Embuild Magazine décembre 2023 janvier 2024

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DÉCEMBRE 2023 JANVIER 2024

Magazine

Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur Une publication d'Embuild • Avenue des Arts 20, 1000 Bruxelles • Bureau de dépôt Gent X • €6

DOSSIER :

L’IMPORTANCE D’INNOVER dans la chaîne de construction LOIS ET RÈGLES Qu’est-ce qui change en 2024 ?

/fr.embuild

RENDEZ-VOUS DE LA CONSTRUCTION WALLONNE L’intelligence artificielle au cœur de l’événement

@fr.embuild

embuildBE

.embuild.be

RENOLUTION Le projet Bara 142, lauréat de Renolab


LA NUMÉRISATION EST ESSENTIELLE POUR LES ENTREPRENEU

SE PROFESSIONNALISER, ET EMBUILDQUI DOIT LES PREP LA NUMÉRISATIONVEULENT EST ESSENTIELLE POUR LES ENTREPRENEURS CE DOIT NOUVEAU DÉFI. VEULENT SE PROFESSIONNALISER, ET EMBUILD LES PREPARER À CE NOUVEAU DÉFI.


ÉDITO

Embuild est prête pour une année 2024 chargée et passionnante

L

’année 2023 a été tout sauf évidente pour la construction, surtout pour la construction neuve et la rénovation résidentielle, qui ont été particulièrement touchées. La construction non résidentielle et la rénovation ont également connu des difficultés. Seule exception : les travaux d’infrastructure. Il s’agit d’un scénario classique à l’approche des élections. Les rues, les bâtiments publics, les pistes cyclables, les infrastructures sportives et autres font traditionnellement ­ l’objet d’une révision en profondeur à cette ­période. Nos prévisions et nos enquêtes montrent que le secteur ne se portera pas beaucoup mieux en 2024, certainement pas pour la construction résidentielle et la rénovation. Embuild doit donc continuer à peser sur la politique. À cet égard, 2024 sera encore plus importante que ces dernières années, car le 9 juin auront lieu les élections européennes, fédérales et régionales, et le 13 octobre, les élections provinciales et communales. C’est pourquoi nous avons passé les derniers mois à élaborer cinq mémoranda différents : européen, fédéral, wallon, bruxellois et flamand. Ces dernières semaines, nous avons rendu visite à de nombreux présidents de partis et ministres avec ces mémoranda en mains. Et nous continuerons à le faire, dans les mois à venir. Peu nous importe le vainqueur final des élections, pourvu que la construction soit la grande gagnante à la sortie des urnes.

maines et des mois à ­venir, ­notamment dans la perspective du ForumConstruction (www.bouwforumconstruction.be), que nous organiserons le vendredi 23 février au matin, dans le Palais 10 de Brussels Expo. Cela ne vous surprendra pas que cette grand-messe annuelle de la construction soit dominée par les élections. Les présidents de partis y débattront de trois questions essentielles pour Embuild et le secteur, qui figurent également en bonne place dans tous les mémoranda : le logement durable et abordable, la nécessité d’accroître les investissements publics et les emplois attrayants dans le secteur. Enfin, permettez-moi de vous souhaiter une bonne fin d’année. Profitez-en, détendez-vous et rechargez vos batteries pour donner le meilleur de vousmême en 2024. C’est ce que nous, chez ­Embuild, avons plus que jamais l’intention de faire. Les défis sont nombreux, c’est certain, mais vous nous connaissez : aucun chantier n’est trop grand pour nous, aucune construction n’est trop difficile. Nous faisons tout pour ­réaliser cela.

Niko Demeester CEO Embuild

Peu nous «importe le vainqueur final des élections, pourvu que la construction soit la grande gagnante à la sortie des urnes.

Dans la perspective des élections, nous avons également lancé un site internet dédié : www.mieuxconstruireensemble.be. Il contient déjà beaucoup d’informations et sera développé au cours des se-

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SOMMAIRE DÉCEMBRE 2023 JANVIER 2024

Magazine

Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur Une publication d'Embuild • Avenue des Arts 20, 1000 Bruxelles • Bureau de dépôt Gent X • €6

DOSSIER :

L’IMPORTANCE D’INNOVER dans la chaîne de construction LOIS ET RÈGLES Qu’est-ce qui change en 2024 ?

/fr.embuild

RENDEZ-VOUS DE LA CONSTRUCTION WALLONNE L’intelligence artificielle au cœur de l’événement

@fr.embuild

embuildBE

RENOLUTION Le projet Bara 142, lauréat de Renolab

.embuild.be

3 ● Édito

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Embuild est prête pour une année 2024 chargée et passionnante.

7 ● Point de vue régional

La construction en tant que moteur de développement économique des régions.

ÉVÉNEMENT 8 ● Rendez-vous de la construction wallonne L’intelligence artificielle au cœur de l’événement.

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU CŒUR DU RENDEZ-VOUS DE LA CONSTRUCTION WALLONNE Le 23 novembre dernier, le traditionnel Rendez-vous de la construction wallonne s’est tenu à la Cristallerie du Val Saint-Lambert, à Seraing. Le thème principal de cette année était : « L’Intelligence Artificielle au service de vos projets ». L’événement a rassemblé près de 400 personnes.

VOS INTÉRÊTS 12 ● Lois et règles ?

Qu’est-ce qui change en 2024 ?

16 ● LIFE BE FREE

Un partenariat belge pour stimuler l’innovation dans le financement de la rénovation énergétique.

DOSSIER 19 ● Introduction

L’importance d’innover dans la chaîne de construction.

20 ● Embuild

Aller de l'avant avec la numérisation et l'amélioration de la réglementation.

22 ● Embuild Wallonie

« L’innovation doit permettre une réindustrialisation compétitive de la Wallonie ».

24 ● Embuild.Brussels

« Nous demandons une réforme complète du système Osiris ! » .

26 ● Embuild Vlaanderen

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QU’EST-CE QUI CHANGE EN 2024 ? Une nouvelle année arrive, et cela signifie toujours qu’un certain nombre de réglementations, de lois et de règles vont changer. Nous vous présentons ici un petit aperçu de ce qui vous attend. Nous approfondirons ces sujets dans les prochains numéros d’Embuild Magazine.

Pour une Flandre à l’épreuve du temps !

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SOMMAIRE

SECTEURS & MÉTIERS 30 ● Batireno Energie & Habitat Comment verdir les installations de chauffage et d’eau chaude sanitaire ?

32 ● Réglementation wallonne Partager son énergie en Wallonie ? Aujourd’hui, c’est possible !

33 ● Energie Commune

« L’AGW clarifie certains concepts mais contient encore des lourdeurs administratives ».

34 ● Prométhéa

« Le mécénat est le seul investissement dont le rendement est garanti ».

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36 ● Construction circulaire

Un réseau de facilitateurs pour la promouvoir.

38 ● Renolution

DOSSIER : L’IMPORTANCE D’INNOVER DANS LA CHAÎNE DE CONSTRUCTION Les entreprises de construction innovent partout dans la chaîne de construction. Dans ce dossier, à l’approche des élections de l’année prochaine, nous examinons comment nos gouvernements peuvent encourager encore davantage cette créativité.

Le projet Bara 142, lauréat de Renolab.

40 ● Association professionnelle

L’UPEC, au service des cuisinistes.

41 ● Renovision Festival Tour

1350 visiteurs y ont participé.

42 ● Buildwise

• À découvrir : les fiches Pathologies de Buildwise. • Pose de châssis : Buildwise vous dit tout.

PROJETS & ENTREPRISES 46 ● Projet

Nonet a démoli une ancienne antenne de l’OTAN, à l’aide d’explosifs.

50 ● Avantages membres

Votre affiliation se rentabilise.

53 ● Marché de la construction

• Knauf • Pluxee • Wienerberger

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54 ● Marquant

NONET A DÉMOLI UNE ANCIENNE ANTENNE DE L’OTAN, À L’AIDE D’EXPLOSIFS Le 12 octobre dernier, une ancienne antenne de l’OTAN, mesurant 162 mètres de haut et pesant 250 tonnes, a été démolie à l’explosif à Court-Saint-Etienne (Brabant wallon). « Parmi toutes les méthodes possibles, l’explosion était la plus pertinente en tenant compte des différentes contraintes du site », selon Gilles Durigneux, le directeur du pôle démolition chez Nonet.

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• Le Smart City Institute promeut son rapport de recherche au Smart City Expo World Congress • Chiffre du mois

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VENDREDI 26 JANVIER 2024 MATINÉE PROFESSIONNELLE

organisée en collaboration avec Embuild Wallonie

Riche de leur expertise, de leur notoriété et de leur rayonnement parmi les professionnels, BATIMOI et Embuild Wallonie ont le plaisir de vous inviter à la 5ème édition de leur matinée « Pro », le vendredi 26 janvier au WEX à Marche-en-Famenne. L’occasion de se retrouver et de s’informer au contact d’experts et de prolonger la matinée par la visite du salon.

PROGRAMME DES WORKSHOPS 9H00 :

Accueil des participants

9H30 :

Comment amener plus de circularité dans vos activités : focus sur des services d’accompagnement et de conseils

Quand on connait l’impact qu’un bâtiment peut avoir sur l’environnement et ce tout au long de son cycle de vie - de sa conception à sa déconstruction - on comprend que la transition vers une économie plus circulaire est sans nul doute un des enjeux primordiaux pour le secteur de la construction. Le chemin pour atteindre les objectifs, qu’ils soient environnementaux, sociétaux, ou encore économiques, n’est cependant pas aisé, mais doit être perçu comme une opportunité de changement. Cette transition nécessite d’être abordée et concertée avec l’ensemble des acteurs de la chaine et d’être soutenue par des accompagnements et des incitants pour les entreprises. Ce workshop abordera divers services soutenus par la Région wallonne, de même que de nombreux outils développés dans le cadre de divers projets. Citons notamment le réseau des Facilitateurs en construction durable et circulaire créé dans le cadre de la Stratégie Circular Wallonia, ainsi que le service des Référents bas-carbone/ Économie circulaire, et la Cellule Environnement d’Embuild Wallonie. Orateur : Hélène Delloge, Manager Environnement et Économie circulaire, Embuild Wallonie

Inscription aux workshops : •

Via les formulaires en ligne : https://wallonie.embuild.be/fr/événements

Date limite : 24 janvier 2024

10H30 : Pourquoi inscrire votre entreprise dans la formation en Alternance ? La formation en alternance vous permet de former les candidats 3 ou 4 jours par semaine dans votre entreprise et l’IFAPME forme l’apprenant 1 ou 2 jours par semaine dans ses Centres de formation. Dans ce cadre, l’IFAPME vous propose un accompagnement personnalisé et une formation dans les Centres de formation en adéquation avec vos réalités de terrain. Vos avantages en tant qu’entreprise : vous renforcez vos équipes durablement, vous assurez la pérennité de votre entreprise en formant à VOTRE métier, à VOTRE culture d’entreprise. Lors de ce workshop, Daniel RENARD, chargé de relations entreprises à l’IFAPME, vous présentera le concept de la formation en Alternance qui vous permet de trouver, former, et recruter votre main-d’œuvre qualifiée de demain à un coût maitrisé. Orateur : Daniel Renard, Chargé de relations entreprises, IFAPME

11H30 : La rénovation énergétique des logements privés en Wallonie : présentation des outils RENO+ RENO+ est un projet pilote pour accélérer la rénovation de logements privés en Wallonie. Un challenge de 18 mois pour proposer des solutions de massification de la rénovation vers la transition zéro carbone. L’ambition de RENO+ est d’accélérer la rénovation énergétique pour contribuer à amener tout le logement privé wallon vers le label A en moyenne d’ici 2050, comme le prévoit la Stratégie Wallonne de Rénovation à long terme.

BATIMOI, c’est aussi :

Lors de ce workshop, vous découvrirez des outils utiles aux professionnels de la rénovation comme un outil d’estimation des primes, un outil d’estimation de la valeur verte du bâtiment, ou encore un site internet complet qui estime et propose un trajet de rénovation.

• Le rendez-vous phare du secteur de la construction en Wallonie

Les porteurs du projet sont Buildwise, Embuild Wallonie et GreenWin et sont soutenus par la Région Wallonne.

• 150 exposants et 20.000 visiteurs • Un programme de conférences thématiques • Un palais dédié aux hébergements touristiques

Orateurs* : Maxime Janssens, Conseiller « Gestion & Qualité », Buildwise Damien De Bock, Conseiller principal/Avis techniques, Buildwise Julien Aniset, Conseiller énergie, Embuild Wallonie *sous réserve de modification

Retrouvez toutes les informations sur batimoi.be


POINT DE VUE RÉGIONAL

La construction en tant que moteur de développement économique des régions

L

a Belgique est une entité politique compliquée, composée de multiples niveaux de pouvoir. Pourtant, la réalité économique des entreprises ne se limite que très rarement aux frontières d’une région. C'est notamment pour cette raison que les mémoranda d’Embuild.Brussels et Embuild Wallonie ont de nombreux points communs. Suite aux diverses crises, le climat économique est assez mitigé. D’un côté, les ambitions en matière de rénovation énergétique permettent d’entrevoir de belles perspectives d’emploi. D’un autre côté, les augmentations de coûts inédites, combinées à la complexité et les coûts administratifs grandissants pour réaliser un chantier, viennent obscurcir ces perspectives. Le secteur est bien conscient des enjeux sociétaux actuels. Tant en matière d’émissions de CO2 que d’emploi ou encore d’accessibilité du logement. Ce sont des matières où il a un rôle-clé. Nos mémoranda sont d’ailleurs des conditions de réussite, afin que notre secteur puisse jouer son rôle dans la mise en œuvre de ces solutions. Une première condition est la simplification administrative. Une condition qui a l’avantage de ne pas être un coût, mais au contraire de représenter un allègement des charges non seulement pour les entreprises, mais également pour les administrations. L’exemple phare reste les procédures de délivrance des permis d’urbanisme. La numérisation doit apporter des solutions innovantes dans ce domaine. Une deuxième condition est l’amélioration de l’image du secteur et le renforcement des filières construction tant auprès des jeunes que des chercheurs d’emploi.

Trouver une main-d’œuvre qualifiée et motivée est devenu l’une des préoccupations majeures de nos entreprises. Nous demandons aux gouvernements de collaborer avec les secteurs pour apporter des réponses à ces besoins. Une troisième condition est l’accessibi­ lité financière du logement au plus grand nombre. La récente augmentation des taux d’intérêts des crédits hypothécaires vient directement impacter cette accessibilité et des charges supplémentaires comme OSIRIS ou les charges d’urbanisme sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous demandons aux gouvernements de ne plus alourdir, mais au contraire d’alléger ces charges. Enfin, il est indispensable que nos différents gouvernements se coordonnent, voire s’harmonisent dans certains domaines. La PEB est un exemple frappant qui gagnerait à être plus harmonisée, tant pour les entreprises que pour les citoyens, qui ne comprennent pas pourquoi une habitation de niveau C en Wallonie peut être de niveau B en Flandre et E à Bruxelles. C’est en mettant en place ces conditions de réussite que le secteur pourra pleinement jouer son rôle de moteur de la transition énergétique et circulaire ainsi que son rôle d’entrainement et de prospérité pour les autres secteurs économiques et nos deux régions. C’est à ces conditions que l’on pourra à nouveau énoncer ce vieil adage : « Quand la construction va, tout va ! ». Bernard Piron Président Embuild Wallonie Alexandre De Cesco Président Embuild.Brussels

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La réalité économique des entreprises ne se limite que très rarement aux frontières d’une région.

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ÉVÉNEMENT

L’intelligence artificielle au cœur du Rendez-vous de la construction wallonne Le 23 novembre dernier, le traditionnel Rendezvous de la construction wallonne s’est tenu à la Cristallerie du Val Saint-Lambert, à Seraing. Le thème principal de cette année était : « L’Intelligence Artificielle au service de vos projets ». L’événement a rassemblé près de 400 personnes.

La soirée était animée par Sacha Daout, journaliste à la RTBF.

C

’est Sacha Daout, le journaliste de la RTBF, qui a animé cette soirée devant un beau parterre d’acteurs de la construction. « En préparant cet événement, je pensais que le secteur de la construction, votre secteur, était bien en phase avec son temps, mais je me suis trompé. Il peut encore énormément progresser, notamment en matière de numérisation. Les outils présentés ce soir peuvent donc vous être très utiles », a déclaré le journaliste ertébéen, en guise d’introduction.

Rester compétitifs Des outils qui permettront à vous, entrepreneurs, d’être bien armés pour répondre aux enjeux de demain, comme l’a souligné, Alain Kohn, président de la Chambre de la Construction de Liège, très heureux d’accueillir ce rendez-vous en terres liégeoises. « Comme toute industrie dynamique, la construction fait face à des défis majeurs. L’un de ces défis cruciaux est lié à l’évolution rapide des moyens de construction. Les nouvelles technologies, telles que les matériaux de construction innovants et les méthodes de construction durables, sont en train de transformer la manière dont nous construisons nos bâtiments. Cela a notamment un impact direct sur la formation de notre main-d’œuvre. Il est essentiel que nous adaptions nos compétences et nos pratiques pour rester compétitifs dans ce paysage en constante évolution. »

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est essentiel « Il que nous

adaptions nos compétences et nos pratiques pour rester compétitifs dans ce paysage en constante évolution.

