3 minute read

BUDGETS PARTICIPATIFS

BUDGETS PARTICIPATIFS ET LEURS ENVIES PRENNENT VIE

DE PLUS EN PLUS DE COLLECTIVITÉS ALLOUENT UN BUDGET À DES PROJETS PENSÉS ET VOTÉS PAR LES HABITANTS. ÉQUIPEMENT MANQUANT, CHANTIER ÉCOLO : LES CITOYENS ONT DE L’IMAGINATION.

Advertisement

[ PAR EMMANUELLE LESCAUDRON ]

À Grenoble, le projet « un pas vers l’eau » invite les passant à investir les bords de l’Isère.

ue peuvent bien avoir en commun le cabinet de curio sité brestois, le parc en mosaïque de Rennes ou la bricothèque de Saint-Jean-de-Braye (Loiret) ? Tous ont été financés grâce à un budget participatif. Après, Porto Alegre, au Bré sil, première ville au monde à réserver, en 1989, une partie de son budget pour réaliser des projets proposés et votés par des citoyens ; après Saint-Denis en 1997,

À Rennes, une association de citoyens gère un four à pain tranditionnel.

Mairie de Rennes

pionnière du budget participatif en France, Grenoble et Paris se sont lancées en 2014. Puis, d’autres ont suivi. D’après le communicant Antoine Bézard, fonda teur du site lesbudgetsparticipatifs.fr, quelque 140 municipalités ont mis en place des budgets participatifs. Des grandes communes mais aussi des petites, à l’instar de Capestang (Hérault), 3 000 habitants, ou Lognes (Seine-etMarne), 14 000 habitants. « Les projets des budgets participatifs offrent des résultats concrets et un pouvoir d’agir. Les habitants s’organisent pour mettre en place des actions en réponse aux pro blèmes qu’ils identifient », explique Antoine Bézard. Le vote du budget participatif intervient en dehors du temps électoral. Tous les projets sont proposés par les habitants. Pour être éligibles, « ils doivent s’inscrire dans les domaines de compétences de la collectivité territoriale et être réalisables techniquement », précise Stéphane Len fant, responsable de la démocratie locale à la Ville de Rennes, où des bancs publics ont été financés en 2018. « Le budget participatif permet aussi de tisser des liens de solidarité en dehors des urnes », poursuit l’élu rennais.

LES DÉPARTEMENTS S’Y METTENT AUSSI La participation aux votes des budgets participatifs reste faible mais progresse. À Grenoble, elle est passée de 2% lors de la première édition en 2015, à 6 % au jourd’hui. À Paris, où le budget participatif est le plus élevé au monde (45 euros par Parisien), 7 % des habitants, soit 210 000 personnes, ont voté pour un projet en 2019. À titre de comparaison, à San Antonio, au Chili, un quart de la population se déplace à chaque vote. Après les villes, d’autres collectivités ont décidé de dupliquer ce modèle. Le Gers est premier département français à mettre en place ce dispositif en 2018. Cette année-là, plus de 35000 personnes ont voté pour un projet citoyen. Il faut dire que les élus ont soigné la communi cation en débloquant pour cela

La Dragonne est l’aire de jeux choisie par les Grenoblois pour aménager le square Saint-Bruno.

Alain Fischer 150 000 euros sur quatre ans. « Il faut faire des efforts de communication pour promouvoir le budget participatif », estime Sandra Ferrero, cheffe du service Dynamiques et animations citoyennes. Le département consacre 1 million d’eu ros chaque année aux projets désignés par les habitants. Le plus embléma tique ? Un camping-car connecté qui sillonne les routes à la rencontre des habitants les plus âgés, « un moyen innovant de proposer du service public pour tous », précise Sandra Ferrero. Une fois le projet retenu, le département s’appuie sur des filières de citoyens. Pour la pêche à l’aimant visant à dépolluer les eaux du Gers, il a travaillé en partenariat avec des collèges. Mais le département n’a pas la compétence sur tous les projets proposés. Pour ceux qui relèvent des communes, il signe des conventions avec les mairies. Ce fut le cas en 2019 du défibrillateur du Brouilh-Monbert, village de 223 habitants, dont la munici palité a pris en charge 30 % du coût.

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS Les projets liés au cadre de vie sont les plus couramment proposés (cités par 87 % des collectivités ayant participé à l’enquête 2018 d’Antoine Bézard). Les projets liés à l’environnement arrivent en seconde position (56 % des répon dants). « Les budgets participatifs font émerger de nombreuses suggestions de développement durable », explique Antoine Bézard. Plantations d’arbres, vergers, composteurs collectifs, nichoirs à oiseaux ou à chauve-souris se multi plient. La biodiversité est au cœur des préoccupations citoyennes, tout comme les projets de mobilité où le vélo est roi. La Ville de Paris a par exemple, adapté sa voirie aux liaisons douces, en 2018, pour un coût de 6 500 000 euros. n

This article is from: