agir››››››››››› LE MAGAZINE DE L‘ENTRAIDE PROTESTANTE SUISSE | Nº 10 | 2 / MAI 2013
L’égalité des chances, un investissement gagnant
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
Guidée par sa nouvelle stratégie 2013–2017, l’EPER poursuit son activité de terrain en Suisse et à l’étranger avec une volonté de s’engager de manière plus soutenue dans le plaidoyer politique et social. Ancré dans notre expérience de terrain, le plaidoyer a pour but principal de renforcer l’impact de nos projets. Ce numéro d’agir illustre bien cette dimension de notre engagement.
En effet, l’EPER lance en mai une campagne nationale consacrée au travail en Suisse. Avec pour slogan « l’égalité des chances, un investissement gagnant », cette action de plaidoyer met le doigt sur les difficultés d’accès au monde du travail et suggère des pistes pour promouvoir l’égalité des chances. Ancré dans notre expérience de terrain ? Assurément, comme l’attestent par exemple nos projets de coaching des jeunes en recherche d’emploi (Kick) ou de soutien de personnes sans emploi dans leur réinsertion (TG Job) ou encore notre projet Mentorat Emploi Migration (MEM) en Suisse romande. Le témoignage d’une enseignante brésilienne qui a trouvé un travail qualifié grâce à l’aide de sa mentore illustre les gains d’une intégration réussie pour la société. Cette campagne de sensibilisation renforcera-t-elle l’impact de nos projets ? Oui : elle vise particulièrement les employeurs, acteurs évidemment incontournables pour favoriser l’accès au marché du travail des personnes impliquées dans nos projets. Dans ce sens, l’EPER rendra public un dossier mettant en valeur les exemples de bonnes pratiques de douze entreprises suisses, principalement des PME, qui montrent que la promotion de l’égalité n’est pas uniquement une obligation légale ou un devoir, mais également une chance à saisir. Engagement politique et social encore : l’EPER recommande, comme la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, d’accepter le 9 juin prochain le référendum contre les modifications urgentes de la Loi sur l’asile. Loin des discours alarmistes ou xénophobes le plus souvent en décalage complet avec la réalité, l’EPER fonde cette recommandation sur son expérience quotidienne avec des réfugiés et demandeurs d’asile : le principal résultat des incessants durcissements de la loi sur l’asile depuis dix ans en Suisse a été de fragiliser les personnes en quête de protection, de porter souvent atteinte à leur dignité et, partant, de miner des valeurs fondatrices de notre société. Arguments, témoignages en mots et en images dans ce numéro, à la veille de la Journée des réfugiés. Merci de votre précieux soutien et excellente lecture.
Philippe Bovey
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Editorial Aide humanitaire Soutien aux réfugiés syriens
Les invités
Alberto Campi et
Cristina Del Biaggio
5 L’égalité des chances profite
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Egalité des chances
7 Les exemples des projets TV Job
et Kick
8 Interview d’une bénéficiaire du
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à tous
projet Mentorat Emploi migration
Journée des réfugiés
L’EPER soutient le référendum
contre les modifications urgentes
de la Loi sur l’asile
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Plaidoyer
« Aucune employée de maison
n’est illégale »
Développement des communautés rurales
Pêche miraculeuse au Soudan
du Sud
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Actuel et agenda Couverture Photo : EPER / Yves Leresche Grâce au programme de mentorat de l’EPER, Léa Ferreira Granchamp a trouvé un emploi qui correspond à ses compétences en Suisse. IMPRESSUM AGIR N°10, MAI 2013 ISSN 2235-0772 Paraît 4 fois par an Editeur : Entraide Protestante Suisse (EPER) Responsable de la publication : Olivier Graz Rédaction : Joëlle Herren Laufer Traduction : Sandra Först Impression : Jordi, Belp Tirage : 16 500 exemplaires Abonnement : CHF 10, déduits une fois par an de vos dons Adresse : Bd de Grancy 17 bis, case postale 536, 1001 Lausanne Téléphone : 021 613 40 70 Fax : 021 617 26 26 Internet : www.eper.ch E-mail : info@eper.ch CP pour les dons : 10-1390-5
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Plaidoyer pour un engagement politique et social
Photo : EPER
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AIDE HUMANITAIRE
Soutien aux réfugiés syriens En Syrie, le gouvernement et l’opposition s’affrontent depuis plus de deux ans. Le pays est déchiré par ce conflit dont on n’entrevoit pas la fin et la situation des civils s’aggrave de jour en jour. En collaboration avec Caritas, l’EPER apporte une aide dans trois camps de réfugiés en Turquie.