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Il a vanté les mérites de la thématique du jour, tout en soulignant la nécessité de s’adapter. « L’IA offre des opportunités inédites pour accroître notre efficacité opérationnelle, réduire les coûts et accélérer les délais de construction. Cependant, cela demande également un changement de mentalité, une adaptation à de nouvelles méthodes de travail et un investissement dans la formation de nos équipes. »

Frédéric Driessens

Frédéric Driessens, Partner de Rise PropTech Fund, fonds lancé à l’initiative de Noshaq, a ensuite pris la parole. Ce fonds a

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ÉVÉNEMENT

Alain Kohn, président de la Chambre de la Construction de Liège, s’est dit très heureux d’accueillir ce rendez-vous en terres liégeoises.

artificielle. L’IA, ce sont des systèmes qui vont utiliser des algorithmes pour effectuer des tâches sans intervention humaine, simuler des capacités cognitives et aider les humains à prendre des décisions. Dans le domaine de la construction, l’IA est intéressante pour sept thématiques : la planification et la conception, la gestion de projet, la maintenance prédictive, l’automatisation des tâches répétitives, la sécurité sur les chantiers, l’optimisation de la consommation d’énergie et la gestion des déchets et du recyclage. » Pour vous faciliter la tâche et ne pas trop encombrer votre esprit, Frédéric Driessens a proposé de retenir ce petit résumé pour savoir ce que peut vous apporter l’IA. « L’intelligence artificielle peut être présente à tous les stades de la chaîne de valeur de construction. Elle apporte des outils et des capacités qui permettent d’optimiser l’ensemble du cycle de vie d’un projet de construction, de la conception à la maintenance, en passant par la gestion et l’exécution, tout en améliorant l’efficacité, la durabilité et la sécurité. »

Frédéric Driessens a abordé la thématique du jour : l’intelligence artificielle.

Table ronde pour mission de soutenir la transformation du secteur, enrichir l’écosystème, attirer de jeunes entreprises prometteuses, encourager la collaboration, exploiter les synergies potentielles et investir dans des startups. « Depuis de nombreuses années, tous les secteurs se réinventent. Certains rapidement, d’autres plus lentement. Mais votre secteur a aussi évolué et c’est très agréable de tous vous rencontrer en une seule soirée pour aborder ces changements ! », a-t-il déclaré. « Dans votre secteur, il existe de nombreuses initiatives innovantes verticales : l’économe circulaire, les processus de construction, la concep­tion et la gestion des bâtiments, l’efficacité des ressources et les bâtiments intelligents. Les technologies transversales, comme le big data, l’intelligence artificielle et l’internet des objets sont au service de ces innovations verticales, avec la durabilité comme liant. » Qu’est-ce que l’IA ? « Il y a une petite trentaine d’années, un ordinateur d’IBM avait battu le champion du monde d’échecs. L’IA existe depuis longtemps et nous y sommes tous confrontés. Lorsque nous rédigeons des sms sur notre smartphone, c’est de l’intelligence

Plus que « jamais, afin de

rendre possible la construction d’un monde à la hauteur de nos générations futures, l’appel à la progressivité, au réalisme et au pragmatisme reste ouvert.

»

Des experts numériques ont ensuite présenté des outils et solutions efficaces pour la gestion de votre entreprise au quotidien. Ils répondaient, à chaque fois, à une question de Sacha Daout. Voici un extrait des principales réponses. Pourquoi les entreprises font appel à vous ? « Pour avoir une bonne maîtrise des coûts, une bonne gestion des contraintes administratives et une amélioration de la circulation des informations dans l’entreprise », a répondu Denis Lockman, expert digital pour la construction chez Ficos (ERP). À Traxxeo (track & trace), quel est l’intérêt des solutions de traçabilité ? « Nous nous basons sur trois piliers et trois promesses : une bonne gestion des ressources sur site, une bonne gestion du temps avec des données collectées et suivies de la bonne manière et enfin, un bon suivi des ressources avec, par exemple, le matériel lié à la planification RH », a expliqué le CEO Charles le Hodey. Quelle est la perception de la transformation numérique des dirigeants du secteur de la construction ? « Selon notre dernier baromètre, seules 25 % des entreprises de construction sont convaincues de cette

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ÉVÉNEMENT

Assis à la table, à g. Sébastien Wulf (Group S) et à dr. Charles le Hodey (Traxxeo)…

transformation. Ce chiffre interpelle », a souligné Fanny Deliège, la directrice du pôle Secteur et Economie numériques de l’Agence du Numérique (AdN). Et vous, en tant que secrétariat social, comment pouvez-vous convaincre les entreprises du secteur à numériser et faciliter la vie de ces entreprises ? « Toutes nos solutions doivent être intégrées avec celles de nos partenaires : ERP, track & trace… », selon Sébastien Wulf, Chief Management Services & Solutions Officer chez Group S.

Deuxième partie La deuxième partie de la table ronde s’est poursuivie, après une vidéo de présentation de la société Bricsys, spécialisée dans l’AutoCAD, un logiciel de dessins. À Ficos, en quoi votre ERP facilite le quotidien des entreprises ? « Notre logiciel répond à des besoins précis comme la gestion des flux d’achats, la facturation et le pointage », a répondu Denis Lockman. Et du côté de Traxxeo ? « Nous nous focalisons sur les gros défis du secteur et l’adop­ tion du numérique sur les chantiers », a souligné Charles le Hodey. Chez Group S, quelle aide proposez-vous pour aider les clients dans cette transition ? « Toutes ces solutions numériques, il faut

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L’IA offre des «opportunités

inédites pour accroître notre efficacité opérationnelle, réduire les coûts et accélérer les délais de construction.

»

savoir les utiliser ! Chez Group S, nous avons un helpdesk qui accompagne les clients », a indiqué Sébastien Wulf. Enfin, qu’est-ce qui est mis en place pour aider les entreprises du secteur pour faire du numérique une opportunité économique ? « Nous proposons plein d’ateliers sur le sujet. En outre, des informations et des outils existent également », a conclu Fanny Deliège.

Conclusion finale Après une dernière séquence vidéo de Buildwise, le mot de conclusion est revenu à Bernard Piron, le président d’Embuild Wallonie. Il a rappelé l’importance du secteur de la construction wallonne, quelques chiffres à l’appui. « Actuellement, il emploie plus de 65 milliers de travailleurs. Ces emplois ne sont pas seulement des chiffres, ce sont des familles, des communautés, et des vies qui dépendent de notre industrie. En tant qu’acteurs de ce secteur, nous avons la responsabilité de maintenir et de développer ces emplois. En ce qui concerne le nombre d'entreprises actives dans la construction en Wallonie, nous pouvons compter plus de 35.000 entreprises. Cela montre la diversité et la vitalité de notre secteur. Chacune de ces entreprises apporte sa propre expertise et sa contribution à notre économie régionale. L’impact économique de

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…suivent Fanny Deliège (AdN) et Denis Lockman (Ficos).

Bernard Piron, le président d’Embuild Wallonie, a conclu la séance académique.

la construction en Wallonie est également manifeste dans les chiffres. Notre secteur contribue significativement au PIB de la région, représentant près de 5,6 % de la valeur ajoutée totale de l’économie wallonne. Ces chiffres démontrent que la construction n’est pas seulement un acteur majeur, mais aussi un moteur essentiel de la croissance économique dans notre région. » Sur la thématique du jour, Bernard Piron a expliqué que : « l’intelligence artificielle et la numérisation sont des outils puissants pour relever ces défis. Ils peuvent nous aider à améliorer la productivité, à réduire les coûts, à accélérer les délais de construction et à garantir la qualité de nos projets. » Enfin, il n’a pas manqué d’adresser un message à l’adresse du monde politique, en vue des élections de 2024. « Nous avons une occasion unique de faire entendre notre voix et de mettre en avant nos priorités. Nous avons identifié cinq domaines prioritaires qui sont essentiels pour le secteur de la construction en Wallonie : l’augmentation de l’investissement public, l’accessibilité financière des logements, l’accélération de la délivrance des permis d’urbanisme, la résolution de la pénurie de main-d’œuvre et l’accélération de la rénovation du bâti wallon sont autant de défis que nous devons relever ensemble. Plus que jamais, afin de rendre possible la construction

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La soirée s’est terminée par un agréable moment de networking.

d’un monde à la hauteur de nos générations futures, l’appel à la progressivité, au réalisme et au pragmatisme reste ouvert. Nous devons travailler main dans la main avec le futur gouvernement régional pour assurer que ces priorités soient intégrées dans la déclaration de politique régionale. Cela ne peut se faire que si nous apportons notre expertise, nos connaissances du terrain et notre engagement à la table des négociations. » La soirée s’est terminée par un agréable moment de networking. Toute l’équipe d’Embuild Wallonie vous donne déjà rendez-vous l’année prochaine. (photos © : Sven Hanssen))

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VOS INTÉRÊTS

Qu'est-ce qui va changer en

Une nouvelle année arrive, et cela signifie toujours qu’un certain nombre de réglementations, de lois et de règles vont changer. Nous vous présentons ici un petit aperçu de ce qui vous attend. Nous approfondirons ces sujets dans les prochains numéros d’Embuild Magazine.

24 Fonds de Retour au Travail

Social

Pension complémentaire sectorielle pour les employés L’ONSS commencera à collecter les cotisations pour la pension complémentaire sectorielle (PCS) des employés, à partir du premier trimestre 2024. En effet, cette PCS a déjà démarré le 1er janvier 2023, mais la perception des cotisations ne commence que l’année prochaine. Par conséquent, en 2024, le taux de cotisation sera exceptionnellement de 2,60 % au lieu de 1,30 %.

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Le Fonds de Retour au Travail entrera en vigueur au plus tard le 1er avril 2024. L’employeur, qui invoque la force majeure médicale pour mettre fin à un contrat de travail, devra verser 1.800 € à ce fonds. Il devra également déclarer la rupture à l’INAMI dans les 45 jours suivant la fin du contrat de travail. En revanche, l’employeur ne sera plus obligé de proposer un outplacement en cas de licenciement pour force majeure médicale. Cette mesure a été approuvée par le Parlement fédéral en octobre dernier, mais à l’heure où nous écrivions ces lignes, elle n’avait pas encore été publiée au Moniteur.

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LOIS ET RÈGLES

Limitation de la réduction ONSS pour les premiers engagements À partir du 1er janvier 2024, il y aura encore une réduction ONSS pour les premiers engagements jusqu’à trois travailleurs. Désormais, cette réduction existe jusqu’à trois travailleurs. La réduction ONSS pour le premier travailleur sera également limitée à un maximum de 3.100 € par trimestre au lieu de 4.000 € par trimestre. La réduction reste toutefois illimitée dans le temps. Une mesure transitoire est prévue pour les employeurs qui bénéficient actuellement d’une réduction pour un quatrième, cinquième ou sixième travailleur. Cette mesure a déjà été approuvée par le Parlement fédéral en octobre, mais n’a pas encore été publiée au Moniteur à l’heure où nous écrivions ces lignes.

À partir de 2024, les travailleurs pourront reporter leurs congés Deux modifications ont été apportées au régime des congés annuels en 2023 pour le mettre en conformité avec le droit européen. Si les travailleurs ne peuvent pas prendre leurs congés avant la fin de l’année, ils pourront les reporter pendant 24 mois. Et en cas d’incapacité de travail pendant leurs congés, ils pourront les prendre après, dans les conditions prévues par le règlement de travail. Ces deux changements entreront en vigueur le 1er janvier 2024. Vous trouverez plus d’explications dans le numéro de novembre d’Embuild Magazine.

Désignation obligatoire d’une personne de confiance Dans les entreprises de 50 travailleurs ou plus, une personne de confiance devra être désignée. Une personne de confiance est un point de contact accessible vers lequel les collègues peuvent se tourner en toute discrétion lorsqu’ils ne se sentent plus à l’aise au travail. À l’heure actuelle, la désignation d’une telle personne de confiance n’est qu’une simple recommandation. Pour les entreprises de moins de 50 travailleurs, cela restera le cas à l’avenir. Les personnes de confiance devront suivre une formation de base, par exemple auprès d’un service de prévention externe. Ce service peut également fournir l’assistance nécessaire lors de la sélection des candidats. Ce projet de loi a été approuvé par le Parlement le 26 octobre 2023, mais n’a pas encore été publié au Moniteur belge. Normalement,

la nouvelle obligation entre en vigueur le premier jour du mois suivant sa publication au Moniteur belge.

Juridique

Délais au Conseil d’Etat La loi sur le Conseil d’Etat est en cours de réforme. Des délais spécifiques pourront être fixés pour l’examen des affaires « d’intérêt public supérieur ». L’arrête royal déclare comme « affaires d’intérêt public supérieur », entre autres, les affaires relatives à la transition énergétique ou à l’utilisation et au déploiement des sources d’énergie renouvelables. Il s’agit, par exemple, de permis et d’autorisations pour des parcs éoliens terrestres ou maritimes d’une capacité de production d’énergie égale ou supérieure à 8 mégawatts, et de zones ou de structures dotées de panneaux solaires photovoltaïques d’une capacité de production d’énergie égale ou supérieure à 4 mégawatts.

Fiscal

Suppression de l’avantage fiscal pour l’épargne à long terme pour les prêts immobiliers non occupés par le propriétaire La réduction d’impôt pour l’épargne à long terme pour les frais d’un emprunt contracté pour le financement d’un logement autre que celui occupé par le propriétaire sera définitivement supprimé. Il s’agit donc des prêts hypothécaires contractés pour des résidences secondaires ou des immeubles de placement, pour lesquels le gouvernement fédéral accordait jusqu’à présent une réduction d’impôt. La suppression s’appliquera aux prêts hypothécaires conclus à partir du 1er janvier 2024. Pour les prêts contractés au plus tard le 31 décembre 2023 et pour les prêts de refinancement, l’avantage sera maintenu.

Augmentation de l’indemnité vélo exonérée d’impôts L’indemnité vélo défiscalisée pour les déplacements domicile-travail passera de 0,27 € à 0,35 € par kilomètre, à partir de 2024. Cette augmentation s’accompagne d’un plafond annuel exonéré d’impôt de 2.500 €. Toutefois, actuellement, le montant obligatoire à accorder, prévu dans les conventions collec-

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VOS INTÉRÊTS

tives CP 124, 149.01 et 200, est inférieur à 0,35 € par kilomètre.

6 % de TVA pour la démolition et la reconstruction Le taux réduit de TVA de 6 % pour la démolition et la reconstruction sera fortement réduit à partir du 1er janvier 2024. La mesure temporaire, encore en vigueur jusqu’à la fin de 2023, sera prolongée de manière permanente pour les particuliers, mais ne sera pas prolongée pour la vente de logements reconstruits. Les conditions sociales applicables à la mesure temporaire seront ajoutées dans les 32 centres urbains. Deux mesures transitoires seront prévues qui permettront encore de percevoir 6 % en 2024, à condition que le permis d’urbanisme ait été demandé au plus tard le 30 juin 2023 pour la mesure temporaire de vente et au plus tard le 31 décembre 2023 pour le régime dans les 32 centres urbains.

Prolongation du taux de TVA de 6 % pour les pompes à chaleur Jusqu’à la fin de l’année 2023, un taux de TVA de 6 % s’appliquera à la livraison et l’installation de panneaux solaires, de chaudières solaires et de pompes à chaleur dans les habitations de moins de 10 ans. Le taux sera prolongé jusqu’à la fin de l’année 2024 uniquement pour les pompes à chaleur.

Wallonie Energie

L’AGW « obligation de rénovation » est passé en première lecture et le parcours législatif pourrait aboutir en 2024. L’AGW prévoit, pour le 1er janvier 2025, un PEB de minimum F pour le logement mis en location pour la première fois ; pour le 1er juillet 2026, un PEB minimum D dans les 5 ans pour un logement changeant de propriétaire et pour le 1er janvier 2028, de disposer d’un certificat PEB en cours de validité pour tous les logements. Cet AGW prévoit aussi une obligation de production d’énergie renouvelable pour les bâtiments neufs et assimilés.

CoDT Un projet de décret modifiant le CoDT a fait l’objet d’une 3e lecture au Parlement wallon et est actuellement soumis au Parlement wallon. Embuild Wallonie a d’ailleurs

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été auditionnée sur le sujet et s’est exprimée, notamment sur la problématique des charges d’urbanisme, l’urgence de numériser l’ins­ truction des permis d’urbanisme délivrés au niveau des communes et l’importance de définir au niveau local les centralités prévues dans le texte du CoDT. Le décret modificatif devrait être adopté dans le courant de l’année prochaine, vu qu’on est en fin de processus législatif.

