire. Rendre à la ville son statut de capitale de Camargue c’est avant tout rendre la ville à ses terres, affirmer son ancrage aux terres de Camargue.
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La légende des saintes-maries-de-la-mer À la mort du Christ, Marie Salomé, Marie-Jacobé et les apôtres vivaient a Jérusalem. Les juifs, dit la légende, obligèrent les saintes femmes et plusieurs autres disciples du Christ à monter sur quelques barques désemparées qu’ils poussèrent sur les flots. ‘vous périrez dans cette nef, proclame un vieux cantique cité par mistral, Allez sans voile et sans cordage Sans mât, sans ancre, sans timon, Sans aliment, sans aviron, Allez faire un triste naufrage !...’
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Miraculeusement conduite au terme d’un long périple, la barque des Saintes aurait abordé les terres basses de Provence, à proximité du lieu de l’actuel village des Saintes Maries de la Mer. Le mode oral de transmission et la nature même d’un récit édifiant, où le merveilleux se prête aux élans de la piété et de l’imagination populaires, suscitèrent au fil des ans différentes versions. Au voyage des disciples, un récit attribue un caractère moins dramatique. Ce serait pour répondre à l’injonction du Christ : ‘Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.’(Marc, XIV, 16), que ses proches se seraient embarquées à bord d’un des navires reliant la Palestine à Marseille par la route maritime connue depuis des siècles. Le culte des trois Marie débute dès 513, lorsque l’évêque d’Arles, Césaire, chargé d’évangéliser les campagnes, transforme un ancien lieu cultuel en édifice chrétien. Il crée ainsi un monastère ou une église aux Saintes, à la place d’un temple païen. Nous savons qu’à la mort de Césaire, en 542, le site se nommait Sancta Maria de Ratis ou Saintes-Marie-de-la-Barque. Aujourd’hui, le nom de la ville et le pèlerinage perpétuent cette légende riche et singulière. Ainsi étayée, la légende apparaît comme la relation merveilleuse d’une histoire authentique. Débarquées en Camargue, les Saintes femmes et autres disciples se dispersèrent en Provence et au delà pour y prêcher l’Evangile. Seules Marie-Salomé et Marie-Jacobé assistées de Sara se fixèrent aux rives de la terre hospitalière de Camargue. Elles vécurent alors parmi les membres de la colonie vivant du négoce avec l’Orient. Elles y auraient séjourné quelques années, convertissant le peuple des immigrés pêcheurs et des pâtres, dont elles auraient fait une des premières communautés chrétiennes de la Gaule. Marie-Jacobé mourut d’abord, Marie-Salomé peu après. Chaque année, les pèlerinages du 25 mai et du 22 octobre en commémorent respectivement le souvenir. Au XIVè siècle, une confrérie se fonde à Notre Dame de la Mer en l’honneur des Saintes. Le pèlerinage jouissait au XVè siècle d’une grande faveur. Des circonstances extraordinaires vinrent ajouter encore à sa renom. Des témoignages écrits, contemporains des faits, apportent dès lors des garanties dont ne pouvait se prévaloir jusqu’alors le récit transporté d’événements lointains.
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Les gitans
Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer 68
Caravanes. Stationnement la brise aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer
Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer
Tsiganes, bohémiens, Romanichels, Gypsies, Gitans aux Saintes Maries de la Mer... Le nom a pris ici un sens global pour désigner l’ensemble des gens du voyage qui courent la France, l’Asie, l’Europe et les terres du nouveau monde. La force de la tradition, le récit des miracles, l’espérance qui s’attache à l’humble condition, de temps immémorial, désignaient à la piété des fidèles le pèlerinage des Saintes Maries. Au village lointain ils venaient en foule. Pieds nu sur le sable. Cahotés au gré des pistes délabrées, pliés sous la charge, recrus d’une longue marche. Qu’importait ! Le culte des Saintes émerveillait. Jadis, sans doute, l’acte de foi était-il plus méritoire.
Roulotte de gitans.
Carte postale. Campement bohémien aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
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Pèlerinage de mai. Rue des Saintes-Maries-de-la-Mer
Pèlerinage de mai. Défilé des gardians et ecclésiastiques.
Mais la tradition demeure vivante et ramène les pèlerins : méridionaux du bas Languedoc, de Provence, du Comtat Venaissin et, bouclant ici leur longue pérégrination, nomades accourus des pays proches, mais aussi d’horizon plus lointains. Tous répondent à l’appel séculaire qui, tous les 24 et 25 mai, à l’ombre du sanctuaire et sur les plages de la lagune éblouissante, perpétue pieusement les mêmes rites. Quel mobile oblige les gitans à ce retour régulier ? L’opportunité de trouver quelque rapport en un lieu de rassemblement ? Est-ce pour leurs membres dispersés le besoin de se retrouver ? Ou enfin, héritiers d’une antique civilisation évoluée au contact du christianisme, suivent-ils un appel strictement religieux ? Sur les chemins d’un vieux rituel, ils se retrouvent alors et atteignent le village ou l’accueil ne leur sera pas contesté. Les nombreuses automobiles et caravanes détrônent aujourd’hui l’humble pittoresque que constituaient les tentes rapiécées, les verdines et les tartanes flanquées de leurs chevaux.»
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Sara la noire.
Sainte Sara portée lors de la procession à la mer de mai.