Photo : EPER
JUDITH MACCHI
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a Syrie a déplore 70 000 victimes depuis le début du conflit et plus de 4 millions de personnes ont urgemment besoin d’une aide humanitaire selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH). Toutefois l’accès des œuvres d’entraide au pays est limité et le financement des actions n’est pas garanti. Plus d’un million de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont déjà fui le pays pour trouver refuge dans les Etats avoisinants : Jordanie, Liban, Irak, Egypte, Turquie. Et ce chiffre augmente quotidiennement. Chaque jour, plus de 8000 personnes traversent la frontière syrienne. De l’autre côté, les autorités et les familles, qui ont accueilli les réfugiés à bras ouvert, arrivent de plus en plus à leurs limites. Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s’est récemment rendu au Liban. Il estime que le nombre de réfugiés va encore doubler voire tripler d’ici à la fin de l’année et craint que la Syrie ne se dirige droit vers un véritable désastre humanitaire. En collaboration avec son organisation partenaire Anatolian Development Foundation (ADF) et Caritas Suisse, l’EPER est active dans trois camps de réfugiés de la province turque de Gaziantep, à la frontière syrienne. Les projets sont soutenus par la Chaîne du Bonheur. Dans les trois camps de Karkamis, Nizip et Islahiye, 26 500 personnes reçoivent des biens de première nécessité. Notre partenaire local a assuré la distribution de 5250 kits comprenant des articles d’hygiène et de ménage tels que savon, poudre à lessive, shampoing, rasoirs et serviettes hygiéniques. La quatrième et pour le moment dernière distribution a été effectuée entre le 9 et le 11 avril 2013. Au cours de cette dernière, 4000 couches supplémentaires pour enfants et adultes alités ont été distribuées. « 20 pourcent des réfugiés dans les camps sont des enfants de
moins de 4 ans. Le besoin en couches est donc énorme ! », précise Anna Schelnberger, responsable de l’aide humanitaire de l’EPER, qui a visité les trois camps de réfugiés lors de la distribution. « L’engagement bénévole des réfugiés syriens dans les camps m’a impressionné », poursuit-elle. En effet, des enseignants syriens donnent des cours aux enfants, des docteurs syriens s’occupent de patients et d’autres travaillent comme interprètes et soutiennent ainsi l’administration du camp. « Lorsque le responsable de l’infirmerie d’un camp a voulu dédommager un médecin syrien pour son travail, celui-ci a refusé car pour lui il allait de soi qu’il vienne en aide à ses compatriotes ». En avril, l’EPER s’est rendue en mission d’investigation au Liban. En collaboration avec l’organisation britannique Christian Aid et l’association libanaise Najdeh, elle envisage d’y apporter une aide en faveur des réfugiés palestiniens ayant fui la Syrie. En effet, les Palestiniens qui vivaient jusque-là dans des camps de réfugiés en Syrie sont eux aussi touchés par le conflit. Ils fuient maintenant vers le Liban et la Jordanie, où ils deviennent réfugiés pour la deuxième fois. Contrairement aux Syriens, qui trouvent refuge dans des familles d’accueil, les Palestiniens sont, au Liban, abrités dans les camps de réfugiés qui arrivaient déjà à saturation avant l’arrivée de ce nouveau flux de personnes. Il y manque de tout : abris, nourriture, infrastructures. A cela s’ajoute que ces Palestiniens nouvellement arrivés de Syrie doivent se ré-enregistrer chaque mois et que la procédure coûte USD 33 – un montant dont la plupart des familles ne disposent pas. Avec ses partenaires, l’EPER est actuellement en train de réfléchir à la meilleure manière de soutenir ces familles palestiniennes. De plus amples informations sont disponibles sur www.eper.ch. Compte pour les dons : CP 10-1390-5, mention « Syrie »
LES INVITÉS
Alberto Campi et Cristina Del Biaggio dévoilent les coulisses de la migration en Grèce Pendant l’été 2012, Alberto Campi et Cristina Del Biaggio ont retracé le voyage de migrants traversant la frontière terrestre gréco-turque pour rejoindre Athènes puis Patras. Ce photographe et cette géographe ont été jusqu’au « triangle de Karagaac 1 » traversé par des milliers de migrants venant surtout d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh. A la recherche d’une terre d’accueil, ces personnes sont traitées comme des pestiférés par les autorités et la population grecques. Un mur de 3m de haut en grillages vient d’être érigé sur 12,5 km pour les dissuader, mais en réalité ceci n’a fait que déplacer le problème. Les migrants passent désormais par la Mer Egée… Témoignage déroutant au travers d’une sélection d’images qui ont gagné le Swiss Photo Award 2012 dans la catégorie « reportage ». Retour à la case départ PHOTOS : ALBERTO CAMPI / TEXTES : CRISTINA DEL BIAGGIO
A la question « Qu’est-ce que tu as dans ta poche ? », un jeune maghrébin nous montre cinq pions de l’édition Deluxe du jeu de société Monopoly. Il s’agit là d’une métaphore parfaite du parcours circulaire, perpétuel et épuisant, que les migrants doivent affronter en Europe. Pays après pays, jour après jour, frontière après frontière. Un peu d’espoir et le transfert d’argent, via Western Union, à la famille au pays. Puis une incarcération, une expulsion. Le cercle se ferme. Retour à la case départ. Patras, 2012.
