La mobilité urbaine par les déficients visuels
Photomontage personnel, Reflet de l’ENSA Paris Val de Seine dans un oeil
Emilie PRINTEMPS Domaine d’étude : Expérimental Enseignante tutrice : Aurore REYNAUD Méthodologie / Encadrement du rapport de fin d’études, 2016-2017 École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine
Avant-propos
En un clin d’oeil ! Étudiante en architecture et déficiente visuelle, voici ce qui me singularise. Lycéenne comme beaucoup d’autres qui dévore la vie des yeux, veut découvrir le monde et qui se lance dans de multiples voyages pour comprendre ce qui l’entoure. En décembre 2010, en 72h, mes yeux s’en sont allées, le jour est parti et la nuit s’est installée. La perte de la vue a modifié mon rapport à ce qui m’entoure, à l’espace mais aussi aux autres et à moi-même. Où suis-je ? A quoi ressemble les personnes qui m’entourent ? Qui suis-je ? Comment suis-je ? Privée du sens premier, dans une société de l’image, c’est l’incompréhension, la peur qui se dégage. Perdue au milieu de l’on-nesait où. Un verdict, suite à une bactérie attrapée lors de la tempête Xynthia de 2010, je suis aujourd’hui déficiente visuelle ou malvoyante. J’ai retrouvé avec la rééducation, du temps, et un combat permanent une partie de ma vue, néanmoins selon les termes définis par les scientifiques je suis déficiente visuelle grave c’est à dire que je suis capable d’effectuer des tâches quotidiennes ou des activités en m’appuyant sur ma vision restante mais avec des aides spécifiques pour certaines. Par exemple, je peux lire des textes mais ils doivent être grossis. Suite à un apprentissage particulier je suis autonome aussi bien pour mes déplacements à l’aide d’une canne blanche que pour la réalisation de l’ensemble des tâches quotidiennes que je dois réaliser. Lors du choix de notre orientation, les spécialistes nous orientent vers des professions manuels comme kinésithérapeute ou boulanger qui relèvent de la pratique du toucher. Moi, je voulais et veux être architecte. Après ces trois années en école d’architecture j’ai appris à être à la fois étudiante en architecture mais aussi déficiente visuelle. Cependant, dans ce rapport de licence, malgré de la distance et de clarté recherchée pour exprimer la mobilité urbaine sans la perception visuelle, la non-vision du visuel, je suis cependant marquée par mon expérience, mon parcours, ma sensibilité qui m’ont amenée à écrire sur ce sujet. Cela représente à la fois une particularité à exploiter mais peut aussi être marqué par un manque d’objectivité. Page 1 sur 26
« En France, près de 1,7 million de personnes sont atteintes d’un trouble de la vision dont 932 000 malvoyants et 207 000 aveugles»1 . Il est donc difficile d’exploiter et de comprendre la multitude de conséquences et enjeux qui y sont liés. Je vais donc dans ce rapport m’attacher à la déficience visuelle similaire à la mienne c’est à dire avec une vision de loin quasi-nulle mais avec une possibilité de soutient par la vision proche (inférieur à 50cm de distance), avec distinction lumineuse et potentiellement des couleurs et ainsi que à ma propre expérience de l’apprentissage de la ville.
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Selon la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, étude statistique de l’INSEE, 2000 Page 2 sur 26
Introduction
L’univers, la nature, les autres sont autant de choses que nous apprenons à connaître parce que nous sommes munis de récepteurs et d‘émetteurs. Fruit d’une révolution naturelle de l’homme, notre siècle est un siècle d’images. Qui dit image, dit oeil. L’oeil, organe le plus subtil et le plus précis à la fois, est devenu un pilier incontournable de notre société.
L’homme possède un système visuel performant. Il est capable de percevoir l’environnement dans trois dimensions : gauche / droite, avant / arrière, haut / bas. La rétine, composée de cellules photoréceptrices lui permet d’apprécier les couleurs et les détails dans les conditions de lumière suffisantes. « Les yeux jumelés, parcourent un champ visuel de 180 °. Aussi, 80% des informations reçues sont apportées par l’oeil, 14% par l’oreille, 5% par le toucher et seulement 2% l’odorat et la gustation »2. On pense alors que ce sont nos yeux qui voient, mais c’est le cerveau qui est à l’origine de la perception et de la justesse de l’image. Mais les yeux servent surtout à l’orientation, au déplacement, à la reconnaissance ou à la découverte instantanée de l’entourage. L’oeil est le lien le plus étroit que l’homme possède pour avoir conscience de lui-même et du monde.
Lorsque survient une défaillance dans ce système de reconnaissance, une partie des informations est perdue. Lorsque l’oeil perd en fiabilité, nous perdons en assurance. L’univers, la nature et les autres changent, parce que nous les percevons différemment, et parce qu’ils nous perçoivent différemment.
