L’Eperon dito
Formule
U
L'inflation des actualités est telle, la révolution numérique à ce point intraitable que pour que L'Eperon perdure, il fallait l'adapter encore.
ne nouvelle formule… C’est l’expression choisie par les éditeurs lorsque un journal, un magazine fait évoluer sa maquette, repense contenant et contenu. Tout cela pour plaire. Mon vieux dico, entre autres énoncés, me propose « Modèle qui contient les termes formels dans lesquels un acte doit être conçu ». Et pourquoi pas nouveau costume ? Parce que l’on ne change pas que l’apparence du Monsieur. Il en va aussi de l’intérieur ! Comme cet acte qui consiste à vous proposer pour chaque numéro de l’Eperon, une composition de notre goût. Un peu plus loin, mon vieux Larousse des familles (édition 1972) indique encore « résultat d’un calcul » et même « ensemble d’indications, d’éléments aptes à fournir une solution dans un domaine précis ». Eh bien oui, c’est tout cela à la fois ce n°346 comme témoin. L’Eperon a toujours évolué. Il y a quatorze ans, la mise à feu de Cavadeos. com lui a permis de se délester de plus en plus du poids de l’actualité qui n’a cessé d’enfler. L’inflation est telle en la matière, la révolution numérique à ce point intraitable que pour que votre magazine perdure, il fallait l’adapter encore. Moins de comptes rendus parce que le débrayage sur Cavadeos l’autorise et donc sans « perte » pour vous, davantage de réflexion, de contre-point, d’enquête, d’analyse. Des papiers plus courts ou carrément plus longs en fonction de l’importance qu’on y accorde. De l’infographie, de la photographie de qualité, du dessin pertinent, éloquent ; bref de l’audace et du caractère, c’est ce que nous espérons que vous y trouverez. Mais il fallait encore aller plus loin. Proposer L’Eperon ainsi revu et allégé en version digitale, c’est-à-dire disponible sur tablette numérique. Abonnés, ce numéro vous sera ainsi délivré assorti de renvois, de documents annexes, voire d’articles complémentaires, de photos et de vidéos, sans qu’il vous en coûte – pour l’instant – un centime de plus. C’est vraiment le moment de s’abonner ! Non seulement vous trouverez votre version papier chez vous, mais vous pourrez emporter la version enrichie avec vous et en profiter quand vous voulez ! Pour les autres abonnés, la version digitale est également à leur disposition, mais pour quelques centimes de plus qu’un numéro normal. A vous de voir ! Formule… C’est également ce que vous découvrirez au travers de la longue enquête que nous avons menée avec Claude Bigeon et Catherine Roux, à l’occasion de l’anniver-
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par Xavier Libbrecht
saire des vingt ans du Parc fédéral de Lamotte Beuvron. C’est que le projet de la Fédération fonctionne lui aussi sur une formule : « Simple, utile et efficace », respectant ainsi parfaitement la pensée et la volonté de son leader depuis plus de vingt ans, Serge Lecomte. Que l’on ne se méprenne pas en effet. Si Serge Lecomte n’est officiellement président de la FFE que depuis 2004, dans les années qui précédèrent son élection il influait déjà lourdement, depuis les années 90, sur le cours des choses selon la bonne vieille méthode dite de la carotte et du bâton, pour donner à l’équitation française le visage qu’elle a aujourd’hui. Et dans ses cartons, il y avait ce projet moteur de Parc équestre dont vous découvrirez tenants et aboutissants, dans ce qui fait aussi la « Une » de cette nouvelle formule illustrée par un dessin de l’ami Milon ! L’idée de Parc serait maîtresse pour entraîner les clubs dans une dynamique économique. Un sujet que Lecomte connaît bien puisqu’il est patron de l’une des plus grosses sociétés françaises du genre, c’est-à-dire privée, comme 80 % des clubs. Parce que selon lui, une politique sportive, par le truchement d’une Fédération et de la délégation de service public, c’est d’abord et avant tout une politique en faveur des établissements professionnels. CQFD. C’est ainsi que plus de la moitié du budget fédéral, abondé essentiellement par les licenciés, les engagements en compétition et les organisateurs leur est consacré au travers, pour bonne partie, du Parc fédéral. Une réussite selon ses thuriféraires. Un délire, une voie de garage à moyen et long terme pour les autres. Et, au bout du compte, des résultats sportifs au meilleur niveau qui sont loin d’épater la galerie mondiale (JO de Londres 2012). Et soyez persuadés que l’on espère être largement démentis dans deux mois, lors des Jeux équestres mondiaux Alltech FEI 2014 en Normandie ! Le Parc fédéral, au terme de notre enquête, apparaît d’autant plus surdimensionné qu’il interdit, de facto, de développer d’autres projets… Sauf sur ou autour du Parc ! Concentration des efforts en un lieu, plutôt qu’une politique de soutien à la décentralisation. Cette autre politique estelle possible ? Pour cela il faudrait qu’il y ait débat. Or il n’existe pas. Il n’existe plus depuis qu’en 2006 les nouveaux statuts fédéraux donnent tout le pouvoir de conduite du mouvement équestre aux clubs. Et ceux-ci sont tellement accaparés par leurs affaires, qu’à 80 % environ, ils laissent le pouvoir de décider pour eux et l’équitation française à une minorité agissante.
