Memento

Page 1

m e m e n t

o



«Les artistes contemporains trouvent leurs modèles théoriques et pratiques en dehors du monde de l’art, en empruntant formes et méthodes à d’autres champs du savoir.» Nicolas Bourriaud


«cosa mentale»

1817 : exposition de Gauguin D’où venons-nous ? Qui sommes nous ? Où allons nous ?

Leonard de Vinci

1882 : Combat de nègres dans un tunnel tableau entièrement noir de Paul Bilhaud 1938 : colonne sans fin de Brancusi

1883 : Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige, Alphonse Alllais

1969 : exposition Quand les attitudes deviennent formes

curator Harald Szeemann

«Repartir à zéro» Barnett Newman « less is more » Mies Van der Rohe

merzbau Kurt Schwitters

1968 : les statements de Lawrence Weiner 1. l’artiste peut construire le travail 2. le travail peut être fabriqué (par quelqu’un d’autre) 3. le travail peut ne pas être réalisé

chaque proposition étant égale et en accord avec l’intention de l’artiste, le choix d’une des conditions de représentation relève du récepteur à l’occasion de la réception

1972 : Documenta V Mythologies Individuelles, curator Harald Szeemann

1970 : l’Arte povera en Italie le Minimalisme aux Etats-Unis le Mono-ha au Japon

1981 : La transfiguration du banal Arthur Danto


historicisme en art

La théorie spéculative de l’art, Jean-Marie Schaeffer


Le doute est ma seule certitude

Comment repartir à zéro ? Comment apprendre à désapprendre ? Comment aller à l’essentiel, épurer, sans perdre la force initiale d’une l’idée ? Comment partager une idée et la transformer en matière ? Quel médium explorer et exploiter pour transmettre au mieux une idée ? Comment travailler avec des matériaux non-maîtrisés ? Comment faire une force de ses incompétences ? Comment rendre intelligible un projet durant un temps de parole court ? Comment parler clairement d’une expérience en synthétisant un long processus ? Comment éviter l’effet catalogue lorsque l’on s’intéresse aux déclinaisons, aux variations modulaires et aux procédés sériels ? Comment garder une distance suffisamment critique ? Quelle est la place du regardeur dans l’œuvre plastique ? A-t-il un rôle à jouer ? Quelle est la différence entre création et créativité ? Comment tendre vers un moi universel quand on se nourrit d’anecdotes personnelles ? Comment faire coexister plusieurs propositions de monstration dans un contexte imposé en gardant une cohérence d’accrochage, un fil conducteur pour connecter des pièces, en apparence, hétérogènes ? Si un travail n’est pas vu, comment existe-t-il ? Quel est son statut ? Le langage peut-il se penser comme un espace d’exposition illimité ? A-t-il une forme ?



Mon travail est pluridisciplinaire, j’explore les agencements possibles à travers l’intermédia. Je cherche à combiner et interconnecter les différentes sphères qui me nourrissent. Mes pratiques artistiques découlent de ces questionnements linguistiques qui sont réellement fondamentaux pour moi. Je sais que je ne peux pas simplement me résigner à l’étude stricte des langues. J’ai tout aussi besoin des langues que de la création, de boire et de manger. Les deux entretiennent un rapport étroitement lié, comme le recto et le verso d’une feuille. C’est même vital, car je n’imagine pas les langues sans création. C’est pourquoi l’art me permet d’englober, d’embrasser toutes ces choses, sinon je me sentirais amputée. Si je ne peux renier mon passé universitaire, j’essaie néanmoins, chaque jour, d’apprendre à désapprendre un peu plus pour reprendre un maximum de liberté face à la langue, pour que cela ne devienne pas une obsession rigoriste et systématique. Afin que cela ne m’empêche pas de créer et produire. Je ne souhaite surtout pas me référer à la linguistique d’une manière trop pompeuse. C’est l’intérêt ludique que je porte à cette science qui me pousse constamment à me référer à elle.


concepts linguistiques

1915: Ferdinand de Saussure écrit Le cours de linguistique générale

Les idées sont relatives à des mots, l’art pourrait-il être lié à la linguistique ? Peut-on considérer le langage comme vecteur transitoire et matériel pour structuturer le monde perceptif ? Le langage a-t-il une qualité sculpturale ? Peut-on considérer l’art conceptuel comme sémiotique de l’art ?