Sara-la-Kali, Sara la noire, la brune Sara, serait pour les uns la servante de Marie Jacobé et Marie Salomé pour d’autres, c’est une gitane provençale. Une chose est sûre, elle était de couleur noire ou sombre. La version que retiennent les gitans est celle d’une jeune femme, une gitane, campant avec les siens dans le delta du Rhône. On raconte qu’avertie miraculeusement elle courut vers la mer et, s’étant dévêtue, elle étendit sur les vagues sa robe qui la porta vers les saintes. Baptisée de leurs mains, elle les conduisit au temple païen, le temple de «Ra», où affluaient les grands pèlerinages gitans. À la découverte des dépouilles de Marie Jacobé, et Marie Salomé le roi Renét déposa les restes dans des chasses richement ornées et comme on ne retrouva pas trace des dépouilles de Sara, on lui creusa la crypte actuelle où les gitans la vénèrent avec ferveur le 24 mai, depuis 1935, date de sa première sortie officielle en procession à la mer. Les gitans pensent à une origine provençale et non palestinienne de Sara et la reconnaisse comme leur patronne, leur guide. Chacun vient ici déposer un cierge dans cette crypte. Et puis on habille régulièrement la statue d’habits neufs. Aujourd’hui, près de cinquante robes s’amoncellent sur la frêle statue qui grossit de jour en jour, et dont le fin et noir visage, visage pâlit sous les attouchements des visiteurs. Propre aux gitans, elle est leur fierté, ils partagent ainsi une fois par an le bonheur d’exhiber leur Sainte et de la conduire aux rivages de la mer dans laquelle ils pénètrent avec une bruyante exubérance.
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Cérémonie de remontée des chasses, octobre 2010.
Je n’ai malheureusement pu assister au pèlerinage de mai mais présente à celui d’octobre 2010, je souhaitais vivement partager la liesse de ces deux jours, la ferveur et la dévotion. L’après-midi du premier jour de pèlerinage, la cérémonie de la descente des chasses est chargée de candeur, une avide espérance presse la dévote assemblée. L’église est comble de pèlerins et de villageois. L’air est dense, étouffant. Soutenus par les invocations et les chants des prêtres, hommes, femmes et enfants chantent et prient à l’unisson. Soudain, le grincement d’un battant, de brefs murmures et éclats de voix se font entendre. Tous les regards se lèvent, les cierges ont été allumés. Dans le chambranle de la pièce haute, les châsses apparaissent et se détachent lentement de la pénombre. Retenues par deux cordes ornées de fleurs, elles entament au rythme des chants leur descente entre ciel et terre. L’ardeur jusque là contenue laisse place à des appels plus amples. Dans l’exaspération de l’attente, les visages s’angoissent et les acclamations se précipitent. ‘Vives les Saintes Maries, Vive Saintes Sara», je me laisse emporter par la ferveur ambiante et joint ma voix à l’écho qui se multiplie à mesure de la descente des Saintes. L’agitation s’empare de la foule, ils crient leur foi, se pressent et tentent d’approcher l’autel sur lequel, à la lumière tremblante des cierges, vont être posées les châsses. Moment d’exaltation démesurée, instants d’une ferveur unique où chacun touche au merveilleux.
L’église fortifiée
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Ultime forteresse des lagunes, elle apparaît comme un phare désignant aux pèlerins et aux navigateurs les rivages d’une terre sacrée. Témoin séculaire d’un long passé d’épreuves, l’église atteste d’abord une fidèle vocation du site. En effet, le sanctuaire est l’aboutissement de constructions que les cultes païens et la foi chrétienne ont élevé, fortifié, remanié. La légende présume qu’un oratoire fut élevé en l’honneur des Saintes à leur mort. Il aurait ainsi succédé à un autel de terre pétrie dressé par Marie Jacobé et Marie Salomé pour rendre grace de leur arrivée miraculeuse. Des traces de l’église remontent jusqu’au VI ème siècle. En 542, l’archevêque d’Arles lègue à des religieuses l’église Sanctae Mariae de Ratis (Notre Dame du Radeau) située dans un territoire boisé. C’est au 12ème siècle que l’on situe la construction de la nouvelle église, type remarquable de l’architecture romane. La chapelle primitive fut préservée et enclavée dans l’oeuvre romane. La fortification de l’église date quant à elle du début du 18ème siècle. Exposé aux actes de piraterie maritime le village entreprit plus tard de se fortifier. Sa défense fut alors assurée primitivement par un fossé et un rempart de terre auquel se substitua plus tard une enceinte de pierres.
Église des Saintes.
Les Saintes-Maries, oeuvre de J.Isnard, 1875.
Place de l’église.
Chapitaux des colonnes de l’abside : motifs à figures humaines et sacrifice d’Abraham.
Puissance et dépouillement de la nef romane.
Représentation antique des Saintes-Maries-de-la-Mer.
Représentations des Saintes-Maries-de-la-Mer au Moyen âge.
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Sur ces deux cartes, on remarque bien les fortifications de la ville. La carte de Cassini indique la nature des milieux dans lesquels s’insérait la ville: il y a donc une majorité de marais. Une forêt résiduelle est remarquable à l’ouest du Petit Rhône. La ville, ainsi que les mas le long du fleuve, se sont construits sur des points hauts, sur des bourrelets alluviaux. La frange maritime se trouvait bien en aval des Saintes-Maries-de-la-Mer et le promontoire sur la mer au niveau de l’embouchure du fleuve témoigne d’un alluvionnement encore non maitrisé par l’homme. Les routes qui mènent à la ville ne se dessinent pas encore. 74
Carte de Cassini. 1778.
Carte d’Etat major. 1878.