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L’Eperon SOMMAIRE
3 Edito 8 Tribune - courrier 10 Actualités 22 Reportage sport
Juillet 2014
Enquête
Les Allemands
Le Parc équestre fédéral
38 Portrait
Le Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron souffle ses vingt bougies. Son extension exponentielle en a fait un lieu hors normes. Ambition démesurée du président Lecomte ou base fondatrice d’un modèle de développement visionnaire ? Enquête au long cours…
Cheval : Robinson de Lafont de Massa
42 La parole à...
Face à face Nicolas Andreani et Jacques Ferrari
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Ph. PSV
46 Reportage élevage
Le Haras de Riverland
Sport
55 Enquête
Les Allemands
Le Parc équestre de Lamotte-Beuvron
73 Etude élevage
78 Sciences et santé
Formations en ostéopathie : une impasse ?
Depuis 1954, les Allemands ont décroché deux cent soixante-dix médailles européennes, mondiales et olympiques en saut d’obstacles, dressage et concours complet. Et ils comptent bien compléter leur impressionnante collection lors des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech Normandie du 23 août au 7 septembre, où ils feront partie des favoris. Coup de projecteur sur quatre de leurs possibles atouts : Daniel Deusser (photo) et Ludger Beerbaum, Ingrid Klimke et Isabell Werth.
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Technique En route vers les finales (3) : le dressage 5
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Ph. D. Caremans
Le Pax et les indices morphologiques
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L’EPERON SOMMAIRE
Juillet 2014
84 Homme de l'ombre David Stickland
86 Lectures
Ph. Studio Delaroque
La charge de l’escadron de Gironde
Ph. F. Clot
Elevage
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Le Haras de Riverland
88 Economie
C’est l’histoire d’un gamin de vingt ans passionné d’élevage qui fit naître pour premier poulain Jalis de Riverland… vendu à trois ans 460 000 € aux ventes Fences. Quatorze ans plus tard, le Haras de Riverland est devenu un modèle du genre, réunissant soixante-dix juments, collection incroyable des meilleures lignées françaises.
Les quarante ans de Padd
91 Dossier
Les additifs alimentaires
96 Tour du monde
CSIO5* de Rome et St Gall Les 500 ans du Haras de Marbach JO de Rio 2016 : première visite
La parole à...
Nicolas Andreani Jacques Ferrari
117 Tour des Régions 124 Infos pratiques
Interview croisée des deux stars de la voltige française : le multi-médaillé Nicolas Andreani et le champion d’Europe en titre Jacques Ferrari. Ces deux personnalités diamétralement opposées préparent les Jeux équestres mondiaux avec la même envie.
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CSIO Juniors et Jeunes Cav. de Deauville Marie Demonte perd ses chevaux Nouveau Bureau du stud-book Selle Français Le vocabulaire équestre en question
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Programme Equidia , Adresses, calendrier
125 Petites annonces
Annonces classées : chevaux, pensions, véhicules, stages, santé, équipements, emplois, immobilier
Elevage
Les indices morphologiques
Depuis près de trente ans, le stud-book hollandais du KWPN dispose d’un indice génétique permettant d’évaluer, point par point, les traits de conformation, mais aussi de locomotion et de saut, que transmettent ses étalons. En France, et dans les pays voisins, cet outil fait, sous différentes formes, l’objet d’un intérêt récent et grandissant. Décryptage.
