Embuild Magazine 06/2023

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Magazine

Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur Une publication d'Embuild • Avenue des Arts 20, 1000 Bruxelles • Bureau de dépôt Gent X • €6

DOSSIER : CONCILIER CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ

DÉFENSE DES INTÉRÊTS Interview avec Christine Lhoste

JOURNÉE CHANTIERS OUVERTS 250.000 visiteurs pour la seizième édition

BUILD CIRCULAR 650 entreprises se sont engagées dans le programme

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JUIN 2023
LA N U MÉ R I SA TION E ST ESSENTIELLE POUR LES ENTREPRENEURS QUI V EU LE N T SE PROFESSIONNALISER, ET EMBUILD DOIT LES PREPARER À C E NOUVEAU DÉFI.

Embuild, un pilier pour les entreprises de construction et d’installation

L’automne dernier, nous avons changé notre nom Confédération Construction en Embuild. Pendant plus de 75 ans, la Confédération a été un pilier pour les entreprises de construction et d’installation en Belgique. Pendant tout ce temps, nous avons défendu avec ténacité les intérêts du secteur et offert à nos membres un large éventail de services essentiels. En résumé, la Confédération Construction était un nom connu de tous dans le secteur de la construction.

Mais ce secteur connaît une profonde transition, avec la numérisation et l’industrialisation, avec de nouvelles formes de collaboration et de contractualisation, avec des exigences toujours plus élevées en termes de durabilité et de circularité. De la PME à la méga-entreprise, le secteur se renouvelle de manière inédite. Comme toute bonne organisation professionnelle, nous aidons et guidons nos membres à réussir leur transformation. Notre fonctionnement évolue donc fortement avec celui des entreprises de construction et d’installation.

Pour bien résumer cette dynamique dans le secteur et l’organisation professionnelle, un nouveau nom et une nouvelle identité de marque s’imposaient. Nous sommes donc devenus Embuild, l’automne dernier. Ce n’est pas un hasard si notre centre collectif de recherche, le CSTC, est arrivé à la même conclusion. Quelques mois après nous, il a également renouvelé son nom et sa marque et s’appelle désormais Buildwise.

Avec Embuild, nous nous appuyons sur toutes les bonnes choses que l’ancienne Confédération a créées pour

vous, mais nous voulons travailler encore plus différemment afin de vous servir encore mieux à l’avenir. Nous continuerons donc à offrir, à améliorer et à étendre nos services aux membres. Notre lobbying à tous les niveaux reste plus tenace que jamais. Mais en même temps, nous élargissons notre champ d’action et recherchons de nouveaux partenaires et de nouvelles collaborations, dans le but ultime d’être encore plus forts pour vous et de soutenir encore mieux le secteur de la construction et de l’installation.

Vous vous dites peut-être « Ha, Embuild est donc la Confédération Construction Plus ». Mais admettez-le, ça ne ressemble à rien du tout, non ? En outre, nous voulons être plus que cela. Nous sommes Embuild, un pilier pour les entreprises de construction et d’installation en Belgique, aujourd’hui et demain.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 3 ÉDITO
« Nous voulons travailler encore plus différemment afin de vous servir encore mieux à l’avenir. »

3 ● Édito

Embuild, un pilier pour les entreprises de construction et d’installation.

7 ● Point de vue régional

L’intégration de la taxonomie européenne au niveau régional ne peut pas mener au chaos.

ÉVÉNEMENT

8 ● Journée Chantiers

Ouverts

250.000 visiteurs pour la seizième édition.

VOS INTÉRÊTS

12 ● Défense des intérêts

Christine Lhoste est la nouvelle directrice générale du service d’études.

DOSSIER

17 ● Introduction

Concilier construction et biodiversité.

18 ● Natagora

Le projet « Biodiversité dans le bâti ».

21 ● Appel à projets

BiodiverCité, un susbside wallon pour favoriser la biodiversité dans votre commune.

22 ● Logement

À Visé, la résidence « Les Martinets » accueille les oiseaux.

CHRISTINE LHOSTE, UN PARCOURS PROFESSIONNEL DÉDIÉ

À LA CAUSE DES INDÉPENDANTS

Depuis le début de cette année, Christine Lhoste est la nouvelle directrice générale du service d’études d’Embuild. Cette avocate de formation, originaire de Chaudfontaine, dispose d’une solide expérience en droit social et dans les cabinets ministériels des Indépendants et des PME. Elle compte bien la mettre au profit du secteur et du lobbying de notre organisation professionnelle.

CONCILIER CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ

On prend de plus en plus conscience que la biodiversité est un bien précieux. Mais que signifie ce terme ? Et comment pouvons-nous la protéger ? Notre secteur peut jouer un rôle intéressant à cet égard. Il est tout à fait possible de concilier construction et biodiversité.

4 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 SOMMAIRE
DOSSIER CONCILIER CONSTRUCTION ET BIODIVERSITÉ Le mensuel de l’entrepreneur et de l’installateur Magazine @fr.embuild /fr.embuild .embuild.be embuildBE DÉFENSE DES INTÉRÊTS Interview avec Christine Lhoste JOURNEE CHANTIERS OUVERTS 250.000 visiteurs pour la seizième édition BUILD CIRCULAR 650 entreprises se sont engagées dans le programme JUIN 2023
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ANALYSE DE TENDANCES ET D’IMPACT DANS LE SECTEUR (BELGE) DE LA CONSTRUCTION

Buildwise, l’ancien CSTC, a examiné les tendances à court et à long terme qui détermineront l’avenir du secteur. Nous détaillons les conclusions dans ce numéro et les suivants d’Embuild Magazine.

24 ● Infrastructure

Un écoduc en construction sur la E19, à Hal : un bel ouvrage de génie civil.

SECTEURS & MÉTIERS

26 ● Municipalia

« Dispenser de permis des travaux de rénovation énergétique ? Pas une bonne idée ! ».

28 ● Plan Air Climat Énergie

2030

Les principales mesures qui impliquent notre secteur.

30 ● Association professionnelle

La FWEV devient mobiwall.

34 ● Build Circular

650 entreprises se sont engagées dans le programme.

36 ● Dix mégatendances

Analyse de l’avenir du secteur.

38 ● Buildwise

• Applications des enduits extérieurs.

• Comment limiter certains risques de fissuration des enduits intérieurs ?

PROJETS & ENTREPRISES

42 ● Projet

Le savoir-faire du travail du plomb au service de la rénovation de l’église Saint-Martin.

44 ● Avantages membres

Votre affiliation se rentabilise.

49 ● Marché de la construction

• MAN

LE SAVOIR-FAIRE DU TRAVAIL DU PLOMB AU SERVICE DE LA RÉNOVATION DE L’ÉGLISE SAINT-MARTIN

À Arlon, l’église Saint-Martin est en travaux depuis plusieurs années. Après avoir rénové les toitures et les bas-côtés, notre membre Golinvaux (Bertrix) restaure actuellement la flèche de croisée de l’édifice religieux de style néogothique. Spécialisée dans la rénovation de bâtiments patrimoniaux, l’entreprise met tout son savoir-faire, notamment sur le travail du plomb, au bénéfice de ce projet.

• Watchtower

• Wienerberger

50 ● Marquant

• Les Ateliers de la Construction : save the date

• Chiffre du mois

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 5 SOMMAIRE
42 36
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Le secteur de la construction est confronté à une problématique de plus en plus préoccupante : l'intégration de critères de développement durable, de neutralité carbone et environnementaux différents en fonction des donneurs d'ordre publics dans les cahiers de charge pour les marchés publics de travaux. Ceci varie traditionnellement par région, avec également des formules de calcul qui sont différentes en Wallonie et à Bruxelles.

Aujourd’hui, nous arrive une nouvelle difficulté : l’intégration de la taxonomie européenne dans les cahiers des charges, et plus particulièrement le principe du « Do Not Significant Harm » (DNSH). Ce principe doit notamment être mis en œuvre dans le cadre du plan de relance et est interprété différemment par les donneurs d’ordre.

Cette situation complexifie énormément la vie de vos entreprises, qui doivent s'adapter à des normes variables et souvent incohérentes. Dès lors, nous demandons aux autorités publiques d'avoir une vision harmonisée des différents critères environnementaux.

En effet, cela permettrait non seulement de simplifier la vie des entreprises de construction, qui en ont besoin, mais aussi de garantir une meilleure qualité des travaux pour les citoyens et les donneurs d’ordre. En effet, nous souhaitons que les critères DNSH soient raisonnables et réalisables pour les entreprises, tout en garantissant des standards élevés pour la sécurité, la santé et l'environnement.

Nous demandons également qu’ils ne mettent pas en péril l’accessibilité finan-

cière du logement pour les acquéreurs, celle-ci étant déjà fort mise à mal suite à l’augmentation du coût des matériaux, de la main-d’œuvre, des réglementations telles que les charges d’urbanisme ou des taxes locales parfois déraisonnables.

Nous sommes convaincus que l'harmonisation des critères est possible. Nous savons que les autorités publiques ont à cœur de soutenir le développement durable et la protection de l'environnement, mais il est important que cela ne se fasse pas au détriment des entreprises de construction qui doivent être capables de répondre aux exigences du marché.

L'intégration de critères environnementaux intenables pour les entreprises pourrait avoir des conséquences négatives sur leur activité et, par conséquent, sur l'emploi.

Nous sommes convaincus qu'il est possible de trouver un équilibre entre le respect des normes environnementales et de sécurité, et la réalité économique des entreprises de construction. Nous devons travailler ensemble pour y parvenir.

Hugues Kempeneers

Directeur Embuild Wallonie

Jean-Christophe Vanderhaegen

Directeur Embuild.Brussels

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 7 POINT DE VUE RÉGIONAL
L’intégration de la taxonomie européenne au niveau régional ne peut pas mener au chaos
« Nous demandons aux autorités publiques d'avoir une vision harmonisée des différents critères environnementaux. »

250.000 visiteurs pour la Journée Chantiers Ouverts

Le 7 mai dernier, une centaine de chantiers remarquables étaient ouverts au grand public, lors de la Journée Chantiers Ouverts d’Embuild.

« Malgré le temps, cette édition s’est avérée un grand succès, avec quasi 60.000 visiteurs en présentiel et 190.000 visiteurs virtuels, un nombre plus important que l’année passée », a réagi Niko Demeester, le CEO d’Embuild.

Au programme, se trouvaient entre autres des grands projets d’infrastructure, des logements à faible consommation d’énergie, des réseaux de chaleur, des écoles, des rénovations circulaires et des reconstructions. Le Premier ministre Alexander De Croo, le Vice-Premier ministre et ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet, ont notamment visité les chantiers.

Ces chantiers étaient répartis dans toute la Belgique et pouvaient être visités à la fois physiquement et virtuellement. « En effet, nous voulons faire découvrir notre secteur au plus grand nombre. C’est important car la construction a beaucoup évolué ces dernières années : le secteur est devenu plus durable et plus sûr, en partie grâce à l’utilisation de nouvelles technologies », assure NIKO DEMEESTER

Physique et virtuel

Au total, 253.000 visiteurs ont participé à la seizième édition de JCO. 60.000 d’entre eux se sont rendus sur place, tandis que 190.000 ont préféré l’alternative virtuelle, derrière leur ordinateur. À titre de comparaison, l’année dernière, les chiffres correspondants étaient respectivement de 54.000 et 141.000. Malgré la météo moins clémente, la Journée Chantiers Ouverts 2023 a donc été un grand succès. Si vous le souhaitez, vous pouvez encore visiter ces chantiers, de manière numérique, en surfant sur www.journeechantiersouverts.be.

Les reportages vidéo des photograp -

hes (Jimmy Kets, Lara Gasparotto et Merlin Meuris) et des influenceurs sur les réseaux sociaux (Dylhan Fat, Pauline Mairlot et William Boeva) que nous avions envoyés ont, quant à eux, attiré pas moins de 3,5 millions de vues.

Plusieurs politiques ont également visité des chantiers. Parmi eux, le Premier ministre Alexander De Croo, le Vice-Premier ministre Georges Gilkinet, plusieurs parlementaires, ainsi que d’autres politiques locaux.

« Tous ceux qui ont visité un ou plusieurs chantiers ont pu apprécier la diversité et la haute technicité de la construction, l’éventail de nouveaux métiers et les solutions climatiques offertes par notre secteur », a conclu Niko Demeester.

8 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 ÉVÉNEMENT

Fin 2019, le Centre Hospitalier de Wallonie picarde situé à Tournai a entamé la dernière étape du chanter visant le regroupement de toutes ses activités cliniques sur un site unique. Ce chantier est mené par la SM galère-CIT Blaton-Dherte-Tradeco.

Il s’agit d’un chantier pharaonique, de près de 150.000 m², sur lequel s’activent au quotidien plus de 120 ouvriers. Durant trois ans, les travaux de terrassement, de fondation et de gros-œuvre se sont enchainés. Les murs du futur hôpital sortent aujourd’hui de terre.

Eiffage Duchêne construit une écluse à grand gabarit sur le site d’Ampsin-Neuville. Ce projet permettra d’améliorer la navigation sur la Meuse et de réduire l’impact environnemental du transport.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 9 JOURNÉE CHANTIERS OUVERTS
Le Premier ministre, Alexander De Croo, a visité le chantier du nouveau poste à haute tension du gestionnaire de réseau Elia, à Alost. Il est construit par Besix et Mourik pour l’approvisionnement en électricité de la région de la Dendre. À la droite du Premier ministre, Niko Demeester, le CEO d’Embuild. Notre membre Colleaux s’occupe du réaménagement du centre urbain de la ville de Beauraing.

↑↑ Le nouveau palais de justice de Namur s’articule autour de la salle des pas perdus, un vaste espace recouvert d’une magnifique verrière de 40 m de large et de 30 m de haut. Il est construit par BPC et CIT Blaton.

← Notre président Thomas Scorier a répondu aux sollicitations des médias sur l’impressionnant chantier du palais de justice de Namur.

Socatra aménage complètement un parc urbain dans le cadre du contrat de quartier durable « Jonction », visant à ressouder le tissu urbain entre la Gare du Midi et la Gare Centrale.

Un projet d’habitation en ossature bois en cours de fabrication dans l’atelier de production de Marchetti, à Estinnes-au-Val.

↑ Chimsco Groupe a fait découvrir aux visiteurs son atelier de production et fabrication de charpentes, ossatures bois, carports, poolhouses et constructions de loisirs à Ciney.

↑ Le casino de Middelkerke (équipe de construction Nautilus composée de la SM Democo et Furnibo) était le chantier le plus populaire de JCO 2023, avec environ 6.000 visiteurs.

↑ L’échangeur A19-R8 à Courtrai/ Wevelgem sera entièrement réaménagé dans les années à venir par Stadsbader. L’échangeur en trompette va permettre d’éviter les longs bouchons et assurera une jonction sûre dans et autour de Courtrai.

10 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 ÉVÉNEMENT

Seetech a présenté la transformation d’un logement en gîte pour deux personnes, avec une installation domotique complète, à La Roche-en-Ardenne.

