Teaser L'Eperon Février 2014

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L’EPERON SOMMAIRE N° 341 février 2014 Photos de couverture Reed Kessler : E. Knoll ; Kent Farrington : C. Bricot ; Richard Spooner : J.-L. Perrier

Ph. J.-L. P

26 ELEVAGE

C’est à l'élevage d'endurance que L’EPERON porte son attention ce mois-ci. Rendez-vous au Moyen-Orient ? En Provence peut-être ? Il faut viser encore un peu plus au nord. Tout en haut de la France pour être précis, où des Ch’tis ont une passion pour la discipline.

32 LES AMÉRICAINS

Désireux de prendre leur revanche après de décevants Jeux mondiaux à domicile (10e à Lexington) puis 6e aux JO de Londres, les Américains s’annoncent comme des concurrents très sérieux en saut d’obstacles pour les prochains Jeux équestres mondiaux. Revue d’effectifs et coup de projecteur sur Reed Kessler, Kent Farrington et Richard Spooner, ci-contre, installé en France.

44 CÉDRIC LYARD

Rencontre avec Cédric Lyard, qui revient au plus haut niveau avec CADEAU DU ROI. Le cavalier de complet girondin détaille son organisation de travail et ses objectifs avec les Jeux équestres mondiaux en ligne de mire.

Ph. Les Garennes

49 SPORT

Retour sur les finales du Global Champions Tour et du Top 10, ainsi que sur les Gucci Masters et le CHI de Genève où Scott Brash, Daniel Deusser, Kevin Staut, ci-contre, et Steve Guerdat ont respectivement brillé.

63 DOSSIER TRANSPORT

3 EDITO 7 TRIBUNE COURRIER 8 ACTUALITÉS 14 SPORT

TOP 10 ROLEX IJRC DE STOCKHOLM, GCT DE DOHA

26 ELEVAGE 32 REPORTAGE

L'ENDURANCE CHEZ LES CH'TIS LES AMÉRICAINS PRÊTS POUR LES JEM ?

COMPETITIONS 2014 Ph. Florence Clot

Quel que soit le mode de convoyage utilisé, le transport de chevaux représente des risques. L’assurance ne couvre pas toujours aussi que ce que l'on croit. Ce dossier décrypte les différents contrats possibles, à adapter aux conditions et à la nature le transport.

44 PORTRAIT 49 SPORT

63 DOSSIER

56 ETUDE 58 TECHNIQUE 60 SANTÉ

69 PETITES ANNONCES 83 GAZETTE

CÉDRIC LYARD GCT, TOP 10, GUCCI PARIS MASTERS, ET CHI DE GENÈVE LES ÉTALONS PÈRES DE JEUNES CHEVAUX DE LA BONNE UTILISATION DU RELEVEUR FERRER OU PAS ?

LES ASSURANCES POUR LE TRANSPORT DES CHEVAUX

Du 23 août au 7 septembre auront lieu à Caen les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech. LE rendezvous sportif de l'année. Mais avant, les cavaliers se déplaceront à travers le monde. Programme de l'année pour les trois disciplines olympiques. En supplément p. 19

D'AUTRES INFORMATIONS, INTERNATIONALES NATIONALES, RÉGIONALES ET LE PROGRAMME

Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.

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D

comme Deusser, elaveau et devant

SAUT D'OBSTACLES Top 10 Rolex IJRC

Première finale du Top 10 et premier podium pour Daniel Deusser, Patrice Delaveau et Ben Maher. Ph. LdD Rolex

Appelé de dernière heure, suite à la défection de Scott Brash et à l’incapacité pour Kent Farrington de traverser l’Atlantique en 48 heures, Daniel Deusser s’est adjugé avec brio le Top 10 Rolex IJRC à Stockholm (29 novembre au 1er décembre). Le jeune Allemand devançait Patrice Delaveau et Ben Maher : trois « néophytes » du Top 10 sur le podium ! RogerYves Bost termine 5e et Kevin Staut 7e.

