Le Monde des Volcans N째 4
Les volcans du Monde Juin 2012
Le lac Pavin Porto folio Islande
Les lacs volcaniques
Sommaire
Edito 2
Le mot de la rédaction
News 3
Éruption en cours, nouveaux livres et coups de cœur
Article 4
Le lac Pavin
Porto folio 8
14
Islande
Dossier Les lacs d'origine volcanique
Volcan vu du ciel 22
Stromboli
Edito Le Monde des Volcans Revue trimestrielle éditée par E. Reiter Contact: eric.reiter73@gmail.com Rédacteur en chef: E. Reiter Personne(s) ayant collaborée(s) à ce numéro: J-M Bardintzeff, F. Cormon, E. Haddad, M. Herbinière, N. Schaegis, E. Reiter Photos de couverture: 1ère de couv.: Le lac Chambon – N. Schaegis
D'eau et de feu
4ème de couv. : Les cratères sommitaux de l'Etna – E. Reiter
Une partie de l'actualité volcanique récente a poussé la rédaction à poursuivre le thème abordé dans le dossier de notre dernier numéro.
En effet, depuis quelques mois, une hypothèse est émise par les scientifiques concernant le lac Pavin, au Sud de la Chaîne des Puys. Cette hypothèse rajeunirait fortement la dernière manifestation volcanique en France métropolitaine puisqu'elle se serait produite au Moyen-Age!
En outre, en début d'année, les médias se sont fait l'écho d'un possible réveil du Laacher See (en Allemagne), dont le cratère est occupé par un lac. Coupons immédiatement court à toute polémique: le dégazage observé sur la rive orientale du lac n'a rien d'anormal et existe depuis plusieurs milliers d'années. De plus, la sismicité de cette région n'a rien d'anormal. Donc le réveil n'est pas pour demain …
Enfin, un lac de cratère islandais a vu fondre de manière prématurée (vu le climat local) la glace dont il est normalement recouvert au mois de mars.
Ainsi, vous retrouverez un article concernant le lac Pavin. Notre dossier est consacré aux différents types de lacs issus de l'activité volcanique. Enfin, notre Porto folio est consacré à l'Islande, ses volcans, ses lacs et ses superbes paysages.
Bonne lecture! Eric
News Askja Fin mars, un survol de l'Askja (en Islande) a permis de constater une situation inhabituelle au niveau du lac: alors que celui-ci devrait être pris par les glaces à cette période de l’année , sa surface était entièrement libre. En l’absence de signes en surface, deux explications sont possibles : un accroissement du flux thermique d’une zone géothermale située sous le lac, ou des conditions hivernales spéciales, incluant moins de neige et de forts vents du sudouest. Il fait cependant remarquer que le lac Myvatn, situé dans la même région, est toujours couvert de glace. (Photo M. Herbinière)
Etna Le 24 avril dernier, l'Etna nous a gratifié d'un nouveau paroxysme. Comme à son habitude, cette éruption, de courte durée, a débuté par une activité strombolienne avant de générer un imposant panache de cendres et une petite coulée de lave. Depius cette date, calme plat chez le monstre sicilien... (Photo Giuseppe Distefano - www.etnawalk.it)
Nouveau site Internet L'observatoire Volcanologique de Goma (OVG) a désormais un site internet. Comme les membres du staff le disent eux-même, tout n'est pour le moment pas parfait sur ses pages mais nous avons désormais moyen d'obtenir des informations fiables sur l'activité du Nyiragongo et son lac de lave. http://www.ovgoma.org/
Le lac Pavin Textes: E. Reiter Photos et illustrations: J-M Bardintzeff, BRGM
Il faudrait, en fait, parler du système Pavin qui est constitué du lac Pavin sensu stricto, du Puy de Montcineyre, du maar d'Estivadoux , du Puy de Montchal Il faudrait, en fait, parler du système Pavin qui est constitué: du lac Pavin sensu stricto du Puy de Montcineyre du maar d’Estivadoux du Puy de Montchal Le lac Pavin est un lac français d'origine volcanique situé dans le massif des Monts Dore dans le Massif Central. Description Situé à une altitude de 1 197 mètres, le lac Pavin est le cratère d’un ancien volcan, comme le Gour de Tazenat. De forme presque parfaitement circulaire avec un diamètre de plus de 700 mètres, il a une profondeur de 92 mètres, ce qui en fait le lac le plus profond d'Auvergne. La rivière Couze Pavin qui passe a 300 mètres du lac n'est pas alimentée par ce dernier qui ne possède par ailleurs aucun émissaire. Il est d'origine très récente contrairement au massif voisin des Monts Dore. Il semble qu'il se soit formé à la fin de la période d'activité volcanique qui a créé la chaîne des Puys, soit il y a environ 7 000 ans. L'explosion qui l'a formé fut très violente : des traces de cet événement ont été retrouvées jusque dans les sédiments du lac Léman. Le volume de produits émis lors de cette éruption est estimé à 75 millions de m3. Par temps clair, le ciel bleu se reflétant dans l'eau, il est presque bleu-nuit. Par contre, par temps d’orage, ses eaux profondes apparaissent très sombres, ce qui lui a sans doute valu son nom de Pavin (du latin pavens, épouvantable). Création du lac Pavin Le mécanisme éruptif qui a fait naître le lac Pavin suscita l'intérêt des savants dès le 18ème siècle. Ainsi, le Comte de Montlosier s’interroge sur l'origine des lacs Pavin et Cervière dans son Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne de 1789. Après de nombreuses observations de terrain, ce naturaliste arrive à la conclusion qu'ils ne sont pas des cratères de "la classe des volcans ordinaires". En effet selon le comte, leur taille impressionnante (tant en circonférence qu'en profondeur) contraste avec l'absence de trace d'activité volcanique, c'est-à-dire de "courant de lave" (on dirait maintenant une coulée de lave) ou de matériau magmatique. Celui-ci émet l'hypothèse selon laquelle ils procéderaient d'une "explosion pulvérulente, causée par l'action de l'air ou de l'eau condensée en vapeurs dans ces vastes souterrains".
L'intuition du comte de Montlosier sur l'origine du Pavin sera confirmée par la suite : il n'est pas à proprement parler un cratère, bien qu'il provienne indirectement d'une éruption, celle du Puy Montchal. Au cours de celle-ci, le magma ayant fissuré la roche pour atteindre la surface du puy est entré en contact avec des nappes d'eau souterraine. Cette rencontre a donné lieu à une violente explosion, et à une remontée magmatique très puissante sur le site de l'actuel Pavin. Ce type de structure volcanique est appelé "maar". Lac méromictique Le lac Pavin présente une caractéristique unique en France : c'est un lac méromictique. Le mélange des eaux ne s'effectue que sur les 60 premiers mètres. Les eaux du fond du lac, entre 60 et 92 mètres, sont ainsi confinées et sont chargées en gaz tels que le dioxyde de carbone, le méthane et l'hydrogène sulfuré, dus à la décomposition de la matière organique et qui leur confère une odeur nauséabonde. La teneur en gaz fait l'objet d'une surveillance car une augmentation pourrait entraîner des risques de dégazage catastrophique, phénomène appelé « éruption limnique », comme ce fut le cas au lac Nyos (voir par ailleurs dans ce numéro). Selon les scientifiques, le lac n'est pas arrivé à saturation et présente un état d'équilibre peu dangereux actuellement. Cependant, des mouvements de terrains (chutes importantes de rochers) ou sismiques pourraient rompre cet équilibre et entraîner une libération soudaine des gaz contenus dans les sédiments profonds. Les eaux ne comportant plus d'oxygène (« zone anoxique »), le lac Pavin n'abrite pas de poissons. Elles sont cependant le siège d'une vie bactérienne importante.
