L’Eperon dito
par Marie-Hélène Merlin
Sensibilité sans statut
L'article 515-14, un premier pas avant un statut juridique de l'animal ?
En ces premiers mois de l’année, l’Europe est secouée de troubles dramatiques aux côtés desquels les problèmes du monde équestre français pourraient apparaître comme du menu fretin. Mais si leur gravité est certes bien moindre, cela ne nous dispense pas de réfléchir à leurs causes ni surtout à leur portée économique, voire éthique. Certains sont très actuels, comme ce retour à une TVA élevée et désormais variable selon l’activité concernée, qui a jeté la perplexité dans les entreprises, en particulier dans les centres équestres non associatifs de création récente (cf p. 56) qui n’avaient connu que le taux à 5,5 % appliqué depuis 2005. Pourtant, si la menace du rétablissement d’une TVA élevée (20 %) sur certaines activités n’était déjà pas une surprise fin 2013, elle l’était encore moins après une année provisoire à 7 %. Les solutions sont en train de se mettre en place. Reste à espérer que la Commission européenne ne vienne pas retoquer la modulation que la France équestre applique à ses directives. Cette tendance de notre filière au manque d’anticipation sur l’évolution des lois, qu’elles soient européennes ou nationales, pourrait fort bien générer d’autres surprises. Ainsi de ce nouvel article 515-14 du Code civil sur l’animal, « être vivant doué de sensibilité » entériné par l’Assemblée nationale après des mois de débats parlementaires et publics (cf. p. 87). Certes, la notion « d’êtres vivants et sensibles » (pour les animaux domestiques) figurait déjà dans les Codes rural et pénal et son inscription au Code civil constitue une harmonisation – symbolique aux yeux de beaucoup – avec eux ainsi qu’avec le droit européen. Elle répond à une orientation prononcée de nos sociétés occidentales pour le bien-être des animaux, orientation très perceptible parmi l’immense majorité des cavaliers, bien-être que ces mêmes sociétés ne garantissent d’ailleurs pas toujours à leurs populations. Pour certains analystes, cette étape d'harmonisation ne constituerait qu’un blocage provisoire avant une évolution plus radicale vers un réel statut juridique de l’animal, entre celui des personnes et celui de leurs biens, l’article de loi adopté le 28 janvier par l’Assemblée nationale stipulant encore que l’animal, restant lié à son propriétaire, « est soumis au régime des biens ». Quoi qu’il en soit, si le Code pénal punissait déjà les mauvais traitements aux animaux, si le Rural a depuis longtemps établi des règles d’élevage, notamment sanitaires, pour as-
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surer leur bien-être, cette harmonisation du Code civil, le plus important et le plus ancien de la panoplie française des codes, qui reconnaît à son tour la sensibilité de l’animal – sans d’ailleurs en préciser la nature, ni bien sûr évoquer conscience ou intelligence – pourrait fort bien générer de nouvelles obligations chez nos éleveurs, marchands et écuries de tout poil. Au-delà de l’étonnement que peut provoquer cette reconnaissance tardive de la sensibilité animale, alors que la littérature, la philosophie, des religions même, et plus récemment la recherche, l’ont de tout temps prise en compte, et que tout propriétaire d’animaux un peu attentif, a fortiori tout homme de cheval, vit au quotidien, cet article 515-14 pourrait à plus ou moins long terme avoir des conséquences économiques sur notre filière. Bien évidemment, les mauvais traitements comme ceux que le sport équestre a connus et connaît encore, inspirés à leurs auteurs par un goût illimité pour la performance et, dorénavant, l’argent qui l’accompagne, seront encore plus dénoncés et punis par nos différentes instances. Mais, outre ces mauvais traitements, n’est-ce pas l’équitation dans son principe même qui pourrait se retrouver sur la sellette, en particulier dans ses expressions les plus polémiques, comme le rodéo, ou celles qui mettent en cause d’autres animaux comme la corrida ou la chasse à courre ? Pourrons-nous, sans susciter l’émoi, continuer à enfermer ces animaux d’espace dans des boxes, même grands, 22 ou 23 heures sur 24 ? Les changements de propriétaires seront-ils aussi faciles et à quelles conditions ? Quelles seront les évolutions des règles de transport encore critiquables malgré les progrès récents ? Que devrons-nous faire d’un cheval mort ? Un cheval grièvement blessé pourra-t-il être euthanasié, séance tenante, sur un terrain de concours ou de courses ? Comment convient-il donc de traiter nos chevaux ? Des questions sans réponse dans la loi, mais pour combien de temps ? Si réfléchir au statut juridique de l’animal – mais pas seulement à son bien-être – auquel mène l’évolution de nos sociétés, ne relève pas encore de l’urgence, pour éviter que ça ne soit le cas, larges débat et concertation au sein de la filière, semblent nécessaires, et même au-delà, le cheval ayant toujours tenu une place particulière aux côtés des hommes. Ces derniers peuvent d'autant moins échapper aux questions philosophiques que soulève ce futur statut de l'animal qu'elles auront aussi des conséquences concrètes de première importance.
L’Eperon
n°353 mars 2015
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L’Eperon dito
par Marie-Hélène Merlin
Sensibilité sans statut
L'article 515-14, un premier pas avant un statut juridique de l'animal ?