A

près neuf finales à Genève (où il reviendra en 2014 et 2015), deux à Paris et une à Bruxelles, le Top 10 Rolex IJRC voyageait cette année dans le nord. La treizième finale se déroulait le 30 novembre à Stockholm, dans une Globen Arena quasiment pleine (11 800 spectateurs) et superbe, mais peu vibrante jusqu’aux ultimes parcours, décoiffants. Le Top 10 est ici une « attraction » comme une autre, le public se déplaçant chaque année pour les épreuves Coupes du monde de dressage et d’attelage et ne connaissant guère les stars du jumping. Les organisateurs n’avaient du reste pas prévu grand chose d’autre de croustillant pour ces dernières, hormis un Grand Prix disputé le dimanche matin (!), en lever de rideau. En 2014, Ils quitteront la Globen Arena, théâtre de concours depuis vingt et-un ans, pour un stade de football couvert – avec un toit ouvrant – dont on peut moduler la taille et la capacité (40 000 places, qui seront réduites des deux-tiers). La piste construite pour le hockey sur glace sera plus grande que celle-ci (30 x 70 m), et les alentours seront mieux conçus.

Un concept à part « Nous voulons rebaptiser notre concours “Show équestre de la Suède”, pour asseoir son impact, tout en gardant le même concept, avec le dressage et l’attelage. Nous ne voulons pas que le saut prédomine. Nous continuerons à n’inviter que dix étrangers »,

!

et il s’agissait au bout du compte du trio de tête : ça bouge ! Et il y a chaque année environ 50 % de renouvellement. Roger-Yves Bost avait, lui, déjà disputé la finale 2012 à Genève avec Myrtille Paulois Castle Forbes et il allait obtenir le même rang ici avec Nippon d’Elle : 5e ! 8 pts au premier tour, un sans-faute au second, avec beaucoup de panache sur les derniers obstacles (une foulée de moins ici ou là !), mais un bilan mitigé. Idem pour Kevin Staut, 7e avec 12 pts. « Quismy des Vaux a très bien sauté au premier tour (faute à la sortie du double, courte, ndla), mais elle doit encore gagner en métier. Dès que je lui demande d’aller vraiment vite, elle fait encore des fautes. Je me devais de prendre des risques pour viser un podium ». Marcus Ehning, 6e, aurait dû être éliminé pour être parti avant la sonnette au premier tour, mais il fit deux barres par la suite et tout le monde l’admire trop pour protester ! Soir « sans » aussi pour Christian Ahlmann, 8e avec Asca Z, Steve Guerdat, 9e avec Nasa, peu à l’aise au premier tour, sans fautes ensuite, et Gerco Schroeder, 10e avec Castelino van de Helle.

Des frères indissociables ! explique le président Ulf Rosengreen, qui fut naguère secrétaire général de la Fédération suédoise et des Jeux mondiaux de 1990. Et d’ajouter : « Si le Top 10 peut revenir ici parfois, ce sera magnifique ! » Est-ce à cause du programme du CSI3* ou parce que Stockholm est loin de tout, toujours est-il que l’on dénombrait quatre forfaits, ceux de Beezie Madden, qui avait mis ses chevaux « au vert » pour deux mois, de Luciana Diniz, de Scott Brash, tout juste rentré de sa marche triomphale sur Doha, et de Kent Farrington, appelé trop tard. Il n’y avait par conséquent aucune cavalière (une première, là aussi), ce qui est regrettable dans un sport mixte et de plus en plus féminin. Certains finalistes montaient par ailleurs leur cheval n°2, mais le parcours technique et bien dosé de Peter Lundström en tenait compte. Tout cela ne nuisit guère à l’intensité de l’épreuve. Appelé de dernière heure, Daniel Deusser fit un vrai récital avec Evita van de Velbalie (Wandor van Mispelaere), prometteuse 9 ans gagnante des Equita’Masters de Lyon. « Ma jument m’a beaucoup aidé en seconde manche, elle a été fantastique. Elle a tout donné et moi je

ne pensais qu’au chrono, je lui dédie cette victoire ! », dira l’Allemand basé en Belgique, chez le marchand Stephan Conter. A l’arrivée, deux dixièmes d’avance sur Patrice Delaveau.

