Teaser L'Eperon - Juillet 2013

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EDITORIAL

Volontaires Par Xavier Libbrecht

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ui, pour la première fois dans l’histoire de L’Eperon et la dernière, figure, sur la « Une » de revue, le logo d’un organisateur d’événements. Et ce sera ainsi jusqu’en octobre 2014. Pourquoi ? Parce que L’Eperon, mais aussi Sports Equestres et Cavadeos, les supports phares de la SNC L’Eperon, probablement l’unique groupe de presse spécialisée en Europe totalement dédié au cheval de sport à avoir « intégré » le print et le web de la manière que vous connaissez, appréciez, ont décidé, depuis bien longtemps déjà, de soutenir le projet des Jeux équestres mondiaux devenus au fil des ans et pour la circonstance: les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie.

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ui, davantage encore que partenaires : volontaires… A l’image de ces cinq mille bénévoles qui ont répondu à l’appel du comité d’organisation pour contribuer au succès de ce qui est et restera dans l’histoire des sports équestres français, le plus grand événement jamais organisé pour et par le cheval. Huit championnats du monde à vivre, à croquer, à déguster, comme tout ce qu’offre ce terroir où les chevaux vivent si bien et si nombreux. Unité de lieu donc, la Normandie : de Caen, pivot de l’opération, au Mont Saint Michel (Sartilly), en passant par le Haras du Pin, Deauville et Saint-Lô… Fabuleux ! Unité de temps aussi : quinze jours du 23 août au 7 septembre 2014… Fort, intense, rassemblé, propice à l’émotion, à la fête ! Dans l’histoire du cheval et des sports équestres, l’événement, son rayonnement, toutes proportions gardées, pourront avoir le retentissement de ce que furent les Expositions universelles du XIXe à Paris. Historique. Tout cela dans un peu plus d’un an à peine : treize mois, l’été prochain.

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es Jeux, nous les voulions pour la France, ses cavaliers, ses éleveurs, ses passionnés depuis bien longtemps déjà. Pour être précis depuis 1990, année où ils virent le jour grâce à l’impulsion d’un certain Pehr Gyllenhammar, alors PDG de Volvo, principal sponsor de la Coupe du monde de saut d’obstacles dans les années quatre-vingts. Visionnaire le bonhomme… C’était à Stockholm. Tout commence par une médaille d’or par équipes (Navet, Bourdy, Bost et Durand) devant l’Allemagne s’il vous plaît. Et ce n’est pas fini. Vous souvenez-vous de cette finale tournante où deux Français se disputaient ensuite le toit du monde en saut d’obstacles ? Et où, finalement les deux montèrent sur le podium, Hubert Bourdy (Morgat) avec une médaille de bronze et Eric Navet (Quito de Baussy) avec, suprême d’entre toutes, la médaille d’or ! Un Normand, champion du monde. La piqûre de rappel eut lieu douze ans plus tard… 2002, c’était il y a douze ans justement, à Jerez en Espagne. Bis repetita ! L’équipe de France de saut d’obstacles est à nouveau médaille d’or grâce à Eric Levallois (Diamant de Semilly), Reynald Angot (Tlaloc M, alias Dollar dela Pierre), Gilles Bertran de Balanda (Crocus Graverie) et … Eric Navet avec Dollar du Mûrier. Toujours là, le Normand et, trois jours plus tard, vice-champion du monde. Mais, ce n’est pas tout ! En y regardant de plus près, cette médaille d’or par équipes arrachée de haute lutte l’avait été par quatre étalons Selle Français, tous originaires de Normandie. Cela ne s’était jamais vu et n’a jamais été revu depuis ! Le soir de l’exploit, les clameurs s’étant tues, la chaleur devenue supportable, l’heure était aux verres et aux rêves les plus fous… Le fil rouge entre Stockholm et Jerez, c’était évidemment Eric Navet, les

quatre étalons Selle Français, la Normandie ! Nous fûmes quelquesuns à nous en persuader et à conclure qu’il fallait passer à l’action : Laurence Meunier, aujourd’hui présidente d’Hippolia, le pôle de compétitivité de la filière équine en Basse-Normandie, Germain Levallois éleveur de Diamant de Semilly et père d’Eric… Eric Navet aussi, fils d’Alain, lui, bien sûr ; mais aussi Jean Teulère auréolé de sa médaille d’or en concours complet qui passait par là, tout comme un certain Michel Thoury, maire de St James bourgade sise à une demi douzaine de lieues du Mont Saint-Michel, passionné par le cheval sous toutes ses formes. Jacqueline Reverdy alors présidente de la Fédération et Olivier Lepage, directeur technique national, étaient aussi, sur la même longueur d’onde. enthousiasme ! Au fil des années ce qui apparaissait comme Quelun délire, prit forme. Au gré des événements, d’autres personnali-