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Ph. J.-L. P. et E. Knoll
106 Tour de France
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reportage sport
Les Allemands
Les Allemands d
M
is à part en endurance et peut-être en attelage (quoique), les Allemands peuvent prétendre à des podiums dans toutes les disciplines : saut d’obstacles, dressage, complet bien sûr, mais aussi para-dressage avec Annelore Brenner (championne paralympique grade 3 à Londres) ou voltige… D’où vient cette force ? Où est leur talon d’Achille ? L’Eperon se penche aujourd’hui sur une réussite sinon sans failles du moins incomparable, et vous propose également un coup de projecteur sur quelques-uns de ceux qui pourraient bien faire résonner l’hymne allemand en Normandie ou qui ont une longue expérience de cet événement.
« I want it all »… l’équipe allemande de concours complet aimait beaucoup entonner cette chanson de Queen en 2005 au championnat d’Europe de Blenheim ainsi qu’aux Jeux mondiaux 2006 à Aix-la-Chapelle. Une sorte d’hymne qui leur va comme un gant. Pour les Allemands, en effet, quelle Saut d’obstacles : les JEM oui, les JO que soit la discipline, le show ne s’arrête jamais, pas trop ! les médailles pleuvent, les victoires sont monnaie dans nos souvenirs : l’Allemagne, rentrée bredouille courante. Alors, fin août aux Jeux équestres mondiaux Cherchons d’un grand championnat, est-ce déjà arrivé ? Pas souvent aux FEI Alltech Normandie, ils arriveront c’est sûr, avec Jeux équestres mondiaux ni aux championnats d’Europe en tous cas. Depuis que les Jeux mondiaux ont été instaurés, en de l’ambition, beaucoup d’ambition. 1990 à Stockholm, l’Allemagne a toujours accédé à l’une des marches du podium par équipes, exception faite de Jerez 2002 où France, Suède et Belgique avaient créé une certaine surprise, avouons-le. 2e en 1990 ; victorieux en 1994 à La Haye avec le
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Les Allemands
débordent d’ambition quatuor Sloothaak (qui avait réussi le doublé avec Weihaiwej San Patrignano) – von Rönne – Hafemeister – Beerbaum ; encore en or en 1998 à Rome avec les deux frères Beerbaum, Sloothaak et Nieberg ; 3e en 2006 à Aix (où Marcus Ehning et Küchengirl avaient plombé l’équipe) et en or à nouveau en 2010 à Lexington, avec Janne-F. Meyer, Meredith MichaelsBeerbaum, Carsten O. Nagel et un Ehning retrouvé, les Germains ont le meilleur bilan. Et ce bilan est encore rehaussé par le titre de Sloothaak et les médailles de trois autres, sans remonter aux médailles plus anciennes, dont les doublés d’Hans-Günter Winkler. En championnats d’Europe, le bilan est tout aussi éloquent. Winkler (1957) et Thiedemann (1958) furent les premiers champions individuels de l’histoire et MM. Schridde, Steenken, Wiltfang, Alwin Schockemöhle, son frère Paul, auteur d’un triplé historique de 1981 à 1985, Beerbaum, Ahlmann et Kutscher, ainsi que Meredith Michaels-Beerbaum triompheront à leur tour. Et même plus souvent qu’à leur tour. Par équipes (médailles depuis 1975), l’Allemagne s’imposera 7 fois sur un total de 20 confrontations. Une fois sur trois. En revanche, pour les Jeux olympiques, ça se complique. Première alerte en 2004 à Athènes : l’équipe rétrograde à la 3e place suite aux problèmes de médication visant Ludger Beerbaum et Goldfever. Puis à Pékin avec ses tests de dopage positif sur Köster la monture de Christian Ahlmann
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Nous avons choisi de donner la parole à Isabell Werth, Daniel Deusser, Ludger Beerbaum et Ingrid Klimke, mais les prétendants allemands aux médailles à Caen sont plus nombreux. Helen Langehanenberg/ Damon Hill (page de gauche, ph. E. Knoll) en dressage, Marcus Ehning/ Cornado NRW en saut d’obstacles (ci-dessus, ph. Scoopdyga), et Michael Jung/Sam (ci-contre, ph. Scoopdyga) en concours complet feront par exemple partie des favoris.
