Le Monde des Volcans N3

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Le Monde des Volcans N° 32

Les volcans du Monde Décembre Mars 2012 2011

Santorin Les dômes Portofolio Teneriffe

Portofolio Les îles Eoliennes

L'hydrovolcanisme Les points chauds


Sommaire

Edito 2

Le mot de la rédaction

News 3

Éruption en cours, nouveaux livres et coups de cœur

Interview 4

Santorin vu par Sir P. England

Porto folio 8

12

Teneriffe

Dossier L'hydrovolcanisme

Volcan vu du ciel 17

Une nouvelle île en mer Rouge


Edito Le Monde des Volcans Revue trimestrielle éditée par E. Reiter Contact: eric.reiter73@gmail.com Rédacteur en chef: E. Reiter Personne(s) ayant collaborée(s) à ce numéro: B. Behncke, E. Klemetti, S. Reiter, N. Schaegis, E. Reiter Photos de couverture: 1ère de couv.: Le Teide – E. Reiter 4ème de couv. : Le gour de Tazenat vu depuis la plage de Laisles – N. Schaegis

Une actualité européenne brulante L'année 2012 a commencé fort sur l'Etna avec deux paroxysmes, l'un en janvier et l'autre en février (voir les news).

En outre, une activité volcanique semble reprendre sous l'archipel de Santorin. Là-bas, alors que la Grèce est aussi secouée par des secousses d'un autre type, l'activité sismique a repris depuis quelques mois (voir une news déjà parue dans notre Numéro 1). Actuellement, les séismes se poursuivent et d'autres phénomènes sont apparus: modifications de la composition des fumerolles émises sur l'île de Nea Kameni et augmentation de la température de l'eau de mer à proximité de celle-ci. Dans ce contexte, ils nous a paru opportun de publier l'interview que Sir Philip England, Directeur du Département des Géosciences de l'université d'Oxford, a bien voulu nous accordée voilà quelques semaines.

De plus, l'éruption au large de l'île d'El Hierro continue, même si elle commence à donner quelques signes de faiblesse. Ainsi, grâce à Erik Klemetti (de la Denison University et rédacteur du blog Eruption), nous reviendrons sur les phénomènes d'hydrovolcanisme, ou quand le magma et l'eau se rencontrent.

Enfin, pour sortir de cette actualité brulante, nous partirons faire un petit tour dans les îles Canaries par l'intermédiaire de notre porto-folio.

Bonne lecture! Eric Dernières minutes: Alors que ce numéro est presque bouclé, deux nouvelles importantes nous parviennent: Un nouveau paroxysme a eu lieu sur l'Etna le 4 mars au matin. Bien que de plus courte durée que les éruptions précédentes, cette nouvelle phase éruptive a été relativement violente. Les autorités espagnoles ont annoncé début mars la fin de l'éruption d'El Hierro.


News

Etna Le 5 janvier dernier, L'Etna nous a gratifié d'une activité strombolienne, de fontaines de lave mais aussi d'un panache de cendres de plus de 2 000 mètres de haut ainsi que de coulées pyroclastiques. (Photo Boris Behncke, INGV-Osservatorio Etneo (Catania))

Kamtchatka Au Kamtchatka, le volcan Karymsky est en éruption depuis janvier 1996. Il vient d'augmenter son activité avec des projections de cendres à plus de trois mille quatre cent mètres d'altitude, et des coulées de laves très importantes. Haut de 1536 mètres,c'est l'un des volcans les plus actifs de la région. Les autorités ont augmentée le code danger pour l'aviation au niveau orange. (Photo S. Ushakov, KVERT)

Vient de paraître Dans ce livre, l'auteur a décidé de revisiter l'éruption de Santorin. Il nous parle des signaux précurseurs, détaille les phases éruptives, présente la géochimie du magma et envisage la prévisions des risques futurs. Santorin d'Eric Reiter, préface de J.-M. Bardintzeff. Ce livre est consultable et téléchargeable gratuitement à: http://ereiter.free.fr/Ebooks