← La SM Valens – In Advance a pris en charge les travaux de rénovation de la piscine d’Ixelles afin de rendre sa splendeur d’origine à ce bâtiment classé depuis 2007, d’augmenter le confort des nageurs et d’améliorer son accessibilité pour tous.

La SM AB-Valens (Eiffage)-EEG a été retenue pour la deuxième phase de la transformation de la gare de Gand-Saint-Pierre. Les voies et les quais seront renouvelés et la gare subira une métamorphose complète qui la rendra beaucoup plus conviviale. Les quais seront protégés par une structure de toit qui permettra à la lumière du jour de pénétrer les quais et le hall au niveau du sol.

Artes TWT construit la nouvelle piscine de Louvain-la-Neuve, qui sera adaptée aux compétitions nationales. © Artes TWT.

Le réaménagement du Boulevard de la Woluwe, qui relie Vilvoorde et Malines au nord de Bruxelles. La SM Jan De Nul-Eiffage AB et Colas travaille sur le remodelage d’un tronçon de deux kilomètres pour le compte de l’Agence flamande des routes et trafic.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 11 JOURNÉE CHANTIERS OUVERTS

Christine Lhoste, un parcours professionnel dédié à la cause des indépendants

Depuis le début de cette année, Christine Lhoste est la nouvelle directrice générale du service d’études d’Embuild. Cette avocate de formation, originaire de Chaudfontaine, dispose d’une solide expérience en droit social et dans les cabinets ministériels des Indépendants et des PME.

Elle compte bien la mettre au profit du secteur et du lobbying de notre organisation professionnelle. Entretien.

Christine Lhoste, pouvezvous nous expliquer votre parcours professionnel ?

Je suis juriste de formation, j’ai étudié le droit à l’UCL et j’ai directement accroché avec le droit social. À l’issue de mes études, j’ai travaillé comme avocate au sein de plusieurs cabinets spécialisés dans cette matière. Six ans après, j’ai eu mon premier enfant et les horaires devenaient difficilement compatibles avec la vie d’une jeune mère.

En 2005, Sabine Laruelle, ministre des PME et des Indépendants, cherchait une spécialiste en droit social pour mener à bien son projet de loi relatif à la nature des relations de travail. Je me suis jetée sur l’occasion car l’objectif de cette loi était, entre autres, de défendre les indépendants. Je suis fille d’indépendants et petite-fille d’indépendants. J’ai vu mes parents et mes grands-parents travailler comme des fous, donc il est important pour moi de défendre ce statut, notamment concernant les allocations sociales, les pensions…J’ai adoré ce travail, au côté d’une ministre passionnée et dynamique. Pendant huit ans, nous avons mené un beau combat.

En 2013, la ministre allait arrêter et j’ai rejoint l’Union des classes moyennes (UCM) pour y occuper le poste de secrétaire générale. J’y ai continué à défendre les droits des indépendants et des PME. J’y suis restée deux ans avant que Willy Borsus m’appelle en 2015

pour revenir comme cheffe de cabinet, dans le même cabinet ministériel que celui de Sabine Laruelle. J’y ai travaillé sur le dossier tax shift : mesure zéro cotisation pour le premier engagement, réduire le taux de cotisation des indépendants, développer le droit passerelle… En 2017, le ministre Borsus est parti à la Région et Denis Ducarme a repris le poste.

En 2018, j’ai fait un burn-out. Le travail dans un cabinet ministériel est en effet très exigeant, il n’est pas rare d’annuler ses vacances ou week-ends entre amis ! Je me suis écroulée sur un terrain de tennis. Verdict : trois fractures, les ligaments déchirés et je me suis retrouvée dans une chaise roulante. Mon corps a dit stop et j’ai été à l’arrêt trois mois et demi. C’est une belle leçon de vie. En octobre 2020, David Clarinval est devenu ministre des Indépendants et des PME et je suis repartie avec lui, comme cheffe de cabinet, notamment pour gérer la crise sanitaire, la crise de l’énergie…Mais plus le temps passait, plus la passion diminuait. C’était un gouvernement compliqué et peu de projets aboutissaient. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la réforme des pensions, en juillet 2022. Des journées, des nuits et des week-ends de travail pour un résultat décevant, j’ai dit ça suffit ! L’ex-Confédération cherchait un nouveau directeur général pour son service d’études. Je connaissais Niko Demeester, du temps où il était au SPF Economie et après comme chef de cabinet du ministre Van Quickenborne. Cela a vite collé entre nous lors des interviews, et j’ai rejoint Embuild début 2023.

Connaissiez-vous bien notre organisation professionnelle ?

Pour être honnête, non. Je connaissais la Confédération de loin, via Robert de Mûelenaere, David Lanove et Colette Golinvaux qui passait de temps en temps au cabinet de Willy Borsus, mais sans plus. J’ai aussi rencontré Francis Carnoy à de nombreuses reprises,

12 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 VOS INTÉRÊTS

notamment lors du projet de loi relatif à la nature des relations de travail, à l’époque où je travaillais pour Sabine Laruelle.

Quelle image a-t-elle dans le milieu politique que vous avez beaucoup fréquenté ?

Une très bonne image ! Mais le problème est qu’elle ne se fait pas toujours assez entendre, du moins de mon expérience au cabinet des indépendants. Je prends l’exemple du premier plan de relance post-Covid, en 2020. On a très peu entendu la Confédération. D’autres secteurs se font beaucoup plus entendre ! Dans le cabinet où je travaillais, des rencontres régulières étaient programmées avec de nombreux secteurs, mais pas la construction. La concertation sociale y est très forte, avec beaucoup d’accords entre patrons et syndicats. Mais il est très important de faire du lobby ! Ce sera l’une de mes tâches, veiller à bien nous faire entendre.

Pourquoi avez-vous rejoint Embuild ?

C’est un nouveau défi, un nouveau challenge. J’avais fait le tour du cabinet politique. Niko Demeester a une vision et des ambitions qui collent parfaitement aux miennes, notamment au niveau du renforcement du lobbying. Ensuite le secteur de la construction est très important dans l’économie belge. Ce sont 290.000 travailleurs, y compris les indépendants, 7 % de l’emploi privé et 76 milliards de chiffre d’affaires par an. Et troisièmement, Embuild est une fédération nationale, ce qui est rare de nos jours, avec des déclinaisons régionales fortes. Elle possède aussi des associations locales et 17 associations professionnelles. Chacun travaille dans ses compétences, c’est remarquable !

Que comptez-vous apporter à l’organisation ?

Le plus important pour moi, en tant que lobbyiste, est d’être crédible. Il faut que le pouvoir politique sache que nous sommes crédibles. Nous avons un problème, nous allons le voir et nous proposons des solutions crédibles et argumentées. Lorsque je travaillais au cabinet, je recevais des stakeholders (ndlr : parties prenantes). J’avais envie de les écouter et de les défendre, surtout quand leurs arguments étaient justes et bien fondés. Nous devons faire la même chose, aller frapper davantage à la porte du politique ! Depuis que je suis ici, j’ai constaté des équipes extrêmement fortes. Au service d’études, nous disposons d’experts de haut vol. J’ai envie de valoriser leur travail pour qu’il soit efficace et utile.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 13 DÉFENSE DES INTÉRÊTS
« J’ai vu mes parents et mes grands-parents travailler comme des fous, donc il est important pour moi de défendre ce statut. »

Avez-vous déjà défini un plan d’action de votre fonction et des objectifs ?

Je ne suis là que depuis quelques mois et j’y travaille. Le premier aspect de ma fonction est le renforcement du lobbying, via le redéveloppement du service d’études. Il y a un tas d’études sociales, économiques, juridiques…à réaliser et à communiquer, en vue des élections de 2024. Nous avons des réunions de staff et des entretiens bilatéraux toutes les deux semaines, en alternance, à ce sujet. J’entends aussi rencontrer les entrepreneurs sur le terrain : aller à leur rencontre, comprendre leur réalité quotidienne, remonter leurs problèmes…

Pour cette année, j’ai trois objectifs bien précis. Un, comme déjà dit, renforcer le lobbying du service d’études en vue des élections de l’année prochaine. Deux, collaborer avec les régions. Nous avons des comités de concertation avec les directeurs généraux régionaux pour réaliser le mémorandum. Nous travaillons aussi sur l’organisation des Ateliers de la Construction pour entendre la voix et les revendications de nos membres dans les régions. Et enfin trois, je fais partie du comité de vision de Buildwise pour travailler sur la construction du futur et accompagner les entreprises vers la transition technologique.

Vous « découvrez » le secteur. Avez-vous déjà pointé ses dossiers prioritaires ?

Il y a tout d’abord le défi environnemental avec les objectifs européens en termes de rénovation énergétique des bâtiments. Ils sont très ambitieux. La Commission européenne veut imposer le label F en 2027 et le label E en 2030, mais le Parlement veut aller encore plus loin. Ce sont donc 50 % de tous les bâtiments de l’Union européenne qui devront être rénovés dans des délais très serrés. C’est de la folie ! Il y a aussi cet objectif de réduction des gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030. La construction est responsable de 40 % de la consommation énergétique et de 36 % des émissions de gaz à effet de serre. Elle aura donc un rôle majeur à jouer dans ces dossiers ambitieux, mais courageux. Notre rôle est d’aider les entreprises à travailler et rester compétitives. C’est le défi de la compétitivité avec la recherche de main-d’œuvre qui fait cruellement défaut actuellement.

Il y a aussi le défi social, aider les citoyens à rénover ou avoir accès à leur logement. Nous

La crédibilité est essentielle

« Le plus important pour moi, en tant que lobbyiste, est d’être crédible. Il faut que le pouvoir politique sache que nous sommes crédibles. Nous avons un problème, nous allons le voir et nous proposons des solutions crédibles et argumentées. Lorsque je travaillais au cabinet, je recevais des stakeholders (ndlr : parties prenantes).

J’avais envie de les écouter et de les défendre, surtout quand leurs arguments étaient justes et bien fondés. Nous devons faire la même chose, aller frapper davantage à la porte du politique ! »

devons travailler avec les banques, sur les systèmes de primes, maintenir le taux de TVA sur la rénovation et celui sur les démolitionsreconstructions à 6 % au lieu de 9 %…bref activer tous les leviers possibles pour renforcer l’accès au logement. Avec les taux d’intérêt actuels, il devient tout simplement impossible pour bon nombre de ménages. En quatre ans, les prix des maisons et des appartements ont augmenté de plus de 20 %.

Quand vous êtes arrivée, le changement de nom avait déjà eu lieu. En quoi Embuild peut permettre de mieux nous positionner en termes de lobbying et de défense des intérêts par rapport à la Confédération Construction ?

Confédération, c’est un nom vieux qui renvoie à un ensemble de petites fédérations. Ce n’est pas très clair en plus. Embuild est un nom moderne en anglais, qui peut être communément utilisé dans les trois régions du pays. Il fait référence à la construction du futur qui colle parfaitement à notre ADN. Le terme donne un souffle nouveau, avec un nouveau CEO qui a une vision moderne du secteur. C’est un changement très positif et utile.

Dernière question. Après ces premiers mois, quelle est votre première impression sur le secteur et Embuild ?

Comme déjà dit, je ne connaissais pas bien la construction. Mais en quelques mois, j’ai déjà bien ciblé les enjeux du secteur et je veux aller à la rencontre des entreprises. J’ai aussi appris à connaître la structure d’Embuild, que je dois évidemment encore approfondir. Je suis impressionnée par le travail des équipes en interne. Nous disposons de compétences très pointues dans des matières pas toujours faciles. Je vais m’atteler à mettre tout ce travail en avant. C’est un beau défi à relever.

14 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 VOS INTÉRÊTS
« Au service d’études, nous disposons d’experts de haut vol. J’ai envie de valoriser leur travail pour qu’il soit efficace et utile. »

L’ENVIRONNEMENT AU CŒUR DE LA STRATÉGIE DU SECTEUR CIMENTIER

Très récemment, FEBELCEM a publié son Rapport Environnemental 2022. Il présente une compilation représentative des démarches concrètes réalisées par l’industrie cimentière en matière d’environnement. Son objectif est de faire découvrir les initiatives encore trop peu connues tant du grand public que de nos partenaires de la construction. Il est non seulement une photographie des bonnes pratiques actuelles, mais donne également des perspectives de réponses aux enjeux de notre société, notamment le dé climatique.

Le ciment est l’ingrédient indispensable à la construction : il est le liant qui permet d’agglomérer des granulats en une matière résistante, durable et disponible, à savoir le béton. Que ce soit en matière d’infrastructures de transport, de mobilité douce, d’énergie renouvelable et de logement durable, le béton reste un matériau central. Non seulement, il présente de nombreux atouts bien connus dans son utilisation primaire, mais également dans le cadre de la construction circulaire : le réemploi de structures en béton et le recyclage de granulats de béton issus de déconstruction ou de démolition s’accélèrent et se généralisent de plus en plus.

Le Rapport Environnemental 2022 a été élaboré pour être parcouru in extenso ou au gré des di érents chapitres qui le composent et s’adresse à tous les publics curieux de nous découvrir ou de mieux nous connaître. L’élément central est évidemment la «Roadmap 2050 du Ciment et du Béton» à travers les «5 C» et les di érents leviers qui amèneront le ciment à l’objectif de neutralité carbone. Un chapitre est dédié à l’économie circulaire et à l’utilisation rationnelle des ressources. Qui dit ressources dit exploitation des carrières et préservation de la biodiversité sur ces sites en activité et après extraction.

Le Rapport Environnemental 2022 est disponible sur le site de FEBELCEM : https://www.febelcem.be/ leadmin/user_upload/ rapport-environnemental/fr/Rapport_environnement_ FBC_2022.pdf.

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Concilier construction et biodiversité

Selon un rapport du Forum économique mondial, les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires du monde entier considèrent le changement climatique comme le plus grand risque pour l’avenir. La biodiversité arrive en deuxième position. Une surprise ? Pas vraiment. La valeur des biens et services fournis par les écosystèmes naturels est estimée entre 120.000 et 135.000 milliards d’euros par an. Même d’un point de vue strictement économique, il est donc crucial de préserver ces systèmes.

C’est l’une des raisons pour lesquelles le concept de biodiversité, condition sine qua non d’un écosystème sain, fait l’objet d’une attention croissante aujourd’hui. Il est possible de concilier construction et biodiversité, aussi bien dans des projets de logements que d’infrastructures.

Natagora, une association de protection de la nature en Belgique francophone et germanophone, a lancé un beau projet « Biodiversité dans le bâti » grâce au soutien de la Wallonie, qui lance aussi des initiatives pour promouvoir la thématique qui nous intéresse dans ce dossier.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 17 DOSSIER

« Biodiversité dans le bâti» : un projet accueillant pour la faune et la flore

La biodiversité. Un concept qui peut paraître assez vague pour bon nombre d’entre vous. Pour bien comprendre la thématique, votre magazine s’est entretenu avec Julia Luxen, chargée de mission chez Natagora, une association de protection de la nature en Belgique francophone et germanophone. Elle anime le groupe de travail transversal « Biodiversité dans le bâti », auquel Embuild Wallonie participe.