Néanmoins, entre la cécité totale et la vision dite normale, existent des états intermédiaires liés non seulement à l’acuité visuelle, mais aussi la capacité d’adaptation de l’appareil visuel et de la fatigabilité ainsi que de l’individu. A coté des personnes
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Katarzyna PAZUR AUBINEAU, 2000. Sentir pour Voir Page 3 sur 26
totalement aveugles qui représente « 1 français sur 1000 »3 , il en est, les malvoyants qui perçoivent des formes, qui utilisent leurs restes visuels qui représentent eux « 1 français sur 100 »4 . La façon de suppléer son absence, ses défauts ou sa disparition progressive, subite, tardive ou précoce, sont autant d’éléments essentiels à la compréhension.
Dans ce rapport nous nous concentrons sur la déficience visuelle tardive ayant des restes visuels permettant un soutient dans l’approche de l’environnement. Pour comprendre la vision, son défaut et son manque, on peut matérialiser l’image perçue. A partir d’une même situation, on s’aperçoit que les informations peuvent être erronées, et que les restes visuels sont quelques fois insuffisants pour prétendre à un appui unique sur la vision pour comprendre l’espace et se sentir en sécurité. (Figure 1)
La notion de handicap est souvent réduite à la description des signes extérieurs visibles : personne en fauteuil roulant, aveugle avec un chien guide… Cette vision réductrice du handicap n’établie pas le rapprochement indispensable entre les déficiences d’une personne et l’environnement physique et social qui l’entoure. En effet, « le handicap est l’aboutissement d’une chaîne de processus qui confronte : - une maladie, incluant les accidents, les traumatismes moraux ou physiques, les conséquences des complications de grossesse ou d’accouchement et les malformations congénitales, - des incapacités qui sont les difficultés ou les impossibilités à réaliser des actes élémentaires comme se tenir debout, parler, entendre, comprendre… qui résultent en général de plusieurs déficiences.
- des déficiences qui sont les pertes ou dysfonctionnements des diverses parties du corps ou du cerveau.
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Institut Paris Eglantine, sur une étude statistique de l’INSEE, 2000 et OMS, 2015
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Institut Paris Eglantine, sur une étude statistique de l’INSEE, 2000 et OMS, 2015 Page 4 sur 26
- des désavantages qui désignent les difficultés ou impossibilités que rencontre une personne à remplir les rôles sociaux auxquels elle peut aspirer ou que la société attend d’elle. »5 Ainsi, une personne malade dans un environnement adapté est une personne valide et à l’inverse une personne valide dans un environnement non accessible est une personne handicapée.
S’il faut de la volonté personnelle pour assumer ce handicap, une volonté communautaire forte est nécessaire pour faire le bon choix de matériaux, de signalétique et de conception. Aussi, l’architecture et l’urbanisme sont des moyens qui peuvent favoriser la libre circulation des déficients visuels, à condition d’être conçus et normalisés à cet effet. Mais avant d’établir les règles d’organisation, je propose de découvrir quels sont les moyens dont disposent les déficients visuels pour comprendre leur environnement.
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OMS, Classification Internationale des Handicaps : déficiences, incapacités et désavantage, 1980. Page 5 sur 26
I. Comment appréhender la ville avec une déficience visuelle ?
1. Une perception multi-sensorielle L’environnement se forme au travers d’informations vues, ressenties puis analysées. Or, dans une situation de déficience visuelle, il est nécéssaire de comprendre l’importance de la compensation sensorielle par l’ouïe, le toucher, l’odorat et la perception des masses que nous évoquerons successivement afin d’optimiser les capacités qui permettent l’adaptation et la redécouverte de l’environnement sans notre sens premier, la vue. Les capacités sensorielles résiduelles se développent et s’appréhendent avec le temps et l’attention qu’il est nécéssaire de leur apporter pour les utiliser pour créer une représentation mentale de l’environnement.
