L’Eperon Haya en responsable dito
« Qui » ? Le Suisse Pierre Genecand a été le premier à se déclarer. Mais, avant, n'est-il pas indispensable de répondre aux « pourquoi ? » et « comment ? »
La princesse Haya de Jordanie, présidente de la FEI depuis 2006 (Kuala Lumpur), a renoncé à postuler à un troisième mandat (AG FEI à Baku, Azerbaidjan le 14 décembre 2014). Une fois pour toutes ! Fin du suspens soigneusement entretenu, soutenu, par une centaine de représentants des cent trentedeux fédérations nationales qui composent cette institution. Leur complaisance à l’endroit de la présidente avait ses limites… Qu’elle seule connaissait. Tant pis donc pour les élus de ces fédérations nationales, passifs et conformistes, que sa réélection arrangeait : va falloir se remettre au boulot ! Car Haya n’a ni ménagé sa peine, ni son carnet d’adresses durant ces huit années de présidence. Et, au bout du compte, en mettant un terme, d’elle même, aux spéculations, elle quitte Lausanne et le siège de la Fédération qu’elle a légué aux sports équestres et à leur développement dans le monde (qui porte le nom de son père le roi Hussein de Jordanie et qui a été financé par son mari et des sympathisants acquis à la cause), par la grande porte, avec un joli bilan. Moral d’abord. Elle a tenu parole sur toute la ligne et, par les temps qui courent, cela mérite d’être relevé. Oui, elle considérait en 2006 que deux mandats suffisaient afin de conserver la motivation, la créativité, la fraîcheur nécessaires à la mission, à condition évidemment qu’elle soit bien remplie… Et oui, elle s’est limitée à la course qu’elle s’était, elle, initialement assignée. L’ironie étant ici que : ses supporters aient, désormais, de nouveau, la latitude d’élire un successeur pour trois mandats ! Mais c’est surtout par la tâche menée et accomplie qu’Haya laissera une trace. Sous l’effet du déménagement en 2009, la FEI s’est restructurée dans son organisation interne afin de faire face au développement du sport. L’activité de chaque discipline, le nombre d’événements n’a cessé de croître. L’ouverture, l’accessibilité au sport facilitée – vers et pour – de nouvelles parties du monde (Moyen-Orient, Asie), fut aussi patent. Toutefois, gérer, contrôler, promouvoir ce développement galopant ne sont possibles que si les financements suivent. Dans le cas contraire, il faut réduire l’allure. Sur ce terrain, là encore, comme elle l’avait promis à Kuala Lumpur, son entregent, ses réseaux, sa force de conviction ont permis la venue de nouveaux partenaires et ce, même si toutes les initiatives ne furent pas heureuses : HSBC, Meydan, Furusiyya, Longines. Reste qu’à peine arrivée aux affaires, l’image des disciplines phares allait d’un coup se dégrader. Gros coup de chaud lors
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par Xavier Libbrecht
des Jeux olympiques de Pékin (Hongkong). Les dérapages du saut d’obstacles en particulier nécessitaient une réponse ferme et adaptée sous peine de voir les sports équestres exclus de la famille olympique. Ce fut le programme « Clean Sport ». Quatre ans plus tard, à Londres, Haya avait gagné son pari. Les Jeux organisés à Greenwich furent un succès mémorable. Il est un domaine, en revanche, où le « cafouillage » est notoire. C’est celui de l’endurance où trop souvent, quoi qu'en soient ses convictions et son désir, elle s’est trouvée au carrefour des influences… Il est indiscutable que cette discipline a connu un « boom » en moins de vingt ans grâce à la passion et aux investissements des cavaliers du Golfe. A commencer par ceux de son mari le Cheikh Mohamed Rachid Al Maktoum, émir de Dubaï. Il est prouvé également que des excès inexcusables (dopage, tricheries) se sont et se produisent encore. La position d’Haya devenait – non pas pour elle, mais pour la Fédération qu’elle représentait – de plus en plus compliquée. Avec, encore une fois, au-delà de ce qui la concernait directement cette question pour la FEI et celui qui en aura demain la charge : comment ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ? Dans ce contexte, aggravé par la situation géopolitique explosive du Moyen-Orient qui la concerne au plus haut point, et plus simplement sa charge de famille, puisqu’elle a deux enfants en bas âge, Haya, responsable, a eu l’intelligence – et probablement aussi l’habileté politique – d’annoncer qu’elle allait passer la main. Et elle l’a fait, là encore, au moment le mieux choisi pour le développement et l’unité des sports équestres, c’est-à-dire avant les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech en Normandie. A Caen, la question est donc posée clairement à la communauté concernée et rassemblée autour de cet unique événement sportif, dont la prochaine édition aura lieu à Bromont, au Québec. « Qui ? ». Le Suisse Pierre Genecant a été le premier à se déclarer. Mais avant, n'est-il pas indispensable de répondre aux « pourquoi ? » et « comment ? » Les deux mandats passés sont uniques et indissociables de leur contexte. Pas question de les copier, de les dupliquer. Car de nouveaux enjeux apparaissent : politiques, économiques et environnementaux qui vont compliquer la donne stricto sensu sportive (ne serait-ce que le maintien de l’équitation au programme des J0). En revanche, la présidente laisse une belle base de travail. Où il apparaît que pour mieux sauter il conviendra d’être rassemblés, d’avoir défini la trajectoire.