UN SITE INTERNET ET UNE FICHECONSEIL

Différents outils existent déjà pour vous permettre d’aborder le sujet. L’application ObsIdentify permet de réaliser des identifications sur base de photos. Ces recensements permettent de compléter la base de données disponible sur le site internet www. observations.be.

Une ficheconseil reprend les informations importantes pour réaliser un état des lieux préliminaire et pour envisager des aménagements pour accueillir la biodiversité dans le bâti. Elle est disponible et téléchargeable sur le site reseaunature. natagora.be.

«La biodiversité d’un milieu, c’est la diversité des êtres vivants qui l’habitent. Plus il y a « d’espèces » différentes, plus le réseau d’interactions est important, et donc plus la perte d’une « espèce » sera supportée facilement par l’ensemble des autres. Un milieu à grande biodiversité sera donc plus résilient, car plus à même de s’adapter aux changements », explique JULIA LUXEN

Tour Jenga

Problème : si une espèce disparaît, l’équilibre de cet écosystème est fragilisé. « J’aime utiliser l’image d’une Tour Jenga. Lorsque l’on retire une brique, son équilibre est menacé. C’est la même chose lorsqu’une espèce disparaît ». Et les chiffres officiels donnent un état des lieux alarmant : au niveau mondial, 31 % des espèces ont été classées comme menacées et en Wallonie, ce ne sont pas moins de 9 % des espèces qui ont disparu du territoire. « Les causes de ce déclin sont diverses (pollution, changements climatiques, impact des espèces invasives, fragmentation des paysages…), mais la principale est la perte d’habitats (changement d’affectation des milieux) due notamment à l’urbanisation et à la rénovation du bâti. »

Impact sur l’écosystème

Notre secteur est donc un acteur important dans la préservation de cette biodiversité. Car chaque intervention dans l’acte de construire ou rénover à un impact sur l’écosystème. « Stopper l’imperméabilisation des sols est un enjeu très important, car 25 % des espèces se trouvent dans le sol. Végétaliser, après travaux, un espace détruit pendant ceux-ci ne ramène pas la diversité intrinsèque au sol, mais amène uniquement des espèces abondantes, voire problématiques, largement répandues. Il est important de préserver et encourager la spontanéité et la diversité de la vie sauvage partout où cela est possible, en prenant des mesures concrètes pour conserver les biotopes, avec le maximum de respect et de précaution. Par exemple : prendre des mesures spécifiques intégrées au plan de gestion de chantier, mettre en place des périmètres de protection, des plans de circulation… »

Préserver les espèces

Il s’agit donc de préserver les sites occupés par les espèces, sans oublier celles qui occupent quasi exclusivement le bâti : moineau, martinet, hirondelle, chauves-souris...La Loi sur la Conservation de la Nature (LCN de juillet 1973) stipule que toutes les espèces reprises dans les listes des annexes de la convention de Berne sont intégralement protégées en Wallonie. Cette protection implique notamment l’interdiction de détériorer ou de détruire les sites de reproduction, les aires de repos ou tout autre habitat « naturel » où vivent ces espèces à un des stades de leur cycle biologique. Or le bâti est devenu pour certaines espèces un habitat naturel. « Je prends le cas des martinets. Ces oiseaux sont fidèles à vie à leur site de nidification, ils sont très discrets et entrent dans leur cavité à une vitesse de 40 à 60 km/h. Lors de travaux, ils sont suscepti-

18 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 DOSSIER

Les briques peuvent être disjointoyées pour créer des gîtes pour les espèces de chauves-souris qui apprécient les espaces étroits.

bles d’être emmurés vivants. Si les accès sont obturés en leur absence, ils peuvent aller jusqu’à se cogner pendant plusieurs jours pour tenter de retrouver un accès. Des mesures simples et peu coûteuses permettent de conserver les habitats ou en créer de nouveaux : dans les trous de boulin, les trous de ventilation, dans les caissons de corniches, sur le haut des murs, sous les appuis de fenêtres, sous les tuiles ou derrière les planches de rives ou un bardage…La présence d’un échafaudage est souvent une opportunité pour que l’entrepreneur aménage ces espaces. »

Il faut non seulement préserver les cavités, mais aussi les fissures. Certains travaux doivent être évités lors des périodes d’occupation, comme le rejointoyage, le calorifugeage et l’isolation des murs, comme par exemple, derrière les parements en brique. Il faut tenir compte des espèces présentes. « Si ce n’est pas le cas, le chantier peut être mis à l’arrêt. Cela a notamment été le cas lors des travaux de rénovation d’une église à Hermalle-sous-Argenteau, dans la province de Liège. Cette mise

Les martinets sont très impactés par la perte d'habitat en cas de travaux de toiture et d'isolation.

à l’arrêt peut coûter énormément d’argent à l’entreprise », avertit Julia Luxen.

Atténuer

Le deuxième objectif est d’atténuer l’impact des chantiers en créant de nouveaux milieux propices au développement de la nature, et en améliorant le potentiel écologique du bâtiment. « Il s’agit de réduire la transparence, l’effet miroir et la pollution lumineuse des vitrages. Au niveau de l’éclairage artificiel, il faut viser la sobriété énergétique et supprimer les éclairages de nature à faire fuir la faune lucifuge. Il est également intéressant de signaler que les panneaux solaires thermiques et photovoltaiques sont compatibles avec la végétalisation, car elle permet de diminuer la température et ainsi augmenter leur rendement. S’il n’est pas possible de végétaliser, il est intéressant d’envisager de réaliser des toitures

EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 19 NATAGORA
« Il faut tenir compte des espèces présentes.
Si ce n'est pas le cas, le chantier peut être mis à l'arrêt. »
Photo: Marc Van Daele Photo: Damien Sevrin - Natagora Julia Luxen anime le groupe de travail transversal « Biodiversité dans le bâti », auquel Embuild Wallonie participe. ©Emilie Pierret

Une chiroptière a été créée dans le mur pignon afin de permettre aux chauvessouris d'accéder aux combles.

stockantes pour diminuer le débit de l’eau évacuée par les toitures. »

Créer des cavités intégrées au niveau des corniches, murs acrotères et autres espaces adjacents non chauffés permet de proposer un meilleur confort pour les différentes espèces.

La rénovation de la toiture ou l'isolation d'une façade est une belle opportunité pour percer la corniche et permettre aux oiseaux de nicher dedans, sans risquer de souiller la façade.

« Et cela sans créer de ponts thermiques », précise Julia Luxen. « Il est également intéressant d’aménager des accès à certains espaces intérieurs, via une lucarne, une chatière d’aération, une tuile d’about ou encore une tuile faîtière. Dans ces espaces intérieurs, il est possible de prévoir des micro-gîtes en bois ou en briques, par exemple. »

Projet

Vous avez pu le lire, notre secteur est pleinement concerné pour favoriser la biodiversité. Le but du projet « Biodiversité dans le bâti » de Natagora, avec le soutien de la Wallonie, a pour vocation de créer des outils à destination des acteurs de la construction, pour enrayer la perte de biodiversité lors de travaux de rénovation et mettre en place

un système d’atténuation, pour la privilégier davantage. « Un groupe de travail permet aux entrepreneurs et naturalistes de se mettre autour de la table pour cibler les priorités en matière de formations, de réglementations… Les échanges menés jusqu’à présent ont été très enrichissants », souligne la coordinatrice du projet.

Conclusion

Vous ne vous sentez pas concerné par la protection de la biodiversité ? C’est un tort ! « Qu’on le veuille ou non, l’entrepreneur doit faire évoluer ses pratiques afin de préserver la nature et favoriser une cohabitation harmonieuse. Si la Loi sur la Conservation de la Nature n’est pas respectée, les chantiers peuvent être mis à l’arrêt. C’est une perte de temps et donc d’argent. Les réglementations vont encore évoluer à l’avenir et avec le plan « Stop béton » qui se profile, la biodiversité va encore davantage impliquer et concerner les acteurs de la construction », conclut Julia Luxen.

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Photo: Gilles San Martin Photo: Gilles San Martin
DOSSIER

BiodiverCité, un susbside wallon pour favoriser la biodiversité dans votre commune

Pour encourager les communes à entreprendre des actions en faveur de la biodiversité, la Région wallonne a lancé l’appel à projets BiodiverCité, en 2021. Il s’agit d’un subside octroyé pour réaliser un projet concret en lien avec la thématique, dont celle de la biodiversité et du bâti, où Natagora peut apporter son expertise et son soutien.

En matière de biodiversité, les communes ont un rôle important à jouer pour mettre en œuvre des politiques de protection de la faune et de la flore. Consciente de la perte de biodiversité mondiale, la Wallonie soutient les communes dans leurs actions de préservation et de restauration des espaces naturels et de développement de la biodiversité.

Cette subvention offre l’opportunité à chaque commune wallonne de s’engager et de réaliser des projets ambitieux en la matière, à l’échelle de son territoire avec l’appui d’un soutien financier. « Le montant maximum est fixé à 12.000 € par bénéficiaire et par an : 10.000 € pour un projet généraliste et 2.000 € dédiés à l’achat de plants dans le cadre de la « Semaine de l’arbre », indique SOPHIE ADAM , conseillère biodiversité au sein du cabinet de la ministre Céline Tellier, ministre wallonne de l’Environnement, de la Nature, des Forêts, de la Ruralité et du Bien-Être.

Plusieurs types de projets

Dans le bâti (bâtiments, écoles, églises…), ces projets peuvent être de plusieurs types. « L’objectif est de mettre en place des projets qui ont un réel impact positif en faveur de la biodiversité. Concernant les aménagements pour la faune comme l’installation de nichoirs et micro-gîtes, ils sont destinés à des espèces sensibles comme les martinets, les chouettes, les hirondelles, les moineaux ou encore les chauves-souris. Ces projets devront être validés par un expert local ou une association telle que Natagora. Cela concerne également l’achat de matériaux pour la construction de murs en pierres sèches appréciés par les lé-

zards, les insectes…qui sont plus intéressants écologiquement que des hôtels à insectes. Il y a aussi la préservation de la trame noire, c’està-dire garder un corridor d’obscurité pour que la faune puisse se déplacer, notamment en démontant des câblages et projecteurs illuminant des clochers d’église, des monuments…Il y a également tout ce qui concerne les plantations d’arbres, de plantes vivaces ou encore les toitures végétalisées, toujours réalisées avec des essences indigènes. Plusieurs associations peuvent réaliser un accompagnement gratuit des communes pour mettre en place ces projets », explique Sophie Adam.

Important à savoir : si la commune a connaissance d’un projet qui n’a pas lieu sur une propriété communale, elle peut toujours bénéficier de la subvention via une convention site ou faune de gestion de longue durée (de minimum 15 ans) avec le propriétaire. « C’est également possible pour un terrain qui appartient à la Région », précise Sophie Adam.

80 % des communes

BiodiverCité est très apprécié et utilisé par les communes. Depuis son lancement, 80 % d’entre elles ont participé. « C’est très encourageant et nous allons perdurer cet appel à projets dans le temps. La biodiversité est une thématique très importante pour la Région wallonne. De manière générale, elle se dégrade et l’objectif du gouvernement est de mettre des actions en place pour la soutenir et l’intégrer un peu partout sur le territoire.

À cet égard, le secteur de la construction a un rôle à jouer dans la thématique spécifique biodiversité et bâti, notamment avec l’aide de Natagora », conclut la conseillère biodiversité de la ministre.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 21 APPEL À PROJETS
INFO :
biodivercite@ spw.wallonie.be

À Visé, la résidence « Les Martinets» accueille les oiseaux

En collaboration avec Natagora, notre membre Maréchal Construction a participé à un beau projet favorisant la biodiversité dans le bâti. Il s’agit de la réhabilitation du « Moulin Bruyère » de Visé, le long de la Meuse. Le site était occupé par des martinets et l’entrepreneur l’a transformé en un bloc d’appartements, où 30 briques-nichoirs ont été intégrées.

Sur la rive gauche de la Meuse, en face de l’île Robinson, cet ancien moulin à grains était désaffecté depuis une vingtaine d’années. Un projet de le réaménager en logements a alors vu le jour. « À l’époque, j’avais été informé par Claude Puts, chef du service Environnement de la Ville de Visé, que des martinets tournaient autour de l’ancien silo. On y soupçonnait la présence de nids dans certains bâtiments. Il m’a conseillé de faire appel à Natagora pour voir où étaient situés ces nids. J’ai alors été mis en contact avec Martine Wauters, spécialiste des martinets chez Natagora », explique CHRISTOPHE MARÉCHAL , le gérant de l’entreprise.

Refus de permis

La Ville de Visé avait d’abord rejeté une première demande de permis d’urbanisme, arguant que le dossier était incomplet, notamment parce qu’il n’intégrait pas la protection des martinets. La commune avait pris contact avec le Département de la Nature et des Forêts au sujet de ces oiseaux. Le DNF est responsable de veiller à la bonne application de la Loi sur la Conservation de la Nature (LCN), notamment la « Directive Oiseaux » de l’Union européenne stipulant qu’il est interdit de détruire les nids sauf dérogation accordée par l’autorité compétente.

Contraintes

Le DNF conditionnait l’octroi d’une déro-

gation à une série de contraintes concernant notamment la présence de martinets et de leurs nids. Et un permis était finalement accordé. « Nous avons alors commencé la démolition du site, en suivant les conseils de Natagora : échelonnage du chantier, démantèlement des parties sensibles après le départ des oiseaux et intégration de pas moins de 30 briques-nichoirs dans le nouveau bâtiment », indique Christophe Maréchal.

La structure de base en béton du moulin, sur cinq à six mètres de hauteur, a été conservée, le reste a été reconstruit en neuf. « Cela nous a permis d’intégrer des nids dans le complexe de façade (ndlr : voir la photo). Au niveau du coût, il faut compter une heure de travail pour la pose, ce qui est tout à fait acceptable », indique le gérant de l’entreprise.

Retour progressif

Au cours des travaux, les martinets sont progressivement revenus sur le site, appréciant à leur juste valeur les nids, qui venaient d’être conçus pour eux. « Pour les faire revenir, nous avons utilisé une radio qui diffusait leur son. Ce sont des oiseaux qui entrent dans des trous de 3,2 cm x 6,4 cm à une vitesse de 70 km/h. Ils font tout en vol, même dormir. Ils ne reviennent dans leur nid, toujours le même et jamais celui d’autres martinets, que pour mettre au monde les oisillons et les nourrir. »

Outil de vente

On l’a senti au cours de cet entretien,

Une bâche a été installée pour indiquer aux passants que ce projet intégrait des gîtes pour martinets avec l’aide de Natagora.

22 EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 DOSSIER
« Un projet qui respecte la nature et la biodiversité est un bon argument de vente et va le devenir de plus en plus. »

Christophe Maréchal s’est fortement intéressé à la thématique. Et selon les dires de l’entrepreneur, ce qui était vu comme contrainte au début du projet est finalement devenu un atout. « Le permis n’a pas tout de suite été accordé et nous avons dû aller chercher beaucoup d’informations et renseignements.

30 briques-nichoirs ont été aménagées dans le bloc d’appartements.