a. L’ouïe L’ouïe, sens par lequel nous percevons les sons, est à l’origine de l’équilibre, de la perception des corps dans l’espace, mais aussi est à la base de la communication sociale qui passe par le langage. En tant que deuxième sens après la vue, l’ouïe est le sens dont l’importance est la plus grande pour interpréter les éléments qui nous entourent. L’enjeux se trouve donc dans l’analyse des sons et dans l’interprétation qui en est effectuée. Deux perceptions du son sont distinguées. La perception passive basée sur des éléments statiques et dont l’appui sonore est constant. Le son de l’écho sur une façade, une haie, un auvent, un feuillage sont autant d’éléments qui permettent de distinguer l’environnement. Un flux automobile, des voitures qui démarrent au feu vert, l’écoulement de l’eau dans une fontaine sont des éléments mobiles donc la perception est dite active puisqu’ils doivent être analysés et interprétés instantanément. La sensation sonore est alors directement porteuse d’informations comme peut l’être la vue. « Entendre ne veut pas dire écouter car l’ouïe est un sens mais l'écoute est un art. »6 Fermez les yeux et imaginez, Louise est dans l’escalier principal du hall de l’école d’architecture Paris Val de Seine, un écho profond se diffuse dans l’ensemble de 6
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l’espace : c’est le son de l’eau qui s’écoule dans les gouttières métalliques à sa gauche. Derrière, elle une étudiante de son pas vif donne le tempo, l’impulsion de ses pieds sur le parquet retentit comme le rythme d’une chanson du groupe AC/DC, elle ressent cette vibration en elle et son pas s’accélère. Un autre rythme se distingue, moins régulier, celui des portes automatiques qui s’ouvrent et se ferment sous le ballet des étudiants entrant et sortant qui lui indique l’extérieur.7
b. Le toucher Le toucher est notre rapport premier à l’espace proche. Le sens du toucher est sollicité par le contact de la main, du pied, du corps sur l’environnement immédiat. Le toucher nous informe dans un rapport d’immédiateté et s’interprète selon la sensibilité de chacun selon les conditions extérieures. En l’absence de la vue, en système protecteur la main, se positionne automatiquement en avant pour détecter les éventuels obstacles. Le toucher par la main joue un rôle protecteur, par le suivi d’une main courante qui va sécuriser le parcours mais également donner une orientation, un sens de déplacement. La main aborde aussi le sens du détail, qui permet la construction d’une image mentale comme par le toucher d’éléments en relief, de maquettes, la lecture de textes en braille. En tant d’extension du corps, la canne blanche permet de détecter les obstacles là où le pied va se poser et où la main n’a pas accès pour permettre une anticipation et une protection nécéssaire à la mobilité. Elle est le symbole de l’autonomie mais aussi un marqueur de la différence pour permettre aux autres d’être vigilants. Contrairement aux apparences et comme toute prothèse du corps, l’usage de la canne blanche nécessite un apprentissage enseigné par des instructeurs spécialisés, pour comprendre et faire avec ses limites. En tant que bipède, le pied est notre point de contact avec l’environnement, il nous enracine sur Terre. Chez l’Homme le sens de la marche est une évidence, un moyen élémentaire de se déplacer, or avec une déficience visuelle, le rapport au sol est modifié ce qui change notre dynamique des mouvements. Le pied permet de transmettre des sensations podotactiles pour lire la nature des sols, discerner la nature des revêtements, leurs contrastes éventuels, de jauger la déclivité du sol. 7
Narration personnelle Page 7 sur 26
Ressentez le sol sous vos pieds : C’est doux ? Rugueux ? Chaud ? Froid ? Mou ? Dur ? Agréable peut-être ? 8
c. L’odorat L’odorat est le sens qui nous permet de percevoir les odeurs, très développé chez le nouveau-né, capable de distinguer l’odeur de ses parents, il est secondaire et est perturbé par de nombreux facteurs chez l’adulte, comme l’atmosphère qui change complètement sa perception. C’est pourtant un élément important pour l’identification de lieu et d’ambiance. Les parfums sont volatiles et donc moins fiables dans la précision mais il détermine des zones comme celle d’une boulangerie, d’une bouche de métro, ou de la lavande à certaines saisons. « L’odorat, le matériaux aide-mémoire, venait de faire revivre en lui tout un monde »9 Nous sommes tous capables de nous souvenir du parfum qui embaumait la maison de nos grands-parents, d’identifier l’odeur unique de nos parents que l’on retrouve dans un de leurs vêtements ou dans une pièce.
d. La perception des masses Elle n’est pas considérée comme un sixième sens, mais la perception des masses est un facteur sensoriel à ne pas oublier. Il est même le plus développé pour les personnes déficientes visuelles puisqu’il est la capacité à ressentir la présence d’une masse plus ou moins importante comme un mur, une colonne, un auvent, ou encore un banc, un abribus. La perception dépend des conditions propres à la personne (sa fatigue, sa réceptivité) et des conditions ambiantes (calme, bruyant…). Le développement de cette capacité se développe jusqu’à l’identification d’une matérialité, une paroi vitrée et une paroi en bois ne provoquent pas les mêmes sensations.
“La vue, le toucher, l'ouïe, l'odorat, le goût... ne font qu'un seul et unique sens... le plaisir!”10 8
Narration personnelle
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Victor Hugo, Les Misérables
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La compensation de la déficience visuelle repose donc sur l’utilisation et le développement maximal des autres perceptions sensorielles que nous venons d’évoquer. Néanmoins, cela doit s’apprendre : se repérer avec des moyens nouveaux, de nouvelles capacités, et de développer des stratégies de locomotion différentes.