Santorin Interview de Sir Ph. England Photos: Sir Ph. England & E. Reiter


Il y a 4 ou 5 volcans recensés comme actifs en Grèce. D’est en Ouest, ce sont : Kos/Nisyros/Yali, Santorin, Milos, Methana. Pourquoi y-a-t-il des volcans et des séismes en Grèce? La Grèce, l’Ouest de la Turquie et la Mer Egée se trouvent au-dessus de la zone de subduction de la plaque africaine (strictement parlant, de la plaque nubienne) qui plonge dans le manteau terrestre. Les volcans de cette région ressemblent aux volcans des autres zones de subduction, comme la Ceinture de Feu du Pacifique. La plongée de la plaque induit une convection du manteau se trouvant au-dessus d’elle et un réchauffement de celui-ci. Ce matériel chaud fond à cause de la pression et/ou en raison de l’apport de fluides provenant de la plaque africaine. Toutefois, les séismes de la Mer Egée ne sont pas typiques des zones de subduction. Dans la plupart des zones de subduction, les séismes ont lieu à la frontière entre la plaque plongeante et la plaque sus jacente, avec peu de séismes à l’intérieur des plaques. En mer Egée, peu de séismes se situent à la frontière entre les plaques alors qu’ils sont nombreux à l’intérieur de la plaque européenne (jusqu’à 500km de la frontière de plaques). Selon moi, cela peut s’expliquer par l’analogie suivante: Si vous placez un morceau de fromage de Brie sur une table et que vous le chauffez, il va se mettre à couler. Par contre, un morceau de Cheddar ne se déformera pas dans les mêmes conditions. Pour moi, de nombreuses parties des continents se comportent comme le fromage de Brie. Toutefois, je dois admettre que ce point de vue est peu partagé par les géologues français, qui préfèrent penser que les continents sont du Cheddar. C’est un problème de gout.

reliques est un stratovolcan âgé d’environ 500 000 ans. Ses reliques sont visibles au Nord de l’île, près d’Oia. A partir de -360 000 ans, le volcan semble avoir été plus actif et prendre une activité conforme à celle que l’on connaît de nos jours. Il y a une explosion importante environ tous les 20 000 ans. Entre ces éruptions, des éruptions effusives plus petites construisent un volcan bouclier. L’éruption paroxysmale la plus récente est l’éruption minoenne. Depuis, un petit « champ volcanique » est en construction : Nea Kameni, l’île se trouvant au centre de la caldeira. Santorin est connue par l’éruption minoenne. Quelles sont différentes phases de cette éruption ? La Phase 1 a rejeté environ 2 km3 de cendres et de ponces sous forme d’un important nuage qui a atteint une altitude de 35 km dans l’atmosphère. La phase 2 a éjecté des ponces, de l’eau et de la vapeur d’eau à des températures comprises entre 100 et 200°C. La phase 3 a mis en place une ignimbrite. La Phase 4 fut la plus violente de toute. Elle a éjecté 20 (peut-être même 40) km3 de produits chauds (jusqu’à450°C) qui ont recouvert la plupart de l’île et ont aussi été retrouvé en mer. Les dépôts de la phase 5 sont parfois interprétés comme ayant été générés par un tsunami mais il me semble qu’ils ressemblent à des dépôts sédimentaires provenant du remaniement des dépôts des phases antérieures par des eaux de pluie. Il y a aussi une phase 0 : une petite explosion. Ce type d’explosion est rare en tant que précurseur des éruptions majeures.

Y a-t-il beaucoup de volcans en Grèce ? Il y a 4 ou 5 volcans recensés comme actifs en Grèce. D’est en Ouest, ce sont : Kos/Nisyros/Yali, Santorin, Milos, Methana. Quelles sont leurs caractéristiques communes principales ? La principale caractéristique de ces volcans est qu’ils ont des éruptions explosives. Parmi les 2 éruptions explosives les plus remarquables de cette région, on trouve l’éruption minoenne de Santorin et celle qui eut lieu à Kos vers -160 000 ans. A propos de Santorin, pourriez-vous nous expliquer brièvement son évolution géologique ? Le volcan débute son histoire avec des éruptions sousmarines il y a 3,5 millions d’années. Le premier édifice majeur dont nous pouvons encore observé des

