Premier numéro spécial Assises des Clés de la presse avec l'EPJT

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spécial assises du journalisme n°1 - 9 mars 2016 En partenariat avec

Assises.journalisme.epjt.fr

Des Assises tourangelles

Photo : Victorine Gay

Les Assises internationales du journalisme et de l’information ouvrent leurs portes aujourd’hui à Tours. Pour trois jours de réflexion sur le prix de l’info. Page 2

L’ENQUÊTE

Le financement participatif

de plus en plus de médias y ont recours. Pour sortir d’une mauvaise passe financière ou lancer de nouveaux projets /p.4

le portrait

Raphaël Garrigos l’obsession des jours

Ancien journaliste à libération, il lance un site payant, Les Jours, avec ses anciens confrères. Objectif : approfondir l’information /p.8

L’expo

Capa, méconnu et en couleur

Le château de tours accueille une exposition originale du célèbre photographe de guerre. Découverte de clichés inédits /p.6


2 L’événement

9 mars 2016

Les Clés de la presse

Le début d’une histoire

Photo : Journalisme et citoyenneté

Des dizaines de conférences, 200 intervenants, quelque 2 000 visiteurs : les Assises du journalisme ouvrent leurs portes aujourd’hui à Tours.

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haque année depuis 2007, des professionnels de l’information se réunissent pour échanger, à partir d’un thème, sur les enjeux de la presse du XXIème siècle. Ces trois prochains jours, les débats, les conférences et les expositions porteront sur le prix de l’information. Les intéressés pourront profiter de l’entrée libre pour assister à des rencontres autour du financement participatif, du média en tant que marque, du modèle de l’entreprise de presse solidaire... Dans la continuité de l’axe adopté l’an dernier sur « les leçons de Charlie », les Assises se pencheront également sur l’éducation

au x m é d i a s . C é c i l e B o u rg n e u f , cofondatrice du P’tit Libé, sera présente, ainsi qu’Emmanuelle Gaviet, responsable de l’opération Interclass de France Inter, ou encore Laurence Fredet, la rédactrice en chef de la revue pour les adolescents, Topo.

Le dynamisme comme mot d’ordre Les Assises marquent de cette manière leur volonté de s’ancrer dans l’actualité, mais aussi d’en faire le suivi. Le dynamisme se veut crucial dans cette a ssemblé e de professionnels de l’information. Dès leur deuxième édition, les Assises ont contribué à la

création d’états généraux de la presse écrite, inaugurés le 2 octobre 2008 par l’ancien président, Nicolas Sarkozy, pour trouver des solutions aux difficultés économiques des journaux avec l’essor du numérique. Autre rendez-vous inédit : un salon du livre du journalisme se tiendra vendredi après-midi au Palais Vinci. Le projet fait écho au traditionnel événement de la remise des prix : les auteurs des meilleurs travaux journalistiques ou consacrés au journalisme de l’année sont récompensés par les prix Journalisme, Recherche ou Enquête et reportage. Tous les ans, durant trois jours, les Assises accueillent des chercheurs, des éditeurs, des enseignants et des citoyens intéressés par la situation des médias aujourd’hui. En seulement neuf années d’existence, elles ont déjà posé leurs bagages à Paris , Metz , Poitiers , Strasbourg et Lille. Cette fois, les choses pourraient bien être différentes : l’association Journalisme et citoyenneté, qui organise les Assises, et la commune de Tours envisagent déjà l’établissement définitif des Assises en Touraine. La Nouvelle république et l’Ecole publique de journalisme de Tours sont des atouts supplémentaires pour une collaboration, qui promet d’être riche et pérenne. Sara Guillaume

un rendez-vous majeur pour la ville de tours

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Crédit : Pierre Lépine

epuis neuf ans, les Assises du journalisme posent leurs valises un peu partout en France. Lille, Strasbourg, Poitiers, Metz et Paris les ont déjà accueillis par le passé. L’objectif, pour la ville de Tours, sera donc de fidéliser l’association organisatrice, Journalisme et citoyenneté, pour que cet événement s’inscrive parmi les rendez-vous majeures de la ville, chaque année. Mais pour cela, il faudra sûrement améliorer sa communication. Car il n’est pas facile d’obtenir la réaction de Christophe Bouchet, adjoint au maire qui a œuvré en coulisses pour la venue des Assises, ou du maire Serge Babary. Mais après quelques négociations, nous avons finalement pu nous entretenir avec Monsieur le maire, quelques minutes entre deux rendez-vous. Pour lui, il s’agit d’un « événement important dans le cadre du rayonnement de la ville. » Lors des dernières