Environnement Un nouveau cadre législatif relatif à la gestion des déchets – matériaux est en discussion depuis 2022 afin de répondre aux obligations européennes, notamment quant au tri de certaines fractions de déchets, au recyclage de ces derniers et au réemploi des matériaux de construction. La réforme débutée en 2023 et relative au Décret Permis d’environnement devrait prochainement aboutir en proposant une simplification administrative, entre autres des procédures de renouvellement des permis.   Le respect du principe DNSH (Do No Significant Harm) et plus largement de la « Taxonomie verte » se met en place progressivement et obligatoirement pour les projets et marchés de travaux financés dans le cadre du PNRR (Plan national de relance et de résilience). Afin de réduire ses émissions de GES (gaz à effet de serre), l’Europe a pour objectif la neutralité carbone d’ici 2050 (avec réduction de min 55% d’ici 2030). Pour y contribuer, elle favorise(ra) des investissements « durables » qui respectent ce principe DNSH, assurant que l’activité ne cause pas de préjudices importants aux objectifs environnementaux.

Bruxelles

Soutien supplémentaire pour les entreprises exemplaires Les entreprises bruxelloises, qui sont reconnues comme « exemplaires » sur le plan social et/ou environnemental, pourront à partir de courant 2024, bénéficier d’aides financières plus avantageuses. En ce qui concerne les primes aux entreprises, les entreprises reconnues comme exemplaires obtiendront entre 2,5 % et 30 % de prime en plus par rapport au taux de base. Le prêt Proxi, qui permet aux particuliers de prêter de l’argent aux entrepreneurs bruxellois tout en bénéficiant

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LOIS ET RÈGLES

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d’avantages fiscaux, sera fiscalement plus intéressant aussi. Pour les prêts Proxi conclus à partir de fin janvier 2024, l’entourage qui prête de l’argent bénéficiera d’un avantage fiscal plus important si l’entreprise à laquelle il prête est reconnue « exemplaire ».

Flandre

Collecte des déchets L’entrée en vigueur de VLAREMA 9 est prévue pour le mois d’avril de l’année prochaine. De nouvelles règles sur la collecte des déchets entreront alors en vigueur, avec une collecte plus sélective sur les chantiers de construction et un tri plus poussé des déchets. VLAREMA 9 introduit également de nouveaux flux de déchets à trier à la source. Ceuxci sont tous liés au secteur de la construction. Il s’agit, par exemple, des plaques et des blocs de plâtre, de la laine de verre, de la laine de roche, ainsi que des gravats d’asphalte non goudronnés et de certains matériaux de fondation. Sous certaines conditions, il est possible de déroger au tri obligatoire. Par exemple, les déchets provenant directement d’un chantier de construction en activité peuvent être regroupés lorsqu’il n’y a pas d’espace pour placer, charger et décharger les différentes bennes.

Document numérique pour le transport de déchets Un entrepreneur qui apporte à son entreprise des déchets provenant de travaux doit remplir un formulaire d’identification pour le transport des déchets. Ce formulaire doit toujours être présent dans le véhicule. À partir du 1er janvier 2024, il sera obligatoire d’utiliser un formulaire numérique, délivré par un système agréé par l’OVAM, l’agence flamande de traitement des déchets.

Emploi formation Bien que le chômage des jeunes soit tombé, en 2022, à son niveau le plus bas depuis des années (10,70 %), la proportion de jeunes quittant l’école sans diplôme secondaire continue d’augmenter. En 2021, 6.038 jeunes ont quitté l’école sans qualification. Parmi ces jeunes sans qualification, 1 sur 5 ne trouve pas d’emploi ou reste bloqué dans des emplois mal payés ou de moindre qualité. À plus long terme, ils n’ont pas de perspectives de carrière durables et retombent dans le chômage. Le gouverne-

ment flamand a lancé une nouvelle forme d’apprentissage sur le lieu de travail à cette fin : l’emploi formation. Cette offre s’adresse aux jeunes de 18 à 30 ans qui ont interrompu leurs études secondaires depuis au moins deux ans et qui n’ont pas obtenu de diplôme. Ils suivent des cours chez Syntra un jour par semaine et reçoivent une formation en entreprise les autres jours. Ce parcours, d’une durée maximale de deux ans, est proposé par Syntra. Les jeunes suivent une journée de cours dans un centre Syntra et les quatre autres jours sur le lieu de travail, sous la direction d’un mentor expérimenté. À l’issue de ce parcours, les compétences acquises peuvent être monnayées par un certificat officiel attestant de votre compétence professionnelle. Pour la construction, la qualification professionnelle d’ébéniste, de chef-monteur échafaudeur, de constructeur d’intérieur ou d’électricien peut être obtenue pour l’instant.

Europe Amiante

Au niveau européen, deux mesures peuvent avoir un impact sur notre secteur. La directive sur l’amiante a été révisée. Dans un premier temps, la valeur limite d’exposition sera réduite à 0,001 milligramme par mètre cube. Les autres modifications seront mises en œuvre progressivement à partir de 2024.

Publication obligatoire de la durabilité des activités À partir du 1er janvier 2025 (soit l’exercice 2024), les grandes entreprises devront publier des informations sur la durabilité de leurs activités. Par « grandes », on entend ici plus de 500 travailleurs et plus de 40 millions de chiffre d’affaires. La publication doit se faire à l’aide de la taxonomie européenne. Vous trouverez plus d’informations sur la taxonomie dans le numéro précédent d’Embuild Magazine.

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VOS INTÉRÊTS

LIFE BE FREE :

un partenariat belge pour stimuler l’innovation dans le financement de la rénovation énergétique

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BE FREE � L FE IF LI

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Ce consortium est composé de Febelfin, Embuild, VVSG (Union des Villes et Communes Flamandes), Wattson (société de service énergétique), The Shift (réseau belge du développement durable) et IdeaConsult (bu-

LIFE BE FRE E

La Commission européenne a finalement sélectionné cinq projets dans le cadre de ce programme, dont le consortium LIFE BE FREE, qui se concentre plus particulièrement sur la rénovation des bâtiments. « Embuild s’est associée à ce consortium initié par Febelfin, la fédération belge du secteur financier, en réponse aux défis climatiques auxquels notre secteur doit faire face pour atteindre les objectifs de 2030 et 2050. La réussite de la transition dépendra de l’implication de toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, les entreprises et les citoyens. Il est indispensable d’établir un dialogue permanent et trouver de nouvelles solutions de financement pour promouvoir des logements durables et abordables. Nous avons reçu le soutien de nos entités régionales ainsi que de Buildwise dans cette initiative », souligne Anne-Laure Lejeune, conseillère PME et Dura­ bilité chez Embuild.

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LIFE B EE � EF R F R

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e programme européen LIFE est un instrument qui vise à financer les politiques environnementales et d’action climatique. Dans le cadre de LIFE, un nouvel appel à projets sur des tables rondes nationales, ayant comme thème principal l’efficacité énergétique, a été lancé en 2022.

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Pour atteindre les ambitieux objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030 et 2050, accélérer la rénovation énergétique des bâtiments est primordial. Dans ce contexte, le consortium LIFE BE FREE, dont fait partie Embuild, vient d’être lancé. Il vise à trouver des solutions de financement axées sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

reau d’études). « La collaboration transversale de ce projet est nécessaire pour élaborer des solutions de financement novatrices, levant ainsi les obstacles à l’investissement dans la rénovation des bâtiments en Belgique. La collaboration entre divers acteurs permettra d’explorer les opportunités visant à promouvoir la rénovation énergétique », indique Anne-Laure Lejeune.

Tables rondes En 2023, la Commission européenne a validé le projet qui a officiellement démarré

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ÉCONOMIE

le 1er octobre dernier. Il va s’étaler sur une période de trois ans avec un co-financement de l’Europe, jusqu’en septembre 2026, avec la volonté de prolonger jusque 2028.

et de reproduire à plus grande échelle les expériences réussies. »

Concrètement, comment va se dérouler LIFE BE FREE ? « Nous allons organiser deux tables rondes nationales par an ainsi que des tables rondes thématiques en fonction des objectifs déterminés par année, avec les parties prenantes de la quadruple hélice (société civile, entreprises, institutions de connaissance et pouvoirs publics), afin d’identifier et de relever systématiquement les principaux défis en matière de financement. La répartition des incitations entre propriétaire et locataire, la rénovation des immeubles d’habitation, le financement des initiatives de quartier et le financement par des Sociétés de Services Energétiques (ESCO’s) ont déjà été identifiés comme des défis prioritaires, qui seront complétés par d’autres sujets pertinents. L’objectif final est de mobiliser davantage d’investissements privés, de mettre en place des expériences testant les solutions formulées

Les différents niveaux de pouvoir constituent bien évidemment un groupe cible spécifique de LIFE BE FREE. « Bien entendu, nous envisageons de solliciter le fédéral, les régions, le local et les fédérations pour appuyer la concrétisation de leurs ambitieux plans climatiques. Embuild jouera le rôle d’« expert métier » en orientant vers les personnes compétentes susceptibles de contribuer à ce projet. Nous incarnons un acteur essentiel dans l’accélération de cette transition vers la rénovation énergétique », indique la conseillère PME et Durabilité. « Ce projet permettra également de répondre à la demande de la ministre fédérale du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal, Zakia Khattabi, qui a organisé début novembre une conférence pour une transition juste en Belgique », conclut Anne-Laure Lejeune.

Transition juste

CONSTRUIRE EN TOUTE SÉCURITÉ

Engagez-vous et signez la charte safetymypriority.be

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Comment faire des économies sur vos assurances ?

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n tant qu’entrepreneur, vous ressentez très certainement la hausse des prix tous azimuts. Vous pouvez optimiser vos coûts, et cela concerne aussi vos assurances : un check-up régulier de vos couvertures permet de les adapter à vos véritables besoins et de détecter les doublons éventuels.

Faites un check-up annuel Les entreprises évoluent continuellement. D’où l’intérêt de procéder annuellement au contrôle de votre portefeuille d’assurances. Avez-vous élargi ou restreint le champ de vos activités ou engagé des nouveaux collaborateurs ? Vérifiez avec votre assureur si les garanties sont encore suffisantes ou s’il y a lieu de les revoir à la hausse ou à la baisse. Les primes que vous payez sontelles encore correctes ? Vérifiez par exemple s’il reste utile de souscrire une omnium pour un véhicule de cinq ans ou plus. Même les assurances du dirigeant d’entreprise devraient idéalement être réexaminées au moins une fois par an. Un exemple : le revenu de remplacement prévu par votre couverture en cas de maladie ou invalidité estil encore suffisant ? Cet examen annuel approfondi est indispensable pour éviter les mauvaises surprises. L’assureur qui connait bien son client et ses activités est en mesure d’agir proactivement et de cibler son aide.

Faites le

Regrouper vos assurances Le contrôle annuel de la situation de vos assurances peut également être l’occasion de regrouper certaines couvertures. Vous disposez ainsi d’un seul interlocuteur pour toutes vos assurances. En cas de besoin, vous savez donc exactement qui contacter. C’est plus facile et efficace. Vous évitez en outre que certains risques ne soient pas couverts parce qu’ils passeraient entre les mailles du filet. Cela peut arriver si vous travaillez avec plusieurs compagnies d’assurances. En cas de regroupement, il est plus facile d’identifier les postes doublement assurés et la gestion administrative est plus aisée.

La prévention est aussi source d’économies La prévention est une autre façon d’économiser de l’argent. Réduire le nombre d’accidents, par exemple du travail, a un impact financier : il n’y a pas de ralentissement de l’activité, pas de remplaçant à trouver, ... Cette approche s’inscrit également dans le processus de prise de conscience et de sensibilisation. Le Risk Engineer de votre assureur peut vous aider à mettre en place une vérifedera table culture de la sécurité c h eckupa le.be/ sur le lieu de travail. Chez ssuran Fédérale Assurance, les ces conseils du Risk Engineer sont gratuits.

Plus d’i nfo

sur


DOSSIER

L’importance d’innover dans la chaîne de construction Pour atteindre les objectifs ambitieux en matière de climat et environnement, le secteur de la construction devra innover. Heureusement, nos entrepreneurs sont très forts dans ce domaine. Ils numérisent et utilisent de nouveaux produits et matériaux. Mais ils sont également doués en matière d’innovation de processus et de développement de nouveaux services et partenariats. En résumé, les entreprises de construction innovent partout dans la chaîne de construction. Dans ce dossier, à l’approche des élections de l’année prochaine, nous examinons comment nos gouvernements peuvent encourager encore davantage cette créativité.

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DOSSIER

Aller de l’avant avec la numérisation et l’amélioration de la réglementation La construction est un secteur innovant. Il doit l’être, car les défis sociétaux qu’il doit contribuer à résoudre sont énormes. Mais l’innovation nécessite un environnement approprié, et l’une des tâches d’un gouvernement est de le créer. Dans ce domaine, le nouveau gouvernement fédéral va avoir du pain sur la planche. Nous en soulignons quelques aspects essentiels.

Facturation électronique Embuild plaide pour des mesures qui encouragent la généralisation de la facturation électronique. Cela entraînerait des gains d’efficacité d’environ 3,5 milliards d’euros. Elle permet également un meilleur contrôle et une meilleure surveillance, augmente la sécurité et contribue à la modernisation et à la durabilité. À partir de mars 2024, la facturation électronique sera obligatoire pour la quasi-totalité des marchés publics de construction. En janvier 2026, l’obligation s’appliquera également aux transactions interentreprises (B2B), mais il n’y a pas encore de confirmation officielle de cette date. Embuild préconise des mesures d’accompagnement et des incitants pour les entreprises, comme une déduction fiscale.

Dossier de chantier Le dossier de chantier comprend tous les documents obligatoires qui doivent être conservés sur le chantier. Selon une étude du Service pour la Simplification Administrative (désormais intégré au SPF BOSA), la numérisation du dossier de chantier entraînerait une réduction des charges administratives. L’économie annuelle serait en moyenne de 12.800 € pour une petite entreprise de construction, de 12.400 € pour une entreprise moyenne et de 37.800 € pour une grande entreprise. Il est donc grand temps de développer concrètement la plateforme numérique prévue à cet effet dans le Plan pour une Concurrence Loyale de 2015.

Enregistrement des présences Les entreprises de construction sont soumises à des procédures concernant, d’une part, la déclaration de leurs chantiers (par l’entrepreneur principal) et, d’autre part, l’enregistrement

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de la présence sur le chantier (par les sous-traitants, en d’autres termes, l’enregistrement sur le lieu de travail). Les anomalies qui existent entre les deux bases de données - qui sont liées l’une à l’autre – telles que l’enregistrement de la présence de sous-traitants qui ne sont pas encore repris dans la déclaration de chantier, devraient pouvoir être résolues par des notifications automatiques via l’ONSS. Une synchronisation entre les deux bases de données est nécessaire.

Un identifiant visuel pour chaque travailleur Tant dans le cadre de la lutte contre le dumping social que dans celui du renforcement de la sécurité sur les chantiers, il est essentiel de pouvoir identifier facilement les personnes qui sont présentes. Le Construbadge devrait être intégré dans la législation sur le bien-être au travail et être rendu obligatoire.

Building Information Modelling La promotion du BIM dans les marchés publics est une étape nécessaire pour promouvoir la numérisation. Cette mesure devrait prendre en compte les coûts supplémentaires de la phase de conception (compensés par les coûts moindres de la phase d’exécution) et le contrôle de la qualité des modèles de conception avant la phase d’exécution. Pour que le BIM reste accessible, la loi devrait explicitement interdire aux pouvoirs adjudicateurs d’imposer un logiciel BIM spécifique, à moins que le logiciel ne soit mis à disposition gratuitement par le pouvoir adjudicateur sous la forme d’une licence.

Soutenir la recherche et l’innovation Notre pays figure parmi les leaders mondiaux en matière d’innovation grâce à des investissements massifs dans la recherche et le développement (R&D). À cet égard, Buildwise, Volta et le CRR, les trois centres de recherche du secteur de la construction, jouent un rôle crucial. Il est donc nécessaire de soutenir ces centres, notamment en maintenant le régime fiscal favorable de l’exonération du précompte professionnel pour les chercheurs.

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FÉDÉRAL

Collaboration entre l’entrepreneur et l’architecte Il existe différentes formes contractuelles de collaboration intégrée, telles que DB (Design & Build), DB(F)M (Design Build (Finance) Maintenance), DB(F)MO (Design Build (Finance) Maintain Operate), Bouwteam et PPP (Partenariat Public-Privé). Une telle collaboration intègre les connaissances en matière de conception et d’exécution, à un stade très précoce. Lorsqu’on travaille avec le BIM, cette intégration est encore plus poussée. Cela présente de nombreux avantages, mais dans la pratique, cela crée une situation complexe pour un architecte. Pour préserver son indépendance, il lui est également interdit de cumuler son métier avec celui d’entrepreneur. Afin de ne pas manquer les opportunités de collaboration intégrée entre l’entrepreneur et l’architecte à l’avenir, l’article 6 de la Loi du 20 février 1939 sur les architectes devrait être assoupli.