Trois Français dans la course Le public pensait sans doute que Patrice Delaveau avait mis suffisamment de pression sur les épaules de l’Allemand. En homme de cheval avisé, le Normand savait lui que Deusser pouvait être très rapide avec Evita. Le Français était 2e de sa première finale du genre, avec brio… et pas mal de chance sur le dernier oxer ! Comme son cavalier, le bon Lacrimoso-HDC répondit en tout cas une fois de plus présent. Ben Maher, fut le plus rapide de tous avec Triple X III, mais sa faute dans le double du premier tour reléguait l’Anglais à la 3e place. Ludger Beerbaum, 4e avec le superbe Chaman, n’avait pas chômé non plus, mais il dut s’avouer vaincu et d’un bout : 3 secondes ! On croit voir souvent les mêmes visages, mais trois des finalistes 2013 n’avaient jamais eu l’honneur de monter cette finale

Dans le Grand Prix de la Ville, curieusement disputé le dimanche matin (12 h après le Top 10 !), succès de Gerco Schroeder, qui a assuré avec Callaghan (Contendro I), devant la Suédoise Angelica Augustsson, qui avait pris tous les risques avec Mic Mac du Tillard, au prix d’une barre. Triste, la Suédoise pensait que c’était là son dernier concours avec la jument de Bernadette Lejeune, car elle quitte Dietmar Gugler et l’Allemagne pour aller s’installer en Belgique, avec son compagnon, Marlon Modolo Zanotelli, mais elle allait encore être invitée à Genève. 3e avec Quismy des Vaux-HDC, Kevin Staut aurait aussi largement gagné sans sa barre, mais il était content de finir sur une note positive. En revanche, Roger-Yves Bost abandonnait sur refus avec Vivaldo Castle Forbes, 4e d’une chasse la veille. Pour le reste, le Suédois Peder Fredricsson a remporté les quatre (!) autres épreuves au programme. Et son frère, Jens, était trois fois 2e. Incroyable, même si, on le répète, la plupart des cavaliers n’avaient pris qu’un crack et qu’il n’y avait pas d’autre étranger que les finalistes du Top 10. Alban Poudret

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A Doha, la « globale » N

euf cavaliers ou cavalières au « botte à botte » puisque les « filles » assuraient 3 des 4 premières places tel que le classement général était arrêté après l’étape de Vienne. En tête, Laura Kraut (187 pts) et son fidèle Cedric (holst, Chambertin) qui s’était notamment imposée à Wiesbaden et avait participé à 9 des 11 premières étapes. L’Américaine devançant Christian Ahlmann (185 pts), vainqueur en début de saison, chez lui à Hambourg (Allemagne) et qui avait, lui, « scoré » à huit reprises.

En arrivant à Doha pour la finale de la neuvième édition du Longines Global Champions Tour, neuf cavaliers avaient parcouru les onze premières étapes du circuit 2013, et avaient une chance de l’emporter. 9 cavaliers, précisons ici, qui, à la date de la compétition, soit le 23 novembre, sur la piste du futuriste complexe d’Al Shaqab, faisaient tous partie des 11 premiers du classement mondial FEI Longines… C’est dire si les spéculations galopaient bon train. Surtout dans la tête des cavaliers, ce qui n’allait pas manquer, c’était évident, d’avoir quelque incidence sur la performance de certains.

Gagnante des deux dernières éditions du Global Champions Tour (2011 et 2012), Edwina Alexander (181 pts), épouse du fondateur et promoteur du circuit, Jan Tops, pointait en 3e position. L’Australienne pouvait, elle aussi, rêver du triplé. Sauf qu’elle accusait un handicap. C’est qu’elle n’allait pas, pour cette finale, pouvoir disposer des services de l’incommensurable Itôt du Château. A sa place, Ego van Orti, solide bai de dix ans fils de Vigo d’Arsouilles (bwp) et, loin, dans sa souche basse, de Nifrane (SF). Mais en sus, en bonne épouse et promotrice du circuit, Edwina était l’une des quatre « accrocs » à avoir participé à chacune des onze étapes préliminaires du programme 2013. Les autres « addicts » ? Jane Richard Philips, Denis Lynch et Michael Whitaker. Nous reviendrons sur ce point dans les lignes qui suivent, car cette assiduité est l’une des clés de la réussite ou de l’échec – et c’est tout le problème – sur ce circuit horsnorme. 4e au général… encore une cavalière. Avec la manière : Luciana Diniz (178 pts). Assidue également, la Portugaise de cœur (son grand-père, l’était) et de circonstance (la bonne gestion de sa carrière l’imposait). En tout et pour tout, elle n’avait fait « faux bond » qu’à Monaco. A ce quatuor de tête s’accrochaient Rolf-Göran Bengtsson (175 pts), Scott Brash (163 pts), Alvaro de