tés, jeunes et moins jeunes, politiques ou non, du milieu ou pas, reprirent le flambeau. Des rendez-vous furent manqués, mais la flamme ne s’est jamais plus éteinte. On se souvient de l’expédition de la délégation française, soutenant son projet devant la FEI, à Vevey, sur les bords du Léman, fin mars 2009. Dobrina Perrody, en charge désormais de la dimension territoriale du projet, et l’équipe de l’association de préfiguration avec, à sa tête, Philippe Duron, maire de Caen, étaient à la manœuvre. Cette fois c’était bon ! Et Fabien Grobon arriva. Nous nous rencontrâmes le 25 août 2010 à Paris, alors qu’il venait à peine d’être engagé à la direction de ce qui allait devenir le GIP JEM Normandie 2014 (Groupement d’intérêt public), créé le 13 septembre 2010, quelques semaines avant l’ouverture des JEM de Lexington et présidé par Laurent Beauvais, également président du Conseil régional de Basse-Normandie. Son handicap, pensait Fabien, était de ne pas connaître le milieu du cheval… Nous n’étions pas du même avis, compte tenu de l’aspect pluridimensionnel du projet qui allait bien au-delà du sport équestre et dont les valeurs sont : exploit, ouverture, respect, transmission. Fabien bossa. Pas seul. Mois après mois l’équipe s’étoffa. De nouveaux noms apparurent sur l’organigramme. Pas forcément du sérail non plus. Et l’affaire continua de croître et d’embellir… pour aujourd’hui compter soixante-deux permanents, soit un peu plus de la moitié de l’effectif complet qui sera en piste et en coulisses, durant l’événement.

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e risque, dans notre métier, c’est d’être juge et partie. Et, vous l’avez compris, nous avons franchi le pas… Sans état d’âme, parce qu’il en va, à nos yeux, de l’avenir du cheval en France et de sa place dans le monde. Le juge, enfin le journaliste, dans la mesure du possible, laissera l’histoire – celle des sports équestres s’entend – décider, in fine, de la valeur de ces septièmes Jeux dont nous ne doutons pas qu’ils seront un énorme succès. Le groupe L’Eperon (Cavadeos, L’Eperon, Sports Equestres) a été officiellement accueilli comme « ambassadeur media » par l’organisateur des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie. Une reconnaissance de son savoir-faire qui va mobiliser toutes ses forces, sa créativité dans les mois qui vont venir, afin de pouvoir dire avec vous aux générations futures : j’y étais ou plutôt, en attendant, « j’en suis ».

« Ces Jeux nous les

voulions pour la France, ses cavaliers, ses éleveurs, ses passionnés depuis bien longtemps déjà. »

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L’EPERON SOMMAIRE N°335 Juillet 2013 Photos de couverture Astier Nicolas et Piaf de B'Neville. Ph. D. Caremans Margaux Bost et Joyeux de Rublard. Ph. Scoopdyga Sidney Dufresne et Popof des Bois. Ph. G. Gregoire Alix Van Den Berghe et Romeo. Ph. E. Knoll Jacques Ferrari et Poivre Vert. Ph. Les Garennes

17 ENQUÊTE

Bilan du système des compétitions qui mélangent Pros et Amateurs mis en place par la FFE depuis 2008. Qu'en pensent les deux parties. Réponses en saut d'obstacles.

30 ELEVAGE

Ph. D. Caremans

Au Danemark aussi, la famille royale aime le cheval. La princesse Benedikte, connue pour être la présidente d’honneur de la Fédération mondiale des stud-books de chevaux de sport (WBFSH), est la mère de Nathalie Zu Sayn Wittgenstein qui figure au meilleur niveau mondial en dressage avec DIGBY, produit de l’élevage familial. Et retour en France avec une étude étalon : Jarnac, aux origines 100 % françaises.

34 LES JEUNES Ph. Pixizone

Leur point commun ? La jeunesse et l’envie d’atteindre le haut niveau, voire le top niveau mondial même pour certains. Rencontre avec les cavaliers en devenir du concours complet, du dressage et du saut d’obstacles. Certains sont déjà professionnels, d’autres concilient études et compétitions. Tous partagent la même adrénaline en piste.

68 DÉCOUVERTE

34 REPORTAGE 3 EDITO 7 TRIBUNE, COURRIER 10 ACTUALITÉS 17 ENQUÊTE 50 SPORT 30 ELEVAGE

LA NOUVELLE GÉNÉRATION EN COMPLET

CHAMPIONNAT D'EUROPE DES JEUNES DE SAUT ET DE DRESSAGE

SYSTÈME DES CATÉGORIES PRO ET AMATEUR

AU DANEMARK, UNE FAMILLE ROYALE TRÈS IMPLIQUÉE

COUPES DES NATIONS CSI4* DE FRANCONVILLE CCI3* DE SAUMUR

Ph. Les Garennes

Ph. J.-L. Maby Centaure

Camille et Manolo, du théâtre du Centaure, ont imaginé un défilé grandiose en Provence, et des rencontres culturelles avec la population des Baux de Provence ou de Marseille. Pendant cette TransHumance, ils ont créé des animaglyphes avec Frisons, moutons et vaches.