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Septembre 2014
3 Edito 8 Tribune - courrier 12 Actualités 24 Reportage sport Jean Teulère
34 Reportage sport Marie Hécart
Portrait Cavalier
42 Portrait cheval
Jean Teulère
Quickly de Kreisker
46 Reportage élevage
Unique cavalier français ayant décroché le titre de champion du monde en concours complet, Jean Teulère est devenu aujourd’hui, à soixante ans, un véritable repère pour la discipline. De son premier international à Boekelo en 1975, à sa récente sélection en équipe de France pour les Jeux équestres mondiaux, le doyen des Bleus revient sur près de cinquante ans de carrière sportive.
Michel Pélissier
57 Etude élevage La souche de Cella
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Culture M. Delgado et F. Pignon / Kessel
Etude
67 Hommes de l'ombre
De Plaisante à Cella et Kapitol
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Alison Drummond et Yannick Bichon
Le terroir normand a parfois essaimé dans les pays voisins. Si la souche de Plaisante a notamment donné au Selle Français de bons gagnants tels Caluma de Rhuys et l’étalon Kapitol d’Argonne, elle est aussi à l’origine de nombreux bons chevaux belges dont la vicechampionne d’Europe en titre Cella/Ben Maher.
70 Economie
Entreprise : Rinco Impianti Ippici 5
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Ph. D. Caremans
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Ph. G. Grégoire
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Septembre 2014
72 Tour du monde
Championnats d'Europe poneys à Millstreet Championnats d'Europe des jeunes de saut d'obstacles à Arezzo Championnat d'Europe Juniors de complet à Bishop Burton Pas de troisième mandat pour Haya Septième victoire de Scott Brash à Londres
86 Tour de France
People
108 Tour des Régions 115 Technique
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Passage de l'eau en concours complet
119 Santé
Portrait cheval
Endurance
Quicky de Kreisker
123 Dossier
Reconnaissable entre tous grâce à ses ruades spectaculaires et à sa puissance fascinante, Quickly de Kreisker, le fils de Diamant de Semilly, crée l’événement à chacune de ses sorties. Depuis 2012, lui et son cavalier, Abdelkebir Ouaddar, forment le couple atypique du haut niveau de saut d’obstacles. Décryptage d’un phénomène.
Les manèges
128 Petites annonces
Marie Hécart
Marie Hécart est partie pour mieux revenir. Travailleuse et ambitieuse, elle n’a pas hésité à quitter les écuries de son père, Michel, pour les Etats-Unis il y a sept ans. Là-bas, elle a pris de l’expérience et de la maturité. Aujourd’hui, Marie poursuit son ascension au plus haut niveau et passe une bonne partie de son temps en France, en concours et au Haras de Plaisance, dans l’Oise, où sont basés ses chevaux.
CSI4* de Dinard CSI5*- Longines GCT à Chantilly Championnats de France Cheval du mois : Padock du Plessis-HN
106 Dans le viseur
Portrait cavalier
Annonces classées : chevaux, pensions, véhicules, stages, santé, équipements, emplois, immobilier
Reportage
145 Infos pratiques
Michel Pélissier
Programme Equidia,
146 C'était hier Ph. F. Chehu
Photos de couverture : Jean Teulère. Ph. Guillaume Grégoire Marie Hécart. Ph. Eric Knoll
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Ancien champion de France de saut d’obstacles, éleveur d’un gagnant de la finale Coupe du monde (I Love You) ainsi que d’un gagnant du championnat de France (Alligator Fontaine), Michel Pélissier nous livre ses observations et ses souvenirs d’homme de cheval d’exception.
Adresses, calendrier
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Ph. Scoopdyga
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Jean Teulère
entre légèreté et gravité Seul Français à avoir goûté le sel d’un titre de champion du monde en concours complet (Jerez en 2002), Jean Teulère est à nouveau au départ de ce championnat du monde du Pin. A soixante ans, avec l’humour et la distance (pour ne pas dire le décalage !) qui le caractérisent, il nous a reçus au début du stage de préparation de l’équipe de France (lundi 11 août) à Saint-Martin-de-Bréhal. Rencontre avec, comme il l’assume, « un cas d’espèce » !
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onsoir Jean… Bonsoir… Bon je ne vais pas tourner autour du pot. Si je suis venu, c’est primo parce que tu es de nouveau sélectionné pour les Jeux équestres mondiaux FEI Altech 2014 en Normandie, secundo parce que tu es le seul cavalier français à avoir, à ce jour, décroché le titre de champion du monde dans la discipline et, tertio… - Parce que je suis le plus vieux (rire) ! - Tu as conscience d’être le doyen de l’épreuve ? - Je ne me suis aperçu de rien ! - Bon ! - Non. Rien. Je continue de m’amuser… Oui vraiment. Depuis le départ c’est du plaisir. Pas un cheveu blanc (zain l’animal !), quelques rides peut-être, mais cette allure juvénile, cette légèreté que les années ne semblent pas avoir altéré. C’est vrai qu’il a l’air de s’amuser de cette question d’âge qui nous turlupine.
- Quel âge avait l’Australien Bill Roycroft aux JO de Montréal ? - Je ne dois pas être loin ! - Soixante et un ! - Je pourrais faire mieux alors… Ecoute, ce matin, on marchait dans l’eau, ici, sur la plage de Saint-Martin-de-Bréhal. Je montais MATELOT et Maxime Livio et Mathilde, sa copine, m’accompagnaient. A un moment, Maxime m’a dit : “C’est marrant quand je te vois comme ça avec la même silhouette, le même polo rouge et culotte d’équitation marron, je revois les photos de toi que je pouvais regarder pendant des heures dans les magazines d’équitation quand j’étais môme. Je rêvais de pouvoir faire un jour comme toi ! ” C’était il y a vingt ans ! Maxime Livio avait sept ans ! » C’était avant les Jeux mondiaux de La Haye (1994) où Jean Teulère, quarante ans déjà, préparait alors RODOSTO à une 8e place en individuel et une médaille d’argent par équipes aux côtés de Marie-Christine Duroy (YARDLAND SUMMERSONG) et Jean-Lou Bigot (TWIST LA BEIGE). Jean, qui nous reçoit dans son camion, parqué dans l’établissement de thalassothérapie de Francis Gamichon où l’équipe de France de complet a retrouvé ses marques, se marre ! Enfin plus exactement, sourit largement, mais avec toujours ce brin de retenue qui interroge en même temps son interlocuteur. - Je ne sais pas comment je dois le prendre ! Eloge ou reproche ! A prétendre le connaître un peu, le comprendre beaucoup, la
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Marie Hécart
L’american dream Elle a longtemps suivi son père, auprès de qui elle a appris les bases de son équitation. Mais ce n’est pas toujours simple d’être « fille de », même quand la passion et le talent sont là. Alors pour se réaliser, Marie Hécart a traversé l’Atlantique, il y a sept ans. Aux Etats-Unis, elle a pu accéder aux meilleures compétitions et révéler tout son potentiel. Plus confiante, plus mûre, Marie fonde maintenant sa base en France pour préparer l’avenir.