En ces premiers mois de l’année, l’Europe est secouée de troubles dramatiques aux côtés desquels les problèmes du monde équestre français pourraient apparaître comme du menu fretin. Mais si leur gravité est certes bien moindre, cela ne nous dispense pas de réfléchir à leurs causes ni surtout à leur portée économique, voire éthique. Certains sont très actuels, comme ce retour à une TVA élevée et désormais variable selon l’activité concernée, qui a jeté la perplexité dans les entreprises, en particulier dans les centres équestres non associatifs de création récente (cf p. 56) qui n’avaient connu que le taux à 5,5 % appliqué depuis 2005. Pourtant, si la menace du rétablissement d’une TVA élevée (20 %) sur certaines activités n’était déjà pas une surprise fin 2013, elle l’était encore moins après une année provisoire à 7 %. Les solutions sont en train de se mettre en place. Reste à espérer que la Commission européenne ne vienne pas retoquer la modulation que la France équestre applique à ses directives. Cette tendance de notre filière au manque d’anticipation sur l’évolution des lois, qu’elles soient européennes ou nationales, pourrait fort bien générer d’autres surprises. Ainsi de ce nouvel article 515-14 du Code civil sur l’animal, « être vivant doué de sensibilité » entériné par l’Assemblée nationale après des mois de débats parlementaires et publics (cf. p. 87). Certes, la notion « d’êtres vivants et sensibles » (pour les animaux domestiques) figurait déjà dans les Codes rural et pénal et son inscription au Code civil constitue une harmonisation – symbolique aux yeux de beaucoup – avec eux ainsi qu’avec le droit européen. Elle répond à une orientation prononcée de nos sociétés occidentales pour le bien-être des animaux, orientation très perceptible parmi l’immense majorité des cavaliers, bien-être que ces mêmes sociétés ne garantissent d’ailleurs pas toujours à leurs populations. Pour certains analystes, cette étape d'harmonisation ne constituerait qu’un blocage provisoire avant une évolution plus radicale vers un réel statut juridique de l’animal, entre celui des personnes et celui de leurs biens, l’article de loi adopté le 28 janvier par l’Assemblée nationale stipulant encore que l’animal, restant lié à son propriétaire, « est soumis au régime des biens ». Quoi qu’il en soit, si le Code pénal punissait déjà les mauvais traitements aux animaux, si le Rural a depuis longtemps établi des règles d’élevage, notamment sanitaires, pour as-
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surer leur bien-être, cette harmonisation du Code civil, le plus important et le plus ancien de la panoplie française des codes, qui reconnaît à son tour la sensibilité de l’animal – sans d’ailleurs en préciser la nature, ni bien sûr évoquer conscience ou intelligence – pourrait fort bien générer de nouvelles obligations chez nos éleveurs, marchands et écuries de tout poil. Au-delà de l’étonnement que peut provoquer cette reconnaissance tardive de la sensibilité animale, alors que la littérature, la philosophie, des religions même, et plus récemment la recherche, l’ont de tout temps prise en compte, et que tout propriétaire d’animaux un peu attentif, a fortiori tout homme de cheval, vit au quotidien, cet article 515-14 pourrait à plus ou moins long terme avoir des conséquences économiques sur notre filière. Bien évidemment, les mauvais traitements comme ceux que le sport équestre a connus et connaît encore, inspirés à leurs auteurs par un goût illimité pour la performance et, dorénavant, l’argent qui l’accompagne, seront encore plus dénoncés et punis par nos différentes instances. Mais, outre ces mauvais traitements, n’est-ce pas l’équitation dans son principe même qui pourrait se retrouver sur la sellette, en particulier dans ses expressions les plus polémiques, comme le rodéo, ou celles qui mettent en cause d’autres animaux comme la corrida ou la chasse à courre ? Pourrons-nous, sans susciter l’émoi, continuer à enfermer ces animaux d’espace dans des boxes, même grands, 22 ou 23 heures sur 24 ? Les changements de propriétaires seront-ils aussi faciles et à quelles conditions ? Quelles seront les évolutions des règles de transport encore critiquables malgré les progrès récents ? Que devrons-nous faire d’un cheval mort ? Un cheval grièvement blessé pourra-t-il être euthanasié, séance tenante, sur un terrain de concours ou de courses ? Comment convient-il donc de traiter nos chevaux ? Des questions sans réponse dans la loi, mais pour combien de temps ? Si réfléchir au statut juridique de l’animal – mais pas seulement à son bien-être – auquel mène l’évolution de nos sociétés, ne relève pas encore de l’urgence, pour éviter que ça ne soit le cas, larges débat et concertation au sein de la filière, semblent nécessaires, et même au-delà, le cheval ayant toujours tenu une place particulière aux côtés des hommes. Ces derniers peuvent d'autant moins échapper aux questions philosophiques que soulève ce futur statut de l'animal qu'elles auront aussi des conséquences concrètes de première importance.
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L’Eperon SOMMAIRE
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Mot de l'éditeur Photos d'actualité Hommages
24
Reportage sport
Grégory Wathelet
34
Portrait cheval
Flora de Mariposa
38
Edito
à Philippe Curti et Hubert Parot
24
Confidences du n°1 belge
Claire Gosselin
La parole à
44
Reportage élevage
Ph. Dirk Caremans
Grégory Wathelet
Portrait cavalier
42
Dans le Top 30 mondial depuis dix ans, Grégory Wathelet nous a reçus dans ses écuries à Faimes. Avec simplicité, il a évoqué en détails son parcours, son organisation actuelle et ses objectifs. Le Belge espère un jour pouvoir inscrire son nom au palmarès d’un grand championnat.
William Fox-Pitt, n°1 mondial
Mars 2015
L'endurance avec l'élevage de Barthas
51
Etude Toulon, la révélation d'un père
55
Poneys
56
Enquête
Le palmarès des meilleurs indices poneys
Comment appliquer la TVA ?
58
Economie
Ph. JLP
Elevage de Barthas
La société Equi-box Candidatures présidentielles
60
L'excellence de l'endurance
Technique
Améliorer le style du cheval à l'obstacle
Photo de couverture : Grégory Wathelet et Conrad de Hus. Ph. Dirk Caremans
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44
Les chevaux « made in Aveyron » de Christian et Sylvie Quet galopent sur les meilleures pistes d’endurance. L'omniprésence de l'élevage de Barthas dans les palmarès est le résultat d'une génétique soigneusement sélectionnée, d'un suivi régulier et d'une réussite commerciale.