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Vingt bougies et des Si la tarte, née à Lamotte-Beuvron sous la houlette des sœurs Tatin, s’enorgueillit d’une notoriété mondiale, le Parc équestre fédéral instauré au sein de la même commune figure quant à lui au Guinness Book pour son record de participation de cavaliers lors de l’Open en 2012. Cette année, la structure soufflera les vingt premières bougies de sa jeune existence alors que le chantier global est loin d’être terminé. La Fédération voit en effet toujours plus grand.
P
haraonique », s’exclamait dernièrement un visiteur en s’approchant des lieux ! En effet, de place en place les chantiers en cours interpellent à l’exemple du château débuté voici trois ans selon une configuration quasi à l’identique de la demeure qui figurait dans le giron impérial sous Napoléon III. Une fois finalisée (fin 2016 en principe et un coût encore à venir de 2.5 M€)*, la structure devrait accueillir un restaurant haut de gamme qui sera mis en gérance. Aujourd’hui, la Fédération est propriétaire d’un véritable outil réceptif d’une surface totale de deux cent quatrevingt-cinq hectares, d’un bâti important pour une valeur d’achat à hauteur d’un peu plus de sept millions d’euros à
laquelle s’ajoute le coût de tous les travaux qu’il est difficile d’estimer depuis les débuts des chantiers en 1995. Ces trois dernières années, à la lecture des comptes rendus des assemblées générales, on remarque que les travaux sont à la hausse. Frédéric Bouix, délégué général de la FFE rappelle à ce sujet que tous les investissements ont été réalisés sur les fonds propres de la FFE et sans avoir recours au moindre prêt. De plus, des pourparlers sont évoqués, comme le précise le directeur du Parc, en vue de l’acquisition de la parcelle dite « La Ferme » qui subsiste dans l’enceinte FFE. Elle appartient au Conseil général et abrite un centre de formation du Lycée agricole de Vendôme. Les terres agricoles s’étendent sur cent trente-cinq hectares au-delà de la route qui longe le Parc équestre et la FFE est déjà en possession d’un terrain qui les bordent, mais il n’a pas été précisé si une option d’achat est à l’ordre du jour. « Conformément à la délégation ministérielle qui incombe à la FFE tant pour le développement de la formation que l’organisation d’événements sportifs, la vocation de la FFE est de fournir un lieu d’excellence. Celui-ci accueille d’ores et déjà de nombreux événements pour les amateurs et les clubs et il pourra par la suite, avec ses nouvelles infrastructures, devenir le centre d’entraînement du haut niveau ainsi que le lieu d’organisation de compétitions à destination des catégories
les plus élevées », explique Cécilia Reymond, chargée de communication.
Les
dépenses explosent en cinq ans ! Au fil des cinq dernières années, les premières investigations concernant les bâtiments les plus anciens dans l’enceinte du château voyaient le jour alors qu’à l’AG 2009 figurait une dépense de 2,2 M€ pour l’ensemble de ces travaux. A l’époque, on parlait beaucoup du musée, en particulier lors de la journée d’information qui eut lieu en même temps que l’inauguration de la Colonie. Cinq ans plus tard, ledit musée est toujours en chantier. Entre 2010 et 2012, l’accent est mis sur les nouveaux terrains et les aménagements de carrières, la création d’un anneau de galop et une plate-forme stabilisée à la Cimbaudière. Devant le Pavillon, l’esplanade est stabilisée. En 2013, alors que l’éventualité de l’annulation d’une partie de l’Open de France était évoquée, de gros travaux ont eu lieu pour résoudre la problématique du stationnement des véhicules face aux intempéries incessantes. En quelques semaines, une plate-forme a vu le jour grâce aux efforts conjugués du directeur de l’époque Pascal Bioulac et de l’administration qui devait délivrer les permis de construire. En 2014, cette fois, le Parc devient un site d’accueil à
* Le compte rendu des AG de la FFE précise chaque année : « Afin d’identifier la valeur économique globale des locaux, les frais de personnel interne de la FFE ont été intégrés dans les montants des investissements de l’exercice ».