Ci-contre, la carte d’État major de 1878. Le visage de la ville et de son environnement proche a déjà bien changé. L’emprise de l’homme sur le territoire est acté par la présence de digues en front de ville et sur le Petit Rhône. Le système de roubine se met en place et la ville se développe. Le fortifications sont toujours en place et la ville se concentre sur elle-même. On remarque les tracés qu’empreintent les accès actuels à la ville. La route qui longe le Petit Rhône se confond avec le cours d’anciennes roubines, au nord, la tracé reste inchangé.
milieu du 19è siècle, modification du rapport de la ville à la nature
Carte postale ancienne. D’après une gravure de 1607.
Carte postale 1962.
Le village des Saintes-Maries était resté engoncé dans ses remparts jusqu’au milieu du 19è siècle. Une rare carte postale ancienne reproduit un dessin du village tel qu’il apparaît sur une gravure de 1607. A l’extérieur des fortifications et des douves, il n’y a aucun habitat.
N113
Arles
Lunel
N 572
75 A 54
D 570 D 58
Le dialogue qui s’établit à partir de cette date entre la ville et les terres de Camargue va bouleverser le visage de la ville. Les limites qui existent de nos jours restent franches mais l’identité de la ville comme commune de Camargue, capitale de Camargue, se perd un peu plus chaque année. Par ses actions et son contrôle du territoire l’homme a imposé le tracé du littoral et dicte le dialogue existant entre la mer et la ville. D’autre part, la frange nord est délaissée au profit d’un retournement vers la mer favorisé par la pression touristique. En effet, la position stratégique des Saintes Maries au coeur du paysage si caractéristique de la Grande Camargue et sur le littoral méditerranéen en ont fait une ville prisée par les touristes à la recherche de dépaysement. La commune s’est donc développée en une cité balnéaire pour répondre à la demande. Dans les années 60, le littoral prenait des allures de camping tous les étés. Des tentes et des caravanes prenaient place sur l’actuel tracé du port Gardian.
D 38 N568 saintes-Maries-de-la-Mer Port-Saint-Louis-du Rhône
Les accès qui mènent aujourd’hui aux Saintes-Mariesde-la-Mer se superposent avec les anciens tracés de routes, roubines et paléochenaux.
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Le développement des Saintes-Maries-de-la-Mer se fait de manière concentrique, le tracé s’appliquant à la forme des étangs. La ville, limitée dans son extension par son environnement, est dense. Elle fait bloc dans l’immensité des espaces ‘naturels’ qui la jouxtent. On pourrait relever de nombreux dysfonctionnements dans la manière dont la ville évolue et va évoluer dans les années à venir. Pour autant, il me semble que l’avenir de cette ville ‘île’ réside dans le traitement de sa frange, la compréhension et le rétablissement du dialogue entre la ville et les territoires de Camargue.
-D 57 0
Pour comprendre les enjeux à l’echelle de cette limite, les entrées de ville sont le point de départ de ma démarche. J’ai ensuite voulu vous montrer les différentes séquences qui se dégagent lorsque l’on se promène tout autour de la ville.
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. La commune n’abrite que 2600 habitants à l’année à ce chiffre s’ajoute tous les ans plus de 15000 vacanciers, plusieurs milliers de personnes lors des pèlerinages de mai et octobre et enfin de nombreux curieux désireux de découvrir durant quelques heures cette capitale singulière.
camping le ‘clos du Rhône’ Entrée de ville ouest - D38
port gardian
Entr é
services techniques
e de
ville
est
- D8
5a
developpement de la ville et sa morphologie
camping le ‘la Brise’
cimetière
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centre ancien pavillonnaire dense église
pavillonaire à majorité de location saisonnière lotissement dense
mairie
lotissement dense résidentiel lotissement des launes pavillonnaire de bord d’étang cabanes de gardians arènes
infrastructures
office du tourisme
stationnements N
0
200
500m
Les entrées de ville 1
On compte trois entrées de ville aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Elles possèdent chacune leurs particularités et usages.
3
2 localisation des entrées de la ville.
1
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L’entrée principale se fait par la départementale 570. L’arrivée aux Saintes se fait par le sens giratoire de l’amarée, arborant la croix de Camargue. Cette entrée a des allures de postiche, la volonté de créer une porte de capitale de la Camargue a poussé les décideurs locaux à caricaturer l’espace. Croix de Camargue, fresque peinte, mas de promenade, jardinières... tout y passe.
centre ville
Étang des Launes
D 570. Un axe urbain à l’image de la ville. sansouire / marais
clôtures pâturages
roubine
coupe de principe des routes en Camargue
Construites sur les paléochenaux, les routes qui arrivent aux Saintes-Maries-de-la-Mer sont surélevées par rapport aux terres camarguaises. Cette différence de niveau s’estompe à mesure que l’on arrive vers la ville. Avant, la route à 50 cm voire à 1m des sols ‘domine’ les paysages.
2
résidence vacances Étang des Launes
centre ville
D 38. Une entrée de ville aux potentialités peu exploitées.
