L’EPERON SOMMAIRE
Août 2014
3 Edito 8 Tribune - courrier 10 Hommage Hubert Bourdy
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SPÉCIAL JEUX MONDIAUX
22 Reportage élevage Normandie terre d'élevage
28 Portrait cheval
Ph. PSV
14 Actualités
Les Jeux Mondiaux FEI Alltech
Diamant de Semilly
En Basse-Normandie
34 Reportage sport
A moins d’un mois des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech en Normandie, L’EPERON vous livre les clés de cet événement à ne pas manquer, et braque le projecteur sur la région qui l’accueillera à partir du 23 août.
Eric Navet
43 La parole à...
Pearse Lyons (Alltech)
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46 Jeux mondiaux
Les forces en présence dans chaque discipline
63 Infos pratiques 67 Le Who's who
Guide
Who’s Who
16 pages de Guide de la Basse-Normandie
La Normandie est à l'honneur... et les Normands. L'EPERON a constitué son Who's who : près de cent trente noms et entités incontournables.
84 Tourisme 86 Homme de l'ombre Jean-Paul Lepetit
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Août 2014
92 Culture
95 Enquête
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100 Technique
Portrait cavalier
Johan Dejager (Great Books on Horsemanship)
Passer l'eau en saut d'obstacles
105 Tour du monde
Ph. Scoopdyga
La fin des étalons d'Etat ?
Après quatre participations aux Jeux mondiaux, Eric Navet y assistera cette fois-ci en tant que spectateur. Pour lui, cette échéance mondiale en Normandie, sa terre natale, est une chance extraordinaire pour la filière. Le champion du monde de 1990 revient sur l’expérience d’une telle échéance et raconte sa nouvelle vie, en Californie, où il entraîne le jeune Américain Karl Cook.
CHIO d'Aix-la-Chapelle Championnats d'Europe des Jeunes de dressage et d'endurance Classement élevage de la WBFSH FEI : contrôle des guêtres et bandages
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Eric Navet
Infos pratiques
Portrait cheval
Programme Equidia , Adresses, calendrier
Diamant de Semilly
114 Tour de France
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Longines GCT Paris Eiffel Jumping Generali Open de France Débat autour des indices génétiques
Ph. Scoopdyga
127 Tour des Régions 134 Petites annonces
Annonces classées : chevaux, pensions, véhicules, stages, santé, équipements, emplois, immobilier
146 C'était hier Photos de couverture : Aymeric de Ponnat/Armitages Boy (Ph. E. Knoll) ; Nicolas Andreani/Quiece d'Aunis (Ph. F. Chehu) ; Benjamin Aillaud (Ph. C. Bigeon) ; Cédric Lyard/ Cadeau du Roi (Ph. G. Grégoire) ; Marc Boblet/Noble Dream (Ph. C. Bricot) ; José Letartre/Warina-ENE-HN (Ph. Pixel Events) ; J.-Philippe Frances/Salim la Majorie (Ph. J.-L. P.) Guillermo Recio Pezzi/Bonnies Smart Chic (Ph. Scoopdyga)
Sur le thème de la Normandie et des Jeux mondiaux, il est un cheval dont le portrait s’impose. Pur Normand, médaillé lors du millésime 2002 de ces mêmes Jeux, il est devenu depuis l’étalon de tête français : Diamant de Semilly, bien sûr !
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Quid des étalons de France Haras ?
Le GIP France Haras devra avoir fermé ses portes cette année. Que deviendront les derniers étalons propriété de l’Etat ? France Haras souhaitait les vendre aux enchères et l’Agence Arqana fut désignée. Mais les socioprofessionnels se sont opposés à cette forme de dispersion…
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Enquête
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« Ultime parcours pour « UN
Ph. Scoopdyga
TRÈS GRAND SENS DU TRACÉ ET DU RYTHME »
On avait beau savoir que le chrono lancé par la maladie tournait contre lui, l’annonce, le mercredi 25 juin, du décès d’Hubert Bourdy a plongé le monde équestre dans une profonde tristesse. Les témoignages n’ont pas manqué pour saluer un des plus grands cavaliers de la charnière du siècle.
