Energymag 10 fr

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energymag the energy manager magazine

Périodique d’information | Edition française | juin - juillet - août 2008 | n° 10 | www.energymag.be

6,50 €

# 10

MARKET

Cover Story Inesco: 135 MW de concurrence!

Interview Nuon en quête d’un nouveau partenaire

Trends Le baril de pétrole à 200 $ avant la fin de l’année?

Focus L’énergie, la troisième révolution industrielle

DOSSIER ECO-DESIGN

Cradle to Cradle Un concept qui fait réfléchir

Steelcase La première entreprise certifiée C2C

Bureau de depot : Bruxelles X.

TECHNOLOGY

Echange thermique par contact direct Des rendements proches des 100% grâce au contact direct

RENEWABLE

Une centrale hydro de 4MW Quand Suez joue avec les extrêmes!

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COVER STORY

Inesco: 135 MW de concurrence! Erwin Van Laethem, CEO d’Essent Belgique, peut sourire: au terme de sept années de présence, le troisième acteur du marché dispose (enfin) de capacités de production locales.

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NOUVELLES SOLUTIONS NOUVEAUX PARTENARIATS

13 & 14 Nov. 2008 Energy Forum est le rendez-vous annuel belge de l’énergie 100% dédié aux décideurs et energy managers de l’industrie, du tertiaire et du secteur public. Qu’il s’agisse d’accroître l’efficacité énergétique, de produire vos énergies, de réduire vos émissions CO 2, d’optimiser vos coûts ou de prendre le train de l’énergie renouvelable, Energy Forum est le lieu où vous trouverez toutes les réponses. Un événement 100% business qui allie tous les atouts d’un salon professionnel et d’un forum de haut niveau. Plus de 60 exposants, trois forums (industrie, bâtiment, secteur public) et près de 90 conférences dont une vingtaine de cas d’études présentés par les meilleurs experts belges et étrangers. Un rendezvous à ne pas manquer pour tout décideur énergie.

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Infos exposants & partenariats Tel : +32 (0)2 741 61 61 - E-mail : contact@energy-forum.be

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energymag the energy manager magazine

Périodique d’information

éedito

| Edition française | juin - juillet

- août 2008 | n° 10 | www.energymag

.be

6,50 €

# 10

Energymag, the energy manager magazine

MARKET

Cover Story

Inesco: 135 MW de concurrence!

Interview Nuon en quête d’un nouveau

Trends

partenaire

Le baril de pétrole à 200 $ avant la fin de l’année?

Focus L’énergie, la troisième révolution

industrielle

DOSSIER ECO-DESIGN

Cradle to Cradle

COVER STORY

Un concept qui fait réfléchir

Steelcase

La première entreprise certifi

ée C2C

X.

TECHNOLOGY

Bureau de depot : Bruxelles

In Site Sprl Rue J. Coosemans 107 B-1030 BRUXELLES Tél. +32 (0)2 737 91 19 Fax +32 (0)2 735 30 97 Gérant : Jean-François MARCHAND

Echange thermique par contact direct

Des rendements proches des 100% grâce au contact direct

RENEWABLE

Une centrale hydro de 4MW

Quand Suez joue avec les

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extrêmes!

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Inesco: 135 MW de concurrence!

Erwin Van Laethem, CEO d’Essent Belgique, peut sourire: au terme de sept années de présence, le troisième acteur du marché dispose (enfi n) de capacités de production locales.

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REDACTION Energymag Rue Coosemans 107 1030 Bruxelles redaction@energymag.be Tél. +32 (0)2 737 91 19 Fax +32 (0)2 735 30 97

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Tous les textes sont protégés par des droits d’auteurs. Toutes les publicités sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tout ou partie de cette publication ne peut être reproduit(e) ou publié(e) sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit (impression, photocopie, microfilms, supports magnétiques) sans la permission préalable de l’éditeur.

Totalement redessiné le paysage énergétique belge? Pas tout a fait! Certes le rachat de Distrigaz par l'italien ENI entérine la venue d'un nouvel acteur fort sur le marché Belge. Certes le gazier britannique Centrica a soufflé le contrôle majoritaire de la SPE-Luminus au nez et à la barbe d'EDF; l'électricien français étant le grand perdant de la redistribution des cartes du marché belge. Certes, l'entrée en bourse le 24 juillet dernier de GDF-Suez et de Suez Environnement marque la fin d'une saga de deux ans née du projet de fusion des groupes énergétiques Suez, maison-mère d'Electrabel et Gaz de France. La Belgique tient ainsi ses deux nouveaux entrants de poids sur son marché national, évite avec Centrica un duopole français sur son sol et peut s'enorgueillir que le premier groupe énergétique de la planète qu'est devenu GDF-Suez (95,83 milliards € de capitalisation boursière) garde malgré tout des accents belges. Mais il reste encore quelques écueils à lever. A commencer par le poids toujours lourd de GDF-Suez sur la scène belge. Encore trop pour certains, en particulier Publigaz et son président, le bourgmestre de Gand, Daniel Termont. L'homme fort de Publigaz estime qu'en contrôlant 60% du terminal gazier de Zeebrugge, GDF-Suez a une trop grande emprise sur le marché belge. Il craint un traitement inégal des producteurs qui utilisent le terminal et plaide pour que la holding communale devienne majoritaire dans Fluxys, le gestionnaire du réseau gazier et que, parallèlement, le terminal gazier de Zeebrugge soit entièrement contrôlé par Fluxys. Et fait le forcing: alors que fin juin un accord était sur la table, il refuse de le signer. Depuis, les menaces fusent A celles proférées par Gérard Mestrallet de quitter Zeebrugge si la Belgique le nationalisait, Daniel Termont répond sans ambages: "Si ce n'est pas possible avec Suez, d'autres groupes utiliseront le terminal". Reste que tous les dossiers sont liés. GDF-Suez serait ainsi tenté de remettre en cause l'accord de cession des capacités nucléaires d'Electrabel prévues dans la Pax Electrica. Ce qui mettrait à mal la SPE-Luminus et partant son repreneur Centrica qui entend en faire son investissement numéro 1 sur le continent. Bref, la saga GDF-Suez n'est pas encore close. Tout comme le nouveau paysage énergétique belge est loin d'être clair. Quelle sera la stratégie d'ENI sur le sol belge malgré l'accord signé avec Publigaz? Celle d'EDF suite au camouflet enregistré sur la reprise de la SPE-Luminus? Qu'adviendra-t-il des petits groupes énergétiques comme Essent et Nuon qui, n'ayant pas réussi à s'entendre sur une fusion, se cherchent tous deux des partenaires étrangers? Mais aussi Centrica, qui, avec 20 milliards € de chiffre d'affaires l'an dernier, reste un acteur moyen du marché susceptible d'être la proie d'un repreneur? Il faut se rendre à l'évidence, l'avenir énergétique belge n'est plus dans nos mains.

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> DOSSIER ECO-DESIGN CRADLE TO CRADLE: UN CONCEPT QUI FAIT RÉFLÉCHIR…

Le ‘Cradle to Cradle’ est en train de gagner très rapidement ses lettres de noblesse auprès des entrepreneurs, des scientifiques et des décideurs du monde entier. Et ce n’est pas si étonnant que cela. Car, pour la première fois, apparait un concept qui prend en compte la défense de l’environnement de manière positive et qui, de surcroît, parle la langue des entreprises…

Sommaire MARKET

TECHNOLOGY

6 COVER STORY

31 HEAT RECOVERY

Inesco: 135 MW de concurrence! Une centrale à la pointe de la flexibilité

Echange thermique par contact direct: des rendements proches des 100% grâce au contact direct

10 INTERVIEW

Nuon en quête d’un nouveau partenaire

> Entretien avec Jeremy Rifkin, le gourou américain du climat.

RENEWABLE

11 ACTEURS

34 HYDROELECTRIC

12 BREVES

Une centrale hydro de 4MW: quand Suez joue avec les extrêmes!

15 TRENDS

> Installée sur le terrain d’Ineos Oxide, Essent Belgique inaugure sa première centrale belge: un cogénération de 135 MW.

Le baril de pétrole à 200 $ avant la fin de l’année? 20 FOCUS

L’énergie, la 3ème révolution industrielle

> Des rendements proches des 100% grâce à l’échange thermique par contact direct.

22 DOSSIER ECO-DESIGN > Cradle to Cradle: un concept qui fait réfléchir > Steelcase: la première entreprise certifiée C2C

> Suez creuse une centrale de 4 MW n°8 energymag | 5 700 mètres sous terre. 05 Sommaire fr.indd 5

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MARKET | COVER STORY

INESCO: 135 MW de concurrence! C’est un début, mais c’est “historique”! Essent est le premier nouvel entrant sur le marché belge à concrétiser des capacités de production dignes de ce nom: une centrale de 135MW implantée sur le terrain d’Ineos Oxide à Zwijndrecht. C’est aussi le premier grand partenariat industriel pour un nouvel entrant.

Avec ses 135 MW, cette centrale ne représente certes qu’un petit pour mille des capacités belges, mais c’est un signe à l’heure où la fusion Suez-GDF est entérinée. On le sait, la concentration extrême de la production dans notre pays est un frein au développement de la concurrence, en particulier dans un contexte où ces capacités sont insufissantes. Dès lors, lorsque Essent Belgique inaugure sa première centrale de production, même de taille “modeste”, il y a lieu de se réjouir. Et Erwin Van Laethem, administrateur délégué, ne boude pas son plaisir: “C’est la première fois qu’un nouvel entrant construit une telle unité en Belgique. Il y a bien de nombreux projets de production renouvelable comme des éoliennes mais c’est le premier projet de cette taille à se concrétiser”, se félicite-t-il. Partenariat long terme avec Ineos Installée sur le terrain d’Ineos Oxide à Zwijndrecht (port d’Anvers), cette centrale de 130 millions € délivre une puissance de 135 MW, mais aussi de la vapeur (jusqu’à 230 tonnes par heure) et de l’eau

Essent en Belgique Essent fournit du gaz et de l’électricité en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, tant aux particuliers qu’aux entreprises. En Belgique, Essent est le plus grand fournisseur d’énergie alternatif avec un chiffre d’affaires de 230 millions ¤ en 2007. Elle compte parmi ses clients plus de 200.000 ménages et 2.000 entreprises. Essent Belgique emploie environ 135 personnes.

déminéralisée. “C’est une centrale très flexible qui correspond aux besoins du pays –qui réclame de l’électricité en période de pointe– et des clients industriels comme Ineos Oxide”, explique Erwin Van Laethem. Baptisée Inesco pour la contraction d’Ineos, Essent et cogénération, la centrale est en effet la base d’un partenariat à long terme entre l’électricien et l’entreprise chimique. Troisième plus grand groupe chimique mondial, Ineos compte près de 72 usines dans le monde dont le site de Zwijndrecht. Celuici produit de l’oxide d’éthylène, du glycol ainsi que diverses spécialités chimiques et représente la plaque tournante commerciale d’Ineos Oxide pour l’ensemble de l’Europe. C’est surtout un site intense en énergie, particulièrement en vapeur, qui cherchait de nouvelles alternatives. “Vu notre forte croissance, nous cherchions une solution à long terme pour sécuriser de manière compétitive notre approvisionnement en énergie”, précise Steven Luyten, Site Development & Energy Manager d’Ineos Oxide. “Les capacités de production de nos chaudières vapeur ayant atteint leur plafond, la cogénération s’imposait comme alternative de choix, mais c’est une option très coûteuse. Nous avons donc recherché un partenariat long terme visant à créer une plateforme multi-énergies capable de suivre l’expansion de nos activités”. Et c’est Essent qui s’est montré le plus convaincant. “A plus d’un égard”, précise Hans Casier,

CEO d’Ineos Oxide. “Essent a proposé un concept technique solide assorti d’une grande flexibilité, tout en offrant les meilleurs conditions économiques. Essent jouit en outre d’une vaste expertise en matière de construction et d’exploitation de cogénération dans un environnement chimique”. Le résultat est une installation ultra-flexible qui produit électricité, vapeur et eau déminéralisée en fonction des besoins d’Ineos tout en répondant aux conditions fluctuantes du marché de l’électricité (voir encadré). La production de vapeur peut ainsi varier de 0 à 230 tonnes/heure tandis que la centrale peut tourner au maximum de ses capacités électriques, même en l’absence d’une production de vapeur. L’installation permet ainsi de répondre de manière optimale aux besoins d’Ineos Oxide qui consomme du reste la totalité de la vapeur produite. Le groupe chimique prélève également un cinquième de l’électricité produite et une partie de l’eau déminéralisée. Le surplus d’électricité étant livré par Essent au réseau belge. Third parties Les deux entreprises ont signé un partenariat stratégique à long terme. “Avec la centrale Inesco, nous disposons des capacités vapeur nécessaires sur une base compétitive et à faible impact environnemental. Nous créeons en outre capacité de réserve pour faire face à la croissance future du site. Ce qui nous permettra de croître de manière compétitive à l’avenir en bénéficiant d’un outil à la pointe de la technologie environnementale”, précise Steven Luyten. Un élément essentiel pour Ineos qui émarge au Benchmark Convenant et à la politique climatique en général (dispositions post-Kyoto). La centrale permettra une économie annuelle de 70.000 tonnes de CO2. La production n’est du reste pas uniquement consomée par Ineos, mais aussi par d’autres entreprises qui se sont installées sur le

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Erwin Erw in va van a Laeth Laeth La ethem em, m ad aadmin dm min inist sttrat ra e eur urr délég délég lé é ué u d’Essentt Bel B giq que u et Ste Steven ven Lu Luyte y n, Site yte e Deve Deve velop lop opmen mentt & Ener nergy gyy Man M age g r d’I ge ’In Ine eo eos o O Oxxiide de e.. Grâ rââce à leur râce râc le partenari a at, Es E sen e t disp ispose se d’ d’une une un ne ce c ntrale trrès per pe forrman mante te e cap c abl ca able e de de répo répo ép pond po ndre drre aux au uxx be bes eso oin ns du marché électr trriqu q e belg belge e tand tandis is qu’ q Ine Ineos In o dispos os osse sur site sit e d’un une un e sour urce ce e de e cha ch haalleu hal eur et d’él é ect él ect ec c ric r ité é fiabl ab e, économ miqu que qu e et perform formant ante e sans sanss aavvo oir oi i consa acré cr d’in d’i d nve vesti st ssemen sse se emen nt élev levé. é. é.