En haut à g., Laura Kraut a loupé sa finale avec Cedric, mais reste la meilleure cavalière du circuit 2013. A dr., 4e de la finale, Christian Ahlmann/Aragon est celui qui a engrangé le plus de gains sur les onze étapes. Ci-dessus, classé lors de cinq étapes et 11e de la finale, Patrice Delaveau/ Carinjo-HDC réalise la meilleure performance française. Photos Stefano Grasso/Longines GCT

Miranda (162 pts) vainqueur pour sa part à Valkenswaard, William Funnell (159 pts) et Harrie Smolders (150 pts).

Une formule qui mérite d’être revue Oui, ces neuf cavaliers – en fonction de leurs performances mais aussi de celles de leurs adversaires, mais surtout de la règle qui s’impose et s’applique pour le Global Champions Tour pour le calcul des scores finaux – avaient encore une chance de remporter l’édition 2013, à Doha. Rappel : seules les six meilleures performances sont prises en compte pour le classement général qui décide du vainqueur après la dernière étape. Ainsi, pour chacun des participants à Doha, l’histoire

était différente. Seul objectif commun à tous : au minimum, améliorer son plus mauvais score… En espérant que ses adversaires n’en fassent pas autant ! On l’a compris, le nombre de combinaisons possibles était tel que, pour établir un pronostic, il eût fallu avoir recours à l’ordinateur. Cette finale 2013, contrairement aux précédentes (notamment celle d’Abu Dhabi, l’année passée, avec un duel Tops-Alexander/Bengtsson) médiatique, s’est avérée totalement… imprévisible, incompréhensible, pour ne pas dire nébuleuse. Sans amélioration de la formule qui permettrait de favoriser un suspense cernable, ce qui implique quelques concessions de la part de la FEI, le « Global » risque de pâtir encore souvent de sa formule. Dommage. Comme le fut l’absence regrettable du

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»

Scott Brash

SAUT D'OBSTACLES FINALE LONGINES GCT

pour

Ci-contre et ci-dessous, l’Ecossais Scott Brash remporte la finale le week-end de ses vingt-huit ans avec Hello Sanctos. Ph. Stefano Grasso/Longines GCT

Le Top 10 des cavaliers du Longines GCT par les gains public. L’explication tiendrait à ce que les Qataris – ceux qui peuvent se permettre d’assister à ce genre de spectacle – seraient extrêmement sollicités. Le même week-end se déroulait dans la baie de Doha un championnat de mononautisme.

DU SPORT SANS CONCESSION MALGRÉ TOUT En revanche, la compétition fut de tout premier plan. Le dernier Grand Prix Longines de la série, décisif on l’a vu, tint toutes ses promesses. Merci Uliano Vezzani. Le chef de piste italien, avait, une fois de plus, puisé dans son sac à malices. Sur un sol d’une facture similaire à celle des Jeux de Londres, les barres étaient à la limite des cotes, sur des taquets plats. Ainsi, dès la première manche, Laura Kraut et son cher CEDRIC, qui caracolait avant la finale en tête du classement général provisoire, laissaient filer sa chance sur une petite faute. « C’est foutu », anticipait-elle. Déception également pour Edwina Tops-Alexander/EGO VAN ORTI qui, pour quatre grosses pénalités, allait rater sa passe de trois. Idem pour Luciana Diniz avec un LENNOX plutôt l’ombre de lui-même. En réalité, sur les 9 postulants listés plus haut, ils n’étaient, à mi-course, plus que 5 à