élections, il avait déjà clamé son désir de « redonner à Tours une place digne des atouts culturel s , tour i stique s , hi stor ique s et patrimoniaux qu’elle possède », face à ses concurrentes régionales. L’arrivée des Assises du journalisme à Tours n’a donc rien d’anodin. La ville espère bien devenir un carrefour du monde médiatique. A moins de deux heures de Paris, elle est idéalement située et assure la liaison avec le reste du territoire. « Les journalistes sont des personnes très actives. Ils seront entre 180 et 200 présents. Ils risquent de parler de la ville et c’est très valorisant pour nous », souligne le maire. Mais un tel événement a un prix. 100 000 euros dépensés par la ville et l’agglomération. Une somme à laquelle il faut ajouter 10 000 euros de la ville pour toutes les dépenses Plus d’infos c o n c e r n a n t l ’a c c u e i l d e s sur notre site Assises. journalistes, les buffets... journalisme. Thibaut Alrivie

epjt.fr


Les Clés de la presse

L’entretien

9 mars 2016

Coup de fil à… Marc Mentré

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Nouveau président de l’association Journalisme et citoyenneté et organisateur des Assises, Marc Mentré insiste sur la nécessaire réflexion qui doit être mise en place au sein de la profession. Les Clés de la presse. Quels sont les objectifs de cet événement ? Marc Mentré. Les Assises du journalisme ont plusieurs objectifs. Tout d’abord, rassembler la famille des journalistes et des médias. Elle connaît tellement de contradictions qu’il est primordial de la réunir une fois par an. Mais le journalisme n’est pas quelque chose qui se vit en vase clos. C’est pour cela que nous tenons vraiment à ce qu’un public soit présent, afin que le dialogue soit possible. Les Assises sont un lieu de réflexion et d’action pour défendre l’indépendance des rédactions. Depuis leur création, les Assises ont été accueillies par plusieurs villes. Pourquoi avez-vous choisi la Touraine cette année ? M.M. Auparavant, le choix de la ville était itinérant : Metz, Strasbourg, Lille, Poitiers… L’idée de Jérôme Bouvier (le fondateur des Assises, ndlr) est de marier l’événement avec Tours, quelle que soit l’année. C ’est l’occasion d’implanter un événement national sur

la ville de Tours. Il s’agit d’un choix stratégique : il y a d ’a b o r d u n e p o s i t i o n géographique intéressante, Marc Mentré est le successeur de Jérôme Bouvier une école de journalisme à la présidence de Journalisme et citoyenneté. reconnue et du bon vin ! Aujourd’hui, tout est déstructuré. Pourquoi avez-vous choisi le thème du L’image et les réseaux sociaux font émerger une information qui est parfois « prix de l’information » ? M.M. Cela interroge sur l’avenir du fausse, très souvent non vérifiée. Les journalisme. L’information a un prix, jeunes, en particulier, sont très sensibles aux réseaux sociaux, alors que l’on sait mais qui est prêt à le payer ? Nous sommes convaincus qu’il est très bien qu’on peut y trouver n’importe possible de faire émerger des modèles quoi sur n’importe quelle information. économiques soutenables pour le journalisme. Cela passe par des Les Assises du journalisme ont-elles réflexions collectives qui ne sont pas un impact sur le renouvellement du seulement orientées vers les journalistes, métier ? M.M. Très modestement, nous pensons mais aussi vers les citoyens. que oui. Toutes les questions que l’on se Une place importante est consacrée à pose sur la profession peuvent participer l’éducation aux médias. Qu’est-ce que à son renouvellement. Depuis la création des Assises, tout a changé dans la cela signifie ? M.M. Autrefois, tous les citoyens pratique du métier. Nous nous sommes s’informaient, lisaient le journal le matin, chaque année posé les questions qu’il écoutaient la radio, et avaient rendez- fallait et nous avons essayé d’y répondre vous avec le JT de 20h. L’information de la meilleure des manières. faisait partie de la vie. Propos recueillis par Simon Soubieux

DATEs CLéS

EN Chiffres 200 C’est le nombre de professionnels qui interviennent chaque année dans les conférences, débats et ateliers proposés par les Assises. 2 000 Selon le site internet journalisme.com, environ 2 000 personnes

Photo : journalisme et citoyennté

« Rassembler la famille des journalistes »

assisteraient tous les ans aux Assises. 5 Depuis leur création, les Assises ont voyagé dans cinq villes : Lille, Strasbourg, Poitiers Metz et Paris. Tours est la nouvelle destination, et pourrait bien le rester pour longtemps.