Un semblant de vie normale
Abris de fortune Un mineur originaire du Maroc dort en compagnie de sa peluche sous un pont près de la gare centrale d’Athènes. Les migrants les moins bien lotis cherchent refuge dans des abris improvisés. Pendant la journée, ils essaient de se reposer, somnolent. La nuit, par contre, ils doivent rester réveillés, en alerte afin de fuir les éventuelles attaques des escadrons néo-nazis d’Aube dorée ou des descentes policières. Les conditions d’hygiène sont mauvaises et la possibilité de sortir de cette condition infimes. Athènes, 2012. Le « triangle de Karagaac » est un territoire attribué à la Grèce en 1923 par le traité de Lausanne et permettant au fleuve grec Evros de faire une incursion dans le territoire turc. 1
Un groupe d’Afghans vit dans une maison qui avait été expropriée pour la construction du Pont Rion-Antirion, unissant le Péloponnèse à la Grèce continentale. Sur les murs de cette demeure tranquille des dessins et des graffitis témoignent du passage de dizaines de migrants. Tous attendent une opportunité de se faufiler dans un camion prêt à s’embarquer pour l’Italie. Dans cette maison, pendant la journée, la vie se poursuit de façon presque normale. Le groupe, composé d’une vingtaine de personnes, est bien organisé, chacun rempli une tâche, selon ses possibilités et compétences. Patras, 2012. Pour consulter toutes les photos et articles : www.lacite.info/swiss-photo-award/ Les photos du Swiss Photo Award seront exposées à Zurich du 17 mai au 2 juin, www.ewzselection.ch
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EGALITÉ DES CHANCES
L’égalité des chances profite à tous « L’égalité des chances, un investissement gagnant » – tel est le slogan de la campagne nationale menée par l’EPER du 21 au 31 mai 2013 en faveur d’une plus grande égalité des chances sur le marché du travail suisse. Un appel qui s’adresse à nous tous, mais plus particulièrement à l’économie. CORINA BOSSHARD
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es projets d’intégration professionnelle de l’EPER en Suisse visent à améliorer les chances d’accès à la formation et à l’emploi des personnes socialement défavorisées. Une initiative de la société civile qui ne suffit pourtant pas : pour éliminer les obstacles structurels et ouvrir la voie de l’égalité des chances dans le monde du travail, il est nécessaire que la politique et l’économie s’impliquent. La campagne 2013 « L’égalité des chances, un investissement gagnant » de l’EPER s’adresse tout particulièrement aux employeurs suisses. Au travers d’exemples de bonnes pratiques, elle veut sensibiliser les entreprises suisses à la thématique de l’égalité des chances et aux pratiques et mesures existantes de promotion de cette dernière, et montrer que l’égalité des chances peut également profiter aux entreprises. Parallèlement, une campagne d’affichage nationale doit attirer l’attention d’un plus large public.
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Promouvoir l’égalité des chances : devoir et opportunité Toutes les personnes devraient avoir les mêmes chances dans la vie et personne ne devrait être désavantagé en raison de son origine sociale, de son sexe, de sa religion ou de son âge. Ce principe est ancré juridiquement dans la Constitution fédérale (obligation d’égalité de traitement et interdiction de discrimination) de même que dans des prescriptions des droits humains. Certaines entreprises ont également édicté des prescriptions sur leur propre initiative. De fait, garantir l’égalité des chances dans le monde du travail relève de la responsabilité sociale de toute entreprise pour renforcer la stabilité de la place économique suisse et favoriser la cohésion et la paix sociales. Ce que l’on oublie souvent de souligner, c’est que la promotion de l’égalité des chances n’est pas uniquement un devoir, mais également une opportunité pour les entreprises. Une politique d’entreprise fondée sur l’égalité des chances et la non-discrimination présente des avantages notables
d’un point de vue économique : augmentation de la motivation et des prestations du personnel, amélioration de la qualité du service et de l’image de l’entreprise, de la satisfaction et de la fidélité de la clientèle, et par conséquent hausse du résultat financier général. Pour gérer à l’avenir l’évolution démographique et le besoin croissant en personnel qualifié, une politique d’entreprise favorisant la diversité du personnel, les talents et le potentiel de tous les collaborateurs est aujourd’hui déjà un investissement gagnant.
EGALITÉ DES CHANCES
Photo : Keystone / Laurent Gillieron
Des entreprises exemplaires partagent leur expérience Dans le cadre de sa campagne, l’EPER met en avant des entreprises qui s’engagent aujourd’hui déjà de manière créative en faveur de l’égalité des chances. Dans ce but, l’œuvre d’entraide a publié un dossier intitulé « L’égalité des chances, un investissement gagnant – bonnes pratiques d’entreprises suisses », qui dresse le portrait de 12 entreprises implantées dans diverses régions de Suisse qui appliquent une politique exemplaire de promotion de l’égalité des chances. Parmi elles, des géants comme la Poste, mais également de nombreuses PME actives dans divers secteurs : construction, électronique, mode, hôtellerie ou encore nettoyage. L’étude donne la parole à de nombreux chefs d’entreprise et employés et présente de manière claire et synthétique des mesures envisageables pour appliquer concrètement l’égalité des chances. Parmi celles-ci figurent des mesures garantissant l’égalité d’accès aux places de travail et d’apprentissage au sein de l’entreprise, comme les annonces d’emploi spécifiques à des groupes cibles ou encore le recours aux œuvres d’entraide ou aux Offices de placement régionaux (ORP) pour pourvoir des postes à bas seuil. Les activités de promotion du personnel sont elles aussi essentielles : offre de cours de langue ou aide à la reconnaissance des diplômes étrangers.
Enfin, il est également important de promouvoir d’une manière générale une politique d’entreprise placée sous le signe de la diversité et de la nondiscrimination, par exemple au travers de lignes directrices claires relatives à l’égalité de traitement ou de l’organisation, pour les cadres, les responsables du personnel et les formateurs d’apprentis, de formations sur la diversité et la non-discrimination. Favoriser les discussions et les échanges Soutenue par l’Union patronale suisse, le dossier sera présenté le 21 mai 2013 dans le cadre d’une conférence de presse à Berne. En collaboration avec les chambres de commerce et les unions des arts et métiers régionales, le Secrétariat romand et les cinq Bureaux régionaux de l’EPER (Lausanne, Zurich/ Schaffhouse, Berne, Bâle, Suisse orientale, Argovie/ Soleure) organiseront en outre diverses manifestations à l’intention des entreprises – l’occasion pour les acteurs de l’étude de présenter leurs bonnes pratiques afin de fournir aux entreprises intéressées des conseils concrets et de leur donner et l’occasion de discuter ensemble de leur expérience et des défis à relever. Le dossier « L’égalité des chances, un investissement gagnant – bonnes pratiques d’entreprises suisses » peut être consulté sur notre site Internet dès le 21 mai : www.eper.ch
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7 « Un nom ne signifie rien »
« On se sent comme mort »
La formation professionnelle et l’emploi sont des facteurs essentiels d’une bonne intégration sociale. Or pour certains jeunes, les premiers pas vers le monde du travail sont semés d’embûches.