60 PORTRAIT 63 ETUDE ELEVAGE 68 DÉCOUVERTE JACQUES FERRARI JARNAC

TRANSHUMANCE EN PROVENCE

73 SANTE

OXYDANTS ET ANTIOXYDANTS

77 DOSSIER 84 PETITES ANNONCES 99 GAZETTE LES GRANULÉS

32 PAGES POUR CEUX QUI EN VEULENT TOUJOURS PLUS

D'AUTRES INFORMATIONS, NATIONALES, RÉGIONALES ET LE PROGRAMME

Les opinions émises dans la revue n’engagent que leurs auteurs. Les indications éventuelles de marques, les adresses, les prix figurant dans les pages rédactionnelles, sont soumis à titre d’information. La reproduction des textes et illustrations imprimés dans ce numéro est interdite pour tous pays. La rédaction n'est pas tenue de retourner manuscrits, illustrations et photos.

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Les champions faits maison

Médaille de bronze par équipes en dressage pour le Danemark aux JO de Pékin, 4e également par équipes aux JO de Londres, la princesse Nathalie zu Sayn Wittgenstein et son fidèle DIGBY ne sauraient manquer l’échéance européenne que leur pays accueillera cet été à Herning. Pour Nathalie zu Sayn Wittgenstein, DIGBY représente une double réussite : la sienne en tant que cavalière mais aussi celle de l’élevage familial démarré il y a un peu plus de vingt ans par sa mère, la princesse Benedikte du Danemark, présidente d’honneur de la WBFSH. Quelques jours avant la double victoire de Nathalie et DIGBY au CDI 4* de Doha, les deux princesses nous avaient ouvert les portes de leur écurie « royale ».

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ad Berleburg, un nom méconnu. Celui d’une ville en Westphalie, au cœur de l’Allemagne, pourtant pas si éloignée de Cologne ou Francfort. Ce qui ne peut échapper au visiteur de Bad Berleburg, c’est son château, celui du Prince Richard Zu Sayn Wittgenstein Berleburg et de son épouse, la princesse Benedikte du Danemark, la sœur cadette de la reine Margrethe du Danemark. Un château et des écuries dont la famille royale nous a ouvert les portes dans le cadre de la signature de contrat entre Jaeger Lecoultre et la WBFSH, dont la princesse Benedikte est la présidente d’honneur. Ce château se mérite tant l’endroit semble un peu perdu dans la montagne : route en lacets, monts enneigés, rien ne manque à la carte postale qui fait un temps penser aux montagnes et vallées vosgiennes. Dans la petite ville coquette et touristique aux façades couvertes d’ardoises, on retrouve l’ambiance un brin désuète d’une station thermale de montagne. Si Bad Berleburg accueille une réserve de bisons, on ne s’attendrait pas vraiment à y trouver des chevaux. Et pourtant ils sont bien là : à quelques encablures du château se trouve l’éle-

vage de chevaux de dressage de la princesse Benedikte et l’écurie de compétition de sa plus jeune fille, la princesse Nathalie Zu Sayn Wittgenstein. Avec DIGBY, né ici, Nathalie fut 14e en individuel lors des Jeux olympiques de Pékin, et 12e à Londres en 2012. Cette même année elle fut sacrée championne du Danemark. Dans les écuries princières, rien d’ostentatoire. Les boxes des chevaux au travail sont spacieux, confortables, et bien équipés pour passer l’hiver à l’abri du gel. Comme dans la plupart des écuries de haut niveau, on y trouve douche, solarium, manège, selleries, le tout pensé de façon fonctionnelle tandis que les poulinières partagent sereinement des paddocks au sol adapté aux hivers rigoureux avant de rejoindre leur écurie le soir venu. L’espace le plus emblématique du lieu est sans doute la grande carrière en sable qui fait face à l’orangerie du château, dans un vaste parc planté d’arbres centenaires. La princesse Benedikte dégage une classe et une élégance naturelle qui sont à la hauteur de son rang et du sourire qu’elle livre instantanément à ses visiteurs : franc et chaleureux.