site. Avec son concept de “Third Parties” Ineos a attiré une dizaine d’industriels entre autres Nippon Shokubai, Kuraray, Seppic et Dow Chemical. Ineos offre à ces entreprises une large palette de services (plateforme d’énergie, services de support, une plateforme logistique) qui permet à ces entreprises de se concentrer sur leur core business. La centrale de cogénération et sa capacité à délivrer de la vapeur offre ainsi de nouvelles possibilités pour accentuer le concept de partenariat. “La décision du partenariat avec Essent est d’importance stratégique sur le long terme pour nos installations et pour le développement de collaborations industrielles actuelles et à venir”, précise Steven Luyten. Une présence plus locale Grâce à cette centrale, Essent, premier

groupe énergétique aux Pays-Bas, renforce de son côté sa présence en Belgique. “Pour établir une position durable sur le marché belge, ce qui est notre objectif, il faut se doter d’outils de production”, estime Erwin Van Laethem qui regrette cependant les nombreux obstacles rencontrés par les nouveaux entrants sur le marché belge. La difficulté est d’abord “de trouver des terrains disponibles, et connectés au réseau d’Elia, le transporteur d’électricité. Il y a un manque manifeste de transparence dans ce domaine. Mais ce qui est le plus contraignant, c’est le nombre d’autorisations à obtenir, du fédéral d’abord, du niveau régional ensuite. Nous plaidons pour la mise sur pied d’un guichet unique”! Un clou que ne cesse d’enfoncer les grands consommateurs par la voix de leur fédération, la Febeliec: il est urgent de lever les obstacles qui en-

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COVER STORY | MARKET

travent l’octroi de permis au bénéfice des nouveaux entrants. Fort de cette réalisation, Essent envisage néanmoins d’autres investissements à l’avenir, “que ce soit à travers une capacité de production propre ou des partenariats à long terme”. Essent s’est ainsi engagée en avril dernier à acheter 2,1 TWh d’électricité verte auprès d’Electrawinds (centrale à vapeur biomasse en cours de construction à Ostende) ces quinze prochaine années, peu après avoir entamé une collaboration avec le parc éolien de Fosses-la-Ville en Wallonie. “Nous voulons proposer au consommateur privé un portefeuille complet d’énergies vertes et durables”, souligne Erwin Van Laethem. “Nous entendons également accroître notre rôle sur le marché professionnel où la demande pour une ‘énergie propre’ est n°10 energymag | 7

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MARKET | COVER STORY

Inesco Une centrale à la pointe de la flexibilité Pour concilier les besoins électricié et en chaleur des deux partenaires, Essent a opté pour la solution combicogen de Siemens. La centrale est alimentée par deux turbines au gaz SGT-800 d’une capacité unitaire de 43,6 MW, le plus gros modèle de la gamme des turbines à gaz industrielles de Siemens. Les gaz de combustion générés par les turbines sont récupérés dans deux chaudières de récupération HRSG pour produire la vapeur haute pression (43 bars à 390°C) nécessaire aux besoins d’Ineos, le surplus est ensuite détendu dans une turbine vapeur (une SST-400 de 50 MW, de Siemens également) pour générer de la vapeur basse pression (8 bars saturée à 10°C) et de l’électricité additionnelle si nécessaire. La principale source de chaleur provient des gaz d’échappement des turbines au gaz, mais chaque récupérateur est lui-même équipé d’un brûleur de 40 MW pour accroître la production et la flexibilité de la centrale. Le combustible brûlé est un mélange de gaz naturel et de gaz de récupération provenant des process chimiques du site, permettant ainsi à Ineos de valoriser ses rejets et minimiser son impact environnemental. Pour la combustion de l’air, les gaz d’échappement des turbines à gaz sont utlisés. Du fait que les gaz d’échappement sont très chauds, l’éfficacité de combustion en est améliorée et les contraintes des récupérateurs sont réduites. Les turbines à gaz sont par ailleurs équipées du système de combustion de troisième génération DLE (Dry Low Emissions) qui, en éliminant le besoin d’injection d’eau, réduit les émissions sans affecter

l’efficacité globale. Au final, le rendement électrique avoisine les 51% tandis que le rendement total de l’installation est de 80%. L’économie en CO2 est estimée à 70.000 tonnes par an. Cette solution de type cycle combiné rencontre ainsi les exigences de flexibilité et d’un très haut ratio de production vapeur-électricité. Précisons que la production de vapeur et d’électricité est contrôlée séparément. La vapeur est produite en fonction de la demande du site et peut varier de 0 à 230 t/h, tandis que la production d’électricité est déterminée par les équipes trading d’Essent situé à ‘s-Hertogenbosch au Pays-Bas, permettant à Essent d’ajuster sa production en fonction des conditions de prix sur le marché belge de l’électricité. La centrale sera aussi capable de tourner à ses capacités électrique quasi maximale, même en l’absence d’une production de vapeur, comme une centrale à cycle combiné, si cela devait s’avérer nécessaire. L’électricité produite est injectée sur le réseau via une ligne 150 kV tandis que l’approvisionnement en électricité du site est réalisé via une connexion directe sur le réseau de distribution interne. Pour sécuriser la production de vapeur, signalons qu’Essent a aussi racheté les deux chaudières existantes sur le site d’Ineos pour assurer le back up d’urgence. Au total, la production de vapeur peut ainsi grimper à 420 t/h.

Les données techniques

Economie en CO2:

70 à 250 t/h (moyenne de 126 t/h) 93 à 450 t/h 53 à 135 MW 51% 80% gaz naturel et gaz de récupération vapeur HHP (43 bara, 390°C), vapeur LP (8 bara, saturée à 10°C), eau d’alimentation des chaudières (53 bara, 131°C), eau déminéralisée et condensat. 70.000 t/an

aussi cruciale. Même si la capacité pour fournir du courant vert à chaque grand consommateur est aujourd’hui insuffisante, des centrales du type Inesco sont, de par leur efficacité, bien plus propres et respectueuses de l’environnement que les centrales traditionnelles. C’est aussi l’illustration de notre volonté d’investir dans des services de haute qualité pour nos clients industriels”. La cogénération représente du reste le tiers des capacités de production d’Essent aux PaysBas (4.700 MW) où l’entreprise bénéficie d’une très grande expertise. Essent brigue la 3e place Au delà, Essent, dont les parts de marché sont de 2% en Flandre et 10% en Belgique, entend briguer la troisième place du marché. L’électricien est ainsi candidat

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Vapeur: Eau déminéralisée: Eléctricité: Rendement électrique: Rendement total: Combustible: Production:

au rachat des capacités qu’Electrabel doit encore céder dans le cadre de la Pax Electrica II signée par Suez avec le gouvernement belge. Reste à savoir cependant ce que sera l’avenir d’Essent et partant celui de son compatriote Nuon. On le sait, la fusion “nationale” des deux entreprises qui aurait créé un groupe de 24 milliards € a fait long feu. En cause, la mésentente des actionnaires, essentiellement les collectivités locales néerlandaises, qui n’ont pu s’entendre sur leur participation respective au nouvel ensemble. Les deux groupes se retrouvent ainsi fragilisés dans un contexte où le marché se concentre à l’échelle mondiale. Essent comme Nuon sont

depuis en recherche d’un partenaire ou d’un acquéreur étranger en vue d’augmenter leur valorisation. Essent en particulier discuterait ainsi avec l’italien Enel, le groupe public danois DONG Energy, le britannique Centrica et Suez/GDF. C’est qu’il y a urgence. Le quotidien économique néerlandais, Het Financieele Dagblad, citait récemment un rapport confidentiel selon lequel la valeur d’Essent, actuellement de 10,4 milliards €, baisserait de trois milliards d’ici un an et demi si les actionnaires ne prenaient pas de décision sur son avenir. Nuon n’est du reste n’est pas mieux logé. p Jean-François Marchand

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“Pour l’actualité économique en direct, tant européenne que belge, BFM est un vecteur incontournable.”

L’info intelligente

Jean-Claude Daoust Administrateur délégué Daoust Interim Info & partenariat : christian.miroir@bfm.be

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MARKET | INTERVIEW

Nuon en quête d’un nouveau partenaire Energymag maintenant sur BFM radio! Roberte Kesteman était l’invité de la rédaction d’Energymag dans le cadre de notre émission

“Le magazine de l’énergie”

A l’heure ou il vient d’obtenir sa licence de production pour une première centrale sur le sol belge, l’électricien hollandais se cherche un nouvel avenir suite à l’abandon du projet de fusion avec son compatriote Essent. Entretien avec Roberte Kesteman, nouveau CEO de Nuon Belgique. Vous avez repris au pied levé le poste d’Alexander Dewulf suite à sa démission surprise début de l’année. Nuon vient de vous confirmer au poste de CEO. Signe que tout va bien chez Nuon Belgique? Tout va très bien chez Nuon Belgique. Nous avons une croissance qui continue, signe de santé de l’entreprise.

hors des Pays-Bas et d’établir des unités de production en Allemagne et en Belgique. La centrale de Seneffe sera un très grand pas dans la réalisation de cet objectif. Cela permettra également d’améliorer la sécurité d’approvisionnement du marché belge, aspect très important pour nous.

Vous venez d’obtenir votre licence de production pour une centrale gaz-vapeur à Seneffe. Quand projetez-vous de produire vos premiers électrons? Les premiers électrons sont attendus pour 2011-2012. Cela dépendra de l’obtention des permis nécessaires. Nous avons reçu la licence de production du gouvernement fédéral, mais nous sommes encore en attente du permis unique de la Région Wallonne, permis qui combine le permis environnemental et celui de construction. Ensuite, nous devrons encore finaliser nos négociations avec Fluxys et Elia pour l’accès aux réseaux de transport. Celles-ci se déroulent bien, mais cela prend du temps. Au global, ce sont des projets qui prennent des mois à aboutir, mais le programme se déroule selon le calendrier prévu.

Vous avez d’autres projets de ce type dans les cartons que ce soit en centrale thermique conventionnelle ou renouvelable? Nous avons aussi effectivement un projet éolien en cours de développement dans le port d’Anvers où nous aurons 6 éoliennes opérationnelles d’ici fin août pour une capacité installée de 12MW. Mais le projet à terme est beaucoup plus élevé, portant sur 45 éoliennes et une capacité de 90MW.

sur les ondes de

l Retrouvez nos prochains invités chaque troisième jeudi du mois à 8h49 et 18h20 sur: 101.4 E Charleroi 101.9 E Wavre-LLN 104.9 E Mons 106.7 E Liège 107.1 E Namur 107.6 E Bruxelles

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Quelle sera la capacité de la centrale? La centrale aura une capacité de 450 MW, ce qui est considérable sur le plan des nouvelles capacités. Cela représente l’équivalent de la consommation de 700.000 familles et 3% de la consommation annuelle belge si l’on inclut tous les secteurs. Avec Essent, vous serez le deuxième nouvel entrant à mettre en œuvre de nouvelles capacités. C’est une étape importante pour vous? C’est une étape très importante qui cadre dans la stratégie du groupe Nuon d’avoir une production décentralisée

Vous rencontrez aussi un certain succès dans le solaire photovoltaïque, notamment avec le groupe Warehouse De Pauw (WDP). Quelle est la taille du contrat et quelles perspectives voyezvous sur le marché? Nous avons effectivement installé 4.200 m2 de panneaux solaires sur des infrastructures logistiques propriétés de Warehouse De Pauw. C’est une première étape sur un projet total de 10 MWc totalisant un investissement de 45 millions €. Nous sommes évidemment ravi d’avoir été choisi par WDP comme partenaire dans ce projet. Les perspectives sont très prometteuses. Depuis que nous avons réalisé ce projet, nous sommes très sollicités par d’autres clients et partenaires potentiels. Les négociations de fusion entre Nuon et votre confère Essent ont définitivement capotées. N’est-ce pas un désastre dans

la situation concurrentielle actuelle qui voit la constitution de grands groupes énergétiques à l’échelle mondiale? C’est effectivement dommage que nous n’avons pas pu réaliser cette fusion. Cela nous aurait amené à une position de marché beaucoup plus concurrentielle qu’actuellement et nous aurait permis de couvrir nos frais opérationnels de façon plus facile en joignant les efforts des deux sociétés. Malheureusement cela n’a pas pu se concrétiser, mais il y aura certainement d’autres opportunités. Votre conseil d’administration a justement décidé de privilégier une collaboration avec un partenaire étranger. Vers quels partenaires allez-vous vous tourner? Pour le moment, c’est encore toujours au niveau de l’étude. Nous avons un accord avec le conseil d’administration et le conseil des commissaires pour poursuivre certaines options. Dans les mois qui suivent, nous allons évaluer ces différentes options et cela devrait aboutir dans une période de 6 à 9 mois, dans un partenariat avec une société internationale. Dans le dossier Distrigaz, on a parlé un moment d’une association entre Nuon et Centrica pour la reprise du gazier belge. Y a-t-il un projet avec Centrica dans les cartons, notamment sur la cession des parts de la SPE? Nous allons certainement envisager plusieurs partenaires potentiels, mais je ne peux pas m’exprimer à ce sujet pour le moment.* * Ndlr: Depuis cette interview, le britannique Centrica a fait usage de son droit de préemption sur les parts de la SPE cédées par GDF. Avec 51% des parts, Centrica devient ainsi l’actionnaire majoritaire du second électricien du pays.

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ACTEURS | MARKET

Des usines qui carburent au solaire! Et de trois! L’usine de General Motors à Saragosse en Espagne est la troisième du groupe à s’équiper d’une centrale solaire PV, la plus grande installation au monde à ce jour: 85.000 panneaux d’une capacité totale de 10MW. La centrale solaire de Figueruelas devrait produire 15,1 millions de KWh et permettre une économie de 6.700 tonnes CO2 par an. “Ce projet devrait permettre de réduire significativement les coûts et nous évaluerons l’intérêt de poursuivre le déploiement de telles installations dans les 11 usines d’assemblage et les 8 unités de production de pièces de GM en Europe”, précise Carl-Peter Forster, le Président de GM en Europe. Mais le constructeur américain n’est pas le seul à se lancer dans l’aventure. Au japon, un accord signé entre le groupe Sharp et la société électrique Kansai Electric Power prévoit l’installation de deux mégacentrales. La première, de 10 MW sur une friche appartenant à Sakai, sera mise en service en 2012. La seconde, de 18 MW, sera, quant à elle, implantée sur le toit d’une usine de production de… panneaux solaires. Signalons que Sharp exploite déjà 5 MW de panneaux solaires dans son usine de Kameyama. En Belgique, rappelons également qu’Electrabel projette d’installer cette année près de 10MW sur des sites industriels en Flandre et que de son côté, Nuon a signé un contrat portant également sur 10MW (45 millions €) avec le groupe WDP. Le groupe Machiels, enfin, vient de mettre en chantier à Heusden-Zolder un parc solaire de 4,5MW (19 millions €).