Sir Philip England


Combien de temps a duré cette éruption ? Y a-t-il eu des pauses entre les différentes phases ? La phase 1 a duré environ 6 heures. Il n’y a pas eu de pause entre les phases 1 et 2 car les dépôts de la fin de la phase 1 sont intimement liés à ceux de la phase 2. Nous n’avons pas d’autres informations quant au timing de cette éruption. Comment pouvons-nous reconnaître ces différentes phases sur le terrain? Phase 1 : Dépôts granoclassés de fragments anguleux de ponce, avec un petit pourcentage de roche mafique. Ces dépôts s’amincissent en s’éloignant de l’évent (environ 6m près de l'évent et quelques dizaines de cm sur les bords de l'île.) Phase 2: Lits de pierre ponce de et cendres mal triés. Phase 3: Dépôts très mal triés contenant de gros fragments de roches mafiques, des clastes ponceux arrondis. La matrice, de couleur claire, est faite de pierres ponces et de cendres. Phase 4 : Même chose que la phase 3, mais avec une matrice sombre. Phase 5 : Ces dépôts ressemblent aux graviers d’un fleuve! Comment expliquez-vous que les archéologues n’aient trouvé aucun corps dans la ville d’Akrotiri comme à Pompéï ? Il est possible que les signes précurseurs de l’éruption (phase 0) aient donné l’alerte .

Il y a beaucoup de controverses quant à la dernière grosse éruption à Santorin. Elles concernent la disparition de la civilisation minoenne. Quel est l’état des recherches sur ce point ? La date de l’éruption est maintenant assez bien connue grâce aux isotopes du carbone : 1620 avant J.-C. C’est 200 ans avant l’effondrement de la civilisation minoenne en Crête. Ainsi, il n’y a aucune relation entre ces deux évènements (Ce point est parfaitement abordé dans l’ouvrage « Cambridge Encyclopaedia of the Aegean Bronze Age » récemment publié.) Certains pensent que les effets de cette éruption ont été catastrophiques dans toute l’Est de la Mer Méditerranée : chute de ponces en Turquie, énorme tsunami sur toutes les côtes. Ainsi, ils disent qu’elle est à l’origine des sept plaies d’Egypte. Pouvez-vous nous expliquer quels furent les effets de cette éruption pour l’ensemble de la région ? Tout ce que vous indiquez sont des idées plausibles plus que des faits vérifiables. L’épaisseur des retombées de ponce en Turquie n’est pas si importante que cela. Des dépôts de tsunami ont été rapportés mais je ne les ai pas vu et ne peux donc pas les commentés. Après cette éruption de nouveaux évents volcaniques sont apparus dans la caldeira de Santorin. Ces éruptions ont formé les îles de Palea Kameni et Nea Kameni. Cette dernière est actuellement le site actif d’un point de vue volcanique. On trouve des sources chaudes aux abords de ces îles. Quelles sont les caractéristiques de ces sources ? Elles sont riches en fer et en d’autres métaux dissous à partir des roches rencontrés par ces fluides et comportent aussi des sulfures. Elles accueillent parfois des communautés bactériennes qui vivent en oxydant ou réduisant ces sulfures.