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REPORTAGE DANISH WARMBLOOD

de la princesse Nathalie La visite du château de Bad Berleburg montre que les zu Sayn Wittgenstein possèdent ce côté attachant des vieilles familles de l’aristocratie qui ont su évoluer dans un monde moderne, tout en respectant énormément les valeurs héritées de leurs historiques ascendants. Un vrai respect, un véritable amour des chevaux avec beaucoup d’empathie. Peut-être une des raisons qui explique la conviction et l’entêtement de Nathalie dans son travail : « DIGBY (DONNERHALL) par exemple était un joli poulain, mais rien ne le prédestinait à une telle carrière, il n’avait vraiment rien d’une superstar. Il avait dans l’ensemble de belles allures, mais son trot était loin d’être exceptionnel. Mais nous avons cru à notre croisement (je suis une grande fan de DONNERHALL), et j’ai pris le temps qu’il a fallu avec lui. A force de patience et de travail, on peut faire d’un cheval assez normal un très bon cheval de Grand Prix. Ce dont je suis le plus fière aujourd’hui, c’est de mon travail en tant que cavalière. Grâce à tout le travail que nous avons fait ensemble et avec mes entraîneurs successifs, DIGBY s’est développé, a évolué pour devenir ce qu’il est aujourd’hui », confie Nathalie. Le CDI4* de Doha, où elle a remporté avec DIGBY, fin mars, le Grand Prix et la Kür, était pour elle l’un des premiers objectifs de la saison : « Doha a fait l’objet d’une importante préparation cet hiver. DIGBY adore la chaleur, j’ai attendu le dernier moment pour effectuer la dernière tonte ! Il a seize ans maintenant et j’établis son programme longtemps à l’avance pour lui ménager des périodes de repos entre les compétitions. Pendant ces temps de repos, il sort beaucoup pour des promenades en forêt, fait pas mal de paddock et ne reprend la préparation qu’à l’approche de ces échéances triées sur le volet. L’objectif de cette saison est clairement les championnats d’Europe, d’autant qu’ils ont lieu dans mon pays au Danemark, à Herning, fin août. Notre préparation ira en ce sens. J’adore aussi le concours d’Aix-La-Chapelle, c’est un formidable endroit pour se préparer aux grands rendez-vous », explique la princesse, pleine de respect pour son vieux complice.

Simplicité et connaissance A la fois discrète et déterminée, Nathalie zu Sayn-Wittgenstein mesure aussi la chance d’être bien entourée pour pratiquer son sport au plus haut niveau. Mariée en 2011 à Alexandre Johannsmann, dont la famille possède une grande entreprise spécialisée dans le transport de chevaux, elle est aussi maman d’un petit garçon, Constantin, né en juillet 2010, à qui elle consacre un maximum de temps. Après une enfance dans un pensionnat en Alle-

Un cadre de travail « royal » pour Nathalie zu Sayn Wittgenstein qui, avec sa mère la Princesse Benedikte du Danemark (page de gauche), a fait naître son fidèle cheval de Grand Prix Digby, enregistré au stud-book danois (ci-contre), qui l'a accompagnée dans toutes les grandes échéances jusqu'aux Jeux olympiques. Photos D. Caremans et J. Toffi

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Comment se faire L’excellente prestation d’Astier Nicolas au CCI4* de Badminton, en mai, en fait le chef de file d’une nouvelle génération de cavaliers, entre vingt-quatre et trente ans, prêts à pousser leurs aînés pour prendre les meilleures places. Autonomes, soumis à une conjoncture économique difficile, comment s’en sortent-ils et comment comptent-ils mener leur carrière ?

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epuis Nicolas Touzaint, plus jeune participant (vingt ans) à des Jeux olympiques (Sydney en 2000), quasiment aucun jeune n’avait percé à très haut niveau en France en concours complet, exception faite de Donatien Schauly, vainqueur à vingt-cinq ans de deux CCI3* et médaillé par équipes l’année suivante au championnat d’Europe. Mais en 4*, seul le nom de Nicolas Touzaint ressortait. En 2008, il est le premier Français dans l’histoire de Badminton à graver son nom sur les tablettes des vainqueurs de ce 4*. Il avait vingt-huit ans, le seul Français. « Peut-être une question de circonstances, se demande Laurent Bousquet, ancien entraîneur des équipes seniors et Jeunes Cav. de complet. Peut-être n’y avait-il pas la même volonté fédérale de propulser les jeunes, en tous les cas de les accompagner. » Nicolas a fait des émules et depuis cinq ans, quelques jeunes seniors marquent le début d’un renouveau. Avec à leur tête, le plus jeune d’entre eux, Astier Nicolas (vingt-quatre ans), 6e au 4* de Pau en 2012, 9e au 4* de Badminton 2013, et bien décidé à ne pas en rester là. Et ils sont comme lui une petite dizaine à vouloir (pouvoir ?) prétendre un jour jouer les tout premiers rôles dans les grandes échéances.

Des jeunes dans les prochaines échéances Issus de milieux différents, ces jeunes athlètes ont malgré tout grandi avec les chevaux. Fils de cavalier (amateurs pour Astier Nicolas, professionnels pour Sidney Dufresne et Arthur Bonneau, éleveurs ou dirigeant de club pour Luc Château, Orlane Hillereau et Mathieu Lemoine – seul Maxime Livio échappe à la règle, ses parents n’étant aucunement cavaliers), ils ont pour la plupart couru en Juniors ou Jeunes Cav. « L’accompagnement est important, poursuit Laurent Bousquet, car les envoyer faire du haut niveau est une chose, mais il faut leur donner les moyens