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Chamant, à quelques kilomètres de Senlis, les écuries sont voisines les unes des autres. Le Haras de Plaisance, propriété d’Alexandra Paillot, est certainement l’une des plus belles. Bâtisse ancienne de briques rouges, poutres blanches apparentes, l’atmosphère est cossue, et pourtant, dans la cour, tout le monde s’active. A peine rentré de concours, Benoît, le groom, prépare la prochaine échéance, tandis que Roger, l’élève de Marie Hécart, se met à cheval. Même Federico, le compagnon de Marie, s’active autour du matériel. « On est une vraie famille, explique Lorraine Leguen, la groom-
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reportage
sport
cavalière. Il n’y a pas vraiment de rapport hiérarchique, Marie nous demande toujours notre avis. On sent qu’on a un rôle primordial à ses côtés. » « C’est vrai, on s’engueule comme une famille ! » renchérit Benoît Lecomte. Si l’équipe est aussi unie, c’est qu’elle vit une bonne partie de l’année aux Etats-Unis, loin de la famille et des amis. « Ça crée des liens, forcément ! », résume Benoît. Véritables nomades, ils suivent la cavalière dans ses pérégrinations entre les deux continents depuis trois ans. Mais ici, la troupe compte s’installer plus durablement. Depuis août dernier, Marie Hécart loue une bonne partie du Haras. « La première année où je suis rentrée, j’étais à Sainte-Cécile
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(71), et l’année dernière, j’étais en Sologne, pour être à côté de ma mère. Mais ce n’était pas pratique. Ici, je suis près de tout, c’est génial ! », explique-t-elle. Depuis qu’elle monte à cheval, Marie a l’habitude du changement. A tel point qu’il lui est difficile de mettre de l’ordre dans la suite des événements. Ses premières années sont calquées sur le parcours de son père. Elle commence à monter à poney quand son père dirige un centre équestre dans le Val de Marne. Très vite, elle s’élance sur ses premiers parcours de saut d'obstacles, accompagnée par sa mère, Yannie. « On ne se pose pas la question de la discipline. Mon père faisait
Marie Hécart
La bondissante Myself de Brève permet à Marie Hécart de faire ses premiers pas en équipe de France première. Photos Eric Knoll et Scoopdyga.
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Le cheval d'une vie Ces derniers mois, cet étalon bai d’1,69 m que son sympathique cavalier marocain Abdelkebir Ouaddar surnomme son « poney », est sous les feux des projecteurs. Les observateurs sont à bout de superlatifs pour décrire ce phénomène qui a fait irruption dans le grand bain de la compétition internationale fin 2012. Portrait d’un athlète d’exception. 42
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avantage que ses performances, ce sont sans doute les facéties de QUICKLY DE KREISKER qui ont marqué les esprits lors de ses débuts en CSI5* avec ce cavalier que le public découvrait. Pas un tour sans qu’il ne se contorsionne dans tous les sens, les oreilles dans le poil, sans qu’il n’aborde les plus grosses difficultés de travers, ou ne décoche une série de ruades entre deux obstacles. Dix-huit mois plus tard, c’est le palmarès de QUICKLY, le bien nommé, et ses éventuelles chances aux prochains Jeux mondiaux qui alimentent les commentaires et attirent les plus folles convoitises. Fin juin, il figurait en tête au classement Jumping-FEI WBFSH World Ranking List avec 1 243 points devant CORNADO NRW et HELLO SANCTOS.
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portrait
QUICKLY DE KREISKER
cheval
Le Tôt de Diamant Semilly alz, 1977 de Semilly Venise des b, 1991 Cresles b, 1987 Laudanum, ps Briseis alz, 1967 d'Helby Nika du alz, 1989 Nevada alz, 1979
Grand Veneur Amour du Bois, 1966 alz, 1972 Tanagra G, 1963 Juriste, 1953 Venue du Tot alz, 1965 Relique, 1961 Ibrahim, 1952 Elf III b, 1970 Osyris, 1958 Miss des Cresles Amarpour, ps, 1966 b, 1978 Urlurette, 1964 Mourne, 1954 Boran, ps alz, 1960 Bethora, 1951 Montaval, 1953 Monta Bella, ps b, 1961 Cecropia, 1955 Tanael, 1963 Ecuyer I alz, 1970 Vive Etoile, 1965 Starter, 1962 Danae alz, 1969 Magali, 1956
1,69 m, né en 2004 chez Guillaume Ansquer, Pouhinec (29) ISO 173/13, BSO +28 (0,62)
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Quickly de Kreisker
Le n°3
mondial sautait les clôtures