Le langage C’est la faculté humaine à communiquer. Cela relève de la psychologie, de la sociologie et de la sémiologie, de la science générale des signes au sens large. Le langage est donc un sous-ensemble au sein des différentes possibilités langagières.

La langue Elle vise à rendre compte du fait social que constitue le langage. La langue est un fait social, c’est le patrimoine commun de toute une population. Elle est engrammée en nous, fixée, préexistante dans le cerveau. La langue nous permet de générer des énoncés, elle représente donc un système limité.

La parole C’est un acte individuel et concret de mise en effet de la langue. La parole constitue des messages effectivement produits par un individu.

Elle est concrète car l’énoncé produit est le résultat de l’utilisation de ce système. La parole est un fait individuel et illimité.


agencements

Au sein de la langue, il existe deux types de rapports structuraux fondamentaux étroitement solidaires qui sont les rapports paradigmatiques et les rapports syntagmatiques. Chaque unité se conditionne mutuellement. Selon les langues, nous n’avons pas les mêmes systèmes, c’est pour cela que nous n’avons pas le même ordre d’agencement des mots. axe paradigmatique

un mon ce le / chien / mord / le / facteur

axe syntagmatique (ordre)

Le paradigme est la catégorie de termes ayant des points communs donc, tout élément est à la croisée de ces deux axes. L’axe paradigmatique va renvoyer au fait que tout mot dans une phrase est susceptible d’être remplacé par un autre paradigme. ex : el ladrar de los perros l’infinitif ladrar est précédé d’un article, c’est donc un transfère catégoriel où un infinitif va pouvoir fonctionner comme un substantif. Tout mot dans une phrase entretient des rapports in absentia avec d’autres mots de même paradigmes ou de remplacement. L’axe syntagmatique prend en compte le rapport entretenu par les mots dans une même phrase. Tout mot présent dans une phrase entretient des rapports in presentia avec les autres mots. Donc, dans une traduction d’une langue à une autre, il faut toujours expliquer le choix d’un mot en se justifiant à l’aide des deux axes paradigmatique et syntagmatique en procédant par faire oppositions, comparaisons, hypothèses…

La polysémie expliquerait donc l’illimité et le limité ex : le mot canard a plusieurs sens selon le contexte, il peut désigner l’animal, un journal, un sucre trempé dans un café ou dans de l’alcool…


La langue est définie comme un ensemble de signes. La spécificité du signe est d’unir une image phonique ou graphique à un concept, un contenu sémantique, un élément porteur de sens.

Le signifiant C’est l’image auditive, l’enveloppe acoustique qui renvoie à un signifié Le signifiant est l’image phonique ou graphique du signe, cette image phonique est constituée d’une suite de phonèmes alors que l’image graphique, elle, est constituée par une suite de graphèmes, des unités minimales de transcription du phonème. Le signifiant est une entité abstraite qui appartient à la langue.

Le signifié C’est le concept, l’élément porteur de sens, l’image mentale qu’évoque en nous le signifiant. ex: table, mesa il y a deux signifiants pour un unique signifié, chaise a une réalité physique et une réalité linguistique, il y a l’objet qui est un élément linguistique, un signifié. Et il y a la prononciation du signifiant phonique. Tout signe linguistique permet de désigner une réalité extralinguistique, c’est ce que l’on appelle le référent, il fait partie du monde réel.