En haut, Popof des Bois, actuellement cheval de tête de Sidney Dufresne, délicat en dressage, mais performant en cross et à l'hippique. Ci-dessus Maxime Livio et Cathar de Gamel renouent avec le succès. Photos G. Grégoire A droite, Luc Chateau et Propriano, performants depuis le début de l'année. Ph. J.-B. Joubert

et les outils de pouvoir se battre à armes égales. C’est ce que j’ai essayé de faire ces trois dernières années en les intégrant à des stages et en leur permettant l’accès à des épreuves internationales où ils allaient pouvoir se confronter aux meilleurs mondiaux de manière à progresser. On en a vu dans le passé qui faisaient quelques essais et qui décrochaient parce qu’ils pensaient que cela leur était difficilement accessible. » « On en voit émerger régulièrement un ou deux, poursuit Thierry Tou-

zaint, nouveau sélectionneur. Mais ils ont du mal à percer. Il y a des vagues, comme à l’époque où il y a eu Rodolphe Scherrer ou Jean-Lou Bigot (années 90). Tous ne restent pas forcément dans le métier. Pour certains, comme Mathieu (Lemoine), cela fait un moment qu’ils sont dans le circuit, mais il leur manque le bon cheval. Il y en a beaucoup qui se trouvent mis à l’écart pour cette raison. » A l’approche des championnats d’Europe ou plus encore des Jeux mondiaux 2014,

une participation à ces championnats, voire aux Jeux olympiques de 2016 est-elle possible ? Tous y croient, mais le manque d’expérience des grands rendez-vous, peut, au final, être défavorable à l’équipe. « Pour avoir une bonne équipe, explique Laurent Bousquet, il faut faire un mélange entre des cavaliers d’expérience qui seront l’ossature de l’équipe et des nouveaux. C’est pareil dans tous les sports. Il faut des piliers et du sang neuf de manière à ce que l’équipe de France se renouvelle. C’est le

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CONCOURS COMPLET LA NOUVELLE GENERATION

un nom ? principe de base. La difficulté est de trouver le bon équilibre parce que ceux qui ont le moins d’expérience vont être un peu plus fragiles. Je pense entre autres qu’aux Jeux cela a été notre point faible. En effet, sur cinq cavaliers il n’y avait que Nicolas qui les avait déjà vécus. Comparée à celles contre qui l’on se battait, notre équipe était la moins expérimentée. » Pour Thierry Touzaint, en revanche, il n’y a pas vraiment de risque si le jeune a du talent. « Bien monter dans les trois disciplines, et avoir du sangfroid. Ce sont les mêmes critères pour les jeunes et les moins jeunes. Il faut avoir les bons réflexes dans les moments difficiles. S’il faut que j’amène un jeune aux championnats du monde l’an prochain, je ne vais pas me gêner ! » L’expérience, prendre du métier dans des gros concours, Mathieu Lemoine le reconnaît, c’est ce qui lui manque, mais passer du temps dans ces épreuves-là coûte très cher. « En plus, QUICKNESS ne fait pas partie de la liste JO/JEM, donc je n’ai pas été invité à tous les stages organisés cet hiver et les aides de la Fédération sont maigres. » Pour atteindre leurs objectifs, ils sont nombreux à considérer qu’ils doivent mener leur carrière comme ils le sentent, en toute indépendance, libres de leurs choix. Astier Nicolas est parti depuis le mois de mars en Angleterre, car il voulait courir Badminton, pensant que c’était le bon moment pour lui, après Pau, d’aller se frotter aux meilleurs mondiaux, même si ce n’était pas forcément le souhait du staff français : « Au début de l’année, je pensais rentrer en France après Badminton, mais je suis vraiment bien ici. Je loue des boxes chez Nick Gauntlett, près de Badminton, où séjourne également une jeune cavalière américaine Tiana Coudray qui vise les JEM 2014, donc il y a une bonne émulation. On se regarde les uns les autres, c’est très stimulant. Et pour sortir les chevaux en concours, on n’a que l’embarras du choix, ce qui n’est pas forcément le cas en France. » Mais s’il surfe actuellement sur la vague, Astier, malgré la confiance que lui accordent plusieurs propriétaires, manque de moyens financiers pour s’installer dans une structure .

PLUS AUTONOMES Thomas Carlile, lui, a fait le choix de vendre ses meilleurs chevaux (POPOF et PYROMANE DE BRIOUX) pour améliorer sa structure et pouvoir ainsi former des jeunes chevaux dans de meilleures conditions, puis revenir à haut niveau, plus tard. « Aujourd’hui, il y a un staff qui est là, explique Sidney Dufresne, autre jeune en plein essor. J’essaye d’être avec eux quand c’est possible. Je suis d’une

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Des origines 100 % SF ... et AA

ETUDE JARNAC

Pour beaucoup, Jarnac est le lieu de naissance et de sépulture d’un des présidents de la République française dont le souvenir ne laisse pas indifférent. Pour beaucoup aussi, c’est le fameux « coup de Jarnac », parfaitement loyal, qui permit à Guy Chabot, deuxième baron de Jarnac, de laver son honneur face à La Châtaigneraie, champion du roi Henri II. Une autre forme de culture tout aussi savoureuse nous apprend que cette ville de l’arrondissement de Cognac abrite les caves des maisons Courvoisier, Delamain… Mais pour nous, JARNAC est un cheval champion, doublé d’un étalon intéressant.