2007 Jérôme Bouvier, président de l’association Journalisme et citoyenneté, crée les Assises. La première édition se tient à Lille. 2008 La deuxième édition des Assises du journalisme inspire à Nicolas Sarkozy,

alors président de la République, l’organisation des Etats généraux de la presse. 2015 Après les attentats de janvier, les Assises organisent une édition spéciale sur « les leçons de Charlie ». Le projet d’ancrer le rassemblement annuel en Touraine est évoqué.


4 Le dossier

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Les Clés de la presse

à l’aide, Citoyens !

Quand ils manquent d’argent pour subsister ou se créer, certains médias font appel à la générosité publique via le crowdfunding. Suffisant ? Pas si sûr.

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Plus d’infos sur notre site Assises. journalisme. epjt.fr

Capture d’écran les Jours

En l’espace de six ans, des centaines de projets journalistiques orsque le grand reporter Emmanuel Razavi et le photojournaliste Alain Buu s’associent pour un reportage ont bénéficié du crowdfunding. C’est l’un des symptômes d’une multimédia sur une Espagne en crise, ils n’ont pas de presse française en crise : par manque de ressources financières, quoi le financer. Ils se tournent alors vers le financement elle investit moins dans l’enquête ou le reportage de longue participatif via la plateforme Kiss kiss bank bank. durée des pigistes. C’est ce que souligne l’économiste Julia Cagé Résultat : c’est un succès et ils récoltent plus de 6 000 euros. dans son ouvrage Sauver les médias, capitalisme, financement Nous sommes alors en juin 2010, le crowdfunding, participatif et démocratie, en évoquant « une crise de qualité littéralement le « financement par la foule », commence tout de la presse française ». Pour y remédier, certains journalistes se lancent dans le crowdfunding pour financer leurs enquêtes juste à se développer auprès des internautes français. ou reportages. Un moyen pour le Six ans plus tard, l’Europe donateur d’investir et de s’investir compte des centaines de sites de dans les médias. C’est le journalisme financements participatifs (230 en participatif. Mais certaines voix mai 2014 selon l’Europ ean s’élèvent contre cet appel à la crowdfunding network) pour tout générosité des lecteurs. « Cette type de projets, dont certains à mi s s i o n d e f in a n c e m e n t d e s visée journalistique. Parmi eux, reportages, c’est aux journaux de deux plateformes se démarquent : l’assurer, rappelle Alain Buu. Ce n’est Ulule et Kiss kiss bank bank, pas le rôle du lecteur. » Le phototoutes deux créées en 2010 et au journaliste estime que la rayonnement européen. Leur généralisation du financement concept est simple : un projet est participatif risque de désengager de mis en ligne sur leur plateforme, plus en plus les journaux dans le généralement accompagné d’une financement des rep or tages . campagne de communication Pourtant, les médias sont nombreux pour expliquer à quoi servira à faire appel au crowdfunding. Leurs l’argent récolté. slogans ? « Faire entendre une autre Le pure-player les Jours est un voix », un « média fait pour vous », exemple de crowdfunding réussi. o u e n c o r e «  f i n a n c e r l e Il a été lancé par des anciens de développement d’avenir ». Nice Libération le 11 février dernier (cf. matin, Alternatives économiques ou le portrait en page 8).« Il nous encore Causette y ont recours pour fallait réunir un million d’euros faire face à des difficultés financières. pour faire fonctionner le site « Le domaine du crowdfunding est pendant dix-huit mois », explique dé sor mai s bien dé velopp é et s o n c o f o n d a t e u r, R a p h a ë l Après un appel aux dons fructueux, les Jours opérationnel, comme le montre la Garrigos. Leur appel aux dons sur proposent à ses lecteurs de devenir actionnaires. le site Kiss kiss bank bank, largement relayé par les médias, levée de fonds importante réussie au profit de la reprise de Nice avait pour objectif de récolter 50 000 euros. Les Jours ont réuni matin », explique le sociologue des médias Jean-Marie Charon 80 175 euros après quarante-et-un jours de campagne dans son rapport Presse et numérique – l’invention d’un nouvel seulement. Ce que Adrien Aumont, cofondateur de la écosystème. Le quotidien régional, qui était en redressement plateforme, explique par « l’envie des gens de défendre un projet judiciaire, a pu être racheté par ses salariés en novembre 2014. Le coût total de ce rachat est de 14 millions d’euros. 376 275 de journalistes qu’ils apprécient ».