Des relations équilibrées dans la chaîne Ces dernières années, nous avons régulièrement été confrontés à des crises qui ont également un impact considérable sur l’activité du secteur. Elles compliquent l’exécution des projets et mettent à rude épreuve la trésorerie des entreprises. Il est donc primordial de préserver la liberté contractuelle de chaque entreprise de demander des acomptes raisonnables, plus particulièrement dans le cadre du préfinancement des matériaux, du travail sur mesure et du risque de ne pas être payé par le client. Le respect de délais de paiement raisonnables est également très important pour préserver la liquidité des entreprises. Etant donné que les entreprises du secteur exécutent souvent des contrats privés et des contrats publics (éventuellement en tant que sous-traitants), les règles de paiement devraient être alignées et donc identiques dans les relations entre professionnels (B2B) et avec un pouvoir adjudicateur (B2PA). Enfin, il convient de noter que, dans la pratique, l’entrepreneur doit régulièrement intervenir pour effectuer une réparation parce que les produits sont défectueux. Concrètement, cela signifie beaucoup plus pour l’entrepreneur que le simple remplacement du produit défectueux, car il doit également supporter des frais de transport et de main-d’œuvre. Malheureusement, ces coûts ne sont pas pris en charge par

le vendeur professionnel des matériaux, dans le cadre de sa garantie. Une enquête approfondie devrait être menée pour élaborer un cadre juridique à cet égard, qui introduirait un droit de recours équilibré, ce qui n’est pas le cas actuellement.

La taxonomie Avec la taxonomie, la Commission européenne vise à classer l’impact environnemental des activités économiques. Les institutions financières peuvent utiliser cette taxonomie pour définir la durabilité de leurs investissements. Les entreprises peuvent faire de même avec leurs activités. L’objectif final est de promouvoir les investissements qualifiés de durables. Depuis le 1er janvier 2022, les entreprises employant plus de 500 personnes et dont le chiffre d’affaires est supérieur à 40 millions d’euros (ou dont le total du bilan est supérieur à 20 millions d’euros) sont tenues d’inclure, dans leur rapport annuel, des informations sur la partie de leurs activités éligibles à la taxonomie. Depuis le début de cette année, elles sont également tenues de définir des indicateurs de performance pour ces activités. Progressivement, cette obligation sera étendue aux institutions financières, ainsi qu’aux entreprises de plus de 250 travailleurs. En juin 2020, un règlement européen a été adopté pour fixer les grandes lignes de la taxonomie. Moins d’un an plus tard, la Commission européenne a ensuite déterminé les critères climatiques précis. Ceux-ci définissent les conditions qu’une activité économique doit remplir pour être durable. On peut, par exemple, en déduire le nombre de matériaux recyclés nécessaires pour qu’un bien immobilier soit qualifié de durable, selon la taxonomie. La Commission élabore actuellement les critères environnementaux. L’introduction d’un cadre belge de financement durable permettra non seulement d’attirer des capitaux publics et privés pour les investissements nécessaires à la décarbonisation, mais aussi de renforcer les investissements fédéraux durables. Pour que le cadre belge de financement durable soit un succès, il est primordial que les critères permettant de considérer une activité économique comme durable soient en phase avec ceux définis au niveau européen. De plus, ils doivent être adaptés aux réalités techniques et économiques du secteur. Ils doivent donc être élaborés en étroite concertation avec ce secteur.

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DOSSIER

« L’innovation doit permettre une réindustrialisation compétitive de la Wallonie » L’innovation dans la chaîne de construction est l’une des priorités d’Embuild Wallonie. Pour Hugues Kempeneers, son directeur général, les marchés publics et la réindustrialisation de la Wallonie doivent être une source d’innovation, le Cahier des Charges Type Bâtiments (CCTB) un outil et le Plan de Relance de la Wallonie, entre autres, une opportunité.

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nnover. Ce terme peut concerner plusieurs dossiers dans le secteur. Selon Hugues Kempeneers, l’innovation doit être soutenue dans quatre thématiques de la chaîne de construction wallonne.

La première concerne le début de cette chaîne : les marchés publics. « Le SPW a élaboré sa stratégie de la commande publique. L’objectif est de travailler, conscientiser et former aussi bien les acheteurs que les entreprises à passer des marchés publics durables. Ces commandes publiques peuvent être sources d’innovation, aussi bien dans le choix des matériaux utilisés que les techniques à mettre en œuvre. Je citerai l’exemple de Reno+, un projet qui vise à massifier la rénovation du bâti wallon. Il s’agit d’une innovation, dans laquelle Embuild Wallonie est impliquée, pour accélérer la rénovation du parc de logements vieillissants, en vue d’atteindre la neutralité carbone en 2050 », explique Hugues Kempeneers. « Actuellement, le rôle de l’entrepreneur est en aval dans la commande publique. Il doit impérativement remonter le plus en amont possible. L’entrepreneur ne doit plus être un simple exécutant final, il doit participer au processus décisionnel et apporter son expertise dès le début de la commande publique. Nous insistons sur ce point », souligne le directeur général d’Embuild Wallonie.

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Industrialisation Deuxième thématique abordée par le directeur : l’industrialisation. « J’évoque souvent les chiffres du taux de fuite quand j’aborde ce thème. En Wallonie, sur 100 € générés dans la construction, 41 € profitent à l’économie wallonne et 59 € partent ailleurs, en Flandre, à Bruxelles ou à l’étranger. En Flandre c’est l’inverse, 60 € profitent à l’économie flamande et 40 € partent ailleurs. Nous devons aussi être capables d’atteindre ces chiffres dans le sud du pays et l’innovation doit permettre une réindustrialisation compétitive de la Wallonie. En amont, il y a le développement des matériaux locaux et biosourcés. La Wallonie avance déjà bien en la matière et possède beaucoup de ressources, mais elle peut encore aller plus loin. J’évoquerai aussi tout ce qui concerne le off-site et la préfabrication. Le secteur de la construction wallonne doit se positionner comme un hub dans le off-site, afin que toute cette expertise puisse s’exporter assez facilement. En aval, il faut aussi encore davantage développer les filières de recyclage et de tri. »

CCTB Selon le directeur général d’Embuild Wallonie, le Cahier des Charges Type Bâtiments (CCTB), troisième thématique, est l’outil qui doit permettre d’innover dans les deux premiers thèmes cités. « Les autorités wallonnes doivent aussi mener une politique d’innovation dans ce domaine. Il faut absolument revoir ce cahier des charges type et le rendre plus souple et facile d’utilisation, tant pour les prescripteurs (maîtres d’ouvrage) que pour les entrepreneurs exécutant les travaux. L’ensemble des clauses doit évoluer plus rapidement et en adéquation avec les nombreuses modifications réglementaires, notamment pour tendre vers les objectifs environnementaux, sociétaux et énergétiques de la Wallonie.

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EMBUILD WALLONIE

Nous demandons une mise à jour plus agile du CCTB, ainsi qu’une utilisation et un suivi par les pouvoirs adjudicateurs plus systématiques. Vu sa complexité, le dossier n’avance malheureusement pas assez vite. Nous le déplorons et continuons sans relâche à mener ce combat », explique Hugues Kempeneers.

Plan de Relance de la Wallonie Enfin, il fait référence aux différentes opportunités qui doivent donner la possibilité d’innover dans la construction wallonne. « Je pointerai tout d’abord les différents plans de relance mis en place sous l’impulsion de l’Union européenne. Cette manne d’argent importante doit permettre au secteur de soutenir et encourager l’innovation. C’est une opportunité que les autorités doivent absolument saisir. » Soulignons, notamment, à ce sujet qu’un budget de 190.000 € est prévu dans le programme d’actions prioritaires numéro deux (PAP 2) du Plan de Relance de la Wallonie pour faciliter l’accès des PME/TPE aux marchés publics et les former, comme évoqué au début de cet article. Dans notre édition du mois de novembre dernier, où l’on consacrait un dossier sur les plans de relance, Noël Dessard, le chef de cabinet-adjoint d’Elio Di Rupo, expliquait que, entre autres grâce au plan de

relance : « la Wallonie menait une politique économique et industrielle forte et durable dans le contexte plus global de la stratégie wallonne relative à la commande publique. » Il soulignait aussi que la Région wallonne avançait bien dans le domaine grâce, notamment, à la collaboration d’Embuild Wallonie. Le plan de relance wallon n’est pas la seule opportunité d’innovation. « La taxonomie, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et le DNSH (Do no significant harm) sont aussi des opportunités qui doivent pousser les autorités publiques à repenser leur manière de travailler pour assurer un « verdissement » des marchés publics », précise encore le directeur de notre entité régionale wallonne. Pour plus d’informations au sujet de la taxonomie et de la CSRD, nous vous renvoyons aux pages 24-26 du numéro de novembre d’Embuild Magazine.

Conclusion Voici donc, selon le directeur général d’Embuild Wallonie, les quatre axes de travail pour soutenir l’innovation dans le secteur de la construction wallonne. « Les marchés publics et la réindustrialisation doivent être une source d’innovation, le Cahier des Charges Type Bâtiments un outil et le Plan de relance de la Wallonie, entre autres, une opportunité », conclut Hugues Kempeneers.

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« Actuellement, le rôle de

l’entrepreneur est en aval dans la commande publique. Il doit impérativement remonter le plus en amont possible.

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DOSSIER

« Nous demandons une réforme complète du système Osiris ! » Pour Jean-Christophe Vanderhaegen, le directeur général d’Embuild.Brussels, les autorités bruxelloises doivent innover dans trois domaines importants pour le secteur : l’environnement et l’énergie, la logistique et la numérisation. Il nous explique ce que notre entité régionale bruxelloise attend du prochain gouvernement régional en matière d’innovation.

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ans la première thématique environnement et énergie, Jean-Christophe Vander­ haegen pointe directement

l’importance d’accélérer la rénovation du bâti dans la Région de Bruxelles-Capitale. « Renolution.brussels a a­tteint un bon rythme de croisière et nous demandons au prochain gouvernement de poursuivre cette stratégie », indique-t-il. « Il faut non seulement la poursuivre mais aussi l’intensifier et arriver à une plus grande massification de cette rénovation. Pour y parvenir, il faut innover et trouver des systèmes financiers innovants. Dans ce contexte, l’enjeu de l’emploi et de la formation reste également fondamental pour avoir suffisamment d’entreprises et de travailleurs pour réaliser ces ambitions énergétiques. Le travail important déjà réalisé par Construcity.brussels dans ce domaine, notamment dans le cadre de Renolution, est à souligner positivement et à continuer. » Embuild.Brussels travaille actuellement sur un projet de massification de cette rénovation. « Nous nous inspirons de Reno+ en Wallonie et nous collaborons avec Buildwise à ce sujet. Nous allons bientôt soumettre ce projet au gouvernement bruxellois, dans le cadre de Renolution. L’intensification de cette rénovation est capitale, si on veut atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050. En Région de Bruxelles-Capitale, le chauffage des bâtiments résidentiel et tertiaire totalise à lui seul 57 % des émissions de CO2. Entre 2004 et 2021, les différentes politiques mises en place par la Région, et mises en œuvre par le secteur, ont permis de diminuer les émissions de 32 %, alors que la population bruxelloise a augmenté de 22 % et que le parc de bâtiments résidentiels a progressé de 5 %. »

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Circularité Toujours dans cette première thématique, le directeur général d’Embuild.Brussels aborde la circularité, avec une demande très précise. « Actuellement, en matière de réemploi, on cherche des matériaux sur une plateforme : l’urban mining. C’est du réemploi par opportunité. J’aimerais que nous passions de l’urban mining à l’urban harvesting. Il s’agit d’une plateforme, gérée par la Région ou les communes, qui permettrait d’avoir une identification et une prévision de tous les bâtiments à démolir ainsi que les matériaux de réemploi qui s’y trouvent. Cela permettrait de mieux structurer toute cette économie circulaire et ce réemploi à Bruxelles », explique Jean-Christophe Vanderhaegen. Il demande aussi au prochain gouvernement de poursuivre Build Circular, le programme qui a déjà permis d’accompagner plus de 650 entreprises pour encourager les pratiques circulaires, à Bruxelles. « Il faut continuer ces accompagnements tout en innovant. La construction circulaire et durable bruxelloise est reconnue à l’international. Les compétences des entreprises bruxelloises dans le domaine sont très souvent mises en avant lors des missions économiques, notamment lors de la dernière en Australie, emmenée par la princesse Astrid et le ministre-président de la Région Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort. Nous pouvons et devons donc encore aller plus loin. »

Logistique Deuxième thème abordé : la logistique. Avec deux axes sur lesquels il est important d’innover, selon le directeur général d’Embuild.Brussels : la mobilité et le système Osiris. « Pour le premier axe, nous avons engagé une conseillère mobilité, logistique et sécurité routière pour

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EMBUILD.BRUSSELS

Nous «demandons

de revoir complètement le système Osiris, qui est devenu le pire cauchemar des entreprises de construction à Bruxelles.

»

accompagner nos membres à ce sujet. Nous travaillons en étroite collabora­tion avec Bruxelles Mobilité, dans le cadre du « Green Deal Logistique ». Nous souhaitons poursuivre ce projet afin que les entreprises de construction diminuent leurs émissions et augmentent leur productivité. Le thème de la Summer University que nous avons organisée en septembre dernier était d’ailleurs « Optimaliser la construction grâce à la logistique : pourquoi et comment ? ». La journée était consacrée aux défis logistiques sur les chantiers et aux solutions innovantes pour les améliorer. Un entrepreneur du secteur a, par exemple, expliqué la logistique mise en place pour construire la plus haute tour du Benelux. C’était très instructif. » Second volet du chapitre consacré à la logistique : le système Osiris. Pour rappel, il s’agit de la procédure via laquelle un entrepreneur doit déclarer un chantier, si celui-ci a un impact sur la voie publique, à Bruxelles. « Nous demandons de revoir complètement le système Osiris, qui est devenu le pire cauchemar des entreprises de construction à Bruxelles. Nous voulons notamment exclure de ce système les chantiers qui n’ont pas d’impact sur la mobilité. La ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt, est d’accord avec nous, mais ça freine au niveau de l’administration. Ce système doit également être plus fluide et mieux réfléchi. Il est tellement compliqué à utiliser que, dans certaines entreprises, ils ont dû engager des personnes rien que pour l’encodage des chantiers dans ce système. Tout cela contribue artificiellement à l’augmentation des coûts de la construction bruxelloise et diminue l’accessibilité du logement au plus grand nombre. », explique Jean-Christophe Vanderhaegen.

Numérisation Enfin, la numérisation est la dernière thématique évoquée par le directeur d’Embuild. Brussels. « La délivrance des permis est très lente à Bruxelles, par rapport aux deux autres Régions. C’est un problème car ça ralentit l’activité dans notre secteur. Il faut accélérer cette procédure. Comment ? Il faut davantage numériser les permis de bâtir. Actuellement, cela fonctionne avec des fichiers PDF. Nous voulons aller plus loin. Il faut qu’on puisse rentrer les permis en BIM. On pourrait même imaginer que l’intelligence artificielle puisse alors gérer la conformité de ces permis au point de vue de la technique et que le fonctionnaire

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se concentrerait uniquement sur les aspects où il a une valeur ajoutée. Nous travaillons avec Urban et le cabinet de la Secrétaire d’Etat, Ans Persoons, pour accélérer la délivrance de ces permis, en incluant au maximum les nouvelles technologies. » La numérisation renvoie aussi au développement des smart buildings (bâtiments intelligents) et des smart cities (villes intelligentes). Un smart building utilise des technologies connectées à internet pour améliorer la performance, l’efficacité énergétique, la sécurité et le confort de ses occupants. Les bâtiments intelligents utilisent notamment des systèmes de contrôle automatisés pour surveiller et gérer l’éclairage, le chauffage, la climatisation, la ventilation, la sécurité, et d’autres systèmes de bâtiments. Les smart cities sont des villes qui utilisent les technologies de connectivité d’internet pour améliorer la qualité de vie de leurs habitants, favoriser l’innovation au niveau économique, optimiser les ressources et réduire leur empreinte carbone. Elles connectent les différents systèmes et infrastructures urbaines, permettant ainsi une gestion plus efficace et durable de la ville. « Embuild.Brussels propose de développer la thématique des smart buildings et des smart cities au sein de l’alliance Renolution. Elle propose aussi de favoriser la création d’une plateforme d’échange pour désiloter les discussions et les visions sur le smart en Région de Bruxelles-Capitale. »

Conclusion Embuild.Brussels demande donc de l’innovation dans pas mal de thématiques. « Sans oublier l’innovation dans la formation. Notre futur centre d’excellence construction à Berchem-Sainte-Agathe sera très important à cet égard. Selon une étude de Buildwise et KPMG, la « war for talent » est l’une des dix grandes tendances du secteur dans les années à venir. Cette recherche de talents doit être déclinée en formations et le Pôle Formation Emploi devra miser sur le numérique pour former aux exosquelettes, aux drones, au BIM…et avoir une approche innovante. Toutes ces innovations sont importantes pour faire progresser notre secteur, tout en nous inscrivant dans des visions sociétale et environnementale, en collaboration avec les autorités. À Bruxelles, on aime parler de cocréation avec la Région », conclut Jean-Christophe Vanderhaegen.

