Sergei Prokofiev (1891-1953) Piano concertos vol.1 Piano Concerto no. 1 in D flat major (1911-1912) 1. Allegro brioso – Meno mosso – Tempo I 7’09 2. Andante assai 3’41 3. Allegro scherzando – Pochissimo meno mosso (Tempo I) 4’49 Piano Concerto no. 4 (for the left hand) in B major (1931) 4. Vivace 4’30 5. Andante 8’59 6. Moderato – Allegro moderato – Andante – Allegro moderato 7’46 7. Vivace 1’57 Piano Concerto no. 3 in C major (1917-1921) 8. Andante – Allegro – Andante – Allegro – Più mosso 9’00 9. Tema con variazioni : Andantino (Tema) 8’39 L’istesso tempo (Var.1) - Allegro (Var.2) Allegro moderato (Var.3) - Andante meditativo (Var.4) Allegro giusto (Var.5) - L’istesso tempo (Tema) 10. Allegro, ma non troppo – Poco più mosso – Meno mosso – Allegro 9’36 Abdel Rahman El Bacha, piano La Monnaie Symphony Orchestra Kazushi Ono, conductor
Sergei Prokofiev (1891-1953)
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Un destin mouvementé Né dans un milieu aisé, devenu fils unique à la suite de la mort prématurée de ses deux jeunes frères, Sergei Prokofiev a très tôt révélé des dons de pianiste et même de compositeur, puisqu’il écrivit ses premières pièces à cinq ans, deux opéras à onze ans et une symphonie à treize ans, âge auquel Glazounov l’admit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Le catalogue de ses œuvres – qu’il a lui-même revu en 1952 – commence par la Sonate n° 1 op. 1, composée en 1909, et s’enrichit rapidement de chefs-d’œuvre (Concerto n° 2 pour piano, le ballet Chout, l’opéra Le Joueur) à tendance moderniste et provocante, atténuée par sa Symphonie classique écrite aux lendemains de la Révolution bolchevique. Le 22 avril 1918, le Commissaire à l’éducation, Anatoli Lounatcharski, interpella Prokofiev en disant : « Vous êtes un révolutionnaire en musique, nous le sommes dans la vie, nous devons joindre nos efforts ». Constatant le peu d’enthousiasme du compositeur, il comprit qu’un visa pour l’étranger, pour l’heure, l’intéressait bien davantage. Alors que Chostakovitch n’a jamais quitté la Russie, Prokofiev a au contraire été un grand nomade, aux États-Unis d’abord (1918-1922), en Europe ensuite (1923-1936). Il résida en un nombre considérable de lieux - pas moins de vingt en France. Cependant, contrairement à Stravinsky ou à Rachmaninov, il ne sera jamais un émigré à part entière, gardant des contacts avec l’Union soviétique et évitant toute déclaration politique désapprouvant le régime. Les émigrés russes de Paris se méfièrent de cet artiste qui n’hésitait pas à retourner en Russie à partir de 1927, puis à nouveau en 1929 avec un ballet, Le Pas d’acier, perçu comme un éloge de l’industrialisation, enfin de plus en plus longuement en 1934 et 1935. La vie dépensière qu’il mena en Occident l’obligea à donner nombre de récitals et à accepter les commandes qui se présentaient à lui : ballets pour Diaghilev, opéras, concertos, symphonies. À partir de 1934, des commandes lui parvinrent également de Russie : Roméo et Juliette, Lieutenant Kijé, La Dame de Pique, des musiques de scène en collaboration avec Meyerhold et Tairov. Cela devait nécessai-
rement séduire celui qui avait déclaré un jour que le froid de l’hiver et les sonorités de la langue russe lui manquaient. Un autre froid et une autre sorte de langage l’attendaient à son retour en 1936. Il avait quitté la Russie en 1918 comme un brillant pianiste de 27 ans qui composait en fonction de son instrument. Lorsqu’il revient dix-huit ans plus tard, il est l’auteur de cinq sonates, de cinq concertos mais aussi de trois opéras, quatre symphonies et cinq ballets. Se déclarant apolitique, Prokofiev se disait ravi de « trouver en Russie un gouvernement qui le laisserait composer en paix, publierait tout ce que qu’il écrirait avant que l’encre ne soit sèche et ferait exécuter chaque note sortie de sa plume ». C’est exactement le contraire qui l’attendait. Le régime avait réussi à faire rentrer l’un de ses plus célèbres émigrés, ce qui trois ans après la reconnaissance par les démocraties occidentales, consolidait le prestige de l’Union soviétique. Ce but atteint, l’Union des compositeurs qui depuis 1932 régissait toutes les activités musicales, devait faire de Prokofiev un bon travailleur artistique au service de l’esthétique du réalisme socialiste définie en 1934 par Maxime Gorki et Andrei Jdanov. La plupart des œuvres écrites avant son retour appartenaient désormais à une funeste « période étrangère », sans parler des pages écrites à l’époque des tsars, forcément condamnables. Le pianiste Prokofiev n’avait plus rien à jouer à la seule exception de son Concerto n° 3 et de quelques petites pièces. Quant aux œuvres nouvelles, même écrites avec zèle (Cantate pour le XXème anniversaire de la Révolution, Salut à Staline), elles ne rencontraient pas moins d’opposition. On retira son passeport en 1938 ; puis ce fut la guerre : des cinq partitions écrites durant ces années, seule la Symphonie n° 5 entra au répertoire de son vivant. En janvier 1945, Prokofiev fut victime d’une thrombose dont il ne se remettra jamais entièrement. Condamné en 1948 pour formalisme - tout comme Chostakovitch, Khatchatourian et même son grand ami, le sage Nicolas Miaskovsky, - il fit l’objet d’attaques particulièrement virulentes orchestrées par Khrennikov, le secrétaire général de l’Union des compositeurs. Désormais brisé, malade, souffrant d’un isolement organisé et d’un manque chronique de revenus financiers, il se verra même refuser l’exécution intégrale de Guerre et Paix, à laquelle il avait travaillé dix ans. Ses derniers mois ne lui épargneront aucune humiliation – aux interventions des jeunes musiciens comme Mstislav Rostropovitch répondaient de chiches aumônes du pouvoir. Prokofiev disparut le même jour que Staline : la revue Sovetskaïa Muzyka publia un numéro spécial sur la perte « du plus grand ami des musiciens de tous les temps ». La mort de Prokofiev n’y était évoquée qu’en 117ème page.