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Le dossier

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Photo : Victorine Gay Photo : machin chose

Les Clés de la presse

Depuis ces dernières années, le nombre de projets médiatiques financés par le crowfunding s’est multiplié. Depuis février, Alternatives économiques a lancé une campagne de crowfunding par « palier ». Plus de 74 000 euros ont déjà été récoltés.

euros ont été financés via la plateforme Ulule grâce à 2 733 contributeurs. Une somme qui reste dérisoire face aux huit millions investis par l’homme d’affaires Bernard Tapie qui, en échange, a mis la main sur le patrimoine immobilier du groupe et 50 % de Corse matin.

Le crowdfunding par « palier »

de février, plus de 74 000 euros ont ainsi été récoltés et deux paliers sur quatre ont été franchis. « Cela nous a permis d’atteindre plus facilement la somme minimum et de créer un engouement autour de notre projet », assure Vincent Grimault, l’un des journalistes. Sauf que le financement participatif n’est pas toujours suffisant. Après avoir récolté plus de 105 000 euros sur la plateforme Ulule en juin 2014, Terra éco n’a pu échapper à un redressement judiciaire en juillet 2015. « Notre campagne d’une durée de deux mois a été un vrai succès, souligne David Solon, directeur de la rédaction. Le seul problème, ce sont les investisseurs “conventionnels” qui n’ont malheureusement pas répondu à l’appel. »

« Le crowdfunding n’est pas indispensable aux médias, souligne Adrien Aumont. Mais cela ouvre de nouvelles possibilités en parallèle des financements plus traditionnels. » « Dans la plupart des cas, les fonds réunis, de quelques milliers d’euros parfois, proviennent de l’entourage proche, familles, amis », précise Jean-Marie Charon dans son rapport. Bien souvent, le Jeanne Laudren et Wilfried Redonnet financement participatif ne permet pas de financer la totalité d’un p r o j e t  : c e r t a i n s préfèrent demander une e p r i n c i p e d u Le financement sans obtient des parts de somme moins crowdfunding est de contrepartie financière. l ’ e n t r e p r i s e . C ’ e s t importante que celle financer des projets via Les internautes reçoivent des l’actionnariat de presse. dont ils ont besoin pour u n g r a n d n o m b r e d e contreparties en nature Après un appel aux dons en être certain de récolter p e r s o n n e s , c h a c u n e (abonnement , cadeaux , juin 2015, les Jours ont d e s f o n d s . C ’e s t apportant une petite somme invitations) et en fonction du d é c i d é d e s e l a n c e r notamment le cas de la d ’a rg e nt . S i t o u t e s l e s montant versé. Society en a là-dedans. r e v u e Al t e r n a t i v e s plateformes reposent sur le u s é a u m o m e n t d e s a Le prêt participatif. Il économiques. En triptyque « foule+Internet+ c r é a t i o n a u p r e m i e r regroupe les prêts entre difficulté financière, le f i n a n c e m e n t  » , i l p e u t trimestre 2015. particuliers , les microjournal a lancé une prendre quatre formes. Le financement avec prise crédits ou encore les prêts de campagne de Les dons. L’Humanité, Terra d e p a r t i c i p a t i o n . particuliers aux entreprises. crowdfunding par éco ou encore Charlie hebdo L’ i n t e r n a u t e d e v i e n t Cette solution est encore très « paliers » sur Ulule. ont déjà utilisé ce mode de coproducteur du projet et, peu utilisée par les médias. Depuis le début du mois financement. s’il aboutit, le donateur J.L. et W.R.

