L'Etna vu du ciel

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ETNA Vu du ciel

Eric Reiter



" L'Italia senza la Sicilia non lascia alcuna traccia nell'anima: è qui la chiave di tutto." J.W.Goethe

Textes et photos: Eric Reiter



Sommaire

Page Introduction

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Cônes et fissures

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Coulées de lave et dépôts de cendres

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Les cratères sommitaux

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Introduction L'Etna, aussi appelé Mongibello (la Montagne des Montagnes), est le volcan actif le plus élevé d'Europe, et l'un des volcans les plus actifs sur Terre. Il domine de sa masse imposante la ville de Catane et toute la côte Est de la Sicile, au Sud de l'Italie. Ce géant qui a environ 45 km de diamètre à sa base, est cependant légèrement allongé dans le sens Nord-Sud. Il culmine actuellement à 3 345 m d'altitude. On peut d'ailleurs appréhender sa forme massive depuis le théâtre grec de Taormine où il constitue le fond de scène. L'Etna s'y présente de loin comme un cône bien régulier. Cependant, ce stratovolcan d'environ a ses pentes constellées par plus de 250 cônes volcaniques dits monogéniques (car issus d’une seule éruption). De plus, son flanc Est présente une large échancrure : la Valle del Bove. Son sommet d'ou s'échappe un nuage blanc de vapeur d’eau et de gaz avec parfois, lors d'une éruption sommitale, un nuage de cendres témoigne que l'Etna est un volcan actif. L’Etna est en fait un volcan récent. En effet, les premières coulées de lave,

qui sont visibles au bord de mer et qui constituent notamment les fameux rochers des Cyclopes, se sont épanchées il y a environ 300 000 ans. D'un point de vue tectonique l'Etna se situe dans une zone à la limite entre la plaque Afrique et la plaque Europe. Ses éruptions se produisent à la fois au sommet, où il y a actuellement cinq cratères, et de ses flancs, jusqu'à quelques centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer. Les intervalles entre les éruptions peuvent durer de quelques jours à plus de 20 ans, bien que dans les 40 dernières années de l'intervalle moyen entre les éruptions ait été faible. Ces éruptions peuvent durer de seulement quelques heures à plus d’un an. Véritable volcan laboratoire, l'Etna attire les volcanologues du monde entier qui viennent ausculter en direct les fureurs de la Terre et tester leurs techniques d'analyses et de prévisions.



Cones et fissures Plus de deux cent cinquante cônes parsèment les flancs de l ‘Etna. Ils sont tellement nombreux que certains n’ont même pas de nom. A ceux-ci, il faut ajouter les fissures éruptives qui s’ouvrent lors d’une éruption pour déverser des flots de lave. Ils se forment lors d’éruptions latérales ou d’éruptions excentriques. Des éruptions latérales se sont produites récemment (1983, 1984, 19911992, 1999). Elles sont caractérisées par des fissures éruptives. Ces fissures se mettent en place entre 2900 m et 2000 m. Ce type d'éruption se caractérise par une très faible activité explosive, avec une mise en place uniquement de quelques hornitos et émission de coulées de lave de type aa. Si la pente est importante, comme pour l'éruption de 1991-1992, ou comme pour l'éruption de 1983, les coulées peuvent engendrer des tunnels de lave. Ces tunnels peuvent devenir un risque car ils maintiennent toutes les propriétés rhéologiques de la lave à plusieurs kilomètres de son point d'émission. D'ailleurs la lave quand elle sort de ces tunnels se présente avec une morphologie de type pahoehoe, caractéristique d'une lave très fluide et très chaude comme on peut l'observer à Hawaii. Mais les éruptions de 2001 et 2002-2003 ont démontré que des quantités significatives de matériaux pyroclastiques (cendres, lapilli, bombes, et des blocs) peuvent également être générés par des éruptions de flanc. A la différence des paroxysmes sommitaux qui sont toujours de courte durée, les retombées pyroclastiques lors des éruptions de flanc peuvent durer des semaines voire des mois.

Les éruptions dites excentriques sont relativement rares dans le temps, mais la mémoire de l'Homme s'en souvient, car ce sont les plus destructrices. En effet, à basse altitude de 1900 à 600 m, de petits volcans explosifs peuvent se mettre en place, comme en 1669 à Nicolosi, avec la "construction" des Monte Rossi et l'émission d'une coulée de lave abondante qui détruisit une partie de la ville de Catane et une quinzaine de villages. Ce fut le cas également avec l'éruption de 1928 qui détruisit le village de Mascali. Ce type d'éruption est à l'origine de tous ces cônes, dits adventifs, qui parsèment les flancs de l'Etna. Ces cônes volcaniques sont plus nombreux sur les versants Sud et Nord-Nord-Est et traduisent une zone de "rift", une zone de faiblesse de l'Etna qui est un passage privilégié du magma. Autre éruption celle de 1892 avec la mise en place des Monti Silvestri qui sont sans doute parmi les cratères les plus connus de l’Etna. Leur situation, quasiment au pied du téléphérique du flanc Sud de la montagne, et donc leur facilité d’accès n’y sont pas étrangères.