L’Eperon
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Philippe Curti
D
L’indépen... Philippe Curti est décédé à soixante et onze ans, dans la nuit du 16 au 17 février. Le fondateur de l’ANSF batailla pendant près de quinze ans afin de réunir les éleveurs de Selle Français sous une même bannière et les libérer de la tutelle des Haras nationaux. Pendant ses années de présidence, le paysage des associations nationales d’élevage changea plus qu’il n’avait jamais changé.
epuis son départ de la présidence de l’Association nationale du Selle Français en mars 2007, Philippe Curti s’était fait très discret et s’était éloigné du monde du cheval de sport. On ne saurait oublier pourtant le rôle essentiel que cet homme de dialogue joua à l’époque charnière que furent les années 1990 et 2000 dans la transformation de la filière et la prise en considération de la place des éleveurs. Il fallait alors pour cela un mélange de détermination et de souplesse, et de fortes convictions assorties d’un respect des différentes parties prenantes. Ceux qui n’ont pas connu l’époque de l’ancienne Fedel (Fédération de l’élevage du cheval de sang en France) n’ont peutêtre pas conscience du chemin effectué pour aboutir aux associations nationales de races actuelles. Difficile d’imaginer pour eux qu’avant 2003 les éleveurs n’étaient vaguement représentés que par ladite Fedel, association satellite des Haras nationaux, vaste fourre-tout sans moyens propres, sans aucun moyen d’intervention sur la réglementation de l’élevage et des stud-books, réglementation dévolue, selon un centralisme bien français, à l’Etat via des Haras nationaux tout puissants.
Prendre
son indépendance
C’est de cette association potiche dont Philippe Curti, déjà président de l’ADEP (Association des éleveurs de la circonscription du Pin), va s’emparer en mars 1993. Décidé à faire bouger les lignes, il souhaite que « les éleveurs, particulièrement atomisés et dispersés, se regroupent et développent des projets en commun, prennent leur avenir en main, avec des objectifs précis. » Se regrouper, se développer, prendre son indépendance. Tout est dit, mais ce ne sera pas simple. Philippe Curti, malgré sa profonde affection, voire admiration, pour le monde rural, a alors du mal à se départir de son image « d’éleveur pharmacien », nom accolé à l’époque aux « doubles actifs » (éleveurs amateurs ayant un autre métier) dont il fait partie en tant que dentiste, qui plus est exerçant à Paris. De fait, les importantes ADECNO (éleveurs de Saint-Lô) et AECC (éleveurs de Compiègne) seront longues à rejoindre l’Association nationale du Selle Français (rebaptisée Stud-book Selle Français début 2013) qu’il créa en 1995 sur les cendres de la Fedel, et qu’il présidera jusqu’en mars 2007. Tout le travail de Philippe Curti, aidé notamment de ses fidèles lieutenants François de la Béraudière et Luc de Tassigny, sera pourtant d’obtenir le regroupement des forces, avec pour objectif la représentativité à l’échelle nationale, condition sine qua non de la reconnaissance officielle par le
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ministère de l’Agriculture accompagnée de délégations de missions telles que la gestion du stud-book Selle Français. Il se rapprochera pour cela de la FNC (Fédération nationale du cheval, proche de la FNSEA), rapprochement qui était pour lui tout sauf une alliance de circonstance. « L’éleveur pharmacien », qui disait avoir eu pour rêve d’enfant d’être agriculteur, aimait sincèrement ce milieu. Ce qui lui faisait dire, dans L’Eperon de mai 1999, que l’alliance de l’ANSF avec la FNC était « autre chose qu’une alliance de circonstance. J’ai pu prendre contact avec l’ambiance agricole, je me suis retrouvé dans le milieu que j’aime. »
Le
temps des réformes
L’aboutissement ne viendra que huit ans après la naissance de l’ANSF, avec l’arrêté du 13 juin 2003, qui reconnaît alors officiellement à l’ANSF la représentation des éleveurs et notamment le pouvoir de déterminer la politique d’amélioration de la race et la sélection des reproducteurs. Il faudra pour cela refondre les statuts et mettre en place un programme d’élevage. Mais les réformes administratives ne seront pas les seuls chantiers mis en place. Modernisation et re-toilettage des concours d’élevage, création des Journées Selle Français, rapprochement avec le monde scientifique, formation des juges de modèle et allures, création d’une grille de notation, constitution d’une équipe rajeunie, développement de la communication... Autant de choses nécessaires pour s’approcher des modèles des élevages étrangers, mais qui se heurteront toutefois aux problèmes de financement, que le désengagement et les vieux réflexes dirigistes de l’Etat compliqueront. Les financements des actions de l’association seront – et restent aujourd’hui – difficiles, d’où un certain équilibrisme qui lui vaudra de fortes attaques au moment de son départ de la présidence de l’ANSF en 2007. Il en restera visiblement blessé. Ses quatorze années de bénévolat à l’échelle nationale lui avaient pourtant donné maintes fois l’occasion de démontrer une certaine résistance aux attaques personnelles, parfois assez féroces. Mais, du politique, il avait également le côté passionné, une énergie apparemment sincère à vouloir changer le cours des choses, peut-être teintée parfois du soupçon d’orgueil qui n’est sans doute pas sans rapport avec l’éloignement qui suivit son départ. Philippe Curti se tournera alors plutôt vers l’élevage de TF et d’AQPS, avec de bons résultats, notamment pour le Pur-sang Or Noir de Somoza, très grand gagnant à Auteuil, et délaissera peu à peu l’élevage de chevaux de sport qui avait pourtant accompagné toute sa vie. Né le 2 août 1943 en proche ban-