Cette entrée de ville se fait par la départementale 38 qui longe le Petit Rhône. Jusqu’à Port Dromar, la ville reste invisible et l’on est plongé dans la Camargue des pâtures et des mas. Passé la mas de la Marchande, la ville se dévoile et laisse apparaître les hauteurs de son église. Cette entrée est très forte car on voit peu à peu naître la ville. Mais la limite qu’entretient la ville avec l’étang se désgrège aux portes des Saintes. la route bordée d’une résidence vacances haustère nous conduit le long de la digue à la mer, entre un mur et des places de stationnement. 3
Mas des Manadiers
Les Arnelles
Les Impériaux
roubine communale
Le dernier accès que l’on a des Saintes se fait par la route départementale 85a. À l’origine sur le tracé de le D 570, elle bifurque au niveau de Pioch Badet et longe l’étang de Consécanière. En arrivant sur les Saintes, on est accueilli par un front bâti dense formé de résidences et logements semicollectifs. La limite qui existe entre l’étang de l’Impérial et la ville est très net. Néanmoins, le traitement des abords de la route à hauteur de la ville fait défaut. Le passage des piétons, vélos ou chevaux n’est pas sécurisé.
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D 85a. Une limite franche entre l’espace ‘naturel’ de Camargue et la ville.
Entre le ville et l’étang, une limite franche.
Pour traiter les limites de la ville, il est indispensable de travailler ces trois entrées de ville. Cette action doit se faire en tenant compte de la nature des accès (plus ou moins urbanisés) et de la connexion qu’entretien la ville à ces endroits avec l’espace naturel.
N
Étang des Launes
D
38
80
14 Camping le Clos du Rhône
13
2 1
3
9 D 57 0
8
10
6 7 Camping la brise
11
5
12 81
4
Port Gardian
200 m
coté mer
Digue du camping ‘Le clos du Rhône’ Cette digue n’est que très peu aménagée. L’enrochement est peu voire non praticable à pied ou à vélo. L’arrière digue n’offre guère plus de chemin de promenade. La bande de terre située entre la digue et la clôture du camping est régulièrement inondée.
1 digue
camping espace peu fonctionnel
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Coupe de principe de la digue en front du camping.
Digue du camping du clos du Rhône. Un espace peu praticable en rupture avec la ville.
Une valorisation de cette digue est à envisager. Une liaison entre le camping de clos du Rhône et le centre ville doit être mise en place afin de fluidifier les circulations, de rendre accessible le centre ville et de redonner une cohérence à ces espaces ni urbains ni ‘naturels’. Le stationnement en bord de digue pourrait être requalifier et s’intégrer à un projet de nouvelle entrée de ville ouest.
2 Plage vers lE centre ville La plage ouest des Saintes-Maries-dela-Mer est l’une des rares plage de la commune. Large, elle est au contact de l’avenue Riquette Aubanel. Depuis les stationnements le long de la route, on accède à la plage par des escaliers pour traverser le mur de béton qui les longe. Plage ouest. Un contact étroit avec la ville.
Plage ouest. Les ganivelles permettent de retenir le sable.
Cette séquence n’a pas en soi besoin de réel aménagement. Néanmoins, un liaison plus fluide pourrait être mise ne place entre la route et la plage. De plus, Cet espace se verrait nouvelle charnière entre le camping, l’entrée de ville ouest et le centre ville.
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Le littoral des Saintes
étang des Launes pertuis de la Fourcade
ne
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L’érosion du littoral ne se limite pas à la frange au regard des Saintes Maries de la Mer. Sur 60 km de cotes situées entre le Rhône vif et le grand Rhône, 40 km sont en érosion alors que seulement 20 km s’engraissent. Cette érosion est liée à plusieurs facteurs : l’élévation du niveau de la mer, les façades maritimes (tempêtes fréquentes et violentes) et enfin l’enfoncement du delta sur sa base (subsidence). De plus, l’alluvionnement du Rhône est faible (reboisement du bassin versant, rétention des sédiments par les barrages en amont) et ne peut se déposer hors des bras endigués du fleuve. En effet,on peut noter que les apports alluviaux par le Rhône, d’abord estimés à 30 millions de tonnes par an il y a 100 ans, ne sont aujourd’hui que de 8 à 10 millions de tonnes.
Rhô Petit
Le littoral camarguais, notamment au droit du village des Saintes-Mariesde-la-Mer, subit une érosion continue engendrée par les courants littoraux générés par les houles de secteur Sud-ouest ou Sud-est. Ces derniers provoquent l’érosion du trait de côte et un transit des sédiments dans les mêmes directions.
port Gardian
arènes
Valeur des enjeux socio-économiques 1
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La ville des Saintes Maries de la Mer est le site Camarguais où les enjeux socio-économiques face à l’érosion sont les plus importants. Ces enjeux sont liés à la présence de zones habitées, au patrimoine historique et à la fréquentation touristique de la station balnéaire.
N
digues du port Gardian digue ‘à la mer’
Afin de protéger le littoral et la ville, divers ouvrages ont été mis en place: Les épis sont des ouvrages perpendiculaires au rivage construits principalement pour intercepter le transit sédimentaire littoral. Les brises lames sont des ouvrages parallèles au rivage construits notamment pour absorber l’énergie de la houle. On compte 99 épis sur le littoral. Les approches n’ont, à ce jour, apporté qu’une réponse partielle aux problèmes posés en raison du manque de connaissance et de prise en compte du fonctionnement du littoral. Cette logique a conduit à artificialiser environ la moitié du linéaire côtier camarguais par des équipements lourds. C’est ainsi que sur le secteur des Saintes Maries de la Mer, à la digue à la mer furent ajoutés des ouvrages maritimes de type épi afin de retenir du sable au pied de la digue au centre de la commune.