De même, des fumerolles sont observées au sommet de Nea Kameni. Ont-elles la même origine que les sources chaudes ? Certainement, même si une partie de l’eau qui forme ces fumerolles provient des eaux pluviales plutôt que de l’eau de mer. Cela signifie qu’il y a un corps chaud sous Santorin. Serait-il possible de l’exploiter en tant que source géothermique ? Y-a-t-il des projets en ce sens actuellement ? En principe, il y a une ressource géothermique mais une exploitation signifierait la destruction d’un écosystème fragile et d’un site à caractère scientifique exceptionnel. Quel est l’avenir géologique/volcanologique de Santorin ? Une nouvelle éruption minoenne est-elle possible ? Le taux d'éruption du magma dans la caldeira durant les 3000 dernières années a été d'environ 1 kilomètre-cube tous les mille ans. À ce rythme, la caldeira serait presque comblée dans 20.000 ans. Peut-être n’est-ce pas une coïncidence si les éruptions majeures ont lieu à cette échelle de temps. Il y a cependant eu de nombreuses petites éruptions sur Nea Kameni dans les temps historiques, la dernière datant de 1950. Une étude menée par David Pyle du Département de Géosciences d’ Oxford a montré une remarquable corrélation entre la durée des éruptions historiques et l’intervalle de temps entre chacune d’elles. Ainsi, même si nous ne savons pas quand aura lieu la prochaine éruption, ni où elle aura lieu, nous avons une assez bonne idée de sa durée. Si elle commençait demain, l’étude de David prévoit qu’elle durerait trois ans. Pour terminer, permettez-moi, Philip, de vous remercier pour le temps que vous avez bien voulu nous accorder.


Teneriffe

Paysages de la caldeira de Las Ca帽adas. Au fond, le Teide

La Rose de Pierre

Photos: E. Reiter

Le c么ne sommital du Teide


L'intérieur du cratère sommital du Teide (en haut et en bas)

Coulée de lave sur les pentes de Montana Blanca

Pico Viejo (à gauche), le Teide (à droite) et la caldeira de Las Cañadas au soleil couchant


Une partie de la caldeira de Las Ca単adas vue depuis le sommet du Teide

Les remparts de la caldeira de Las ca単adas

Le Teide

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L'hydrovolcanisme Textes: Erik Klemetti et E.Reiter Photos et illustrations: IGN/Gobierno de Canarias, NOAA, E. Reiter


La récente activité à El Hierro a posé beaucoup de questions sur ce qui se passe exactement lorsqu'une éruption volcanique sous-marine se produit. C'est le royaume de «l'hydrovolcanisme » ou du « phréatovolcanisme » (quand l'eau et le magma interagissent, directement ou indirectement, pour produire une activité volcanique). En général, l'interaction du magma et de l'eau se fait selon deux méthodes: phréatique: Dans ce cas, le magma et l'eau n'entrent pas en contact. Le magma chauffe l'eau qui se transforme en vapeur. Les éruptions phréatiques ne nécessitent pas beaucoup d'eau. Des eaux souterraines ou issues de la fonte de neige / glace s'infiltrent dans un édifice volcanique et se réchauffent brutalement provoquant une explosion de vapeur. Souvent, ces explosions phréatiques sont des précurseurs annonçant une nouvelle éruption du volcan. Phréatomagmatique: Dans ce cas, la quantité d'eau mise en jeu est plus importante. Le magma est directement en contact avec l'eau (lac de cratère, eaux de fonte de la neige ou la glace, eau de mer, rivière) et le contraste très important de chaleur provoque une explosion à la fois de l'eau et du magma. C'est ce que l'on appelle la fragmentation. Des cendres peuvent ainsi être produites au cours de ces explosions. L'éruption de 2010 à l'Eyjafjallajökull en Islande a été initialement une éruption phréatomagmatique. L'aspect le plus caractéristique de ces éruptions est que les cendres produites ont tendance à être beaucoup plus fine que pour les éruptions explosives où l'eau n'intervient pas. D'un point de vue pétrographique, les roches issues de telles éruptions sont appelées pépérites (voir par ailleurs). L'éruption qui a donné son nom à ces événements (le style Surtseyen ) a été l'éruption de 1963 du Surtsey en Islande (voir par ailleurs). Dans cette éruption, un peu comme à El Hierro, les événements ont commencé comme une éruption sous-marine qui a finalement atteint la surface.