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ENQUETE PARC EQUESTRE
Lamotte-Beuvron
projets à la pelle
part entière avec la mise en route de l’hôtel qui s’avère être le point fort des aménagements en cours. Le Parc reçoit de plus en plus de clubs visiteurs au moment des vacances scolaires. « Ces stages sont très prisés et vite bouclés. Les inscriptions tombent dès les premiers jours de l’année pour les vacances de février et Pâques alors que, dès le printemps, les clubs réservent pour l’automne suivant », déclare
Qui travaille au Parc ? Philippe Guibout, ex époux de Jacinte Giscard d’Estaing, « l’architecte qui a dessiné l’ensemble du bâti depuis 1995, continue dans sa tâche pour les projets à venir », précise celui qui était le régisseur du Parc lors de notre visite, Franck Maury. Sur le terrain, il est assisté d’un chef de chantier, M. Laudelle qui assure depuis 1997 le pilotage des travaux. Un bureau d’étude, l’APAVE, qui conseille sur les normes techniques, soutient les projets de travaux. Tous les métiers sont présents sur le site, du bûcheron au cuisinier, en passant par l’électricien, le jardinier. • équipe technique, 45 permanents dont 3 personnes et un stagiaire au bureau central. Au programme, les événements compétitifs, les journées de stages, les réunions ou séminaires ou encore les rendez-vous du haut niveau qui fleurissent depuis quelques mois. Une partie de l’équipe orchestre également l’ensemble des travaux de fond ; • constructions, du gros œuvre à la finition : 22 permanents et une équipe d’une vingtaine d’intérimaires, actuellement des Roumains en charge de la restauration du château ; • maintenance et entretien des terrains : 10 permanents • hôtellerie-restauration (désormais en gestion interne) : 10 emplois Malgré cette petite centaine d’employés auxquels viennent s’ajouter des intérimaires et, lors des grandes manifestations, des bénévoles, « Tout ne peut se faire en un coup de baguette magique. L’équipe du Parc fait souvent des propositions pour les améliorations, explique Franck Maury. Le site est énorme, il demande un entretien important et nous fabriquons en interne l’essentiel des besoins en barrière, bacs, fermetures, etc. Concernant les terrains d’accueil, tout n’est pas stabilisé et nous sommes souvent tributaires de la météo. C’est un reproche souvent entendu, mais les efforts ont été très importants dans ce domaine, ces dernières saisons. » C. R.
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Etude
elevage
Nouveaux indices
Modèle : les indices à la mode ? Les indices morphologiques permettent de décrire la façon de produire d’un étalon, sur la base du relevé très détaillé du modèle et des allures de ses descendants, effectué par des juges patentés. Photos Pixizone
B
PAX (Programme d’aide au croisement), lancé cette année par Arnaud Evain et le GFE ; conventions récemment signées entre l’IFCE et les stud-books Anglo-arabe et Selle Français ; mises en place récentes en Allemagne… Les indices morphologiques seraient-ils dans l’air du temps ? 73
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ien des éleveurs aimeraient l’avoir, malheureusement la recette magique n’a toujours pas été trouvée qui permette à coup sûr de faire naître un crack cheval ! Certains ont payé très cher pour le savoir, l’élevage des chevaux de sport garde sa part de mystère et de facteur chance. On aurait toutefois tort de s’en remettre totalement au hasard. Pour autant, la dérive qui a donné à croire, au début des années 90, que la science de l’élevage se limitait à l’accouplement de deux animaux titulaires d’un bon Blup a causé beaucoup de tort à cet indice génétique. De même, dans les dernières décennies, de jeunes stud-books ont cru pouvoir limiter leur programme de sélection
à l’expression de la performance en saut d’obstacles et négliger le modèle. Mais il semble qu’on en revienne. L’attention à apporter à la prédisposition morpho-locomotrice (modèle et locomotion) rejoint la valeur génétique et les performances en compétition, ainsi que l’association des courants de sang (choix des pedigrees), au rang des outils à placer en tête de la palette de ceux
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INDEX
MORPHOLOGIQUE
NUMERO UNO (LIBERO H x LORD CALANDO) Modèle Géométrie Attache tête/encolure Longueur de l’encolure Orientation de l’encolure Musculature de l’encolure Garrot Epaule Dos Rein Angle de la croupe Longueur de la croupe Aplombs antérieurs Aplombs postérieurs Boulets Pieds Talons Membres Ossature membres Saut en liberté Poussée Technique Antérieurs Dos Postérieurs Couverture Souplesse Respect
rectangulaire fine longue verticale épaisse sorti inclinée tendu tendu oblique longue brassicourt jarrets coudés bas jointés grands hauts secs armés
carrée épaisse courte horizontale grêle noyé droite creux faible horizontale courte genoux creux jarrets droits droits petits bas épais légers
verticale rapide pliés rond dégagés beaucoup beaucoup beaucoup
horizontale lent étendus creux ramenés peu peu peu
Extrait (traduit) de la fiche de l’étalon Numero Uno publiée par le KWPN, premier studbook à avoir utilisé ce type d’indice génétique. Pour chaque caractère, la moyenne de la population est à 100. On voit ici, par exemple, que Numero Uno, indicé 85 sur ce critère, produit des encolures très longues.