Summit Energy rachète le belge Siemat Energy Après avoir acquit l’an dernier GFE Energy Management, l’américain Summit Energy poursuit sa consolidation européenne grâce à l’acquisition de l’autre grand acteur belge de l’energy procurement, Siemat Energy. Créé en 1991, Siemat Energy compte plus de 130 clients industriels et tertiaires opérant sur plusieurs sites en Europe. Summit est l’un des premiers acteurs du marché de l’approvisionnement en énergie, avec plus de 14 milliards $ de volume annuel en achat d’énergie et un staff de 280 personnes. Avec la reprise de Siemat Energy, Summit renforce son portefeuille européen, ajoutant plus de 500 millions $ en achat d’énergie sous contrat. Stéphane Querinjean, fondateur de Siemat Energy, devient managing director de Summit Energy pour le Benelux.

SUCCÈS POUR L’ENTRÉE EN BOURSE DE 4ENERGY INVEST Tandis que Thenergo annulait son entrée en bourse et voyait son administrateur délégué démissionner, la société 4Energy Invest réussissait haut la main son IPO sur Euronext: souscrites à 6,25 €, les 3.520.000 nouvelles actions ont toutes trouvées preneur. L’entreprise lève ainsi 22 millions € pour assurer son développement rapide dans les énergies renouvelables. Fondée en 2005, l’entreprise spécialisée dans les unités de production biomasse est devenue rentable dès 2007 avec une seule unité en activité: Amel I. “Aujourd’hui, nous avons 5 unités en développement”, explique Yves Crits, CE0 de 4Energy Invest. Amel II, une extension de Amel I, va devenir opérationnelle dans quelques jours. Ham, en Flandre, tout comme Pontrilas au Pays de Galle et le projet Green coal devraient voir le jour avant 2009. “Sur les 22 millions que nous avons levé, 18 à 20 millions serviront à financer ces trois derniers projets”, précise Yves Crits.

ENECO REPREND 3 SITES DE BIO ENERGIE EUROPE Eneco vient de prendre une participation de 25% dans trois sites de Bio Energie Europe, spécialisé dans le développement et l’exploitation d’installations biogaz destinées à l’industrie et au secteur agricole. L’installation la plus récente offre une puissance de 2 MW et traite 35.000 t/an de biomasse (lisier, plantes énergétiques et flux dérivés de l’industrie agro-alimentaire). Les deux parties ont développé ensemble un concept unique de biofermentation pour les clients industriels, grâce auquel l’électricité verte et la chaleur générées sur le site peuvent être livrées directement à l’industrie sans passer par le réseau public. Cet “îlot énergétique” (neutre en CO2) est conçu pour pouvoir approvisionner entièrement l’industrie en énergie verte et/ou en chaleur. Avec ce rachat, Eneco étend ainsi son parc de production biogaz de 11 MW, avec une possibilité d’extension allant jusqu’à 50 MW. Eneco produit déjà 50 MW en régie en Belgique. Signalons par ailleurs qu’Eneco a conclut son rachat d’Air Energy et détient à présent la majorité du capital de développeur éolien.

COMPENSATION VOLONTAIRE: L’ALLEMAND ATMOSFAIR CLASSÉ EN TÊTE L’allemand Atmosfair arrive en tête d’un classement des programmes de compensation volontaire de CO2 établi par André Heughebaert, chercheur à l’ULB. Selon Heughebaert, Atmosfair est “l’organisation qui offre actuellement la plus grande garantie de qualité et qui reste un modèle à suivre”. Suivent, dans l’ordre, CO2Logic (Belgique) et myClimate (Suisse), programmes également recommandés. Action Carbone (France), CompenCO2 (Belgique) et Climact (Belgique) sont légèrement en retrait sur différents critères. Ils sont recommandés avec réserve. CNG GreenSeat (Pays-Bas) arrive en dernière position et n’est pas recommandé. L’étude s’est limitée aux acteurs de la compensation CO2 actifs en Belgique. Ces programmes ont été jugés sur la qualité de la compensation qu’ils proposent, considérée d’un point de vue environnemental, éthique mais aussi d’équité Nord-Sud. A noter pour être complet que CO2Logic, deuxième du classement, vient de se voir certifié par le forum Ethibel.

BOSCH: 1,1 MILLIARD € POUR LE RACHAT D’ERSOL On assiste au début de consolidation dans l’industrie solaire. Le groupe allemand Bosch vient ainsi de racheter le producteur de cellules solaires, Ersol, pour un montant d’1,1 milliard €. Cette première grosse acquisition augure, selon les spécialistes, l’émergence de pôles technologiques “verts” adossés à des grandes entreprises industrielles. Ersol Solar Energy AG développe, fabrique et commercialise des panneaux solaires en silicium, et s’est orientée vers la fabrication de cellules solaires en couches minces. C’est également une société à forte croissance, dont le chiffre d’affaires a cru de 25 % l’an dernier et les effectifs de 100% (2.000 employés). Pour 2008, Ersol s’attend à voir les ventes dépasser les 300 millions €.

ELECTRABEL ACQUIERT 100% DE LA SOCIÉTÉ GREAT Electrabel poursuit son développement dans l’énergie renouvelable en acquérant 100% des parts de GREAT (General Renewable Energy and Technics), société spécialisée dans le développement éolien. GREAT dispose d’un parc de 8 éoliennes d’une puissance totale de 10,4 MW à Fitou, dans le département de l’Aude. La société détient également, au travers sa filiale Alize Energie, un portefeuille de projets éoliens de 615 MW de capacités de production à l’étude et/ou en développement. Electrabel renforce ainsi son potentiel de développement éolien en France, en parfaite complémentarité avec les différents projets menés par La Compagnie du Vent, filiale du Groupe Suez depuis novembre 2007.

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en bref [ FOCUS ]

[ GREEN WAREHOUSING ]

Vers des chaînes d’approvisionnement CO2 neutres

Un guide pratique sur les entrepôts durables

[ ECLAIRAGE ] Du LED dans les automates Matsushita a dévoilé son nouveau kit d’éclairage à LED conçu pour être intégré dans les automates et autres distributeurs électro-mécaniques. Cet éclairage à LED utilise seulement le tiers de l’énergie consommée par les lampes fluorescentes (20W) dans l’industrie et offre une durée de vie de 40.000 heures. Résistant à la chaleur, à l’eau, la poussière et la graisse, l’éclairage LED de Matsushita est recouvert d’un cylindre de verre transparent afin d’empêcher les éventuels débris des lampes dans la machine, une fois installé. La structure autour de l’éclairage est fabriquée en acier inoxydable et son joint d’étanchéité en caoutchouc demeure imperméable à l’eau.

Efico investira 52 millions € dans un plan directeur de développement visant la neutralité carbone de sa chaine d’approvisionnement de café.

© Efico

Quelles normes applique-t-on aujourd’hui dans les entrepôts logistiques? A quelles subventions ai-je droit? Quelles sont les mesures rentables? Les best-practices? C’est à ces questions que répond le guide “Green Warehousing” publié par le consultant immobilier Cushman & Wakefield. L’ouvrage volontairement pratique donne une vue d’ensemble des dernières tendances “vertes” dans le domaine des entrepôts logistiques sur base d’interviews de logisticiens (comme Nike, Polypane, Reynaers Aluminium), développeurs (WDP, Prologis), fournisseurs, autorités publiques et autres prestataires de services logistiques. www.cushwake.com

C’est un sacré pavé dans le marc de café que lance le négociant anversois Efico. Déjà remarqué pour son label “Sustainable, Fair and Free Trade”, ce négociant en café vert qui approvisionne plus de 350 usines de torréfaction en Europe fait un pas de plus dans la direction d’une filière logistique du café totalement neutre en carbone. La société vient en effet d’annoncer un plan directeur prévoyant un investissement de 52 millions € visant à développer la neutralité carbone de sa chaîne logistique. L’entreprise érigera ainsi un nouveau centre logistique ultramoderne sur une concession de 10 ha avec liaison ferroviaire dans le port de Zeebrugge. Une première phase prévoit la construction d’un hall de 19.000 m2 dont l’intégralité du toit sera recouvert de cellules photovoltaïques générant environ 900.000 kWh par an. Les travaux de construction de cette première phase devraient prendre fin au troisième trimestre 2009 et sont évalués à 20,3 millions €. Le développement ultérieur du plan directeur et l’uti-

lisation optimale du terrain permettront de porter la surface de stockage à 47.855 m2, elle aussi entièrement couverte de cellules photovoltaïques. L’investissement total pour le site est évalué à environ 37,6 millions €. Mais Efico n’entend pas s’arrêter là. Pour compenser les émissions de CO2 générées tout au long de la chaîne d’approvisionnement des cafés qu’elle expédie, du port des pays exportateurs de café aux usines de torréfaction en Europe, Efico investira également 15 millions € dans la construction de 5 éoliennes, implantées de préférence dans la zone portuaire de Zeebrugge. Ces 5 éoliennes généreront environ 30.000.000 kWh d’électricité verte par an. D’autres pistes seront également explorées, comme celle d’incitants économiques pour les caféiculteurs à vendre les droits d’émission de carbone avec leurs cafés labellisé “Rainforest Alliance Certified” en vue de rendre le négoce de café le plus respectueux possible du climat. À court terme, Efico regroupera tous ses services et opérations logistiques dans une société séparée au sein de son groupe, sous le nom de “Seabridge Logistics”. Les activités relatives à l’énergie verte seront gérées au sein de la société “Seabridge Eco-power”.

[ PUBLICITÉ ]

+60% d’investissements dans les EnR en 2007

Times Square brillera au renouvelable

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les investissements dans les énergies renouvelables (EnR) on atteint plus de 148 milliards de dollars en 2007, soit une hausse de 60% par rapport à 2006. L’éolien a de nouveau attiré le plus d’investissements avec 50,2 milliards $ tandis que le solaire a connu une croissance de 254% (28,6 milliards $). Avec 31 gigawatts installés, les EnR ont représenté 23% des nouvelles capacités installées au niveau mondial en 2007, environ 10 fois celle du nucléaire. Les entreprises de l’énergie durable ont drainé 19% de tous les nouveaux capitaux générés par le secteur de l’énergie sur les marchés boursiers mondiaux en 2007.

Time Square sera bientôt équipé du premier panneau d’affichage publicitaire alimenté à l’énergie renouvelable. On doit cette “prouesse” marketing à Ricoh qui équipera un panneau d’affichage du célèbre carrefour NewYorkais de 4 éoliennes et 45 capteurs solaires capables de délivrer jusqu’à 98 kilowatts-heure et éviter ainsi le rejet de 18 tonnes de CO2. 12 | energymag n°10

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Le chiffre du mois

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NEWS | MARKET

L’Êolien en croissance Le marchÊ mondial des installations d’Ênergie Êolienne se trouve à l’aube d’une pÊriode de plusieurs annÊes de forte croissance, ressort-il d’une Êtude de l’Institut allemand de l’Ênergie Êolienne. Selon les estimations, la puissance cumulÊe des nouvelles installations devrait quintupler au cours des dix prochaines annÊes. La capacitÊ rÊsultant de nouvelles installations, qui s’Êlevait en 2007 à 20.000 MW, devrait s’Êlever à 107.000 MW en 2017, ce qui reprÊsenterait un marchÊ d’un chiffre d’affaires de plus de 100 milliards ₏. Au total, la puissance des installations d’Ênergie Êolienne devrait atteindre, d’ici 2017, quelque 718.000 MW, contre un total de 94.000 MW en 2007.

Pas de position dominante pour Electrabel Ainsi donc Electrabel n’aurait pas fait abus de position dominante! C’est en tout cas ce qui ressort du prononcĂŠ de l’Auditorat du Conseil de la Concurrence dans l’affaire concernant l’augmentation du prix du gaz et de l’ÊlectricitĂŠ par Electrabel Customer Solutions (ECS) en 2007. L’Auditorat a conclu le 3 juillet dernier que l’augmentation des tarifs appliquĂŠs par ECS ne pouvait pas ĂŞtre considĂŠrĂŠ comme une indication d’une position dominante. Cette conclusion a ĂŠtĂŠ faite sur base d’analyses “benchmarkâ€? sur le plan national et international, ainsi que sur base de la comparaison des tarifs rĂŠglementĂŠs. Rappelons que cette instruction avait ĂŠtĂŠ exĂŠcutĂŠe Ă la demande de l’ancien Ministre fĂŠdĂŠral de l’Energie, Marc Verwilghen, suite Ă l’augmentation surprise des prix du gaz et de l’ÊlectricitĂŠ annoncĂŠe par Electrabel Ă l’ÊtĂŠ 2007.

Le Nouveau Bâtiment GĂŠnĂŠral du Conseil de l’Europe encore primĂŠ Le Nouveau Bâtiment GĂŠnĂŠral du Conseil de l’Europe signĂŠ par le cabinet belge Art & Build Architect, dĂŠjĂ laurĂŠat du Mipim Award 2008, a remportĂŠ le BEX Award 2008 dans la catĂŠgorie “dĂŠveloppement durableâ€?. Art & Build a intĂŠgrĂŠ les cibles Haute QualitĂŠ Environnementale dans ses choix techniques, ĂŠcologiques et ĂŠconomiques en matière de conception architecturale, de mise en Ĺ“uvre et de vie du bâtiment. L’immeuble de 25.000 m2 bĂŠnĂŠďŹ cie ainsi d’un système de ventilation mixte, naturelle et double ux, qui tient compte du climat continental de la cuvette oĂš est construite la ville de Strasbourg. L’air entrant par le bas des façades est plus frais en raison de sa provenance cĂ´tĂŠ canal. Des cheminĂŠes solaires ĂŠvacuant l’air chaud dans la partie supĂŠrieure de l’immeuble font circuler l’air dans l’atrium, de manière naturelle pour un plus grand confort des occupants. Les salles de confĂŠrences bĂŠnĂŠďŹ cient de lumière naturelle diffusĂŠe via l’enveloppe de l’atrium. Š MRW zeppeline, Art & Build Architectes Brussels, Denu & Paradon Architectes Strasbourg

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VUE D’ENSEMBLE JUIN 2008 - P E R S P E C T I V E S P O U R L E T R O I S I È M E T R I M E S T R E 2 0 0 8

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Seriez-vous surpris si le baril de pétrole atteignait 200 $ avant la fin de l’année? Le pétrole à 200 $ le baril, cela vous semble réaliste? Imaginez qu’on vous ait posé la question il y a un an. Et aujourd’hui, les sérieux analystes en énergie d’ING déclarent dans une note que “le baril de pétrole brut à 200 $ avant la fin de l’année semble soudainement plausible”. A présent, la question est de savoir si le marché sera capable de supporter un prix ayant quadruplé, si le pétrole doit atteindre ce cap presqu’incroyable des 200 $ le baril. Tout d’abord, il faut dire que ce n’est pas la première fois que le pétrole subit une si grande augmentation en une si courte période. C’est arrivé en 1973-1975 quand l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (l’OPEP) a augmenté les prix du pétrole de pratiquement 300%. Le prix du pétrole a doublé à la fin de la révolution iranienne en 1980 et plus tard, lors de la Guerre du Golfe en 1990. Mais le pétrole n’a pour autant jamais déclenché un tel débat sur l’économie mondiale et sur sa dépendance aux ressources énergétiques de pointe. En effet, la flambée a atteint un niveau record supérieur à 145 $ le baril au début du mois de juillet, dépassant de loin l’ancien record adapté à l’inflation de 101,70 $ établi en 1980. Beaucoup ont blâmé la faiblesse du dollar; d’autres pensent que ce sont les fonds d’investissement et les spéculateurs qui amènent le marché aussi haut; et seule une poignée d’analystes ont mis en cause l’équilibre de l’offre et de la demande, comme on en aurait conclu par le passé. Mais que se passe-t-il donc sur le marché du pétrole?