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e 25 juin s’annonçait comme une belle journée, mais, tôt le matin, sur les réseaux sociaux, puis les sites du monde équestre, la nouvelle a caché le soleil : « cousin Hub » s’en était allé dans les couloirs du temps, ceux dont on ne revient pas. L’appellation familière collait bien au personnage, tant son ancrage dans la grande famille des sports équestres en faisait un cousin que tous avaient envie de s’approprier un peu. Philippe Léoni qui, avec beaucoup de dignité malgré son immense peine, a conduit la cérémonie funéraire, où une multitude de cavaliers, officiels, éleveurs, organisateurs étaient venus rendre hommage à ce grand homme de cheval, soulignait « son extraordinaire capacité à aller vers l’autre ».
De l’empathie à la sympathie, il n’y a qu’un pas vite franchi par tous ceux qui ont eu l’occasion de le côtoyer. Si parfois son esprit caustique pouvait irriter, la justesse des jugements d’Hubert Bourdy était un atout, souligné notamment par Jean-Maurice Bonneau, qui a concouru à ses côtés, puis lui a fait confiance lorsqu’il était sélectionneur : « Hubert était un vrai co-équipier, extrêmement positif, très critique, mais toujours constructif, et il apportait beaucoup aux autres. Par exemple, il avait un très grand sens du tracé et il analysait très bien les fautes dues à une mauvaise entrée de courbe… Il avait aussi un vrai sens du rythme dans une monte assez instinctive. Il savait jouer sur l’élasticité. Il admirait Marcus Ehning, mais son équitation était aussi un modèle. Je me souviens du parcours de la première manche par équipes du championnat d’Europe à Arnhem avec HÉLIOS. C’était d’une perfection à vous donner la chair de poule ! Humainement, ça fonctionnait très bien entre nous parce qu’avec lui on savait toujours à quoi s’en tenir. Il savait faire la part des choses entre le sport et les affaires. Il faisait du commerce, mais avait besoin de la compétition de haut niveau pour l’adrénaline ». Un avis partagé par Patrick Caron : « Hubert était un homme de dialogue. Pour moi, c’était une valeur sûre en piste, quelqu’un qui avait beaucoup de méthode. C’est un livre d’anecdotes que je pourrais raconter ! La première fois que je l’ai vu, c’était chez Guy Martin pour qui il présentait un cheval. Lorsque Guy m’a demandé si le cheval m’intéressait, j’ai répondu : “Non, le cavalier est trop fort !” Quelques années plus tard, après qu’Hubert a eu les chevaux de l’écurie fédérale, j’ai sollicité la Fédération pour lui faire attribuer MORGAT. Il s’est très bien accommodé de ce petit cheval généreux avec le bronze par équipes à Séoul et les deux médailles de Stockholm (or par équipes et bronze individuel, ndla) ! Le couple était vraiment au sommet ! Il a pu monter des chevaux très différents grâce à son talent et aussi à son travail. Tous ses chevaux étaient très bien dressés. Il avait un coup d’œil extraordinaire pour repérer les bons. Cela l’a amené à faire du commerce et je crois que pour lui c’était une forme de jeu, car il aimait prendre des
Juniperus (à gauche) et Morgat (à droite) ont été les partenaires de ses premiers grands succès internationaux, dont sa médaille d’or par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Stockholm en 1990.