Donc, jusqu'à ce que l'éruption soit assez proche de la surface pour permettre à la fragmentation de se produire, l'éruption ne se manifeste pas autrement que par des taches, des bulles et des débris à la surface de l'eau. Une fois que l'évent éruptif est assez proche de la surface (ou que la concentration en gaz dissous a suffisamment augmenté), nous pouvons commencer à obtenir des explosions formant des panaches en «queues de coq » aussi appelés «panaches cypressoïdes » (en raison de leur forme proche de celle d'un cyprès). Dès lors que l'éruption a engendré la création d'une île, l'activité pourra devenir beaucoup moins explosive puisque le magma et l'eau seront moins en contact. De ces éruptions sous-marines peu profondes résultent des anneaux de tuffs formés par des dépôts de cendres. Plus profondément, la lave se fracture en blocs qui se soudent à nouveau entre eux: l'ensemble se solidifie en brèches à éléments anguleux appelés autoclastites.

Il y a aussi une possibilité pour que des éruptions explosives se produisent à « grande » profondeur: on parle alors d'éruption neptunienne . Toutefois, ces dernières sont pour le moment mal comprises.

Jusqu'à ce que l'éruption soit assez proche de la surface pour permettre la fragmentation de se produire, l'éruption ne se manifeste pas autrement que comme des taches, des bulles et des débris à la surface de l'eau.

Mais, pourquoi l'éruption au Surtsey (et à El Hierro) a besoin de se rapprocher de la surface pour produire une éruption explosive? Cela vient de la pression exercée par l'eau. Plus la pression hydrologique est grande, plus il est difficile pour le magma de se fragmenter et de provoquer une explosion. Ainsi, lorsque la pression augmente d'un facteur 10, la quantité de gaz dissous dans le magma doit être multipliée par 40 pour qu'une explosion se produise et que le processus de fragmentation se mette en œuvre.


L'hydrovolcanisme en milieu continental Certaines éruptions aériennes deviennent phréatomagmatiques lorsque l'eau des nappes souterraines captives surchauffées se transforme en vapeur ou quand le magma, rencontre un lac ou une rivière. Ce changement d'état de l'eau s'accompagne d'une forte augmentation de volume et de pression. Si le magma reste en profondeur et chauffe la nappe d'eau « à distance », l'éruption est phréatique alors qu'elle devient phréatomagmatique lorsqu'il y a contact entre l'eau et le magma. L'explosion brutale pulvérise une partie du substratum et laisse une cavité importante appelée maar. Les produits rejetés retombent tout autour en un anneau. La cheminée d'alimentation se comble d'un mélange de blocs arrachés au substratum et de blocs magmatiques soudés dans une brèche. L'ancienne cheminée ainsi comblée porte le nom de diatrème. De nombreux maars existent dans la Chaîne des Puys et dans le Velay. La région volcanique de l'Eifel en compte aussi un grand nombre.

Les pépérites Les pépérites sont des roches pyroclastiques, résultant d'un phréatomagmatisme dont la gangue calcaire ou marneuse contient des granules de verre volcanique qui par leur aspect et leur couleur évoquent de petits grains de poivre. Ces granules, dont la taille est au maximum centimètrique, sont accompagnés de petits blocs de roche volcanique et de fragments de roche sédimentaire. Les pépérites se forment dans la partie supérieure des diatrèmes, lorsque des laves entrent en contact avec les eaux souterraines. Ce contact engendre des explosions qui émiettent la lave, arrachent des

fragments de roches des parois de la cheminée volcanique.


L'île de Surtsey

Surtsey est une île volcanique située au large de la côte Sud de l'Islande. Dès son apparition, l'île a été étudiée par de nombreux volcanologues et depuis la fin de son éruption, elle suscite l'intérêt des botanistes et des zoologistes car la vie a peu à peu colonisé cette nouvelle terre vierge. Pour cette raison, elle est interdite d'accès au public, seuls les scientifiques sont autorisés à s'y rendre. Surtsey est inscrite comme site du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2008.

mais leur position n'a pas été déterminée. Deux jours avant le début de l'éruption, un navire de recherche marine note que la mer dans cette zone est plus chaude que la normale et les habitants de la ville côtière de Vík í Mýrdal située sur l'île principale de l'Islande à quatre-vingts kilomètres à vol d'oiseau de Surtsey avaient remarqué une odeur de sulfure d'hydrogène.

Surtsey, qui signifie en français « Île de Surt », tire son nom de Surt, l'équivalent islandais de Vulcain ou géant du feu de la mythologie nordique.