Le silence imposé par le régime soviétique sur de nombreuses œuvres de Prokofiev, n’épargna pas les concertos. Seul le Concerto n° 3 resta au répertoire, les autres furent quasi ignorés, en particulier le plus grand, le Concerto n° 2, qui fut véritablement boycotté et le resta longuement après la mort de Prokofiev, en particulier dans les concours internationaux de piano où les candidats et lauréats russes ne manquaient pourtant pas. C’est ainsi qu’au Concours International Reine Elisabeth de Belgique, Prokofiev fut joué 22 fois mais vingt fois par des pianistes de tous horizons sauf russes. Le Concerto n° 2, joué sept fois, permit de gagner trois premiers prix – l’Américain Malcolm Frager en 1960, le Libanais-Français Abdel Rahman El Bacha en 1978, et l’Allemand Severin von Eckardstein en 2003.
Les cinq concertos pour piano Hormis Beethoven et Saint-Saëns, seuls quelques compositeurs de moindre importance ont écrit, au XIXème siècle, cinq concertos pour piano. Au XXème siècle, les collègues et concurrents célèbres de Prokofiev, Rachmaninov et Medtner, n’en écriront pas plus de quatre qui, restant fidèles au XIXème siècle, se situent en deçà d’une modernité que les deux compositeurs détestaient et combattaient activement. Au contraire, Prokofiev allie une conception entièrement originale du jeu pianistique à une approche moderne du rôle de l’orchestre, n’hésitant pas à friser parfois les limites de ce que pouvaient supporter des oreilles qui venaient de découvrir Le Sacre du printemps. Après une audition du Premier Concerto en 1918, la presse newyorkaise salua Prokofiev comme « le Chopin cosaque des générations futures », tandis qu’à Chicago on vit en lui « un représentant musical de la Russie révolutionnaire faisant flotter le drapeau rouge de l’anarchie au-dessus d’une surprenante cacophonie ». Qu’en est-il aujourd’hui de ce corpus composé entre 1911 et 1932 ? Seul le Troisième Concerto (1921) a fait partie du répertoire sans interruption. On n’a reconnu l’importance du Deuxième (1913) qu’à partir des années 1960, quand il est devenu une vedette des concours de piano ; le Premier (1912) n’a été joué que très exceptionnellement, et l’on a dû attendre les premiers enregistrements intégraux, vers 1973-1974, pour que les Quatrième (1931) et Cinquième (1932) sortent de l’oubli.
Concerto n° 1 en ré bémol majeur, op. 10 (1911-1912) Composé à la fin des années passées au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, ce concerto renferme déjà toutes les caractéristiques du style concertant volontiers rhapsodique du compositeur : s’y succèdent une première mélodie insistante jouée à découvert par le piano, des vagues ascendantes de traits de virtuosité qui aboutissent à un second thème rythmique en notes pointées. Un épisode Meno mosso plus grave, presque funèbre, fait office de transition vers le retour du thème principal. Il n’y a pas d’autre développement. Sans interruption, les cordes avec sourdines entament ensuite un mouvement lent aux larges traits lyriques. Le concerto s’achève par un mouvement animé basé non seulement sur le second thème, en notes pointées, mais aussi, après une cadence du piano, sur la mélodie qui avait ouvert ce mini-concerto peu orthodoxe, qui ne dépasse pas un quart d’heure de musique. Créée en 1912, cette partition musclée, alliant mélodie tonale bien affirmée et ossature rythmique vigoureuse, contrastait fortement avec la déliquescence chromatique scriabinienne de l’époque. Ceci amena un critique à reprocher à Prokofiev son manque de modernité (chromatique, s’entend) tandis qu’un journaliste de Moscou estimait que le compositeur était mûr pour la camisole de force, tant ses excès d’énergie dépassaient les normes de la bienséance. Deux ans plus tard, Prokofiev décida de se présenter au concours qu’Anton Rubinstein avait fondé en 1890 – le premier des grands concours de piano –, mais il en interpréta le règlement à sa façon. Au lieu du concerto de répertoire, il voulut jouer son propre Concerto n° 1. À force d’insistance, il parvint à convaincre un jury très réticent. La partition fut imprimée à la hâte en vingt exemplaires pour ses membres. Malgré leur hostilité (particulièrement celle de Glazounov), Prokofiev fut tellement brillant qu’il obtint le premier prix.