Ph. Sylviane Laporte
Ph. Franck Papelard
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Ph. J.-B. de Monléon
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HOMMAGE HUBERT BOURDY
Hubert Bourdy risques. Il a même pris des risques avec sa vie, avec toujours une façon de manier la dérision. Lorsque je l’ai vu fin mai, il me racontait encore des blagues ! »
BEAUCOUP
DE SENSIBILITÉ DERRIÈRE SON
HUMOUR
Gilles Bertran de Balanda tient des propos analogues : « Hubert était d’une grande vivacité d’esprit, avec beaucoup d’intelligence. Je me souviens de notre première rencontre, au début des années 1980, je donnais un stage dans l’Ain et il était venu voir. Il posait plein de questions ! Puis nous nous sommes régulièrement croisés sur les terrains. Il était très perfectionniste, ne laissait rien au hasard avec beaucoup de contrôle sans avoir une monte dure. Ce qu’il a fait avec MORGAT était tellement beau à voir ! C’est quelqu’un qui avait un état d’esprit remarquable. Et puis, derrière son humour, il cachait une très grande sensibilité. Les enfants l’adoraient. Ma fille Louise a absolument tenu à venir à ses obsèques ! » Du travail, de l’exigence envers ses chevaux, mais jamais de violence, comme le souligne Pierre Durand dans l’émission qu’Equidia lui avait consacrée et qui, hasard de la programmation ou ironie du sort, est passée quelques jours avant sa mort : « Je ne l’ai jamais vu mettre une toise à un cheval ». Tous ceux qui ont fréquenté l’écurie de Marlieux peuvent en attester, à commencer par Jérôme Ringot qui a passé quatorze ans à ses côtés. « Je suis arrivé à Marlieux en octobre 1998. On s’était rencontré lors d'un concours et ça s’était fait très simplement. Avec Hubert, ça allait très vite ! Je suis parti en 2000 parce que j’avais envie de m’installer dans mon pays, près de Belfort, mais en 2002 l’écurie d’Hubert a vraiment pris de l’ampleur et il m’a proposé de venir en début d’année. Puis en mai, après le départ de Kevin Staut, il m’a relancé : “T’arrives quand ?” et je suis resté salarié jusqu’en 2009. Depuis, je loue une partie des boxes. »
« IL
DONNAIT TOUJOURS SA CHANCE À UN CHEVAL COMME À UN CAVALIER »
En 2009, l’écurie comptait quatorze salariés, plus les grooms des cavaliers qui laissaient leur piquet ici. « Vu son culte de l’excellence, qui allait jusqu’à la manie du coup de balai, ça devenait difficile de tout gérer. Mais il y a deux ans, avec le début de la maladie, Hubert avait retrouvé une motivation dans l’achat de chevaux. Toujours le besoin d’adrénaline ! Il y a quelques mois, il nous regardait présenter un cheval. Le client a demandé d’arrêter, ça ne lui convenait pas. Alors qu’il était déjà bien handicapé par la maladie et marchait difficilement, Hubert nous a rejoint sur la carrière, s’est mis à mettre les barres, a fait revenir le client qui a trouvé des nouvelles sensations et a acheté le cheval ! Hubert donnait toujours sa chance à un cheval comme il savait la donner à un cavalier. Il n’était pas obsédé par la position de ceux qu’il faisait travailler. Il voulait voir un cheval qui soit à l’aise avec son cavalier. Pas d’exercice de travail particulier et des formules bien senties : “c’est près, tu tires ; c’est long, tu pousses” ! Mais il avait une finesse d’équitation incroyable et il savait nous faire ressentir des sensations. Il regardait beaucoup les autres, était toujours dans la recherche et capable de faire évoluer son équitation. Il a été novateur en organisation de commerce aussi, en travaillant en réseau. Souvent les cavaliers normands sont surpris de voir les professionnels de Rhône-Alpes si bien travailler ensemble, c’est à Hubert qu’on le doit ! » Hubert Bourdy aurait-il pu être homme d’affaires sans cheval ? Philippe Léoni acquiesce sans hésitation : « C’était quelqu’un de tellement brillant qu’il aurait pu réussir dans
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tous les domaines ! D’ailleurs, quand il s’est mis au golf, ça a tout de suite fonctionné. Il avait une très forte capacité de concentration, il ne s’est jamais dispersé dans ce qu’il faisait. Il était beaucoup moins farfelu que ce qu’il montrait. C’était loin d’être un rigolo ! Notre première rencontre avait été un rendez-vous raté : en 1988, il voulait m’acheter une jument, OZOBA, j’avais accepté et puis je me suis ravisé ! Ensuite, lorsque j’ai arrêté le complet, je lui ai acheté plusieurs chevaux et c’est tout un pan de ma vie avec des souvenirs incroyables comme cette Coupe des nations à
Techniquement doué et doté d’une équitation instinctive et légère, Hubert Bourdy a gagné avec tous types de chevaux dont Centino du Ry (en haut), Hélios (à gauche) et Eve des Etisses (ci-dessus). Photos Scoopdyga et C. Bricot
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Terre d’élevage, terre Si les chevaux font partie depuis très longtemps du paysage normand, l’implantation du Haras royal au Pin en 1716 constitua une étape charnière dans le véritable positionnement de la Basse-Normandie en tant que région phare pour l’élevage des chevaux.