GAINS SUR LES GAINS LORS 11 AUTRES DE LA FINALE* ÉTAPES* 1. Scott Brash 2. Christian Ahlmann 3. Laura Kraut 4. Alvaro de Miranda 5. Ludger Beerbaum 6. William Funnell 7. Marcus Ehning 8. Gerco Schröder 9. Edwina Tops-Alexander 10. Luciana Diniz (...)14. Patrice Delaveau

138 150 228 525 175 800 158 400 74 400 168 975 104 025 147 025 118 800 100 500 70 275

148 500 (1er) 45 000 (4e) 0 (23e) 2 250 (14e) 90 000 (2e) 0 (NP) 67 500 (3e) 13 500 (6e) 0 (33e) 0 (32e) 4 500 (11e)

GAINS POUR LA PLACE AU GÉNÉRAL*

TOTAL DES GAINS EN 2013*

294 500 (1er) 190 000 (2e) 123 500 (3e) 76 000 (4e) 33 250 (6e) 14 250 (12e) 9 500 (15e) 14 250 (14e) 47 500 (5e) 33 250 (7e) 14 250 (13e)

581 150 463 525 299 300 236 650 197 650 183 225 181 025 174 775 166 300 133 750 89 025

*Ce tableau dresse le classement des cavaliers en fonction des gains en euros. La finale ultradotée de Doha et la prime pour le classement général ont bousculé l'ordre établi après les onze étapes. A l'image de Ludger Beerbaum (2e) et Marcus Ehning (3e) dont la cagnotte a bondi.

pouvoir encore y croire : Christian Ahlmann/ ARAGON Z, Rolf-Göran Bengtssson/CASALL ASK, Harrie Smolders/EXQUIS WALNUT DE MUZE, Alvaro de Miranda/AD RAHMANNSHOF’S BOGENO, Ludger Beerbaum/CHIARA 22 et … Scott Brash. Mais, après la seconde manche où, comme le veut la règle, les dix-huit meilleurs seulement repartirent… Il n’en restait plus qu’un ! Scott Brash ! 1 sur les 3 qualifiés pour le barrage dont 2 Allemands : Ludger Beerbaum/CHIARA 22 et Marcus Ehning/PLOT

BLUE. En fait, seul Christian Ahlmann, finalement 4e de ce Grand Prix, aurait pu représenter un quelconque danger pour Brash s’il s’était qualifié pour le barrage. Mais l’Allemand voulant trop bien faire laissa le temps filer : un point de temps dépassé au terme de cette seconde manche. Dernier à partir, Scott Brash donc, traita les problèmes au fur et à mesure. Priorité ? Améliorer (0 pt 43’17) les performances de ses deux derniers adversaires : Ludger Beerbaum (0 pt 43’83) et Marcus Ehning (4 pts

47’81). L’affaire était dans le sac. L’Anglais avait remporté l’épreuve (148 500 €) et le jackpot du classement général (294 500 €) soit 442 000 €, sans compter les dotations glanées sur les GP du circuit (voir tableau ci-contre). Une saison bien remplie. Des débuts époustouflants sur le circuit Coupe du monde Longines, n°1 mondial dès l’automne et, pour conclure, la totale sur le Global Champions Tour. Scott Brash, vingt-huit ans (fêtés pendant l’événement), décoiffe ! Le jeune homme est à la hauteur des espérances que son mentor David Broome mettait en lui. Idem pour les propriétaires d’HELLO SANCTOS (SBS, QUASIMODO VAN DE MOLENDREEF), hongre de onze ans, élégant, aérien, respectueux, inscrit au sBs et acheté conjointement, en 2011 à Katharina Offel (on a parlé d’1,6 million de livres, soit 1,9 million d'euros) afin de soutenir l’équipe britannique pour les JO de Londres. Les propriétaires ? Les épouses de deux entrepreneurs britanniques de haut vol, Lady Pauline Kirkham et Lady Pauline Harris. Lord Kirkham a fait fortune dans l’ameublement et Lord Harris dans le tapis. Autant dire que, « business » ou « hobby », les deux hommes ont toujours été complémentaires et… chanceux. Xavier LIBBRECHT