Phase éruptive sous-marine

Prémices de l'éruption Le 14 novembre 1963 à 7h15, le cuisinier du Isleifur II, un chalutier croisant au Sud de l'Islande au large de l'archipel des îles Vestmann, remarque une colonne de fumée sombre en direction du Sud-Ouest. Le navire s'approche de celle-ci car le capitaine pense en premier lieu qu'il s'agit d'un bateau en détresse. Au lieu de cela, l'équipage découvre des explosions générant des colonnes de cendres, signes d'une éruption volcanique sous-marine. À 11h00, le panache volcanique atteint six kilomètres d'altitude. Ce panache est le résultat de la fusion de trois panaches plus petits qui sortent de la mer en trois endroits différents alignés selon un axe orienté Nord-Est/Sud-Ouest. Ces panaches sont générés par la sortie sous-marine de lave le long d'une fissure volcanique. Il est probable que l'éruption ait commencé quelques jours avant le 14 novembre, vraisemblablement aux alentours du 10 du même mois. L'éruption se déroule alors sur le fond océanique situé à 130 mètres sous le niveau de la mer et les explosions sont étouffées par la pression de l'eau à cette profondeur. Comme l'éruption construit peu à peu un volcan s'approchant du niveau de la mer, les explosions apparaissent à la surface. De plus, certains indices pouvaient laisser penser qu'une activité volcanique était imminente. Une semaine auparavant, un sismographe à Reykjavik enregistre de faibles secousses

Dans les heures qui suivent, le panache volcanique se charge de plus en plus en cendres et est traversé de plus en plus souvent et de plus en plus haut par des gerbes noires de lave fragmentée, signe que l'édifice sous-marin se rapproche de la surface de la mer. Le 15 novembre 1963, un édifice volcanique essentiellement composé de scories émerge et atteint rapidement une longueur de 500 mètres pour une hauteur de 45 mètres. Phase aérienne Surtsey gagnant peu à peu en altitude, l'eau de mer ne joue plus un rôle aussi prépondérant dans la génération d'explosions hydromagmatiques et la lave est moins fragmentée. Toutefois, les


explosions se poursuivent en projetant des blocs de lave jusqu'à un kilomètre de l'île et des cendres volcaniques jusqu'à une altitude de dix kilomètres. Cette baisse de l'activité explosive permet la mise en place d'une activité effusive de type hawaïen à partir du 4 avril 1964. Un lac de lave de 120 mètres de diamètre apparaît duquel s'élèvent des fontaines de lave et par lequel s'échappent des coulées qui recouvrent la majorité de l'île permettant la mise en place d'une couche de roches plus résistantes que les téphras, protégeant ainsi plus aisément l'île contre l'érosion. Cette activité se poursuit pendant plus d'un an jusqu'au 17 mai 1965 et permet la mise en place du plateau de lave qui forme la moitié Sud de l'île. Les premiers signes d'accalmie apparaissent le 20 novembre 1964 avec un arrêt de l'éruption de cinq minutes puis le 16 décembre 1964 avec un arrêt de dixsept heures. Érosion et disparition L'apport de matériaux ayant totalement cessé le 5 juin 1967 avec la fin de l'éruption volcanique, l'érosion marine reprend le dessus et commence à éroder Surtsey. Au cours des quarante ans qui ont suivi l'éruption, c'est un volume estimé de 0,024 km3 qui a été arraché à l'île soit un quart de son volume aérien ou encore la moitié de sa superficie. Sa forme a également été affectée puisqu'une grande partie de la côte Sud-Ouest a disparu tandis que Norðurtangi, une flèche composée de sédiments volcaniques transportés et déposés par les courants marins, s'est formée à la pointe Nord de l'île.