O
n a souvent du mal à imaginer que les choses furent ou seront différentes de ce qu’elles sont. Ainsi, la place centrale qu’occupe la Normandie dans l’élevage des chevaux est tellement évidente qu’elle nous paraît « naturelle », inscrite de tout temps. Le cheval est, de fait, l’un des emblèmes de cette région, auquel tout un chacun l’associe immédiatement, avant même les pommiers, le cidre ou le camembert… Or, si le cheval s’est inscrit dans l’histoire de la Normandie depuis de longs siècles, la place dominante et sans rivaux qu’elle occupe en élevage dans l’imagerie date véritablement du XVIIIe. Et la création du célèbre Haras du Pin n’y est pas pour rien !
ELÉMENT NATUREL DU
DÉCOR
Nul doute aujourd’hui : le cheval est en Normandie une sorte d’obsession, particulièrement dans la Manche, le Calvados et l’Orne. Il s’immisce partout : dans les noms des hôtels et restaurants, des lieux-dits, officines, dans les logos, les objets d’art et de décoration populaires (girouettes, plaques de cheminée…), fêtes et festivals, et, surtout, dans les têtes et dans les cœurs. Inscrit depuis des générations dans les traditions familiales, il est un élément naturel du décor et aucune autre région ne possède la même culture, la même connaissance de cet animal, ni, partant, la même concentration de professionnels vivant de cette filière. D’aucuns feront état de la passion pour les chevaux de Guillaume le Conquérant pour attester de l’ancienneté de cette vocation territoriale. Le célèbre Duc de Normandie, cavalier réputé, figure emblématique de l’unité du peuple normand, semble indissociable du cheval et de la qualité de sa cavalerie empreinte de sang oriental grâce à laquelle, en route vers la conquête de l’Angleterre, il gagna en 1066 la fameuse bataille d’Hastings, représentée dans la non moins célèbre « tapisserie de la Reine Mathilde » de Bayeux. Est-ce à dire pour autant que la Normandie fut de tout temps LA place forte exclusive de l’élevage du cheval ? Pas si simple… Les traditions d’utilisation des animaux remontent aux us et coutumes des différentes peuplades de ce qui est devenu aujourd’hui le territoire français. Les Celtes venus des steppes
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de l’est de l’Europe, chez qui le cheval était au centre de leur civilisation, ont sans doute laissé, notamment dans la moitié nord de la France et dans les îles britanniques, une empreinte plus durable que dans d’autres régions. Aussi le cheval y fut-il beaucoup plus utilisé comme animal de traction que dans le sud de la France, où l’usage des bovins fut plus courant. Or, dans ces régions principalement situées dans la moitié nord de la France, l’élevage des chevaux a longtemps reposé sur la valorisation des landes et des terres pauvres, voire marécageuses. L’alimentation des hommes, essentiellement composée dans l’ancien temps de pain, de farines, de légumes et de laitages, commandait de réserver les terres riches principalement aux céréales et aux bovins. Ingénieur, ancien directeur adjoint, notamment, de l’Ecole
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d’éleveurs
nationale d’horticulture de Versailles, Alain Durnerin est en outre un cavalier amateur passionné de l’histoire équestre : « Vous aviez, raconte-t-il, au Moyen-âge et jusqu’au XVIIIe siècle des régions avec une majorité de zones aux sols pauvres et humides, où l’on élevait ce que l’on pouvait : souvent des moutons et éventuellement des chevaux. Les régions alternant de bons terrains et des terres plus pauvres laissaient plus de choix ».