Les quatre familles du crowdfunding

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Sur le web 9 mars 2016

Les Clés de la presse

Pages réalisées par l’équipe de la rédaction

Notre selection du jour

On le savait déjà maître du noir et blanc, on le découvre expert de la couleur. Robert Capa, mondialement connu pour ses clichés de guerre, n’a cessé de travailler sur des pellicules colorées dès 1941, jusqu’à sa mort, en Indochine, en 1954. C’est cette facette méconnue de sa carrière que l’on explore grâce à l’exposition « Capa et la couleur », au château de Tours. Une visite privée est organisée vendredi, sur inscription, en partenariat avec les Assises du journalisme. La Seconde Guerre mondiale, l’URSS, l’Indochine, les stations balnéaires et les plateaux de tournage sont racontés dans les 150 clichés

exposés. Photoreporter de guerre, Robert Capa ne se prive pas pour immortaliser les loisirs et la naissance de la société de consommation. Comme ces femmes, les lèvres peintes en rouge, qui sourient à l’objectif pendant qu’elles se prélassent face à la mer turquoise, vêtues d’un bikini. « Le fil conducteur de l’exposition, c’est le quotidien de la population, soldats ou non », précise Maïlys Goupil, étudiante en master d’histoire de l’art, chargée de commenter les visites de l’exposition. Château de Tours, ouvert tous les jours de 14h à 18h (sauf le lundi). Visible jusqu’au 29 mai. Tarifs : de 1,50 euros à 3 euros. Tél. : 02 47 21 61 95.

Les enfants armés de crayons Cent-quarante-cinq dessins d’enfants seront exposés dans le péristyle de l’hôtel de ville du 8 au 13 mars. Des coups de crayons tracés après les événements dramatiques de Charlie hebdo et envoyés à l’association « Dessinez, créez, liberté ». L’initiative a été mise en place par la rédaction de l’hebdomadaire, SOS racisme et le syndicat lycéen Fidl pour encourager la liberté d’expression. Intitulée « Je dessine », l’exposition fait escale dans de nombreuses villes depuis janvier 2016. À Tours pendant cinq jours, elle sera l’occasion pour le visiteur curieux de réfléchir sur des thématiques comme la caricature et le dessin de presse, la radicalisation ou encore le complotisme. D.R

En savoir plus sur notre site assises. journalisme. epjt.fr

Les Assises lancent les réjouissances dès 9h30 avec une thématique qui nous projette dans l’avenir : Robots et journalistes, vers le grand remplacement. Parmi les intervenants : Samuel Laurent (Lemonde.fr) et le sociologue Dominique Cardon. Au même moment, le cofondateur de Kiss kiss bank bank donne un éclairage sur le crowdfunding. Les nouvelles initiatives sont mises à l’honneur à 14h avec Sylvain Attal (France 24), Raphaël Garrigos (les Jours), Didier Pourquery (the Conversation) et Alexandre Michelin (Spicee). La journée se termine avec des questionnements sur le complotisme : comment lutter contre les théories du complot ? à 18h. Animée par Agathe André (Charlie hebdo) et Daniel Schneidermann (@rrêt sur images).

Crédit : Lolipop

Robert Capa haut en couleurs

Photo : Robert Capa

Les étudiants de l’École publique de journalisme ont eu un coup de cœur pour certaines des conférences proposées.

Des livres et leurs auteurs

Des ouvrages ayant fait l’actualité cette année seront présentés au stand librairie de la boîte à Livres tout au long des des Assises. Au programme : rencontres et dédicaces. Mercredi à 17h Daniel Schneidermann, fondateur du site @rrêt sur images, présentera son livre jeunesse : Liberté d’expression : a-t-on le droit de tout dire ? Jeudi, Laurent Joffrin, président du jury des Assises, échangera sur son livre le Réveil français. Le vendredi permettra d’évoquer les attentats du 7 janvier avec Patrick Pelloux et Marise Wolinsky.


Résultat, à partir de la rentrée 2016, certains collégiens auront le droit à des cours dédiés aux médias grâce aux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Concrètement, les élèves auront un socle commun de 22 heures, auquel s’ajouteront 4 heures supplémentaires divisées entre de l’accompagnement personnalisé (AP, entre une et deux heures) et les EPI (entre deux et trois heures par semaine). Ces derniers seront obligatoires et évalués. Retrouvez un reportage sur le collège Jules-Romains, à l’origine d’une initiation à la radio, sur le site spécial Assises de l’école de journalisme de Tours.