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coupe de la digue des arènes (symadrem) digue à la mer
pertuis de la Fourcade
digue ‘à la mer’ épi en ‘T’ des arènes 200 m
Les ouvrages de protection sont formés d’enrochement dans la majorité des cas. La question que l’on pourrait se poser est l’impact de ces ouvrages dans le paysage camarguais. Comment repenser la protection du littoral tout en tenant compte de l’environnement dans lequel il s’inscrit ?
Port gardian. Bâteaux sur cale.
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Construit en 1984. 400 anneaux. 86
POrt Gardian
Promenade du port. Le port intégré à la ville.
C’est un port de pêche et de plaisance au coeur même de la ville. Il fait actuellement sujet à débat, la municipalité voulant augmenter sa capacité. Le projet de réaménagement et d’agrandissement du port repose sur le principe suivant : un brise lame serait construit dans le prolongement de l’épi des arènes doublant ainsi la capacité d’accueil du port.
Promenade du port. Un contact étroit avec le centre ville. Centre ville Port gardian Avenue Théodore Aubanel
Coupe de principe port / centre ville.
Port gardian
Digue de promenade urbaine
4 Digue à la mer. Un dialogue figé entre la ville et la mer.
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Digue à la mer. Stationnement des arènes.
Digue à la mer. Une promenade piétonne prisée.
Épi des arènes. Une infrastructure imposante dans le paysage.
La digue à la mer en prolongement du port jusqu’au camping la brise à l’est est prisée des promeneurs et touristes. Elle longe le stationnement des arènes. La promenade apparaît comme une coulée de béton entre la ville et la mer. Quel paysage pour une telle limite ? La main de l’homme est seul maître de cette contrainte maritime. Ne serait-il pas judicieux de repenser cette espace comme un barrière intégrée dans son environnement ? Ou faire un contre pied en poussant le geste humain pour faire de cette digue une avenue urbaine, artère de la ville.
Digue à la mer - Entre terre et mer Cet espace est très intéressant car il est au contact direct de l’étang de l’impérial et de la mer. Il forme l’amorce de la promenade de la ‘digue à la mer’ qui rejoint les cabanes de beauduc. Les voitures de pêcheurs et les remorques à chevaux sont autorisées à se stationner derrière la digue en front de mer mais on voit également de nombreux touristes venir directement en voiture au pied de la digue. Est il possible d’empêcher les voitures de stationner dans cette zone ? comment faire passer les piétons, les chevaux, les vélos, les calèches à cheval sans pour autant laisser passer les voitures ?
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Digue piétonne. Un espace partagé par les piétons, vélos et chevaux.
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Stationnement des voitures et caravane en contrebas de la digue
Les berges de la roubine sont ici très riches. On retrouve de nombreuses espèces herbacées et buissonnantes, des orchidées.... Les espaces traversés par la promenade sont de qualité, le regard porte loin coté terres et côté mer.
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Les berges des roubines, un paysage à part entière.
roubines saintes maries de la mer
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Objectif : asainissement des terres du bassin des Saintes-Maries-de-la-Mer, par rejet des eaux dans le petit Rhône et dans la mer. La périmètre fait 5.8 ha. Le périmètre et le reseau de l’ASA s’insère dans un ensemble plus vaste de canaux de la ville des Saintes-Maries-de-laMer. C’est un cas particulier avec une imbrication étroite des ensembles communaux et associatifs situés sur la commnue des Saintes-Maries-de-laMer, entre le petit Rhône, les étangs inferieurs et la mer, le périmètre est divisé administrativement en trois zones d’intérêt égal. C’est la seule association à avoir une exhaure vers la mer, via les ouvrages de la commune. L’association possède en propre plusieurs canaux et une station de pompage. Les limites de l’association ont été determinées par la limite hydrologique. Le bassin est compris entre le petit Rhône, les étangs inferieurs et la mer. La construction d’une digue en terre au nord de l’étang de Ginès a permis de séparer une zone nord, cultivée et assainie en permanance, et une zone sud à dominance de marais et d’étangs. Chacune de ces deux parties est assainie par un canal principal : le nord est traversé par le canal du Pamperdu, le sud est par le canal du Levadon.
N
Fonctionnement de l’asa des Saintes-Maries-de-la-Mer
Canal de Pamperdu
Étang de Ginès Canal de la Fadaise Étang de l’impérial Canal du Levadon
Canal de Barachin
Canal des Launes
canaux d’assainissement : canaux communaux
Station d’Arnel
station de pompage
principaux collectifs
ouvrage de franchissement
secondaires privés périmètre de l’asa
vanne prélèvement pour l’irrigation
L’hydrolique de la partie supérieure est simple, il s’agit de l’assainissement des cultures, dont le fonctionnement est identique à celui d’un reseau ramifié. À partir de la route départementale D38, le canal de Pamperdu draine du nord au sud les cultures irriguées, par l’intermédiaire d’un réseau de fossés. Le Pamperdu se termine au niveau du parc Ornithologique, dans le canal de la Fadaise. Cette roubine est scindée en deux tronçons. La partie en aval constitue le prolongement du Pamperdu vers la station d’exhaure au Petit Rhône nommé la Fadaise. En revanche, la partie en amont, située à l’est de la D570, sert de prolongement au canal d’irrigation de la petite Fadaise, qui alimente l’étang de Ginès en eau du Rhône. Les deux parties de la Fadaise sont séparées par deux vannes. Le Pamperdu et la petite Fadaise en sont aussi pourvues, ce qui permet de moduler les flux selon les conditions hydrologiques. Lors de fortes pluies ou lorsque l’on veut vidanger l’étang de Ginès, il est possible de fermer les vannes du Pamperdu et de la petite Fadaise. En ouvrant les vannes situées sur le canal de la Fadaise, il est alors possible de vidanger le Ginès grace à la station du Rhône. L’eau provenant du sud est assainie par le canal des Launes, qui longe la digue à la mer, traverse la commune des SaintesMaries-de-la-Mer avant d’être pompée à la station d’arnel vers la mer. Bien qu’il ne soit pas destiné à l’assainissement des eaux usées urbaines, le cana des Launes reçoit malgrès tout un certain nombre d’eaux usées. Les parties sud et ouest de la digue sont quant à elles contituées d’étangs, de marais qui subissent une forte évaporation pendant la période estivale. Elles sont drainées par deux canaux principaux : le canal du Levadon et le canal de Barachin. Ces deux canaux terminent leur parcours dans le canal des Launes. A ce niveau, une vanne sur chaque canal permet de maintenir en eau les marais pendant la période estivale ou de les vider en hiver. Sur la route D85a, le canal de Cacharel et la roubine des commnues, permettent de vidanger l’étang des impériaux dans le canal du Levadon.