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leur offre pour répondre aux besoins. Il y avait des bases intéressantes dans la jumenterie, car la circonscription de Compiègne a toujours été bien servie en Anglo-arabes. Avec l’appui des éleveurs qui se sont structurés en Groupement d’éleveurs de chevaux d’endurance (GECE), on a pu avoir à Compiègne des bons Pur-sang arabes orientés vers la discipline, comme CHETAK, OUMZIL TOBIHA, AZIZ el MAKLOUF, AZZIZ DE GARGASSAN. Le développement des CEI à Compiègne après le Mondial 2000 a aussi suscité une émulation, le commerce s’avérant porteur. Des éleveurs venus d’horizon différents se sont tournés vers la discipline. » Une centaine d’adhérents cotisent aujourd’hui au GECE Nord-Picardie, ce qui en fait l’un des plus importants de France, et d’autres éleveurs ont occasionnellement des produits orientés vers l’endurance. On ne se privera pas d’un clin d’œil au directeur de la publication de L’EPERON, Xavier Libbrecht, naisseur à Cormont (62) d’ORATEUR, aa (SHERAAN), Elite à Uzès l’année de ses 6 ans. Au cœur de ces collines du Boulonnais, dont l’élevage est plus symbolisé par leurs Trait à la robe presque blanche qui Dunkerque

Montreuil-Calais sur-Mer Boulognesur-Mer

Le Touquet

Montreuil

BELGIQUE St-Omer

PAS-DE-CALAIS Bethune 62

Tourcoing Roubaix

LILLE

NORD-PAS-DE-CALAIS Hesdin

Lens

Valenciennes

Douai

NORD 59

ARRAS Abbeville Eu

Doullens

SOMME 80 AMIENS

Condé-surl’Escaut

Et si l’endurance équestre était fille du Nord ? Provocation face aux vents venus des pays du golfe persique ? Galéjade, nous diront tous ceux qui fréquentent Florac, Uzès... Pourtant, à près de mille kilomètres des succès des éleveurs du Persik’s Land ou de Provence, l’élevage pour l'endurance a fait son nid au pays des Ch’tis. Du Boulonnais de Christian Canesson à la Thiérache de Nadia Lehembre, en passant par les berges de l’Escaut chez Vincent Dupont, un petit périple nordiste permet de découvrir un pays truffé de chevaux pétris de qualité.

erres d’affrontement des conquêtes des hommes, les régions du Nord de la France ont vu pendant des siècles les galopades des chevaux des armées. Avec la mécanisation, le cheval a cédé sa place à d’autres moyens pour les conflits des hommes et trouve un rôle plus heureux dans leurs sports et loisirs. Déjà au début du XXe siècle, dans les périodes de paix, l’armée esquissait dans cette région les bases d’une de nos disciplines les plus en vue aujourd’hui, l’endurance équestre. Le 27 août 1902, l’exemple vient de Belgique où le Raid Bruxelles-Ostende, soit cent trente-deux kilomètres, voit la victoire d’un officier français, le lieutenant Madamet. Il parcourt la distance en moins de 7h avec un Pur-sang bien nommé, COURAGEUX. Dans les années 20, des raids équestres militaires se déroulent autour du Touquet. La crise de 1929, puis la seconde guerre mondiale, mettent fin à cette ébauche de l’endurance moderne. Avec la fin du deuxième millénaire, elle va revenir au galop. Celui lancé par un de ces ch’tis gars du Nord comme un défi au cœur même du berceau : en 1998, année où le raid de Florac est support du championnat de France, Vincent Dupont, pur amateur, est venu de la frontière belge pour s’imposer avec sa jument, SESKIA, ar (MOUSHEER). De quoi booster l’endurance à l’autre bout de la France ! Et ça tombe bien, car dans la circonscription du Haras national de Compiègne, le directeur Christian Depuille s’intéresse lui aussi à cette discipline qui se structure : « Je suis arrivé à Compiègne en 1995 au début des circuits Jeunes Chevaux d’endurance. Nous avons mis en place un concours sur le site de l’hippodrome qui est devenu le plus important inter régional (179 engagés en 2013). Les éleveurs ont été réceptifs à cette discipline qui, parallèlement, se développait bien dans les clubs sous l’impulsion du conseiller technique régional, Christian Bigeast. Ils ont compris qu’ils pouvaient étoffer