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DOSSIER

Pour une Flandre à l’épreuve du temps ! Dans la perspective de l’année électorale 2024, Embuild Vlaanderen a rédigé son cahier de revendications. L’innovation y joue un rôle important. Mais nos entreprises ne pourront développer leur potentiel dans ce domaine que si la politique le leur permet. Heureusement, le prochain gouvernement aura de nombreux leviers à sa disposition. Examinons ce qu’il devra faire, en commençant par l’économie circulaire.

L

es matières premières se raréfient, les matériaux se renchérissent, les montagnes de déchets ne cessent de croître. L’importance d’une économie aussi circulaire que possible va croissant. Embuild Vlaanderen demande la mise en œuvre d’une politique réfléchie concernant les matériaux lors de la prochaine législature. Le secteur de la construction joue un rôle crucial à cet égard, puisqu’il est responsable de 50 % des flux de matériaux et de 37,1 % de la production de déchets (chiffres : Vlaanderen Circulair). Le secteur flamand de la construction recycle déjà 90 % des déchets de construction et de démolition. Mais il s’agit encore trop souvent d’applications de faible valeur. Seuls 8 % des matériaux de construction usagés sont mis en œuvre à des fins similaires ou de grande valeur. Selon Embuild, il faut encourager la préservation, l’entretien, la rénovation et la mise aux normes de l’efficacité énergétique des bâtiments et structures existants. En Flandre, un bâtiment a en moyenne 60 ans lors de sa démolition. La durée de vie techniquement possible est largement plus élevée. Embuild Vlaanderen demande également aux pouvoirs publics de s’engager en faveur d’instruments susceptibles d’accélérer la transition vers une économie circulaire de la construction. Il s’agit notamment du BIM, des passeports de matériaux et des places de marché (numériques) pour les éléments de construction. Les marchés publics doivent encourager les choix circulaires en mettant en avant des critères tels que la conservation et la réutilisation. Actuellement, les autorités se concentrent encore souvent sur le prix le plus bas.

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Accord sur le béton Le secteur de la construction a lancé l­’Accord flamand sur le béton. Il s’agit d’une initiative de Embuild Vlaanderen, Build­wise, GBV asbl (Groen Beton Vert), Fedbeton et VSOR (une association d’entreprises de démolition, de démantèlement et de recyclage). Les partenaires de l’accord veulent encourager les projets de béton circulaires et lever les obstacles administratifs et techniques. Plus de 80 entreprises, organisations, autorités flamandes et locales ont signé l’accord. Mais il doit à présent faire l’objet d’un suivi et d’une évaluation. Cela peut être fait par une instance publique, mais aussi par une nouvelle entité. Embuild Vlaanderen met en avant le Département de la Mobilité et des Travaux Publics ou l’Agence des Routes et du Trafic. Par ailleurs, l’Autorité flamande doit prescrire plus souvent du béton vert ou circulaire dans les appels d’offres et encourager l’utilisation de techniques de béton innovantes.

Soutien à l’innovation La VLAIO (l’agence flamande pour l’innovation et l’entrepreneuriat) soutient et encourage l’innovation et l’esprit d’entreprise des sociétés. Mais l’évaluation réalisée en 2020 montre que très peu de subventions de la VLAIO sont accordées à des entreprises de construction. Comment l’expliquer ? Les entreprises de construction ne développent généralement pas de nouveaux produits. Elles innovent plutôt dans les processus et les services. Pour Embuild, la VLAIO doit s’efforcer de trouver un bon équilibre entre l’innovation en matière de produits, de processus et de services. Le secteur combine souvent des techni-

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« EN TANT QUE SERVICE » N’A TOUJOURS PAS DE CADRE JURIDIQUE Pour faire de la construction circulaire la norme et maximiser la valorisation des matériaux, une stratégie pourrait consister à proposer des produits « en tant que service ». Dans un tel monde, les producteurs ne vendent plus des produits, mais offrent des services liés à ces produits. Toutefois, le cadre juridique nécessaire en la matière n’est pas encore au point.


EMBUILD VLAANDEREN

TOIT CLIMATIQUE FLAMAND Suivant l’exemple de l’Accord flamand sur le béton, Embuild Vlaanderen soutient le développement d’une charte pour le Vlaams Klimaatdak (toit climatique flamand). De nombreux progrès restent à faire en matière de durabilité concernant les toits flamands. En outre, les toits verts contribuent également à réduire les effets d’îlot de chaleur et à améliorer la qualité de l’air.

ques adaptées à un projet spécifique. Il s’agit d’une innovation de processus, que la VLAIO devrait mieux soutenir, car cela permet à nos entrepreneurs d’en faire plus avec la main-d’œuvre disponible. L’innovation en matière de services crée à son tour des opportunités pour de nouveaux modèles d’entreprise, à travers lesquels le secteur ne se contente pas de livrer des bâtiments, mais fournit également des services liés à ces derniers. Il convient également de soutenir davantage les matériaux de construction biosourcés et le développement d’un environnement durable, vert et bleu (eau), dans le cadre de vie et de travail.

BIM pour les marchés publics Embuild Vlaanderen préconise l’introduction progressive du BIM dans les marchés publics. La « Facilitair Bedrijf » de l’Autorité flamande fait déjà figure de pionnière dans ce domaine. Cette approche doit maintenant être étendue aux collectivités locales et aux autres gestionnaires publics de bâtiments. La méthode traditionnelle de passation des marchés met trop l’accent sur le prix. La mise en œuvre du BIM dans les marchés publics devrait être incluse dans la méthode de passation des marchés et faire partie des critères d’attribution, avec une compensa­tion appropriée prévue par le pouvoir adjudicateur. Cela engendre des surcoûts initiaux, mais il convient de prendre en compte les effets d’amortissement au cours du cycle de vie.

Mettre l’accent sur le Design & Build et les Bouwteams

INFO : Ce texte est basé sur le

Embuild Vlaanderen est un fervent défenseur des Bouwteams, car toutes les connaissances et l’expertise spécialisées de l’entrepreneur peuvent y être mises à profit. L’essence des Bouwteams est d’impliquer les exécutants le plus tôt possible dans le processus préparatoire à la réalisation d’un ouvrage.

rapport de vision 2023 d’Embuild Vlaanderen. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur www.embuild-

vlaanderen.be.

Partenariats publics-privés (PPP) Les Bouwteams sont souvent associées à des approches telles que Design & Build (D&B), Design, Build, Maintain (DBM) et Design,

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Build, Finance, Maintain (Operate) (DBFM(O)). En 2019, Embuild Vlaanderen a conclu la charte PPP avec le Gouvernement flamand et la charte ESCO avec la Vlaams Energiebedrijf (société flamande de l’énergie). Les principes de la charte PPP sont la base d’une structuration adéquate d’une formule Design & Build. Leur application à des projets plus vastes et plus complexes est profitable aux pouvoirs publics, aux partenaires privés et, enfin et surtout, à la société. Embuild Vlaanderen demande à nouveau aux pouvoirs publics d’investir davantage dans des projets PPP équilibrés.

Demandes de permis En ce qui concerne les permis, il faut poursuivre la mise en œuvre de la numérisation et l’automatisation. Les architectes, les bureaux d’études et les entrepreneurs demandent que le BIM soit intégré dans la procédure. La visualisation en 3D d’un projet procure des avantages en termes de communication, par exemple avec les comités de quartier. Mais un BIM peut également simplifier le processus d’attribution, car les critères peuvent être examinés de manière (semi-) automatique dans le modèle.

Numérisation

Le concept de maison communale numérique est également un élément important lié à la numérisation. Les citoyens et les entreprises peuvent y envoyer des avis, des documents et des demandes, mais aussi consulter et télécharger des documents. La création d’une Vlaams Datanuts­bedrijf (société flamande de services publics de données) - sous la marque athumi - et plus particulièrement la création d’une Vastgoed Informatie Plaform (plateforme d’informations immobilières) pourrait accélérer les transactions immobilières. Le Woningpas numérique (passeport énergétique numérique en Flandre) doit comporter plus de données. Les acheteurs seront ainsi mieux informés des besoins de rénovation et des lacunes des bâtiments mis en vente. Les entrepreneurs bénéficieraient également d’une plus grande disponibilité numérique des informations relatives au sol : conduites, câbles, etc., mais aussi des données relatives à l’eau.

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SECTEURS & MÉTIERS

Comment verdir les installations de chauffage et d’eau chaude sanitaire ? Le 20 octobre dernier, la cellule Energie d’Embuild Wallonie, en collaboration avec Techlink et Energie Commune, et avec le soutien de la Wallonie, a organisé une conférence intitulée « Transition énergétique dans le bâtiment : comment verdir les installations de chauffage et d’eau chaude sanitaire et se passer des énergies fossiles ? », dans le cadre du salon Batireno Energie & Habitat, qui s’est déroulé à Namur Expo. Embuild Magazine a assisté à cette conférence.

E

n guise d’introduction, Nicolas Spies, conseiller Energie et Qualité chez Embuild Wallonie, a notamment expliqué deux raisons majeures qui poussent les pouvoirs publics à accélérer la transition énergétique en matière de rénovation énergétique des bâtiments et de diminution de nos consommations d’énergies fossiles. « La première est l’explosion des coûts de l’énergie. Pour une habitation wallonne moyenne, la facture d’énergie, chauffage et électricité, a été multipliée par 2,5 en moins de 20 ans, passant de 1520 €/an en 2004 à 3778 €/an en 2022. Et la seconde est la question climatique avec les objectifs de l’Energy Road Map 2050 qui visent à diminuer de 80 % les émissions de CO2 en Europe. Les bâtiments résidentiels et non résidentiels représentent respectivement 16 % et 4 % des émissions totales de gaz à effet de serre », a-til souligné.

ACER et PACE 2030 Il a aussi rappelé l’existence de l’Alliance Climat-Emploi-Rénovation et du Plan Air Climat Energie (PACE 2030), adopté le 21 mars 2023 par le Gouvernement wallon. « Ce plan définit des objectifs mais n’est pas encore contraignant. Il prévoit notamment un calendrier prévisionnel des obligations de rénovation. La moyenne PEB actuelle des bâtiments wallons est F et l’objectif 2050 est le label A. À partir du 1er juillet 2026, un nouveau propriétaire aura cinq ans pour amener son logement au label E. Ce PACE 2030 prévoit aussi un calendrier

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de sortie des énergies fossiles. Les systèmes de chauffage à mazout ou charbon seront interdits dans les bâtiments neufs à partir du 1er mars 2025 et à partir du 1er janvier 2026, dans les bâtiments existants. Pour le gaz, un calendrier est en cours d’élaboration », a-t-il expliqué. « Pour aider les citoyens dans cette transition, il existe notamment les aides à la rénovation, comme les primes, les prêts à taux 0 % et les réductions d’impôt pour les travaux d’isolation de toiture. D’autres actions portées par l’ACER permettent également de faciliter et d’accélérer la rénovation énergétique des logements. » Face à ce défi climatique, le secteur des installations va devoir aussi s’adapter. Techlink (fédération des installateurs électriciens, HVAC et sanitaire) a élaboré un programme d’avenir pour l’écosystème des installations multifonctionnelles : le LINK 2030. Cet écosystème des installations multifonctionnelles se compose de plusieurs acteurs étroitement liés : fabricants, importateurs, distributeurs, installateurs et sociétés actives dans la maintenance technique et la gestion de l’énergie (électronique, chauffage, éclairage, sécurité, etc.). Les transformations du secteur portent tant sur la technologie des installations que sur l’expertise, les conseils et l’accompagnement des professionnels.

Techlink

Lors de sa prise de parole, Georges Gronsfeld, conseiller technique chez Techlink, a immédiatement précisé que « le PACE 2030

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Pour une «habitation

wallonne moyenne, la facture d’énergie, chauffage et électricité, a été multipliée par 2,5 en moins de 20 ans.

»


BATIRENO ENERGIE & HABITAT/TRANSITION ENERGETIQU E

De g. à dr., Nicolas Spies (Embuild Wallonie), Georges Gronsfeld (Techlink) et Benjamin Wilkin (Energie Commune).

est une très grande déclaration d’intention mais la seule certitude actuelle est la sortie du mazout en 2025 pour les bâtiments neufs. » Il a ensuite détaillé les cinq solutions techniques principales pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. « Le choix d’un moyen de production de chaleur dépend de nombreux facteurs, notamment vos besoins en chauffage et eau chaude sanitaire, vos préférences énergétiques et leur disponibilité en quantité et qualité suffisantes, vos contraintes budgétaires et environnementales et les réglementations nationales et locales. Il est conseillé de consulter un professionnel et de faire des recherches approfondies si nécessaire pour choisir le système et la technologie qui conviennent le mieux à votre situation. »

Cinq solutions La première solution de générateur de chaleur présentée est le chauffe-eau à bois ou à granulés, un système qui utilise la combustion du bois ou des granulés de bois pour chauffer l’eau. « Il est écologique, mais nécessite un approvisionnement constant en combustible », a précisé le conseiller de Techlink. La deuxième est la pompe à chaleur air/ eau, un système qui utilise l’énergie électrique ou du gaz et capable de chauffer l’eau chaude sanitaire et l’eau de chauffage. La combinaison avec d’autres générateurs de chaleur est également possible. « La pompe à chaleur est une méthode efficace et économe en énergie par rapport au chauffe-eau électrique traditionnel, mais son efficacité dépend de divers acteurs. Une évaluation professionnelle est recommandée avant l’installation. » Troisième option : la chaudière centrale. « Elle fonctionne moyennant des combustibles classiques, gazeux ou liquides. La technique est connue depuis de longue date et fiable, mais nécessite un entretien périodique. Cette technique, et surtout les combustibles fossiles, sont appelés à disparaître, à la suite d’une volonté politique. » La combinaison chaudière et pompe à chaleur est la quatrième solution, un système désigné comme installation hybride ou bivalent biénergie. Deux systèmes et deux énergies. « Ce type de solution est assez populaire pour des cas de rénovation puisque les deux systèmes sont complémentaires. » Enfin, la dernière solution présentée con-

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cernait la combinaison chaudière à granulés de bois (pellets) et pompe à chaleur. « Il s’agit d’un système hybride. Les possibilités de combinaison sont multiples et permettent d’intégrer toutes sortes de générateurs de chaleur, voire même plusieurs. Un élément clé est la bonne conception du schéma hydraulique et de la régulation. Les conseils d’un bureau d’études spécialisé et/ou d’un installateur expérimenté sont certainement nécessaires », a conclu Georges Gronsfeld.

Energie Commune

Benjamin Wilkin, directeur d’Energie Commune (ex-APERe), une asbl qui accompagne les citoyens et collectivités (communes, écoles…) vers une transition renouvelable, a animé la dernière partie de cette conférence. Il a abordé la question suivante : comment peut-on consommer de manière intelligente ? « Avant, plus on produisait, plus on recevait des aides. La tendance change, on a maintenant intérêt à consommer au moment où l’on produit avec la logique d’autoconsommer au maximum l’énergie produite, calculée sur base du compteur communiquant, ou du partage d’électricité renouvelable, désormais possible, de pair à pair, au sein d’un même bâtiment ou un entre différents bâtiments. » Pour optimiser la production d’énergie renouvelable et l’autoconsommation individuelle au niveau chauffage, il existe principalement la biomasse sèche et humide/ cogénération (recommandées par Benjamin Wilkin), la pompe à chaleur aérothermique et géothermique. « Le solaire thermique et photovoltaïque sont moins efficaces dans nos régions pour couvrir les besoins de chauffage, car il y a une grande inadéquation entre les moments de besoin de chauffage et la quantité de soleil disponible à cette saison, l’hiver. » Pour l’eau chaude sanitaire, notons la pompe à chaleur aérothermique et géothermique, le solaire photovoltaïque (recommandé par le directeur d’Energie Commune car « 80 à 90 % d’autonomie annuelle, simple et pas cher »), la biomasse et le solaire thermique. Pour le partage d’électricité, nous vous renvoyons aux pages 32-33 de ce numéro, où nous expliquons l’AGW « Communautés d’énergie » adopté par le Gouvernement wallon le 17 mars 2023, avec une interview de Benjamin Wilkin à ce sujet.

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SECTEURS & MÉTIERS

Partager son énergie en Wallonie ? Aujourd’hui, c’est possible ! Partager son énergie est désormais possible en Wallonie. Sous l’impulsion de l’Union européenne, un cadre légal wallon entoure ce partage d’énergie, qui vise un triple objectif : économique, environnemental et social. Quatre formes principales de partage sont possibles. Explications.

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ous avez sans doute déjà entendu parler des communautés d’énergie et de l’autoconsommation individuelle ou collective ? Ces notions commencent tout doucement à faire leur apparition en Wallonie. C’est l’Union européenne qui encourage à l’adoption de nouvelles formes de partage d’énergie. Elle a d’ailleurs adopté la directive « marché » 2019/944 et la directive « renouvelable » 2018/2001. Celles-ci introduisent de nouveaux concepts dont notamment la possibilité de développer de nouvelles formes de partage d’énergie. Un décret a été publié au Parlement wallon en mai 2022 et l’Arrêté du Gouvernement wallon, adopté le 17 mars 2023, a été publié au Moniteur belge le 28 septembre dernier. Il est entré en vigueur le 8 octobre.