Sur le complot

Les attaques menées en janvier 2015 contre la rédaction de Charlie hebdo et l’Hyper Cacher ou encore la nuit d’horreur au Bataclan … Ces événements traumatisants ont laissé bon nombre de citoyens en proie à de multiples questions. Pourquoi ? Comment ? Par qui ? Surfant sur cette vague d’attentats, les thèses conspirationnistes prennent de plus en plus d’ampleur. Le rôle du journaliste est alors de déconstruire les mensonges pour rétablir la vérité. Une conférence, organisée aujourd’hui de 18h à 20h, se propose justement d’expliquer « comment lutter contre les théories du complot ? ». Agathe André (journaliste à Charlie hebdo et présidente de Dessinez créez liberté), Luc Hermann (journalisteproducteur, Premières lignes), Thomas Huchon (réalisateur #ConspiHunter, Spicee) et Daniel Schneidermann (fondateur d’@rrêt sur images) seront présents pour répondre aux questions du public.

“Dans le journalisme, si l’on ne veut pas être déçu, il ne faut pas partir avec un plan de carrière.” Crédit : FranceTV

La discipline n’est pas nouvelle. La Semaine de la presse et des médias dans l’école fête ce mois-ci sa 27ème édition et l’éducation aux médias fait partie depuis quelques années des programmes scolaires. Mais les événements de Charlie hebdo, il y a un peu plus d’un an, ont accéléré les choses. « Je souhaite améliorer l’éducation aux médias et à l’information, inscrite dans la loi de refondation de l’école, qui est un enjeu démocratique essentiel », a rappelé Najat Va l l au d - B el k a ce m , l a m i n i s t re d e l’Education nationale, le 13 janvier 2015 lors de la réunion des recteurs.

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D. R.

L’enjeu De l’éducation aux médias

Marie-Laure Augry, médiatrice des rédactions de France 3

Le robot-journalisme, une réalité déjà présente

D. R.

9 mars 2016

Crédit : C. Marriault

Les Clés de la presse

Impensable il y a encore vingt ans, le robot-journalisme n’est plus une vue de l’esprit. Aux états-Unis, la pratique s’est imposée dans la presse sportive, notamment pour les matchs de baseball. Il existe des milliers d’articles signés The Machine publiés dans la presse américaine. Tous ont été rédigés par un programme d’intelligence artificielle, appelé Stats Monkey. En France, le phénomène est moins accentué, mais il existe et a pris de l’ampleur lors des élections régionales et départementales. Une société comme Data2content, crée en 2006, a ainsi travaillé pour le Monde, le Parisien, Radio France et l’Express l’an dernier. Pour l’heure, les robots de Data2content ne permettent que de réaliser de petits comptes rendus, à partir de données chiffrées récoltées. Mais la question se pose déjà d’en arriver à de longues enquêtes. Alors les robots sont-ils amenés à remplacer les journalistes ? Une conférence, organisée ce matin de 9h30 à 11h tentera de répondre à la question. Vous pouvez également retrouvez une enquête sur le robot-journalisme sur le site spécial Assises de l’EPJT.


8 Le portrait

9 mars 2016

Raphaël Garrigos, l’obsession des Jours

Les Clés de la presse

Raphaël Garrigos a été journaliste plus de 15 ans à Libération. Il a quitté le journal il y a un an pour se lancer dans un projet : le site d’information les Jours.

Crédit : Sébastien Calvet cdzefeokfe / Les Jours

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ui et sa femme, Isabelle Roberts, avaient un principe : ne jamais apparaître à la télévision p arce qu’il s travaillaient sur les pages médias pour Libération. Mais le 14 février dernier, au cours de l’émission Médias le mag, sur France 5, ils ont fait tomber le masque. Invités pour présenter leur nouveau projet, « les Garriberts », sont apparus « à nu ». « Nous, on les connaissait, mais le public découvre Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos », lançait alors Thomas Hugues, le présentateur du programme.

creuser l’information sur le long terme, leurs « obsessions », et la mettre en scène sous forme d’épisodes. Un projet lancé dans un contexte difficile, mais pas de panique pour l’intéressé : « personne ne croyait à la presse payante en ligne avant que Mediapart ne prouve le contraire. On verra s’il y a de la place pour nous ».