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l y a bien longtemps que Pasteur a démontré que la génération spontanée n'existait pas. En élevage du fait du nombre considérable de combinaisons de gènes, tout peut arriver. Dans la pratique, les cracks ont toujours de bonnes raisons d'être ce qu'ils sont, à commencer par leurs origines !

LE DESCENDANT LÉGITIME D’UNE DES PLUS ILLUSTRES FAMILLES FRANÇAISES C’est au début des années 30 qu’Arsène Navet père (grandpère d’Eric) se rendit acquéreur de JAPONAISE, fille de l’illustrissime VAS Y DONC, lui-même descendant direct du beau IAMBE que nous avons vu dans les origines de NINO DES BUISSONNETS (L'EPERON 329 - déc. 2012), et par ailleurs tête de liste des pères de mères de gagnants après guerre. A défaut de chic, VAS Y DONC apportait toujours beaucoup d’énergie, de cadre et de force. Cette JAPONAISE eut notamment trois filles : • ROSE DU JAPON par LIGNITE (ps), mère du bon FIRE CREST et surtout de DAUPHINE (TRIANON DU BOIS) elle-même mère de HAÏTI (L’ALCAZAR, ps), CSIO avec Melle Le Bomin ; MAÏTI (FOUDROYANT II, ps), et PAMPANILLA (FRA DIAVOLO, ps), tous Elite obstacle. • UNITÉ, également par LIGNITE, est quant à elle la grandmère par son unique fille DJEMILA des internationaux HERISTALE et RAVENO et l'arrière grand-mère de l’étalon ALCAMO, malheureusement par PRINCE DU CY (fils de l’illustrissime VAUDOISE, mais aussi d’ULTIMATE…).

Jarnac, sf (Ryon d’Anzex, aa x J’T’Adore), un crack et surtout un étalon dont la production s’affirme. Ph. Scoopdyga

• Cependant la brillante suite de filles de JAPONAISE débuta par la première, et la meilleure, des trois : QUIRYDA. Son père, celui aussi de ROSE et UNITÉ, LIGNITE (ps) était un très bel alezan rubican d’1,61 m, articulé bas, profond, musclé derrière avec de beaux jarrets, très bien sorti devant mais fait légèrement en plongeant. Il avait bien gagné en courses d’obstacles (215 650 FF en 1924) comme beaucoup de fils d’EX VOTO, lui-même gagnant du Jockey Club 1903. Alezane comme ses sœurs, QUIRYDA était une belle jument d’1,67 m dans le sang avec une encolure longue et bien sortie devant une très belle épaule. Dotée d’un caractère en or, elle était très confortable (donc équilibrée) et était bien classée en poulinières à Sainte-Mère-Eglise. Bien que blessée à l’épaule en juin 44 par un éclat d’obus qui mit deux mois à sortir, sa robuste constitution lui permit de

bien gagner avec Alain Navet après la guerre. Sa production fut réellement exceptionnelle. Sur dix poulains, mis à part UNANIME et HAUTAIN dont nous n’avons trouvé aucune trace, et CENTAURE DU BOIS, étalon de tête du Haras de Saint-Lô, les sept autres furent Elite obstacle et avec la manière ! BRICOLE (par ISSU D’AMBLIE, fils de BOIS DE CLESSIS – né chez l’arrière-grand-père d’Aymeric de Ponnat – et TOURTE par CHEVAIN – frère de la VIGOUREUSE, ancêtre de NINO DES BUISSONNETS : rien de nouveau sous le soleil !) fit les Jeux de Stockholm pour la Suisse ; KAIMA et LUMA (par BRÛLE TOUT) gagnèrent en CSIO, le très beau LUMA étant même qualifié pour les Jeux de Tokyo, mais Alain Navet s’étant cassé la cheville dut déclarer forfait ; GLANDOR (SÉRAPHIN, ps) fut un très bon gagnant, mais pas à ce niveau ; JOLIETTA fut une des meilleures de sa génération à quatre et cinq ans avant d’en-

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ETUDE JARNAC gendrer Arthy-HN et Urgande (mère de Quito de Baussy, champion du monde individuel à huit ans et d’Europe à neuf ans, pilier de l’équipe de France dans les années 80-90) et de mettre tous les enfants Navet à cheval ; Nikita B, la dernière, était par Débuché (père de l'olympique Sans Souci) et fut 5e du championnat des 4 ans, 8e de celui des 5 ans (15e de sa génération par les gains) et fut toujours qualifiée pour le Régional de Caen. Alain Navet, qui fut un grand éleveur, ne gâta toutefois pas Nikita dans le choix de ses étalons : Francilius (ps) déçut beaucoup (leur mâle Dicky fut néanmoins étalon national à Angers). Verbois (ps) aussi, mais avec Prince du Cy dont nous venons de parler elle eut quand même Ackim, ISO 129 à huit ans. Sa propre-sœur Bella, exportée aux Pays-Bas,