Pour les plus de 50 ans, retrouver un emploi est difficile, en particulier en cas de problèmes de santé. Une réalité transposable aux personnes peu qualifiées souvent évincées par des concurrents ayant de meilleures qualifications.
Photo : EPER / Walter Imhof
Photo : EPER / Ruedi Lüscher
NINA GILGEN, ADAPTATION : SANDRA FOERST
« On m’a dit que ça faisait longtemps qu’on recherchait quelqu’un comme moi. »
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our les jeunes désavantagés en raison de leur environnement familial ou social ou de leur appartenance ethnique ou culturelle, le passage de l’école obligatoire à la vie professionnelle est une étape difficile. Les jeunes ayant un passé migratoire ont souvent moins de ressources que les Suisses pour trouver une place d’apprentissage ou un emploi et sont défavorisés parfois rien qu’à cause de leur nom. Ils doivent soumettre cinq fois plus de candidatures pour obtenir un entretien et mettent en moyenne deux fois plus de temps pour trouver une place d’apprentissage. Adina Buzdic a 18 ans. D’origine bosnienne, elle a effectué sa scolarité en Suisse. Pourtant, trouver un apprentissage n’a pas été facile : « Les gens se faisaient une idée fausse de moi sur la simple base de mon dossier, peut-être en raison de mon nom. Souvent, mes candidatures m’étaient retournées sans commentaire. » EPER KICK propose aux jeunes en recherche d’emploi des semestres de motivation intégrant diverses mesures : emploi, formation, coaching. Les jeunes développent une stratégie professionnelle, effectuent des missions ou des stages, suivent divers cours et comblent leurs lacunes scolaires. « KICK nous apprend à mieux nous connaître, explique Adina. J’ai effectué un stage de trois mois chez IKEA. Je n’aurais jamais eu l’idée de travailler chez eux, moi qui voulais être vendeuse dans une boutique de mode. Mais pendant le stage, j’ai réalisé que c’était exactement ce que je recherchais ! »
Les personnes plus âgées ont un atout sur les jeunes : ils ont de l’expérience.
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e chômage ne touche pas davantage les plus de 50 ans que les jeunes. Mais lorsqu’ils se retrouvent sans emploi, les premiers ont plus de difficulté à se réinsérer professionnellement. Qualifications dépassées, problèmes de santé, coûts trop élevé, les obstacles sont nombreux. Peintre de formation, Hans Gurtner a travaillé 18 ans comme chef magasinier avant d’être licencié à 55 ans. Un véritable chemin de croix a alors commencé pour lui : « J’ai cherché partout. J’ai envoyé plus de 400 dossiers ! » TG job de l’EPER soutient des personnes sans emploi ou peu qualifiées lors de leur passage ou de leur réinsertion dans le monde du travail. Le projet propose des emplois dans différents domaines et correspondant à des niveaux de qualifications variés afin de permettre aux participants de se réadapter à une structure quotidienne. En valorisant leurs compétences sociales et professionnelles, ils augmentent leurs chances de trouver un emploi. « L’important, c’est de ne pas se laisser aller, de s’occuper, de voir du monde, témoigne Hans Gurtner. TG job est idéal pour ça : on te confie des tâches, on t’apprécie et on te respecte. »
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« Avec mon travail, je fais partie d’un groupe. » C’est son mariage qui a amené Léa Ferreira Granchamp en Suisse. Bien que professeur de méthodes didactiques à l’université et coordinatrice pédagogique d’une école primaire, dans son pays, elle a peiné à trouver un emploi qui corresponde à ses compétences. Le mentorat proposé par l’EPER l’a aidée à surmonter les obstacles et à trouver sa place. Interview de Léa Ferreira. JOËLLE HERREN LAUFER
Comment avez-vous vécu votre arrivée en Suisse ? Je pensais que j’y trouverais des opportunités de formation pour avancer dans ma carrière. Mais la migration s’est avérée difficile. Après six mois, je me suis rendue compte que je ne pourrais pas faire le même travail qu’au Brésil. J’ai dû recommencer ma vie professionnelle à 30 ans. J’avais l’impression d’avoir beaucoup perdu.
différent au Brésil, les postulations écrites n’ont pas de valeur, on veut voir les candidats ! Elle m’a aussi indiqué où trouver des postes d’enseignants. Quand j’ai obtenu un entretien avec le doyen, elle m’a coachée pour le préparer. J’ai ainsi décroché un poste à plein-temps d’enseignante pour l’accueil des élèves allophones entre la 5 e et la 9 e et je développe des outils d’intégration pour ces élèves. Ils doivent avant tout apprendre le français !
Quelles étaient les barrières ? Le contexte scolaire suisse m’est apparu comme très fermé. La maîtrise du français était aussi un obstacle, même si j’avais de bonnes bases. J’ai donc suivi des cours de français. J’étais très motivée mais cela m’a demandé beaucoup d’efforts. Pour couronner le tout, mes diplômes n’étaient pas reconnus.