Concerto n° 3 en ut majeur, op. 26 (1917-1921) Esquissé dès 1917, ce concerto ne sera terminé que quatre ans plus tard, en raison des événements qui bousculèrent la vie de Prokofiev : la Révolution d’abord, le long voyage par Vladivostock et le Japon jusqu’en Amérique, les premières années aux États-Unis avec la composition de L’Amour des trois oranges. Il a été créé à Chicago le 16 décembre 1921, deux semaines avant la première de l’opéra. À trente ans, Prokofiev était célèbre ; tout lui réussissait. Le Daily Herald salua sa nouvelle partition comme « le plus beau concerto moderne pour piano », ce qui était vrai puisque le Concerto n° 2 n’était pas
encore réécrit et que Bartók n’avait pas encore entamé les siens. Son succès devra certainement beaucoup au charme de son matériel mélodique assez typiquement russe et au retour du compositeur à la forme du concerto classique : Allegro initial à deux thèmes ; Andantino avec cinq variations d’une écriture très inventive d’où l’influence du jazz n’est pas absente ; Finale associant un motif dansant à une grande mélodie typique de son auteur ; enfin, brillant galop final. La volubilité des traits rythmiques et l’agressivité du discours effrayèrent bien quelques contemporains, mais cela ne dura pas longtemps. Les plus grands virtuoses du piano s’en emparèrent, et le Troisième Concerto sera indiscutablement l’un des concertos « modernes » les plus joués du XXème siècle, contrairement aux autres. Invité en 1927 par Anatole Lounatcharski, le Commissaire à l’éducation, à donner une douzaine de concerts en Union soviétique, Prokofiev joua cette œuvre avec l’orchestre sans chef Persimfans qui faisait sensation à ce moment-là. Le concerto fut ensuite enregistré en disque 78 tours à Londres en 1932, sous la direction de Piero Coppola. En Union soviétique, on ne le grava que deux ans après la mort du compositeur, avec Emil Gilels et Kirill Kondrachine.
Concerto n° 4 en si bémol majeur, pour la main gauche, op. 53 (1931) Frère de Ludwig, le philosophe, et fils d’un industriel fortuné, le pianiste autrichien Paul Wittgenstein (1887-1961) avait perdu le bras droit au début de la guerre de 1914-1918. Il se spécialisa dans la littérature pour la main gauche, commandant des œuvres à Maurice Ravel, Richard Strauss, Benjamin Britten, Wolfgang Korngold, Paul Hindemith, Franz Schmidt et Sergei Prokofiev. Celui-ci n’hésita pas à accepter la commande bien payée, mais quand il envoya sa partition, il reçut en réponse une lettre d’une seule phrase : « Je vous remercie pour votre concerto mais je n’y comprends pas une note et ne le jouerai pas. » C’est seulement en 1956 que Siegfried Rapp, un pianiste ayant perdu la main droite lors de la Seconde Guerre mondiale, le joua à Berlin. Bien qu’assez bref, ce concerto teinté de néoclassicisme comporte quatre mouvements dont le dernier, pirouette peut-être maladroite, n’est qu’un rappel fugitif du galop initial. Après un premier Vivace mécanique et entraînant, l’Andante séduit par son climat nocturne et ses lignes mélodiques étirées.
Le Moderato reprend quant à lui un certain nombre de formules, dans une atmosphère objective qui n’est pas sans rappeler le Stravinsky et le Hindemith de l’époque, mais avec une pointe d’humour typique de l’auteur. Le refus du dédicataire, l’absence d’un finale couronnant la partition, la difficulté d’exécution, le désintérêt de Prokofiev pour une partition qu’il ne joua jamais lui-même, tout cela a contribué à l’oubli d’une œuvre pourtant subtile et raffinée.
Abdel Rahman El Bacha Né à Beyrouth en 1958 dans une famille de musiciens, Abdel Rahman El Bacha commence ses études de piano en 1967. À dix ans, il donne son premier concert avec orchestre. En 1974, la France, l’ex-URSS et l’Angleterre lui offrent une bourse d’études. Il entre ainsi au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où il obtient quatre 1ers Prix : piano, musique de chambre, harmonie et contrepoint. En 1978, le jeune pianiste remporte le prestigieux Concours Reine Elisabeth de Belgique à l’unanimité, ainsi que le Prix du Public. Il a 19 ans et demi. Du Mozarteum de Salzbourg au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, du Concertgebouw d’Amsterdam à la Herkulessaal de Munich, il se produit en Europe, en URSS, au Japon, en Amérique du Nord, Centrale et du Sud, et au Moyen-Orient. Son vaste répertoire, riche d’une soixantaine de concertos, inclut principalement des œuvres de Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Schumann, Rachmaninov, Ravel et Prokofiev. Il travaille sous la direction de très grands chefs et côtoie de prestigieux orchestres tels l’Orchestre Philharmonique de Berlin, le Royal Philharmonic Orchestra, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France, le NHK Tokyo, l’Orchestre de la Suisse Romande… Des mains de Mme Sergei Prokofiev, il reçoit, en 1983, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros, pour son enregistrement des premières œuvres pour piano de Prokofiev. Il a également gravé trois concertos de Bach, les deux concertos de Ravel, et des œuvres de Schumann, Ravel et Schubert. L’Intégrale des trente-deux sonates de Beethoven, saluée par la presse, lui vaut un immense succès, tant au disque qu’en concert. Le deuxième enregistrement de cette intégrale, de même que son récital Ravel, ont été couronnés par le Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque Français. En 2000, il reçoit par ailleurs le Prix Gerald Moore du meilleur accompagnateur, décerné par
l’Académie du Disque Lyrique, pour l’enregistrement des Mélodies de Chopin chantées par Ewa Podlès. De Chopin, il a récemment gravé toute l’œuvre pour piano seul, y compris l’œuvre pour piano et orchestre avec l’Orchestre de Bretagne dirigé par Stefan Sanderling. En mars 2002, il remporte un succès triomphal à Nantes avec cette intégrale donnée de mémoire, en ordre chronologique, en six jours consécutifs. Il a réitéré l’expérience dans le cadre du Festival de la Roque-d’Anthéron en juillet 2003 et à l’opéra d’Avignon en septembre-octobre 2004. Abdel Rahman El Bacha est également compositeur. Le 22 mars 2002, l’Orchestre régional de CannesProvence-Alpes-Côte d’Azur a créé ses Deux préludes mystiques. En 1998, le Ministre français de la Culture lui a décerné le titre de Chevalier des Arts et des Lettres et, en 2002, le Président de la République libanaise lui a remis la Médaille de l’Ordre du Mérite, plus haute décoration de son pays natal.