Cela nous a fait perdre du temps, nous avions déjà connu pareille situation lors du changement des linteaux des fenêtres de l’hôpital d’Hermalle. Il y avait des nids d’hirondelles et nous avions dû stopper le chantier. À Visé, l’intégration des nids était imposée par la Ville et le DNF, ce qui était une première pour l’entreprise. Mais au fil de temps, cette contrainte est devenue un outil de communication et de vente. Un projet qui respecte la nature et la biodiversité est un bon argument de vente et va le devenir de plus en plus. Sur l’échafaudage, en cours de chantier, une bâche a été installée pour indiquer aux passants que ce projet intégrait des gîtes pour martinets avec l’aide de Natagora. »

« Les Martinets »

Un panneau didactique a aussi été aménagé aux abords du site pour expliquer les caractéristiques des martinets et leur protection. Et cerise sur le gâteau, la résidence  ; qui comprend désormais dix appartements, un penthouse et un loft ; a été baptisée « Les Martinets ». « Et nous avons aussi créé une société immobilière dénommée Immo Martinet », souligne Christophe Maréchal. « Nous intégrons désormais beaucoup de plantations et de nature dans nos projets. C’est très intéressant et enrichissant. Je le conseille à tous mes confrères », conclut l’entrepreneur.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 23 LOGEMENT
Les nids ont été intégrés dans le complexe de façade. © Martine Wauters. © Martine Wauters.

Un écoduc en construction sur la E19, à Hal : un bel ouvrage de génie civil

Notre membre Stadsbader Contractors va commencer la construction d’un écoduc au-dessus de l’autoroute E19 dans le célèbre Bois de Hal, juste avant les congés du bâtiment. L’objectif du maître d’ouvrage, l’Agence flamande des routes et du trafic, est de soutenir la biodiversité, plutôt que de lui nuire. Nous avons demandé au chef de projet ce que cela signifie concrètement.

Le nouveau pont au-dessus de l’E19, dans le Bois de Hal, est l’un des 15 projets VAPEO (programme d’action flamand pour la défragmentation écologique) approuvés par le gouvernement flamand. Ces projets testent la manière dont les projets d’infrastructure peuvent améliorer la biodiversité.

À Hal, il s’agit de remplacer un pont pour voitures par un autre pont, qui n’est donc pas uniquement destiné à l’usage humain, mais fait également office d’écoduc, une sorte de pont routier respectueux des animaux. Les voitures ne pourront plus circuler sur le pont, mais la faune pourra traverser en toute sécurité sur les bas-côtés de celui-ci.

Pour KENNETH VANGERVEN , chef de projet chez Stadsbader Contractors, c’est le premier écoduc. « Pour moi, personnellement, oui, mais pas pour l’entreprise. Nous avons déjà construit l’écoduc sur le Ring de Bruxelles à Groenendaal, et nous travaillons actuellement sur un autre écoduc sur le Ring, à Hoeilaart », indique-t-il. « Stadsbader suit les appels d’offres publics et sélectionne les projets qui l’intéressent. Le contrat de Hal en est un exemple, car il s’agit d’un beau travail

24 EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 DOSSIER
« C’est l’occasion de montrer que nous pouvons mener à bien un tel projet au milieu d’une réserve naturelle et dans le respect de la nature. »
Kenneth Vangerven

de génie civil. C’est l’occasion de montrer que nous pouvons mener à bien un tel projet au milieu d’une réserve naturelle et dans le respect de la nature. On remarque également que ces projets sont plus fréquents aujourd’hui. Tout comme les projets d’infrastructures cyclables d’ailleurs. Nous sommes en train de construire des ponts pour vélos à Merelbeke, Zaventem, Dilsem-Stokkem… »

Conditions particulières

Vu la fragilité des écosystèmes aussi précieux que le Bois de Hal, ce projet était assorti d’une série de conditions particulières. Par exemple, le sol ne doit pas être trop retourné ou compressé. « Le traitement du sol était un aspect important du projet. Nous allons excaver 40 centimètres, et cette terre sera ensuite stockée sur un site désigné par l’Agence Nature et Forêts. Plus tard, elle sera mélangée à des granulés d’argile et à du fumier de vache, et réutilisée pour recouvrir certaines parties de l’écoduc d’une couche de 30 centimètres. À certains endroits, la couche de terre atteindra un mètre et demi d’épaisseur, car des arbres et des arbustes y seront plantés. »

« Les documents contractuels indiquent également clairement où les arbres peuvent être abattus. Les troncs seront ensuite réutilisés autour de l’écoduc et pour la construction d’un mur de souches. Il s’agit d’un mur en terre de deux mètres de haut et de cinq mètres de large dans lequel les racines et les souches des arbres sont incorporées. Il s’étend sur toute la longueur de l’écoduc et constitue la séparation entre les zones réservées aux personnes et aux animaux. »

La E19 se fond dans le paysage. Stadsbader relèvera l’éco-grille, la clôture qui éloigne actuellement les animaux de l’autoroute, afin qu’ils soient guidés vers le pont. Pour la même raison, le sol à proximité du pont sera surélevé de cinq à six mètres. Pendant les travaux, une clôture garantira que les animaux ne pénètrent pas sur l’autoroute le long de la zone de chantier.

Techniquement pas difficile

Avec la nécessité de soutenir la biodiversité vient donc un certain nombre d’exigences spécifiques. Mais sur le plan technique de la construction, ce n’est pas une tâche compliquée. « Il s’agit d’une conception belle mais simple, et c’est la situation qui la rend

possible. Le sous-sol est constitué de sable bruxellois avec une très bonne qualité géotechnique. Une simple fondation en béton armé est suffisante, il n’est pas nécessaire de planter des pieux dans le sol, et donc on évite d’endommager la nature. »

« La structure du pont est en béton coulé sur place. Et bien que l’écoduc soit partiellement recouvert de plantes et de terre, une étanchéité classique suffit pour la gestion de l’eau. Aucune technique de construction particulière n’est donc nécessaire à cet égard non plus. »

Délais très courts

C’est au niveau du planning que la nature complique les choses. L’impact des travaux sur la nature – et sur le tourisme – doit être le plus faible possible. C’est pourquoi les délais sont très courts. « L’abattage des arbres a déjà été effectué avant le 15 mars. Mais les travaux sur le pont lui-même n’étaient pas autorisés avant la fin de la période de floraison des jacinthes. Normalement, nous allons commencer avant les congés du bâtiment de 2023. Nous devrions avoir terminé le projet avant ces mêmes congés, en 2024. Le pont ne sera donc pas utilisable durant la floraison de jacinthes l’année prochaine, mais ce délai était malheureusement irréalisable. Il s’agit d’un contrat de 7,7 millions d’euros, avec des amendes en cas de retard. Nous devrons donc procéder à des ajustements, si nécessaire. Cela signifie que nous déploierons du personnel supplémentaire, si nécessaire, et que nous travaillerons le samedi. Des délais aussi courts font de ce contrat un véritable défi. »

Communication

Les autorités sont encore en phase d’apprentissage concernant ce type de projets. La communication est donc importante. Mais Kenneth Vangerven n’y voit aucun problème. « Pour ce projet, la commune de Hal, l’Agence flamande des routes et du trafic et l’Agence Nature et Forêts se concertent régulièrement. Pour nous, c’est une valeur ajoutée. Ces moments de consultation sont très constructifs. Tant Hal que l’Agence Nature et Forêts comprennent et acceptent que les travaux auront un impact temporaire sur la biodiversité. Mais ils voient aussi qu’en fin de compte, la biodiversité bénéficiera de cette intervention », conclut Kenneth Vangerven.

LA SPLENDEUR DES JACINTHES

Le Bois de Hal, ou Hallerbos en néerlandais, est situé au sud-est du centre-ville de Hal et s’étend sur 552 hectares. Il se trouve en grande partie dans la Région flamande, mais aussi, dans une moindre mesure, en Wallonie. Il a une grande valeur écologique et fait partie du Réseau écologique flamand, d’une réserve naturelle flamande depuis 2021 et est protégé au niveau européen en tant que site Natura 2000.

Même ceux qui n’y sont jamais allés le connaissent peut-être grâce à ses jacinthes sauvages. Leur floraison en avril attire chaque année la presse belge et parfois même internationale. Le bois suscite alors la curiosité de dizaines de milliers de visiteurs.

Le Bois de Hal a une histoire mouvementée. Pendant la Première Guerre mondiale, par exemple, il a été presqu’entièrement défriché par les occupants allemands.

La plus récente intervention destructrice de la nature a été la construction de l’autoroute E19 en 1974, qui a fait disparaître 25 hectares de forêt.

L’entreprise Stadsbader Contractors a remplacé un pont au-dessus de l’E19, dans le bois, par un pont destiné à la circulation douce.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 25 INFRASTRUCTURE

« Dispenser de permis des travaux de rénovation énergétique ? Pas une bonne idée ! »

Le 20 avril dernier ; Embuild Wallonie, en collaboration avec l’UWA (Union Wallonne des Architectes), l’UVCW (Union des Villes et Communes) et le consortium RENO+, a organisé une conférence intitulée « La rénovation énergétique du logement privé en Wallonie : défis et opportunités en matière urbanistique ». Elle s’est tenue dans le cadre du salon Municipalia, au WEX à Marche-en-Famenne et était animée par Virginie Richiuso, manager Droit, Urbanisme & Marchés publics, chez Embuild Wallonie.

La première partie de cette conférence a réuni une table ronde à laquelle participaient Adeline Stals (responsable du marketing et des relations extérieures au sein de la plateforme locale de rénovation EN’Hestia), Aurélie Tondus (facilitatrice PEB à l’UWA) et Thibault Ceder (conseiller expert en Aménagement du territoire et Logement à l’UVCW).

Comme l’a souligné VIRGINIE RICHIUSO, lors de son introduction, les enjeux de la rénovation énergétique du logement privé sont énormes en Wallonie. Deux thématiques ont été abordées au cours de cette conférence. « La première concerne les difficultés rencontrées dans le cadre d’un projet de rénovation et la seconde, les solutions possibles pour alléger les procédures », a-t-elle indiqué.

Problèmes dans les centralités

THIBAULT CEDER a confirmé que le traitement d’un permis d’urbanisme pour la rénovation pose effectivement des problèmes pour les communes. « La question énergétique et l’isolation des bâtiments sont un enjeu très important et la crise l’a accentué. De plus en plus de citoyens viennent se renseigner et posent beaucoup de questions, vu l’engouement politique. Les communes ont très peu d’informations autour de ces objectifs dans lesquels il y a beaucoup de contraintes. Elles découvrent les dossiers petit à petit et constatent des projets

à enjeux et d’autres sans. Un projet de rénovation énergétique d’une maison quatre façades, à la campagne, ne pose pas de problèmes. Ce sont dans les centralités que l’on constate les problèmes et plus précisément pour isoler les façades avants. Pour rajouter un crépi, il existe différentes réglementations à ce sujet, les citoyens ne sont pas au courant et les communes ne le sont pas toujours non plus. Cela entraîne un blocage », a-t-il expliqué.

Problème : face à cette complexité, le citoyen abandonne parfois son projet. « L’octroi d’un permis pour une façade avant est effectivement beaucoup plus complexe que pour une façade arrière. Vu les difficultés rencontrées, le candidat rénovateur peut passer de quelqu’un de très motivé à quelqu’un qui abandonne ou qui reporte », a souligné ADELINE STALS C’est un problème, surtout que la Wallonie doit accélérer son taux de rénovation du bâti pour atteindre le label A en 2050.

Dispense de permis ?

« Face à ces contraintes, ne faudrait-il pas envisagerunedispensedepermispourcetype de travaux ? », a interrogé Virginie Richiuso. Une solution à ne pas envisager, selon Aurélie Tondus. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. S’il n’y a pas d’architecte, le citoyen est livré à lui-même. Et dispenser ces travaux de permis, c’est faire fi de ces réglementations et la porte ouverte aux débordements », a insisté la facilitatrice PEB de l’UWA.

26 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 SECTEURS & MÉTIERS
« Il faut simplifier, accompagner et informer aussi bien les privés que les professionnels. »

La table ronde était animée par Virginie Richiuso (Embuild Wallonie), debout sur la photo. De g. à dr., Adeline Stals (EN’Hestia), Aurélie Tondus (UWA) et Thibault Ceder (UVCW) y ont participé.

Sans architecte ?

Et quid de la demande d’un permis sans le concours d’un architecte ? « Êtes-vous demandeurs de telles procédures », a demandé la modératrice des échanges à Thibault Ceder.

« Même pour les architectes, la complexité d’un tel dossier est présente. Et plus le formulaire est complexe, plus ça prend du temps.

Tout le monde a intérêt à ce qu’on simplifie les annexes, par exemple en informatisant la demande. Si on y arrive, le citoyen pourrait se passer d’un architecte. Sans simplification, c’est compliqué », a expliqué Thibault Ceder.

« Le CoDT, à l’époque le CWATUPE, n’a pas été pensé pour l’isolation. Il faut revoir les formulaires et adapter des procédures spécifiques pour atteindre le label PEB A, en 2050. » La solution d’isoler par l’intérieur, au lieu

de la façade avant ne pourrait-elle pas être la solution ? « Cela offre de moins bonnes performances, ça prend plus de place, ça demande plus de travail et c’est donc plus coûteux. Le citoyen va privilégier l’isolation par l’extérieur », a expliqué AURÉLIE TONDUS . « Peu importe la solution envisagée, par l’extérieur ou l’intérieur, le secteur de la construction doit être bien formé à toutes ces techniques. Car ce sont des enjeux majeurs pour l’avenir », a encore indiqué Adeline Stals.

Virginie Richiuso a conclu cette table ronde, en résumant les points de vue partagés par les interlocuteurs. « On est tous d’accord, il faut accélérer la rénovation du bâti, mais pas en la dispensant de permis. Il faut simplifier, accompagner et informer aussi bien les privés que les professionnels. »

Après la table ronde, ARNAUD DAWANS (Buildwise) a présenté le projet RENO+. Celui-ci vise à expérimenter la massification de la rénovation des logements privés. Car pour atteindre le label A en 2050, il va falloir passer d’un taux de rénovation de 0,7 %/an à 3% d’ici 2050. Cela signifie rénover 45.000 logements/an, 125 logements/ jour et 5 logements/heure. Embuild Wallonie, Buildwise et GreenWin sont partenaires de ce projet pilote subsidié par la Région wallonne. « RENO+, c’est développer un écosystème compétitif pour permettre au plus grand nombre l’accès à une rénovation facile, de qualité, en profondeur et au coût juste pour une transition bas carbone », a indiqué Arnaud Dawans.

RENO+ promet une rénovation de qualité, un accompagnement, des solutions techniques fiables centrées sur l’innovation et le numérique et une activation du secteur pour l’aider à résoudre ses problèmes de pénurie de main-d’œuvre.