En outre, un tassement de l'île s'opère depuis sa construction à raison de vingt centimètres par an dans les premières années suivant l'éruption pour ralentir et se situer aux alentours de un à deux centimètres par an depuis les années 1990. Ce tassement est causé par le compactage des téphras composant la majorité du volcan, le compactage des sédiments des fonds marins qui supportent l'île et enfin un rééquilibrage isostatique par l'enfoncement de la lithosphère sous le poids du volcan. Tous ces phénomènes amèneront à terme Surtsey à disparaître. Mode éruptif Surtsey est un modèle en termes de volcanisme et a permis de mieux comprendre le mode de fonctionnement de l'hydrovocanisme. Ainsi, l'île a donné son nom à un type éruptif appelé « surtseyen » qui définit les volcans entrant en éruption sous quelques mètres d'eau. L'unique éruption connue de Surtsey, qui fait ainsi de lui un volcan monogénique et qui a servi à définir le type surtseyen est caractérisée par trois phases :

une sous-marine: Lorsque le lieu de sortie de la cheminée volcanique est situé à une trop grande profondeur, la pression de l'eau ne permet pas à la lave d'exploser ou de former des coulées. Cette dernière s'accumule alors au sommet du volcan sous la forme de basalte alcalin à phénocristaux d'olivine, de plagioclase et de spinelle en lui donnant un profil caractéristique de montagne sous-marine au sommet aplati appelé tuya. une hydromagmatique: La montagne s'élevant audessus des fonds marins par l'accumulation progressive de lave, son sommet se rapproche de la surface de l'eau et par conséquent la pression exercée par l'eau sur la lave diminue. Lorsque cette pression devient suffisamment faible pour ne plus pouvoir contrecarrer la pression engendrée par la lave qui se fragmente. Sous l'effet du choc thermique engendré par la rencontre entre de l'eau à quelques degrés Celsius et de la lave chauffée à plus de 1 000 °C, cette dernière se fragmente sous le coup d'explosions et l'eau se vaporise. De la surface de l'eau s'élève alors un panache volcanique essentiellement composé de vapeur d'eau mais aussi de gaz et de cendres volcaniques qui peut s'élever à des milliers de mètres d'altitude. Les gerbes de lave fragmentée peuvent, elles aussi, percer la surface de l'eau, donnant alors naissance à des panaches dits « cypressoïdes » car faisant penser à des cyprès. Par accumulation de lave fragmentée nommée téphras, le volcan grandit au point d'émerger peu à peu puis complètement au point que la cheminée volcanique débouche au-dessus du niveau de l'eau. une aérienne: L'éruption entre alors dans sa phase aérienne où l'eau joue un rôle moindre voire mineur car cet élément ne peut plus atteindre aussi facilement la lave, au lieu de sa sortie de la cheminée volcanique. L'éruption se déroule alors de manière classique suivant le type de lave émis par le volcan, de type hawaïen dans le cas de Surtsey qui a émis des laves basaltiques ayant formé un lac, des fontaines et des coulées de lave qui se sont jetées dans la mer.


Les volcans vus du ciel Une éruption a débuté en mer Rouge courant décembre 2011. Selon les journaux locaux et les témoignages des pêcheurs locaux, les fontaines de lave atteignait 30 mètres de haut le 19 décembre. Le 20 décembre dernier, le satellite MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) de la NASA avait permis l'observation d'un panache de vapeur. En outre, un autre satellite avait enregistré auparavant des niveaux élevés de dioxyde de soufre, indiquant une prochaine éruption. Le 23 décembre, une nouvelle île émergeait comme le montre cette photo prise par le satellite Earth Observing-1 de la NASA. Le panache alors observé au dessus de l'île est gris à proximité du cratère et blanc lorsqu'il s'en éloigne. Cette coloration grise est due aux cendres provenant de l'éruption volcanique.

Un autre satellite avait enregistré auparavant des niveaux élevés de dioxyde de soufre, indiquant une prochaine éruption Cette activité volcanique se situe dans l'archipel Zubair, un groupe de petites îles situées au large de la côte Ouest du Yemen. Toutes ces îles sont alignées selon une direction Nord-Oues/Sud-Est et forment la partie émergée d'un volcan bouclier. Cette région fait partie du rift de la Mer Rouge le long duquel les plaques africaines et arabiques s'écartent pour former un nouvel océan.




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