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HOMMAGE philippe curti
dentiste
Témoignages Luc Tavernier, ancien conseiller scientifique des HN. Il était proche des agriculteurs, moins des étalonniers. Il était très honnête, avec un grand sens du dialogue et de l’équité. Ces derniers temps, il ne voulait plus trop parler d’élevage de sport, blessé par ceux qui disaient qu’il avait laissé un trou dans les finances. Pascal Cadiou, président du stud-book SF. Il a eu un rôle fondateur, c’est lui qui a fait passer le SF de la préhistoire, dans son organisation, à un organisme socio-professionnel représentatif. Benoit Chaigne, qu'il embaucha comme directeur à l'ANSF. Il était passionné, volontaire, d’une grande intégrité, totalement engagé dans la mission de promotion du Selle Français et très attaché à la reconnaissance de la place des éleveurs dans la conduite de leur race. Lus, parmi d’autres, sur notre site Cavadeos.com Philippe Martin, président de l’ADEP. Philippe Curti fut l’ardent défenseur des « petits éleveurs amateurs » sans lesquels il n’y aurait point d’élevage. Hugues de la Perrière, éleveur en Ile-de-France. Un passionné , un vrai bénévole, un homme de cheval, un fin connaisseur, un ami. Adieu Philippe. Philippe Mauban, éleveur en Ile-de-France. Issu d’une famille de fanatiques du cheval, Philippe Curti a suivi l’exemple de son père (...), en se dévouant à une cause qui le passionnait. Il a fait reconnaître l’élevage du cheval de sport comme un métier à part entière avec des hommes devant prendre leur destin en main. Son total désintéressement était reconnu de tous. Pascal Trassart, éleveur en Lorraine. Philippe était une personne passionnée par notre race de chevaux Selle Français, d’une honnêteté et d’une intégrité totale. Aliette Forien, éleveuse de Pur-sang et de Selle Français dans l’Orne. Je garderai de Philippe Curti l’image d’un parfait gentleman et d’un véritable passionné des chevaux et du sport hippique. Sa haute silhouette, son amabilité pleine de retenue vont beaucoup manquer.
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lieue parisienne, il était le benjamin des trois garçons de Lucien Curti, président de la ligue d’Ile-de-France pendant près de vingt ans dans les années 70, puis président de la ligue de Versailles et vice-président de la FFE. Ce père avait transmis sa passion à ses trois fils, Jean, Gilles (champion de France junior), et Philippe qui montera en B1 (équivalent des Pro 2). Installés à Jouy-en-Josas, ses parents achèteront en 1965 une propriété à La Génevraie, près du Merlerault dans l’Orne, où Philippe Curti développera peu à peu son élevage (affixe « du Don »). Plus tard il achètera, grâce à son indéfectible ami Michel Ruel, l’étalon Le Condéen (père de Vondéen, CSIO avec Bosty, Michel Robert et Jean-Marc Nicolas) et Ulior des Iles (vainqueur du Grand Critérium des 6 ans et du championnat des 7 ans). Atteint d’un cancer depuis deux ans, refusant délibérément d’entrer dans la chaîne sans fin des soins hospitaliers, il s’est éteint dans la nuit du 16 au 17 février. La Génevraie, où lui, sa femme Laurence et leurs trois enfants aimaient se retrouver et où sa fille Elodie fait du pré-entraînement et débourrage de Pur-sang, continuera de résonner du pas de ses chevaux. Emmanuel Jeangirard
Ci-dessus, Philippe Curti en discussion avec Christian Planchon (à gauche) et Jean-Claude Daguet, juges ANSF. Derrière lui, Franck Le Mestre, ancien directeur du Pin, qu’il recruta avant cela comme directeur technique. Ph. Les Garennes Ci-contre, Philippe Curti élevait aussi pour les courses, d’où le crack d’Auteuil Or Noir de Somoza. Ph. Scoopdyga Page de gauche Chez lui, à Jouy-en-Josas. Ph. E. J.
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William Fox-Pitt
Une question
C A gauche, William Fox-Pitt et un de ses chevaux de tête, Chilli Morning « difficile dans la bouche. » C'est l'un des seuls qu'il monte avec un mors plus sévère. L'étalon sera normalement au départ du 4* de Badminton. Ph. E. Knoll
'est tout naturellement à l’Ecole nationale d’équitation de Saumur que le Britannique a commencé son intervention dès 9h du matin, dans l’amphithéâtre. Un retour aux sources puisqu'en 1992 William Fox-Pitt, à vingt-deux ans, était venu en stage de langues envoyé par son université : « C’était à l’époque de Jean-Paul Bardinet et Tristan Chambry. J’étais là avec Marie-Christine Duroy (de Laurière), Jean Teulère, Philippe Mull… On travaillait avec Jean-Jacques Boisson et Didier Courrèges. » S’il dit avoir beaucoup appris à leurs côtés, « en regardant tout le monde. J’y ai appris la discipline, les idées, tout ce que j’utilise quotidiennement », il a aussi perfectionné son français qu’il parle aujourd’hui quasi couramment.