One & three chairs, Joseph Kosuth


conjugaison

Source

Verbe déduit

Conjugaison possible

Dites donc A un moment donné Ça va de soi Ça va sans dire Ben voyons Ceci dit Comme qui dirait Ça dépend A tout prendre C’est-à-dire Je pense donc je suis C’est déjà ça Fou rire La gueule de l’emploi Peu importe Mine de rien C’est pas le tout Outre mesure Pendant ce temps Ça ressemble à rien Si ça se trouve S’il te plaît Ça tombe sous le sens Toucher un mot Vu d’ici Voyons voir

Dire donc A un moment donner Aller de soi Aller sans dire Ben voir Ceci dire Comme qui dire Dépendre A tout prendre Etre à dire Penser donc être Etre déjà ça Fou rire Gueuler de l’emploi Peu importer Miner de rien Pas être le tout Outre mesurer Pendre ce temps Ressembler à rien Si se trouver S’il te plaire Tomber sous le sens Toucher un mot Voir d’ici Voir voir

Je dis donc A un moment tu donnes Nous allons de nous Ils vont sans dire Ben ils ont vu Ceci nous disions Comme qui aura dit On avait dépendu A tout vous aviez pris Tu fus à dire Ils ont pensé donc ils sont Qu’il soit déjà ça Fou vous eûtes ri Gueulons de l’emploi Peu j’emporterais Nous minions de rien Tu es pas le tout J’outre mesurerais Pendez ce temps J’aurais ressemblé à rien Si je m’étais trouvé Si vous t’eussiez plu Elle tombe sous le sens Touchons un mot Que vous vissiez d’ici Aie vu voir

Extrait du Précis de conjugaison ordinaire, David Poullard


adverbe Les adverbes forment une catégorie résiduelle où l’on range traditionnellement les termes invariables. L’adverbe est un modificateur de temps, lieu, manière, quantité… ubiquité

L’adverbe « là » introduit une ambivalence, il est double par son indication spatiale et temporelle, il précise mais distancie et s’oppose à ici, tout en suggérant implicitement l’au-delà, un potentiel là-bas.

J’ai voulu contourner un sujet imposé pour ne pas me limiter qu’à l’enceinte de l’ensa. Une fenêtre est un espace embrassant deux lieux simultanément. On est à la fois dedans et dehors, on dialogue avec deux sphères. L’encadrement d’une fenêtre forme un L. Le défi a été d’aller solliciter la participation des voisins de l’ensa pour accueillir la deuxième lettre de mon adverbe, le A sur leur fenêtre et ensuite de les inviter à voir le résultat depuis l’école.


zoos humains Le terme de zoo humain est apparu pour décrire une attitude culturelle qui a prévalu dans les empires coloniaux jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les expositions coloniales furent l’occasion de présenter au public de la métropole un échantillon des divers peuples colonisés mis en situation forcée dans un environnement reconstitué, par soif d’exotisme. Le premier zoo humain semble être celui de Moctezuma à Mexico, qui en plus d’exhiber de vastes collections d’animaux, montrait aussi des êtres humains.

mimétisme et camouflage Certains animaux ont une partie de leur corps qui en imite une autre. Par exemple, le serpent à deux têtes d’Afrique Centrale a une queue qui ressemble à une tête et une tête qui ressemble à une queue. Cette adaptation permet de tromper la proie en lui faisant croire que l’attaque provient d’un endroit d’où elle ne vient pas. Ces animaux restent parfaitement immobiles, dans une position qui les fait s’harmoniser au mieux avec leur environnement. Il y a aussi les sauterelles de Malaisie qui se sont développées au point où la coloration et la forme de leur corps correspondent aux feuilles (même celles à demi-mangées, aux feuilles mortes, aux feuilles tâchées par les crottes d’oiseaux) aux morceaux de bois, aux brindilles ou à de l’écorce. D’autres maitres du camouflage sont les coléoptères, les mantes, les phasmes, les chenilles, les papillons, les lézards, les grenouilles...


sieste avec phasmes Que donne-t-on à voir ? Performance durant le cycle Yves Chaudouët en partenariat avec le tdb. Les règles du jeu : carte blanche dans les vitrines des Galerie Lafayette. Les vitrines ressemblent à un gigantesque vivarium, une boîte, une cage en verre. Et si les zoos humains étaient légaux, pourrions-nous exposer des être humains dans les vitrines des grands magasins ? L’artiste est-il vu comme un bateleur ? Quel est le statut de l’art et de l’artiste dans l’espace public ? Le camouflage, le leurre, l’art mimétique sont-ils des alternatives pour agir dans l’espace public ? J’ai invité deux de mes camarades des beaux-arts à venir faire la sieste avec moi, dans les vitrines du magasin. Il était important de désencombrer l’espace (accessoires de mode et mannequins) pour donner l’impression d’une vitrine vide. Comme camouflage, pour nous fondre dans le décor, nous portions des vêtements noirs.