Poussée par la consommation galopante dans ces pays à la forte croissance que sont la Chine et l’Inde, la demande quotidienne mondiale a atteint approximativement 86 millions de barils, ce qui équivaut plus ou moins à l’offre quotidienne mondiale. Les guerres et les sanctions ont limité la production en Irak, en Iran et au Nigéria. Comme dans un cercle vicieux, les prix élevés du pétrole ont attisé le nationalisme pétrolier (empêchant les opérateurs étrangers d’accéder aux réserves de pétrole internes) et les politiques protectionnistes des pays exportateurs de pétrole ont accéléré un peu plus la flambée des prix. D’un autre côté, les pays consommateurs souffrent d’un grand manque de capacité de raffinement, qui devient progressivement insuffisante pour satisfaire la demande (aucune nouvelle raffinerie n’a été créée aux USA ces

dix dernières années). Cela provoque des pénuries de diesel et de gasoil, poussant les prix vers le haut et mettant les transporteurs et les pêcheurs en grève. De nombreuses compagnies voient leur budget fondre en raison de l’augmentation des coûts énergétiques, tandis que les particuliers perdent leur pouvoir d’achat de consommateur. Et si vous pensez que les compagnies pétrolières en tirent profit, vous pourriez vous tromper. Malgré l’augmentation des prix du pétrole, les actions des compagnies pétrolières ont suivi la tendance baissière générale des marchés d’échange. L’indice d’énergie européen DJ Stoxx (indice des compagnies pétrolières principales en Europe) a perdu 13% depuis le début de cette année, ce qui révèle une profonde déconnexion entre les biens financiers liés au pétrole et le prix du pétrole lui-même. n°10 energymag | 15

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Cela reflète la croissance rapide des coûts de prospection et d’exploitation dont on attend qu’elle ralentisse les bénéfices. Ajoutez à cela le ralentissement général de l’économie mondiale et vous comprendrez pourquoi les géants du pétrole ont peur d’investir dans de nouveaux projets pour capitaliser sur les prix actuels du pétrole. “Investir massivement dans un domaine qui serait profitable à un niveau de 100 $ le baril constituerait un grand risque que les compagnies ne sont pas prêtes à prendre. C’est pourquoi le seuil de viabilité des projets est beaucoup plus bas que les prix actuels du pétrole”, déclare un chef analyste de Petercam. Ceux qui en ont réellement bénéficié sont en fait les spéculateurs. Coupable ou pas de la flambée des prix du pétrole, les fonds ont couvert les performances plus mitigées sur le marché boursier en investissant dans les marchandises, ce qui s’est révélé plus fiable et rentable. Cela a amené plus de liquidités et un meilleur soutien au marché pétrolier. En achetant des futures pétrolières, les investisseurs ont également compensé l’effet de la faiblesse du dollar et de l’inflation générale du marché. On a calculé que la quantité d’argent provenant de l’achat de pétrole et d’autres marchandises par les investisseurs pour couvrir l’inflation avait augmenté de 15 milliard $ en 2003 pour atteindre environ 260 milliard $ aujourd’hui.

L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole a été la première à accuser les spéculateurs de la hausse des prix. Le ministre du pétrole saoudien Ali Al-Naimi a déclaré que la flambée des prix était encouragée par un large afflux de fonds financier et par la peur que le monde épuise ses réserves de carburant fossile. D’autres, et parmi eux le ministre iraquien du pétrole Gholahossein Nozari, ont parlé du dollar faible et ont affirmé que si la tendance actuelle perdure, “il semble que les prix vont sans aucun doute augmenter”. Les dirigeants de l’OPEP ajoutent que l’organisation pompe assez de pétrole pour garantir l’équilibre du marché et ne prévoit pas d’accroître la production. La position du bloc des plus grands producteurs de pétrole nourrit un large débat avec les dirigeants des compagnies pétrolières et les banques d’investissement. Les patrons des plus grandes compagnies pétrolières mondiales parlent du manque au niveau des nouvelles offres et non des spéculateurs quand il s’agit d’expliquer les prix-records du pétrole. Jeroen van der Veer, directeur général de Shell, déclare: “Nous ne pensons pas que les marchés financiers mènent la spéculation, ils suivent probablement les prévisions à long termes des autres”. Goldman Sachs, une banque d’investissement très active sur le marché de l’énergie, a insisté sur le fait que “le rôle des

spéculateurs est de fournir au marché des avis éclairés sur la situation future de l’offre et de la demande”. Mettre en cause les spéculateurs est bien entendu une excuse facile pour éviter de prendre les décisions nécessaires à l’amélioration de l’efficacité énergétique et pour faire face à l’inévitable réduction des réserves mondiales de carburants fossiles. Faire baisser les prix du pétrole et essayer de dynamiser l’efficacité énergétique mondiale devient la priorité numéro un à l’agenda du G8. Les grandes nations ont traité le sujet lors du sommet de Toyako au Japon, du 7 au 9 juillet, mais ont semblé incapables de contrôler efficacement le prix du pétrole. Qu’est-ce qui nous attend? Les prévisions semblent prouver que les spéculateurs ont leurs raisons pour parier sur le long terme plutôt que sur le court terme, comme c’était le cas avant 2007. On estime que la demande mondiale de pétrole brut va augmenter de 85.98 millions bpj au cours du premier trimestre de 2008 pour atteindre 87.69 millions bpj durant le quatrième semestre. La grande majorité des analystes s’attendent à voir les prix du pétrole continuer de grimper, la banque d’investissement Goldman Sachs prédisant un baril à 200 $ pendant les deux prochaines années. Gazprom, le géant du gaz naturel russe qui fournit un quart du gaz en Europe, affirme déjà se baser sur un baril à 250 $ pour son indexation de l’an prochain. Il semble bien que le jour tant redouté où l’on achètera le pétrole à 200 $ le baril n’est pas si loin.

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De nombreux analystes prévoient que les prix du carbone dans l’UE atteindront 30 EUR/ tonne. C’est ce qui s’est déjà passé pour les certificats à délivrer en 2009, qui sont liés à une prime par rapport aux certificats de 2008. Les 30 EUR/tonne semblent un chiffre réaliste et juste pour les pays qui s’engagent sérieusement dans la lutte contre les problèmes environnementaux liés à l’énergie.

Certificat CO2 pour la Phase II (Cal2008) et la Phase II (Cal2009), en EUR/tonne

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La CE a réduit les quotas nationaux tandis que les émissions industrielles continuent de grimper – les émissions industrielles de l’UE comprises dans le Système Européen d’Echange de Quotas d’Emissions ont augmenté de 0.68% en 2007 par rapport à 2006. Cela entraîne un trou dans le nombre d’allocations d’émission en 2008, ce qui pourrait amener une hausse des prix du carbone et de l’électricité.

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Les prix ont augmenté sans discontinuer, répondant à la hausse générale sur le marché de l’énergie ainsi qu’à une demande accrue de la part du marché. Il a été prédit que la demande en matière d’allocations CO2 allait augmenter avant la fin de cette année, étant donné que la Commission Européenne a mis en place de nombreuses mesures incitatives afin d’éviter une banqueroute répétée du marché (pendant la première phase, le plan s’est révélé complètement inefficace, vu qu’il n’y avait pratiquement aucune demande d’allocation à la fin de l’année 2007, portant les prix à leurs niveaux les plus bas jamais enregistrés). En effet, la CE a resserré les boulons sur les émissions de carbone de près de 8% par rapport à 2007, et le système devrait à présent amener une réduction des émissions.

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Nous attendons effectivement que le rythme de hausse ralentisse vers la fin de cette année, tandis que l’on prédit une nouvelle hausse pour le premier semestre 2009.

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En fait, les prix sont élevés en raison d’une offre faible et d’une demande en augmentation, et volatiles à cause d’un énorme afflux Brent crude NYMEX crude de liquidités spéculatives sur le marché. Les Brent crude Premium to NYMEX crude in USD/bbl consommateurs de pétrole sont préoccupés par les réserves à court terme, tandis que les spéculateurs achètent des titres de base à long terme bien éprouvés (demande croissante des pays industrialisés contre des réserves mondiales qui se tarissent). Les fonds sont pour l’instant couverts contre l’inflation croissante grâce à des investissements sur le marché des marchandises. 01 /

L’Agence Internationale de l’Energie prévoit un relâchement de la pression sur les marchés pétroliers pour 2009, étant donné que la croissance de la demande diminue, ce qui réduit la nécessité en matière de brut provenant de l’OPEP. Cependant, la demande mondiale étant plus ou moins égale à l’offre aujourd’hui, il ne s’agit pas vraiment d’une annonce haussière dans une perspective à long terme.

Prix du brut de Brent et du Brent prémium sur le NYMEX en USD/bbl

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Si l’on observe la tendance à court terme, le pétrole semble avoir ralenti sa course vers les sommets, mais il est toujours possible que le baril atteigne les 150 $ avant la fin de l’été. Les analystes des banques d’investissement ont prédit un baril à 200 $ pour 2009, tandis que certains directeurs de grandes compagnies s’attendent à un baril à 250$ dans les deux années qui viennent (voir Market Focus).

Poussé par de multiples facteurs, dont le taux d’inflation qui augmente dans les pays consommateurs, un dollar plus faible, un nombre croissant de flux de fonds spéculatifs de marchandises, de graves et complexes problèmes géopolitiques en Iran et au Nigéria, le prix du pétrole a battu tous les records à 145 $ le baril. Si l’augmentation du prix du pétrole semble normale avec un recul de trois mois, ce n’est pourtant pas le cas car le marché a été témoin d’une des périodes les plus volatiles de ces dernières années, avec des cotations journalières montant et chutant de plusieurs pourcents.

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Les perspectives sur le marché du pétrole

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Ajoutant des tensions géopolitiques à un marché déjà instable, l’Iran, membre de l’OPEP, a réalisé des tests de missiles dans le Golfe. Entretemps, l’industrie pétrolière nigériane est à nouveau menacée par des attaques, puisque le Mouvement pour l’Emancipation du Delta du Niger, principal groupe de militants dans le Delta du Niger qui fournit du pétrole au Nigéria, a déclaré abandonner un cessez-le-feu conclu précédemment. La faiblesse du dollar est venue se greffer sur cet état de choses. Affaibli par de nouvelles inquiétudes concernant les crédits, le billet vert a chuté face à un panier de devises après l’effondrement des actions des grandes sociétés de crédit américaines Fannie Mae et Freddie Mac. Les analystes techniques affirment que la résistance à long terme du tunnel des prix à partir du début de l’année définit un seuil de résistance à 147,50 $ sur le Brent, empêchant le pétrole d’atteindre la barre des 150 $.

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Les effets de l’augmentation du prix du gaz se ressentent déjà en Europe. L’organisme allemand RWE a annoncé qu’il allait augmenter ses prix du gaz pour 600.000 clients en septembre et en octobre à hauteur de 27% en raison de la hausse des prix de l’énergie. Son concurrent E.ON prépare également une augmentation des prix du gaz de 15% pour le mois d’août, invoquant la même raison.

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Toutefois, le gaz naturel a été plus prompt à la réaction que le pétrole jusqu’à présent, et il existe une réserve de premium qui permet au prix du gaz naturel d’être moins sensible à la relative volatilité du marché pétrolier. Si le niveau actuel du prix du brut doit perdurer encore un certain temps, il faut s’attendre à ce que les prix du gaz naturel baissent d’environ 10% au cours du prochain trimestre. Concernant la demande sur le marché au comptant pour la fin de cet automne, on s’attend à une hausse, car le marché est moins aventureux, offrant une brèche pour le marché des futures. C’est pourquoi il est réaliste de s’attendre à une courbe en U pour le quatrième trimestre 2008.

Le marché du gaz suit toujours l’évolution des prix du pétrole, en dépit de réserves confortables dans pratiquement toutes les régions d’Europe. En fait, le prix du gaz naturel est indexé au prix du pétrole via des contrats à long terme avec des exportateurs comme la Russie et la Norvège. De nombreux industriels européens lient également au pétrole leurs contrats portant sur le gaz.

Prix du gaz continental Cal2008 (TTF) et prix du gaz R-U correspondant (Zeebruges), en EUR/MWh

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L’évolution des prix du gaz naturel va naturellement suivre la tendance générale sur le marché de l’énergie, influencée principalement par le pétrole. Certaines nations exportatrices, et notamment la Russie, ont déjà annoncé qu’elles s’attendaient à des augmentations des prix du pétrole pour l’an prochain. Cela devrait accroître la demande sur les futures et conforter l’actuel niveau élevé des prix.

Si le prix du pétrole a augmenté de 50% depuis le début de l’année, le gaz naturel européen a quant à lui augmenté de 85%, vu que cette marchandise a longtemps été sousévaluée par rapport au pétrole. Les contrats Calendrier 2009 ont atteint 45 EUR/MWh à Zeebruges Hub et 41 EUR/MWh sur la TTF.

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Les perspectives sur le marché du gaz naturel

p Continental Gas Cal2009 (TTF) p UK Gas Cal09 (pondered to Contiental gas standards) n°10 energymag | 17

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Nous pensons qu’en raison de la faiblesse du spark spread, combinée à une sous-évaluation liée au pétrole et au gaz naturel, les prix de l’électricité auront encore tendance à augmenter pendant le quatrième trimestre, passant le seuil de résistance de 100 EUR/ MWh.

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Les prix de l’électricité ont bien moins augmenté que les prix du pétrole et du gaz naturel (de 36% au début de l’année en Allemagne à 46% en Belgique durant la même période; comparé à une augmentation de 50% du prix du pétrole et de 85% du prix du gaz naturel), et il y a encore de la marge pour une nouvelle augmentation si le marché pétrolier campe sur ses positions. En effet, par rapport au gaz, l’augmentation des prix de l’électricité semble très modeste et on s’attend de plus en plus à une hausse prolongée de cette marchandise.