Triple objectif L’objectif de ce partage d’énergie est triple. Tout d’abord, il est économique car il pourrait permettre de réaliser des économies individuelles et d’échelle au niveau des installations. Cela facilitera l’alimentation en énergie renouvelable des logements existants pour lesquels l’environnement direct présente un faible potentiel de production d’énergie renouvelable. Le partage d’énergie aidera donc aussi à atteindre les objectifs d’amélioration énergétique des bâtiments existants, objectif prioritaire porté par l’ACER, l’Alliance Climat-Emploi-Rénovation. Il est environnemental car il entraîne une meilleure intégra-

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tion de la production d’électricité renouvelable décentralisée et une limitation de la mobilisation du réseau et un rôle actif des prosumers et consommateurs ainsi qu’une modification des habitudes de consommation. Enfin, il est social car ce partage offre la possibilité aux locataires et ménages précarisés d’accéder à l’énergie renouvelable.

Quatre formes de partage Le décret prévoit quatre formes de partage d’énergie : l’autoconsommation collective au sein d’un même bâtiment, l’échange de pair à pair entre deux clients actifs, la communauté d’énergie citoyenne (CEC) et la communauté d’énergie renouvelable (CER). Dans tous ces cas de figures, les participants au partage d’électricité doivent être équipés d’un compteur communicant. Quelles différentes entre une CEC et une CER ? Pour la CEC, l’électricité ne doit pas nécessairement être produite à partir de sources d’énergie renouvelable. Le territoire est plus limité pour la CER que pour une CEC. Les membres de la CEC peuvent être des citoyens, autorités locales ou entreprises (petites, moyennes ou grandes). Pour ce qui concerne une CER, les participants peuvent être des citoyens, autorités locales ou petites entreprises (les moyennes et grandes entreprises pas). La communauté d’énergie doit être gérée par ses membres. Pour la CER, le contrôle est effectué par les participants situés à proximité des projets en matière d’énergie renouvelable auxquels la communauté a souscrit et qu’elle a élaborés.

INFO :

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nicolas.spies@embuild.be et https://energie.wallonie.be/


ÉNERGIE

« L’AGW clarifie certains concepts mais contient encore des lourdeurs administratives » Benjamin Wilkin est le directeur d’Energie Commune, une asbl qui accompagne les citoyens et collectivités vers une transition renouvelable. Il suit particulièrement la thématique du partage de l’énergie. Suite au nouvel AGW, nous avons dressé un état des lieux avec lui sur ce type d’opération en Wallonie.

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enjamin Wilkin, première question : que pensez-vous de ce nouvel AGW ?

Il était temps qu’on aboutisse à un cadre législatif sur le partage d’énergie. Ce nouvel AGW clarifie certains concepts, comme par exemple le périmètre d’une communauté d’énergie. C’était nécessaire. Mais malheureusement, il comporte encore des lourdeurs administratives que l’on espérait voir disparaître. Que voulez-vous dire ?

La thématique est complexe et le citoyen, mais aussi l’installateur, ont besoin de clarté. Or, cette complexité est toujours présente, les procédures d’autorisation sont toujours très lourdes et très détaillées. A ce sujet, il n’est pas normal qu’on doive demander l’autorisation de créer une communauté d’énergie au gestionnaire de réseau de distribution. C’est le régulateur, donc la CWaPE, et uniquement lui, qui devrait délivrer ces autorisations. Quels sont les freins qui persistent pour développer ce type de partage en Wallonie ?

Le premier concerne cette lourdeur administrative, qui entraîne une incertitude et un certain stress. Ensuite, les fournisseurs d’électricité ne sont pas assez considérés dans la chaîne. Par exemple, dans le cadre d’un partage d’énergie, les fournisseurs vont continuer à payer les frais d’usage du réseau, ce qu’on appelle la cascade tarifaire, y compris pour l’électricité qui est produite lors du partage. Cela peut générer des surcoûts répercutés sur le consommateur final. Un autre frein : la courbe quart horaire acquise via le compteur communicant. Elle devrait être transmise au fournisseur, dès lors que son client fait partie d’un partage d’électricité. Or, ce n’est pas le cas. Cette courbe informe sur le profil du consommateur, sur sa consommation par quart d’heure, et permet de mieux prévoir les besoins du client en électricité. Il y a aussi celui qu concerne les certificats verts, qui démontrent que cette pratique est renouvelable. Lors d’un partage d’électricité verte, il faut acheter des certificats verts

qui correspondent aux volumes partagés, alors que le partage ­d ’énergie est 100 % renouvelable. C’est absurde et cela entraîne encore des coûts supplémentaires. La loi n’a pas prévu, actuellement, d’exception pour une opération de partage. Estce un oubli législatif ? Enfin, il y a la fin de la compensation « compteur qui tourne à l’envers » pour toute nouvelle installation photovoltaïque, à partir du 1er janvier 2024. Votre asbl est aussi active à Bruxelles. Le partage d’énergie y est-il plus « avancé » ?

À Bruxelles, un décret est une ordonnance et tout a directement été intégré dans cette ordonnance. Cela va beaucoup plus vite. De plus, le régulateur a rapidement proposé une modification des tarifs avec quatre tarifs possibles dans les opérations de partage, qui se concentrent géographiquement. Aussi, il n’y a pas de rétribution des certificats verts et la cascade tarifaire inclut le gestionnaire du partage d’électricité, à l’inverse de la Wallonie, et le fournisseur reçoit la courbe quart horaire. Ce contexte engendre moins de surcoûts. J’aurai encore un mot sur les compteurs communicants. Ils sont peut-être plus développés à Bruxelles, mais une automatisation des échanges des données de ces compteurs reste à finaliser, et ce pour tout le pays. Dernière question, malgré votre regard critique légitime, comment voyez-vous le développement de telles opérations de partage en Wallonie ?

(Réflexion) Je ne sais pas. Actuellement, les conditions économiques et administratives sont moins favorables en Wallonie qu’à Bruxelles. Je crains qu’il y ait énormément d’engouement et beaucoup de déception, à très court terme. D’ici deux ans, je pense qu’il faudra encore s’armer de patience en Wallonie. Pourtant, sur le long terme, et c’est inéluctable, on a besoin d’une gestion locale de l’électricité. La future tarification du réseau, qui va démarrer en 2025, aura aussi une grande influence sur le développement de ces partages d’énergie.

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SECTEURS & MÉTIERS

« Le mécénat est le seul investissement dont le rendement est garanti » En Belgique francophone, Prométhéa promeut le mécénat culturel et patrimonial. Membre historique de cette association, Embuild souhaite encore renforcer ses liens et sensibiliser ses membres à l’importance de la responsabilité sociétale des entreprises. Nous avons réuni Nadia Abbès, la directrice de Prométhéa, et Hugues Kempeneers, le directeur général d’Embuild Wallonie, pour évoquer cette collaboration.

N

adia Abbès, pour nos membres qui ne vous connaissent pas encore très bien, pouvez-vous présenter Prométhéa ?

N.A. : Notre ASBL, fondée il y a 38 ans en 1985, est créatrice de ponts entre le monde économique et celui de la culture et du patrimoine. Nous sommes actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles et le seul acteur en Belgique à créer ces passerelles entre deux mondes qui se connaissent mal, mais qui ont beaucoup à s’apporter l’un et l’autre. Notre offre de services repose sur trois piliers : learning, linking et leading. Avec l’école du mécénat (learning), nous formons les opérateurs culturels. Nous accompagnons surtout de nombreuses entreprises à mettre en place leur stratégie d’engagement sociétal. L’axe « linking » nous permet de développer des partenariats innovants entre acteurs économiques et le secteur de la culture et du patrimoine. Enfin, avec « leading », nous travaillons à la reconnaissance d’un cadre légal incitatif qui permettrait à chaque entreprise d’avoir un impact et un avantage à soutenir le patrimoine. Comme Embuild, nous fonctionnons avec des membres. Nous en avons environ 140 dont 75 à 80 % actifs dans la construction. Embuild est membre chez nous et cette collaboration est importante et historique.

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Les liens qui unissent Prométhéa et Embuild sont donc très forts. H.K. : Effectivement. L’ancien CEO de l’ex-Confédération Construction, Robert de Mûelenaere, est d’ailleurs président de Prométhéa. Cela témoigne de l’intérêt du secteur pour le patrimoine et inversement. Ce partenariat doit aider les entreprises qui souhaitent s’investir dans la responsabilité sociétale, mais qui n’ont pas le temps ou les moyens. Prométhéa est là pour les aiguiller et les accompagner.

Comment se porte le secteur du mécénat après toutes ces crises ? N.A. : Il y a eu plusieurs séquences à toutes ces crises : sanitaire, énergétique et géopolitique. Avec l’augmentation des coûts de l’énergie, est ensuite apparue une crise sociale. Aujourd’hui, la société est en quête de sens. Du CEO au collaborateur, le secteur professionnel ne peut plus exister sans tenir compte de la nécessité d’incarner des valeurs et d’agir en conséquence. La guerre des talents, qui agite l’ensemble des opérateurs économiques, en est l’incontestable témoin. Le secteur de la cons­ truction est d’ailleurs particulièrement convaincu de l’importance de son impact sociétal. Offrir à la culture les moyens de s’exprimer tout comme préserver notre patrimoine sont plus que jamais essentiels comme ciment de la société.

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PROMÉTHÉA

Adhérer à Prométhéa ne signifie pas uniquement pratiquer le mécénat financier. Nadia Abbès, la directrice de Prométhéa (à g.), et Hugues Kempeneers, le directeur général d’Embuild Wallonie, ont évoqué leur collaboration.

H.K. : Oui, et c’est important de le souligner ! Quand on entend le mot mécénat, on a tendance à croire que cela ne concerne que l’investissement financier. Mais ce n’est pas le cas. Il y aussi le mécénat de compétences. Le secteur de la construction et ses entreprises peuvent aussi fournir des cols blancs et des cols bleus sur chantier pour aider à réaliser les projets patrimoniaux. La restauration du château de Lavaux-Sainte-Anne, lors des 20 ans de l’ex-CCW, est un bel exemple de mécénat de compétences. Autre point d’attention. J’entends souvent dire : « le mécénat, ce n’est pas pour moi, c’est pour les grandes entreprises ! ». C’est une erreur. Les PME, et même TPE, ont leur place chez Prométhéa pour réaliser des projets.

dans l’intérêt « Investir général constitue une stratégie gagnante. » N.A. : L’association a d’ailleurs développé sept collectifs d’entreprises mécènes qui permettent aux entreprises de fédérer leurs moyens. Quand dix entreprises offrent chacune 1.000 € pour un prix commun, cela permet d’avoir un impact décuplé. Sur nos sept collectifs, trois sont consacrés à la préservation ou à la valorisation du patrimoine bâti : Sambria à Charleroi, Wapithéa en Wallonie picarde, et enfin Patwal qui lui est actif dans toute la Région wallonne.

Parmi les projets patrimoniaux, citons celui de la rénovation des vitraux du Zénobe Gramme à Charleroi. N.A. : Il s’agit de vitraux classés patri-

moine exceptionnel par Valérie De Bue, la ministre du Patrimoine. Ils se trouvent dans le hall d’honneur du nouveau pôle universitaire de Charleroi. 80 % de cette restaura­ tion sont financés par les pouvoirs publics et pour les 20 % restants, nous cherchons des partenaires. Prométhéa lance une levée de fonds auprès des membres d’Embuild pour restaurer ces œuvres exceptionnelles. Quatre

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entreprises se sont déjà engagées et d’autres peuvent encore participer à cette initiative de sauvegarde du patrimoine. H.K. : Le projet Zénobe Gramme est très important, mais il en existe d’autres partout en Wallonie. Je pense aussi à la restaura­tion du cheval Bayard, à Namur, qui est aussi une œuvre patrimoniale exceptionnelle. Nos membres peuvent en trouver partout près de chez eux, c’est un bon moyen pour avoir un ancrage local et développer son image de marque afin d’attirer des gens dans son entre­prise. Le partenariat avec Prométhéa, c’est du win-win.

Depuis des années, les entreprises et leurs projets peuvent également remporter les Caïus de Prométhéa. N.A. : Ce concours récompense les entreprises engagées qui se distinguent par leurs partenariats innovants en faveur de la culture et du patrimoine. En 2023-2024, on célèbre la 30e édition. Il y a le Caïus de l’Entreprise Mécène de l’année, du Mécénat Culturel et du Mécénat Patrimoine. Cette année, il y aura aussi le prix du public pour le projet ayant récolté le plus de votes en ligne auprès du grand public. La remise des prix aura lieu au mois de mars 2024.

Hugues Kempeneers, un dernier message à adresser à vos membres dans le cadre de cette collaboration avec Prométhéa ? H.K. : Si une entreprise veut s’investir dans la responsabilité sociétale via le mécénat financier ou de compétences, Prométhéa est là pour les aider. Elles ne sont pas seules et peu importe leur taille. C’est aussi l’occasion pour elles de montrer leur savoir-faire sur des chantiers remarquables.

Et vous, Nadia Abbès, un mot pour conclure ? N.A. : Investir dans l’intérêt général constitue une stratégie gagnante. Cela permet de motiver les collaborateurs, d’attirer de nouveaux talents, de convaincre les clients et de réduire les coûts, tout en ayant un impact positif sur la collectivité. Prométhéa est là pour vous accompagner ! Rejoignez-nous en intégrant notre réseau d’entreprises à haute valeur sociétale.

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SECTEURS & MÉTIERS

Un réseau de facilitateurs pour promouvoir la construction circulaire Dans le cadre du Plan de Relance de la Wallonie, un réseau de facilitateurs en construction/rénovation durable et circulaire vient d’être lancé. Il s’agit d’une initiative du SPW soutenue par les ministres Valérie De Bue et Willy Borsus. Embuild Wallonie est partie prenante de ce réseau et salue cette aide précieuse pour la promotion de l’économie circulaire auprès de ses membres.

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ans l’actualité liée au secteur, les termes de circularité ou encore de réemploi reviennent très régulièrement. En effet, pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, la pratique de techniques de construction plus respectueuses de l’environnement est primordiale. En Belgique, selon le SPF Santé publique et environnement et les chiffres Eurostat 2019, le secteur de la construction et du bâtiment est responsable de 30 % des gaz à effet de serre émis et 37 % de l’énergie finale. Selon les chiffres 2020 de Statbel, il produit également 15 millions de tonnes de déchets, soit 35 % des déchets.

Répondre aux sollicitations INFO : Les questions peuvent dès à présent être envoyées aux facilitateurs par le biais de l’adresse e-mail suivante : facilitateurs. construction.durable@ icedd.be. Pour obtenir des renseignements sur le réseau des facilitateurs en construction/rénovation durable et circulaire, surfez sur le site : www.economie circulaire.wallonie.be/ fr/reseau-facilitateursconstruction

Au travers de nombreuses actions, et dans le cadre de sa stratégie de déploiement de l’économie circulaire Circular Wallonia, la Région wallonne œuvre à diminuer ces impacts sur notre environnement. C’est pourquoi le réseau des facilitateurs a été créé afin de répondre au mieux aux sollicitations des professionnels du secteur de la construction et des pouvoirs publics wallons, qui souhaitent s’inscrire dans une démarche plus responsable en matière d’émissions de gaz à effet de serre et, plus globalement, d’impacts environnementaux. « L’expertise et l’efficience d’un réseau de facilitateurs sont des avantages uniques offerts à tout acteur du secteur, qu’il soit maître d’ouvrage, architecte, entrepreneur ou encore auteur de projet », indique Hugues Kempeneers, le directeur général d’Embuild Wallonie.

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Assistance technique, juridique et financière Ce réseau permet d’apporter une assistance technique, juridique et financière. Au travers d’un helpdesk, il met gratuitement ses experts à disposition pour répondre aux besoins de tous les acteurs de la chaîne de construction (pouvoirs publics, maîtres d’ouvrage/auteurs de projets publics et privés et professionnels du bâtiment). Les questions peuvent être d’ordre technique, juridique et financier et aborder de nombreuses thématiques liées à la construction circulaire, mais également au principe du DNSH (Do No Significant Harm). « La thématique de la circularité est très ciblée et une expertise est indispensable dans ce domaine. Un accompagnement par un tel réseau d’experts est essentiel pour tendre vers une transition circulaire acceptable », souligne encore Hugues Kempeneers.

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ENVIRONNEMENT

Expertise d’Embuild La gestion de l’helpdesk a été confiée à l’ICEDD (Institut de Conseils et d’Etudes en Développement Durable asbl). Embuild Wallonie, l’Union Wallonne des Architectes, le Cluster Eco-construction et Green SURF partagent quant à eux toute leur expertise pour vulgariser et diffuser les réponses auprès des professionnels du secteur de la construction et aux pouvoirs publics par le biais de communications ciblées. Par la suite, des outils pratiques seront développés pour accompagner les entreprises et pouvoirs publics dans l’intégration et la mise en œuvre de la circularité au sein de

leurs activités. Parmi ces outils, citons une rubrique avec les questions les plus fréquemment posées (FAQ), des fiches informatives et des vidéos explicatives. Le directeur général d’Embuild Wallonie souligne donc l’importance de la mise sur pied de ce réseau de facilitateurs pour promouvoir la construction circulaire en Wallonie, un enjeu capital dans le secteur. « Ce réseau va faire remonter plein de questions, d’idées et de réflexion au sujet de la thématique. C’est idéal pour la faire avancer. Le contact avec le terrain est un atout précieux et même indispensable pour répondre aux enjeux d’une construction durable et circulaire », conclut-il.