Un engagement citoyen Tout au long de la journée du 22 janvier, le n°1 mondial de concours complet, William Fox-Pitt, prodigua ses conseils face à plus d’une centaine de spectateurs venus l’écouter parler de son expérience dans sa discipline, et commenta le travail de quelques jeunes du Pôle France dans le grand manège. 42
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L’intervention du jour portait principalement sur l’équilibre, dont le Britannique fait sa priorité, en premier lieu pour lui-même à cause de sa grande taille (plus d’1,95 m) et de son long buste : « L’équilibre et le rythme sont fondamentaux. Aussi bien pour le cheval que pour le cavalier. Pour trouver le bon équilibre, il faut travailler sans rênes avec un collier et chausser très court, jambes pliées. Si le cavalier est rigide, le cheval est rigide. Le cavalier doit être
léger, calme, et laisser le cheval faire, le rendre responsable. On doit pouvoir prendre un cavalier dans la position dans laquelle il est à cheval, le mettre à terre dans cette position et le trouver en équilibre. » Si William s’investit dans la discipline du complet en étant administrateur de l’Association des cavaliers de complet, il aime aussi convaincre, aider, et transmettre. Il a ainsi écrit deux livres*, et participe activement à la politique de sa région en étant vice-président du comté de Dorset. Une vie dense partagée entre sa famille, la compétition, le coaching… Une question d’équilibre pour le n°1 mondial. Transmettre votre expérience, estce quelque chose que vous aimez faire ? Oui, beaucoup. C’est difficile d’organiser des clinics pendant la saison parce que je monte mes chevaux et que je n’ai pas le temps de passer plus de deux jours à l’extérieur. Pendant l’hiver je fais quelques stages, par exemple après ceux que j’ai faits en France en janvier, je vais quatre jours aux EtatsUnis en février, puis quelques jours en Angleterre fin février. Ça m’intéresse et ça marche bien. Vous aimeriez coacher ? C’est important de le faire et ça m’intéresse. C’est un sport que j’aime et
L’Eperon
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LA PAROLE A WILLIAM FOX-PITT
d’équilibre j’aime voir les cavaliers progresser. Je m’y consacrerai certainement après ma carrière sportive, parce que si on ne monte plus à cheval, on perd des propriétaires, des sponsors, alors il faut s’investir dans quelque chose. Pour l’instant, c’est toujours un peu difficile de trouver assez de jours pour le faire, à cause des enfants, de la famille, des chevaux… Je passe de moins en moins de temps à cheval. Et vos enfants montent-ils ? Oui, c’est obligatoire ! Mes deux garçons (Oliver, huit ans et Thomas, sept ans, ndla) vont apprendre. En Angleterre, c’est facile de pratiquer l’équitation. De plus, c’est un sport qui permet de voyager beaucoup. Je pense que les chevaux ouvrent les portes. Vous aviez déclaré vouloir prendre votre retraite en 2012 après les Jeux. Vous continuez pourtant et vous êtes n°1 mondial… C’est à cause de mes chevaux. J’en ai de très bons et j’ai envie de les monter. Je ne veux pas les voir montés par d’autres cavaliers ! Et mes propriétaires me font confiance et m’en achètent encore ! En 2012, je pensais que j’aurais eu moins de chevaux confiés, ce qui aurait été naturel, mais en fait, après les Jeux, j’avais encore quatre chevaux de 4*. Je ne peux pas m’arrêter là-dessus. Alors je continue et on verra. Et cette année, avec quels chevaux serez-vous en concours ?
Pour l’instant, j’ai CHILLI MORNING, BAY MY HERO, COUL MOUNTAIN, FREDDIE MAC, PARKLANE HAWK. OSLO BIATS (un Selle Français par LANDO, dwb, né chez Philippe Brivois, ndla) a été blessé et ne va rien faire cette année. Il recommencera en 2016. C’est mieux de lui donner un peu plus de temps, il est encore assez jeune. Ensuite, j’ai deux chevaux qui vont débuter en 3*. Ce ne sont pas des cracks, mais ils ne sont pas mal : LUXURY (neuf ans, ish, VECHTA, kwpn) et FERNHILL PIMMS (onze ans, aes, DOUGLAS, kwpn). Leur préparation a pris un peu de temps, mais ça vient. LUXURY est très grand et PIMMS un peu farceur. Enfin, j’ai encore deux chevaux de 2*, trois chevaux de 1* et un 6 ans. Pour les championnats d’Europe, avez-vous déjà une idée du cheval que vous allez monter ? Pas vraiment, mais cette fois pas CHILLI MORNING (présent aux championnats d’Europe de Malmö 2013 et aux JEM 2014, ndla). En fait, j’espère qu’il va gagner Badminton. Du coup, il passera un été plus calme pour le garder pour les Jeux olympiques de Rio en 2016. Avant les championnats d’Europe à Blair Castle, vous avez le 4* de Burghley. Quel serait votre cheval ? Pour l’instant, je n’en ai aucune idée. Le choix est compliqué. C’est difficile de garder un cheval pour les championnats d’Europe, qui auront lieu une semaine après Burghley (3 au 6
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septembre). Si je gagne Burghley, j’ai 60 000 £ (plus de 80 000 €). Si je gagne les championnats d’Europe, j’ai 5 000 £ (7 000 €). C’est toute la question pour les propriétaires. J’ai envie de gagner les championnats d’Europe, mais c’est souvent très difficile de les convaincre que les faire est le bon choix. J’ai couru beaucoup de championnats d’Europe et je n’ai jamais gagné. Pourquoi gagnerais-je cette année ? Propos recueillis par Marie-Paule RETRU (*) Schooling For Success et une autobiographie, What Will Be
Page de gauche Avec Tzara Rouge, le Britannique exposa sa façon de détendre, sous les yeux de son nouveau cavalier, Stanislas de Zuchowicz (à dr.) et d'Arnaud Boiteau, animateur de cette journée (à gauche). Ph. IFCE/A. Laurioux Ci-dessus, et en bas, W. Fox Pitt montre la position à avoir : l'équilibre et la souplesse. Photos IFCE/A. Laurioux
PALMARÈS Né en 1969 à Hampstead, un quartier de Londres (G.-B.), William Fox-Pitt commence à monter en complet à quinze ans, encouragé par ses parents qui ont tous deux couru les CCI4* de Badminton et Burghley. Il a représenté la Grande-Bretagne dès son adolescence, en remportant l’argent individuel aux championnats d’Europe juniors en 1987, l’or par équipes aux championnats d’Europe Jeunes Cav. en 1988 et 1989, et en participant au CCI4* de Badminton à vingt ans. Cinq ans plus tard, en 1994, il remporte son premier Burghley (avec CHAKA), ce qui lui permet d’être sélectionné pour les JO d’Atlanta. JEUX OLYMPIQUES 1996. Atlanta : 5e par équipes 2004. Athènes : argent par équipes 2008. Hongkong : bronze par équipes, 12e indiv. avec PARKMORE ED 2012. Londres : argent par équipes, 27e indiv. avec LIONHEART JEUX MONDIAUX 2002. Jerez : bronze par équipes, 14e indiv. avec TAMARILLO 2006. Aix-la-Chapelle : argent par équipes, 15e indiv. avec TAMARILLO 2010. Lexington : or par équipes, argent indiv. avec COOL MOUNTAIN CHAMPIONNATS D’EUROPE Six fois médaillé d’or par équipes : 1995, 1997, 2001, 2003, 2005, 2009, une fois médaillé de bronze indiv. (2013) et par équipes (2011). William Fox-Pitt est également le seul cavalier à avoir gagné 5 des 6 CCI4* dans le monde : Burghley (1994, 2002, 2005, 2007, 2008, 2011), Badminton (2004), Luhmühlen (2008), Rolex Kentucky (2010, 2012, 2014) et Pau (2011, 2013). En 2003, William et son épouse, Alice Plunkett, présentatrice sur Channel 4 Racing, se sont établis avec leurs quatre enfants à Wood Lane Stables qui comprend une écurie de vingt-huit boxes à Hinton St Mary, dans le Dorset.