2. Une rééducation locomotrice Après la perte du sens visuel, l’ensemble des pratiques quotidiennes doivent être réapprises et en particulier la locomotion pour permettre aux personnes de retrouver leur autonomie et de favoriser leur intégration sociale. La locomotion est la faculté des êtres vivants à se déplacer, or cette faculté demande pour les déficients visuels un apprentissage spécifique et un enseignement individualisé. C’est à ce moment qu’intervient l’instructeur en locomotion qui a pour rôle de développer l’aspect sensorimoteur (latéralisation, équilibre, développement des autres sens), l’aspect cognitif (mémoire, concentration, déduction) et psycho-affectif (image de soi, confiance en soi, maitrise des émotions, motivation, dépassement du handicap). Apprendre à se déplacer dans un environnement, particulièrement en milieu urbain, nécessite de connaître et de comprendre ce qui fait la ville et son appréhension sans la vision. Le parcours en ville pour les personnes déficientes visuelles est ainsi inscrit dans notre corps même, au terme d'une série d’anticipations motrices et mentales particulières qui sont
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mémoriser, sélectionner, géométriser, morceler.
a. Mémoriser Tout trajet piétonnier sans la vision en ville nécessite d'être préalablement mémorisé. Trois trajets particuliers sont concernés : le trajet domicile / commerces, le trajet domicile / lieu de travail et enfin le trajet domicile / lieux de loisirs. Le protocole de la mémorisation est alors invariable. Les parcours sont effectués, sur le mode de la déambulation urbaine, en compagnie d’un instructeur. Les itinéraires choisis sont courts pour permettre une reconnaissance en contexte du schéma général du trajet. Sont alors mémorisées les points de départ et d'arrivée du parcours, ainsi que les axes centraux qui les jalonnent. La mémorisation du parcours requiert une acuité sensorielle Page 9 sur 26
particulière, pour que le trajet s’inscrive outre dans la mémoire mais dans le corps. Un détour, un arrêt, une ligne droite, une traversée sont autant d’éléments qui modifient l’allure et l’attitude. Le corps se penche, s'arque, stoppe, déambule jusqu'à imprimer en lui les méandres du parcours. La mémoire de l'expérience du parcours in situ est la condition première d'un cheminement autonome du déficient visuel en ville.
b. Sélectionner
La sélection est à comprendre encore comme une activité d'anticipation des déplacements. L’objectif reste identique pour assurer la normalité d'une conduite motrice en ville. Un classement des lieux urbains est réalisé comme participant ou non à la possibilité de locomotion sans vision. A l’inverse de l’idée reçue, les rues piétonnes, les places publiques ou galeries commerçantes sont autant de lieux évités et délaissés par les déficients visuels. Ils représentent des espaces de confusion marqués par une absence de repères, de marquage au sol qui rendent la déambulation hésitante. A contrario, les espaces avec des axes comme des boulevards, des avenues, ou rues passantes, permettent de manière générale de former un repère notamment auditif permettant de garantir la rectitude du déplacement. Les différentes particularités des trajets, sont alors des repères qui, ajoutés les uns aux autres, construisent un schéma mental qui s’adapte selon l’évolution de l’environnement (véhicules mal stationnés, obstacles mobiles, mobilier, pluie, vent, bruit ambiant…).
c. Géométriser Les stratégies précédentes se référent à une volonté d'anticipation des déplacements. La géométrisation doit être pratiquée dans l'espace durant le parcours pour être maitrisée. Elle prend forme d'abord dans le choix de la ligne droite comme condition
sine qua non de tout parcours. L'enchaînement des lieux au cours du déplacement se fait par la recherche de l'angle droit. La géométrisation se fonde aussi sur la représentation mentale, ce qui signifie que les trajets effectués se découpent en espaces répondant à des figures simples comme le L ou le U. Autrement dit, le cheminement s’effectue selon un enchaînement particulier de lignes droites, celles-ci, Page 10 sur 26
mémorisées lors des trajets de reconnaissance. Elle fonctionne une fois encore sur le repérage puis la mémorisation de repères propres à l'environnement construit et à l'aménagement urbain. Ainsi, lors d’un cheminement sur le bord droit du trottoir, son corps se projette vivement vers les façades. En plaçant l'extrémité de la canne le long de celle-ci, elle décrit alors lentement un angle droit qui l'aidera à passer d'une rue à une autre. 11
d. Morceler Se mouvoir avec une déficience visuelle nécessite une reconnaissance des axes de référence jalonnant le parcours, ainsi que la localisation d'un point d'arrivée en termes de distance. Le morcellement consiste à découper le trajet en différents tronçons à cheminer. La distance totale du parcours est appréhendée par la somme des tronçons franchis. L’enchaînement de tronçons étant scindé par les passages piétons et / ou par la traversée de rues ou autres éléments fixes comme un kiosque par exemple. Une particularité de la locomotion sans vision est donc la nécessité de séquentialiser. Le trajet obéit donc à des règles d'organisation et réalisation précises.
A tout moment de sa vie (déménagement, changement de travail,...) une personne déficiente visuelle autonome peut avoir besoin d’apprendre à se déplacer dans un nouvel environnement. Néanmoins ces différentes opérations montrent que la relation des personnes déficientes visuelles à l'espace construit, n'est ni une relation de dépendance, ni une relation de neutralité. Le parcours piétonnier pour les déficients visuels s'inscrit dans une logique dynamique d'action anticipées où le corps s'affranchit de ses maux et où l’aménagement et l’urbain expriment toutes leurs spécificités.