Que vous apporte votre nouveau travail ? Je travaille dans un contexte professionnel qui me plaît beaucoup même si mon travail n’est pas facile tous les jours. J’ai des problèmes normaux d’une enseignante pour des adolescents entre 12 et 16 ans. J’ai aussi pu agrandir mon réseau avec mes collègues.
Avez-vous pu valoriser vos diplômes ? J’ai dû passer des examens pour obtenir une reconnaissance de mes diplômes. Cela prend plus d’un an pour les personnes en provenance de pays tiers. La procédure est d’autant plus longue qu’il est fastidieux d’obtenir les documents en provenance du Brésil.
Votre parcours migratoire doit être un plus pour ces élèves ? Je suis aussi passée par là avant eux. Ça me donne une certaine sensibilité pour les comprendre et j’aime voir leur étonnement face à la société suisse et face à certains usages ou règles. J’aimerais aussi pouvoir témoigner qu’un jour, eux aussi pourront surmonter ces différences. Mais cela reste un processus personnel.
Vous vous êtes inscrite au programme de Mentorat Emploi Migration. Que vous a apporté votre mentore ? Elle m’a aidée à donner une direction à ma vie professionnelle et à mieux connaître le système éducatif vaudois. Elle m’a permis d’identifier mon profil, de le valoriser et de l’adapter pour cibler les postes de travail susceptibles de m’intéresser. Ensemble, nous avons travaillé mon CV et une lettre de motivation avec la bonne terminologie ; c’est complètement
On peut dire que ce travail a changé votre vie ? Complètement. Avant, je n’aimais pas la Suisse, je ne comprenais pas la fermeture des gens et de la société. Mais ce travail m’a donné un déclic. Je fais enfin partie d’un groupe. Il y a plus de 150 enseignants dans mon établissement et j’ai été très bien accueillie.
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9 Les migrants qualifiés sont triplement pénalisés
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Photos : EPER / Yves Leresche
Selon une étude de l’Université de Bâle, les personnes migrantes hautement qualifiées sont trois fois plus touchées par le chômage que les Suisses. Une situation qui s’explique généralement par leurs lacunes linguistiques, leur méconnaissance du marché de l’emploi suisse ainsi que l’absence de réseau professionnel. A cela s’ajoute la difficulté de faire reconnaître leurs compétences professionnelles : nombre de diplômes étrangers ne sont pas reconnus en Suisse et il est difficile de faire valider l’expérience acquise à l’étranger. De sorte qu’une personne migrante sur trois issues d’un Etat extra-européen est surqualifiée. Le projet Mentorat Emploi Migration (MEM) vise à aider les personnes migrantes qualifiées à se faire une place sur le marché de l’emploi suisse. Le concept : des mentors bénévoles forment des tandems avec des personnes migrantes qualifiées, qu’ils soutiennent dans leur recherche d’emploi. Dans les cantons de Genève et de Vaud, 35 tandems ont été créés à ce jour. Au terme de leur participation, 40% des participantes et participants ont trouvé un emploi dans leur secteur et correspondant à leurs qualifications.
JOURNÉE DES RÉFUGIÉS
L’EPER soutient le référendum contre les modifications urgentes de la Loi sur l’asile Suite à l’aboutissement du référendum, le peuple suisse se prononcera le 9 juin prochain sur les modifications urgentes de la Loi sur l’asile (LAsi) adoptées par le parlement le 29 septembre 2012. Plusieurs de ces mesures portent atteinte à la substance même du droit d’asile que la loi est sensée protéger, au dépend de personnes le plus souvent très fragiles. De plus, l’échec des incessantes révisions antérieures de la LAsi atteste que ces nouveaux durcissements ne contribueront ni à accélérer les procédures d’asile ni à réduire l’attractivité de la Suisse. L’EPER recommande donc de voter non le 9 juin aux modifications urgentes et injustes de la Loi sur l’asile. Résumé des principales mesures soumises au vote. PHILIPPE BOVEY
Photo : Keystone / Arturo Rodriguez
1 — Suppression de l’objection de conscience et de la désertion comme motifs d’asile (nouvel art. 3, par. 3). Avant l’adoption des mesures urgentes, ces deux motifs ne suffisaient déjà pas pour obtenir l’asile. Les critères examinés étaient le pays de provenance et le risque de persécution auquel ces actes y exposent leur auteur : un déserteur suédois n’obtenait donc pas l’asile, un déserteur érythréen pouvait l’obtenir. L’introduction de cette restriction porte en revanche atteinte à la définition même de réfugié, telle que définie dans la Convention de Genève de 1951 ; le Haut commissariat aux réfugiés s’en est publiquement inquiété lors des débats parlementaires. Dans les faits, les requérants provenant de pays qui persécutent les déserteurs ne seront pas renvoyés de Suisse ; cette mesure ne changera donc rien au nombre de réfugiés dans le pays. En
revanche, elle privera des personnes persécutées de la protection garantie par le statut de réfugié au profit d’une « admission provisoire » (permis F), statut précaire peu propice à l’intégration, notamment professionnelle, et qui limite le droit au regroupement familial. 2 — Suppression des demandes d’asile depuis les ambassades (nouvel art. 19, par. 1bis). Avant l’adoption des mesures urgentes, un requérant pouvait déposer sa demande dans une ambassade suisse ; cette possibilité ne concernait qu’un nombre très faible des demandes totales traitées par la Suisse (moins de 5000 depuis 1980), mais touchait des personnes nécessitant réellement une protection (plus de 90% des demandes ainsi soumises ont abouti à la reconnaissance d’un besoin de protection par la Suisse). La suppression de
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11 cette possibilité ne changera donc rien au nombre de demandes d’asile en Suisse. En revanche, elle obligera des personnes dont le besoin de protection a jusque là été reconnu par la Suisse à trouver d’autres moyens, illégaux, pour quitter leur pays et atteindre l’Europe, souvent au péril de leur vie et pour le plus grand bénéfice des passeurs (Voir histoire de Monsieur Yonas ci-dessous). 3 — Création de centres spécifiques pour requérants d’asile récalcitrants (nouvel art. 26, par. 1bis).