Les contrats d’électricité belge, hollandais, français et allemand un an à l’avance, en EUR/MWh

Les futures belges, années calendriers, en EUR/MWh

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Les perspectives sur le marché de l’électricité

p Netherlands 2009 p Belgium 2009 p France 2009 p Germany 2009

Spark spreads français et allemand un an à l’avance 17,0 14,8 12,6 10,4 8,2 6,0 3,8 1,6 -0,6 -2,8

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p French Spark Spread p German Spark Spread L’électricité a répondu à la hausse générale des prix sur le marché de l’énergie, battant des records historiques sur tous les grands marchés européens. Les contrats pour l’année 2009 ont atteint 93.3 EUR/MWh en France, 90.15 EUR/MWh en Allemagne, 96.84 EUR/MWh en Belgique et 99.74 EUR/MWh aux Pays-Bas. Les contrats un an à l’avance sont liés aux prix du carburant et suivent la hausse des prix du pétrole. De plus, il a été prouvé que le contrat français pour l’année prochaine est plus sensible au prix du brut que le contrat équivalent en Allemagne, en dépit d’une énorme capacité nucléaire nationale. Cela peut s’expliquer par une plus grande indépendance allemande vis-à-vis des carburants fossiles et par un meilleur équilibre grâce aux énergies renouvelables (vent) sur le marché allemand. De surcroît, l’offre française est entravée par une indisponibilité des ressources nucléaires s’élevant à un quart de la capacité totale, tandis que les chiffres allemands montrent une perte de la capacité nucléaire de seulement 10%. Le spark spread, qui représente le cœur de la relation entre le prix du gaz naturel et le prix de l’électricité (le revenu net théorique d’une usine fonctionnant au gaz issu de la vente d’une unité d’électricité, après avoir acheté le carburant nécessaire à la production de cette unité d’électricité), avait baissé en France et en Allemagne au milieu du mois de juin, retrouvant partiellement son niveau au début du mois de juillet. Cependant, le spark spread demeure bien plus bas que son niveau du début de l’année 2008, maintenant une pression haussière sur le marché puisque les producteurs d’électricité aimeraient compenser l’augmentation des prix du carburant.

Ces pages indicateurs et leurs commentaires ont été réalisés avec le concours de Siemat Energy. 18 | energymag n°10

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L’énergie, ème la 3 révolution industrielle L’ère du pétrole touche à sa fin alors que s’aggrave le changement climatique. Pour Jeremy Rifkin, le gourou américain du climat, il n’est plus question de demimesures. Mais d’engager la troisième révolution industrielle dont les énergies renouvelables, l’hydrogène et les réseaux intelligents forment les piliers. Et l’homme d’engager l’Europe à prendre la tête de cette révolution.

Vous dites que l’ère du pétrole touche à sa fin… Nous sommes au crépuscule d’une ère énergétique, celle du pétrole. Le crépuscule prend un certain temps, nous disposerons encore de pétrole jusqu’à la fin du siècle présent, mais les signes de déclin s’accumulent rapidement. Le problème vient de ce que nous enseigne la théorie du pic pétrolier. Aujourd’hui, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) affirme que nous pourrions avoir une rupture d’approvisionnement dès 2014. Les meilleurs géologues au monde ont évalué que le pic pourrait survenir entre 2010 et 2020. Le Mexique et la Russie devraient atteindre celui-ci dans deux ans. L’important n’est pas de connaître la date exacte du pic pétrolier –il surviendra sans aucun doute entre 2010 et 2030– mais de mesurer le peu de temps qu’il nous reste pour faire face aux graves conséquences que cela suppose. Car dès que la moitié des réserves disponibles sera consommée, c’en sera fini du pétrole et de l’ère de prospérité qu’il a permis. J’ajouterai que si nous pensons prendre un coup sévère avec un prix du pétrole dépassant les 100 $, imaginez l’impact pour les pays en développement. Sans parler de l’instabilité politique régnant dans pratiquement tous les pays producteurs de pétrole. Les temps à venir seront durs.

© EP 2007

Jeremy Rifkin rêve le futur de l’énergie et presse l’Europe de le mettre en œuvre. Dans ce futur, chacun de nous pourra récupérer du soleil, du vent, de l’eau, de nos déchets de l’énergie propre générée localement au sein même et autour de nos maisons, bureaux, usines et même nos véhicules; stocker cette énergie intermittente sous forme d’hydrogène, avant de la partager en courant électrique via un réseau intelligent à l’échelle européenne. L’union fait la force dit-on. Selon l’économiste, cette union de millions de petits producteurs-distributeurs pourra potentiellement produire bien davantage d’énergie distribuée que les formes traditionnelles d’énergie centralisée basée sur les combustibles fossiles dont nous dépendons aujourd’hui et dont on nous prédit la fin toute proche.

La problématique n’est pas seulement énergétique. Le changement climatique est plus inquiétant? La première chose qui interpelle à la lecture du troisième rapport des travaux du GIEC, c’est la vitesse et l’accélération du changement climatique. Ce qui est clair, c’est qu’il se réalise plus vite que ce que

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peuvent prédire les modèles des scientifiques et c’est inquiétant. Le deuxième rapport prévoyait la fonte des neiges dans les grands sommets montagneux comme les Pyrénées et les Alpes au cours du XXIIe siècle. Le troisième rapport montre que cela se produira dans les 30 premières années du siècle présent. Le second rapport prévoyait des ouragans plus intenses dans les caraïbes et le Gulf Stream au cours du XXIIe siècle. Le nouveau rapport montre que les ouragans ont déjà doublé d’intensité, avec des extrêmes comme Katrina et Rita. D’autres exemples peuvent être cités, comme la calotte glaciaire qui fond plus vite que prévu. En vérité, nous n’avons aucune idée des changements réels qui nous attendent, nous pouvons juste constater qu’ils s’accélèrent. Les scientifiques tablent sur une augmentation de la température de 3° durant ce siècle. Mais qui dit qu’elles ne seront pas supérieures. L’Europe veut limiter l’augmentation à 2°C, mais même dans ce cas optimiste, le panel du GIEC affirme que l’on pourrait voir l’extinction d’un tiers à la moitié des espèces vivantes sur cette terre. Maintenant, mettez cela en perspective avec l’histoire. Nous avons eu cinq vagues d’extinction biologique massive en 450 millions d’années. Chacune de ces vagues a pris 10 millions d’années. L’homme n’est pas sur cette planète depuis longtemps, à peine 175.000 ans. Nous devons prendre conscience de l’énormité de ce qui est en train d’arriver. Nous parlons de l’extinction possible de l’humanité. La solution est votre troisième révolution industrielle? Les grands changements économiques de l’histoire se sont produits quand de nouveaux systèmes d’énergie ont coïncidé avec l’apparition de nouveaux systèmes de communication. Quand cette convergence se produit, la société est restructurée selon des schémas nouveaux. Or, ces 15 dernières années, nous avons vécu une révolution majeure dans le domaine de la communication avec la percée d’Internet. Qui aurait imaginé pouvoir interconnecter la planète entière et voir de nouveaux modèles d’échanges se mettre en place avec autant d’aisance. L’élément clé de la troisième révolution industrielle est précisément son caractère distributif et partagé. Dans le modèle énergétique de demain, chacun produira son énergie localement à partir de sources renouvelables et partagera son surplus avec les autres utilisateurs au travers d’un réseau intelligent, de la même façon qu’aujourd’hui les utilisateurs produisent et partagent actuellement l’information. Les piliers de cette révolution sont au nombre de trois: les énergies renouvelables, une technologie de stockage performante, celle de l’hydrogène et des réseaux d’énergie intelligents. L’hydrogène et les énergies renouvelables tiennent une place centrale dans votre schéma. Est-ce réaliste? L’éolien, le solaire, l’hydraulique ou la biomasse sont certes des énergies émergentes et ne représentent encore qu’un petit pourcentage de la production mondiale. Mais

elles croissent rapidement car les gouvernements, Europe en tête, fixent des objectifs et des références pour favoriser leur large introduction sur le marché, tandis que leurs coûts décroissants les rendent de plus en plus compétitives. En outre, des milliards € de fonds publics et privés vont à la recherche, au développement et à la pénétration du marché, pendant que les entreprises et les particuliers cherchent à réduire leurs émissions de CO2 et à rendre leur utilisation d’énergie plus efficiente et indépendante. Elles se développent donc et cela s’accélèrera. La grande critique qu’on leur oppose est leur intermittence. Le soleil ne brille pas tout le temps et le vent n’est pas toujours de force égale. Mais c’est compter sans le second pilier de cette révolution: le stockage. C’est là qu’intervient l’hydrogène qui est un support de stockage universel pour toutes les formes d’énergie renouvelable, permettant ainsi de garantir la disponibilité d’une ressource stable et fiable pour la production d’énergie. Je m’explique: si une partie de l’électricité produite lorsque les énergies renouvelables sont abondantes peut être utilisée pour extraire l’hydrogène de l’eau, qui peut être stocké pour un usage ultérieur, la société aura un approvisionnement continu en énergie. Cette technologie peut sembler coûteuse pour le moment, mais c’était également le cas des premières voitures et des premiers ordinateurs. Du reste, la technologie existe déjà. Le constructeur Honda par exemple a déjà dans ses cartons une pile à hydrogène qui permet d’alimenter une maison en eau chaude et en électricité, tout en rechargeant les batteries d’un véhicule hybride. Ce n’est pas de la science-fiction. Et les réseaux de distribution, pourra-t-on les adapter? Les mêmes principes de conception et les technologies intelligentes qui ont rendu possible le développement d’Internet et des grands réseaux de communication globale peuvent être utilisés pour reconfigurer les réseaux mondiaux d’énergie et créer un “smart power grid”. Le problème n’est pas technologique ni financier, mais de priorité. Les finances sont là: on parle de milliards € à investir pour moderniser les réseaux actuels basés sur une production centralisée.

PORTRAIT Jeremy Rifkin est le présidentfondateur de la Foundation on Economic Trends (Washington, DC). Il a été le conseiller du président de l’Union européenne, José Socrates, Premier ministre du Portugal, pour les questions de sécurité énergétique, de changement climatique et d’économie (2007). Il est aussi conseiller spécial du groupe du Parlement européen sur l’avancement de la troisième révolution industrielle et le développement de l’économie de l’hydrogène. J. Rifkin est l’auteur de dixsept ouvrages sur l’environnement, l’énergie et les questions économiques, dont The Hydrogen Economy (Tarcher/Penguin, 2002).

Vous appelez l’Europe à prendre la tête de cette révolution, pourquoi? L’Europe dispose de la volonté et des ressources scientifiques, technologiques et financières nécessaires pour prendre la tête de cette révolution. Il faut peut-être vous le rappeler, mais l’Europe est la plus grande puissance économique. Le produit intérieur brut des 27 Etats membres est supérieur à celui des Etats-Unis. Avec 500 millions de consommateurs, vous avez le plus grand marché du monde. Et l’Euro est devenue la monnaie de référence. Si l’Europe réussit cette transition vers une nouvelle ère économique, elle entraînera le reste du monde. Si ce n’est pas vous, qui le fera? p Propos recueillis par Jean-François Marchand

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Cradle to Cradle

Un concept qui fait réfléchir… Le ‘Cradle to Cradle’ est en train de gagner très rapidement ses lettres de noblesse auprès des entrepreneurs, des scientifiques et des décideurs du monde entier. Et ce n’est pas si étonnant que cela. Car, pour la première fois, apparait un concept qui prend en compte la défense de l’environnement de manière positive et qui, de surcroît, parle la langue des entreprises… 22 | energymag n°10

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Le Cradle to Cradle (CtC ou C2C) est un concept qui a été développé par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough, et qui s’est répandu dans le monde entier en 2002 grâce au livre ‘Cradle to Cradle – Remaking the Way We Make Things’. Bart Jansen, consultant Cradle to Cradle chez BECO, explique de quoi il s’agit: “En fait, ces deux hommes partent du principe qu’il est insensé d’essayer de fabriquer des produits durables qui sont moins nocifs pour la santé ou l’environnement - ce qui revient uniquement à tenter de contourner le problème. Ils plaident en revanche pour des produits durables développés dans l’unique but d’apporter une contribution positive aux personnes et à l’environnement. Ils veulent que le monde se libère du cycle classique qui part de l’exploitation des ressources et qui, via la production, se termine dans une décharge ou un incinérateur. A la fin de leur cycle, les produits doivent pouvoir être réutilisés comme base pour de nouveaux produits ou plus simplement pour nourrir la terre.” De l’IPS au C2C Le C2C se base clairement sur ‘l’Intelligent Products System’ développé fin des années 80 par Michael Braungart. “Ce concept part du principe que tous les biens et les services produits doivent recevoir une place dans le système des cycles biologiques et/ ou techniques”, explique Bart Jansen. “Cela implique que les matériaux doivent pouvoir être réutilisés indéfiniment et sans perte de qualité dans la fabrication de nouveaux produits, donc à plus long terme par les générations futures. En ce qui concerne le cycle biologique, l’accent est principalement mis sur les pièces et les matériaux qui peuvent être perdus

au cours de l’utilisation du produit ou qui n’ont qu’une très courte durée de vie. Pensez aux semelles de chaussures ou aux pneus qui s’usent petit à petit et qui laissent des particules sur le sol, aux produits à lessiver qui aboutissent à l’égout, aux produits de consommation typiquement jetables comme les filtres à café, les petits emballages, les langes, le papier hygiénique, etc. A côté de cela, on trouve le cycle technique où nous imaginons retrouver le reste des pièces inusables de nos chaussures et de nos pneus, de nos machines à laver et autres percolateurs. Dans le C2C, ces matériaux et ces produits doivent être conçus pour être réutilisables. Dans le même temps, ils doivent être bien gérés –comme l’argent par une banque– de telle sorte que le recyclage ait effectivement lieu et que les entreprises en tirent un avantage. Le C2C introduit ce principe de cycle à grande échelle. Car le recyclage à lui seul n’est pas suffisant: on parle toujours de downcyclage, concept impliquant que les matériaux de base issus du cycle biologique ou technique ne peuvent être réutilisés à l’infini. Ce passage de produits éco-effectifs à des produits éco-efficaces ne peut être réalisé qu’en innovant au niveau de la

conception de matières, matériaux, produits et technologies, ainsi qu’en mettant en place des modèles de collaboration (en chaîne) plus efficaces grâce auxquels les concepteurs, les chercheurs, les producteurs, la distribution, ainsi que le personnel qui récolte et qui traite les déchets réfléchissent ensemble afin de trouver des solutions avantageuses pour toutes les parties.” Les Pays-Bas montrent la voie Bien que le livre se soit vendu comme des petits pains, le concept C2C n’a véritablement percé qu’à la fin de l’année 2006. Après l’émission de VPRO ‘Afval is voedsel’ (‘les déchets sont des nutriments’, qui exposait les idées de Michael Braungart et William McDonough d’une manière simple et convaincante), le Cradle to Cradle a commencé à faire fureur chez nos voisins du Nord. En conséquence, les Pays-Bas font à présent figure de modèles en ce qui concerne l’application du concept. “Cela tient beaucoup au fait que les principes ont été adoptés non seulement par

LA CERTIFICATION Les certificats sont délivrés par McDonough Braungart Design Chemistry (MBDC) à des produits qui sont durables du fait que la plus grande partie de ce qui les compose est recyclable ou compostable. Ils doivent, de plus, être composés de matériaux non nocifs qui n’ont aucune influence néfaste sur la santé et l’environnement. Le processus de production doit consommer de l’énergie propre (basée en grande partie sur l’énergie renouvelable). Enfin, le fabricant doit satisfaire aux principes de gestion rationnelle de l’eau et à une stratégie de responsabilité sociale.