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II. En quoi la ville peut-elle être accessible à une perception sensorielle ?
1. L’accessibilité et ses enjeux Sous l'angle de la déficience visuelle, dont on sait que les conséquences varient selon chaque individu, la CFPSAA12 propose une définition de l'accessibilité. Les notions de sécurité et de confort d'usage sont intimement liées à l'approche de l'information ou de l'environnement pour les personnes déficientes visuelles. L'accessibilité consiste à permettre la compréhension d'un espace pour se situer et à rendre disponibles des informations. Un espace est compréhensible quand il intègre des éléments de localisation, de repérage et d’orientation. Dans tout déplacement, il est nécessaire de localiser la zone où l'on se trouve, puis de se repérer dans un espace plus restreint afin de s'orienter dans la direction souhaitée. Ainsi, l'interprétation de l'environnement, les dangers et types d'usages doivent être discernables au moyen de contrastes tactiles (matériaux, déclivités) ou visuels (couleurs, éclairages). Les personnes malvoyantes interprètent ces données pour « aller et venir » librement, en fonction de leurs centres d'intérêt, de leur mesure du risque et de leur degré d'autonomie. Pour cela il est nécéssaire d’oser dépasser la seule approche visuelle dans la conception de projets. L'utilisation de la symétrie d'axes et des quatre points cardinaux aide les personnes à s'orienter ; le jeu de matériaux favorise confort et sécurité dans les déplacements. Pour les personnes déficientes visuelles, tous les capteurs sensoriels peuvent être sollicités, l’ouïe, le toucher, l’odorat et la perception de masses constituent une gamme de récepteurs de l'information plus ou moins sensibles. Dans le champ de l'urbanisme, la notion d'accessibilité réfère à un principe d'ouverture physique des espaces et de structuration de l'offre de transport : le cadre bâti est accessible, et donc public, lorsqu'il permet la libre circulation des hommes. Cette acceptation s'apparente à la définition usuelle du terme : accessibilité, « de accedere, approcher, où l'on peut accéder, qui est ouvert ou sensible à quelque chose, qui ne présente pas d'obstacles et qui est à la portée de quelqu'un"13 . 12
Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes
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Dictionnaire Robert, 2010, définition du terme accessibilité Page 12 sur 26
Tout comme l’urbanisme, l’architecture peut apporter des solutions à l’amélioration des infrastructures et faciliter ainsi l’accessibilité des déficients visuels. Là aussi, les principes d’organisation doivent prendre en compte les moyens qui permettent un repérage auditif, tactile pour certains, et visuel pour d’autres. La qualité des matériaux, leur couleur, leur texture s’avèrent être outils clé dans la compréhension et le décodage d’espaces intérieurs. L'idée de compétence permet de dépasser largement cette conception de l'accessibilité urbaine. D'une part, parce qu'elle fait émerger des processus sensibles actifs : il existe une combinaison entre les savoirs-faire implicites du passant et les ressources de l'environnement. Cette combinaison permet le dépassement des situations de mobilités handicapantes. En ce sens, elle doit participer à la ré-orientation du thème même de l'accessibilité urbaine : il ne s'agit plus désormais de fabriquer des conditions matérielles de cheminements valables pour chacun des handicaps, mais de proposer une accessibilité des villes à tous. Lorsqu’on les intègre dans un univers parsemé de repères sonores ou olfactifs, ils participent à l’accessibilité de manière incontournable. L’éventail d’outils disponibles pour les déficients sensoriels en général, et pour les déficients visuels en particulier, devient de plus en plus large lorsqu’un maximum de sens son mis à contribution dans la lecture de l’environnement. Le fichier d’informations relatives à la forme ou à l’état de l’espace s’en ressent plus riche et plus précis. L’analyse devient facile, et la réaction rapide entraîne un cheminement et un repérage dans l’espace plus aisé et plus sécurisant. Les repères tactiles, auditifs, olfactifs et visuels ne font alors que repousser le doute, l’insécurité et le danger. Malgré le handicap visuel, l’éclairage reste un élément essentiel dans la pratique d’espaces intérieurs et extérieurs, il peut être régulier ou ponctuel, mais, muni de réglages d’intensité lumineuse en fonction des besoins, il assure une qualité de vie et un confort indiscutable. L’ensemble de ces éléments, s’inscrivent dans une réflexion sur l’accès à la ville et la place du piéton dans ma morphologie urbaine. Cette réflexion sur l’accessibilité répond à une volonté des politiques publiques, mais relève d’acceptation multiples et complexe.