Nouvelles hypothèses concernant l'activité du lac Pavin Actuellement, l'activité du lac Pavin fait de nouveau l'objet d'un débat au sein de la communauté scientifique. Deux chercheurs français ont émis trois nouvelles hypothèses concernant l'activité du système du Pavin : rajeunir l'histoire du site : alors qu'il est communément admis que le système Montchal-Pavin est rentré en éruption il y a environ 7 000 ans, une deuxième phase éruptive se serait produite il y a environ 3 500 ans, et de petites éruptions liées à une activité phréatique (geyser, solfatare) auraient eu lieu il y a seulement 1 000 à 2 000 ans au sud du Montchal. Des émanations gazeuses persisteraient encore de nos jours ; le lac aurait débordé au cours de son histoire, l'événement le plus récent aurait déposé des coulées de boue dans la vallée de la Couze il y a environ 1 500 ans au-delà de Super-Besse ; d'importants glissements de terrain auraient eu lieu au cours du dernier millénaire. Si de telles hypothèses devaient être vérifiées et validées par la communauté scientifique, ceci voudrait dire que le volcanisme en France métropolitaine se serait endormi durant les temps historiques, au cours du Moyen Âge. Des risques naturels limités La catastrophe du lac Nyos au Cameroun en 1986 a relancé le débat sur l’activité future du Pavin, du fait des grandes similitudes entre ces deux lacs volcaniques méromictiques. En effet, si l'origine de l'accident du Nyos demeure controversée, les deux principaux scénarios explicatifs avancés pourraient s'appliquer au lac Pavin. Premier scénario : l'éruption limnique Il semble peu probable, au vu des connaissances actuelles, de voir une éruption limnique se produire dans le cas du Pavin. Mais ce risque ne saurait être complètement écarté : si sa probabilité est faible, ses conséquences seraient dramatiques. Tout d'abord, il apparaît que le risque d'éboulement avait été largement exagéré par le passé. On avait en effet supposé que quelques 1.2 millions de mètres cubes de matériaux s’étaient déjà détachés des parois du Pavin, alors que les études menées ont chiffré ce phénomène à seulement 10 000 mètres cubes. Par ailleurs, la stabilité des pentes a été jugée très satisfaisante, et des mesures de renforcement des parois du Pavin ont été prises. Toutefois la région étant sujette aux tremblements de terre, le risque d'éboulement ne peut être totalement exclu. Le second risque étudié était celui de remontées des gaz toxiques contenus dans la zone profonde du lac, très riche en méthane et en dioxyde de carbone. Or, le système gazeux du Pavin a été jugé assez stable et finalement moins dense que ce que l’on imaginait, puisque les seuils de saturation des deux gaz ne sont pas atteints. En outre, la très forte pression de la partie
supérieure du lac rendrait les remontées gazeuses très difficiles. Néanmoins, il faut rester prudent. Second scénario : l'éruption phréatomagmatique Une seconde hypothèse a été avancée pour expliquer la catastrophe du lac Nyos, qui pourrait également avoir une pertinence dans le cas du Pavin. L'équipe de Haroun Tazieff a en effet soutenu que la libération du gaz carbonique avait été provoquée par une éruption phréatomagmatique, c'est-à-dire issue de la rencontre entre le magma et les eaux superficielles, comme celle qui a fait naître le Pavin. Or le Pavin, issu d'un volcanisme récent, peut encore être considéré comme "actif". La présence de petits cratères près de celui-ci suscite notamment le débat. Ces formes cratériques, mais aussi les formes coniques situées sur la coulée du Montchal, font l’objet d’interprétations diverses. Pour certains, ces éléments attestent d’une activité récente du volcan. Pour d’autres, ces éléments seraient antérieurs à l’éruption du Montchal, puisqu’ils sont recouverts par la lave du Pavin. Seules des études plus approfondies de ces structures permettraient d’établir leur âge approximatif. Par ailleurs, une coulée de boue apparue dans la vallée de la Couze Pavin semble indiquer que le lac Pavin a déjà débordé par le passé, peut-être lors d'une éruption. Cette coulée a été datée : elle remonterait à 1 300 après J.-C.. Elle pourrait procéder d'une activité volcanique du Pavin au Moyen-Age, ce qui expliquerait la teneur des légendes liées au Pavin. Autres indices de son activité passée, les glissements de terrain sont également étudiés comme des indices d'éventuelles éruptions passées. Deux grands glissements ont été identifiés par carottage en plus du grand glissement datant de la création du lac. Ces deux glissements de terrain importants ont eu lieu en 700 et en 1 300 après J.-C.. Ce dernier, dont la datation coïncide avec celle de la coulée de boue, accrédite encore l'idée d'une éruption limnique du Pavin au Moyen-Age.
Islande
Zone active de solfatares, Hveravellir fume, éructe et crache de la vapeur, telle une cocotte-minute !
Aldeyjarfoss, impressionnante cascade entourée de magnifiques orgues basaltiques
La coulée de lave du Krafla offre quelques beaux exemples de lave cordée.
Photos et textes: M. Herbinière
Namaskard fut pendant longtemps un centre de production du souffre utilisé pour la fabrication de la poudre à fusil
Namaskard est un champ de solfatares, fumant et soufflant, empli de marmites de boues bouillonnantes, épicées aux vapeurs de souffre
Un premier cratère appelé Viti, à proximité du Krafla
Ne se croirait-on pas proche des bouches de l'enfer ?
Ne dirait-on pas une belle croute de pain, à peine sortie du four du boulanger? Celle-ci se trouve à proximité du lac Myvatn.