L’Orchestre Symphonique de la Monnaie Parallèlement à ses activités d’orchestre d’opéra, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie propose chaque saison une programmation symphonique. L’orchestre, transformé profondément par Gérard Mortier en 1981, a montré à maintes reprises sa polyvalence tant sur scène que dans la fosse. Sous la direction musicale de Sir John Pritchard d’abord, puis de Sylvain Cambreling, l’orchestre s’est spécialisé dans un répertoire qui a fait la renommée de la Monnaie : œuvres de Mozart, Verdi, Janácek, Wagner et de compositeurs contemporains tels que Hans Zender et Philippe Boesmans. Dans le domaine symphonique, Mozart, Haydn, Bruckner, Mahler, Bartók, Debussy et Stravinsky, ont bénéficié d’une attention particulière, de même que le répertoire contemporain. L’Orchestre Symphonique de la Monnaie accueille régulièrement des chefs de réputation internationale, notamment Christoph von Dohnányi, Charles Dutoit, Paul Daniel, Marcello Viotti, Peter Eötvös, Gianluigi Gelmetti, Michael Gielen, Ivan Fischer, Philippe Herreweghe, Günther Herbig, Eiji Oué, Rudolf Barshaï, Libor Pesek, Dietfried Bernet, Mark Stringer, Lionel Friend, Lothar Zagrosek, Marek Janowski, Olaf Henzold, Kwamé Ryan, Bertrand de Billy, Claus Peter Flor, Vladimir Jurowski, Philippe Jordan, Markus Stenz, Ivor Bolton, Daniele Callegari… L’orchestre se produit régulièrement en tournées : à Amsterdam (Concertgebouw), à Francfort (Jahrhunderthalle), à Paris, à Vienne, à Madrid (Teatro Real), à Barcelone (Liceu)... et au sein des grands festivals européens (Wiener Festwochen, Festival d’Édimbourg, Festival Estival de Paris...). En 1992, c’est au jeune chef américain Antonio Pappano que le nouveau directeur de la Monnaie Bernard Foccroulle confiait la direction musicale de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie. Depuis, Antonio Pappano l’a dirigé dans Salome, Un Ballo in maschera, Carmen, Tristan und Isolde, Il Trittico, Carmen, Peter Grimes, Die Meistersinger von Nürnberg, La Traviata, Erwartung/Verklärte Nacht, Pelléas et Mélisande, Don Carlos, Ariadne auf Naxos, Otello, Parsifal, The Turn of the Screw, Le Nozze di Figaro, Lady Macbeth de Mzensk, Der Rosenkavalier, Aïda, La Damnation de Faust et la création mondiale de Wintermärchen notamment. Parallèlement aux productions d’opéra, Antonio Pappano a également dirigé des oratorios (Requiem de Verdi, Elias de Mendelssohn...) et le répertoire symphonique.
C’est avec la production d’Elektra de Strauss que Kazushi Ono a pris la direction musicale de la Monnaie en septembre 2002 (suivi de la création mondiale de Ballata de Luca Francesconi, I due Foscari, Khovanchtchina, Don Giovanni…). L’Orchestre Symphonique de la Monnaie a enregistré plusieurs disques sous la direction de Sylvain Cambreling, dont Lucio Silla et La Finta Giardiniera de Mozart, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Simon Boccanegra de Verdi et Reigen de Boesmans. Plus récemment, il a enregistré l’oratorio Elias (Mendelssohn), The Turn of the Screw (Britten) et Manon (Massenet) sous la direction d’Antonio Pappano. C’est sous la direction de Kazushi Ono que la Deuxième Symphonie de Mahler complète ce répertoire discographique.
Kazushi Ono C’est avec Elektra de Richard Strauss que Kazushi Ono a inauguré en 2002 sa première saison comme directeur musical de l’Opéra Royal de la Monnaie à Bruxelles, pour laquelle il a déjà dirigé Luci mie traditrici de Salvatore Sciarrino (également en tournée au Lincoln Center de New York), la création mondiale de l’opéra Ballata de Luca Francesconi, I due Foscari, Khovanchtchina, Wintermärchen de Philippe Boesmans (au Liceu de Barcelone), Don Giovanni, Peter Grimes, et récemment Tannhäuser. En septembre 2004, il dirige la création de Hanjo, opéra de Toshio Hosokawa, à la tête de l’Orchestre de chambre de la Monnaie. En concert, il s’est également taillé un franc succès au pupitre de l’orchestre dans les Symphonies n° 2 et 7 de Mahler, et dans le Requiem de Berlioz. Un enregistrement de la Symphonie n° 2 de Mahler a paru récemment. Kazushi Ono est aussi sollicité par nombre d’autres orchestres. En mars 1999, ses débuts à la direction de l’Orchestre Symphonique de Boston, dans des pages de Bartók et Prokofiev, lui ont valu de ferventes ovations. Il a dirigé les Orchestres de la NDR de Hambourg et de l’Opéra-Comique de Berlin, les Orchestres Symphoniques des radios de Francfort et Stuttgart, le Scottish Chamber Orchestra, les Orchestres nationaux de Lyon et Bordeaux. Le public a salué dans l’enthousiasme ses débuts à la tête des Orchestres des Radios nationales du Danemark et de Finlande, de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, des Orchestres Symphoniques de Seattle et de Göteborg, des Orchestres Philharmoniques de la BBC et de Stockholm. En novembre 2001, il a assuré au pied levé la reprise de Salomé à la Staatsoper de Berlin, et, en janvier 2002, il remplaçait Wolfgang Sawallisch à la tête de l’Orchestre Philharmonique d’Israël (dans des pages de Stravinsky, Franck…). En 2002 également, il faisait ses débuts au Barbican de Londres avec l’Orchestre Symphonique de la BBC. D’autres engagements incluent des concerts avec les Orchestres de la Deutsche Oper de Berlin, du Gewandhaus de Leipzig, de la WDR de Cologne, de la SWR de Fribourg, de l’Opéra de Bologne, de la RAI de Turin, le BBC National Orchestra of Wales, le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, l’Orchestre national de Bordeaux, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre Symphonique de la NHK (Japon) et l’Orchestre Symphonique de la Radio viennoise au Musikverein. Sur la scène lyrique, Kazushi Ono a dirigé la plupart des opéras de Wagner, notamment le cycle complet du Ring au Badisches Staatstheater de Karlsruhe, où il a été directeur musical de 1996