Station de pompage.
Roubine.
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Roubine du Camping ‘la Brise’
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Vues sur l’étang de l’impérial.
Roubine du camping. Un espace delaissé
Roubine du camping. Une proximité avec le camping mal gérée.
En remontant vers le nord, on suit la roubine en bordure du camping ‘la Brise’. La rupture est nette entre la digue que l’on vient de quitter et cet espace. On garde un cheminement large et une vue très dégagée vers les étangs des impériaux. Du côté du camping, les berges de la roubines sont peu valorisées, les berges forment un dépotoir pour le camping. On retrouve l’ancienne grille directement dans l’eau, personne n’ayant pris la peine de l’enlever correctement. Après le coude, la vue s’ouvre largement vers les Arnelles et la ville. Dans ce secteur, les caravanes et les tentes du camping sont largement visibles, on se retrouve nez à nez avec les campeurs sur le chemin de la vaisselle ou des douches !
ENtrée de ville est En dépassant le camping, on entre dans la ville à proprement parler. Les berges ne sont plus des talus recouverts de végétation mais des empierrements à nu. La végétation de bord de roubine est peu diversifiée contrairement à ce que l’on pouvait observer plus tôt sur le chemin. On sent que cet espace est en arrière de la ville. Le chemin est en entre deux. Il n’est pas vraiment dans la ville ni sur les terres de Camargue. La zone est délaissée malgré son grand potentiel. En effet, au contact de ces deux mondes, elle est riche et gagne à être travaillée.
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Roubine empierrée.
Entrée de ville par la D85a. Une coupure nette pas adaptée à la traversée piétonne ou équestre
Roubine des lotissements
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Végétation de bord de roubine. Diversité faible, prédominance des roseaux. 94
Chemin le long du lotissement. Une ligne droite ‘hermétique’ sans lien avec la ville ni l’étang.
Vue de l’étang. Des vues lointaines.
En passant l’entrée de la ville, on remonte en longeant les lotissements. Ce sont essentiellement des habitations proposant des locations saisonnières. Les berges en enrochement se peuplent de quelques végétaux mais on ne retrouve essentiellement que des roseaux et des tamaris. Le cheminement est bétonné et large. Vers l’est, le regard porte loin. Le chemin borde l’étang en eau où l’on peut observer de nombreux oiseaux.
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Roubine de la zone industrielle. Un espace à l’abandon.
Roubine de la zone industrielle. Une vocation non définie.
Dépotoir. Des berges jonchées de détritus en tout genre.
Vers la D570. Une transition abrupte avec la départementale.
Zone industrielle Lorsque l’on dépasse le stade, on ne sait plus trop si l’on foule un chemin public ou privé. Cette zone semble complètement abandonnée, les berges et la roubine sont jonchées d’innombrables détritus en tout genre et de toute taille ! L’espace apparait comme des coulisses de la ville. On peut néanmoins voir des départs de draille vers le mas des Arnelles et le clair de Barrachin. En se rapprochant de la départementale, on remarque que l’espace est colonisé par les voitures et sert à ses heures de stationnement sauvage. Ce site reste très intéressant par sa situation. Au nord de la ville, il forme une liaison entre l’étang des Launes à l’ouest et l’étang de l’impérial à l’est.
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Route d’Arles.
Roubine route d’Arles
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Route d’Arles. Zone dangereuse pour les piétons et les cyclistes.
Vers le chemin des petites Launes.
Vers le chemin des petites Launes. Ouvrage de franchissement.
En voulant rejoindre la roubine au niveau du rond point de la croix de Camargue d’Hermann Paul, on se retrouve à longer la départementale. L’espace n’est pas du tout adapté à la circulation piétonne ou cycliste. On se retrouve à marcher sur une petite bande enherbée. C’est un espace de transition entre les franges est et ouest de la ville. On est frappé par le bruit qui nous envahit dès que l’on rejoint la route. En effet, lorsque l’on longe les roubines on est coupé de l’effervescence touristique qui règne au coeur de la ville, on ne retient que la vaste quiétude qui émane des paysages qui s’ouvrent devant nos yeux et nos pas. Comment permettre une liaison piétonne avec le reste de ville? Comment repenser cette entrée de ville, image de Capitale de Camargue?
Chemin des petites Launes. Une roselière épaisse.
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Chemin des petites launes
Chemin des petites Launes. Une promenade prisée par les Saintois.
Chemin des petites Launes. Une marge affirmer.