L’EPERON
n°353 mars 2015
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TOUR DU MONDE
Marie Hécart
CSI5*-W DE WELLINGTON
« Enfin la victoire ! » Le 31 janvier, Marie Hécart a enfin raflé un Grand Prix 5*, celui du CSI de Wellington, aux Etats-Unis, devant Ben Maher/DIVA II et Eric Lamaze/FINE LADY 5. Le Canadien l’avait incitée à traverser l’Atlantique pour prendre de l’expérience en 2006.
D
epuis quelques années déjà, Marie Hécart fait parler d’elle. Souvent classée au plus haut niveau avec sa bondissante MYSELF DE BRÈVE, fille de QUIDAM DE REVEL, la Tricolore de trente-quatre ans manquait néanmoins toujours de peu la victoire. Ce 5* remporté devant deux cracks est le résultat d'un travail acharné. Quel est votre sentiment après cette première victoire en Grand Prix 5*? J’ai envie de dire « enfin » ! Cela n’arrive pas par hasard. Depuis deux ans, MYSELF est très régulière à ce niveau. Elle est presque toujours sans fautes et classée. Nous terminons 3e au CSIO de
Barcelone (Esp) en octobre, 9e à Hickstead (G.-B.) et à Chantilly (60) cet été, ou encore 5e à Rome (Ita) en juin… Mais jamais 1re. Après tout le travail effectué, gagner ce Grand Prix est une belle récompense. Parlez-nous de cette petite alezane… MYSELF est très courageuse. Dotée d’un sacré tempérament, c’est une gagnante ! Elle a un vrai coup de jarret, ce qui lui donne tous ses moyens. Elle a aussi beaucoup d’énergie. Son envie d’y aller posait même problème il y a quelques années, car c’était à l’excès. Je la monte depuis qu’elle a quatre ans (son père, Michel Hécart, l’avait achetée à deux ans aux Fences, ndla), alors nous nous connaissons vraiment bien. Depuis que j’arrive à la canaliser, nous formons un vrai couple. Elle a aujourd’hui quinze ans, donc je choisis soigneusement les concours pour la préserver. Elle saute régulièrement, mais pas énormément. De toute façon, je suis loin dans le classement mondial (96e), donc je ne joue pas la course aux points. Quel est l’intérêt de cette tournée en Floride ? Une saison aux Etats-Unis coûte cher et je n’avais pas vraiment de chevaux à emmener cette année, mais j’y suis allée pour assurer une continuité avec mes élèves. J’y réside désormais trois mois par an et ce rythme me convient. Je fais entièrement confiance à mon équipe qui gère les écuries en France lors de mon absence (Marie est installée au Haras de Plaisance, propriété d’Alexandra Paillot près de Senlis (60), ndla. Cf reportage sport du n°348). Ici, je peux coacher des cavaliers dans des épreuves de niveau amateur et monter le Grand Prix la même journée. Les 4 et 5* sont bien dotés et leur accès est beaucoup plus facile qu’en Europe, où les places sont limitées. Vous dites que vous n’aviez pas de chevaux à emmener aux Etats-Unis. Mais avez-vous un piquet pour épauler MYSELF ? Depuis un an, je monte QUATUOR DE B’NEVILLE (COL CANTO), propriété de Roger Pellerano, l’un de mes élèves. Il est en train de passer un cap et devient
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performant dans les grosses épreuves, mais le but est de le former pour Roger ou de le vendre. Je ne peux donc pas faire de projets à long terme avec lui. J’ai aussi VATSON SITTE (CARDENTO), un 10 ans au fort potentiel en qui je crois beaucoup. Il est en Floride pour trois semaines, l’occasion de lui faire prendre de l’expérience dans les grosses épreuves. Il appartient à Sens O Riel, mon principal partenaire. SIMBA DE LA ROQUE et QAPITOL DE MONTSEC – tous deux Sens O Riel – ont été vendus. C’était prévu. Je forme également quelques bons jeunes, mais ils ne sont pas encore prêts pour le plus haut niveau. Le but est d’essayer de m’équiper encore plus. Quel est le programme cette saison ? Je rentre en France le 1er avril, après la tournée de Wellington. D’ici là, MYSELF doit encore courir deux 5* et VATSON est engagé dans la Coupe des nations début mars. Le programme n’est pas encore fixé. Nous devons en discuter avec le sélectionneur national, Philippe Guerdat, mais j’avoue que j’aimerais beaucoup participer au CSI0 de La Baule (44) mi-mai. Propos recueillis par ALIX PENICHOU
L’EPERON
GP Coupe du monde
1- Marie Hécart, Fra Myself de Brève. SF, f, 15 ans, alezane, Quidam de Revel x Grand Veneur. N. Xavier Rémy et Marine Payan. P. Marie Hécart 2- Ben Maher, G.-B. Diva II. AES, f, 10 ans, alezane, Kannan x Berlioz 3- Eric Lamaze, Can Fine Lady 5. han, f, 12 ans, baie, Forsyth x Drosselklang II
L’émotion et la joie de la Normande étaient palpables lors de la remise des prix de ce GP5*, qu’elle a survolé avec sa géniale Myself de Brève. Photos Sporfot
n°353 mars 2015