Descendance de Japonaise

y engendra Ascot (Almé) qui y eut la cote comme étalon. Le premier produit de cette Nikita B, Ursella, eut plus de chance. Ursella, arrière grand-mère de Jarnac, était une jument baie, née en 1964 de Brûle Tout (par Foudroyant II, ps et une fille d’Issu d’Amblie, tête de sa génération à quatre ans, premier étalon acheté sur performances, plusieurs fois dans les 5 voire 3e des pères de gagnants dans les années 60). Elle fut achetée par Mme Dauriac qui lui fit gagner 207 FF en 1968 avant de la faire saillir. Avec Nykio, elle donna la bonne Galatée de Féral, 25e des 5 ans, 21e des 6 ans, puis exportée en Italie. Le baron Philippe des Jamonières, parfait gentilhomme campagnard éleveur de bovins, ovins et cavalier d’extérieur, rencontra Ursella chez Xavier Ribard pleine du Pur-sang Franc Ryk (un fils

par Vas Y Donc et Union par Delhi Japonaise ➩ Quiryda, 1938 (Lignite, ps), ES - EO ➩ Vendetta, 1943 (Issu d'Amblie), ES - EO ➩ Bricole, 1945 (Issu d'Amblie), EO, JO Stockolm (Suisse) ➩ Centaure du Bois, 1946 (Trianon du BoiS), HN, St Lô, Elite CH ➩ Glandor, 1950 (Seraphin, ps), ES - EO ➩ Jolietta, 1953 (Brûle Tout), Recommandé CH ➩ Urgande B, 1964 (Prince du Cy), RCH, ISO 124/72 ➩ Kilver de Baussy, 1976 (Silver MAtal, ps), ISO 143/84 ➩ Quito de Baussy, 1982 (Jalisco B), CSIO, champ. du monde, Etalon ➩ Arthy, 1966 (Prince du Cy), HN, St Lô ➩ Kaima, 1954 (Brûle Tout), CSIO ➩ Luma, 1955 (Brûle Tout), CSIO, sélect. JO Tokyo ➩ Nikita, 1957 (Débuché), RCH ➩ Ursella, 1964 (Brûle Tout) ➩ Galatée de Féral, 1972 (Nykio), ISO 143/78 exp. Italie ➩ Ironie du Cellier, 1966 (Franc Ryk, ps), ISO 123/79 ➩ Soupir du Cellier, 1984 (Karaté), ISO 129/91 ➩ Nasarde du Cellier, 1979 (Double Espoir) ➩ Vic du Vass, 1987 (J' T'Adore) ➩ Esprit de Kerser, 1992 (Quat'Sous), CSI à l'étranger ➩ Jarnac, 1997 (Ryon d'Anzex), ISO 173/11 CSIO ➩ Miami d'Auvray, 2000 (Flipper d'Elle), CSI 6 ans ➩ Alienor, 1988 (J' T'Adore) ➩ Herbagère ii, 1995 (Super de Bourrière), ISO 145/01 ➩ Marmot, 2000 (Fergar Mail), ISO 133/09 ➩ Cartier d'Or, 1990 (J' T'Adore), HN, ISO 132/95 ➩ Dixit de la Bride, 1991 (J' T'Adore), ISO 121/96 ➩ Mohikan de Keos, 2000 (Diamant de Semilly), ISO 149/06 ➩ Ore de Keos, 2002 (Diamant de Semilly), ISO 138/09 ➩ Olisca de la Bride, 2002 (Urbain du Monnai), ISO 144/12 ➩ Ocarina du Cellier, 1980 (Nykio), ISO 120/85 ➩ Aubade du Cellier, 1988 (Hurlevent), ISO 140/97 ➩ Bemol du Cellier, 1989 (Double Espoir), ISO 127/97 ➩ Praline du Cellier, 1981 (Karaté), ISO 135/89 ➩ Toupie du Cellier, 1985 (Karaté), ISO 127/93 ➩ Utopie du Cellier, 1986 (Prelude de Cheux), ISO 144/95 ➩ Magic du Cellier, 2000 (Quick Star), ISO 138/09 ➩ Présage du Cellier, 2003 (Quick Star), ISO 135/10 ➩ Ackim, 1966 (Prince du Cy), ISO 129/75 ➩ Bella, 1967 (Prince du Cy) ➩ Ascot, 1982 (Almé), Etalon, kwpn ➩ Dicky, 1969 (Francilius, ps), HN ➩ Rose du Japon, 1939 (Lignite, ps) ➩ Dauphine, 1947 (Trianon du Bois) ➩ Haïti, 1951 (L'alcazar, ps), ES - EO, CSIO ➩ Maïti, 1956 (Foudroyant II, ps), EO, CSI ➩ Fire Crest, 1949 (Navarin, aa), CSI ➩ Unité, 1942 (Lignite, ps) ➩ Djemila, 1947 (Quoi Donc), ES ➩ Heristale, 1951 (Brûle Tout), ES, CSI ➩ Raveno, 1961 (Brûle Tout), CSI Portugal ➩ Sarina 1962 (Brûle Tout) ➩ Alcamo, 1966 (Prince du Cy), HN ES, Elite Selle - EO, Elite Obstacle - RCH, Recommandé Concours Hippique