Les Ch’tis sont de la partie ! T

Péronne

Maubeuge

Cambrai

St-Quentin

Avesne-sur-Helpe

Wassigny

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REPORTAGE ELEVAGE ENDURANCE

Page de gauche, dans un vallon du Boulonnais, Christian Cannesson donne libre cours à sa petite folie de l'endurance. Ci-dessus, pour aller au bout de son goût de l'effort, Vincent Dupont fait naître des chevaux bien trempés. Ci-contre, avec Nadia Lehembre, l'élevage pour l'endurance a conquis les bonnes terres agricoles de la Thiérache. Photos J.-L. Perrier

convoyaient autrefois la marée, l’endurance a trouvé sa place aux côtés d’un élevage de course.

CHRISTIAN CANNESSON, un éleveur bien dans la Course Est-ce vraiment le hasard qui a mené Christian Cannesson, ancien pharmacien à Arras, à s’installer près d’une petite rivière joliment nommée la « Course » ? A soixante-trois

ans, cet homme-là transpire l’énergie comme les athlètes des hippodromes. Les chevaux étaient déjà dans la famille du père de Christian Cannesson qui avait repris quelques poulinières Selle Français et fait naître de bons chevaux de région, comme une fille de l’Anglo-arabe LYRELON, TANIA DU TERNOIS (sf). Lors d’une Assemblée générale des éleveurs de la circonscription de Compiègne, Bernard Le Gentil, éleveur d’AQPS et également de l’international de complet DÉBAT D’ESTRUVAL, aa (VORIAS), propose aux éleveurs de Selle Français une visite de son élevage. Christian Cannesson ne manque pas le rendez-vous malgré la neige de

février, et se laisse séduire par des chevaux d’hippodromes. En association avec Olivier Brasme, il achète JANIDOR (ps), une fille de POT D’OR, un Pur-sang du Haras de Saint-Lô, qui a également assez bien produit en croisement, donnant notamment LA BELLETIÈRE, grande gagnante internationale et championne de France de saut d'obstacles sous la selle d’Hervé Godignon. JANIDOR va se révéler excellente génitrice et produira notamment FOLIDOR, ps (VERTICAL SPEED) qui vient de terminer sa carrière en course à dix ans avec plus de 160 000 € de gains en 22 courses dont 10 gagnées et 8 placées, les 4 autres étant des

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Ph. D. Caremans

Le grand Le 6 juin 1944, des milliers de soldats américains débarquaient, au sein des troupes alliées, sur les plages de Normandie pour libérer l’Europe de l’occupation allemande. Soixante-dix ans et quelques semaines plus tard, en août 2014, ils seront beaucoup moins nombreux à venir des Etats-Unis, avec cette fois un tout autre objectif : conquérir la Normandie et le monde des sports équestres, avec des chances de médailles dans toutes les disciplines au programme. Pour le saut d’obstacles que nous abordons ce moisci, depuis leur médaille d’or olympique à Hongkong en 2008, les Américains n’ont pas brillé et, autant le savoir, ils auront soif de victoire chez nous, pour les prochains Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014. Mais qui sera de la partie ?

E

n saut d’obstacles, ils seront six, hommes et femmes. Cinq cavaliers dont un remplaçant, et le chef d’équipe. Ce dernier, Robert Ridland, est d’ailleurs le seul que l’on connaît à ce jour. Et sa tâche ne sera pas facile, car l’homme devra faire le bon choix parmi ses troupes. Des soldats très en forme, mais qui ont loupé quelques rendez-vous en équipe : il y a quatre ans aux Jeux mondiaux, chez eux, à Lexington, ils ne terminaient que 10e alors qu’ils partaient favoris. A Londres il y a deux ans, c’était une 6e place. Et l’an dernier, ils se contentaient de la victoire dans la Consolante lors de la finale de la Coupe des nations Furusiyya à Barcelone. Pour l’instant, la Fédération américaine des sports équestres (l’USEF) a recensé ceux qui étaient les quatre meilleurs cavaliers sur les listes nationales en décembre. Deux femmes d’abord : Reed Kessler (3e) et Beezie Madden (1re), qui a ajouté la victoire en finale Coupe du monde l’an dernier à ses titres et médailles dans les grands rendez-vous et qui reste, depuis, parmi les meilleurs du monde. Et deux hommes : Kent Farrington (2e) et McLain Ward (4e), lui aussi deux fois médaille d’or par équipes aux JO en 2004 et 2008, avec Beezie Madden. Mais bien sûr