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2. La ville multi-sensorielle Création constructive et esthétique pour l'architecte, la ville s'appréhende davantage chez le citadin comme l'espace de ses pratiques ordinaires. Expérience contemplative et tout à la fois motrice, elle est alors vécue, découverte et décrite comme matière à sensations. Comme nous l’avons vu, les déficients visuels développent des compétences, de nature sensori-motrices, pour circuler. En effet, la locomotion en ville mobilise l'ensemble de l'appareil perceptif alors d’autant plus développé pour les déficients visuels, ce qui les rend plus attentifs aux ambiances urbaines. A l'image des compétences motrices que la locomotion sans vision requiert, l’environnement est de nature multi-sensorielle : il révèle non pas une dominante sensible particulière mais une combinaison des sens. La ville est certes vue au cours de la mobilité urbaine, mais elle est aussi entendue, sentie, touchée, elle mobilise le corps et l’ensemble de nos perceptions sensorielles. L’appréhension de la ville se perçoit comme une expérience corporelle. Elle repose sur l’acuité sensorielle particulière des individus et notamment des déficients visuels et sur la saisie perceptive de l'environnement construit. Le déficient visuel se déplace au sein de l'espace urbain en captant, au cours de son trajet, les informations nécessaires à la compréhension de l’environnement. La locomotion en l'absence de vision ne se réduit pas à des pratiques d'anticipation des cheminements. Elle nécessite également un décodage de la morphologie urbaine. La saisie de la morphologie urbaine suppose le recours à une combinaison de compétences d'identification. Leur analyse montre la relation du déficient visuel à la ville comme espace architectural. Elles engagent une multi-sensorialité : un savoir-auditif, des savoirs-visuel, tactiles, thermiques. Le déficient visuel se déplace alors activement au sein de l'environnement construit en captant l'information nécessaire à son mouvement et en s'appropriant les ressources de l'espace urbain. Il n'est pas totalement assujetti à sa déficience, ni aux contraintes de l'environnement construit. La ville fait alors du corps stigmatisé un corps compétent, détournant à la fois le handicap et les obstacles de l’espace.
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De plus, le cheminement piétonnier en milieu urbain invite à une gestion de l'environnement proche, notamment du mobilier urbain, tantôt obstacles, tantôt aides. La sensibilité particulière à l’environnement proche développe la perception des masses pour permettre l’anticipation.
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Conclusion
De la perte des sens à la perte de sens ?
L’exposition, Quand l’architecture efface le handicap réalisé à la Maison de l’architecture et de la ville à Lille, s’attachait à questionner, la mesure par laquelle l’architecture peut participer et favoriser un vivre ensemble. À cette occasion, plusieurs réalisations internationales s’attachaient à montrer comment l’architecture peut aider à dépasser le handicap. Bien que complexe, cette question ouvre plus largement mon rapport d’étude et interroge directement le rôle de l’architecture et notamment de l’architecture du handicap. L’architecture du handicap renvoie spontanément et de manière réductrice à l’ajout d’éléments collés sur des bâtiments, tels que des monte-charges, des rampes d’accès ou des barrières protectrices d’obstacles, à de la réglementation contraignante privant l’architecte de sa liberté. Or, ces prothèses ont pour effet de stigmatiser les déficiences et ne créent pas une oeuvre architecturale cohérente. Les différentes familles de handicaps touchent aussi bien les fonctions physiques, sensorielles, que mentales, chacun étant susceptible un jour d’être atteint physiquement ou psychiquement, par maladie, accident ou vieillisse. La ville et l’architecture sont par essence même des espaces vécus créant des sensations et ambiances, leur rôle ne se limite alors pas à un art de bâtir mais aussi à un enjeu social et même sociétal puisqu’elles peuvent être porteuses de rassemblement, de partage, d’échange, de vivre ensemble. L’architecture doit alors prendre en compte tous et chacun.
L’exemple de la mobilité sensorielle par les personnes déficientes visuelles montre à la fois la multitude de ressources qu’offre l’espace bâti, notamment urbain, mais aussi la relation étroite qu’établissent les usagers avec leur environnement. Les personnes déficientes visuelles, et plus largement les personnes déficientes sensorielles développent des capacités perceptives qui permettent de relever ce qui est en chacun de nous mais que nous oublions souvent : notre corps dans l’espace. La question de l‘intérêt de l’architecture pour les déficients visuels est récurrente, et sans avoir la Page 16 sur 26
prétention d’y répondre de manière globale, elle me semble pour ma part indispensable. Je dirais même que la prise en compte des capacités perceptives peuvent révéler une expression de l’architecture, une dimension sensorielle, évocatrice d’émotions.
« Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas les étoiles qu'on n'en a pas plein les yeux. – Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. – L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. » 14
Cette citation pourrait conclure à elle seule ce que je ressent lors de la conclusion rapport, ces nombreuses interprétations et évocations sont tellement porteuses de sens que par les mots je ne saurais en exprimer autant.
Néanmoins, durant la rédaction de ce rapport d’étude ce fut pour moi difficile d’évoquer et d’écrire mon parcours mais aussi d’être confrontée au fait que la déficience est une part de mon identité et de ma philosophie de vie, notamment dans ma conception de l’architecture. Après ma perte de vue j’ai longtemps cherché à « être comme tout le monde », or, chacun a sa particularité, la mienne est ma déficience visuelle. Rentrer en école d’architecture fut une première étape de mon combat contre et pour moi-même, j’ai appris à me comprendre à travers l’architecture. J’ai pris conscience durant mes recherches pour ce rapport de licence, du développement de mon identité et d’une forme de sensibilité dans ma conception architecturale qui jusqu’alors n’étaient qu’intuitions, et expérience personnelle. Par le biais de ce rapport j’ai compris l’ensemble des facteurs qui m’ont permis d’être ici aujourd’hui. D’autre part, par l’expérience du parcours notamment, j’ai réalisé à quel point mes connaissances architecturales acquises ces trois dernières années ont enrichi ma perception de l’environnement.