Un exemple de hornito dans le Landmannalaugar
Aldeyjarfoss et ses orgues basaltiques, grandiose !
Page suivante: Une belle coulée aux abords immédiats du refuge du Landmannalaugar
Le cratère égueulé du Krafla. Sa dernière période éruptive s'est produite de 1975 à 1984. A ce jour, toute la zone fume encore.
Ici à Namaskard, le magma est à moins de 5 km sous nos pieds.
Ci-contre et page suivante: Le Landmannalaugar marie ses couleurs extraordinaires aux coulées de lave noire et aux solfatares ocres et fumantes.
Les lacs d'origine volcanique Textes: E. Reiter Photos et illustrations: J-M Bardintzeff, F. Cormon (www.photo-paramoteur.com), E. Haddad, N. Schaegis, E. Reiter
Trois possibilités existent pour qu'un lac d'origine volcanique prenne naissance : Le cratère est "dans" une nappe d'eau souterraine Le volcan ou une coulée barre le lit d'une rivière Le cratère se remplit d'eau de pluie et/ou de ruissellement
Les maars Un maar est un cratère d'explosion de grand diamètre, parfois rempli par un lac, envahi par la mer ou comblé par une zone marécageuse. L'explosion atteint et détruit une partie du substratum dont des fragments apparaissent en abondance dans les produits projetés.
Il s'agit donc d'une forme de destruction par l'activité volcanique. On emploie aussi l'expression « cratère de maar ».
Les produits éjectés sont en partie projetés verticalement et en partie entraînés dans des nuées déferlantes au sol. Outre les nombreux blocs de substratum, les dépôts contiennent également des bombes caractéristiques dites en «chou-fleur». Ces bombes présentent une surface mamelonnée ; elles sont lourdes et sphéroïdales, et sont constituées d'une lave basaltique « trempée » c'est-à-dire refroidie brutalement au contact de l'eau ou de la vapeur d'eau (température du magma autour de 1200°C). Elles contiennent fréquemment des fragments du socle. Lorsque le magma est trachytique, le phénomène de trempe donne des bombes « en croûte de pain » dont l'écorce est craquelée et le cœur très bulleux (voir le porto folio de ce numéro).Une grande quantité d'eau imprègne les dépôts ce qui donne des figures caractéristiques : des blocs projetés creusent des figures d'impact dans les dépôts gorgés d'eau et les fines particules s'agglomèrent pour donner de petites billes ou « lapilli accrétionnés ».
Morphologiquement une structure volcanique de maar est complexe et comprend deux parties : l'évent éruptif consiste en une dépression circulaire à parois raides qui s'enracine en profondeur dans le socle. les projections s'agencent en un anneau surbaissé ou le plus souvent en un croissant, qui borde le cratère. Cette structure est appelée anneau / croissant de tuffs appelés ou anneau pyroclastique. Les dépôts sont caractérisés par des bancs subhorizontaux qui rendent compte de la rythmicité des explosions.
Le magma ascendant rencontre une quantité d'eau superficielle importante (nappe phréatique, cours d'eau, ...) dont la vaporisation brutale accroît le degré d'explosivité. C'est ainsi qu'un magma basaltique originellement prédestiné à une activité strombolienne peut être mis en jeu dans des explosions violentes dites «phréatomagmatiques». À chaque explosion, le maar s'agrandit.
Bombe volcanique et sa figure d'impact
Création d'un maar
Généralement, la nappe phréatique ou le cours d'eau souterrain qui a contribué à la formation du cratère alimente ensuite un lac dans le bassin ainsi créé. Les maars sont donc très souvent des lacs de forme circulaire aux pentes plus ou moins abruptes.
Les lacs de cratère Certains cratères se remplissent d'eau de pluie tout à fait indépendamment de leur activité volcanique. Toutefois, leurs eaux acquièrent des caractéristiques spécifiques (température et/ou composition chimique) liés au volcanisme.
En fonction de la nature du magma, deux types de maars sont distingués:
De nombreux volcans indonésiens doivent leur célébrité à leur lac de cratère. Ceux-ci contiennent de nombreux acides et des éléments chimiques en colorent les eaux. Le Kelimutu possède deux lacs jumeaux, l'un vert et l'autre rouge car les fumerolles sous lacustres sont différentes: elles oxydent le second lac mais pas le premier.