Au niveau urbanistique, RENO+ veut apporter des solutions techniques en travaillant par « building blocs », soit une procédure à suivre par type de travaux. Elle serait adaptée selon trois cas : des travaux sans permis, avec un permis à impact limité et avec permis avec recours à un architecte. « Nous voulons aider les candidats rénovateurs dans ces démarches en identifiant et proposant des solutions pour lever les freins sur le long terme », a indiqué Arnaud Dawans. « Ces solutions permettraient de réaliser un train de rénovation. C’est un ensemble de processus qui, pour soutenir la massification de

la rénovation énergétique, prévoit de regrouper les bâtiments entre eux suivant certains critères afin de réduire les délais tout en augmentant la qualité et de s’adjoindre un support digital fort pour optimiser la gestion des dossiers. Ces regroupements de bâtiments s’opèrent sur plusieurs plans différents. Par exemple : par localisation géographique (rue ou quartier) ou par typologie de bâtiments pour reproduire une solution technique. C’est un moyen parmi d’autres de massifier la rénovation des bâtiments », a expliqué Arnaud Dawans.

Il a ensuite comparé ces travaux de rénovation à un voyage (type de travaux) qu’un citoyen réalise en passant par plusieurs gares pour arriver au label A. « En montant dans le train de rénovation, il est possible d’envisager de regrouper les permis entre eux afin de réduire les délais de traitement et de bénéficier de plans de rénovation à terme et par étapes sur des quartiers entiers. »

HUGUES KEMPENEERS , le directeur général d’Embuild Wallonie, a conclu la conférence. « La problématique de la rénovation est très importante. L’ambition du label A est considérable et met la pression sur les communes. Un projet comme RENO+ doit permettre de trouver des solutions. J’invite les mandataires publics à venir nous consulter en cas de questions », a-t-il indiqué.

INFO: www.renoplus.org et info@renoplus.org. Vous trouverez une présentation détaillée de RENO+ dans notre édition de mars 2022.

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 27 MUNICIPALIA
Arnaud Dawans a présenté le projet RENO+.
« MONTER DANS LE TRAIN DE LA RÉNOVATION AVEC RENO+ »

Le PACE 2030 établit un calendrier

pour les obligations

de rénovation énergétique

La Région wallonne a récemment adopté son Plan Air Climat Énergie 2030 (PACE 2030). Il vise, entre autres, à réduire les émissions de CO2 de 55 %, par rapport à 1990, et doubler le recours aux énergies renouvelables d’ici 2030. La rénovation énergétique des bâtiments est l’un des éléments majeurs de ce plan, qui impactera la construction dans les prochaines années. Voici un résumé des principales mesures qui impliquent notre secteur et l’avis d’Embuild Wallonie, à son sujet.

Ce PACE 2030 s’inscrit dans le contexte européen du Green Deal, le pacte vert qui vise à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Au niveau wallon, il s’inscrit dans le cadre du Décret Climat du 19 février 2014 qui, outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, vise aussi à améliorer la qualité de l’air. Il fait également le lien avec la stratégie wallonne de rénovation énergétique à long terme du bâtiment (SLT 2050). Ce plan constitue en quelque sorte la feuille de route pour les prochaines années.

Mais sa mise en œuvre n’implique pas que le secteur de la construction. L’agriculture, l’industrie, les transports et la mobilité sont, entre autres, aussi concernés.

Mesures

La première mesure, qui touche directement le secteur du bâtiment, concerne la sortie des énergies fossiles. Un calendrier a été établi à ce sujet. Dans les bâtiments neufs, il sera interdit d’installer des appareils pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire au mazout et au charbon à partir du 1er mars 2025. Pour les bâtiments existants, en cas de remplacement d’une ancienne installation, la date d’interdic-

tion du mazout ou du charbon interviendra le 1er janvier 2026. En ce qui concerne le gaz, une stratégie de sortie du gaz fossile sera établie pour le 30 juin 2023 sur base d’un calendrier à l’horizon 2050, avec des objectifs de réduction progressive d’ici 2030 et 2040.

Deuxième mesure : doubler la production d’énergies renouvelables. Les objectifs envisagés dans le plan débouchent sur une consommation finale d’énergie renouvelable de l’ordre de 31 TWh en 2030 (31 milliards de kWh), soit un doublement par rapport à la situation actuelle. La part totale de sources d’énergie renouvelables, visée à l’horizon 2030, est de 29 %. Il s’agira donc de produire de l’électricité renouvelable en ayant recours au photovoltaïque, à l’hydraulique, à l’éolien, à la géothermie, à la biomasse… Dans les deux années à venir, on pourrait voir apparaître des obligations pour les bâtiments dans la réglementation PEB.

Troisièmement, il s’agira de renforcer l’accès à l’énergie et soutenir la transition énergétique. Pour permettre le déploiement des énergies renouvelables, il faut faciliter leur appropriation par les citoyens. Ils doivent pouvoir investir, produire et gérer leur propre production de manière individuelle (autoconsommation individuelle) ou collec-

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INFO : https://energie.wallonie.be et nicolas.spies@embuild.be

tive, soit le partage au sein d’un bâtiment. Il s’agit également de développer des communautés d’énergie renouvelable (CER) et des communautés d’énergie citoyenne (CEC) en intégrant des producteurs et consommateurs issus des secteurs privé, associatif et/ou public. Le développement des réseaux intelligents (smart grids) est très important pour permettre le partage et la gestion collective d’énergie renouvelable produite localement. Le PACE en parle même comme « une pièce centrale de l’évolution des politiques énergétiques ». Tous ces concepts doivent faciliter le développement de projets de production et de partage d’énergie renouvelable et, in fine, amener le

en 2023 et un audit logement moins contraignant.

Pour les bâtiments neufs, la notion de bâtiment « ZEN » (Zéro Energie) entrera en vigueur en 2030.

Défis

Pour le secteur, toutes ces mesures vont engendrer une série de défis auxquels les entreprises de construction devront faire face. Tout d’abord, elles doivent continuellement s’adapter dans un marché qui va se diversifier, vu le recours à différentes sources d’énergie renouvelables. Elles devront maîtriser de nouvelles techniques et être mobilisables rapidement. En effet, l’échéance de 2030 peut paraître lointaine ; mais en réalité c’est un horizon de temps très court, si on tient compte de l’organisation et de la planification de tous ces chantiers. Autre question concernant ces derniers : quelle sera, en moyenne, leur taille et leur importance ? Petits ? Grands ? C’est encore un peu le flou à ce sujet…

Avis Embuild Wallonie

citoyen à optimiser sa consommation d’énergie en maximisant la part de renouvelable.

Enfin, la quatrième mesure concerne l’accélération et la massification de la rénovation du bâti. Pour rappel, le label A décarboné en moyenne pour le résidentiel en 2050 est l’objectif de la Région wallonne. Pour y arriver, il faut tripler le rythme de rénovations actuel et passer de 1 à 3 %.

Un calendrier d’obligations progressives de rénovation des biens résidentiels a été fixé. Pour les biens mis en location pour la première fois par leur propriétaire, ils devront être minimum de label F en 2025, de label E en 2028, D en 2031, C en 2034…

Pour les biens qui sont déjà en location, l’obligation interviendra au moment du changement de locataire, également tous les trois ans, mais à partir de 2027 avec un label F minimum exigé, un label E en 2030…

En cas de changement de propriété, les nouveaux propriétaires auront cinq ans pour atteindre un niveau minimal de performance énergétique : label D à partir de 2026, label C à partir de 2031, label B à partir de 2036…

Pour aider le citoyen à respecter ces échéances, la Région wallonne prévoit d’augmenter les primes à la rénovation énergétique

Embuild Wallonie a bien évidemment pris connaissance de ce plan. Son directeur dénéral, Hugues Kempeneers, a souligné son intérêt, tout en insistant sur l’importance de la progressivité des différentes mesures mises en place, en concertation avec le secteur. « L’accélération de la rénovation énergétique constitue le principal gisement d’économies d’énergie dans les bâtiments et Embuild Wallonie demande d’ailleurs aux pouvoirs publics d’intensifier encore davantage les efforts pour aider et accompagner le secteur de la construction afin qu’il soit en mesure de répondre à ces objectifs très ambitieux. Dans ce contexte, le PACE est une feuille de route indispensable. Mais nous insistons pour que cette transition énergétique et le renforcement des exigences se fassent par palier, de façon progressive et applicable sur le terrain. La Wallonie ne doit pas se fixer des objectifs supérieurs à ceux définis au niveau européen, ces derniers étant déjà très ambitieux. Ils auront un coût et il faudra bien veiller à préserver l’accessibilité au logement aussi bien neuf que rénové pour le citoyen. Dans cette optique, la concertation avec le secteur est indispensable pour pouvoir relever ces défis importants tout en limitant l’impact social de telles mesures », indique HUGUES KEMPENEERS.

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« Nous insistons pour que cette transition énergétique et le renforcement des exigences se fassent par palier, de façon progressive et applicable sur le terrain. »

mobiwall, ensemble faisons bouger la Wallonie…

Ne dites plus la FWEV, mais bien mobiwall ! En effet, la Fédération Wallonne des Entrepreneurs de Voirie vient de changer de nom. Pour connaître les tenants et aboutissants de ce changement, Embuild Magazine s’est entretenu avec Didier Block, le secrétaire général de mobiwall.

Didier Block, quelques mois après Embuild, votre fédération poursuit aussi ses missions sous une autre identité. Pourquoi ?

Je profite de cette interview pour préciser un point : on pourrait croire que ce changement de nom est lié à celui d’Embuild, mais pas du tout. C’est un processus qui remonte bien avant la volonté de l’ex-Confédération de poursuivre ses activités sous la bannière Embuild.

Il faut remonter à 2014 et notre campagne de communication « Sauvons nos routes » pour comprendre la réflexion. Cette campag-

ne dénonçait un désinvestissement tant au niveau communal que régional, entraînant un manque d’entretien du patrimoine et des infrastructures publics. Nous étions dans une période de crise avec des carnets de commandes presque vides, qui ont entraîné des licenciements et des pertes d’emploi. Le président de la FWEV, à l’époque, avait déclaré « on doit faire quelque chose ! » et une communication « choc » avait été mise sur pied. Elle ciblait les nids de poule sur les routes et incitait les citoyens à dénoncer la situation auprès des politiques, car les métiers de la voirie étaient injustement visés par la population.

Petit à petit, ce message a porté ses fruits.

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L’actualité, entre autres avec l’effondrement du pont de Gênes et l’état des tunnels bruxellois, a conscientisé le monde politique du sous-investissement public. La taxe kilométrique est apparue en 2016-2017 et les plans pluriannuels d’investissements se sont développés tant au niveau régional que communal. Ce n’est pas encore parfait, mais la situation a évolué positivement et nos membres ont désormais une vision.

Aujourd’hui, la société évolue et de nombreux débats politiques ont lieu autour de la mobilité, de l’aménagement du territoire, du stop au béton…On s’est donc dit qu’il fallait lancer une deuxième campagne de communication, positive cette fois-ci, sur tous nos métiers, pas que sur ceux liés aux revêtements, comme en 2014. Elle s’intitule « Ensemble, faisons bouger la Wallonie… » pour impliquer toutes les parties prenantes dans la transformation et l’aménagement de l’espace public : entreprises, riverains, monde politique…

Le changement de nom est la dernière étape de ce processus. La Fédération Wallonnes des Entrepreneurs de Voirie, c’est long et la FWEV, ce n’est pas très clair. mobiwall veut refléter davantage tous nos métiers. C’est la contraction de « mobilité » et « Wallonie »,

car la valeur essentielle de nos métiers est la mobilité active, douce, partagée…

Vous parlez de tous vos métiers. La FWEV renvoie historiquement aux voiristes, mais le panel de professions représentées est bien plus large que cela au sein de la fédération.

La Fédération Belge des Travaux de Voirie a été créée en 1906. En 1988, les travaux publics ont été régionalisés et la FWEV, qui fait partie de la FBEV, a vu le jour à la fin des années 90. Chaque région a une politique de travaux différente, la structure s’est donc adaptée et les métiers ont aussi évolué. Nous représentons globalement toutes les activités qui touchent à l’extérieur d’un bâtiment : la démolition, l’assainissement du sol, le terrassement, la création de parkings, l’aménagement des cours d’eau, bassins d’orage, routes, autoroutes, pistes d’aéroport… mobiwall regroupe les entreprises qui aménagent l’espace public pour le rendre le plus agréable et convivial possible. Sans oublier les travaux en sous-sol : les égouts, les réseaux de gaz et d’électricité et la récente apparition des réseaux de chaleur et la fibre optique. Nos métiers sont d’une importance capitale pour l’adaptation du territoire aux changements climatiques et autres défis sociétaux.

Quels seront les principaux objectifs de mobiwall dans les années à venir ?

J’en pointe deux. Le premier est de soutenir et encourager le politique à continuer à investir. De plus en plus, il comprend que les investissements publics constituent un bras de levier sur l’investissement privé. Quand un riverain constate qu’on rénove son quartier et qu’on embellit l’espace public, il va être stimulé pour rénover son logement. L’investissement public a un effet multiplicateur sur l’investissement privé. De même pour ce qui est de renforcer l’attractivité des agglomérations ou de réhabiliter des friches.

Deuxièmement, et corolairement avec l’augmentation des investissements dans notre secteur, mobiwall veut faciliter l’embauche pour nos affiliés en attirant les jeunes et demandeurs d’emploi vers nos métiers ; en leur montrant qu’ils ont du sens, répondent aux défis actuels et sont diversifiés.

Il existe deux grandes catégories : les

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 31 ASSOCIATION PROFESSIONNELLE
« mobiwall est la contraction de « mobilité » et « Wallonie », car la valeur essentielle de nos métiers est la mobilité active, douce, partagée… »

opérateurs de machine et les ouvriers qui travaillent à proximité de ces engins de chantier. Au départ de ces deux catégories, il existe une grande panoplie de spécialisations et d’engins très différents. La pelle hydraulique est l’engin indispensable sur nos chantiers. Mais à côté de cela, nous avons des engins très spécifiques dont l’apprentissage ne peut se faire qu’en entreprise. Nous sommes aussi toujours à la recherche de chauffeurs de camions embauchés en CP 124, car ils sont aussi actifs sur chantier.

Pour attirer des travailleurs vers vos membres, vous avez aussi lancé la plateforme www.faisonsbougerlawallonie.be.

Nous n’avions pas de site internet et c’est notre nouveau portail. Outre de nombreux témoignages et informations sur mobiwall et les parties prenantes, il comprend une carte interactive qui géolocalise nos 150 affiliés. Quiconque la consulte peut trouver un affilié près de chez lui. Via notre campagne sur les réseaux sociaux, l’objectif est d’attirer les personnes intéressées à aller frapper à la porte de nos entreprises. Nous avons aussi un nouveau logo, avec les mêmes couleurs que dans le logo d’Embuild. C’est important pour nous de garder ce lien avec Embuild.

À court terme, cap sur les élections de 2024 ! Constatez-vous une explosion des carnets de commandes de vos affiliés et un problème de pénurie de main-d’œuvre, un mal dont souffre l’ensemble du secteur ?

Nos donneurs d’ordre fonctionnent avec des plans d’investissement pluriannuels. Au niveau des travaux communaux subsidiés, le dernier plan d’investissement vient de se clôturer au 30 juin 2022 et de donner lieu à une vague d’appels d’offre et de commandes. Le prochain plan se clôturera au 31 décembre 2024.