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Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, 1945, édition folio, p. Page 17 sur 26
Ce rapport de licence, aujourd’hui limité dans le temps pourrait plus tard faire l’objet d’une thèse. Les recherches et les réflexions posées pour ce rapport m’ont également permis de prendre conscience de mon intérêt pour la recherche sur l’architecture sensorielle, plus précisément l’architecture et la déficience visuelle. C’est dans cette volonté que je souhaiterais m’inscrire dans le domaine d’étude expérimental, afin de développer cette réflexion sur l’architecture participative du contemporain mais aussi de l’enrichir par la fusion avec d’autres disciplines, telles que les sciences sociales et le développement sensoriel. Pour finir, ce rapport m’a permis de considérer la possibilité de m’engager davantage dans la recherche et dans la conception liées à cette thématique et par cela d’envisager une pleine acceptation de ma déficience visuelle.
Dans le cadre de ce rapport, je tiens à remercier mon enseignante-tutrice Aurore Reynaud, pour sa disponibilité et ses conseils.
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Annexe 1 : Mise en situation
Narration sensorielle d’un parcours
Le parcours que j’ai choisi est un trajet que je réalisais de manière régulière lorsque j’habitais à La Rochelle : entre le centre de transport situé sur une grande place au cœur de la ville et le marché central. Ce trajet fait environ une dizaine de minutes. J’ai réalisé ce parcours après 4 ans sans y avoir été, j’ai donc pris des notes sur ma perception et ma compréhension des espaces afin de vous narrer mon parcours. Imaginez et ressentez l’espace. Vous trouverez ensuite les photos (annexe 2) du parcours afin de les confronter à votre imagination et comprendre par celle-ci ma perception en tant que malvoyante.
Il fait chaud, il est midi, nous sommes dimanche en plein centre-ville de La Rochelle sur le quai de bus. La maison de la mobilité est dans mon dos. Je souhaite aller au marché. Je sais que je dois aller vers ma gauche, je me tourne, je me situe, derrière moi le bruit d’un moteur. Le léger courant d’air vient d’en face, j’entends légèrement le bruit de l’air dans les feuilles des arbres de l’autre côté de la route. L’ambiance est calme et le bâtiment à ma droite me protège du soleil et du bruit. Je pose alors ma canne au sol, son bruit est régulier, comme sur un sol lisse, alors je me lance dans l’axe défini par les colonnes du bâtiment que je frôle. Le rythme de la canne vient se modifier par la présence d’un sol plus rugueux, serait-ce une bande d’éveil ? Par le biais de la canne et de mes pieds je poursuis en explorant, d’un pas plus lent. Je suis interrompue et guidée par le passage d’un bus que redéfini mon axe de déplacement. Je devine alors que la bande rugueuse permet de me guider. Je la suis alors d’un pas plus vif et me concentre sur l’environnement qui m’entoure. Je dépasse le bâtiment que je longeais et tout à coup, le bruit de la circulation et du démarrage des voitures, porté par le vent, vient jusqu’à moi. A ma droite, j’entend parler. Les cloches retentissent, elles mettent en vibration l’ensemble des éléments sur la place. Je suis alors au milieu de celle-ci, au soleil, je sens sur ma peau la chaleur des bus qui passent. La présence d’un bâtiment me bloque en partie du vent. Le bruit de la circulation se rapproche au fur et à mesure que Page 19 sur 26
j’avance, je vais devoir traverser. Je continue alors de suivre la bande d’éveil jusqu’à la bande podotactile de traversée. J’en fais le contour avec ma canne pour trouver la direction. Une voiture qui vient à la perpendiculaire du quai s’arrête alors, le conducteur me fait surement signe de passer mais je ne le vois pas. Je m’aperçois que je me dirige vers le centre du carrefour, je rectifie donc ma trajectoire car je connais la longueur de cette traversé qui n’excède pas cinq pas. De l’autre côté de la chaussée, les dalles au sol m’indiquent que je suis sur le trottoir, aucune montée, ni distinction, seule la matérialité. Un vélo dont je discerne le son, mais trop tard, me coupe devant. J’effectue un pas en avant, je suis alors à l’ombre protégée par le bâtiment. L’écho des pas des promeneurs sous les arcades se diffuse jusqu’à moi. Je dois donc distinguer les piliers des arcades afin de me glisser sous celle-ci, dans un axe perpendiculaire puis ensuite tourner à la première intersection sur ma gauche. La canne, les contrastes lumineux et les sons des personnes qui passent me donne l’indication de me décaler vers ma gauche. Je pivote donc à 90° et me dirige vers la lumière très présente qui marque l’interruption des arcades. J’oriente l’ensemble de mon corps vers les façades à gauche, afin de détecter l’intersection à l’aide de la canne et de mon corps. Je tourne, les pavés sont plus petits et le rythme de la canne est plus rapide. Les voitures descendent la rue dans la même direction que moi. Le sol a une légère inclinaison, les vélos descendent rapidement, j’entend le son des roues sur les pavés. Je ne distingue pas la chaussée du trottoir, le sol est lisse, je me colle le long de la façade de droite pour me protéger du soleil. L’alternance entre ombre