« Des fois, les gens attendent quelque chose mais il ne se passe rien. Des fois, il se passe quelque chose mais il n’y a personne. » Jérôme Giller


dire-peindre Performance dirigée par François Chattot au Théâtre du Parvis Saint-Jean (TDB) Déclamation des textes suivant, suspendue avec un baudrier.

Quand je commence un nouveau tableau : la toile blanche, lisse, encore sans apprêt, est un extrait de naissance non rempli, où je pense pouvoir écrire de nouvelles dates et des filiations différentes qui me tireront une bonne fois pour toutes, ou du moins pendant une heure, de cet état incongru de non naissance. Je trempe mon pinceau et je l’approche de la toile, partagé entre la certitude des règles apprises dans le manuel et l’hésitation sur ce que je choisirai de créer. Puis, indéniablement déconcerté, enchaîné à ma condition, au fait d’être qui je suis (tout en n’étant pas) depuis de si longues années, j’applique le premier coup de pinceau et au même instant je me trahis à mes propres yeux. Comme sur le célèbre dessin de Bruegel, un profil taillé à l’herminette apparaît derrière moi et j’entends la voix me redire que je ne suis pas encore né. Je change de pinceau et je recule de deux pas afin de mieux centrer mon sujet et de clarifier le flou qu’est inévitablement un visage appelé à se transformer en portrait, je réponds en silence « je sais », et je continue à reconstituer un bleu nécessaire, une terre quelconque, un blanc qui remplacera la lumière que je ne parviendrai jamais à capter. Manuel de peinture et de calligraphie, José Saramago.

La peinture, avant de peindre … C’est une erreur de croire que le peintre est devant une surface blanche. La croyance figurative découle de cette erreur : en effet, si le peintre était devant une surface blanche, il pourrait y reproduire un objet extérieur fonctionnant comme modèle. Mais il n’en est pas ainsi. Le peintre a beaucoup de choses dans la tête ou autour de lui, ou dans l’atelier. Or tout ce qu’il a dans la tête ou autour de lui est déjà dans la toile, plus ou moins virtuellement, plus ou moins actuellement, avant qu’il commence son travail. Tout cela est présent sur la toile, à titre d’images, actuelles ou virtuelles. Si bien que le peintre n’a pas à remplir une surface blanche, il aurait plutôt à vider, désencombrer, nettoyer. Francis Bacon : Logique de la sensation, Gilles Deleuze.


marchez Parcourir, marcher, marquer, baliser, tracer, circonscrire Comment retranscrire plastiquement et spatialement un itinéraire personnel à une personne qui n’aurait pas fait le chemin avec nous ? Les règles du jeu : - parcourir la ville sur un temps très court - choix libre du lieu Les Halles, le marché de Dijon Durant mon parcours, j’ai récolté des sons, des papiers, pris des notes, fait des croquis. De retour à l’école, j’ai tenté de rassembler toutes les choses glanées sur un seul mur pour retracer mon parcours. Mais le wall drawing me semblait peu satisfaisant. Repartir à zéro Au bout de quatre jours, j’ai repeint le mur en blanc et tout jeter. Le jour de la présentation, j’ai finalement choisi un dispositif simple, très épuré, composé de deux tables de l’ensa semblables, aux tables à tréteaux utilisées sur le marché. J’ai inscrit sur la tranche des tables les paroles des vendeurs entendues lors de mon parcours dans les halles. Le regardeur refait ainsi mon parcours en lisant les phrases et en tournant autour des tables. Le dispositif dessine mon itinéraire et induit un déplacement.