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Personne ne conteste que l’ordre et la sécurité publique doivent être respectés dans les centres de procédure : la loi actuelle permet d’ailleurs déjà d’exclure les personnes « récalcitrantes » des centres d’enregistrement pour une durée de 24 heures. La
formulation de l’article adopté par le parlement demeure toutefois dangereusement floue : quelles sont les menaces à l’ordre public visées qui ne soient pas déjà poursuivies par la loi, en particulier dans le code pénal ? Qui décidera qu’un comportement porte « sensiblement atteinte » au fonctionnement d’un centre d’enregistrement ? Au moment où certains discours xénophobes en appellent à des « camps d’internement », combien de temps durera l’isolement dans un tel centre et quelles conditions de vie minimales devront y être garanties ? Quelles voies de recours sont possibles pour contester une décision d’isolement dans ce centre ? Ces trop nombreuses incertitudes ouvrent la porte à une application arbitraire de cette mesure, à son instrumentalisation politique et au développement d’un « droit pénal » parallèle, ne visant que les requérants d’asile.
L’histoire de Monsieur Yonas
Quelques chiffres pour contrer les idées reçues sur l’asile
D’origine érythréenne, Monsieur Yonas* a intégré le service militaire dans son pays en 2008, à l’âge de 17 ans. Huit mois plus tard, il a fui. En Erythrée, la désertion est considérée comme un affront au gouvernement et donne lieu à des sanctions arbitraires et atroces. Après avoir traversé le Soudan, Monsieur Yonas s’est réfugié en Libye, où il a vécu dans des conditions précaires. Il a tenté – en vain – de traverser la Méditerranée avec des passeurs. « J’ai fait trois tentatives pour me rendre en Europe. La première fois, on nous a tous entassés dans un entrepôt. Les passeurs nous ont pris notre argent puis ils nous ont dit que le bateau ne partait pas et nous ont congédiés. La deuxième fois, nous sommes restés enfermés dans un entrepôt durant quatre semaines. Ensuite, nous avons pris la mer. Nous étions 37 à bord d’un petit canot gonflable. Une tempête s’est levée. Heureusement, notre passeur a appelé la police à l’aide et un grand bateau nous a porté secours. La troisième fois, le moteur de notre embarcation a lâché après une septantaine de kilomètres. Nous étions plus de 300 à bord. Après six jours, des pêcheurs nous ont découverts et ont remorqué notre embarcation jusqu’à Tripoli. Plusieurs personnes sont décédées durant ce périple, surtout des enfants. » A peine accosté, Monsieur Yonas est arrêté et emprisonné durant six semaines. C’est son frère, résidant en Suisse, qui l’a informé de la possibilité de déposer une demande d’asile en Suisse depuis l’étranger. Son frère s’est adressé au Bureau de consultation juridique pour personnes requérantes d’asile de St-Gall/ Appenzell qui, après avoir étudié le dossier de Monsieur Yonas, l’a aidé à soumettre une demande aux autorités suisses. C’était fin novembre 2010. Trois semaines plus tard, l’Office des migrations (ODM) l’autorisait à venir en Suisse. Une fois sur place, Monsieur Yonas a été interrogé en détail dans le cadre de la procédure d’asile. Il a ensuite obtenu le statut de réfugié. Aujourd’hui encore, il n’en revient pas d’avoir enfin trouvé protection en Suisse. Que serait-il advenu de lui si les demandes d’ambassade n’existaient pas ?
— Les personnes relevant du domaine de l’asile (réfugiés, requérants, admis provisoires, en procédure de renvoi) représentent moins d’1% de la population résidant en Suisse.
* Nom fictif
Commande : 021 613 40 70 ou info@eper.ch
— Plus de 70% des demandeurs d’asile dont le dossier est examiné par la Suisse reçoivent une protection en raison du danger qu’ils encourent dans leur pays. Les statistiques officielles diffèrent grandement car la Suisse compte les non-entrées en matières (NEM) et les admissions provisoires comme des décisions négatives. Pourtant, la grande majorité des NEM n’implique pas que la demande est injustifiée, juste que les motifs de fuite doivent être examinés par l’Etat tiers considéré comme « sûr » traversé avant l’entrée en Suisse. — Deux tiers des personnes qui ont fui leur domicile sont déplacées dans leur propre pays. 80% des personnes qui ont fui leur pays se réfugient dans un pays voisin, soit les pays du Sud. Informations tirées de la brochure « Il y a ce qu’on dit sur les réfugiés, et il y a la réalité » éditée par Vivre ensemble. Pour la commander : vivre.ensemble@asile.ch, Tél. : 022 320 60 94
« L’asile de A à Z » bientôt disponible Qu’il est difficile d’aborder les questions concernant l’asile, tant au niveau légal que de la procédure quand on n’est pas un spécialiste de la question ! Fort de ce constat, l’EPER a effectué un gros travail de vulgarisation des terminologies spécifiques à ce domaine au travers d’un lexique intitulé « L’asile de A à Z ». Il sera disponible à partir du 15 juin.