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PAS QU’UNE QUESTION D’ESTHÉTIQUE L’attention qu’il faut apporter au modèle a un rôle esthétique et commercial évident. Il a aussi, et surtout, un but mécanique, fonctionnel : certains défauts de conformation graves nuisent à la longévité du cheval et à son utilisation, en ce qu’ils peuvent induire des pathologies provoquant une usure prématurée ou des douleurs et un inconfort qui handicapent le cheval et peuvent le rendre difficile au travail. A l’inverse, certaines caractéristiques morphologiques elles-mêmes, ou la combinaison de certaines d’entre elles, sont favorables à la performance sportive. Par exemple, une épaule inclinée, un garrot long et saillant, de grands rayons, une croupe longue associée à une musculature puissante, un dos qui peut être légèrement descendant s’il est large et souple… Ce souci du bon fonctionnement « mécanique » du cheval fait partie de la culture de l’élevage depuis des siècles, et la sélection des étalons de sport a d’ailleurs longtemps reposé sur les seuls critères du modèle et des
allures. Avant 1982, date de création d’un circuit de testage des 4 ans qui leur était spécifique, très peu d’étalons des Haras nationaux étaient vus en compétition, et l’épreuve de saut en liberté dans le concours-achat des étalons Selle Français de trois ans ne fut instaurée qu’en 1988. Les Néerlandais ont été les premiers à aller au bout des choses en tentant de caractériser de façon précise les étalons, avec la création il y a vingt-sept ans (1987) d’un index, destiné à permettre aux éleveurs de connaître les caractéristiques morphologiques que transmettent leurs étalons. Grâce à de nombreuses descriptions morphométriques (taille du cheval, longueur de son dos, orientation et longueur de l’épaule, de l’encolure, etc.) effectuées lors des concours de poulinières et de la première étape des concours étalons de trois ans, une base de données a pu être constituée au fil des ans permettant de caractériser la production des étalons pères des chevaux observés. Ces index morphologiques furent directement inspirés de ceux existant chez les bovins.