«Allez on baisse, on baisse» «Pas de chichis, c’est bientôt midi»

Workshop avec Pierre-Yves Magerand



evaluer et quantifier

Que faire d’un camembert ? Tristan Mendès-France

Dadamètre Imaginez un monde transparent, où nos désirs les plus intimes seraient négociés sur un marché global et leurs risques évalués et optimisés. Le Dadamètre de Christophe Bruno, outil de profiling du langage et de surveillance narrative des mouvements artistiques, annonce une nouvelle alliance entre l’art, la science et une finance globalisée enfin libérée des cataclysmes boursiers. Utilisant technologies du Web 2.0, réseaux de neurones, théorie des graphes, linguistique quantitative, il permet de cartographier, et bientôt de prédire, tendances artistiques ou mutations sociales. Etalon de la déchéance de l’aura du langage ranking 2002-2008


vue d’atelier, 2010


vue d’atelier, 2009


méthode de travail

«Rien ne se perd, tout se transforme.» Antoine Lavoisier

idée, projet

réalisation

bifurcation

ratage

«Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.» Samuel Beckett


Daily sketch crossing

Hellmute

dessin, multiple

volume

action éphémère réactivable variables

variables

variables

120 minutes

action

Femme seule

36 pièces de 108 x 17 cm

volume

Ma collection d’amoureux Sieste avec phasmes

7 minutes

variable

son

photographie

variables

dessin

Herbier sonore

Serial shots

20 x 24 cm variables

dessin, multiple multiple

variables variables

multiple multiple

Dibujos en B.A. Zara o el dia de la raza Serial fugitives

variables

volume, variation chromatique olfactive

Chromod progress Lyvres et artchivage Crise mondiale

100 x 100 cm

dimensions

peinture, monochrome

description

Monobéta

projets

photocopie noir et blanc A5

colliers de serrage

partout

partout

chantier public

vitrine de magasin

moquette noire, murs noirs, vêtements noirs et phasmes acrylique sur bâche bleue

jardin

partout

internet

murs

partout rues

biblio partout

partout

mur

lieu

acrylique noire sur bois

enceinte

captures d’écran

photocopies noir et blanc A4

papier flyers et badges (métal,plastique, Ø 3 cm) papier Sac papier kraft

Filtres, papier, tabac

coton hydrophile, bétadine

matériaux

2009-2011

2010-2011

2009

2008

2008

2009

2010-2011

2009-2011

2009

2009-2010

2009-2011 2008-2011

2009-2011

2008-2009

dates


Arbre généalogique des économistes


Recherche prÊparatoire autour de l’herbe, inventaire des tiges


formes

« Il est rare qu’un nuage prenne la forme d’un nuage » Ylipe

Dans le nord de l’Ecosse, selon une légende, celui qui trouve une pierre trouée dans la baie de Durness peut voir le futur s’il regarde à travers le trou.

« L’homme fictionnalise le réel pour le penser » Jacques Rancière


formations naturelles les cheminées de fées

Aussi appelées demoiselles coiffées turques, ces colonnes naturelles de roches ont des formes étranges.

Turquie, 2008

Rocher en forme de tortue, Argentine, 2009



annonces publiques portègnes


panneaux publicitaires vivants


juan carlos romero


ceux qu’on ne veut pas voir Ceux qui ne sont pas présents. Ceux qui sont des fantômes dans la ville. De nos jours, beaucoup trop de gens ont peur de « ceux d’en bas ». Cette préoccupation est d’autant plus grave que les dirigeants des pays riches assimilent trop souvent à une menace sociale le fait d’être « à part ». Il semblerait que ces personnes en marge soient perçues comme les seules responsables de la fracture sociale, une menace néfaste, susceptible de détériorer l’économie. Tous ces « marginaux » sont surveillés en permanence. Sait-on jamais, ils pourraient mettre à sac le système. C’est même rassurant de trouver un boucémissaire dès qu’il faut faire face à un problème. Or, en analysant les prises de décisions des Hautes Autorités, il apparaît évident qu’elles prennent des mesures radicalement trop hâtives. Et si la situation s’aggrave, c’est peut-être parce que le pouvoir est entre les mains d’une poignée d’incompétents qui ne voient pas les réelles priorités, qui occultent la vérité en nous mentant tous les jours. Les Rois catholiques ont chassé les infidèles, le Ministère des Affaires Intérieures entreprend lui aussi sa propre croisade contre les indésirables. Aujourd’hui, certains extrémistes perçoivent ceux qui vivent en dehors du système comme des parasites, des bactéries, de dangereuses toxines capables de freiner le développement et l’enrichissement d’une Nation. D’une certaine manière, ces « poches noires d’exclusion » gangrènent la société. Une fétide gangrène à soigner impérativement. Et pour que l’infection ne s’étende à l’ensemble des tissus sains, on pense que l’amputation des membres inférieurs est inéluctable. N’ignorons pas qu’il y a des alternatives à cette opération démesurément disproportionnée ! Car une intervention de ce genre, tellement abjecte, n’est en fait qu’une simple négation de l’être…de l’être humain. Nous devons ouvrir les yeux, voir que le seul vrai remède est d’accepter la différence. Nous sommes les fruits d’un gigantesque cocktail social, culturel et la voie à prendre pour lutter contre ces absurdités serait plutôt de transcender les apparences physiques et matérielles. Oui, pour en finir avec cette question d’ordre public, n’oublions jamais qu’il s’agit d’une co-responsabilité sociale.