Les aides apportées peuvent être de différents ordres : Pour les pouvoirs publics wallons : ● Accompagnement dans la rédaction de marchés de services durables/circulaires de type « auteur de projet » dont l’intégration de critères environnementaux (principe européen « Do No Significant Harm » - DNSH) ● Aide à la conception durable/ circulaire de projets

Pour les maîtres d’ouvrage/ auteurs de projets publics et privés : ● Soutien dans la rédaction des cahiers des charges des marchés de travaux durables/ circulaires ● Accompagnement au niveau de l’exécution de projets durables/circulaires

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Pour les professionnels du bâtiment : ● Soutien dans la rédaction des offres en réponse aux clauses à caractère environnemental et circulaire (« Do No Significant Harm » - DNSH) ● Conseils relatifs à l’exécution des marchés de travaux

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SECTEURS & MÉTIERS

Le projet Bara 142,

lauréat de Renolab, est une belle vitrine de la Renolution La rénovation du numéro 142 de la rue Bara, à Anderlecht, est un chantier mêlant mixité fonctionnelle et sociale. Réalisé par notre membre Thomas & Piron Rénovation, il va proposer une trentaine de logements abordables, des espaces collectifs et verts dédiés à l’enfance, la formation et au loisir. Ce projet est l’un des lauréats de Renolab, le laboratoire de projets de rénovation durable lancé par Bruxelles Environnement en 2021, et a été présenté à la presse début novembre.

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ans la Région de Bruxelles-­ Capitale, la stratégie Renolution.­ brussels fait naître des projets de rénovation exemplaire un peu partout sur le territoire. Des travaux qui doivent inspirer l’ensemble du secteur de la construction à rendre le bâti bruxellois durable et économe en énergie. Pour répondre aux objectifs climatiques européens, il faudra tripler le rythme de rénovation actuel dans la capitale. Le défi est immense et Renolab est l’un des outils phares qui doit aider à innover pour rendre le bâti bruxellois neutre en carbone en 2050. Depuis son lancement, il a déjà soutenu une centaine de projets, pour un montant total de 12 millions d’euros. Le projet Bara 142, à proximité de la gare du Midi, est une belle vitrine de ce que la construction peut réaliser en matière de durabilité et circularité. Il s’agit d’un ancien centre de formation de la SNCB racheté par les Petits Riens, grâce à une donation privée. À la base, il s’agissait d’un seul et unique bâtiment qui a désormais été divisé en trois blocs pour y accueillir une trentaine de logements sociaux de taille variable (du studio à l’appartement quatre chambres), des espaces collectifs, de détente, de loisir…sur une surface de plus de 3.000m², rythmée par des espaces verts.

Doublement exemplaire Selon Alain Maron, ministre, entre autres de la Transition climatique, de l’Energie et de l’Action sociale, « ce projet est doublement exemplaire. En effet, il allie à la fois de l’exem-

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plarité au niveau social et environnemental. Social car il permet l’accès au logement à un public précarisé, ce qui est compliqué à Bruxelles, mais tous les acteurs impliqués ont su trouver des solutions. Et environnemental car sur ce chantier, tout a été mis en œuvre pour atteindre une PEB A, qui réduira grandement les factures énergétiques des futurs occupants. Renolab est important pour mener de tels projets. Il accorde des subsides et constitue un véritable incubateur de solutions innovantes pour accélérer la rénovation durable et circulaire de Bruxelles. Le secteur de la construc­ tion est très polluant dans la Région bruxelloise, il représente 40 % des déchets. Pour tripler la rénovation et diminuer la pollution, les entreprises de construction doivent progressivement changer leur manière de travailler. Nous travaillons main dans la main avec Embuild à ce sujet et nous comptons sur eux. » Message bien reçu, Monsieur le ministre. Les acteurs auxquels Alain Maron fait référence sont Les Deux châteaux (maître d’ouvrage), l’asbl Les Petits Riens qui va gérer le site et proposer des services d’accompagnement aux locataires, Habitat & Rénovation, les entreprises Thomas & Piron Rénovation et les Ateliers de l’Avenir (ETA sous-traitante pour la construction bois), l’architecte Nest Architects, les bureaux d’étude BDS et Pluricité. Les autres partenaires sont Local Sonian Wood, Circularium et Batiterre. Un subside de 230.000 € a été octroyé par Renolab au maître d’ouvrage et à Nest Architects, ce qui a permis de pousser la réflexion des bonnes pratiques le plus loin possible.

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Francis Carn place.

Durant trois «mois et demi,

nous avons effectué de la démolition lourde en désossant tous les bâtiments qui contenaient énormément d’amiante.

»

VICTOR SPINAZZE


BRUXELLES/DURABILITÉ

EMBUILD.BRUSSELS PEUT VOUS AIDER À RENTRER UN DOSSIER RENOLAB Embuild.Brussels est fortement impliquée dans la stratégie de rénovation énergétique de la Région de Bruxelles-Capitale, qui est une réelle al­liance entre les secteurs public et privé. Embuild. Brussels fait partie de la cellule opérationnelle de Renolution. brussels et participe activement à la mise en œuvre de cette stratégie, non seulement en matière de rénovation énergétique, mais aussi de construction circulaire avec son projet Build Circular (www. buildcircular.brussels), qui permet d’accompagner gratuitement les entreprises vers des pratiques circulaires sur le terrain. Si vous êtes actif en Région de Bruxelles-­ Capitale, n’hésitez pas à contacter les services de Build Circular, qui p ­ euvent également vous accompagner pour ­rentrer un dossier Renolab (info@buildcircular.brussels).

↑ Le ministre bruxellois Alain Maron (au centre avec l’écharpe) a salué un projet doublement exemplaire, lors de la visite.

↖ La rénovation du numéro 142 de la rue Bara, à Anderlecht, est un chantier mêlant mixité fonctionnelle et sociale.

Thomas & Piron Rénovation Présent lors de cette visite de presse, ­ ictor Spinazze, le gestionnaire du projet chez V Thomas & Piron Rénovation, nous a expliqué les travaux réalisés pour rendre ce bâtiment durable et économe en énergie, avec un accent mis sur la circularité et le réemploi de certains matériaux. « Le chantier a démarré en juin 2022. Durant trois mois et demi, nous avons effectué de la démolition lourde en désossant tous les bâtiments qui contenaient énormément d’amiante », a expliqué Victor Spinazze. « À l’origine du projet, il n’y avait qu’un seul bâtiment qui a désormais été divisé en trois parties avec des espaces verts qui seront aménagés pour accéder de l’une à l’autre. Dans la phase gros-œuvre, ces trois bâtiments ont chacun été réhaussés d’un étage en ossature bois par notre sous-traitant. » « Pour le parachèvement des façades, en concertation avec l’architecte, nous avons dû chercher des variantes en réaction à la hausse des prix et à la disponibilité des produits prévus initialement et nous avons fait le choix d’uniformiser le projet avec l’alternance du crépi et du carrelage collés combiné aux

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châssis en aluminium en triple vitrage. Notre intention était d’utiliser du carrelage de récupération provenant de la filiale ROTOR, mais nous avons dû abandonner l’idée pour des questions d’agrément technique. C’est un projet collaboratif et social, où tous les acteurs travaillent en réseau. En tant qu’entrepreneur, nous recevons des demandes en cours de chantier pour lesquelles nous cherchons des solutions et faisons notre possible pour adapter. » Au cours des travaux, notre membre a également mené une réflexion sur l’apport en chaleur pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage. « Nous avons opté pour une pompe à chaleur couplée avec une chaudière au gaz en cas d’urgence, permettant d’alimenter l’ensemble des logements en eau chaude et en chauffage », a souligné Victor Spinazze. Pour rendre le bâtiment très performant énergétiquement, des panneaux solaires ont été posés sur deux des trois bâtiments. Ils participeront à l’alimentation électrique de l’ensemble des espaces communs du site. Une ventilation mécanique double flux est prévue pour chaque logement tandis que les espaces communs sont dotés d’un système en simple flux. Et des citernes de récupération d’eau de pluie permettront l’alimentation des sanitaires des communs et l’arrosage des espaces verts extérieurs. Pour la circularité, la collaboration avec différents partenaires du projet a été assez intéressante. « Pour les matériaux de réemploi, nous avons travaillé avec des spécialistes locaux comme Sonian Wood, à qui nous avons demandé de rénover, d’adapter et de nous fournir du matériel urbain tel que des tabourets en bois ou encore Batiterre pour des lampadaires de rue en fonte et des bancs en acier. On a signé le Green Deal Achats Circulaires il y a quatre ans et ce projet-ci est particulièrement réussi. »

Expérience enrichissante Lors de la visite de presse, le chantier était encore loin d’être fini. La livraison est prévue pour le printemps 2024. « Un projet social et durable de cette ampleur est toujours très intéressant pour Thomas & Piron. Pour nous, il s’agit d’une expérience enrichissante, où la forte mise en réseau des acteurs est très positive », a conclu Victor Spinazze.

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ASSOCIATION PROFESSIONNELLE

L’UPEC, au service des cuisinistes L’UPEC, abréviation de « Union Professionnelle des Ensembliers de la Cuisine équipée », est l’association spécialisée regroupant les cuisinistes. L’association vise à aider le professionnel à exercer sa profession dans les meilleures conditions. Elle se veut aussi être le forum de tous les échanges d’informations sur le métier. Réunions, séminaires, conférences, visites… offrent à votre entreprise l’occasion idéale de vous informer, de vous créer de nouveaux contacts et d’échanger vos expériences.

L

e métier de cuisiniste est un métier complet et complexe, car il associe à la fois de la vente, de la concep­tion et une bonne dose de technique. En effet, le cuisiniste touche à tout : la plomberie, le sanitaire, l’électricité, mais aussi la ventilation avec le développement des constructions passives. Aujourd’hui, on ne peut plus concevoir une cuisine sans tenir compte des impétrants de la maison.

Se rencontrer et obtenir de l’aide L’UPEC est une association spécialisée, où des entreprises professionnelles et leurs fournisseurs peuvent se rencontrer. Les différentes réunions et activités (séminaires, visites...), qui sont organisées par l’UPEC, offrent à votre entreprise l’occasion idéale de vous informer, de vous créer de nouveaux contacts et d’échanger vos expériences. L’UPEC vise à apporter une aide concrète à ses membres. Améliorer le métier est le premier but de cette association. C’est dans ce sens qu’elle a créé et mis à disposition de ses membres des outils pratiques comme un certificat de fin de chantier, des conditions générales de vente des cuisinistes…Elle est également à la disposition de ses membres pour répondre à toutes leurs interrogations, les informer et défendre leurs intérêts. Au travers des magazines « Menuiserie Plus » et « Embuild Magazine », vous êtes toujours tenu au courant de tout ce qui touche à votre entreprise et le secteur en général. Une affiliation à l’UPEC vous offre également une aide professionnelle complète et vous assure la défense de vos intérêts par la fédération de la construction Embuild. En collaboration avec Buildwise, l’ancien CSTC, des documents techniques sont élaborés pour le secteur.

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Transmettre et former L’association est aussi en contact avec des futurs professionnels. Elle a ainsi déjà été plusieurs fois à la rencontre des jeunes des écoles techniques et/ou professionnelles inscrits en septième année cuisiniste. L’occasion de leur donner des informations de terrain sur ce qu’on va attendre d’eux et les réalités du métier, mais aussi de donner des conseils aux candidats à l’installation. Actuellement, l’UPEC est occupée à la mise en place d’une formation pour placeurs de cuisines équipées, afin de répondre à un besoin de main-d’œuvre du secteur. Cette formation devrait s’organiser au centre de compétence FOREM/Wallonie de Libramont et s’étaler sur six mois. Un module de gestion pourrait venir compléter la formation, afin d’offrir aux futurs indépendants les outils et connaissances nécessaires. Une formation similaire devrait également voir le jour du côté de Liège, grâce à une collaboration entre le FOREM et l’IFAPME.

L’UPEC a besoin de vous Des professionnels au service des professionnels, telle est l’essence même de l’UPEC. Souhaitant apporter du renouveau dans son organisation et enrichir son équipe (et plus précisément son conseil d’administration), l’UPEC est à la recherche de nouvelles forces vives. Vous êtes actif dans le secteur de la cuisine équipée et vous souhaitez partager votre expérience avec d’autres professionnels et participer à l’évolution de votre métier ? Vous avez des idées et vous souhaitez en débattre, mettre des choses en place pour répondre le mieux possible aux besoins et attentes réels du cuisiniste ? Alors l’UPEC a besoin de vous. Rejoignez-nous ! INFO :

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UPEC Asbl Avenue Prince de Liège, 91/6 5100 Jambes – 081/20.69.22 upec@embuild.be – www.upeck.be www.facebook.com/upeck


BUILDWISE/CONSTRUCTIV

1350 visiteurs au Renovision Festival Tour

Aux mois de septembre et octobre derniers, Buildwise et Constructiv ont organisé, en collaboration avec Embuild, le Renovision Festival Tour en Wallonie et en Flandre. Ces soirées, axées sur la rénovation de qualité, visaient à mettre en évidence les compétences spécifiques en matière de rénovation et d’initier les entrepreneurs et les installateurs aux techniques et technologies les plus récentes. 1350 visiteurs y ont participé.

«A

près les années COVID, nous avons ressenti le besoin de nous connecter davantage et mieux avec nos membres. Une formulé idéale est de les inviter à des événements conviviaux, où nous pouvons présenter nos services sur mesure, avec des solutions qui ajoutent une valeur immédiate pour les entrepreneurs et les installateurs », déclarait Olivier Vandooren, le CEO de Buildwise, en prélude au Renovision Festival Tour.

Rencontrer dans les régions Cet objectif de connexion avec les membres est plus qu’atteint. En effet, plus de 1350 visiteurs se sont rendus aux neuf soirées organisées aux quatre coins de la Belgique : quatre en Wallonie (Transinne, Wavre, Sprimont et Mons) et cinq en Flandre (Courtrai, Gand, Malines, Genk et Diepenbeek). « Pour une première organisation, nous sommes vraiment satisfaits du nombre de participants. 90 % d’entre eux étaient des entrepreneurs ou installateurs », déclare Bart van de Pol, Events Manager chez Buildwise. « Nos bureaux sont à Zaventem ou à Limelette et nous tenions vraiment à organiser des événements pour rencontrer nos membres dans les régions, surtout après cette période de crise sanitaire. Ce mot « connexion », sur la thématique de la rénovation, était vraiment l’objectif de ces neuf soirées et il est parfaitement atteint. »

Numérisation et démonstration Plusieurs activités étaient au programme de ces différentes rendez-vous. Outre les présentations des services de Buildwise et Constructiv, Embuild a également donné la parole à des entrepreneurs qui ont témoigné sur leur expérience dans les métiers de la rénovation : isolation de la toiture, des murs, du sol… « Nous avions aussi une partie axée sur la numérisation du secteur avec des démonstrations de drones, de caméras à 360 degrés, d’exosquelettes… À ce sujet, nous avons collaboré avec EspaceDrone en Wallonie et Technopolis en Flandre », explique encore Bart van de Pol. Ces événements se voulaient instructifs mais également festifs, avec la présence de food trucks et de DJ pour permettre aux participants de se détendre après avoir participé aux différentes activités proposées.

Dynamique unique Ce Renovision Festival Tour est une nouvelle preuve que la construction met l’accent aussi bien sur le côté innovatif qu’humain. « Le secteur connaît aujourd’hui une dynamique unique, avec de nombreux défis, mais aussi de nombreuses opportunités. Plus que jamais, Buildwise souhaite renforcer son rôle de partenaire d’innovation de l’entrepreneur et augmenter sa valeur ajoutée. Et pour cela, les contacts personnels à travers le fonctionnement des Comités Techniques, notre service Avis Techniques, mais aussi des événements tels que ceux-ci sont très importants », indique Olivier Vandooren.

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BUILDWISE

À découvrir : les fiches Pathologies de Buildwise Les « Infofiches » du CSTC (devenu Buildwise) ont, elles aussi, changé de nom et sont devenues les « Pathologies ». Une série qui, comme son nouveau nom l’indique, s’intéresse aux divers maux dont peut souffrir un ouvrage et à la façon d’y remédier. À titre d’exemple, les fiches 109 et 114 ici résumées...