et soleil marque la découpe des toits et leurs diverses hauteurs. J’avance, j’entend au loin l’agitation du marché dont je m’approche, je sens alors un courant d’air sur ma gauche, le bâtiment est en retrait. Il doit y avoir une cour arborée, j’entend le feuillage des arbres dans le vent. De multiples odeurs s’échappent de cette cour, je ne les reconnais pas mais elles sont très agréables. Ces odeurs éveillent mon odorat et à l’approche du marché sous la chaleur je sens les fraises, le melon et l’odeur propre au marché. Il ne me reste plus qu’une traversée, elle n’est pas indiquée : pas de bandes, pour seul repère la petite marche du trottoir. Une voiture s’arrête, je traverse en même temps que le flux de piétons. Je sais que le marché est un lieu très complexe pour les malvoyants : le monde, l’étroitesse des allées, les débords des Page 20 sur 26
étalages. Cependant, je le fréquente depuis mes premiers pas, le marché est donc imprimé dans ma mémoire et ma déambulation s’en ressent, aucune hésitation. Je ne ressens aucun danger, je range ma canne, ma déficience disparait. Je me fond dans la foule, ma confiance refait surface, personne ne peut alors deviner ma différence.
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Annexe 2 : Photographies du parcours
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Bibliographie
Ouvrage ‣ ERIC BRUN SANGLARD, 2010. Au delà de ma nuit. 267 p. Recherches ‣ THOMAS Rachel, 2001. La mobilité urbaine des personnes aveugles et malvoyantes : état des lieux, questionnements et perspectives de recherche. Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’environnement Urbain. 46 p. ‣
THOMAS Rachel, 2007. Cheminer l’espace en aveugle, CRESSON, 18 p.
‣
BONNAUD Xavier, s.d. Les univers sensoriel de l’architecture contemporaine, 20 p.
Rapports d’étude ‣ CFPSAA (Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes), 2010. Les besoins des personnes déficientes visuelles, accès à la voirie et au cadre bâti. 65 p. ‣
DAVELUY Camille, s.d. L’élaboration d'une architecture pour les aveugles a-t'elle un sens ? 9 p.
Vidéo ‣ ASSOCIATION VALENTIN HAUY, 2011. Un regard pour deux : conseil à l’usage de ceux qui voient. 18’00’’ Exposition ‣ Exposition, 2015. Quand l’architecture efface le handicap. Maison de l’architecture et de la ville Nord Pas de Calais. Documents locaux ‣ Communauté d’agglomération de La Rochelle, 2005. Schéma directeur d’amélioration de l’accessibilité pour les personnes à mobilités réduite aux transports publics de la communes de La Rochelle. 45 p. ‣
http://www.ville-larochelle.fr/solidarites/accessibilites-personnes-en-situation-dehandicap.html
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Table des matières
Avant-propos
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Introduction
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I. Comment appréhender la ville avec une déficience visuelle ?
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1. Une perception multi-sensorielle
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a. L’ouïe
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b. Le toucher
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c. L’odorat
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d. La perception des masses
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2. Une rééducation locomotrice a. Mémoriser
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b. Sélectionner
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c. Géométriser
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d. Morceler
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II. En quoi la ville peut-elle être accessible à une perception sensorielle ?
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1. L’accessibilité et ses enjeux
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2. La ville multi-sensorielle
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Conclusion
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Annexe 1 : Mise en situation
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Annexe 2 : Photographies du parcours
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Bibliographie
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Table des matières
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Résumé
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Résumé
Dans notre société de l’image, la question de la déficience visuelle se pose notamment pour la mobilité urbaine. S’il faut de la volonté personnelle pour assumer ce handicap, une volonté communautaire forte est nécessaire pour faire le bon choix de matériaux, de signalétique et de conception. Aussi, l’architecture et l’urbanisme sont des moyens qui peuvent favoriser la libre circulation des déficients visuels, à condition d’être conçus à cet effet. Je m’attache donc dans ce rapport à essayer de transcrire mon expérience personnelle de malvoyante, à des dispositifs architecturaux et urbains pouvant être mis en place pour faciliter la mobilité des personnes déficientes visuelles.
Mobilité - Perception - Déficience visuelle - Multisensoriel - Accessibilité - Malvoyant Accessibilité urbaine - Locomotion - Architecture - Urbanisme
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