à la suite de la lecture d’un article de Rosa Montero dans le journal Clarín, travail d’écriture consistant à imaginer une suite tout en gardant un style journalistique et critique. Production d’un texte en espagnol puis traduction en français. La difficulté de la traduction réside également dans la conservation des allitérations en S en espagnol et leurs transpositions en français. L’harmonie imitative, qui reproduit le sifflement du serpent à travers le son « sss », introduit une certaine menace, comme dans Andromaque de Racine «Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?», acte V, scène 5.





book crossing

De Antoine Robin A Emmanuelle Ly Date : 1 février 2010 Objet : un livre à Buenos Aires Bonjour Emmanuelle, C’est bizarre mais votre email m’a ému… il m’a ramené 4 ans en arrière, en 2006, l’année où j’ai eu la chance de passer dix mois de ma vie en Argentine… Ces dix mois furent comme un rêve et chaque fois que j’y repense je suis très ému… Le livre que vous avez trouvé à Buenos Aires appartenait très certainement à Barbara, une irlandaise qui faisait le tour du Monde et dont nos chemins s’étaient croisés un après-midi de Juillet 2006 dans un bus entre Mendoza et Cordoba… Je la féliciterai de votre part si je la revois un jour. Je vous souhaite une très bonne continuation en Argentine, pays que j’adore. Saludos ! Antoine

La chasse au trésor littéraire Le book crossing est une activité internationale et qui n’a vraiment pas de limites géographiques. Elle est basée sur l’échange gratuit de livre libéré dans la nature. Le principe est simple, il suffit de relâcher un livre pour qu’il puisse ainsi circuler auprès de nouveaux lecteurs qui le redéposeront ensuite.


Sketch crossing

De Martine Le Gac à Emmanuelle Ly Date 28 janvier 2011 Objet : Entre poire & fromage # 5 à Interface Chère Emmanuelle Ly, J’ai été très heureuse de trouver dans mon casier à la loge de l’Ecole quelques clins d’œil artistiques-dessinés-dupliqués-découpés-distribués-de-votre-part qui déplacent la perception de ceux que j’avais vus entre vos mains, par Internet et calameo, sous la boîte aux lettres de la galerie Interface, sur un transformateur à Dijon, dans le distributeur de confiseries près de la bibliothèque... Merci beaucoup. Martine Le Gac


Commentaire dessinĂŠ



avoir© mis en vente

En 2007, Raphaël Boccanfuso choisit les deux auxiliaires « être» et « avoir » dans la typographie utilisée dans les catalogues d’exposition et les supports de communication du mac/val pour les déposer, agrandis et transformés en «images», auprès de l’Institut national de la propriété industrielle. Il est devenu détenteur du graphisme, et au-delà du sens qu’il véhicule, il a aussi trouvé une astuce pour contaminer les publications du musée et pouvoir potentiellement attaquer en justice toute personne qui utiliserait ces mots dans cette police sans les faire suivre de son copyright. Pour repointer les circuits utilisés, et en respectant le champ sémantique, il met en vente aux enchères « avoir© » et reste propriétaire d’« être© ». Le recours au droit d’auteur permet à Raphaël Boccanfuso d’interroger la valeur et l’originalité de l’œuvre d’art, celui au copyright souligne l’assimilation de l’œuvre à une marchandise reproductible. Mais vendre « avoir© » et garder « être© » est plus qu’une simple boutade car en rendant à la pratique artistique sa forme de visibilité déplacée, Raphaël Boccanfuso donne au principe « privé » du droit d’auteur sa scène publique.