Fiche 109 : Les microfissurations au droit du raccord entre cloisons et plafond Cette fiche Pathologies décrit le phénomène de fissuration dans l’enduit appliqué sur des cloisons en blocs de plâtre. Phénomène qui se manifeste au niveau du raccord avec le plafond. La fiche propose diverses mesures correctrices et formule quelques conseils de prévention. La fiche 109 montre le cas d’un immeuble à appartements dont les maçonneries non portantes sont faites de blocs de plâtre. Elles sont désolidarisées de la dalle supérieure à l’aide d’une mousse expansive PU. Une bande de renfort a été incorporée dans l’enduit sur

le haut de la cloison et contre le plafond. C’est là que, après quelques années, des fissures horizontales sont apparues. CONSTAT

Si l’enduit mural se décolle (expulsion vers l’extérieur) au voisinage de la fissure, l’enduit du plafond montre, au contraire, une bonne adhérence. Un treillis d’angle synthétique a été incorporé dans l’enduit ainsi qu’un resserrage en mousse entre la cloison et le plafond. EXPLICATION

Il y a toujours, inévitablement, des mouvements dans une construction, provoqués par le retrait, le fluage et/ou le fléchissement du plancher porteur. En l’absence de désoli-

Fissure/ décollement dans l’enduit au niveau du raccord entre mur et plafond. (© : N. Oldenhove)

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BUILDWISE

darisation entre la paroi et le plancher, des efforts vont être transmis à l’enduit mince appliqué plus bas et vont mener à la rupture du matériau. QUE FAIRE ?

Vu la stabilisation des tensions et mouvements divers dans le bâtiment, une simple réparation conforme aux prescriptions du fabricant du système de cloisonnement devrait suffire. D’autres mesures sont encore explicitées dans la fiche, pour une remise en état plus définitive, ainsi que quelques mesures de prévention. PUBLICATIONS ASSOCIÉES

Notes d’information technique 199, 201 et 271.

Fiche 114 : Décollement de la peinture sur des joints souples en raison de mouvements de trop grande amplitude Cette fiche Pathologies décrit le phénomène, en étudie les causes et propose des mesures correctives, accompagnées de quelques conseils de prévention. La fiche 114 montre le cas de joints de vitrage de châssis en bois, mis en œuvre avec un mastic MS-polymère pouvant en principe être peint. Les joints souples ont été peints avec des couches de fond et de finition en phase aqueuse, mais cette peinture s’est fissurée et écaillée au fil du temps. On a alors retiré la peinture des joints et repeint avec un système en phase solvant, mais le phénomène s’est à nouveau manifesté. CONSTAT

En laboratoire, Buildwise obtient une bonne adhérence, mais constate que la fissuration est toujours liée aux mouvements.

Fissuration de la peinture sur les joints souples d’un châssis en bois.

La fissuration et l’écaillage sont causés par la déformation du joint, dont l’ampleur dépasse le seuil d’élasticité de la peinture.

de peinture très élastique peut limiter le risque de fissuration et d’écaillage. À la limite, on utilisera, sans les peindre, des joints d’une couleur identique à la peinture. Il faut aussi toujours utiliser des matériaux compatibles et attendre le durcissement complet du joint avant de le peindre.

QUE FAIRE ?

PUBLICATION ASSOCIÉE

Les joints souples étant généralement susceptibles de connaître des mouvements (par exemple entre vitrage et châssis), un système

Note d’information technique 249 « Guide de bonne pratique pour l’exécution des travaux de peinture ».

(© Buildwise)

EXPLICATION

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BUILDWISE

Pose de châssis : Buildwise vous dit tout Le Comité technique « Menuiseries » de Buildwise publie cette année une Note d’information technique (NIT) n° 288 très documentée sur la pose des menuiseries extérieures. La Partie 3 de cette série parcourt en effet, sur une bonne centaine de pages, tout ce qu’il faut savoir sur la mise en œuvre de châssis en aluminium et en PVC dans des murs creux.

L

a NIT 288 forme le deuxième volet des fiches venant compléter la NIT 283 « La pose des menuiseries extérieures. Partie 1 : aspects géné­ raux ». Les solutions de pose sont présentées sous la forme de fiches techniques pour les châssis constitués de profilés métalliques à coupure thermique ou de profilés en PVC qui sont mis en œuvre en battée dans des murs creux. Quatre points de vigilance sont repris dans chaque fiche : ● étanchéité à l’eau du raccord de fenêtre ● étanchéité à l’air du raccord de fenêtre ● performances thermiques du raccord de fenêtre ● performances acoustiques du raccord de fenêtre. Avec explication de toute la terminologie utile, la NIT 288 rappelle les règles de base pour obtenir des nœuds constructifs conformes à la PEB dans le contexte des raccords de fenêtres. Une longueur de contact minimale s’impose entre la couche d’isolation principale et le cadre dormant avec, le cas échéant, un ou plusieurs éléments isolants interposés, dans le respect des valeurs λ (conductivité thermique) et R (résistance thermique). La NIT fournit trente-deux fiches techniques avec tous les détails de référence, en dupliquant chaque fois la fiche, selon que le seuil est en pierre ou en métal :

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Toutes les fiches de la NIT 288 sont illustrées par des schémas techniques élaborés. Celui-ci est celui de la fiche technique 1.5.

Pose d’une menuiserie extérieure en aluminium à coupure thermique, contre la maçonnerie de parement

Pose d’une menuiserie extérieure en PVC contre la maçonnerie de parement

Pose d’une menuiserie extérieure en aluminium à coupure thermique, dans les retours de maçonnerie

Pose d’une menuiserie extérieure en PVC dans les retours de maçonnerie de parement

● 1.1 et 1.2 – cadre de pose étanche à l’air avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 1.3 et 1.4 – cadre de pose étanche à l’air après la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 1.5 et 1.6 – pattes de fixation ● 1.7 et 1.8 – précadre étanche à l’air à placer avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement

● 2.1 et 2.2 – cadre de pose étanche à l’air avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 2.3 et 2.4 – cadre de pose étanche à l’air après la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 2.5 et 2.6 – pattes de fixation ● 2.7 et 2.8 – précadre étanche à l’air à placer avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement

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● 3.1 et 3.2 – cadre de pose étanche à l’air avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 3.3 et 3.4 – cadre de pose étanche à l’air après la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 3.5 et 3.6 – pattes de fixation ● 3.7 et 3.8 – précadre étanche à l’air à placer avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement

● 4.1 et 4.2 – cadre de pose étanche à l’air avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 4.3 et 4.4 – cadre de pose étanche à l’air après la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement ● 4.5 et 4.6 – pattes de fixation ● 4.7 et 4.8 – précadre étanche à l’air à placer avant la mise en œuvre de l’isolation de la coulisse et de la maçonnerie de parement.

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PROJET

Nonet a démoli une ancienne antenne de l’OTAN, à l’aide d’explosifs Le 12 octobre dernier, une ancienne antenne de l’OTAN, mesurant 162 mètres de haut et pesant 250 tonnes, a été démolie à l’explosif à CourtSaint-Etienne (Brabant wallon). « Parmi toutes les méthodes possibles, l’explosion était la plus pertinente en tenant compte des différentes contraintes du site », selon Gilles Durigneux, le directeur du pôle démolition chez Nonet.

V

ous en avez peut-être entendu parler. En effet, cette démolition peu courante a été fortement relayée par les médias qui s’étaient déplacés en masse pour assister à l’explosion de cette antenne le jour J. Construite dans les années 50, cette tour métallique était dotée de radars de protection et de détection de l’OTAN. Les technologies comme les satellites l’ont rendue obsolète et elle n’avait plus d’utilité depuis des années.

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Le propriétaire du site, la société Domanoy gérée par la famille Boël, a donc décidé de s’en débarrasser. Le contact entre le client et notre membre remonte à un an et demi. « En mars 2022, via notre site internet, nous avons reçu une demande que nous pensions relativement simple et basique pour la démolition d’une antenne au milieu d’un champ. En allant voir sur place, on a aperçu cette tour de 162 mètres, soit 60 mètres plus haute que l’Atomium. On s’est alors posé cette question : comment et par où attaque-t-on cette démolition ? », explique Gilles Durigneux.

Trois options Le périmètre du site est très sensible. Il est situé à proximité d’une conduite de gaz haute pression de Fluxys, une antenne du réseau Astrid ainsi que d’un réservoir en béton vitrifié d’eau potable de l’inBW. « Trois op­tions étaient possibles pour ce type de projet : la démolition classique avec des grues de levage comme celles utilisées pour les éoliennes, le basculement par vérin et câble de traction et le basculement par explosif, une technique pour laquelle nous devions acquérir des compétences complémentaires », indique le directeur du pôle démolition. « Pour des raisons de sécurité, aussi bien pour les travailleurs que pour les riverains, l’option « grues » n’a pas été retenue. Elle aurait exigé de placer deux grues de levage, de terrasser une piste en déplaçant 4.000 m² de terres, d’acheminer plus de 5.000 tonnes d’empierrement et d’ensuite les évacuer, soit le travail de deux grues extrêmement énergivores durant 10 jours et plus de 500 trajets de camion. C’est finalement l’option « basculement par explosif » qui a été retenue, possible en une journée et avec une plus faible emprunte carbone. Le client et la commune, très ouverte d’esprit, ont rapidement marqué leur accord. »

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L'anienne antenne de l'OTAN mesure 162 mètres de haut et pèse 250 tonnes.

Bureau d’études français Ne possédant pas d’expérience dans le métier d’artificier et des techniques d’explosif des ouvrages d’art, Nonet a effectué plusieurs recherches en Belgique, aux-Pays-Bas et en France pour trouver un bureau d’études spécialisé en la matière. « Nous avons finalement opté pour la société française Ginger Deleo, qui est habituée à ce genre de projet, la démolition d’immeubles en centre urbain et de charpentes métalliques. Elle a notamment participé aux études pour démolir les rampes de lancement de fusées, à Kourou en Guyane française. » Comme aucun plan du site n’existait, ­Nonet a envoyé des drones pour réaliser des nuages de points et à l’aide de la photogrammétrie, notre membre a pu reconstituer la structure en 3D et envoyer les plans au bureau d’études pour avoir une idée de la stabilité. Il était bien évidemment important d’effectuer un calcul des charges et des zones d’affaiblissement de la structure, mais aussi un sondage sur site pour maîtriser les fondations et lancer le permis unique et le permis fédéral type G pour l’explosif (type, quantité et stockage). « Nous sommes aussi allés suivre quelques formations chez ce partenaire français, notamment pour acquérir la parfaite maîtrise de notre projet avec la technique à l’explosif », explique Gilles Durigneux.

Différents travaux préalables En préalable à la démolition, l’entreprise a réalisé différents travaux préparatoires à

l’explosion. « Nous avons démoli partiellement les murs type bunker autour des pieds de l’antenne, afin de garder des voiles en béton, des murs bloquant les projections. Ces blocs en béton étaient conçus pour éviter les attentats tels que ceux commis par les CCC, Cellules communistes combattantes, à l’époque. Nous avons aussi réalisé des merlons, des digues en terre pour stopper les projections et réalisé une tranchée périphérique antivibratoire. Même si les calculs démontraient que nous serions sous les seuils de vibration imposés par Fluxys, nous avons pris la

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PROJET

blages et détonateurs ont été mis en place. » Un petit couac a eu lieu lors de la première explosion, qui devait couper deux des quatre pieds pour faire tomber l’antenne. « Nous avons découvert des pieux métalliques autour des ancrages qui descendent plusieurs mètres sous terre et servaient de pieds provisoires. L’antenne n’est donc pas tombée du premier coup. Nous pouvions alors la faire basculer à l’aide de câbles ou tirer une deuxième charge d’explosifs. Nous avons choisi la deuxième option, mais il a fallu retourner chercher 20 kilos d’explosifs. Lors de ce deuxième essai, tout s’est déroulé parfaitement et l’antenne est tombée exactement dans l’axe prévu sous les seuils de vibration imposés, sans aucun dommage aux ouvrages environnants », souligne Gilles Durigneux. Les grues de Nonet sont ensuite allées sur le site pour découper les charpentes métalliques et le béton et envoyer le tout en centre de recyclage. « Tout ce travail a duré une dizaine de jours. »

Conclusion

«

Nous souhaitions depuis quelque temps expérimenter ce type de démolition pour obtenir d’autres marchés en Belgique et pourquoi pas à l’étranger.

»

sécurité de réaliser une tranchée anti-­ vibrations réduisant de 25 % supplémentaire la propagation d’ondes. Enfin, dix jours avant l’explosion, nous avons foré des trous dans les massifs pour poser les explosifs. »

Jour J Le moment fatidique a donc eu lieu le 12 octobre dernier, avec un périmètre de sécurité dressé sur un rayon de 350 mètres, autour de l’antenne pour les personnes autorisées. « Le jour-même, nous avons reçu les 50 kilos d’explosifs en présence de l’organe de contrôle dédié du SPF. Il y avait deux types d’explosifs à placer par notre sous-traitant : de la dynamite pour le béton massif et des charges creuses sur la structure métallique. Ensuite, les câ-

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Le directeur du pôle démolition chez Nonet est ravi de cette expérience. « Nous souhaitions depuis quelque temps expérimenter ce type de démolition pour obtenir d’autres marchés en Belgique et pourquoi pas à l’étranger. La collaboration avec tous les acteurs concernés s’est très bien déroulée et je souligne encore l’ouverture d’esprit de la commune qui a rapidement accepté. Chez Nonet, nous sommes sensibles à l’économie circulaire et le choix des explosifs a entraîné un rejet de 42 tonnes de CO2 au lieu de 1260, soit 30 x moins qu’une méthode de démolition classique. C’est un argument que nous mettrons en avant lors de projets futurs identiques. » En effet, Nonet ne compte pas s’arrêter à cette explosion d’une ancienne tour de ­l’OTAN. Le pôle démolition va continuer à se former à cette technique et au moment de notre interview avec Gilles Durigneux, réalisée fin octobre, ce dernier allait prendre la direction de la France, et plus particulièrement Orléans, pour assister, en compagnie de Ginger Deleo, à la démolition d’un immeuble de 61 mètres de haut et 17 étages, et situé à une dizaine de mètres d’un bâtiment habité. Un fameux travail de précision !

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MARQUANT

LE SMART CITY INSTITUTE PROMEUT SON RAPPORT DE RECHERCHE AU SMART CITY EXPO WORLD CONGRESS Début novembre, le Smart City Institute (HEC Liège, ULiège) était au Smart City Expo World Congress (SCEWC) à Barcelone. Cet événement est le rendez-vous incontournable sur la scène internationale en matière de Smart Cities. Cette année, le SCI a profité de l’occasion pour promouvoir la sortie de son tout dernier rapport de recherche, intitulé « Jumeaux numériques : outils pour la gestion de crise sur les territoires ? ».

C

haque année, le Smart City Expo World Congress attire des milliers de participants et des centaines d’exposants provenant des quatre coins de la planète. Depuis 2018, le Smart City Institute y est présent en sa qualité de référent académique Smart Région afin de valoriser son expertise et de réseauter activement pour développer des partenariats de recherche internationaux. Cette mission annuelle est soutenue par la Région wallonne et l’Agence du Numérique dans le cadre de Digital Wallonia, l’Agence wallonne à l’exportation et Wallonie Bruxelles International. Cette année, la promotion de la sortie du rapport de recherche de la SCI était notamment au programme de l’événement annuel. Il pose deux constats. Un, les situa­ tions de crise sont un problème récurrent sur les territoires mais leur fréquence, leur forme et leurs impacts ont évolué, tout comme leur gestion. Deux, l’utilisation de l’innovation technologique pour améliorer la gestion des territoires a aussi pris davantage de place au cours des dernières décennies. Et le jumeau numérique est l’une des technologies les plus plébiscitées depuis quelques années. Il pose la question suivante : comment les jumeaux numériques peuvent-ils contribuer à la gestion de crise ? Au cours du congrès, Audrey Lebas, chargée de recherche, a organisé un panel de discussion belgo-belge sur le rôle des jumeaux numériques dans la prise de dé-

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cision au sein des territoires avec des représentants des villes de Bruxelles et Gand, ainsi que Smart Vlaanderen. « Il y a un intérêt grandissant pour la thématique des jumeaux numériques au sein des villes belges, même s’il n’existe pas vraiment de définition ou de vision commune à ce stade. Les autorités publiques y voient notamment un potentiel intéressant pour la planification de leurs initiatives, particulièrement dans une logique de durabilité et de résilience locale. Les différents territoires sont cependant bien conscients de la complexité de ce type d’outil, et particulièrement de la quantité importante de données nécessaires pour sa mise en œuvre effective », a déclaré Audrey Lebas.

Au cours du premier semestre 2023, 27.773 maisons deux ou trois façades ont été vendues dans notre pays, 12.748 maisons quatre façades et 20.313 appartements. C’est ce que révèlent les chiffres du SPF Economie. Dans toutes ces catégories, on constate une diminution par rapport à la même période de l’année précédente. 23 % de maisons deux ou trois façades en moins ont été vendues, 24 % de maisons quatre façades en moins et 16 % d’appartements en moins. La baisse globale, toutes catégories confondues, est de 21 %. En revanche, le prix médian a augmenté dans toutes les catégories. Pour les appartements, il s’élevait 237.000 € au premier semestre 2023 (+ 5 %). Le prix médian d’une maison deux ou trois façades était de 259.500 € (+ 3 %), et celui d’une maison quatre façades de 365.000 € (+ 3 %).

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