19/02/15 17:45
TOUR Du monde
Actualites
meray x Ryon d’Anzex, Aa. N. Haras des Hayettes ;
P. Philippe Berthol et Simon Delestre
Amsterdam, P.-B., du 30 janvier au 1er février CSI4*, GP 1- Willem Greve, P.-B. Carambole. Hosl, m, 11 ans, bai, Cassini I x Concerto II. 7- Julien Epaillard, Fra Cristallo A-LM. holst, h, 11 ans, bai clair, Casall x Corofino. N. Arthur Arp ; P. Julien Epaillard et Laiterie de Montaigu
Al Ain, UAE, du 5 au 7 février
CSI3*-W, GP Coupe du monde 1- Abdelkebir Ouaddar, Mar Quickly de Kreisker. SF, m, 11 ans, bai, Diamant de Semilly x Laudanum, ps. N. Guillaume Ansquer ; P. Sa Majesté Mohammed VI 2- Frédéric David, Fra Equador van’t Roosakker. bwp, h, 11 ans, alezan, Nabab de Rêve x Chin Chin. N. Marc Kluskens ; P. Sheika Alyazia Bint Sultan Bin Khalifa al Nahayan
Dressage
Neumünster, Allemagne, du 12 au 15 février
Ph. D. Caremans
CDI-W, GP 1- Fabienne Lütkemeier, All, 74.94 % D’Agostino FRH. Badwu, m, 15 ans, alezan, De Niro x Shogun, Ps.
15- Ludovic Henry, Fra, 68.28 % After You. bwp, h, 12 ans, bai, Abanos x Ragazzo. N. Ferdinand Helbach ; P. Christophe Binnendijk RLM 1- Ulla Salzgeber, All, 82.77 % Herzruf’s Erbe. Rhein, h, 16 ans, alezan, Herzruf x Caletto I 14- Ludovic Henry, Fra/After You, 72.17 %
Amsterdam, du 30 au 31 janvier
CDI-W, GP 1- Charlotte Dujardin, G.-B, 86.14 % Valegro. Kwpn, h, 13 ans, bai foncé, Negro x Gershwin 18- Ludovic Henry, Fra, 67.72 % After You. bwp, h, 12 ans, bai, Abanos x Ragazzo. N. Ferdinand Helbach ; P. Christophe Binnendijk RLM 1- Charlotte Dujardin, G.-B./Valegro. 93.90 %
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hef de piste réputé, homme dévoué et généreux, Andreas Hollmann est décédé d’un infarctus en construisant des parcours, sa passion, lors du CSI2* d’Oliva (Espagne), fin janvier. Fidèle bras droit de Frank Rothenberger et constructeur de gros parcours lui aussi, il était âgé de cinquantetrois ans seulement. Cavalier de bon niveau et écuyer de profession, sa carrière avait bifurqué suite à une chute de cheval, qui avait failli le laisser paralysé, et à des problèmes de dos récurrents. Assistant de Frank Rothenberger lors des Mondiaux
• Adam Prudent brille à Wellington… Outre-Atlantique, Kent Farrington a remporté le 13 février le sixième Grand Prix au programme du Winter Equestrian Festival à Wellington avec Blue Angel (Luidam). Le talentueux Américain devançait le Néerlandais Harrie Smolders/Don VHP et le Britannique Ben Maher/Valinski S. Dans le beau Derby, couru sur l’herbe, victoire du jeune Français Adam Prudent (vingt-cinq ans), le fils d’Henri et de Katie, montant Vasco V (Andiamo Z). A. P.
Cabrio vendu par les Philippaerts… Stud-books printaniers
… et racheté pour Olivier !
Sélections au sBs et au BWP
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n janvier, les Philippaerts s’étaient résolus à vendre aux enchères sur internet leur étalon-vedette Cabrio vd Heffinck (Cassini I x Calato), victorieux du fameux Masters de Calgary en 2012 et membre de l’équipe belge aux Jeux mondiaux de Normandie 2014 avec Olivier Philippaerts. Et au final, c’est un mécène belge désireux de le confier à Olivier qui a mis le prix fort, lui garantissant de le conserver jusqu’aux JO de Rio 2016. Le montant ? 1,4 million d’euros ! Pas mal pour ce puissant Holsteiner gris, certes talentueux, mais désormais âgé de treize ans. En revanche, les Philippaerts ont bien vendu Cortez (Quick Star) à la Mexicaine Mariel Victoria Aguirre, qui avait effectué un stage chez Ludo Philippaerts, nous apprend studforlife. Il évoluait depuis 2012 sous la selle de Nicola Philippaerts, le frère jumeau d’Olivier. Le couple avait notamment remporté le Grand Prix du CSIO de Lummen en 2013. A. P.
Badminton plus facile ?
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rganisateur en chef du légendaire CCI4*de Badminton (G.-B.), Hugh Thomas en fut aussi le chef de piste à vingt-cinq reprises, de 1989 à 2013. En 2014, sous la pression des critiques, le Britannique passait le relais à Giuseppe della Chiesa, le chef de la Commission de complet à la FEI, délégué technique à Badminton de 2008 à 2010. Son cross avait le mérite d’être assez différent des précédents, mais certains le jugèrent trop sélectif, 32 chevaux, soit 38,6 % des partants seulement, étant rescapés pour le saut d’obstacles. Comme le veut la tradition, le cross ira dans l’autre sens ce printemps (6 au 10 mai) et le chef de piste transalpin sera un peu moins exigeant autour du Vicarage Vee et du Mirage Pond, les obstacles 13 à 18 ayant causé beaucoup de problèmes l’an passé. Certains applaudiront, d’autres moins. A. P.