Vers le mail des Launes. Blocs de béton.
Ce chemin est très utilisé par les touristes mais aussi par les Saintois profitant de cet espace comme ‘parc urbain’. Côté terre, le marais est dominé par la roselière. L’espace est privatisé par de nombreux mas. Le cheminement est large, les berges semblent entretenues. C’est une séquence riche par le milieu qu’elle traverse. Elle ne reste cependant, pour l’instant, qu’un espace de bord de ville ne suscitant que très peu d’intérêt de la part des élus. Quel fonction redonner à cet espace? Quelle dimension donner à cette frange, transition forte entre la ville et les territoires de Camargue ?
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‘Mail des Launes’
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Vues. Un espace en relation directe avec la ville. 98
Vues. Un espace en relation directe avec la ville.
Vues. Un espace en relation directe avec la ville.
Dans sa partie haute, le mail des Launes se compose d’une grande pelouse plantée de quelques Tamaris et composée de quelques tables de pique-nique. L’intention pourrait être bonne si l’espace n’était pas engoncé entre la roubine et une rangée de voitures. Là encore, la voiture occupe une place importante et le piéton est relayé au second plan. Un deuxième chemin longe la roubine sur l’autre berge. Il est cependant peu aisé de passer d’une berge à l’autre. En effet, il n’y a sur cette séquence qu’une traversée au niveau de la transition entre le chemin des petites Launes et le mail. Cette zone est relativement enfermée côté ville. Le regard est rapidement bloqué par les murs des maisons et le front bâti forme une barrière hermétique.
stationnement des launes
‘Mail de stationnement des Launes’. Un espace colonisé par la voiture où le piéton n’a que peu de place.
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Roubine. Des berges peu aménagées dévalorisant le potentiel de l’espace. Église Musée Baroncelli
Port Gardian
Vues. Un espace en relation directe avec la ville.
Transition entre le ‘Mail de stationnement des Launes’ et la promenade le long des maisons gardiannes.
Le stationnement des Launes accorde une grande place à la voiture. Le piéton ne dispose que des berges de la roubine ou la route pour traverser cet espace. Le stationnement est largement ouvert sur l’étang des Launes et constitue un site de choix pour revaloriser la frange ville / nature. De plus, par ses routes transversales, il est en contact avec le centre ville tant visuellement que physiquement. Site à forte potentialité, le stationnement est actuellement en phase de requalification. Comment penser l’avenir de cet espace ? Pour traiter cette limite, le site doit pouvoir être plurifonctionnel, en dialogue avec la ville et l’étang des Launes.
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Le stationnement des Launes est au contact direct avec le centre ville et la place de l’église. Le centre ancien est colonisé par les vitrines touristiques. Le coeur historique a été phagocyté, défiguré par cette accueil estival. Au printemps et en été, les petites ruelles piétonnes fourmillent de badauds à la recherche de quelque souvenir plastifié. La vie, le bourdonnement incessant des touristes et des voitures au loin sont en contraste avec le calme et l’immensité que l’on traverse en longeant les roubines. En hiver, les ruelles sont désertes, le vent marin s’engouffre et donne au centre des allures de ville fantôme.
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Maison de gardian. En contact étroit avec l’étang des Launes.
Maisons de Gardians Dernier espace entre le centre ville et l’entrée de ville ouest, il se compose d’un alignement de maisons de gardians. Demeure des gardians, des pêcheurs et des bergers, la cabane se reconnaît par son architecture traditionnelle. En effet, elle est le fruit de simplicité et d’ingéniosité. L’abside tourne le dos au mistral. Cette demeure aux murs bas blanchis à la chaux a un grand toit traversé d’un chevron, dont l’extrémité est parfois surmontée d’une corne de taureau ou d’une pièce de bois transversale pour former une croix. Ce chevron, placé à l’opposé de l’abside de la cabane éloigne la foudre et sert à nouer la corde qui l’amarre au sol, les jours de grands vents. berges
roubine
Maison de gardian. Une échelle réduite qui s’insère aisément dans le paysage.
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Croix de Camargue.
Berges de la roubine. Un espace privé/public étroit. promenade
Coupe de principe maisons de gardians - étang des Launes.
Étang des Launes
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Quel avenir pour les Saintes-maries-de-la-mer ?
projets de la ville
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Aménagement urbains
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1- Déplacement des services techniques. 2- Réfection des arènes et aménagement accès PMR. 3- Eclairage de la place des gitans. 4- Aménagement des entrées route de l’Amarée et de Cacharel. 5- Agrandissement de l’aire de stationnement des Launes pour le tourisme et une meilleure maitrise de l’accueil des gens du voyage. 6- Restructuration du parking de l’entrée du village, route d’Arles pour un meilleur accueil des campings-cars. 7- Réaménagement du parking du large à coté du centre de thalossathérapie. 8- Création d’un parking pour camping-car au clos du Rhône. 9- Agrandissement du Port Gardian. 10- Mise en place d’une gesion automatisée du parking des arènes et de la Brise.
Environnement, cadre de vie, patrimoine 11- Renforcement des actions contre l’agression marine, réensablement et agrandissement des plages en regard du centre ville. 12- Réhabilitation de l’église et du musée baroncelli. Fleurissement et embelissement de la ville. En parrallele, la Commune souhaite obtenir la classification de cité balnéaire et pouvoir ouvrir un casino.