Les maars basaltiques tels que le gour de Tazenat, le maar de Beaunit et la narse d'Espinasse dans la Chaîne des Puys. Lorsque l'eau superficielle vient à manquer, l'activité volcanique s'exprime sous forme de cônes de scories stromboliens. Le maar trachytique est moins répandu. Il diffère du précédent par une activité non rythmique, libérant son énergie en une ou quelques explosions très violentes. Par suite, au lieu de s’accumuler en un croissant ou un anneau autour du cratère, les projections sont pour partie étalées sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés par des déferlantes basales de grande ampleur, et pour partie disséminées sur le pays avoisinant par des panaches étalés à haute altitude. Ici, l’énergie explosive est due à la fois à la détente des gaz magmatiques emprisonnés dans une lave très visqueuse et à la vaporisation violente de l'eau. Parmi les maars trachytiques, de beaux exemples existent dans la Chaîne des Puys (lac Pavin) ou en Allemagne (Laacher See). Les lacs de barrage Dans d'autres cas, une coulée de lave peut venir barrer le lit d'une rivière. Ce barrage naturel fonctionne alors comme un barrage artificiel et un lac se forme en amont de celui-ci. Les coulées des Puys de la Vache et de Lassolas (dans la chaîne des Puys) ont ainsi coupé la vallée de la Veyre créant plusieurs lacs.
Dans d'autres cas, un volcan peut prendre naissance dans le lit d'une rivière et alors barré lui-même le cours d'eau, comme ce fut le cas pour le Puy Montcineyre. Le lac Chambon résulte du barrage d'une vallée par le volcan du Tartaret.
Le lac gris du Poas, au Costa Rica, contient des sulfures de grandes quantités. D'autres lacs sont moins beaux car ils renferment une sorte de boue comme à la solfatare de Possuoli ( aux environs de Naples). Dans l'île de la Dominique (aux Antilles), un lac volcanique présente un phénomène particulier: ses eaux sont en perpétuelle ébullition. Un tel phénomène suppose un équilibre parfait entre l'apport d'eau par un petit ruisseau, le flux thermique profond et l'évaporation.
Mais les deux lacs de cratères les plus connus sont ceux du Kawa-Ijen et du Nyos.
Le Kawa-Ijen Le Kawa-Ijen est un volcan d'Indonésie situé dans l'est de l'île de Java.
Le lac Nyos est situé au-dessus d'une poche magmatique. Il existe des lignes de failles qui partent de cette poche magmatique et remontent jusqu'au fond du lac. Les émanations gazeuses (essentiellement du dioxyde de carbone, CO2) s'accumulent en permanence au fond du lac. En effet contrairement aux lacs de cratère des zones tempérées qui connaissent un brassage de leurs eaux du fait de l'alternance des saisons, les lacs des zones tropicales ne connaissent guère de brassage. De ce fait, les émanations gazeuses vont s'y accumuler en quantités très importantes. Mais ces gaz ne peuvent s'échapper à cause de la stratification des eaux. Le 21 août 1986, dans la soirée, le lac Nyos a libéré environ un kilomètre cube de dioxyde de carbone. Un séisme a déstabilisé une partie du pourtour du lac, provoquant un éboulement et un mélange des eaux du lac. Ce mélange a eu pour effet de faire remonter le dioxyde de carbone vers la surface, lui permettant de s'échapper. Un telle éruption est appelée éruption limnique.
Son cratère abrite un lac acide de couleur turquoise à verte. Cette coloration est due à l'extrême acidité de ses eaux, ce qui lui vaut d'être considéré comme le lac le plus acide du monde (on y a mesuré des pH négatifs!). À proximité des berges de ce lac se trouve une solfatare produisant de grandes quantités de minerai de soufre. Le lac se déverse naturellement par une brèche dans le cratère au rythme de cinquante litres par seconde et forme une rivière acide, la rivière Banyupahit qui devient la rivière Banyuputih qui finit son cours dans la mer de Java. Alimenté par les eaux de pluie, le niveau du lac est variable, de même que sa superficie et son volume. Ce dernier influence son degré d'acidité et sa température. En effet, au cours de la saison sèche (entre mai à octobre), le niveau de l'eau peut baisser de plusieurs mètres, la température de surface des eaux du lac devenir plus élevée que la température de l'air et l'acidité du lac augmenter par rapport à la saison humide.