UN ÉLEVAGE ÉPARPILLÉ ET
NON
STRUCTURÉ
Ainsi, alors que l’élevage du cheval resta absent de régions entières de France jusqu’au XIXe siècle, certaines se démar-
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REPORTAGE
ELEVAGE
quaient. La Bretagne, couvertes de landes de genêts et d’ajoncs, fut longtemps, en nombre, le premier réservoir de chevaux en France avec ses « bidets » destinés à l’agriculture, trop petits pour la cavalerie. Mais il faut également citer la Normandie, le Perche, le Boulonnais, la Franche-Comté, le Limousin, la Vendée, le Poitou ou les vallées pyrénéennes… Chacune selon ses qualités et facteurs de productions : « Pour les unes, il s’agissait de valoriser les terrains pauvres (Bretagne…), pour d’autres ce type d’élevage accompagnait un cycle économique régional (le Boulonnais et ses mareyeurs), pour d’autres encore il s’agissait de productions de chevaux plus “haut de gamme”, plus grands, destinés à la Cour et à la cavalerie (Normandie, Limousin, Franche-Comté, aux sols moins pauvres que la Bretagne) ». La Basse-Normandie avait des prairies permanentes, donc closes,
La Normandie
Ci-dessus, vues sur le bocage calvadosien et le pays avranchin… La BasseNormandie et l’ensemble de ses terroirs constituent l’une des régions les plus réputées au monde pour l’élevage des chevaux. Photos Calvados tourisme et Studio Delaroque
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Qui de mieux pour parler des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech que le plus capé des Normands ? En quatre participations à cette échéance mondiale, Eric Navet a glané trois médailles d’or et trois d’argent. Aujourd’hui expatrié en Californie, il en garde de grands souvenirs et il sera dans les tribunes du stade d’Ornano pour assister aux épreuves de saut dans quelques semaines. Discussion à bâtons rompus sur la nouvelle vie du champion du monde 1990 et sur les Jeux mondiaux.
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« Les Jeux à Caen ? Un rêve ! » a silhouette longiligne n’a pas changé. Son professionnalisme et son perfectionnisme non plus. Son teint hâlé toute l’année témoigne en revanche de son récent changement de vie. Depuis plus d’un an déjà, Eric Navet s’est installé de l’autre côté de l’Atlantique, au « WildFlower Ranch » à Encinitas, à une quarantaine de kilomètres au nord de San Diego (Californie), où il travaille aux côtés de Karl Cook. Cet Américain de vingttrois ans, dont les parents ont fait fortune dans l’informatique, a choisi le Normand pour l’emmener vers le très haut niveau. Un tout nouveau mode de vie pour l’ancien cavalier de J’T’ADORE, QUITO DE BAUSSY et tant d’autres, à 9 000 kilomètres de sa terre natale, à laquelle il reste très attaché. Vous semblez plus épanoui que jamais. Les bienfaits de la vie californienne ? Sans doute ! Tout se passe très bien là-bas professionnellement. Et ce n’est pas le pire endroit pour vivre (large sourire). Il y a un climat formidable. Ma femme, Ursula, et nos filles, Estelle (dix-sept ans) et Laurène (quatorze ans), se sont également parfaitement intégrées. La pluie normande ne vous manque pas ? Non. Le gros avantage de la Californie du sud, c’est qu’il y a à peu près le même climat tempéré toute l’année. Il y a quelques degrés de plus en été, mais il ne fait jamais très chaud, ni froid
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REPORTAGE SPORT
et il pleut très rarement. C’est très agréable, contrairement à la Floride par exemple où c’est super l’hiver mais invivable l’été, car très chaud et très humide. Ce climat tempéré et ensoleillé est-il un atout pour le moral et pour les chevaux ? Il se reflète sur l’humeur des gens, oui. Ils sont plus souriants, de meilleure humeur. Le climat n’est pas étranger à cette plaisante qualité de vie. Et, à cheval, nous sommes toujours dehors donc c’est forcément plus agréable. On n’a jamais besoin de s’enfermer dans le manège. Détaillez-nous un peu vos nouvelles conditions de travail. J’ai la chance qu’elles soient optimales. Avec Karl, nous avons une douzaine de chevaux au travail. Comme je suis perfectionniste, aller