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l’opinion publique et les entreprises, mais aussi que les autorités en sont devenus des défenseurs fervents et impliqués, commente Bart Jansen. “Le ministre de l’Environnement Cramer espère ainsi que les PaysBas deviendront le premier pays en matière de C2C, et il y a déjà beaucoup d’initiatives concrètes. Maastricht a organisé le premier grand congrès C2C, la région de Venlo aimerait être la première à introduire les principes du C2C avec Floriade 2012, etc. Et bien entendu, cela donne un énorme élan à l’application effective du concept. Entretemps,

d’autres pays situés aux quatre coins du monde ont à leur tour embrassé le principe, et la Belgique commence à bouger également. Le concept peut déjà compter sur quelques partisans, y compris des multinationales réputées comme Nike, Ford, US Mail et Herman Miller.” Les ambitions écologiques main dans la main avec l’entreprenariat Il est évident qu’il ne faudra pas bien longtemps avant que ‘Cradle to Cradle’ conquière tous les secteurs dans le monde entier. Car la pratique a déjà démontré qu’outre le bénéfice

écologique qu’elle apporte, l’application du concept offre également des opportunités économiques pour les entreprises. “Dans l’optique du C2C, tout le monde peut produire et consommer sans restriction, il ne s’agit pas de dématérialiser mais de rematérialiser, il ne s’agit pas de faire toujours pire mais toujours mieux, et de tendre vers l’objectif,” précise Bart Jansen . Au lieu de cultiver la culpabilité, le monde des entreprises peut à présent se focaliser sur les opportunités à saisir pour développer des produits écologiques. C’est un concept rafraîchissant qui

Qui est BECO? BECO est une équipe de conseillers spécialisés en économie d’énergie, la stratégie climatique (‘Carbon Footprint’, neutralité CO2, etc.), les entreprises socialement responsables, l’éco-design et à présent le ‘Cradle to Cradle’. Après la signature en mars dernier d’un accord de partenariat avec l’EPEA, sept collaborateurs du groupe BECO ont suivi une formation intensive au bureau de consultance de Michael Braungart. Grâce à ces connaissances, l’équipe est désormais prête à mener à bien des projets C2C avec l’EPEA : développement de produits, de processus, de bâtiments et de zones industrielles C2C, etc.

La plus-value qu’apporte la combinaison d’EPEA et de BECO provient de la diversité des partenaires qui peuvent être concernés par des projets issus des deux réseaux. Parmi les projets actuels, on compte entre autres l’agrandissement d’un stade suivant les principes C2C, la vérification rapide du respect des principes C2C dans l’organisation d’un des plus grands événements de course à pied aux PaysBas, l’accompagnement de trois sociétés de matières synthétiques dans leur développement d’un nouveau produit et l’adaptation des produits existants.

L’é Lé éq qu qui uipe e de de B BEC ECO e E est stt prê prê ête te à men te ene ne n er à bi be en n des dess p pro oje ets Le e C2 C2C C C en en co c lla lll abor bo bor orraati o orati attion on ave ave vec l’EP EPEA. EP EA EA.

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jouit (pour la première fois peut-être) d’une bonne communication, et qui combine les ambitions environnementales à long terme et l’entreprenariat. La mise en place de cycles fermés est une solution économique cruciale étant donné qu’elle permettra d’éviter de racheter plusieurs fois des ressources qui deviennent aussi rares que chères –pétrole, mais aussi cuivre, plomb, titane, etc. Et puisque le C2C va stimuler la créativité, la puissance d’innovation des entreprises sera employée à bon escient, ce qui est particulièrement important sur un marché mondial où la concurrence fait rage. Par ailleurs, de plus en plus de clients sont sensibles à une gestion durable des entreprises, point sur lequel le C2C peut naturellement améliorer l’image de marque d’une organisation. Si le concept repose pour une bonne part sur les concepts de durabilité existants, comme l’ecodesign et l’économie de cycle circulaire, il apporte aussi des éléments neufs puisqu’il ne pointe plus du doigt, qu’il n’impose plus le poids de la culpabilité aux consommateurs et aux entrepreneurs, mais qu’au contraire il aborde la problématique de l’environnement de manière positive. Il part d’une optique qui s’accorde mieux avec la concurrence inter-entreprises et avec la société de consommation. En outre, le C2C nourrit de grandes ambitions. Tandis que l’éco-efficacité tend vers une réduction progressive de l’impact sur l’environnement, le C2C s’attaque au but ultime: l’éco-effectivité.” La perfection n’est pas (encore) de ce monde Etant donné que le C2C exige des modifications en profondeur dans les processus de R&D, de production et de logistique, il est bien sûr impossible d’atteindre la perfection

Bart Jans ansen: en: “A A un une e époq époque ue où les prix x dess m matiè ières s premiè mi res crrèvent le l pla plafon f d et où il est urgent de e se s penche c r sur la problémattique de l’environnement, le Cradle to Cradle a de d véritable es chances de réussir.”

immédiatement. C’est pourquoi il existe aujourd’hui différents niveaux de certification. “Au contraire de l’écolabel –qui impose les limites de nocivité des produits– le certificat C2C tient compte des objectifs et prestations environnementales de l’entreprise” commente Bart Jansen. “Pour l’instant, aucune entreprise ou produit n’a encore atteint le plus haut niveau. Tout peut être recyclé, mais peu d’entreprises osent garantir que leurs produits vont effectivement l’être. Au-delà des aspects techniques de la conception et du traitement, nous observons que, dans ces cycles, il y a encore du travail sur le plan de l’organisation. Pensez donc à la sous-traitance du recyclage à des entreprises hors d’Europe: l’impact écologique du transport que cela implique est incompatible avec les principes du C2C. Le cycle le plus économique et rentable n’est toutefois pas la garantie d’un traitement qua-

litatif des matériaux. Mais les plus petites erreurs ont aussi de lourdes conséquences: prenons l’exemple du plastique d’emballage qui atterrit dans les incinérateurs. La précieuse ressource qu’est le pétrole y est consumée inutilement. Dans les cycles biologiques aussi, nous voyons trop souvent que les produits utilisés perturbent l’environnement. Pensez à l’utilisation de pesticides qui rend le compost de déchets organiques infertile et le transforme en matériau nocif et inutilisable. Imaginez l’effet de l’encre –qui, en général, contient des métaux lourds– avec le papier hygiénique recyclé. Pour que le principe du C2C prédomine, il faut que tous les maillons de la chaine l’appliquent. Mais en pratique, nous sommes encore loin de cette situation idéale. Tout le monde peut néanmoins effectuer un premier pas en faisant preuve d’une ouverture d’esprit suffisante. Car ainsi, les fabricants pour-

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ront faire analyser la nocivité de tous les matériaux, composants, produits, etc., de leurs fournisseurs afin de ne plus utiliser que ceux qui n’impactent pas la santé ni l’environnement.” Pour tout et tout le monde Il nous reste une dernière question: qui peut aujourd’hui mettre en place le concept du C2C ? “En principe, tous les fabricants du monde” répond Bart Jansen. “Car les idées peuvent être appliquées à tous les composants, ingrédients, semi-produits et produits. Même les services n’y échappent pas car ils sont toujours associés à des produits ou des matériaux –comme les distributeurs automatiques de billets. Naturellement, cela implique un effort financier pour implanter le concept du C2C, en premier lieu parce que les procédures de travail au sein de la R&D, de la production et de la logistique doivent être adaptées. De plus, cela exige un effort particulier pour obtenir la liste des composants ou ingrédients de la part des fournisseurs. Mais cela ne doit pas décourager les entreprises –même les PME!– puisque le C2C engendre de fait un retour sur investissement. Car, comme nous l’avons déjà dit, vous arriverez inévitablement sur le marché avec des produits ou des matériaux innovants. Et c’est sans parler des retombées positives pour votre réputation, à condition que vous communiquiez efficacement sur vos projets C2C. Il ne s’agit toutefois pas d’une aventure dans laquelle on se lance sans réfléchir. En tant que chef d’entreprise, vous devez d’abord formuler une vision

C2C qui convienne à votre entreprise. Ensuite, vous devez déterminer s’il est effectivement possible de développer et de commercialiser de nouveaux produits qui respectent ces principes écologiques positifs. Vous pouvez par après lancer la R&D pour adapter ultérieurement vos produits existants au principe duC2C. Il s’agit donc d’une stratégie à long terme, mais c’est précisément là que se situe le danger. Car nous aimons tous voir nos efforts récompensés rapidement. Il est également important, à notre époque, d’engranger des résultats à court terme, afin que les consommateurs comme les entreprises aient la preuve que le C2C fonctionne et apporte un avantage à la société et aux entreprises. D’après moi, ces deux conditions contradictoires doivent véritablement

être mises en balance pour que le Cradle to Cradle ait une vraie chance de réussir. A notre époque où les prix des matières premières crèvent le plafond et où il est urgent de se pencher sur la problématique de l’environnement, les entreprises vont bien devoir faire quelque chose. Enfin, le battage médiatique est déjà bien utile à partir du moment où les idées de Michael Braungart et William McDonough poussent les gens à réfléchir et les encouragent peut-être à aborder le sujet des matières premières et des déchets d’une autre manière…” p Els Jonckheere

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Steelcase: la première entreprise à recevoir un certificat C2C

La société qui a lancé le tout premier produit Cradle to Cradle se nomme Steelcase.

Spécialiste

en décoration de bureau, elle a entrepris dès1993 de développer des matériaux qui ne perdaient aucune matière organique volatile. Aujourd’hui, la société possède 28 produits certifiés C2C dans sa gamme et n’utilise plus aucun matériau dangereux. L’entreprise planche également sur l’utilisation du PVC et fournit de nombreux efforts pour boucler intégralement le cycle technique de son offre…

La société Steelcase est très ambitieuse quand il s’agit d’entreprendre de manière durable. “Lors de la création de l’entreprise –il y a pratiquement cent ans– nous avons fait une promesse: celle de ne pas nuire à l’environnement” explique Serena Borghero, Manager Marketing et Durabilité pour le Benelux. “Depuis lors, nous avons tout mis en œuvre pour servir nos clients sans dégrader l’environnement. Il est donc tout à fait logique que nous répondions aux principes du C2C. Car d’après nous, entreprendre de manière durable est une condition absolue pour créer un commerce sain sur le long terme. Le Cradle to Cradle permet de réaliser cet objectif d’une manière très originale et respectueuse de l’environnement. Tenir compte de l’impact écologique d’un produit dès son développement constitue une nouvelle manière de penser et pousse donc automatiquement à innover. Et comme vous le savez, se renouveler est la meilleure manière de se démarquer de la concurrence et de générer plus d’affaires. Dans tous les cas, il s’agit d’un pari gagnant, car notre chiffre n’a cessé d’augmenter ces dernières années. De véritables ‘pionniers’… L’application du Cradle to Cradle chez Steelcase a commencé long-

temps avant qu’on ne parle de ce concept. Serena Borghero poursuit: “La base de notre activité commerciale, c’est que les gens fonctionnent mieux dans un environnement qui les inspire, les aide dans l’exécution de leurs tâches et –surtout– n’est pas nocif pour la santé. A partir de là, dans les années 1990, nous avons notamment cherché à améliorer la qualité de l’air. Nous nous sommes en particulier concentrés sur les matières organiques volatiles (MOV) qui se détachent à cause du revêtement de sol, du mobilier et des appareils, et à cause desquelles l’atmosphère des bureaux est parfois jusqu’à neuf fois plus polluée que l’air extérieur. Dans une première phase, nous nous sommes penchés sur les matières qui recouvraient les sièges : en 1995, Designtex, une filiale de Steelcase spécialisée dans la production de matériaux d’intérieur, a conclu un partenariat avec McDonough Braungart Design Chemistry –plus connus sous le nom de

Se Ser Sere eren ena e na Bo n B rrgh rg g gh hero ero: “Pour nous, entreprendre de manière durable est la condition absolue pour construire une activité commerciale saine à long terme. Le C2C permet de réaliser cet objectif d’une manière très originale et écologique.”

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“Nous appliquions le C2C avant même que l’on parle du concept”

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La toute dernière innovation de Steelcase qui s’aligne sur la philosophie C2C (et qui est en passe de recevoir sa certification) est le “32 Seconds”. Il s’agit d’une chaise de bureau ‘intelligente’ qui s’adapte à l’anatomie de l’utilisateur (quels que soient la longueur du corps ou le poids) grâce à un nouveau système de dossier. Le nom vient du fait que la chaise peut être assemblée en 32 secondes. Durant la phase de développement de “32 Seconds”, l’impact sur l’environnement a fait l’objet d’une étude en profondeur à chaque stade du cycle de vie du produit. Le résultat satisfait entièrement aux exigences du C2C. les chaises “32 Seconds” sont recyclables à 99% de leur poids. Elles peuvent, à l’aide d’un outillage simple, être démontée en près de six minutes. T UTILISATION

les matières de recouvrement utilisées ne rejattent aucun produit nocif durant l’utilisation de la chaise. Le rembourrage en polyester satisfait à la norme Öko-Tex 100 et le revêtement de laine porte la Fleur Européenne de l’écolabel. T TRANSPORT

la chaise est livrée dans le nouvel emballage “Eco-Smart +” extrêmement compact, ce qui permet non seulement un transport plus économique au niveau du matériel d’emballage, mais aussi une réduction de l’utilisation d’énergie et des émissions de CO2 au cours du transport (100.000 litres de carburant économisés et 345 tonnes de CO2 en moins). T MATÉRIAUX

“32 Seconds” contient 0% de produits nocifs. Le modèle avec le cadre en aluminium est composé à 26% de matériaux recyclés pour 20% dans le modèle avec cadre en plastique. L’emballage est composé à 100% de carton recyclé et la couche d’impression est à 30% en feuille de polyéthylène recyclé (LPDE). T PRODUC TION

l’unité de production dans la ville française de Sarrebourg est certifiée ISO14001. Le revêtement poudreux ne contient ni MOV ni métaux lourds. Les assemblages ne contiennent pas de colle et la mousse d’uréthane utilisée, y compris celle des manchettes des accoudoirs, est entièrement à base d’eau.