En dehors des travaux subsidiés habituels, nous constatons différents plans d’investissement liés aux mobilités douces ou à l’amélioration des espaces publics (PIWACY, PIMACI, « cœur de village »).

Au niveau régional, le « Plan d’investissement mobilité et infrastructures pour tous » est actuellement en retard. Il a été prolongé jusqu’en 2027, mais il devrait prochainement

connaître un coup d’accélérateur. Une session d’information est programmée le 13 juin, aux Moulins de Beez, à ce sujet.

Enfin, dernière question, de nombreuses villes de Wallonie sont actuellement occupées à réaménager leur espace public et centre-ville. Pouvez-vous citer quelques exemples ?

C’est le cas dans presque toutes les grandes villes et c’est bien la preuve que les pouvoirs communaux se rendent compte de l’effet multiplicateur de l’investissement public sur le privé. À Namur, le bourgmestre Maxime Prévot a compris cela lorsqu’il était ministre des Travaux publics. Il y a des travaux à gauche et à droite dans la ville. À Charleroi, la Ville-Basse a connu une grosse transformation et on réaménage actuellement la Ville-Haute. Je citerai aussi Tournai, avec les travaux, non seulement dans le centre mais aussi le long des quais avec la rénovation du Pont des Trous, qui a entraîné une dynamique dans toute la ville. De gros travaux sont aussi en cours actuellement dans le centre de Beauraing. Notre affilié, en charge de ce chantier, a compris l’importance de la communication avec les riverains et vient donc de participer à la Journée Chantiers Ouverts.

Enfin, il y a les exemples plus délicats des chantiers en cours en ce moment : les travaux du tram dans le centre de Liège et ceux de la gare de Mons. Mais ils constituent aussi la preuve qu’une dynamique existe pour réaménager la mobilité et la convivialité dans l’espace public. Il faut de la patience, mais c’est pour un mieux !

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650 entreprises se sont engagées dans le programme Build Circular

Deux ans après le lancement de Build Circular, 650 entreprises se sont engagées dans une dynamique circulaire. C’est ce qu’a indiqué Embuild.Brussels lors d’une conférence de presse, organisée au HUBB mi-avril, pour dresser un premier bilan de ce programme. Il s’inscrit dans les objectifs de RENOLUTION, la stratégie de rénovation du bâti bruxellois lancée en 2021.

Àn’en pas douter, Build Circular est une réussite. Ce programme, composé d’une équipe de 15 personnes, est un partenariat public-privé. Il a été mis sur pied par notre entité régionale bruxelloise, en collaboration avec Construcity.brussels et Buildwise, fin 2020. Il vise à sensibiliser les entrepreneurs à l’importance de la rénovation circulaire du bâti. Les chiffres présentés par Embuild.Brussels, lors de cette conférence de presse, attestent du beau décollage de ce projet écoresponsable.

1.900 entreprises contactées

Parmi les 1.900 entreprises contactées proactivement par Build Circular, 650 se sont engagées dans cette dynamique circulaire. 74 % d’entre elles sont des TPE. En outre, 150 entreprises ont bénéficié d’accompagnements pour développer leurs pratiques circulaires. Plus d’une centaine d’entre elles ont acquis de nouvelles compétences dans la gestion des déchets, le réemploi (construire et déconstruire), la consolidation d’un business model ou l’utilisation de matériaux durables et biosourcés. Au total, plus de 1.000 personnes ont été formées à des techniques circulaires et durables.

Ces premiers chiffres sont encourageants. Et l’équipe de Build Circular compte poursuivre sur sa lancée. « Ce projet a commencé en pleine période du coronavirus. Le moment était idéal pour que les entrepreneurs « sortent la tête du guidon » pour faire évoluer leur propre pratique. Notre rôle est d’aller chercher les entreprises et les accompagner dans leur démarche circulaire. Certaines ont besoin d’ê-

tre convaincues et d’autres, non, car elles ont déjà intégré la thématique dans leurs activités quotidiennes. La plus-value de ce programme est que nous nous déplaçons sur le terrain pour sensibiliser à la circularité. Nous rencontrons les besoins concrets des entreprises, écoutons leurs demandes, accompagnons individuellement et conseillons aussi pour des possibilités de financement et de formations que nous proposons notamment via l’Embuild Academy », a indiqué LARA PÉREZ DUEÑAS , coordinatrice du projet chez Embuild.Brussels.

170 rénovations/semaine

Pour rappel, Build Circular est un outil pour atteindre les objectifs de RENOLUTION. À l’instar des autres Régions, la rénovation énergétique du bâti est un enjeu majeur à Bruxelles. 40 % des logements y datent d’avant 1985 et sont peu ou pas rénovés. L’objectif de RENOLUTION est d’atteindre une performance énergé-

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tique moyenne de 100 kWh/m²/an sur l’ensemble du parc résidentiel d’ici 2050. Cela équivaut à un certificat PEB C+, soit une réduction par trois de la consommation énergétique actuelle du bâti. « À Bruxelles, on compte 200.000 bâtiments, soit environ 600.000 logements. Pour arriver à atteindre cet objectif, pas moins de 90.000 bâtiments devront être rénovés dans les dix prochaines années, soit plus de 170 rénovations par semaine. Il faut pour cela tripler le rythme de rénovations actuel et passer de 1 % à 3 % », a expliqué Laurent Schiltz, le secrétaire général d’Embuild.Brussels.

Les autorités bruxelloises vont procéder par palier. En 2033-2035, elles interdiront les bâtiments avec un label inférieur à E ; en 2045, un label en-dessous de D et en 2050, il y aura l’obligation de passer au label C. « Dans un contexte pas facile de pénurie de main-d’œuvre, on cherche encore plus de 20.000 travailleurs dans le secteur de la construction, l’agenda est ambitieux mais pragmatique. RENOLUTION est un programme public innovant avec le développement de PPP. Embuild.Brussels s’implique au quotidien et travaille sur de nombreux appels à projets. Les investissements dans la rénovation sont rentables dans un délai de moins de dix ans, le temps de retour est donc très intéressant », a souligné le secrétaire général d’Embuild.Brussels.

Quatre axes

Pour « faire la RENOLUTION », l’équipe de Build Circular coache les entreprises sur quatre axes. « Nous les aidons à faire des devis primes-ready, c’est-à-dire des travaux qui sont éligibles aux primes, et ce au juste prix. Deux, nous voulons qu’elles offrent un service de conseil au client. Dans beaucoup de cas, il n’y a pas d’intervention d’un architecte lors de travaux, et l’expertise de l’entrepreneur constitue donc une plus-value indispensable pour la conception du projet. Trois, nous encourageons à développer des pratiques durables et circulaires avec le réemploi, l’utilisation de matériaux durables et la réalisation d’un chantier propre et trié. Et enfin, nous insistons sur la qualité des travaux réalisés par des professionnels qui se mettent à jour », a indiqué LAURENT SCHILTZ

Dans ce cadre, Build Circular fonctionne comme un helpdesk unique, auquel toutes les entreprises de construction actives à Bruxelles peuvent faire appel gratuitement. L’équipe peut, par exemple, vous procurer un suivi per-

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Témoignage

Lors de ce point presse, un entrepreneur coaché par Build Circular a témoigné de la plus-value du projet. « Lors de la crise sanitaire, nous avons effectivement eu la possibilité de sortir la tête du guidon. Grâce à ce programme, nous avons donc décidé de nous former à la circularité, notamment sur les matériaux biosourcés, et dans mon cas me spécialiser dans l’ouate de cellulose et le réemploi de matériaux. Outre ces formations, un expert est venu sur chantier pour contrôler l’étanchéité du bâtiment et l’acoustique du plancher, pour vérifier qu’on utilisait bien les bonnes pratiques, surtout en matière d’isolation. Build Circular est très enrichissant, gratuit et crée des filières et connexions entre les entrepreneurs », a commenté LOUIS TILMANS , de l’entreprise Renovatti.

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Analyse de tendances et d’impact dans le secteur (belge) de la construction

Buildwise, l’ancien CSTC, a examiné les tendances à court et à long terme qui détermineront l’avenir du secteur. Dix mégatendances se sont dégagées, avec en première position la war for talent, traduisez la guerre des talents. Comment la construction peut-elle y faire face ? Buildwise a rédigé un volumineux rapport sur les conclusions de cette étude. Nous le résumons en plusieurs épisodes.

Les évolutions dans le secteur se succèdent à un rythme effréné. Quelle perspective cela offret-il à nos entreprises de construction ? C’est en partie pour répondre à cette question cruciale que Buildwise (l’ancien CSTC) a mis sur pied son Comité de vision, en 2019. Ce comité adopte une vision large et considère les aspects politiques, économiques, sociaux, technologiques, écologiques et juridiques, en abrégé PESTEL.

Sous la direction du consultant KPMG, une analyse approfondie des tendances a été récemment préparée, à l’aide de recherches documentaires et d’entretiens avec des experts à l’intérieur et à l’extérieur de la construction. Trois secteurs ont été examinés plus en détail : les entreprises générales, les menuisiers et les installateurs de sanitaires et HVAC. À partir des données recueillies, le Comité de vision a distillé une série de points d’attention pour le secteur. Ils figurent dans le rapport Analyse de tendances et d’impact dans le secteur (belge) de la construction, qui vient d’être publié.

Ce rapport a différents objectifs. Il sert, par exemple, à définir la stratégie de Buildwise. Mais il est aussi une source d’inspiration pour les 15 Comités techniques de Buildwise.

Dix mégatendances

Directement ou indirectement, toutes les entreprises de construction seront confrontées aux dix mégatendances à court, moyen et long terme identifiées dans ce rapport. L’importance de ces mégatendances a été vérifiée et validée par des entretiens approfondis et une enquête auprès de plus de 700 professionnels actifs dans le secteur belge de la construction. Dans cet article, nous décrivons les dix tendances. Nous les développerons dans des articles ultérieurs.

Mégatendance 1 : LA WAR FOR TALENT

Le secteur belge de la construction mène une war for talent pour remédier à la pénurie de personnel compétent. Il ne s’agit pas seulement de profils professionnels spécifiques, mais aussi des compétences générales dont le secteur a besoin. En outre, cette guerre des talents est combinée à une révolution en termes de composition d’équipe et du marché du travail, où les compétences numériques sont de plus en plus un prérequis.

Mégatendance

2 : LA NUMÉRISATION

Travailler de manière plus efficace, plus rapide et plus respectueuse du client : la numérisation joue un rôle de plus en plus important à cet égard. Le secteur connaît également un essor dans ce domaine, avec des innovations dans toutes les parties de la chaîne de valeur. Le mode de pensée et le travail dans le secteur en seront affectés.

Mégatendance 3 : L’INDUSTRIALISATION DE LA CONSTRUCTION

Une industrialisation poussée rend la construction plus abordable et augmente la qualité et la productivité. L’industrialisation ne se fait pas seulement au niveau des produits, mais aussi au niveau des processus de travail, des politiques et des procédures.

Mégatendance 4 : LA COLLABORATION PLUS INTENSE

Construire devient de plus en plus complexe. La gestion de cette situation exige une coopération plus structurelle, avec des parties qui unissent leurs forces tout au long de la chaîne de création de valeur. Les équipes de construction, composées de parties prenantes et de parties ayant des connaissances spécifiques, présentent un grand potentiel dans ce domaine.

36 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 SECTEURS & MÉTIERS

Mégatendance 5 : LA SENSIBILISATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les phénomènes météorologiques extrêmes deviendront plus fréquents et la barre des objectifs climatiques est constamment relevée. Par conséquent, le secteur doit se concentrer de plus en plus sur la durabilité et le respect de l’environnement et du climat. En outre, une attention croissante sera accordée à des sujets tels que l’efficacité énergétique et la circularité. Ce contexte mènera à des solutions et des applications innovantes dans le secteur.

Mégatendance 6 : LA DÉMOGRAPHIE

La population augmente, mais elle vieillit aussi. Les familles se réduisent et il y a la migration. Cela entraîne une (r)évolution dans la composition de la population et oblige le secteur à réfléchir à des formes différentes de logement du futur.

Mégatendance 7 : LES ASPECTS JURIDIQUES

Le cadre juridique dans lequel nous travaillons devient plus complexe, mais aussi plus important, car il a une implication de plus en plus grande dans un projet de construction. Cela est dû, en partie, à l’accroissement du poids de l’opinion publique et de l’expression du citoyen.

Mégatendance 8 : LES ATTENTES PLUS GRANDES DES CLIENTS

Les clients attendent toujours plus de transparence et de services/produits sur mesure. En conséquence, le secteur devra revoir son mode de pensée et passer d’une orientation produit à une orientation client, les attentes du client devenant la priorité.

Mégatendance 9 : LES NOUVEAUX BUSINESS MODELS

Business as usual dans le secteur, c’est de l’histoire ancienne. Un examen complet du modèle économique s’impose, avec l’accent sur la construction as a service axé prioritairement sur la circularité et la numérisation.

Mégatendance 10 : LES NOUVELLES STRATÉGIES DE LIVRAISON

Les événements (géopolitiques) récents ont fait prendre conscience au secteur qu’une percée de (nouvelles) stratégies de livraison est plus que jamais nécessaire. Ce n’est qu’à cette condition que les entreprises de construction pourront faire face, de manière proactive, à des hausses de prix potentielles et à l’allongement des délais d’attente de planification.

Urgent

Pour être clair, la numérotation que nous venons d’utiliser ne doit pas être considérée comme un classement. Les trois sujets perçus comme les plus urgents dans l’ana-

lyse des tendances étaient la war for talent (la première mégatendance de la liste), la complexité juridique accrue (numéro 7) et la gestion des perturbations de la chaîne logistique (numéro 10).

Toutefois, ces deux dernières mégatendances sont des conditions limites. Le secteur de la construction doit les prendre en compte, mais n’a aucun contrôle direct sur elles. Elles ne font pas partie du processus de construction lui-même ou de la chaîne de valeur de la construction. Mais les entrepreneurs et les installateurs devront évidemment s’adapter à ces mégatendances.

Impact

Quel est l’impact de ces tendances sur les entrepreneurs et les installateurs ? Selon le rapport du Comité de vision, elles pourraient impliquer cinq choses :

● une transition vers une construction axée sur les processus Une numérisation et une standardisation poussées doivent contribuer à mieux préparer et encadrer le processus de construction, en améliorant l’efficience et l’efficacité et en diminuant les coûts liés aux erreurs ;

● le développement de nouveaux marchés De nouveaux marchés et de nouvelles opportunités se présentent pour les entreprises de construction et d’installation, notamment grâce aux solutions d’efficacité énergétique et à l’augmentation des rénovations. Ces évolutions peuvent s’accompagner de nouveaux business models, qui peuvent être basés, par exemple, sur une approche « as a service » ;

● des évolutions et glissements dans la chaîne de valeur. En effet, les rôles et les responsabilités des entreprises de construction et d’installation évoluent, tout comme les attentes du marché. Cela aura également une incidence sur les compétences requises ;

● l’écosystème et la cocréation . Les entreprises de construction et d’installation doivent regarder au-delà des frontières de leur propre entreprise et des projets individuels et entreprendre des cocréations à l’intérieur et au-delà de la chaîne de valeur ;

● la stimulation de la réflexion à long terme. Stimuler la réflexion à long terme (future awareness) au sein du secteur afin de pouvoir gérer de façon flexible des événements inattendus à l’avenir.