Quickly de Kreisker est le fils du célébrissime Diamant de Semilly (Le Tot de Semilly) 5e mondial des pères de gagnants en 2013. Sa mère, Briséis d’Helby, est née chez Jannick et Albert Lamotte, à Betton (35), à l’instar de performers comme Joker d’Helby (vainqueur du Mondial du Lion d’Angers 2004), Javelot d’Helby, 1er étalon français de sept ans par les gains en 2004, ou Kouros d’Helby (Narcos II). Elle est la fille du Pur-sang Laudanum et de Nika du Nevada par Ecuyer I (SF) et Danaë, laquelle a produit Betty, Fakir, Jumpy ou encore Once de Kreisker. En 2003, Briséis a quatorze ans. Ronan Hélias, qui l’avait débutée en épreuves avant qu’un accident n’interrompe sa carrière sportive, signale à Guillaume Ansquer (Elevage de Kreisker) qu’Albert Lamotte souhaite réduire ses effectifs pour raisons personnelles. Le 27 mars 2003, l’affaire est scellée pour 18 990 € TTC. Le nouveau propriétaire de Briséis décide immédiatement de procéder à un transfert d’embryon de Diamant de Semilly, grâce à Elée Blanche, la mère porteuse du futur champion qui vient au monde le
Avec déjà dix-sept victoires et une vingtaine de places d'honneur en CSI, Abdelkebir Ouaddar et Quickly de Kreisker forment un couple aussi complice que compétitif. Photos Scoopdyga et E. Knoll
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REPORTAGE
ELEVAGE
Michel Pélissier
Michel Pélissier
Le plus aquitain des Normands
Longtemps, Michel Pélissier fut abonné aux championnats de France de « concours hippiques », au « Grand Critérium des 6 ans ». Mais il y a peu, après une chute douloureuse, il a arrêté de monter à cheval… à quatre-vingt cinq ans ! Après avoir monté en courses, été champion de France de saut d’obstacles, il éleva un gagnant de la finale Coupe du monde, I LOVE YOU, ainsi qu’un autre du championnat de France, ALLIGATOR FONTAINE, tandis que sa fille Sophie fut championne de France des cavalières. Résumé de trois après-midi de conversation à bâtons rompus avec un grand homme de cheval.
UNE
JEUNESSE D’ENTHOUSIASME
Michel Pélissier est né le 16 mars 1927 à Tarbes. Jacques Pélissier, son père, était officier au 2e Hussard en même temps que son grand ami Pierre Bertran de Balanda (cavalier olympique et grand-père de Gilles), avec qui il participait aux concours officiels d’officiers, notamment à Bordeaux, en février comme maintenant mais place des Quinconces. Muté aux remontes pour son « œil d’or », officier acheteur, Jacques Pélissier allait dans les concours des Haras nationaux accompagné d’un officier vétérinaire et y achetait des 3 ans. Il pouvait les acheter plus ou moins cher, mais devait respecter une certaine moyenne. Il revoyait parfois certains poulains qu’il ne pouvait acheter immédiatement pour une raison ou une autre (manque ou excès d’état, allures hésitantes…), mais qui avaient « quelque chose », et faisait un trou d’épingle dans leur carte pour se les rappeler. Passionné par les chevaux, à l’instar du commandant Brousset (chef de piste, acheteur des chevaux de l’équipe de France et chroniqueur dans L’EPERON) et de leur ancien, le colonel Cousté (commandant du dépôt d’Alençon), Jacques Pélissier était incollable sur les origines (spécialement angloarabes) et suivait passionnément les courses. Septième et dernier de sa famille, son fils Michel avait cinq
En haut La Fontaine, à Gémages, en plein Perche, accueille les écuries de Michel Pélissier. Ph. F. Chéhu Ci-contre, Sahkar, acheté à ses amis Dubuisson Luchaire, qui lui permit d'avoir sa plus belle victoire internationale. Ph. L. Delcourt/coll. M. Pélissier Page de droite, au milieu d'œuvres d'art de chevaux ou de F ox et de quelques souvenirs,un éternel sourire aux lèvres, Michel Pelissier reste attentif à tout ce qui est cheval. Ph. F. Chéhu
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l y a… un certain temps, Dominique de Béarn (élevage « Fol » : Fol Avril, La Folle Envie…, reconvertie dans les Trotteurs avec le même affixe) était fière de nous présenter, en tant qu’éleveur d’HARLEM BY NIGHT, meilleure de sa génération (à six ans, en 1979), à une amie d’enfance et à son époux. Nous étions, pour notre part, beaucoup plus intimidés : ses amis n’étaient autres que Mme et M. Pélissier, une institution dans la sphère du cheval de sport. De fil en aiguille, Michel Pélissier nous donna un énorme coup de main dans les séances de préparation des 4 et 5 ans (voire plus) des éleveurs du Pin. Parallèlement, nous faisions souvent appel à sa grande mémoire dans nos études des grandes souches du cheval de sport français pour L’EPERON. Cette mémoire n’a d’égale que sa grande jovialité et son immense courtoisie. Aller à la rencontre de ce grand homme dans nos colonnes eut été une évidence dans les années 80 tant son expérience en faisait un homme de cheval incontournable. Or, Michel Pelissier ne s’est jamais complètement éloigné des chevaux et son regard reste précieux.
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