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T REBUT

MBDC– et a ainsi fondé le premier groupe produisant des matériaux d’intérieur durables. Les matières tissées sont conçues de manière à pouvoir s’enlever facilement et se réutiliser. Le surplus biodégradable du matériau est entre autres utilisé pour l’assise et comme protection pour les fraisiers. Nous nous sommes ensuite focalisés sur la réduction des MOV qui émanent des colles, peintures et enduits. Grâce à d’autres techniques de traitement –comme la mousse d’uréthane à base d’eau– nous avons réussi, ces cinq dernières années, à réduire de 95% les émanations de MOV. Nous avons également éliminé l’utilisation de matériaux nocifs, comme le mercure, le cadmium, le plomb, etc. Mais tous ces efforts n’étaient que la conséquence logique de notre recherche d’un environnement de travail sain pour nos clients. Ce n’est que peu après le changement de millénaire, quand nous avons lancé la R&D sur le développement de produits avec un cycle fermé, que nous avons pu mettre sur le marché de véritables produits C2C. Et nous avons réussi notre mission haut la main car, dès 2006, nous lancions la chaise Think, qui est recyclable à 99% et qui a été le premier produit au monde à recevoir le certificat C2C américain.” La tâche n’est pas aisée Entretemps, Steelcase dispose déjà de 28 produits certifiés C2C aux Etats-Unis, allant des chaises aux éléments de classement, en passant par les cloisons de séparation. Et toutes les solutions de

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Le dernier-né des objets C2C…


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Steelcase ont été développées et produites dans le monde entier en suivant la philosophie de C2C. Mais pour en arriver là aujourd’hui, il a fallu travailler dur. “Ce succès n’a pas été évident à construire, que du contraire,” évoque Serena Borghero. “Le plus grand problème réside dans le fait que tous les fournisseurs doivent jouer franc jeu sur leurs matériaux et leurs composants. L’expérience nous a prouvé qu’ils ne s’investissent totalement que si les deux parties en bénéficient. Nous avons résolu ce problème en ne travaillant qu’avec des fournisseurs qui ont la même philosophie concernant le développement et la pro-

duction de pièces et de produits. Bien entendu, tout le monde ne désire pas jouer le jeu : il y a ainsi des producteurs qui s’accrochent à leurs formules et qui ne veulent pas investir dans le développement d’alternatives écologiques. Il faut par conséquent chercher de nouveaux partenaires, une tâche qui prend beaucoup de temps. Aujourd’hui, nous poussons plus loin cette quête. Car plus il y a de défenseurs du principe C2C, plus grande sera l’offre en matière de matériaux et de composants innovateurs et écologiques. Et cela nous permettra

en retour de produire de manière encore plus écologique et innovante.” Et ce n’est pas encore fini Dans peu de temps, la société Steelcase va à nouveau franchir un cap car elle désire réduire de 25% son empreinte écologique avant 2012. “Nous utilisons d’ores et déjà en majorité des armoires et éléments de rangement en polypropylène –ou PP–, un plastique qui se recycle facilement sans nuire à l’environnement” poursuit Serena Borghero. “Mais l’objectif est, dans les quatre ans, à l’occasion de notre centième anniversaire, de renoncer complètement à l’utilisation du PVC. De plus, nous avons également conclu un accord de collaboration avec Van Gansewinkel aux Pays-Bas afin de pouvoir fermer complètement le cycle. Concrètement, nous allons signer une déclaration d’intention pour un projet-pilote grâce auquel notre mobilier sera rapatrié et recyclé. Nous voulons également continuer à développer le concept d’éco-leasing. Grâce à celui-ci, le client n’investit plus lui-même dans le mobilier, mais achète un nombre donné d’heures d’utilisation ou de stockage. Une fois le contrat expiré, nous reprenons les produits pour leur offrir une deuxième vie: c’est une manière idéale d’être certain que le cycle est effectivement fermé.” p Els Jonckheere

Qui est Steelcase ? Steelcase aide les particuliers et les entreprises du monde entier à travailler plus efficacement en leur apportant le savoir, les produits et les services permettant de créer un environnement de travail motivant grâce à l’intégration de l’architecture, du mobilier et de technologies. Depuis 1974, Steelcase est le leader mondial du marché dans le secteur des meubles de bureau. Sa gamme comprend des produits technologiques et d’architecture d’intérieur, des systèmes de mobilier, des chaises, des éclairages et des solutions d’archivage. Steelcase travaille avec plus de 600 revendeurs et possède 31 usines. Elle emploie près de 13.500 personnes qui ont réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 3,4 milliard de dollars US. www.steelcase.be

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Echange thermique par contact direct

Des rendements proches des 100% grâce au contact direct La production d’eau chaude par contact direct avec les fumées de combustion n’est pas un procédé neuf, il date d’une vingtaine d’années. Reste qu’il est encore méconnu malgré des performances exceptionnelles. C’est pourtant une technologie qui a fait ses preuves partout où la production d’eau chaude et la récupération de chaleur offrent d’importants potentiels. La très haute efficacité des systèmes de chauffage et récupérateurs de chaleur à contact direct tient à un principe simple: l’énergie des gaz de combustion est transférée directement de la flamme à l’eau. Ces systèmes sont ainsi très per-

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Le L e mod od dèl èle è le hy le hyb bri rid de e de de Soffame T S Te ecch chn hn h nolo olo olo olog og giie gie ies off of off ffre re les le ess av e avantage an an ant nttag ag age ge es du u cch cha ha h u uff ffe-e e eau eau uà co con ontac on t t diir ta ire r ctt et et de la ré réc ré éccup upé pé p éra rat ation at io io on nd de e cch haa-leur. Lor leu leur. Lor Lo orsqu sq qu ue le ue le dé débi ébit éb biit b d éner d’é énergie nergie gie ie ré récupérée écup cupéré éré érée ée est insuffisant, un brûleur modulant, situé à la partie inférieure de l’hybride, génère la quantité d’énergie qui manque pour finir de chauffer l’eau jusqu’à la température d’eau désirée.

tivement les émissions polluantes, en particulier les émissions de NOx. Nécessitant peu d’entretien ni de surveillance particulière, elle offre de plus des coûts de maintenance excessivement réduits par rapport à un système sous pression. Autant d’atouts qui conduisent à d’énormes économies de coûts dans les applications où l’eau chaude et la récupération de chaleur sont importantes.

formants pour chauffer l’eau. Les chaudières industrielles classiques tournent dans la plage des 60 à 75% de rendement énergétique. La technologie du contact direct peut quant à elle atteindre des rendements PCS de 100% tout en réduisant significa-

Des avantages en nombre La technologie est pourtant simple, même si elle fait l’objet de divers brevets. Dans un système à contact direct (voir schémas page suivante), l’eau froide est pulvérisée par le haut du générateur/récupérateur à travers duquel elle descend en cascade et se réchauffe en entrant directement en contact avec les produits de combustion qui remontent à contre-courant. Les produits de combustion sont générés par un brûleur installé en partie basse du générateur ou récupérés en sortie de cheminée d’une chaudière existante. L’échange de chaleur est aidé par des nodules en acier inoxydable qui ralentissent la descente de l’eau et la dispersent, de façon à accroître la surface de contact (entre le film d’eau qui se forme sur les nodules et les molécules de fumées des gaz) ce qui facilite le transfert d’énergie. Au fur et à mesure que les gaz mon-

tent, ils transfèrent quasi toute leur énergie sensible et latente à l’eau. A la sortie, la température des gaz est d’environ 5 à 8°C supérieure à celle de l’eau d’alimentation. L’eau chaude produite est ensuite pompée directement vers le procédé, ou est circulée à travers des échangeurs à plaques pour transférer l’énergie à d’autres fluides. Le bilan énergétique de ce type d’installation peut ainsi aller de 10 à 40%. Et offrir des rendements sur PCS de près de 100% quand la température d’entrée d’eau est inférieure à 15°C. En outre, le procédé de combustion à basse température résulte en de faibles émissions de NOx et CO, de niveau équivalent à un brûleur Low NOx. Et même s’il y a contact direct entre les vapeurs de gaz et l’eau, celle-ci est peu contaminée et considérée sur le plan bactériologique comme saine à la consommation humaine. Ce qui rend les systèmes à contact direct appropriés pour toutes les applications d’eau chaude domestiques et industrielles, en ce compris les procédés alimentaires. La technologie de contact direct élimine par ailleurs les problèmes d’encrassement des surfaces de transfert typiques aux échangeurs traditionnels. Avec comme résultat que l’efficacité demeure constante durant toute la vie de l’équipement. Il convient donc parfaitement à l’optimisation d’installations existantes

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Mise en œuvre chez Traitex En Belgique, un générateur de ce type a été installé en 2003 chez Traitex, une entreprise verviétoise spécialisée dans le lavage et le carbonisage de la laine et des fibres animales. A l’époque, Traitex a dû faire face à la fermeture d’Intervapeur, la centrale de chauffage urbain d’Electrabel qui l’approvisionnait pour ses besoins en vapeur. Contrainte d’investir dans de nouvelles installations, Traitex s’est tournée vers la technologie du contact direct sur suggestion de Distrigaz, une solution tout à fait inédite à l’époque. C’est le fabricant français Lacaze qui a réalisé l’installation, l’un des rares à proposer ces systèmes. Elle assure une production de 15 m3/h d’eau chaude à 70°C. La température de l’eau d’alimentation peut varier suivant la saison entre 5 et 10°C. La conception spécifique du générateur assure un écart maximum de température de 5°C entre l’eau d’alimentation et les fumées sortantes. Lorsque la température de l’eau d’entrée est favorable (10°C) cet écart peut être réduit à 1 seul degré, ce qui donne un rendement de combustion hors du commun de 100,5%. Le passage de la vapeur à une solution par contact direct s’est avéré de fait très rentable, malgré les adaptations importantes rendues nécessaires pour les procédés de séchage. Distrigaz a ainsi calculé que le gain énergétique par rapport à un circuit vapeur centralisé avec chaudière gaz est de 29,5% (2.000 MWh/an) et de 18,7%

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comme à de nouvelles installations. Son coût élevé dû à une construction en acier inoxydable restreint néanmoins son usage aux applications gourmandes en eau chaude, avec une demande continue. Il offre par contre des temps de retour inférieurs à deux ans, grâce aux performances énergétiques et aux faibles coûts de maintenance. Les applications les plus appropriées incluent les laveries, l’industrie alimentaire, les procédés de lavage et industriels. Le système peut être utilisé en boucle fermée pour des applications comme le chauffage d’espaces.

Le ep plu l s gran lu ran and and récu réc é upér écu pé pé érat aate t urr à cont ont on ntac aact ct d ct diirec irec re ecct jama ect ama am mais is réa ré éalis éa lliiis sé paarr Sof ofame am me eT Te echnolo log giie gie es et inst nstall allé é dans dan aans n le le te te ter erminal min m naall GNL GN NL N Ld de e Mo Montoir Monto ntoir nto ir de de Bre Bre etag tagne ag gn ne e (Franc (F (Fr France) an an anc ncce) e). ). La La ch chale chale aleu leur ur réc rré éc cupé up u pé p érée ré é d ée de e la la tu turbi rb bine bin bi ne à gaazz (co (cogén cco ogén gén é éra éra ér ratio tio i n) n) ser sse ert ert à chau chau hauffe ffer ffe f r l’ea eau des ea dess ba bas bas assin iin n nss de vaapo ap poris riis i ati attiio on n du du gaz gaaz g az natur turel tu el liquéfi liliquéfi liq uéfié. é éfié. é. La L qu quant nttité n ité té d’ d’éne ne errg rgi gie ré éccupé écu pér pér érée ée att ttein eiin e nt 60 0 MW MW. Il pe perm rme rm me m et d d’év ’é ’év évvite iterr l’ém l’ém émiss émiss ém ssion io ion on de e 40 40.00 .000 00 0 00 tonn n es es de de CO CO2/an /an.

par rapport à une chaudière à eau chaude classique (sur base d’un rendement de 90% de la chaudière à eau chaude). Traduite en tonnes CO2, l’économie est de 375 tonnes par an pour le circuit vapeur et 206 tonnes par an pour une chaudière à eau chaude classique. Face à de telles performances, la question est de savoir pourquoi la technologie ne se répand-elle pas plus vite? Elle tient en un mot: la méconnaissance du procédé. Le Québec à la pointe de la technologie Celui-ci n’est pourtant pas neuf. Dans les années 80, on trouvait quelques constructeurs de tels générateurs et récupérateurs, mais ils n’ont jamais percé. Les surcoûts liés à l’acier inoxydable étaient souvent dissuasifs dans un contexte où l’économie en carburant n’avait pas le même impact. C’est ainsi que Sofame Technologies, une entreprise basée à Montréal (Québec) et l’un des rares fabricants de systèmes à contact direct était au bord de la faillite voici quelques années encore. Mais depuis la situation a bien

changée et Sofame Technologies fait aujourd’hui partie des valeurs qui montent sur la bourse de croissance TSX (technologies propres) de Toronto. Et l’entreprise engrange les réalisations. L’aéroport international Trudeau de Montréal, celui d’Edmonton, l’Université Concordia de Montréal ou encore celle de Toronto sont parmi les grandes infrastructures tertiaires canadiennes à s’être tournées vers la technologie Sofame pour son efficacité à réduire les émissions CO2. L’aéroport de Montréal est ainsi parvenu à réduire sa facture de gaz de 56% alors que dans le même temps de nouveaux terminaux ont été mis en service. Un grand nombre d’hôpitaux de tailles diverses se sont également équipés. L’hôpital Sacré Cœur de Montréal par exemple utilise à la fois un chauffe-eau et un récupérateur à contact direct de Sofame. Deux chaudières de 6 MW chacune alimentent les besoins en vapeur de cet hôpital de 700 lits. Les gaz de combustion sortent à une température de 190-230°C, indiquant une efficacité thermique déjà performante de 80%. Cellen°10 energymag | 31

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ci est portée à près de 95% par l’adjonction du récupérateur à contact direct qui valorise quasi toute l’énergie résiduelle des gaz de combustion. L’eau chauffée par le procédé est stockée dans un réservoir de 20.000 litres à la base de l’économiseur et procure l’énergie pour chauffer l’eau de préparation des chaudières, l’air frais de ventilation de la chaufferie, préchauffer l’eau chaude sanitaire et procurer de l’eau chaude à la laverie de l’hôpital. L’installation est complétée par un chauffe-eau à contact direct de 6MW qui approvisionne de son côté le réseau de chauffage des bâtiments (70.000 m2) sans assistance des chaudières vapeur. Son efficacité saisonnière atteint les 95%. Un bel exemple d’optimisation globale d’une installation qui lui a valu une distinction de l’ASHRAE pour son caractère innovant.