Trois thèmes principaux

Parmi les cinq implications, on peut identifier trois thèmes importants, sur lesquels il appartient aux entreprises de construction et d’installation de miser afin de pouvoir faire face aux défis : (1) la numérisation, (2) la durabilité et (3) les investissements dans les collaborateurs et leurs compétences.

Vous en saurez plus dans le prochain article d’Embuild Magazine.

EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 37 BUILDWISE

Applications des enduits extérieurs

Les différents types d’enduits extérieurs

Les enduits extérieurs sont minéraux (à base de ciment et/ou de chaux) ou organiques (à base de résines). Lorsqu’ils sont produits en usine, ils sont couverts respectivement par les normes NBN EN 998-1 (voir l’article Buildwise 2010/02.09) et NBN EN 15824. Les enduits minéraux peuvent également être dosés in situ. La norme NBN EN 13914-1 décrit leur mise en œuvre. La nouvelle version de la NIT 209 fournira des compléments nationaux à cette norme.

Principales propriétés et fonctions

En plus de présenter une adhérence suffisante, les enduits de façade doivent pouvoir résister à la fissuration. En effet, les variations de température donnent lieu à des déformations susceptibles de fissurer l’enduit. Ce risque est accru au droit des zones de concentration de contraintes (angles de baies, par exemple) ou lorsque le support enduit (parement extérieur d’un mur creux, panneaux de bardage, …) subit lui-même des déformations. Des mesures appropriées s’imposent pour limiter le risque de fissuration : application locale de bandes de renfort, renforcement de toute la surface d’enduit au moyen d’un treillis d’armature, … Les enduits extérieurs ont pour fonctions :

● d’embellir la façade

● d’améliorer la résistance à la pénétration d’eau de la façade en limitant la reprise d’eau par capillarité et en réduisant la largeur des fissures acceptables (0,2 mm). Cette aptitude permet d’éviter les infiltrations d’eau et les conséquences de l’alternance des cycles de gel/dégel, autant de phénomènes susceptibles de réduire les performances thermiques escomptées et d’endommager les matériaux

● d’assurer une perméabilité suffisante à la diffusion de vapeur d’eau en fonction de la sollicitation. Dans certains cas spécifiques, tels que les travaux de rénovation du patrimoine ou la pose d’une isolation par l’intérieur, une étude hygrothermique pourrait s’avérer nécessaire.

Les enduits extérieurs sont fréquemment appliqués sur les façades munies d’une isolation extérieure (ETICS, voir NIT 257). Ils sont toutefois également utilisés pour de nombreuses autres applications. La NIT 209, publiée en 1998 et entièrement dédiée à ce type d’enduits, fait l’objet d’une révision. Celle-ci tiendra compte des principales applications (hors ETICS), que nous vous présentons dans cet article.

Vu leur faible épaisseur, les enduits extérieurs sont plus rarement choisis pour améliorer la résistance thermique de la façade. Néanmoins, ils peuvent parfois être qualifiés d’isolants thermiques. Ainsi, la norme NBN EN 998-1 leur attribue la classe T1 ou T2 selon que leur conductivité thermique est respectivement ≤ 0,1 W/m.K ou ≤ 0,2 W/m.K. Certains enduits atteignent des valeurs encore plus faibles, voire comparables à celle des matériaux d’isolation. Il faudra cependant augmenter leur épaisseur si l’on souhaite obtenir des performances équivalentes.

Applications générales

De manière générale, les enduits extérieurs sont utilisés pour égaliser, embellir et protéger

38 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 BUILDWISE
1 | Façade parachevée au moyen d’un enduit extérieur. © Xella/Klaarchitectuur

une paroi extérieure, et ce sans nécessairement considérer les performances thermiques de cette dernière.

Applications dans une nouvelle construction

Dans le cas d’une nouvelle construction, on distingue les cinq typologies pourvues d’un enduit extérieur décrites ci-dessous.

Maçonnerie isolante

Certains éléments de maçonnerie, tels que les blocs de béton cellulaire ou de terre cuite, combinent les fonctions de portance et d’isolation thermique. Moyennant une épaisseur suffisante, leur caractère isolant permet d’atteindre les exigences énergétiques strictes en vigueur, sans qu’il faille prévoir un matériau d’isolation supplémentaire. L’application d’un enduit extérieur (voir figure 2, typologie N1) aura alors pour but d’offrir une finition esthétique et de protéger le support des pénétrations d’eau.

Support isolant agrosourcé

Parmi les typologies de parois isolantes innovantes, il existe des parois à base de granulats agrosourcés. Elles sont conçues à partir de béton de bois ou de chanvre, de blocs de chanvre, voire de ballots de paille. Afin d’offrir un fini esthétique et de limiter le risque de pénétration d’eau, il est possible de parachever leur face extérieure au moyen d’un enduit (voir figure 2, typologie N2).

Nous n’avons encore que peu de recul sur le comportement de cette typologie relativement récente à barrière unique contre la pénétration des eaux de pluie. En effet, il se peut que ces sup-

Références

Compilation d’un article paru en pp. 4-5 dans le Buildwise Magazine novembredécembre 2022, rédigé par Y. Grégoire, ir.-arch., animateur du Comité technique ‘Travaux de plafonnage, de jointoyage et de façade’, Buildwise. Seul ce texte original peut être cité en référence.

ports agrosourcés soient sensibles à l’humidité (risque d’instabilité dimensionnelle et/ou d’altération biologique des matériaux dont ils sont constitués).

Contre-mur isolant

Lorsque l’on souhaite éviter l’usage de certains matériaux d’isolation, il est possible de mettre en œuvre un contre-mur constitué d’éléments de maçonnerie isolants, tels que des blocs de chanvre. Ceux-ci permettront d’isoler le mur porteur et constitueront un support pour l’enduit (voir figure 2, typologie N3). Comme pour la typologie précédente, il faut toutefois veiller à la sensibilité à l’humidité des matériaux.

Mur creux isolé

Si l’on désire concevoir la paroi extérieure de façon traditionnelle, avec application de l’enduit sur un support ‘pierreux’, il est possible de réaliser un double mur isolé et d’appliquer l’enduit sur la maçonnerie non portante, située du côté extérieur (voir figure 2, typologie N4).

Façade ventilée

Au cours des dernières années, des systèmes de parachèvement complets sont apparus sur le marché, combinant l’aspect esthétique d’un enduit extérieur et la double barrière de protection face aux pluies battantes des bardages ventilés (voir figure 2, typologie N5). Ces solutions étant fortement susceptibles de se fissurer, elles doivent avoir été éprouvées avec succès face à ce risque, et ce notamment dans le cadre de leur évaluation selon le document d’évaluation européen adéquat (voir European Assessment Document, ou EAD, sur www.eota.eu).

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 39 BUILDWISE
2 | Principales typologies avec enduit extérieur dans le cadre d’une nouvelle construction (hors ETICS).

Comment limiter certains risques de fissuration des enduits intérieurs ?

Les plafonneurs appliquent quotidiennement des mesures visant à limiter le risque de fissuration des enduits lorsque leur support présente des discontinuités. Buildwise a récemment publié la NIT 284, en révision des NIT 199 et 201. Cette nouvelle Note entièrement dédiée aux enduits intérieurs livre plusieurs recommandations, dont certaines sont proposées dans cet article.

Supports de différentes natures

Lorsque l’on souhaite enduire des supports adjacents, mais de natures diverses, certaines mesures sont de mise. Ainsi, sous réserve d’autres recommandations spécifiques du fabricant, il faudra :

● soit réaliser une incision dans l’enduit, directement après sa mise en œuvre, et y appliquer un joint souple

● soit incorporer dans le plafonnage un treillis de renforcement d’environ 20 cm de large et bien le centrer par rapport au raccord (voir figure 1).

Ces mesures limitent – sans l’exclure totalement – le risque de fissuration, surtout en cas de déformations différentielles, de mouvements dus aux variations hygrothermiques, …

Joints présents au sein du support

En présence de joints dans le support, on distinguera les joints de structure des joints de retrait :

● les joints de structure sont toujours répercutés dans l’enduit. On recourt généralement à des profilés de dilatation préfabriqués, afin de leur permettre un certain mouvement

● les joints de retrait sont nécessaires dans les maçonneries composées d’éléments silicocalcaires de grand format. Ils sont prévus au niveau des joints des murs (al-

lèges, linteau, mur de grande longueur) et sont destinés à réduire les contraintes, ce qui permet de limiter le risque de fissuration non contrôlée. Ils doivent être indiqués au plafonneur par le donneur d’ordre. L’enduit doit être renforcé au droit de ces joints au moyen d’un treillis de renforcement d’une largeur minimale de 15 cm (voir figure 2).

Éléments structurels métalliques

Lorsque la paroi à enduire comporte un élément structurel métallique, il faut utiliser des treillis de support d’enduit ou à des plaques à enduire (plaques de plâtre ou plaques de XPS adaptées, …). Ces dernières peuvent éventuellement être fixées à l’aide de blochets en bois (voir figure 3A).

En présence d’une poutrelle métallique supportant le plancher, le parachèvement dépendra de la position de la poutrelle par rapport à ce dernier (poutrelle inversée ou non, bords amincis du plancher en béton, …) et du souhait du concepteur de marquer ou non la présence de l’élément (voir figure 3). Dans tous les cas, et en particulier lorsque la présence de la poutrelle n’est pas marquée (voir figure 3B), il faut veiller à découpler l’enduit de l’élément métallique, de sorte qu’ils ne soient pas en contact (risque accru de fissuration et de tachage de l’enduit).

40 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 BUILDWISE
1 | Renforcement de l’enduit au droit de la jonction entre supports de différentes natures. 2 | Renforcement de l’enduit au droit d’un joint de retrait.

D’autres possibilités ne sont pas exclues. Ainsi, une alternative à la solution illustrée par la figure 3B consiste à utiliser un accessoire constitué d’un treillis en fibres de verre associé à un papier huilé.

Une éventuelle fissuration peut cependant apparaître en fonction de l’ampleur des mouvements de l’élément métallique et des éléments en béton.

Jonction entre un mur et un plancher lourd

Une fine incision doit être pratiquée à la jonction du mur et du plafond pour désolidariser la finition de chacune des surfaces et limiter ainsi le risque de fissuration aléatoire à leur niveau. Cette incision est effectuée dans l’enduit fraîchement durci à l’aide d’une scie à plâtre, afin d’obtenir une coupe nette et propre (voir figure 4). Elle est réalisée horizontalement ou verticalement en fonction du phasage des travaux (c’est-à-dire horizontalement, lorsque les murs sont enduits après le plafond, et verticalement, à l’inverse). S’il est prévu de peindre l’enduit, on appliquera un mastic de peintre dans l’angle. Le raccord est alors considéré comme étanche à l’air. Cette opération n’est toutefois pas comprise dans les travaux de plafonnage.

Tête de cloison

L’extrémité supérieure des cloisons non portantes en maçonnerie (blocs de plâtre, …) ou en éléments de hauteur d’étage (béton cellulaire, …) est souvent située à ± 2 cm du plafond. Lors des travaux de pose de la cloison,

Références

cet espace est comblé conformément aux recommandations de la NIT 271 ou du fabricant et en fonction des exigences visées sur le plan acoustique ou de la résistance au feu, par exemple. Soumise à l’éventuel fléchissement du plafond, cette situation favorise l’apparition de fissures horizontales dans les enduits de faible épaisseur au sommet de la cloison (voir la fiche Pathologies 109). Il est dès lors recommandé de poser à cet endroit une fine bande de renforcement de 5 cm de large (voir figure 5). Une autre solution consiste à mettre en œuvre des profilés, des moulures ou des plinthes, afin de masquer la zone enduite à

Compilation d’un article paru en pp. 6-7 dans le Buildwise Magazine novembre-décembre 2022, rédigé par Y. Grégoire, ir.-arch., animateur du Comité technique ‘Travaux de plafonnage, de jointoyage et de façade’, Buildwise. Seul ce texte original peut être cité en référence.

EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 41 BUILDWISE
risque. 3 | Raccord au droit d’une poutrelle métallique supportant le plancher en béton. 4 | Réalisation d’une incision visant à désolidariser l’enduit mural de l’enduit de plafond. 5 | Pose d’une fine bande de renforcement en tête de cloison.

Le savoir-faire du travail du plomb au service de la rénovation de l’église Saint-Martin

À Arlon, l’église Saint-Martin est en travaux depuis plusieurs années. Après avoir rénové les toitures et les bas-côtés, notre membre Golinvaux (Bertrix) restaure actuellement la flèche de croisée de l’édifice religieux de style néogothique. Spécialisée dans la rénovation de bâtiments patrimoniaux, l’entreprise met tout son savoir-faire, notamment sur le travail du plomb, au bénéfice de ce projet.

Dans la cité gallo-romaine, l’église Saint-Martin a été construite au début du 20e siècle. L’Histoire raconte que pour mettre en avant les deux points extrêmes de la Belgique, Léopold II voulait y implanter deux cathédrales : l’une à Ostende et l’autre à Arlon. Même si elle y ressemble très fortement, l’église d’Arlon ne portera jamais le titre de cathédrale car il n’y a jamais eu…d’évêque en province du Luxembourg.

Classé patrimoine exceptionnel de la Région wallonne, le bâtiment se dégrade depuis plusieurs années et fait l’objet de nombreuses rénovations. La restauration de la flèche de croisée, située au-dessus du transept et de la nef, a fait l’objet d’un marché spécifique. Le maître d’ouvrage est la Ville d’Arlon. Quant aux architectes, il s’agit de l’Atelier d’architecture l’Arche Claire d’Arlon et 2BDM Architecture et Patrimoine de Paris.

Cette flèche de croisée est semblable à celle de Notre-Dame de Paris, qui s’était effondrée sous l’assaut des flammes il y a quatre ans, mais à une plus petite échelle. Située à plus de 40 mètres de hauteur, la flèche de l’église Saint-Martin dont le sommet de la croix culmine à 63 mètres, menaçait de tomber après la guerre. Dans les années cinquante, la construction d’un voile en béton, à l’intérieur, avait permis de la stabiliser.