de Franc Luron qui, lui, eut une meilleure réussite en saut d’obstacles) et l’importa au Cellier en Loire-Atlantique. Si Ursella faisait un peu commune d’aspect, son origine était intéressante et elle manifestait une très belle énergie dans ses allures. Ironie du Cellier (par Franc Ryk) vit le jour sans aucun problème, sa mère étant pleine neuf jours plus tard comme elle fit pendant toute sa carrière. Ironie, ISO 123/79, fut sortie par S. Séailles à cinq puis à six ans où elle fit un refus le soir sur la rivière face au soleil à la finale de Fontainebleau, avant d’engendrer son seul poulain Soupir du Cellier (Karaté, ISO 129/91). Le poulain suivant d’Ursella, Jacquet A par le très discret King Son, montrait de gros moyens, mais était très délicat. Puis vint Nasarde du Cellier (future grand-mère de Jarnac, nous allons en parler plus bas), suivie d’Ocarina du Cellier, par Nykio, qui gagna bien à cinq ans, puis donna Aubade (Hurlevent, ISO 140/97), puis Bémol (Double Espoir, ISO 127/97), tous deux « du Cellier ». Praline du Cellier (Karaté) fut franchement meilleure : ISO 135/89, mais produisit moins bien. Sa propre-sœur, Toupie du Cellier, fut aussi une bonne compétitrice, ISO 127/93. Après Galatée, ce fut Utopie du Cellier (Prélude de Cheux), la meilleure fille d’Ursella, ISO 144 (95), sortie par Christophe des Jamonières puis Francis Mas. Son naisseur en refusa une belle somme pour la garder poulinière et il eut raison : Magic, ISO 138 (2009), et Présage, ISO 135 (2010), tous deux « du Cellier » et par Quick Star récompensant sa décision !

Nasarde du Cellier par Double Espoir Quand Double Espoir fut présenté aux éleveurs de La Roche-sur-Yon pendant l’hiver 1972-73, beaucoup se moquèrent de sa petite taille et de son aspect rondouillard. Le sobriquet de « petit cob » lui est resté jusqu’à sa mort en 1994. Patrick Blanckaert, le Dr Fayolle, Philippe des Jamonières ne le voyaient pas comme ça. Sous son encolure courte et attachée bas, sa croupe un peu rabattue, ses côtes rondes et son manque d’étendue, il était quand même « monté sur ressorts », et son origine était brillante. Ibrahim, d’abord décrié par les uns parce son père The Last Orange, bien que sautant très bien, était petit-fils d’une jument non constatée, par les autres parce que sa mère, Vaillante, était fille de Porte Bonheur (Royal Chesnut) – un étalon pourtant présent dans de nombreux papiers de gros gagnants – Ibrahim donc était enfin reconnu comme un très grand étalon. Quant à la mère de Double Espoir, Quatrième Espoir, par Plein d’Espoirs, étalon de tête, et la fameuse Gazelle d’Alexis Pignolet, elle fut 14 fois sans-faute (sur 18 tours !) à quatre ans, propre-sœur de Nouvelle Espoirs tête de liste de sa génération à cinq ans (devant Nikita B !), puis JO pour l’Espagne, demi-sœur de l’autre excellente Gazelle d’Elle, etc. Négligé au début, les cavaliers et les éleveurs remarquèrent vite que les Double Espoir avec des juments dans le sang étaient faciles, stylistes et montraient une certaine force. Philippe des Jamonières qui l’utilisa dès le début avec d’autres souches se fit un plaisir de lui mettre Ursella, devenue Première catégorie grâce à Galatée de Féral, car entre-temps il était tiré au sort. Il faut bien vivre ! et donc vendre un produit de temps en temps. Ce fut le cas pour le produit issu de ce croisement, Nasarde du Cellier, née en 1979, future grand-mère de Jarnac que nous avons évoquée plus haut, vendue aux Ventes de Poitiers à trois ans en 1982. Son naisseur se souvient d’une jument d’1,64 m un peu épaisse avec une vraie paire de fesses comme sa mère et comme Double Espoir, et avec de la niaque. Jean-Daniel Schœnauer, éleveur de vaches laitières dans la Meuse, cherchait une poulinière par Double Espoir et c’est un marchand suisse qui lui proposa Nasarde, fille de Double De haut en bas : Brule Tout, père de la grand-mère de Quito de Baussy et de l’arrière grand-mère de Jarnac (Ph.coll). Quiryda et, en dessous, sa fille Nykita et son fils Luma, montés par Alain Navet (Photos coll Sylvie Navet) ; Ursella, fille de Nikita, et sa pouliche Nasarde du Cellier, future grand-mère de Jarnac (Ph. Coll)

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