LE KWPN
PRÉCURSEUR
L’index hollandais est composé de 20 notes de conformation et 16 notes d’aptitude pour le saut d’obstacles (20 + 8 pour les chevaux de dressage). Les notes de modèle décrivent
Hors sentiers scientifiques
ans attendre le calcul d’indices génétiques à caractère scientifique, L’EPERON s’est montré depuis longtemps convaincu de la nécessité d’apporter aux éleveurs une aide au croisement : créé en 1999, le Guide des étalons, vendu en début d’année avec le Hors série de l’élevage, apporte de nombreux éléments objectifs (nombre de juments saillies, taux de fertilité…) sur une sélection de deux cent cinquante étalons stationnés en France, mais il porte également des appréciations permettant de les caractériser. Pour cela quatre comités (obstacle, dressage, concours complet et poneys) d’experts reconnus pour leurs compétences (vingt personnes au total) se réunissent. Les étalons de saut d’obstacles retenus se voient notamment attribuer une à cinq étoiles selon les critères du chic et du modèle, après avoir été observés, en ce qui concerne ces deux derniers points, « au tableau » chez eux ou aux écuries à l’occasion d’une compétition. Un commentaire les décrit rapidement, accompagné quand c’est possible, de quelques conseils de croisement. Arnaud Evain, directeur du Groupe France Elevage (GFE), a lancé cette année un nouvel outil, baptisé PAX (Programme d’aide au croisement), destiné au bon usage des quarante-neuf étalons de ce groupement. Le GFE espère bien sûr attirer les propriétaires de juments vers ses étalons, dans la mesure où ceux-ci offrent un plus : tous ont été « pointés » (caractérisés) – eux-mêmes et non leur production (dans certains cas l’indice KWPN peut toutefois être ponctuellement utilisé) – sur leur modèle, mais aussi leur technique de saut et leur comportement (23 notes morphologiques, plus 3 pour les allures, 6 pour le saut et 6 pour le comportement). Arnaud Evain, Brice Elvezi et le Comité du GFE ont attribué les notes. On trouve, pour exemple, les notes d’une dizaine de ces quarante-neuf étalons dans un petit livre (Le guide du PAX – Manuel d’utilisation), également
consultable sur le site internet du GFE, qui explique la démarche et revient de façon claire et pédagogique sur les critères du modèle d’un cheval : le but est que les éleveurs puissent à leur tour caractériser, ou faire caractériser, leur jument, selon des critères très précis. Ceci étant fait, tout ou partie des notes de la jument peut être entré dans un programme disponible sur le site internet du GFE ou sur une application pour smartphones, afin d’obtenir la liste, parmi les étalons du GFE, de ceux qui conviennent le mieux à la jument. Arnaud Evain a écrit l’algorithme qui permet de « sortir » cette liste, sur la base non pas d’études de corrélations scientifiques, mais sur celle des éléments favorables à la performance que son expérience lui a permis d’acquérir et qu’il expose dans le manuel. Ceux qui n’adhèrent pas à cet exposé – relu par le comité du GFE et Jean-Marie Denoix – doivent donc passer leur chemin ! Aux autres, le PAX sort un total de points de compatibilité entre la jument et les différents étalons du GFE, avec le détail critère par critère, signalant ainsi les bons points de l’accouplement étudié, et émettant à l’inverse des signaux d’alerte en cas de critères incompatibles ou risqués : par exemple, si l’on croise une silhouette très carrée avec une silhouette très carrée, le programme attire l’attention sur le risque encouru, afin que l’éleveur soit sûr de son choix. Alors, élucubration intellectuelle, gadget commercial destiné à « faire le buz » (coût de lancement du PAX, tout compris, 80 000 € tout de même !), ou véritable service aux éleveurs ? Guide des étalons de L’Eperon ou PAX du GFE, ces démarches ne sont pas celles d’un programme scientifique initié par un stud-book tel que celui du KWPN. Mais ce sont bel et bien des outils de plus dans la palette d’informations des éleveurs qui aiment chercher... E. J. • A lire également : Le jugement en concours d’élevage, réalisé par Brice Elvezi et Michel Gaspard, disponible auprès des stud-books SF et AA ; Appréciation des chevaux et poneys, réalisé par Bernard Maurel et Nicolas Baudoin, édité par l’IFCE.
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qui doivent guider l’éleveur dans le choix raisonné de ses accouplements. Viennent ensuite des critères additionnels tels que la robe, le statut ostéo-articulaire, la fertilité et le prix de saillie.
Le stud-book SF étudie actuellement avec l’IFCE et l’INRA un projet de création de ce type d’indices. Ph. Pixizone
aussi bien le type en général (cheval fait dans un carré ou au contraire longiligne, fait en montant ou en descendant,…) que les détails (longueur de l’encolure, aplombs, orientation de l’épaule,…). Les inspecteurs ont pour mission de noter ce qu’ils voient, de la façon la plus neutre et objective possible, c’està-dire sans qu’interviennent leur opinion, leurs goûts, ou une notion de classement ou de comparaison avec les autres chevaux observés. L’index de chaque étalon est assez visuel : il se présente sous forme d’une succession de lignes horizontales – une par trait à décrire. Sur chacune de ces lignes (exemple : longueur de l’encolure), la façon dont l’étalon produit est visualisée par une marque située entre les deux extrêmes (encolure courte, encolure longue, par exemple) sur
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