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« Aucune employée de maison n’est illégale » Le 13 mars 2013, plus de 30 organisations réunies en association ont lancé la campagne nationale « Aucune employée de maison n’est illégale ». Le but : attirer l’attention du public sur la situation des employées de maison sans-papiers et améliorer leurs conditions de travail et de vie. NINA GILGEN
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n Suisse, plus de 100 000 foyers privés confient leurs travaux de ménage ou de garde d’enfants et de personnes âgées à des sans-papiers. Dans le canton de Zurich, environ un ménage sur 17 est concerné. Ces plus de 40 000 employées de maison sans autorisation de séjour, principalement des femmes, nettoient, repassent, cuisinent et gardent enfants, personnes âgées et malades. Dans ce secteur, la demande de travail est en forte hausse. En effet, le nombre croissant de familles monoparentales, de personnes isolées, de personnes âgées et de familles où les deux parents travaillent ont généré de nouveaux besoins qui ne sont pas comblés par les services publics et privés existants.
d’une pétition qui exige du Conseil fédéral qu’il accorde davantage de droits aux employées de maison sans autorisation de séjour. Si l’EPER est favorable à la demande d’un accès garanti et sans risque d’expulsion à la protection sociale et aux tribunaux des prud’hommes, elle ne partage pas l’avis des auteurs de la pétition concernant la régularisation du séjour. Alors que la pétition exige une régularisation générale de toutes les personnes travaillant illégalement en Suisse, l’EPER souhaite lier l’obtention d’une autorisation de séjour à la condition d’une durée de séjour de 5 ans.
Des conditions de travail précaires
L’EPER s’engage depuis longtemps en faveur des sans-papiers. Au niveau opérationnel, elle mène un projet de promotion de la santé (les Permanences volantes) et gère des bureaux de consultation juridique et des points de contact pour les personnes sans papiers en Argovie/Soleure et à Bâle. Chèques-Emploi compte parmi les premiers projets de l’EPER visant à assurer la couverture sociale des employées – sans papiers notamment – de l’économie domestique. Lancé par le Secrétariat romand, il permet aux employeurs d’inscrire leurs employés auprès des assurances sociales et de leur permettre ainsi l’accès aux prestations sociales.
Les conditions de travail dans cette économie parallèle sont généralement précaires. Les personnes sans papiers assument elles-mêmes le risque d’accident, de maladie ou de perte de salaire et n’ont pas accès aux assurances sociales. Il n’y a qu’en Suisse romande que des projets privés et communaux ont été mis en place, grâce auxquels de plus en plus d’employeurs déclarent les sans-papiers auprès des assurances sociales obligatoires. La campagne « Aucune employée de maison n’est illégale » a débuté par le lancement
Implication de l’EPER
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DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS RURALES
Pêche miraculeuse au Soudan du Sud Au Soudan du Sud, l’EPER mise sur la pêche pour soutenir la population. Cette activité permet à des agriculteurs de diversifier leur alimentation et de générer un revenu supplémentaire pour envoyer leurs enfants à l’école.
Photos : EPER / Christian Bobst
BETTINA FILACANAVO
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e Soudan du Sud compte parmi les régions les plus pauvres d’Afrique. De 1982 à 2005, le Soudan a été déchiré par une guerre civile opposant le Nord au Sud. Une famine s’en est ensuivie. Bilan : plus d’un million de morts et des centaines de milliers de personnes déplacées. Durant ces années, l’EPER a surtout fourni une aide humanitaire. Depuis la signature du traité de paix en 2005, des acteurs de la société civile œuvrent pour un avenir meilleur. Aujourd’hui, l’EPER est active dans la province de Central Equatoria, où elle soutient des ONG sud-soudanaises qui s’engagent en faveur de la reconstruction et de la réhabilitation des villages.
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DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS RURALES
Beaux coups de filet Dans ce cadre, la promotion de la pêche joue un rôle important. Dans le district de Terekeka, sur les rives du Nil Blanc, l’organisation partenaire Agency for Cooperation and Research in Development (ACORD) soutient des familles de pêcheurs appartenant au groupe ethnique des Mundari : elle fournit des filets, des cannes à pêche, des congélateurs, des installations pour le séchage des poissons et des fumoirs à deux coopératives. Les familles consomment elles-mêmes une partie du poisson et vendent le reste directement à la coopérative.