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Les acteurs de la ville la façonnent et la poussent à une certaine banalisation. Les Saintes-Maries-de-la-Mer tendent à ressembler à toutes les villes de la côte qui ont laissé la pression touristique dicter au fil des ans leur forme et leur identité. Les projets mis en place à l’échelle de la commune ne restent que des réponses à des problèmes ponctuels. Elles ne s’inscrivent aucunement à un plan de réflexion global. La ville se perd à répondre au coup par coup et ne se rend pas compte des enjeux de valorisation à coté desquels elle passe. Comment se positionner dans un tel contexte ? Mon rôle apparaît comme celui d’un médiateur entre un espace naturel exploité protégé et la ville dont les enjeux doivent être réinterprétés et intégrés à ma proposition.
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Une offre de circuits de découverte peu adaptée Arles
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Circuits équestres Circuits cyclistes Circuits pédestres.
Saintes-Maries-de-la-Mer
Les différents circuits de promenade proposés au départ des Saintes-Maries-de-la-Mer ne tiennent pas compte de la richesse et des caractéristiques des milieux traversés. Le parcours de découverte pédestre principal suit le tracé des deux départementales menant à la ville. Ce circuit (dangereux) ne permet pas de s’imprégner des terres de la Camargue laguno-marine, de comprendre l’origine des paysages ni de voir les transitions fortes entre les différents milieux. Proposer des parcours pose problème dans ces territoires. En effet, une grande partie des espaces sont privés (mas, cultures, pâturages) et les espaces communaux appartenant aux Saintes subissent un gel des chasseurs s’opposant vivement au passage des promeneurs dans les marais et les sansouires. Dans un tel climat, un réseau cohérent de sentier peu être mis en place en retravaillant les drailles existantes mais non connectées à un réseau logique de promenade. De plus, il serait intéressant de penser la traversée des cycles dans ces espaces,
« On ne défend que ce que l’on montre Mr Colomb
»
les Saintes Maries de la Mer, Capitale de la Camargue
En guise de conclusion : Les Saintes, une capitale rayonnante, point de départ de la découverte des terres de Camargue.
Renforcer l’insularité de la ville.
L’accueil et les réseaux Limiter l’engorgement des axes routiers aux abords de la ville.
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Traiter les entrées de ville. Gérer l’engorgement touristique.
Préservation de la qualité et de la diversité des milieux Limite des vues sur la ville des Saintes. Limite franche ville/espaces naturels à traiter. Repenser la frange comme espace à part entière pour asseoir la ville dans son contexte et affirmer sa qualité de capitale camarguaise. Mise en place d’un dialogue entre la ville et le territoire de Camargue.
ENJEUX N
RAYONNEMENT DE LA VILLE
Gestion des espaces naturels périphériques
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TERRE traitement de la frange de la ville
lien centre ville / frange VILLE
MER
programme
N
Une limite ville / espaces naturels à qualifier - Renaturation et gestion d’une zone ‘naturelle’ en bordure du camping du clos du Rhône de 15 ha - Aménagement des berges de la ‘mer des Launes’. Renaturation de site, aménagement touristique sur une surface de 30 ha - Aménagement de 5 km de berges de roubines - Requalification de la digue en limite du camping le clos du Rhône jusqu’au centre ville : travail sur 1 km de digue - Mise en place d’une liaison entre le digue urbaine et la digue à la mer à l’est sur 700 m 110
Accès réglementé des berges. Aires de pique nique, promenade, pause...
Entrées de ville - Création de deux aires de stationnement. Stationnement en alvéoles de 4,5 ha (Ouest) et 1,5 ha (Nord) correspondant à 1000 places environ Systèmes de stationement plus ou moins extensifs.
Découverte des espaces ‘naturels’ - Mise en place de 3 boucles de promenade destinées à la découverte des particularités des milieux entourant la ville des Saintes Maries de la Mer. Départs de la frange coté terres. 4,5 km 10 km 8 km Les boucles devront se caller sur les drailles et chemins existants.
Redonner de l’ampleur à la frange entre la ville et les espaces naturels. Créer un espace plurifonctionnel en lien avec le centre ville et les terres de Camargue.
Entrée de ville Ouest
Aires de stationnement en alvéoles
Favoriser les liaisons avec le camping
Sentiers de découverte
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Entrée de ville Nord Réaménagement du sentier le long de la roubine
Aire de stationnement
‘MER DES LAUNES’ Entrée de ville Est
Aménagement des berges possibilité de circuits navigables entre les différents étangs
Laison digue à la mer et digue urbaine en front de la ville
Liaison entre la mer des Launes et le stationnement des Launes Liaison entre la mer des Launes et le centre ville
Réaménager le circuit pédestre dans le quartier des Launes Liaison avec le centre ville Réaménagement de la digue
circulation piétonne entre les boucles de promenade 0
200 m
1 km
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Une limite forte entre ville et nature
Étang des Launes
Frange ville / espaces naturels, une assise large dans coupe de principe : espace en arrière de la ville, Êtang des Launes
centre ville
roubine communale
le paysage camarguais
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Remerciements
Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont soutenus dans l’élaboration de ce travail de fin d’études. Ma reconnaissance va tout particulièrement à Catherine Farelle et Dominique Boutin qui ont su enrichir mon travail et me fournir soutien et conseils avisés. Merci à Mr Colomb qui a su partager ses connaissances et son amour de la Camargue. Enfin, merci à ma famille et mes colocataires pour leur soutien infaillible et leur écoute, merci aux amis des cinq ans sans qui ce travail n’aurait jamais abouti.
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BIBLIOGRAPHIE Livres :
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sites internet :
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