Coulees de lave et depots de cendres Les coulées de lave sont très nombreuses sur l’Etna. Ce sont d’ailleurs les plus anciennes manifestations volcaniques qui ont été retrouvées dans cette région d’Italie. En effet, les premières coulées de lave, qui sont visibles au bord de mer, notamment les fameux rochers des Cyclopes, se sont épanchées il y a environ 300 000 ans.

les volcanologues italiens. Ces projections, aussi appelées tephra, sont classées selon leur taille en bombe (> 64 mm), lapilli (entre 2 et 64 mm) et cendres (< 2 mm). Les bombes volcaniques, de par leur taille et leur poids, peuvent engendrer des destructions à de grandes distances de leur point d’émission (parfois plusieurs centaines de mètres). Lapilli et cendres peuvent être emportés par le vent et ainsi générés un nuage qui perturbe le trafic aérien pour les aéroports de Catane et Palerme. Leur retombée sur les villes avoisinant l’Etna crée des perturbations dans les transports routiers et peuvent causer l’effondrement des toits des habitations. Elles peuvent aussi engendrés des problèmes respiratoires pour les personnes ou endommager le tube digestif du bétail qui les ingère en même temps que leur nourriture.

Certaines coulées émises depuis les basses pentes du cône ont, au XVIIè siècle, atteint la mer détruisant au passage une partie de la ville de Catane. Dans un passé plus récent, plusieurs coulées de lave ont atteint la ville de Zafferana Etnea (sur le flanc Sud) ou détruit la station de ski de Piano Provenzana (sur la face Nord). Et même si les autorités italiennes ont réussi à modifier le trajet d’une coulée de lave pour sauver une partie de la ville de Zafferana, les coulées de lave Toutefois, ces projections, une fois retomne présente que peu de danger sur l’Etna, bées, fertilisent les sols et permettent de procomme sur les autres volcans du monde. En duire d’excellents vins. effet, leur faible vitesse permet aux personnes d’être évacuées (sous réserve que l’éruption ne se déclenche pas à proximité immédiate d’une zone habitée). Par contre, les projections volcaniques posent bien plus de problèmes et la propagation de leurs nuages est suivi de très près par











Les crateres sommitaux Les cinq cratères sommitaux sont: la Voragine et la Bocca Nuova, formés respectivement en 1945 et 1968 dans le cratère central; le cratère Nord-Est qui existe depuis 1911 et est actuellement le point le plus élevé sur l'Etna. L’ancien cratère Sud-Est , né en 1971, a été jusqu’au début 2011 le plus actif des cratères sommitaux. En janvier 2010, a débuté une série d’éruptions paroxysmales. A ce jour, la dernière éruption de ce type a eu lieu le 24 avril 2012. Cette série d’évènements a créé dans un pit crater de l’ancien cratère Sud Est un nouveau cône: le nouveau cratère Sud Est. Ce nouveau venu a grandi à chacune de ses éruptions (plus de vingt en seulement seize mois). Cette configuration contraste fortement avec celle du XIX è siècle, quand le sommet de l'Etna n’avait qu’un seul cratère.

Depuis le printemps 2010, l'Etna a montré des signes de troubles: après un essaim sismique sur la faille Pernican (flanc nord) les 2-3 Avril 2010, le pit crater sur le flanc oriental du cratère Sud-Est (siège du futur nouveau cône) produit une activité explosive dans l'après-midi du 8 Avril 2010. Depuis lors et jusqu’en janvier 2011, le pit crater a progressivement augmenté en raison de l'effondrement de ses parois intérieures, le plus important ayant eu lieu le 19 Juin 2010. Le 25 Août 2010, une série d'explosions a débuté à la Nuova Bocca. Cette activité s’est poursuivie par intermittence jusqu'à la fin décembre 2010. Dans le même temps, le cratère Nord-Est, quant à lui, a montré une activité accrue avec des émissions de de cendres à la minovembre, et en décembre 2010/janvier 2011. Au début de janvier 2011, le pit crater sur le flanc Est du cône Sud-Est est entré dans une période de légère activité strombolienne intermittente. C’étaient les prémisses de la série d’éruptions paroxysmales.
























"Mais juste à côté tonne l'Etna au milieu d'horribles bouleversements. Tantôt il projette dans les airs un sombre nuage, tout fumant de noirs tourbillons et de cendres ardentes, et il soulève des gerbes de feu si haut qu'il semble lécher les étoiles ! Tantôt, dans un vomissement, il dresse des masses de roc, entrailles arrachées à la montagne, où il accumule avec bruit des pierres liquéfiées, ou il brûle en bouillonnant au fond de son abîme". Virgile, l'Enéide (III, 570, 582)

Toutes les prises de vue ont été effectuées le 30 mai 2012 lors d’un survol réalisé à bord d’un avion d’Etna Volvo



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