à 2002. En plus des répertoires classiques et romantiques, il s’attache à faire revivre des œuvres moins connues, notamment des pièces de jeunesse de Verdi, Schreker et Henze. En 2005, il dirige Die Bassariden de Henze au Théâtre du Châtelet. Ses lectures d’œuvres de Messiaen, Ligeti, Rihm, Kagel, Sciarrino, Gubaidulina, Schnittke, Takemitsu, Hosokawa et Adams lui ont valu une solide réputation dans l’interprétation du répertoire contemporain. Il signe notamment la création française de Styx de Kancheli, la première suédoise de la Symphonie n° 6 de Per Nørgärd avec l’Orchestre Symphonique de Göteborg, et une représentation de Star Child de George Crumb à Londres. Avec l’Orchestre Philharmonique de Tokyo – où il a été chef principal de 1992 à 1999 – il développe le projet Opera in Concert Form Series, qui aboutit notamment aux créations japonaises d’œuvres de Zemlinsky, Hindemith, Prokofiev, R. Strauss, Schreker et Henze. Il commande à Mark Anthony Turnage Silent Cities, à Wolfgang Rihm Spiegel und Fluß et dirige la création japonaise du Requiem der Versöhnung (écrit par treize compositeurs dont Rihm, 1995). Il a récemment dirigé l’Ensemble Intercontemporain. Kazushi Ono a fait ses études musicales dans la section Musique et Beaux-Arts de l’Université nationale de Tokyo, sa ville natale. Il bénéficie ensuite des conseils de Leonard Bernstein au Festival de Tanglewood en 1983, puis, grâce à une bourse du Ministère japonais de la Culture, il étudie auprès de Wolfgang Sawallisch et Giuseppe Patané à la Staatsoper de Munich. En 1987, il a remporté le Premier Prix du Concours International Toscanini pour la direction d’orchestre ; juste après ce concours, en 1988, il était nommé directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Zagreb, qu’il a dirigé jusqu’en 1996.
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Sergei Prokofiev (1891-1953) Restless destiny
Born into a family that was well-off, though becoming an only son after the premature death of his two younger brothers, Sergei Prokofiev revealed his gifts as a pianist and even as a composer at a very early age, writing his first pieces at five, two operas at eleven and a symphony at thirteen, at which age Glazunov admitted him to the Saint Petersburg Conservatory. The catalogue of his works – revised by himself in 1952 – started with the Sonata n° 1 op. 1, composed in 1909, and it rapidly filled with masterpieces (Piano Concerto no. 2, the ballet Chout, the opera The Gambler) of a modernist and provocative tendency, that was, however, attenuated by a Classical Symphony written just after the Bolshevik revolution. On 22 April 1918 the commissar for education, Anatoly Lunacharsky, appealed to Prokofiev, saying: “You are a revolutionary in music as we are in life, we must combine our efforts”. Noting the composer’s lack of enthusiasm, he grasped that, for the moment, a visa for travelling abroad was of much greater interest. Whereas Shostakovich never left the Soviet Union, Prokofiev was an inveterate nomad, in the USA first of all (1918-1922), then in Europe (1923-1936). He lived in a vast array of different places – no less than twenty in France. However, unlike Stravinsky or Rachmaninov, he never became a fully-fledged emigre, as he kept in touch with the Soviet Union and avoided any political statement critical of the regime. The Russian emigres in Paris were mistrustful of an artist who had no qualms about returning to live in Russia, first in 1927 then again in 1929 (with a ballet, Le Pas d’Acier, that was seen as a paean to industrialisation), and finally for a longer stay in 1934 and 1935. The expensive lifestyle he led in the West forced him to give many recitals and to accept all the commissions he was offered: ballets for Diaghilev, operas, concertos, symphonies. From 1934 he also received commissions from Russia: Romeo and Juliette, Lieutenant Kizhe, The Queen of Spades, incidental music in collaboration with Meyerhold and Tairov. It must inevitably have delighted someone who
had once declared that he missed the cold winters and the sound of the Russian language. Another sort of cold and a different kind of language awaited him on his return in 1936. He had left Russia in 1918 as a brilliant pianist of 27 who composed for his instrument. When he returned eighteen years later he was the composer of five sonatas, five concertos but also three operas, four symphonies and five ballets. Professing himself to be apolitical, Prokofiev said he was delighted to “find in Russia a government that would let him compose in peace, publish everything he wrote before the ink dried and would perform every note that came from his pen”. What happened was precisely the contrary. The regime had managed to bring back one of its most celebrated emigres, and this, three years after recognition by the Western democracies, consolidated the prestige of the Soviet Union. With this aim achieved, the Union of Composers, which since 1932 controlled all musical activities, made Prokofiev a good artistic worker in the service of the æsthetic of socialist realism as defined in 1934 by Maxim Gorky and Andrei Zhdanov. Most works written before his return now belonged to a lamentable “foreign period”, not to mention the pieces composed in Tsarist times, quite obviously to be condemned. The pianist Prokofiev had in consequence nothing left to play, except for his Third Concerto and a few short pieces. As for his new works, however zealously composed (Cantata for the 20th Anniversary of the Revolution, Hail to Stalin), they met with no less opposition. His passport was withdrawn in 1938; then war came: of the five scores written during these years, only the Fifth Symphony entered the repertory during his lifetime. In January 1945 Prokofiev fell victim to a thrombosis from which he never completely recovered. Condemned in 1948 for formalism – just like Shostakovich, Khachaturian and even his great friend, the wise Nikolai Miaskovsky – he was the object of particularly virulent attacks orchestrated by Khrennikov, the General Secretary of the Union of Composers. By now a broken man, ill, suffering from deliberate isolation and a chronic lack of financial income, he was even refused a complete performance of War and Peace, on which he had been working for ten years. In his final months he was spared no humiliation – the interventions of young musicians such as Mstislav Rostropovich were answered with niggardly handouts from the authorities. Prokofiev died on the same day as Stalin: the revue Sovetskaia Muzyka published a special number on the loss of “the greatest friend to musicians of all time”. The death of Prokofiev was only mentioned on page 117.