Va d’abord t’amuser, Vincent Perrottet


embauche rapide

Nicolas Simarik a remplacé des chefs d’entreprise en leur faisant signer un contrat d’embauche à durée très limitée pour artiste vacataire. Après le contrat signé, le directeur a fait une photo de l’artiste à sa place. Dans une autre proposition, il a également essayé de convaincre des grandes entreprises du privé et du public qui possèdent des uniformes de travail, qu’en tant qu’artiste, il avait le droit de les revêtir.


Lettre de non motivation Le 10/08/2007 Objet : poste de coupeur de verre Madame, Monsieur, Je vous écris suite à votre annonce parue dans Le Parisien Emploi. J’ai déjà vu des métiers dons la désuétudes frôlait l’indécence, mais là, vous dépassez les bornes : vous cherchez un coupeur de verre ! On a changé d’époque, Monsieur, vous devez absolument vous moderniser et proposer des métiers qui correspondent à notre temps. Le XXI° siècle est largement entamé, apprenez que les taillandiers, les poinçonneurs, les troubadours, les schlitteurs, les drapiers, les cochers, les bourreliers, les crieurs publics et autres montreurs d’ours ont disparus. Aujourd’hui, nous sommes en plein boom des télécoms et de l’informatique, sans être novateur, proposez au moins des postes d’ingénieur réseaux. Nous avons besoin de nouveaux managers, d’experts en veille stratégique, de consultants, de truqueurs d’images, de drh, d’ingénieurs bio-tech…Notre société est postindustrielle, le sciage peut attendre, pas les produits financiers ni les loisirs ou semi-conducteurs. Vous êtes un frein à l’innovation. Aussi, je me vois dans l’obligation de refuser le métier rétrograde que propose votre entreprise. Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués. Julien Prévieux

Vitry sur Seine, le 13 août 2007 Réf : votre courrier du 10/08/2007 Monsieur, Si votre lettre de « non candidature » ne manque pas d’humour, j’ai toutefois peu apprécié que vous puissiez vous permettre de tourner en dérision un des métiers les plus reconnus de notre profession. Permettez-moi à mon tour de vous faire remarquer que le verre qui vous entoure a été façonné puis posé par des hommes après avoir été produit au cours d’un process de haute technologie. A vous lire, permettez-moi également de vous inviter à cultiver l’humilité (mais gardez votre sens de l’humour). Les savoirs-faire professionnels les plus nobles s’accommodent mal de titres ronflant, souvent aussi creux qu’éphémères. Puisque le secteur de notre industrie n’est manifestement pas pour vous séduire, je vous souhaite tout simplement de trouver un métier qui vous corresponde. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.




Ecrisecrisecris, recherches typographiques pour conjurer la Crise


Proposition pour le bicentenaire de l’indépendance de l’Argentine





A Asking Borderline Cocat (François Curlet) Deleuze Exhibition Flag and fake Gerz (Jochen) Hazardly Ironic Joke Kill Languages Media Never ending story (Pulp) Open-minded Play Quantum Riot Semiotic Turtle Utopic Vectorial Wild World Words Xippas Yoruba Zaugg (Rémy) Ecrit en anglais le 17/11/2008

B Anagramme Big Bang Connexions Dada Ensemble Fluxus Glaner Hasard Interface Jeu Kinder Limite Milieu N.B. Ouroboros Para-(préfixe) Quête Rhizome Sérandipité Trans-(préfixe) Ubu Virvoucher Waxweb (David Blair) X fois Youtube Zigzaguer Ecrit en français le 20/09/2010