Classement des cavaliers américains publié par la Fédération le 3 janvier 1. 9468 - Kent Farrington (2e *) 2. 8839 - Beezie Madden (1re) 3. 6550 - McLain Ward (4e) 4. 5877 - Laura Kraut (5e) 5. 5848 - Brianne Goutal (8e) 6. 5821 - Reed Kessler (3e) 7. 5438 - Katie Dinan (6e) 8. 4286 - Lucy Davis 9. 3683 - Leslie Howard 10. 3522 - Charlie Jayne (10e) 11. 3317 - Margie Engle 12. 3057 - Todd Minikus 13. 2645 - Kirsten Coe 14. 2372 - Lauren Hough 15. 2309 - Christine McCrea (9e) 16. 2056 - Richard Spooner (7e) Beezie Madden, victorieuse de la dernière finale Coupe du monde, fait partie des valeurs sûres de l'équipe américaine. Ph. C. Bricot

* au classement du 28 décembre comptant pour la start list

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débarquement

REPORTAGE LES AMERICAINS

rien n’est joué. Depuis la parution de ce classement fin décembre, il y a déjà eu quelques changements et d’autres apparaissent donc comme des prétendants sérieux à la sélection finale. Et, au printemps, on devrait compter au moins huit cavaliers sur cette liste. Disons seulement que ces « nominés » ont une belle longueur d’avance. Il s’agira, quoi qu’il en soit, d’une équipe redoutable sur le papier, et faire des pronostics serait bien trop risqué. La jeune génération est en forme, et de nombreux talents ont émergé ces derniers mois. Si Reed Kessler est le chef de file de la jeunesse, on a également découvert Lucy Davis, l’élève de Markus Beerbaum et de son épouse d’origine américaine Meredith Michaels-Beerbaum, qui s’imposait à la surprise générale, au nez et à la barbe des cavaliers d’expérience, lors du Global Champions Tour de Lausanne. Karl Cook, élève d’Eric Navet, s’est illustré en finale Coupe du monde à Göteborg, tout comme Katherine Dinan, l’ex-élève de McLain Ward (son entraîneur est désormais le Suisse Beat Mändli), découverte également en Suède après avoir brillé lors de la tournée de Floride l’hiver dernier avec son Selle Français NOUGAT DU VALLET (SCHERIF D’ELLE). La liste est encore longue, mais nous nous arrêterons avec Brianne Goutal, déjà qualifiée depuis de nombreuses semaines, pour la prochaine finale Coupe

Ph. Scoopdyga

ROBERT RIDLAND Depuis un an, ce Californien est à la tête de l’équipe américaine de saut d’obstacles. A soixante et un ans, il succédait à George Morris, grand entraîneur très apprécié de ses pairs, et auteur de nombreux essais sur l’équitation. La tâche est délicate pour Ridland tant son prédécesseur était estimé, mais il a le soutien des cavaliers actuels. Il faut dire que Ridland n’est pas arrivé là par hasard. Lui aussi brillant cavalier, il montait dans l’équipe américaine aux JO de Montréal en 1976. Ensuite, il a fait partie du comité directeur de la Fédération américaine, mais aussi du bureau « saut d’obstacles » à la Fédération équestre internationale. Chef de piste pendant une trentaine d’années, il était aussi, avec son épouse, organisateur de concours, entraîneur et marchand de chevaux en Californie. Il affirme vouloir penser à long terme pour que le niveau du saut d’obstacles américain se maintienne, et laisse alors une plus grande part à la jeunesse. M. J.

McLain Ward/Rothchild (en haut, ph. Scoopdyga) et Leslie Burr-Howard/Utah (ci-dessus, ph. Sportfot) pourront faire profiter l'équipe de leur expérience.

L'EPERON n°341 février 2014 33

REPORTAGE AMERICAINS P32-42.indd 33

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