The silence inflicted by the Soviet regime on many of Prokofiev’s works did not spare the concertos. Only the third remained in the repertory, the others being all but ignored, in particular the greatest, the Second Concerto, which was the object of a veritable boycott, and remained so long after the death of Prokofiev, especially in the international piano competitions, even though Russian candidates and laureates were by no means lacking. Thus it was that at the International Queen Elisabeth of Belgium Competition, Prokofiev was performed 22 times, twenty of those performances being by pianists of all horizons except Russian. The Second Concerto, played seven times, enabled three first prizes to be won – the American Malcolm Frager in 1960, the Lebanese-French Abdel Rahman El Bacha in 1978, and the German Severin von Eckardstein in 2003.
The five Piano Concertos Apart from Beethoven and Saint-Saëns, only a few composers of lesser importance wrote, in the nineteenth century, five concertos for the piano. In the twentieth century, Prokofiev’s colleagues and rivals Rachmaninov and Medtner wrote no more than four, and, remaining faithful to the previous century, they placed themselves beyond a modernity that both composers hated and actively fought against. Prokofiev, on the contrary, combined an entirely original conception of piano playing with a modern approach to the orchestra, not hesitating at times to go almost to the limit of what could be supported by audiences that had just discovered The Rite of Spring. After a performance of the First Concerto in 1918, the New York press hailed Prokofiev as “the Cossack Chopin of future generations”, while in Chicago he was seen as “a musical representative of revolutionary Russia who flew the red flag of anarchy over a surprising cacophony”. What are we to make today of this body of works composed between 1911 and 1932? Only the Third Concerto (1921) has without interruption formed part of the repertory. The importance of the Second (1913) was not recognised until the 1960s, when it became a star at piano competitions; the First (1912) has been very rarely played, and it was only with the first complete recordings, in 1973-1974, that the Fourth (1931) and the Fifth (1932) emerged from neglect.
Concerto no. 1 in D flat major, op. 10 (1911-1912) Composed during his latter years at the Saint Petersburg Conservatory, this concerto already contains all the characteristics of the composer’s deliberately rhapsodic concertante style: an initial, insistent melody clearly exposed by the piano is followed by rising waves of virtuoso figures that lead to a second, rhythmic theme in dotted values. A more solemn, almost funereal Meno mosso episode acts as a transition to the return of the main theme. There is no other development. Without a break, the muted strings next start a slow movement with broad, lyrical figures. The concerto ends with a lively movement based not only on the second theme, in dotted values, but also, after a piano cadenza, on the melody that had launched this somewhat unorthodox mini-concerto lasting not even fifteen minutes. First performed in 1912, this taut score, blending assertive tonal melodies with a vigorous rhythmic skeleton, formed a strong contrast with the deliquescent chromaticisms à la Scriabin that were prevalent at the time. This led one critic to reproach Prokofiev for his lack of modernity (chromatic, that is) while a Moscow journalist thought the composer was ready for a strait-jacket, so much did his excessive energy go beyond the bounds of decency! Two years later Prokofiev decided to present himself at the competition that Anton Rubinstein had founded in 1890, the first of the great piano competitions, though he interpreted its rules in his own way. Instead of a repertory concerto, he wanted to perform his own Concerto no. 1. Through sheer insistence, he managed to convince a highly reticent jury. The score was rushed through the printer’s to produce twenty copies for its members. In spite of their hostility (in particular that of Glazunov), Prokofiev was so brilliant that he won the first prize.
Concerto no. 3 in C major, op. 26 (1917-1921) Begun in 1917, this concerto was only to be completed four years later because of events that turned Prokofiev’s life upside down: the Revolution first and foremost, but also the long journey via Vladivostok and Japan all the way to America, the first years in the USA with the composition of The Love of Three Oranges. The concerto was first performed in Chicago on 16 December 1921, two weeks before the premiere of the opera. At the age of thirty Prokofiev was famous; he was successful in everything. The Daily Herald hailed his new score as “the finest modern piano concerto”, which was indeed true, as the Second Concerto had not yet been rewritten and Bartók had not yet started to compose his con-
certos. His success certainly owed much to the typically Russian melodic material and by the composer’s return to the classic concerto form: an opening two-theme Allegro; an Andantino with five variations, the highly imaginative treatment of which does not resist the influence of jazz; a finale that brings together a dancing figure with a broad melody typical of its composer; to end: a brilliant final galop. The volubility of the rhythmic figures and the music’s aggressiveness definitely frightened some of his contemporaries, but this was not to last long. The greatest piano virtuosos took it on board, and the Third Concerto unquestionably became one of the most performed ‘modern’ concertos of the twentieth century, unlike the others. Invited in 1927 by Anatoly Lunacharsky, the commissar for education, to give a dozen concerts in the Soviet Union, Prokofiev played this work with Persimfans, a conductorless orchestra that was then all the rage. The concerto was subsequently recorded on 78 records in London in 1932 with Piero Coppola as conductor. In the Soviet Union, it was recorded only two years after the composer’s death, with Emil Gilels and Kirill Kondrashin.