60 MW de chaleur récupérée sur une turbine à gaz L’industrie n’est pas en reste. Dans l’extraction minière par exemple, l’intensité énergétique est très élevée, notamment dans le processus de concentration par flottation différentielle, procédé permettant de séparer les parties valorisables des minerais. La flottation est réalisée dans des cuves dans lesquelles le minerai broyé est mis en suspension aqueuse. Une phase de séchage permet ensuite d’isoler les concentrés de métaux. Dans sa mine de zinc à ciel ouvert du Nouveau-Brunswick, le Groupe Suisse Xastra a installé l’an dernier des récupérateurs Sofame sur trois de ses sécheurs. Un audit énergétique a en effet mis en évidence que le processus de séchage générait des pertes de chaleur de 30 GJ/heure alors que près de 70 GJ/heure étaient nécessaires en hiver pour chauffer

les boues de concentration. La solution mise en œuvre permet ainsi de récupérer 95% de la chaleur disponible qui est réutilisée dans le procédé de flottation pour réduire la quantité de vapeur requise au chauffage des boues. Au terme d’un an de mise en service, le projet a permis de réduire les besoins vapeur de 16% générant une économie en combustible de 850.000 $. Il faut encore ajouter une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 2,2% (-5.500 tonnes CO2) et des particules contaminées de 25% au niveau des sécheurs. Les résultats sont si concluants que l’entreprise équipera l’ensemble de ses sécheurs cette année. Citons aussi la plus grosse unité jamais conçue par Sofame qui équipe depuis 2001 le terminal gazier Montoir-de-Bretagne en France. Propriété de Gaz de France, c’est l’un des plus grands terminaux de regazéification de gaz naturel liquéfié en

Quatre applications types

1

Le chauffage à contact direct

Le système de chauffage à contact direct comporte un étage de Entrée d’eau froide 1°C Cheminée nodules permettant de transférer efficacement Nodules de transfert de chaleur l’énergie des produits de combustion à l’eau qui doit être chauffée. Le débit d’eau circule à contre-courant et est en contact direct avec les produits de Ventilateur d’air combustion. L’eau, dans de combustion 20°C sa chute, extrait l’énerSortie d’eau chaude 85°C gie des gaz chauds qui Brûleur au gaz naturel circulent vers le haut. L’eau chauffée est enRéserve d’eau chaude Chauffe-eau Pompe de transfert suite pompée directement vers le procédé, ou est circulée à travers des échangeurs à plaques pour transférer l’énergie à d’autres fluides. À la sortie, la température des gaz est d’environ 5 à 8 °C supérieure à celle de l’eau d’alimentation. Fumée froide 6°C

2

Le récupérateur de chaleur à contact direct

Dans cette configuration, les gaz de combustion proviennent d’une chaudière ou d’une centrale de cogénération existante. La température de l’eau chauffée peut atteindre 60°C. Il s’agit d’une application classique de récupération de chaleur sur les effluents Fumée froide 6°C thermiques. L’une des réalisations Entrée d’eau Cheminée froide 1°C les plus imposantes est celle du Nodules terminal gazier Montoir de Bretade transfert de chaleur gne en France (GDF). Installé sur Sortie d’eau une turbine à gaz (cochaude 60°C génération), un récupéVentilateur rateur à contact direct de tirage Cheminée de la chaudière 250°C extrait la chaleur des gaz pour chauffer les bassins de vaporisation du gaz naturel liquéfié. Pompe de transfert Economiseur à La quantité d’énergie Chaudière contact direct récupérée atteint les 60 MW.

Avantages

Avantages

E Très haute efficacité; jusqu’à 100% (sur PCS) E Production instantanée d’eau chaude E Réduction des émissions polluantes à l’atmosphère E Diminution des frais d’exploitation (entretien réduit et aucune

E Très haute efficacité; jusqu’à 100% (sur PCS) (amélioration de

surveillance requise)

Applications Chauffage d’eau chaude domestique, de locaux, d’air frais (boucle de glycol), de l’eau d’appoint des chaudières à vapeur et d’eau de procédé.

l’efficacité saisonnière des chaudières de plus de 20%). E Réduction des émissions polluantes à l’atmosphère E Diminution des frais d’exploitation (entretien réduit et aucune

surveillance requise) E Réduction de capacité de chaudières existantes.

Applications Préchauffage de l’eau domestique, d’air frais (boucle de glycol), de l’eau d’appoint des chaudières à vapeur et d’eau de procédé.

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Europe. Installé sur une turbine à gaz (cogénération), un récupérateur à contact direct extrait la chaleur des gaz pour chauffer les bassins de vaporisation du gaz naturel liquéfié. La quantité d’énergie récupérée atteint les 60 MW. Ces deux projets démontrent que la technologie à contact direct n’est pas limitée en capacité. Au total, ce sont plus de 350 sites qui sont actuellement équipés de générateurs et récupérateurs Sofame. Sofame s’implante en Europe L’entreprise entend aujourd’hui s’implanter rapidement en Europe, notamment en Belgique. Contacté par nos soins, John Gocek, président-directeur général de Sofame Technologies Inc nous confirme avoir signé un contrat de distribution exclusif avec la société française Soffimat. “Etant donné le prix actuel du pétrole, précise John Gocek, l’importance et la croissance

3

du potentiel du marché de la récupération de chaleur ne font aucun doute, en particulier en Europe. Sofame prévoit agrandir ses services des ventes et d’ingénierie pour répondre au volume croissant de soumissions découlant de notre nouvelle association avec Soffimat”. Etablie à Paris, Soffimat n’est pas un premier venu dans le domaine de l’énergie. L’entreprise exerce ses activités dans les secteurs de la conversion de l’énergie et la production d’électricité depuis 20 ans. Soffimat a participé, à titre d’entrepreneur, d’exploitant, de propriétaire ou de promoteur, à des projets de génération d’électricité totalisant plus de 1,4 gigawatts de capacité installée faisant appel à diverses technologies, comme des turbines à gaz, des moteurs à essence ou diesel, des microturbines et des systèmes de récupération de l’énergie thermique. Soffimat a récemment axé sa stratégie vers l’éner-

Le chauffe-eau hybride à récupération

Le cchauffe-eau hybride à récupération combine les avantages du ratio Entrée d’eau chauffe-eau à contact direct et du chau froide 1°C Cheminée récu récupérateur d’effluents thermiques ques. Ce type de chauffe-eau permet de réduire à la fois les coûts Sortie d’eau et l’l’encombrement. Il fonctionne Cheminée de la chaude 85°C chaudière 250°C simplement: l’eau est chauffée par simp contact direct en traversant des cont zones de garnissage réchaufBrûleur au gaz naturel fées tant par les effluents thermiques ascendants de Pompe de transfert la chaudière que par les gaz Chaudière Chauffe-eau hybride à récupération chauds provenant de la combustion du gaz naturel. Fumée froide 6°C

Avantages E Très haute efficacité; jusqu’à 100% (sur PCS) E Production instantanée d’eau chaude E Réduction des émissions polluantes à l’atmosphère E Diminution des frais d’exploitation (entretien réduit et aucune

surveillance requise) E Réduction de capacité d’installation de chaudières.

Applications Chauffage d’eau chaude domestique, d’air frais (boucle de glycol), de l’eau d’appoint des chaudières à vapeur, d’eau chaude de procédé et réseaux de chauffage.

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écouvrir uvelable le gie renouvelable ENERGY FO sur RUM 2008 ceptts et les concepts La technolo novateurs g ie Sofame sera Energy Foru présentée m visant à sur tié l’an dern les 13 et 14 novemb re prochain ie r so u s la s. Iniseer économiser d é l’événemen nomination dans une fo t prend cette année so Innova Energy, l ’ éner giee rm n d’exposants ule renforcée. Au men envol définitif ree et à réduire u: une soix représenta antaine tifs du marc technologie hé d m-la consoms niveau: ind énergétiques et trois es services et ustri foru mation dee de 80 confé e, bâtiment, pouvoir ms de haut s rences sero co m b u s t i nt program publics. Plus desquels le m ées au rang s représen ntre-bles. L’entretants Technologie de Sofame prise prévoitt s. www.energ y-forum.be d’installerr cettee année dess récupérateurs de chaleur à contactt direct de Sofame dans plusieurs des centrales électriques qu’elle possède ou exploite sous contrat en France. Ces sites serviront à la démonstration pour les clients européens. Mais des contacts sont d’ores et déjà initiés avec des bureaux ingénierie en Belgique. A suivre donc!

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p AlfonsVanbergen

Le chauffe-eau ultra-haute efficacité

Un des problèmes inhérents au Cheminée contact direct est la limite de Air saturé rendement attribuable à la température du liquide d’entrée. Puisque la température la plus basse pouvant être atteinte par les gaz d’échappeAir de combustion ment est celle du liquide (20°C) d’entrée, une température élevée du liquide Brûleur Ventilateur au gaz naturel d’entrée se traduit par Evaporateur Chauffe-eau Condenseur un rendement plus faible. Pour les applications à boucle ferBoucle de mée à température de retour chauffage élevée, on se tournera alors Echangeur de chaleur vers le chauffe-eau ultrahaute efficacité de Sofame. Le constructeur a en effet trouvé une solution en concevant une pompe à vapeur d’eau capable de maintenir un rendement constant dans diverses températures de fonctionnement. La pompe à vapeur est formée d’un condenseur et d’un évaporateur, tous deux se présentant sous la forme d’une colonne verticale par contact direct comme le chauffe-eau. Le condenseur retire la chaleur sensible et latente des gaz d’échappement chauds et l’envoie à l’évaporateur qui la retourne au système en préchauffant et humidifiant l’air de combustion.

Avantages E Efficacité augmentée par rapport à un chauffe-eau à contact direct standard. E Production instantanée d’eau chaude E Réduction des émissions polluantes à l’atmosphère E Diminution des frais d’exploitation (entretien réduit et aucune surveillance requise)

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Une centrale hydro de 4MW

Quand Suez joue avec les extrêmes!

©PHOTOPQR/SUD OUEST/Bonnaud Guillaume

RENEWABLE | HYDROELECTRIC

Au cœur des Pyrénées, le groupe franco-belge Suez a construit une centrale hydroélectrique cachée à 700 mètres sous terre dans le plus grand gouffre d’Europe. Une cathédrale dédiée aux mégawatts verts. La Shem en Bref Filiale à 100% d’Electrabel depuis 2006, la Société HydroElectrique du Midi (SHEM) détient 54 barrages répartis sur toute la longueur du massif pyrénéen, versant français, pour une puissance totale de 778 MW et une production en 2007 de 1.828 GWh. Elle forme avec la Compagnie Nationale du Rhône (sud-est de la France) le bras armé du groupe Suez en électricité renouvelable d’origine hydraulique dont la production est commercialisée sous la marque Alp’Energy. Elles ont déjà comme client en Belgique des sociétés comme Delhaize et Volvo Gand.

A Saint-Engrâce, au cœur du pays basque français, le groupe Suez puise l’électricité dans les entrailles de la terre. Un pari un peu fou lié à l’aménagement du gouffre de La Pierre Saint Martin, à mi-chemin entre la ville de Pau et la frontière espagnole. L’idée était simple. Sa réalisation fut un peu plus compliquée. Un barrage 700 mètres sous terre Au cœur du gouffre, des spéléologues ont découvert, au début des années 50, une cavité de 190 mètres de haut et de 250 mètres de large. La plus grande d’Europe. Isolée à 700 mètres de profondeur sous le massif de La Pierre Saint Martin, la salle La Verna est traversée de part en part par la rivière Saint-Vincent. Un torrent insoupçonné mais qui avait donné des idées à une équipe dirigée par Haroun Tazieff, qui l’avait explorée en 1953. Pourquoi ne pas tirer profi t de ce flot pour créer une centrale hydroélectrique? EDF a pris l’idée au mot et a commencé à creuser une galerie d’accès pour rallier la salle La Verna. Mais après

quatre ans d’efforts et 700 mètres de conduite taillés dans la roche, le groupe énergétique français referme le dossier. La production n’aurait pas été assez importante. “A l’époque, EDF réfléchissait surtout en terme de grand barrages capables de fournir plusieurs centaines de MW, or ce projet ne permettait pas un tel niveau”, explique Serge Clerens, le directeur de production de la Société HydroElectrique du Midi, la filiale de Suez qui exploite les barrages pyrénéens.

Electrabel prend le relais On a donc roulé la pierre sur l’entrée de la grotte pour un demi-siècle. Jusqu’à ce que Suez reprenne le projet à son compte en 2006. Le contexte a changé. Les mouvements écologistes se battent pour qu’on n’inonde plus les terres et les habitants du sud-ouest refusent de voir encore des grands barrages défigurer le paysage. La Shem est à la recherche du moindre mégawatt vert et le site de La Verna peut lui en procurer. Une retenue d’eau est donc construite en amont de la salle pour détourner une partie du lit de la rivière vers un circuit alternatif constitué de 3,5 kilomètres de tuyaux qui permettent à l’eau de quitter la grotte et de venir faire actionner une turbine plus bas dans la vallée. “Il existe un dénivelé de 500 mètres entre la prise d’eau et la centrale qui donne à l’eau la puissance pour actionner la turbine”, schématise Serge Clerens. Un petit pas pour Suez La nouvelle centrale de la Verna a été inaugurée le 2 avril dernier. Elle développe une puissance de 4 MW, soit de quoi alimenter 10.000 familles. “C’est un pas de plus par rapport aux ambitions de Suez de disposer d’un potentiel de 18% de capacité de production d’énergie renouvelable en Europe dès 2009”, pointe Xavier Votron, directeur de ce secteur au sein du groupe. C’est aussi, admettons-le, un bel outil de marketing vers le grand public puisque La Verna sera, dès l’an prochain, un site touristique. Et tout ça pour un investissement global finalement assez faible pour l’électricien franco-belge de 6 millions €. p François Villers

Les micro-barrages ont la cote Mais quelle mouche a donc piqué le groupe Suez? Plus habitué des projets titanesques à l’image de la future centrale hydroélectrique de 3.000 MW qu’il construira au Brésil, voilà que Suez fait dans le “petit” avec les 4MW de La Verna. C’est que les conditions environnementales plus strictes en Europe rendent le développement des énergies renouvelables plus difficile. Du coup, tout projet est bon à prendre. Mais pas forcément moins rentable. L’investissement de La Verna tourne autour des 6 millions ¤, soit le coût d’une turbine éolienne de puissance équivalente. Mais pour une centrale capable de tourner 365 jours par an, et dont la production est fort utile en période d’ultra-pointe, là où l’électricité est au prix fort. Plus près de chez nous, une nouvelle centrale hydroélectrique vient également d’être inaugurée à Couvin, dans le sud du pays. Avec ses 100 kW de capacité installée (!) et ses 400.000 kWh annuels, la micro-centrale Saint-Roch pourra alimenter une centaine de ménages.

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AB INITIO Graphic Design - (1) Photo : www.eolienne-europe.org - (2) Auteur de projet : Dethier & associès, Liège - Photo : www.sergebrison.com - (3) DIRCOM - (4) SUN TECHNICS - Editeur responsable: E. Bertrand, 117 Av. G. Bovesse, 5100 Namur

efficacité énergétique

construction durable

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