Endurance : les Britanniques sponsorisés par les Emirati
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e mois dernier, nous annoncions que les Emirats, via Meydan, le complexe équestre des Al Maktoum, entendaient parrainer l’équipe britannique d’endurance et que cela avait logiquement suscité une polémique. « Est-ce pour calmer les opposants, échaudés par les scandales d’endurance et les affaires concernant les Mondiaux d’Euston Park et d’autres courses ? », pouvait-on lire dans la presse britannique. Les débats ont donc été nourris au sein de la Fédération britannique, Endurance GB’s (EGB). La décision est tombée
mi-janvier et les 570 membres ont dit oui (405 non), malgré la dépendance que cela implique dans le contexte actuel. 55,2 % des membres, soit 1 010 personnes, ont pris part au vote. Il y a eu 3,5 % d’abstentions. Via Meydan, les Emirats arabes unis vont donc parrainer l’équipe britannique pour une période de trois ans, pour un montant non révélé. Meydan et le Dubai Equestrian Club vont financer des équipements high-tech et du sponsoring pour les cavaliers. Ce partenariat subventionnera les concours, les entraînements et le centre d’Euston Park. A. P.
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En bref
2006, des championnats d’Europe 2013 et de plusieurs finales de Coupe du monde (l’an passé à Lyon encore), Andreas Hollmann avait acquis une grande expérience. D’Aix-la-Chapelle à Spruce Meadows, en passant par Pékin, Lyon ou Mannheim, il a construit de très nombreux parcours, comme n°1, 2 ou 3. Il répondait aussi avec beaucoup de soin et d’attention aux questions des journalistes. Avec sa sœur, il organisait également des concours nationaux dans sa région de Dortmund. Nous garderons de lui le meilleur des souvenirs. A. P.
Ph.coll. FEI
Ph. LdD
CSI5*, Masters Grand Slam Indoor, GP 1- John Withaker, G.-B. Argento. Aes, m, 13 ans, bai foncé, Arko III x Gasper 3- Simon Delestre, Fra Ryan des Hayettes. Sf, h, 10 ans, alezan, Hugo Ges-
Andreas Hollmann, le bâtisseur terrassé
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e stud-book KWPN hollandais procède en tout début de saison – début février (cf article p. 77) – aux qualifications de ses jeunes étalons pour les tests en station. Mais les stud-books belges opèrent également très tôt. Le « Selection Show » du sBs se déroulera à Gesves les 7 et 8 mars (modèle et allures, saut en liberté pour ce qui concerne les 3 ans, et finale du circuit hivernal des étalons), et la troisième phase du BWP (saut monté, 3 ans et étalons plus âgés) aura lieu du 19 au 21 mars à L’Eperon d’argent à Moorsele. Deux bonnes occasions pour aller à la rencontre d’acteurs majeurs du cheval de sport européen. Suite à l’épidémie de rhino-pneumonie qui sévit en Belgique dans le Limbourg, le stud-book Zangersheide est contraint, lui, de reporter l’expertise des étalons qui devait se dérouler du 20 au 22 février à Lanaken. Les journées portes ouvertes des samedi 21 et dimanche 22 février sont toutefois maintenues et une session française d’approbation aura bien lieu à Deauville les 7 et 8 mars (cf en pages Tour de France). E. J.
Formats modifiés en vue des JO
Une pétition contre le raccourcissement des reprises
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ors de son prochain Forum sportif, les 27 et 28 avril, la Fédération équestre internationale (FEI) débattra de l’évolution des disciplines, notamment dans la perspective de conserver et de renforcer leur statut olympique. En saut d’obstacles, on parle de réduire les équipes à trois, pour pouvoir en aligner davantage (universalisation oblige !) et cela suscite déjà débat. On pourrait aussi avoir le même format aux JO et aux Jeux mondiaux, ce qui signifierait évidemment la fin de la finale mondiale, dite tournante. En dressage, le possible raccourcissement des reprises olympiques de 6 à 5 ou 4,5 minutes soulève déjà les
En bref
Ph. Scoopdyga
Hongkong, Chine, du 12 au 15 février
Ph.E. Knoll
Saut d’obstacles
passions en Allemagne. Avant même que des démonstrations ne soient faites le 19 février à Warendorf, une pétition lancée par le portail www. dressursport-deutschland.de circule sur les principaux sites internet équestres germaniques. « C’est une vieille histoire. Aucune chaîne de TV ne montrera davantage de dressage parce que les reprises ne dureront plus 6 minutes mais 5 ou 4,5. On se souvient des JO de Londres, où le GP Spécial raccourci n’avait pas le même charme et convenait moins aux chevaux. Ce ne fut pas un plus pour le dressage, sinon on l’aurait gardé. » Pour le complet, les questions sont nombreuses aussi. A. P. • CDI à Wellington : Peters… et Petersen . Lars Petersen et Steffen Peters se sont disputé plusieurs victoires autour de 75 % lors des CDI3* et 5* du début février à Wellington. Steffen Peters a réussi un doublé Grand Prix - GP Spécial avec la toute jeune Rosamunde 20 (Rock Forever I), huit ans à peine, qui avait tourné son tout premier GP début janvier. Quant à Lars Petersen (photo), lors du CDI5*, il a gagné le Grand Prix et le Libre avec Mariett (Come Back II). Steffen Peters était alors 2e avec son cheval de tête Legolas. Christoph Koeschel a remporté le Libre du 3* avec Rostropowitsch (Rockwell), l’Américaine Kathleen Raine le Spécial du 5* avec Breanna (Brentano II). A. P.
L’Eperon
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