C Añoranza Buñuel Cortázar Dibujar Estupendo Fetidez Grito Homofonía Intentar Jorobado Kiosco Locuría Madurar Nomenclátor Orilla Paisaje Quemar Rayuela Salida Tiburón Ungir Vacío Wagneriano Xenón Yacer Zumbar Ecrit en espagnol le 23/01/2011


MES MOTS «Nous sommes les mots que nous aimons. C’est dans leur encre que l’on prend racine.» Tadeusz Kantor

a : noir première lettre de l’alphabet et du mot Art préposition, mot de liaison ex : à part, à travers, à l’abordage ! préfixe privatif, signifiant en dehors de ex : asocial, anormal, atemporel, amoral… anagramme : activité ludique consistant à dé-placer les lettres d’un mot la contrepèterie est une cousine éloignée de l’anagramme ex : crise mondiale /aidons le crime / aimons le cidre Ypudu est un grand acrobate anagrammiste anamnèse : lié à la mémoire, au passé Je ne me souviens plus branding : (de l’anglais brand, marque) le pouvoir de la marque le branding concurrenciel est une nécessité de l’ère industrielle, sa première stratégie a été d’accorder des noms propres à des marchandises génériques citation : clin d’oeil «Je meurs trop», «La fête est permanente», «l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art» «Bien fait, mal fait, pas fait» Robert Filliou cométaire : relatif à la comète, qui pénètre et traverse avec une rapidité fulgurante délétère : nuisible, dangereux, pernicieux et qui peut causer la mort ex : effets délétères du tabagisme donquichottesque : pour qualifier un comportement en dehors de la réalité, divaguant éclectique : esprit cosmopolite refusant la ghettoïsation culturelle entrelacs : motifs d’ornement faits d’enchevêtrements, d’imbrications, de noeuds inframince : monde allusif et éphémère de la limite extrême des choses, seuil fragile et ultime qui sépare la réalité de sa totale disparition (cf. Marcel Duchamp) interface : surface de contact entre deux milieux, membrane permettant l’échange c’est aussi une galerie d’art, 12 rue Chancelier de l’Hôpital à Dijon intertextualité : dialogue de textes qui papillonnent d’un auteur, d’une époque à une autre (cf. Gérard Genette) ironie : pamphlet sarcastique, second degré


liminaire : sur le seuil, à la limite de liste : succession de termes présentés d’une certaine manière ex : glossaire, annuaire, inventaire, cimetière leitmotiv : récurrence d’un mot, d’un thème métissage : mélange culturel, cocktail hybride d’influences singulières minimalisme : art épuré allant à l’essentiel de manière simple, mais pas simpliste ex : comme le dit Ludwig Mies Van Der Rohe «Less is more» mise en abyme : poupées russes, image dans une image ex : métalangage, métacritique, métathéâtre, métaméta monomaniaque : avoir une ou plusieurs obsessions, être toqué d’une idée fixe ex: la Hyène de la Salpêtrière de Géricault oxymore : association de deux termes semblant incompatibles ex : un bruyant silence ; un merveilleux malheur, une tragédie comique pandémique : qui s’étend à grande échelle, qui est diffus et tentaculaire paradoxe : union d’idées contraires, moyen d’être contre la doxa et le sens commun peccamineux : relatif au péché ex : avoir des pensées peccamineuses rhizomes : tiges souterraines ramifiées, démultipliées en réseaux cf. Mille plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari ternaire : combinaison composée de trois unités Mac : Musée d’Art Contemporain ou Moteur, Action, Coupé ! tribun : grand orateur grec faisant des discours-fleuves, des récits à tiroirs tropisme : orientation, inclination, déterminisme réaction d’orientation de la plante vers le soleil underground : se dit d’une culture souterraine, mouvement alternatif se voulant indépendant des circuits habituels de diffusion syn. préfixe sub- qui marque un degré plus ou moins inférieur (subculture, subversion) vagabonder : errer, déambuler, partir à l’aventure, lutter contre la fixité Hobo en anglais, ou Radicant de Nicolas Bourriaud vaticiner : prophétiser de manière confuse avec un excès de verbiage zigzaguer : aller ça et là /\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\/\


bibliographie inventaire

Mounir Fatmi

des emprunts








Emmanuelle Ly


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.