Concerto no. 4 (for the left hand) in B major, op. 53 (1931) The brother of Ludwig, the philosopher, and the son of a wealthy industrialist, the Austrian pianist Paul Wittgenstein (1887-1961) had lost his right arm in the early days of the First World War. He became a specialist in the repertory for the left hand, commissioning works from Maurice Ravel, Richard Strauss, Benjamin Britten, Wolfgang Korngold, Paul Hindemith, Franz Schmidt and Sergei Prokofiev. The last-named did not hesitate a second in accepting the well-paid commission, but on sending his score, he received in reply a letter consisting of a single sentence: “Thank you for your concerto, but I am afraid I do not understand a note of it and will not play it”. It was only in 1956 that it was premiered, in Berlin, by Siegfried Rapp, a pianist who had lost his right hand during the Second World War. Although fairly short, this concerto, tinged with neoclassicism, comprises four movements, the last of which – a whimsical yet also perhaps a clumsy idea – is a fleeting recall of the opening galop. After a preliminary Vivace, mechanistic and thrusting, the Andante charms with its nocturnal atmosphere and its elongated melodic lines. The Moderato adopts a certain number of formulae in a detached
atmosphere that puts one in mind of the Stravinsky and Hindemith of that time, though with a touch of humour that is characteristic of the composer. The rejection of the dedicatee, the absence of a crowning finale, the technical difficulty, Prokofiev’s own disinterest in a score that he never himself performed, all this contributed to the neglect of a score that is nonetheless subtle and refined.
Abdel Rahman El Bacha In June 1978, Abdel Rahman El Bacha won the Concours Reine Elisabeth de Belgique by a unanimous judgment. He was also awarded the Audience Prize. He was only 19. Born in Beyrouth in 1958 in a family of musicians and nephew of a famous painter, he started his piano schooling in 1967 with Zvart Sarkissian, a pupil of Marguerite Long and Jacques Février. At the age of 10 he gave his first concert with orchestra. In 1973 Claudio Arrau predicted a great career for him and in 1974 he was offered a scholarship by France, the former USSR and Great Britain. He took up the French offer out of cultural affinity and entered the Paris Conservatoire in the class of Pierre Sancan. He graduated with four First Prizes (piano, chamber music, harmony and counterpoint). After the Concours Reine Elisabeth which launched him on the international scene, he chose to bide his time in order to enlarge and further study his repertory. From that moment on, the musical press started comparing him to the greatest pianists, stressing the exceptional qualities of his playing and his emotional power. From the Salzburg Mozarteum to the Paris Théâtre des Champs-Élysées, from the Berlin Philharmonie to the Amsterdam Concertgebouw, he performs today all over Europe, in Russia, Japan, the Middle East, the USA, Central and South America. His vast repertory, including almost 60 concertos, is based mainly on the works of Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Schumann, Rachmaninov, Ravel and Prokofiev. He has performed under eminent conductors with prestigious orchestras such as the Berliner Philharmoniker, the Royal Philharmonic, The Orchestre de Paris, the NHK Tokyo, the Orchestre de la Suisse Romande... In 1983, his first recording for the label Forlane, Early Works by Prokofiev, was awarded the “Grand Prix de l’Académie Charles Cros”. He received it from the hands of Mrs. Prokofiev herself. For the same label he has recorded three concertos by Bach, Ravel’s two concertos and works by Schumann, Rav-
el and Schubert. His recording of Beethoven’s complete piano sonatas, just as his concert performances of these works, were heralded by the press as a “major event”. The second CD of these Beethoven recordings, as well as his Ravel recital, were awarded the “Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque Français.” For Chopin’s Melodies with Ewa Podlès, he also received the “Gerald Moore Prize” – best accompanist – from the Académie du Disque Lyrique. He has also recorded Chopin’s complete solo piano works (12 CD) in chronological order. In March 2002, he obtained a triumph in Nantes, with the complete piano solo works of Chopin given (by heart) in 16 recitals over a period of six days in a row. He renewed this experience at La Roque-d’Anthéron Festival in 15 recitals given in July 2003 and this year at the Sintra Festival (Portugal) and in Avignon. Recently released are the two CD’s of Chopin’s complete works for piano and orchestra, recorded with the Orchestre de Bretagne conducted by Stefan Sanderling. Abdel Rahman El Bacha was granted the double French-Lebanese citizenship in 1981. He is also a composer. On March 2002, the Orchestre Régional de Cannes-Provence-Côte d’Azur created his Deux Préludes mystiques. He was made “Chevalier des Arts et des Lettres” by the French Minister of Culture in 1998 and he has been awarded the “Médaille de l’Ordre du Mérite”, the highest distinction of his native country, by the President of the Republic of Lebanon.