au fond des choses avec un cavalier motivé et un piquet de chevaux, restreint mais de haute qualité, me passionne. Le but est d’emmener Karl au plus haut niveau et d’en faire un homme de cheval, mais il n’y a pas d’objectif à court terme et ça me convient bien, car j’ai toujours fonctionné comme ça. Certaines personnes se fixent des objectifs et font tout pour y arriver. Moi, je suis plutôt dans la catégorie de ceux qui font évoluer leurs chevaux le plus intelligemment possible et qui les amènent dans un grand événement quand ils sont prêts. Où Karl en est-il dans sa progression ? Il a des prédispositions, car il a beaucoup de sang-froid en
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piste. Il l’a prouvé l’an passé en prenant la 11e place à Göteborg, lors de sa première finale Coupe du monde à seulement vingt-deux ans. Maintenant, il a encore beaucoup de progrès à faire dans la préparation des chevaux, le travail sur le plat ou encore la gestion de l’entraînement, mais il est jeune. Et nous achetons principalement des chevaux âgés de six à huit ans à former, car les chevaux de Grands Prix confirmés deviennent inabordables, donc ça demande forcément aussi plus de temps. Vous avez profité d’une tournée en Europe pour essayer des chevaux et faire une halte à Lyon lors de la finale Coupe du monde, fin avril. N’était-ce pas frustrant pour Karl d’être dans les tribunes cette année ?
Eric Navet
Page de gauche, Eric Navet a été le premier champion du monde des JEM, inaugurés en 1990 à Stockholm. Ph. A. P. Ci-dessus, en Californie, Eric Navet et Karl Cook profitent de conditions de travail idéales tant sur le plan des infrastructures que du climat au WildFlower ranch. Au printemps, ils ont en revanche parfois dû revêtir les imperméables lors de leur tournée à Calgary. Photos Scoopdyga et Coll.
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ENQUETE HARAS NATIONAUX
France Haras
Fin des étalons d’Etat Ou pas...
Le 9 décembre 2014 au soir la totalité du cheptel d’étalons des ex Haras nationaux devait être dispersée dans le privé, lors de quatre ventes aux enchères dont l’organisation était revenue à Arqana au terme d’un appel d’offres national. Tel était le plan établi par le GIP France Haras, appelé lui-même à disparaître. Mais certains socioprofessionnels et politiques se sont mobilisés pour empêcher la dispersion totale de ces étalons.
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e n’est ni un scoop ni une découverte. L’étalonnage public, c’est terminé mais pas complètement digéré. D’aucuns pensent que « tout fout le camp », amertume qui serait renforcée, voire décuplée si les Allemands s’emparaient de YLORD CARTHA O. Ces derniers mois, rance aras n’a pas caché qu’il les intéressait. Info ou intox ?
L’Agence Arqana (une notoriété internationale associée à dix-huit ventes annuelles) a en tout cas satisfait à l’appel d’offre de rance aras et s’est vu con er mi-mai la vente du cheptel national d’étalons et du solde de semence congelée. Celle des vingt-six étalons de sport devait intervenir le 8 septembre, dès le lendemain de la nale Tournante des eux ondiaux (Caen), dans la salle Elie de rignac de l'Agence Arqana, à quelques ilomètres, à Deauville Difcile, douloureux même pour les «anciens », de tirer brutalement un trait sur plus de deux cents ans de aras nationaux tant l’institution a joué un r le moteur dans la mise à disposition de génétique au service du plus grand nombre. A l’instar des circonscriptions de SaintL en ormandie, de Pompadour en Corrè e ou de La Roche-sur- on en endée, des territoires ont b ti une économie et une partie de leur notoriété
Les derniers étalons de sport appartenant à l’Etat et confiés au GIP France Haras (en haut, l’un des rares fils de Quick Star, Negus de Talma) devaient être vendus aux enchères par l’Agence Arqana dès le lendemain des Jeux Mondiaux… Mais les associations nationales de races et leurs alliés politiques ont obtenu du ministre de l’Agriculture que soit étudiée la possibilité de leur mise en location. Photos coll FH et Delaroque
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