Objectif : 25 000 abonnés

Si Raphaël Garrigos avoue qu’il a parfois douté, les Jours ont été soutenus. Pour financer le projet, les anciens de Libé ont investi et fait appel à une campagne de financement participatif grâce à laquelle ils L’info sur le long terme ont récolté 80 000 euros. Pour équilibrer les comptes, ils esRaphaël Garrigos a longtemps « Même si l’on ne compte pas concurrencer pèrent atteindre un cap de entretenu deux histoires le Monde, on aimerait s’imposer sur le Web. d’amour. Celle avec Libération, On ne veut pas que ce ne soit qu’une aventure. »   25 000 abonnés à trois ans. « On a des ambitions démesuqu’il a rejoint en 1998 « comme rées. Même si l’on ne compte petit pigiste pour la rubrique pas concurrencer le Monde, on télé » avant de devenir chef adparti », raconte-t-il aujourd’hui, sans rejoint du service média, et celle avec son gret. Ce projet, c’était les Jours, un site aimerait s’imposer sur le Web, avoue-t-il. On ne veut pas que ce ne soit qu’une épouse, Isabelle Roberts, avec qui il a d’information généraliste payant. « On se réunissait chaque semaine aventure. » Le site, sans publicité, met en toujours travaillé. En janvier 2015, son histoire avec Libération a pris fin. Pa- pour mettre au point le projet avant de valeur son indépendance. « Grâce à trick Drahi, le président d’Altice, rachète quitter Libération », précise-t-il. La ver- notre modèle économique, nous allons le journal et annonce un plan social sion pilote est sortie le 11 février. Au enquêter sur des sujets qui sont désertés pour rééquilibrer les comptes. C’est sein de la rédaction, huit anciens de comme les cosmétiques ou la consommal’heure pour Raphaël Garrigos. « Les Libé, une ex-journaliste de Rue89, des tion », s’avance Raphaël Garrigos. Mais vannes de départ étaient grandes ou- photographes et quelques pigistes. Un pour l’heure, son obsession est la reprise vertes. Certains ont essayé de nous rete- virage dans la carrière de ce journaliste de Canal+ par Vincent Bolloré. Investisnir, mais on avait un projet en tête. On de 43 ans : c’est seulement sa deuxième seur vs Garriberts, deuxième manche. Nicolas Tavares s’est inscrit sur la liste de départ et on est rédaction en 17 ans. L’idée des Jours : Les Clés de la presse. Hors série réalisé en collaboration avec l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT). 12 rue Gabriel Péri. BP 5, 92 122 Montrouge Cedex. Tél.01 46 55 88 40. www.lesclesdelapresse.fr. Directeur de publication : Didier Falcand. Rédaction : Jessica Ibelaïdene, Justine Cantrel. Et les étudiants de l’EPJT : Thibaut Alrivie, Flora Battesti, Camille Charpentier, Ralitsa Dimitrova, Florian Gautier, Victorine Gay, Sara Guillaume, Célia Habasque, Noémie Lair, Aubin Laratte, Jeanne Laudren, Chloé Marriault, Apolline Merle, Wilfried Redonnet, Théo Sorroche, Simon Soubieux, Nicolas Tavares, Robin Wattraint. Conception graphique : Laure Colmant/EPJT. Abonnement : 290 euros TTC. Impression : université François-Rabelais, Tours. Les Clés de la presse est édité par la société Jouillat Presse, Sarl au capital de 16 000 euros, immatriculée au RCS de Nanterre (n°479 276 396). Siège social : 8, rue Amaury-Duval, 92 120 Montrouge. Code Naf: 813Z. ISSN : 1777-3059. Commission paritaire n° 0314 I 87643. Dépôt légal : mars 2016. Toute reproduction interdite et passible de poursuites.

Retrouvez plus de portraits sur le site spécial Assises du journalisme de l’EPJT : Antoine Robin, de Spicee ; Cécile Bourgneuf, du P’tit libé ; Didier Pourquery, de the Conversation France ; Sébastien Bossi, d’Ijsberg; Vincent Nguyen, de la série 360@. En savoir plus sur assises. journalisme. epjt.fr


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