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La Collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles a retrouvé de sa superbe

Lancé en mars 2022, le chantier de rénovation des façades, toitures et de certains extérieurs de la Collégiale Sainte­Gertrude à Nivelles (Brabant wallon), s’est terminé fin de l’année dernière. Débarrassé de ses échafaudages, cet édifice qui fait la fierté des Nivellois a retrouvé de sa superbe. Les travaux ont été réalisés par notre membre Rc RENO, en collaboration avec le Bureau d’architecture Thierry Musch, et sous la supervision de l’Agence wallonne du patrimoine (AWaP) et de la Ville de Nivelles.

Construite dans le cœur historique de Nivelles et consacrée en 1046, cette collégiale est l’une des plus anciennes églises romanes d’Europe. Victime de nombreux incendies et bombardée par les Allemands en 1940, elle a déjà subi plusieurs rénovations au cours de sa longue existence. Il y a plus de dix ans, en 2011, une phase de rénovation intérieure a eu lieu. Elle devait être suivie de la rénovation extérieure. Un dossier complexe, qui a pris du temps vu tous les accords à obtenir pour commencer à travailler sur des façades et toitures d’un édifice classé. Ces travaux ont finalement démarré au début de l’année 2022 et auront donc duré environ deux ans et demi.

Avant-corps

CHRISTOPHE KNOP, le gestionnaire du chantier, a fait le tour du site, fortement fréquenté, en notre compagnie pour nous expliquer les travaux. Point de départ : l’avant-corps de la collégiale. « Pour travailler sur cette première partie, nous avons dû installer un échafaudage de 62 mètres de hauteur. Nous avons remplacé les trois bulbes en plomb qui habillent les pointes des deux tours et du clocher. Le croix n’a pas bougé et le coq a été pris en charge par la fabrique d’église pour sa restauration, de même que Jean de Nivelles qui trône de nouveau au sommet de la tour sud. Nous avons travaillé au remplacement complet des toitures en ardoises des tours, du clocher, du massif Barlong(ndlr : la partie qui surmonte la croisée du transept et est couronnée par le clocher) et de l’abside (ndlr : la construction de forme arrondie ouverte sur l’extrémité d’un bâtiment), soit 741 m² de toitures », a­t­il indiqué. Pour remplacer les toitures, la méthodologie était la suivante : « dépôt des toitures existantes, remplacement du voligeage/charpente en peuplier, réalisation des gouttières et descentes d’eau. Les hommes ont ensuite posé les nouvelles ardoises taillées et posées avec des clous. Il s’agissait d’un gironnage, une méthode où les ardoises sont découpées afin d’être placées sur une tour conique. Les finitions ont été réalisées avec des arêtiers, des rives, des noues, des solins et contre solins », a expliqué Christophe Knop. « Les habillages en plomb des abatsons du clocher, un dispositif permettant de protéger les cloches, ont aussi été remplacés. »

Le regard fixé sur l’avant­corps de la collégiale, le gestionnaire de chantier a poursuivi ses explications, gestes du bras à l’appui. « Les cinq niveaux de cordons de pierres ont été habillés en plomb pour permettre une meilleure évacuation des eaux de pluie le long des façades. Et toute la façade de l’avant­corps a été nettoyée et les joints fissurés remplacés. Sur cette partie de l’édifice, cela représente 3.350 m². À certains endroits, nous avons remplacé et greffé des pierres. »

De part et d’autre de l’abside, se trouvent les deux entrées de la collégiale : les portails Samson et Saint­Michel. « Pour travailler sur les deux arches, nous avons mis au point un système de soutènement et injecté 6m³ de coulis de chaux dans les cavités des murs, ce qui per­ met de stabiliser la maçonnerie en comblant les nombreux vides. Les pierres ont été remplacées et refaites à l’identique et l’ensemble a été rejointoyé. » Pour protéger l’édifice de salissures liées aux fientes de pigeons, l’entreprise a posé 310 m² de filets anti­pigeons. Enfin, un système de mise en lumière a été installé (voir photo) et un tout nouveau parvis avec 110 tonnes de pierres bleues belges a été façonné.

↓ Un système de mise en lumière a été installé sur l’avant-corps de la collégiale.

Pour travailler sur les deux arches d’entrées, un système de soutènement a été mis au point.

Nef et transepts

En tournant autour de la Collégiale SainteGertrude, Christophe Knop a continué de nous livrer des commentaires sur les tâches effectuées par les équipes de Rc RENO. « Sur les toitures des transepts et de la nef, environ 3.000 ardoises ont été remplacées, de même que 148 mct (mètres courants) de faitières en plomb et 415mctdegouttières.Àl’arrièredelacollégiale, nous avons également procédé à la restauration de la toiture de l’absidiole, une petite chapelle en demi­cercle. » En observant le côté latéral côté tour sud, on aperçoit une petite dizaine de lucarnes sur les toitures. « Les habillages en plomb et ardoises ont été restaurés, de même que les menuiseries de ces lucarnes », a­t­il souligné.

Au niveau des différentes façades de la nef et des transepts, on a procédé au nettoyage, déjointoiement et rejointoiement des joints dégradés sur une surface de 4.098 m². Un chiffre qui prouve l’ampleur de la tâche. « Les équipes ont aussi remplacé des maçonneries en moellons et greffé et remplacé quelques pierres. » D’avril à août, les martinets viennent ré­ aliser leurs nids dans les trous de boulins de la collégiale. Il s’agit des trous laissés une fois les échafaudages de l’époque retirés. « Nous avons adapté près de 250 de ces trous pour permettre la nidification de ces martinets, en suivant les recommandations de Natagora pour pérenniser leur habitat. » La porte latérale, dénommée la porte du marché, a aussi fait l’objet de travaux : la restauration des pierres et de la fresque.

À l’arrière, le pignon Saint-Pierre situé sur l’un deux transepts, attire l’attention avec sa couleur rougeâtre sur le dessus.

À l’arrière, le pignon Saint­Pierre situé sur l’un deux transepts, attire l’attention avec sa couleur rougeâtre sur le dessus. « Les arches et les colonnades du pignon ont été restaurées. Et un nouveau badigeon a été réalisé. Il s’agit d’un mélange d’eau, de chaux et de pigments, qui donne dans ce cas­ci une couleur rougeâtre à cette partie de l’édifice. »

Pas 50 dans une vie !

Une fois le tour fini, le constat est clair : la netteté de l’édifice est impressionnante. Exit les murs noircis de pollution, la mousse verte ou encore les arbres poussant à gauche et à droite. Ces travaux doivent très certainement ravir les habitants de la cité aclote….et notre affilié. « Un chantier pareil, on n’en fait pas 50 dans une vie ! Cela n’a pas été simple et on découvre des choses en cours de route auxquelles il faut s’adapter et résoudre beaucoup de questions budgétaires. Mais le résultat final est là et les travaux semblent faire l’unanimité. On pérennise l’ensemble pour les 20 prochaines années », a conclu Christophe Knop.

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