En plus d’assurer un revenu supplémentaire aux familles, la pêche favorise l’accès à l’éducation. Il y a peu encore, les quelque 60 enfants de pêcheurs de Terekeka n’étaient pas scolarisés faute d’école à proximité. Aujourd’hui, sur l’initiative des familles, des enseignants viennent sur place. L’EPER finance le matériel scolaire tandis que les parents paient les formateurs en nature, via le fruit de leur pêche. Retours au pays En 2011, l’indépendance du Soudan du Sud a été officiellement proclamée. Selon Moses Sika,
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15 La pisciculture, une activité prometteuse Amule Bulben est agriculteur. Il fait partie de ces personnes qui ont vécu plusieurs années à l’étranger avant de revenir au pays. Aujourd’hui, il est l’un des bénéficiaires du projet que l’EPER mène dans le district de Yei, à une trentaine de kilomètres au nord de l’Ouganda, avec l’organisation partenaire Mugwo Development Organisation (MDO). Objectif : former les agriculteurs en horticulture et culture céréalière, en élevage de poules, d’abeilles et… de poissons. Mugwo n’étant pas situé au bord du Nil, les agriculteurs font de la pisciculture dans des bassins artificiels. Cette activité garantit aux familles un revenu supplémentaire et une alimentation équilibrée. L’exemple ougandais
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Amule Bulben vit avec sa famille dans une ferme héritée de son père. Ses enfants sont tous scolarisés. Grâce à l’aide de MDO, qui lui a fourni des plants, il cultive des bananes et des ananas. Pour compléter cette activité, il a installé deux bassins de pisciculture en collaboration avec une coopérative regroupant une vingtaine d’agriculteurs et avec l’aide de MDO et d’experts ougandais. En Ouganda, où Amule Bulben a vécu un temps durant son exil, la pisciculture est en effet très répandue. Au début, Amule Bulben ne connaissait rien à la pêche : « C’est un expert de MDO qui nous a tout appris. Aujourd’hui, avec les autres agriculteurs de la coopérative, nous pêchons environ 30 kg par mois. Nous en consommons 7 kg et vendons le reste, ce qui nous rapporte environ 170 dollars. » Face à ce succès, d’autres familles se sont lancées dans la pisciculture, de sorte que la région compte aujourd’hui 18 bassins. Une véritable success story : au Soudan du Sud, le poisson contribue aujourd’hui à lutter contre la faim, à promouvoir la santé et à favoriser l’accès à l’éducation.
responsable du bureau de coordination de l’EPER, la construction de l’Etat avance rapidement. Pourtant, le pays reste l’un des plus pauvres au monde : 80% de la population vit avec moins d’un dollar par jour et 4,7 millions de personnes n’auront pas suffisamment à manger cette année. Les gouvernements locaux n’ont pas les moyens d’assurer les besoins de base de la population. A cela s’ajoute que des milliers de personnes reviennent au pays après l’avoir fui pendant la guerre. Leur intégration constitue un défi de taille – un aspect dont les projets de l’EPER tient compte.
Agenda
Photo : OSAR
Photo : EPER / Christian Bobst
Actuel
15, 16 et 20 juin 2013 Journées du réfugié Réussir ensemble
Stratégie 2013-2017 Continuité sur le terrain et formalisation du plaidoyer
Pour perpétuer la tradition humanitaire de la Suisse, les personnes persécutées ont besoin d’être protégées. Mais l’accueil de personnes réfugiées et admises provisoire ne suffit pas. Encore faut-il soutenir ces personnes dans leur intégration en incitant les entreprises et l’économie à leur donner une chance. C’est pourquoi l’EPER mène une cinquantaine de projets d’intégration dans différentes villes de Suisse dans le but de mettre à profit leurs compétences. Célébrées depuis 1980, ces Journées rappellent au grand public que les réfugiés et les personnes admises à titre provisoire apportent une contribution capitale à la société comme à l’économie suisse.
Fruit d’un processus participatif élargi sur deux ans, la nouvelle stratégie de l’EPER pour les cinq années à venir confirme la voie empruntée jusqu’ici. La priorité thématique pour le travail à l’étranger est l’accès à la terre. Pour les activités en Suisse, c’est l’égalité des chances. L’activité de plaidoyer, à savoir l’engagement politique et social en Suisse comme sur le terrain, a été formalisée et décrite en détail. La nouvelle campagne 2013 de l’EPER sur l’égalité des chances est d’ailleurs une première en la matière au niveau national. Le travail de l’EPER reste motivé par l’engagement en faveur d’un monde plus juste et la dignité de chaque personne.
Marquez le dimanche du réfugié dans votre paroisse !
Pour télécharger la stratégie : www.eper.ch/strat
Des collaborateurs de l’EPER sont à disposition pour des présentations. Un dossier pour célébrants « Réussir ensemble » et un dépliant sur les projets en faveur des réfugiés sont disponibles en téléchargement sur www.eper.ch/journee-du-refugie ou par téléphone : 021 613 40 70
Bénévoles recherchés L’EPER cherche à élargir son cercle de bénévoles pour accomplir, ponctuellement, des travaux administratifs de mise sous plis ou de mise à jour de la base de donnée au Secrétariat romand, à deux minutes de la gare à Lausanne. En cas d’intérêt, veuillez vous annoncer au 021 613 40
Petits moyens, grands effets.
19 juin 2013 15e Foulées de la Solidarité à Peseux (NE) Course en faveur d’un projet de développement rural au Sénégal organisée par les Eglises catholiques et réformées de La Côte. Départ : terrain FC Corcelles dès 18 h 00. Infos : Claude Doerfliger, 032 731 42 27, cdoerfliger@ bluewin.ch. Inscriptions possibles dès 17 h 00 sur place 30 juin 2013 Festiv’été Terre Nouvelle Culte sur l’alpage de la Correntine au dessus de Bière à 10 h 00 organisé par la Paroisse du Pied du Jura. Offrande en faveur du développement des communautés rurales en Arménie. Infos : Sandro Restauri 021 331 56 77 23-28 juillet 2013 Paléo Festival de Nyon Stand « Une chèvre contre la faim » avec animations 16 août 2013 Course de la solidarité à Prêles Troisième édition organisée par les paroisses du district de La Neuveville pour soutenir un projet rural aux Philippines. Halles polyvalente Les Joncs, dès 17 h 30 pour les enfants, dès 19 h 00 pour les adultes. Parcours amélioré, garderie. Infos : Stéphane Rouèche 032 315 27 37. Inscriptions possibles sur place dès 16 h 30