La Monnaie Symphony Orchestra In addition to its work as an opera orchestra, the Symphony Orchestra at La Monnaie presents a series of symphonic concerts every season. In 1981, Gérard Mortier thoroughly reorganised the orchestra and since then it has had the opportunity to prove its versatility, both on stage and in the orchestra pit. Under the baton of Sir John Pritchard and later Sylvain Cambreling, the orchestra specialised in a repertoire that has provided La Monnaie with its considerable reputation: works by Mozart, Verdi, Janácek, Wagner and such composers as Hans Zender and Philippe Boesmans. When it comes to symphonic works, it is mainly the music of Mozart, Haydn, Bruckner, Mahler, Bartók, Debussy and Stravinsky that have enjoyed exceptional success, as well as contemporary music. Numerous celebrated guest conductors have led the Symphony Orchestra at La Monnaie, including Christoph von Dohnányi, Charles Dutoit, Paul Daniel, Peter Eötvös, Marcello Viotti, Gianluigi Gelmetti, Michael Gielen, Ivan Fischer, Philippe Herreweghe, Günther Herbig, Eiji Oué, Rudolf Barshaï, Libor Pesek, Dietfried Bernet, Mark Stringer, Lionel Friend, Lothar Zagrosek, Marek Janowski, Vladimir Jurowski, Olaf Henzold, Kwamé Ryan, Bertrand de Billy, Claus Peter Flor, Vladimir Jurowski, Philippe Jordan, Markus Stenz, Ivor Bolton and Daniele Callegari. The orchestra tours regularly: to Amsterdam (Concertgebouw), Francfort (Jahrhunderthalle), Paris, Vienna, Madrid (Teatro Real), Barcelona (Liceu) and the major European festivals (Wiener Festwochen, Edinburgh Festival, the Festival Estival de Paris and others). In 1992 the new director of La Monnaie, Bernard Foccroulle, entrusted the conductorship of the Symphony Orchestra to the young American Antonio Pappano, who was also immediately appointed musical director. Pappano conducted the orchestra in the La Monnaie productions of Salome, Un Ballo in Maschera, Carmen, Die Meistersinger von Nürnberg, Peter Grimes, La Traviata, Tristan und Isolde, Il Trittico, Carmen, Erwartung/Verklärte Nacht, Pelléas et Mélisande, Don Carlos, Ariadne auf Naxos, Otello, Parsifal, The Turn of the Screw, Le Nozze di Figaro, The Lady Macbeth of the Mtsensk District, Der Rosenkavalier, Aïda, La Damnation de Faust and the first performance of Wintermärchen. In addition to the opera repertoire, Pappano also conducted oratorios (Verdi’s Requiem, Mendelssohn’s Elijah, etc.) and the symphonic repertoire.
It was with the production of Strauss’ Elektra that Kazushi Ono took over the conductorship of the orchestra in September 2002 (followed by the first performance of Luca Francesconi’s Ballata, as well as I due Foscari, Khovanschina, Don Giovanni, Wintermärchen, Peter Grimes and Tannhäuser). Under Sylvain Cambreling, the orchestra recorded several works, including Mozart’s Lucio Silla and La Finta Giardiniera, Offenbach’s Les Contes d’Hoffmann, Verdi’s Simon Boccanegra and Boesmans’ Reigen. More recently it recorded Mendelssohn’s oratorium Elijah, Britten’s Turn of the Screw and Massenet’s Manon under Antonio Pappano. This list is completed by Mahler’s Second Symphony under Kazushi Ono.
Kazushi Ono Kazushi Ono has been appointed successor to Antonio Pappano as Music Director at La Monnaie in Brussels from August 2002. He made his operatic debut there in March 2001 conducting Sciarrino’s chamber opera Luci mie traditrici to critical acclaim and undertook a very successful tour with this production to the Lincoln Center in New York in July. He was General Music Director of the Badisches State Opera in Karlsruhe from 1996 to 2002 and Principal Conductor of the Tokyo Philharmonic Orchestra from 1992 to 2001. In March 1999 he made a highly successful debut with the Boston Symphony Orchestra conducting Bartók and Prokofiev. The Boston Globe commented: “Ono secured superlative ensemble virtues and dramatic pacing from the players. He has the gift of bringing out the best of an orchestra…”. Later that season he also made his debut with the NDR Hamburg in a programme of works by Debussy and Takemitsu. He recently took over the final concert in the Orchestre Philharmonique de Radio France’s season at the Salle Pleyel in Paris with great success, with immediate re-invitations for forthcoming seasons. He has also appeared as guest conductor with the Komische Oper Berlin, Frankfurt RSO, Scottish Chamber Orchestra, Orchestre National de Lyon, Orchestre National de Bordeaux and Seattle Symphony Orchestra. This season he will conduct the opening concert of the Gothenburg Symphony Orchestra’s season in their renovated hall and return for another programme in March. He will also make his debut with the Finnish Radio Symphony Orchestra, Stockholm Philharmonic Orchestra, Danish National Radio Symphony Orchestra, and Orchestre National du Capitole de Toulouse. He has been re-invited by the BBC Symphony Orchestra for concerts at the Barbican both next season and the following. Ono made his debut in Karlsruhe in 1994, giving performances of La Traviata and La Bohème. In recent seasons he has conducted the Ring Cycle in this theatre which has a great tradition of Wagner performance, and also Henze’s Jungle Lord, Bellini’s Norma, Wagner’s The Flying Dutchman, Tristan und Isolde, Die Meistersinger and Lohengrin, Schreker’s Schatzgräber, Verdi’s Attila and Puccini’s Tosca. With the Tokyo Philharmonic Orchestra, Ono launched the award-winning “Opera in Concert Form Series” project, giving the Japanese premieres of works by Zemlinsky, Hindemith and Prokofiev. He also commissioned Mark Antony Turnage’s Silent Cities and gave the Japanese premieres of Henze’s 8th and 9th Symphonies.
Kazushi Ono was born in Tokyo, where he later studied at the National University of Fine Arts and Music. After participating at the 1983 Tanglewood Festival under the guidance of Leonard Bernstein, Ono studied with Wolfgang Sawallisch and Giuseppe PatanĂŠ at the Bayerischen Staatsoper as a scholar of the Cultural Ministry of Japan. In 1987, he won First Prize in the 3rd Toscanini International Conductors Competition.
Recorded in September 24-26, 2004, Brussels, Palace of Fine Arts, Henry Le Boeuf Concert Hall Producer: Michel Stockhem Sound engineer & editing: Nicolas de Beco (Musica Numeris) assisted by Denis Guerdon (Musica Numeris) Executive producer: Michel Stockhem Special thanks to Bernard Foccroulle, Bernard Coutant, Frans C. Lemaire, Ingrid De Backer, Patrick De Laender, Katrine Simonart, Carl Böting, Reinder Pols, Marie-Claude Elsen, Dominique Hambÿe. La Monnaie/De Munt – 4, rue Léopold – 1000 Brussels – Belgium – www.lamonnaie.be