Démontage

Mais au vu de la dégradation de la structure actuelle, il a finalement été décidé de reconstruire une nouvelle flèche, en 2018. Pour ce faire, il a fallu démonter et enlever l’ancienne flèche de l’édifice d’une hauteur

de 20 mètres, composée majoritairement de bois et de plomb, à plus de 40 mètres du sol, et ce à la croisée des transepts et de la nef. Une fameuse prouesse ! « Surtout que nous ne disposions d’aucun plan d’architecte, ni même de mesures », souligne COLETTE GOLINVAUX , gérante de l’entreprise. « Il y a eu pas mal de défis sur ce chantier exceptionnel, qui a commencé en 2018. Le premier concernait déjà l’installation des échafaudages et de l’ascenseur, l’architecte imposant qu’ils ne reposent pas sur les toitures. Nous avons d’abord dû imaginer le moyen de faire reposer le poids de l’ensemble des moyens d’accès, échafaudages et passerelle, sur les quatre piliers qui séparent le chœur des transepts et de la nef, formant un carré de 16 mètres de côté. Une fois ce travail réalisé, un diagnostic de tous les éléments en plomb a été réalisé. »

Second défi en l’absence de plans initiaux : le démontage du voile en béton soutenant l’ancienne charpente, des couvertures et ornements en plomb. Tout ce travail a dû être réalisé très minutieusement. « Après cette phase, tous les ornements en plomb ont été démontés, conservés, restaurés et replacés, d’autres refaits à neuf et à l’identique », précise Colette Golinvaux.

Nouvelle charpente

Parallèlement, les équipes de Golinvaux ont conçu une nouvelle charpente en chêne, en ateliers, avant de venir la monter sur place. Elle constitue la structure de la nouvelle flèche de croisée et est entourée de grosses poutres en bois, visibles seulement dans le campanile, l’espace ouvert qui accueille la cloche. Cette première charpente repose sur le « tabouret », un élément situé dans les greniers

La flèche de croisée de l’église Saint-Martin est située à plus de 40 mètres du sol, à la croisée des transepts et de la nef.

42 EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 PROJET

La flèche a une hauteur de 20 mètres. Le plomb et les ornements sont composés de 95 % de plomb et de 5 % d’antimoine.

Les arcades aveugles. La croix, après avoir été enlevée pour être restaurée, repeinte et dorée à la feuille d’or, constitue le sommet de la flèche. Elle culmine à nouveau à 63 mètres de haut.

de l’église et qui permet de stabiliser l’ensemble. « Nous avons aussi placé une charpente complémentaire pour servir de support à la pose de tous les éléments en plomb ».

Travail du plomb

Le plomb, terme central de ce projet. La flèche en est partout recouverte. En réalité, ce plomb et les ornements sont composés de 95 % de plomb et de 5 % d’antimoine. Difficile d’être exhaustif mais citons, entre autres de bas en haut, la souche, le bandeau mouluré, le socle avec les arcades aveugles, les poteaux du campanile, l’aiguille avec les gargouilles et les gables, la pointe avec les différents crochets et la bague sommitale…La croix, après avoir été enlevée pour être restaurée, repeinte et dorée à la feuille d’or, constitue le sommet de la flèche. Elle culmine à nouveau à 63 mètres de haut.

Lors de notre visite, fin avril, les ouvriers travaillaient encore sur la flèche et procédaient, entre autres, à la pose de tous ces éléments en plomb. « C’est un défi à relever, car il n’existe pas d’école pour travailler le plomb en Belgique. Or, il faut un certain savoir-faire pour battre, poser et fixer ce matériau avec des agrafes sur des lames en bois. On ne peut pas l’attacher et le clouer, car il se dilate avec la chaleur. Lorsqu’il pleut, il est déconseillé de travailler pour éviter la formation de tâches blanchâtres, ainsi que quand il fait trop froid pour éviter les microfissures. Nous dépendons donc fort des conditions climatiques. Dans notre société, un travailleur expérimenté transmet son savoir-faire quotidiennement à deux jeunes sur ce chantier. » Pour la petite histoire, il nous a même confié n’avoir jamais connu un tel projet aussi impressionnant en

plus de 40 ans de carrière…Ce qui a fait dire à Colette Golinvaux que cette restauration est « unique en Belgique et un modèle de transmission des savoirs ».

Un mot encore sur la cloche. L’ancienne avait anciennement été enlevée. Une nouvelle a été coulée en bronze, sur le Square Léopold, en 2021. « L’événement était public et a réuni beaucoup d’Arlonais qui sont attachés à leur église. » Les équipes de Golinvaux ont ensuite aidé à la repose de la nouvelle cloche au sein de la flèche de croisée.

Conclusion

Vous l’aurez compris, ce projet, qui aura duré près de quatre ans et dont la fin est prévue pour le mois de septembre 2023, est assez unique et demande rigueur, précision et savoir-faire. « Nous avons régulièrement des réunions avec l’AWaP, l’Agence wallonne du Patrimoine, qui suit de très près le chantier et personnellement, je passe au moins une fois par semaine car ce projet me tient vraiment à cœur. Outre les défis déjà cités, je mentionnerai aussi la présence de nombreux pigeons qui ne rend pas toujours le travail facile », a indiqué Colette Golinvaux. Et de conclure. « Chaque bâtiment est différent et constitue un nouveau challenge. Ici, les ouvriers sont très fiers de pouvoir montrer à leur famille ce qu’ils réalisent. J’espère que cela suscitera des vocations pour que des personnes nous rejoignent. Nous devons également être fiers, en tant que Belges, de disposer de tels ouvrages patrimoniaux et d’un savoir-faire pour pouvoir les rénover ». Une fierté nationale, à deux pas de la frontière luxembourgeoise. Comme le souhaitait Léopold II…

EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 43

PROMO DU MOIS DE JUIN 2023

Commentaire Pratique tomes 1A et 1B

Embuild

Embuild THE BELGIAN CONSTRUCTION ASSOCIATION

Nouvelle édition de l’ouvrage de référence en matières de marchés publics

Le tome 1 actualisé du Commentaire pratique de la réglementation des marchés publics est publié chez Anthemis. Il s’agit de la huitième édition de cet ouvrage de référence juridique sur la passation des marchés publics dans les secteurs classiques.

Réduction pour les membres de Embuild

Les membres de l’organisation professionnelle bénéficient d’un tarif préférentiel. Intéressé ? Envoyez un mail à commande@anthemis.be

Depuis des décennies, le Commentaire pratique est la référence pour les juristes d’entreprise et avocats impliqués dans les marchés publics. Article par article, cet ouvrage analyse la réglementation applicable au départ de la jurisprudence et de la doctrine tant établie que nouvelle.

L’approche est à la fois juridique et pratique. Les groupes cibles ne sont pas seulement les maîtres d’ouvrage mais bien sûr aussi les entrepreneurs.

Pertinent pour les entreprises de construction

Les tomes 1A et 1B consacrés à la passation des marchés publics dans les secteurs classiques sont à présent entièrement renouvelés. La matière est actuellement réglée par la loi du 17 juin 2016 et l’arrêté royal du 18 avril 2017 qui ont transposé la Directive 2024/24/UE du 26 février 2014 en droit belge.

La nouvelle réglementation contient plusieurs modifications par rapport à la précédente, notamment :

• un accès élargi aux marchés publics pour les PME ;

• la possibilité pour les candidats ou soumissionnaires de régularisation en cas de dettes fiscales et sociales ;

• la digitalisation maximale des procédures ;

• un assouplissement de la procédure c ncurrentielle avec négociation ;

• la simplification du régime de la régularité des offres ;

• un équilibre optimal entre obligations et droits des parties ;

• la lutte contre le dumping social.

Sont également intégrés par la directive :

l’efficacité énergétique, les clauses sociales et environnementales et enfin l’attribution des marchés portant sur la recherche de solutions innovantes.

Le service d’études de Embuild a joué un rôle moteur dans l’élaboration de cette nouvelle édition. Comme précédemment, les tomes 1A et 1B sont disponibles en néerlandais et en français.

PRIX MEMBRES :

● version papier au tarif avantageux de 216,00 euro + tva

PRIX NON-MEMBRES :

● version papier : 351,00 euro + tva

44 EMBUILD MAGAZINE • 06 2023 42 EMBUILD MAGAZINE • 03 | 2023 RÉDUCTIONS AUX MEMBRES
46 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 46 MAGAZINE • 06 | 2023 RÉDUCTIONS AUX MEMBRES

Les Ssurprenantes qualités du Rexton !

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UNE INITIATIVE
DE

Wienerberger : un petit frère plus épais pour le bloc PLS Newton

Récemment, Wienerberger avait lancé le bloc PLS Newton pour répondre à une demande, émanant du marché, en faveur de blocs à coller devant permettre de réaliser des constructions plus élevées. Le bon accueil réservé au bloc PLS Newton en 14 cm d’épaisseur a directement suscité une demande en faveur d’un bloc de 19 cm d’épaisseur. Une demande à laquelle répond aujourd’hui Wienerberger. Dotés d’une résistance élevée à la compression et d’une excellente résistance à la compression des parois, les nouveaux blocs à coller Porotherm présentent un format de 300x188x249 mm. Ils sont faciles à mettre en œuvre

et leurs performances ont été largement testées et démontrées.

La demande d’une version plus épaisse du bloc PLS Newton s’explique facilement. Avec ses 19 cm d’épaisseur, il offre en effet aux entrepreneurs et architectes davantage de flexibilité pour appliquer des blocs de construction en terre cuite pour des constructions plus élevées. Ces blocs à coller plus épais peuvent supporter une charge linéaire plus importante, pouvant même s’avérer 35 % supérieure. De plus, un bloc épais permet également de limiter la minceur lors de l’érection de murs d’une plus grande hauteur. Enfin, un dernier avantage

Mosaic World lance Watchtower Security Solutions

Watchtower Security Solutions, filiale du spécialiste néerlandais de l’immobilier Mosaic World qui célèbre son 30e anniversaire en 2023, étend son champ d’action à la Belgique. Après les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni, il s’agit du quatrième pays dans lequel l’entreprise de sécurité est active. En lançant Watchtower Security Solutions, Mosaic World propose désormais des solutions de sécurité digitales, innovantes et abordables dans notre pays : la Watchtower, la Watchtower Box, le Watchtower Alarm Kit et la Watchtower App. Elles protègent contre le vandalisme, le squat, le cambriolage et le vol, et offrent une alternative efficace pour surveiller des infrastructures critiques.

Ces solutions sont aussi adaptées à notre secteur. « Le vol de matériaux de construction sur les chantiers est un véritable fléau qui coûte beaucoup d’argent aux entreprises. De plus, avec des phénomènes tels que le vandalisme, le squat et le cambriolage, la surveillance n’est plus un luxe mais une nécessité. Watchtower répond à ce besoin croissant, en proposant des solutions sur mesure, volontairement visibles, efficaces, avantageuses, mais aussi déployables à plusieurs reprises : biens immobiliers vacants, festivals et événements, parkings, stades, bureaux…Sans oublier les infrastructures critiques comme les lignes de chemin de fer, les gazoducs ou encore les centrales électriques. La liste est longue ! », explique Wouter Ommeslag, COO de Mosaic World.

INFO : https://wt-security.com/fr-be

concerne leur masse par m² plus élevée, parfois requise au niveau acoustique.

MAN s’attend à des ventes record du TGE en 2023

En raison d’une situation de commandes extrêmement favorable, MAN Truck & Bus s’attend à un record historique des ventes de fourgons TGE en 2023. Le premier MAN TGE produit en série voyait le jour il y a six ans, le 3 avril 2017. À l’époque, cela avait été un grand moment pour l’équipe de projet de MAN et pour l’équipe de production de l’usine polonaise de Wrzesnia. Le 100.000e TGE sortira prochainement de la chaîne de production.

Le TGE est une success-story pour MAN, et cela se voit aussi dans les chiffres de vente prévisionnels pour 2023. « L’année 2022 a été marquée par des perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la guerre en Ukraine, à des pénuries de matières premières et à la crise des semi-conducteurs. En conséquence, nous n’avons pas pu produire autant de TGE que la demande l’exigeait. Cette situation se dissout progressivement et notre carnet de commandes est plus rempli que jamais. C’est pourquoi nous nous attendons à un bond significatif des ventes en 2023 et vendrons donc plus de TGE que jamais auparavant », déclare Daniel Holbein, Head of Sales Van chez MAN Truck & Bus, en prévision de l’année en cours.

Il y a également des innovations dans le produit : le TGE à propulsion arrière avec des pneus simples et la boîte automatique ainsi que de nouvelles offres comme base pour les camping-cars ont été ajoutés. INFO : www.man.be

MARCHÉ DE LA CONSTRUCTION
EMBUILD MAGAZINE • 04 | 2023 49
INFO : www.wienerberger.be

Les élections de 2024 approchent à grands pas. En juin de l’année prochaine, nous voterons au niveau européen, fédéral et régional. En octobre, ce sont les élections communales qui seront organisées. Embuild prépare déjà activement ces rendez-vous, car notre secteur est confronté à des défis majeurs. Pour rappel, la fédération de la construction a établi 4 priorités pour nos futurs décideurs politiques : plus d’investissements publics, des logements durables et abordables, des emplois attractifs dans le sec-

LES ATELIERS DE LA CONSTRUCTION : SAVE THE DATE

teur et une chaîne de production tournée vers l’avenir. Ces priorités avaient été présentées lors de notre ForumConstruction, au mois de mars dernier.

Réunir et échanger

Et vous, quelles sont vos priorités et quels messages souhaitez-vous adresser à nos politiques ? Pour défendre au mieux vos intérêts, il est important de connaître vos préoccupations. C’est pour cette raison que chaque Entité régionale va organiser son Atelier de la Construction.

5,6%

L’objectif de cet événement est de réunir les membres pour échanger sur des sujets importants et débattre de plusieurs thématiques. Ce partage d’idées et de souhaits se clôturera par un moment de networking. Embuild.Brussels ouvrira les débats et organisera son atelier le jeudi 22 juin à 18h30, au HUBB à Bruxelles. Embuild Wallonie vous fixe déjà rendez-vous le 19 septembre et Embuild.Vlaanderen n’a pas encore fixé de date. Nous vous tiendrons bien évidemment au courant via nos différents canaux de communication.

En avril de cette année, l’indice des prix à la consommation s’élevait à 126,82 points, selon le SPF Economie. En mars, il était encore de 127,67. Par rapport au mois précédent, le mois d’avril 2023 a donc connu une légère baisse. Mais par rapport à l’année précédente, le taux d’inflation était de 5,6 %. En avril 2022, il était encore de 8,31 %.

Il existe aussi une inflation de base qui n’inclut pas les produits énergétiques et les aliments non transformés. Sur base annuelle, cette inflation de base s’élevait à 8,28 % en avril, contre 8,57 % en mars.

Le Bureau fédéral du Plan a estimé le taux d’inflation annuel moyen attendu. Il serait de 3,9 % cette année et de 3,3 % en 2024. Ce taux est donc inférieur à l’inflation actuelle.

50 EMBUILD MAGAZINE • 06 | 2023 MARQUANT
07.12.2023 Château du Lac, Genval #BCA23 NETWORK EVENT Merci à nos partenaires Et nos partenaires média www.belgianconstructionawards.be Pour plus d’infos: +32 2 894 56 06 | bca@bouwkroniek.be Proposez dès maintenant vos favoris pour les titres d’homme, de femme et de jeune de l’année! HOMME DE L’ANNÉE JEUNE DE L’ANNÉE FEMME DE L’ANNÉE Les nominations sont ouvertes à partir du 27 mars 2023

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