Le lac Nyos
Comme le gaz carbonique est une fois et demi plus dense que l'air, il s'est échappé, se dispersant au niveau du sol sur une grande surface jusqu'aux villages et prairies environnants et causant la mort des villageois et de leurs troupeaux. Depuis janvier 2001, une équipe française mène une opération de dégazage duCO2 piégé au fond du lac, afin d’éviter une nouvelle catastrophe. Le pompage est réalisé par auto siphon : une pompe mécanique aspire l’eau en tête de colonne. Le liquide prélevé dans les eaux profondes du lac (riche en gaz dissous) s’élève dans la colonne. Sa pression diminue et l’eau approche de la limite de saturation. Lorsque celle-ci est atteinte, des bulles commencent à se former qui s’élèvent naturellement dans la colonne. De nouvelles bulles apparaissent qui entraînent le liquide. Une fois le processus amorcé, l’action de la pompe est inutile et celle-ci peut être arrêtée. Un jet d’eau et de dioxyde de carbone jaillit à l’orifice de la colonne et le dioxyde de carbone se dissipe en quantité inoffensive dans l’atmosphère.
Le lac Nyos est un lac de cratère situé au Nord-Ouest du Cameroun, dans la ceinture camerounaise de volcans. L'éruption du lac Nyos
Et en Europe? L'Islande est riche en lacs d'origine volcanique. On y trouve notamment des maars, l'un des plus connus étant le Viti (voir par ailleurs, dans le porto folio de ce numéro). Ce cratère est le résultat d'une éruption datant de 1875. La neige l'entourant fut recouverte par les projections. Les caractéristiques isolantes de ces dernières ont conservé la neige qui, au cours des siècles, s'est transformée en glace. Mais elle reste la plupart du temps invisible, recouverte par l'épaisse couche de pierre-ponce. Le Víti est aujourd'hui un lieu
très apprécié par les promeneurs car il est possible de se baigner dans ses eaux chaudes qui avoisinent les 25 ⁰C. Mais signalons aussi le lac Myvatn qui a été formé par une coulée de lave qui a endigué une rivière ce qui explique sa faible profondeur. Le lac Öskjuvatn est un lac de cratère qui occupe la caldeira la plus centrale de l'Askja. La région allemande de l'Eifel est riche en maars. Ainsi près de la ville de Daun se trouvent 3 maars: les Schalkenmehrener, Weinfelder et Gemündener maars. Mais les deux maars les plus connus de la région sont sans nul doute le Pulver Maar et le Laacher See. Ce dernier a fait beaucoup parlé de lui au début de cette année en raison des émanations de dioxyde de carbone présentes sur la rive orientale du lac et par une supposée activité sismique. Les médias se sont rapidement emparés de l'affaire et le Laacher See est devenu en quelques jours un montre menaçant l'Europe entière par l'imminence de son éruption. En fait, il n'en est rien: les émanations gazeuses n'ont rien d'anormal ni en quantité, ni dans leur composition chimique et l''activité sismique de ces derniers mois n'a rien d'exceptionnel.
En Italie, les lacs d'Albano et de Nemi , près de Rome sont des maars. Le premier fait partie du système volcanique du Mont Albain. Ce dernier n'est actuellement plus constitué que de collines qui sont les reliques d'un stratovolcan. Lors de sa période d'activité, une série d'explosion a créé maars et caldeiras. En France, l'encyclopédie volcanique qu'est la Chaîne des Puys comporte bien entendu plusieurs lacs d'origine volcanique. Étrangement, d'ailleurs, ce sont deux maars qui marquent les limites
septentrionale et méridionale de cet ensemble volcanique: le Gour de Tazenat (voir le numéro 1 de ce magazine pour une description détaillée) au Nord et le lac Pavin au Sud (voir par ailleurs dans ce numéro). Selon qu'ils sont maintenant occupés par un lac ou par un marécage, ils sont appelés respectivement gour ou narse. D'une manière générale, deux types de maars peuvent être individualisés dans la Chaîne des Puys selon que leurs éruptions aient été alimentées par un magma basique ou un magma acide (trachytique). Toutefois, les maars basiques sont les plus répandus. En effet, seul le lac Pavin est un maar acide. Parmi les maars les plus célèbres, citons le maar de Beaunit ou le lac de Servières. Il est à noter que la ville de Clermont-Ferrand est presque entièrement construite dans un maar.
Il existe aussi des couples maar – cône. Nombre de cônes sont installés dans un maar initial sans l'obstruer complètement. Ainsi, les projections issues de l'activité phréatique se retrouvent sous les dépôts stromboliens du cône volcanique. C'est le cas, entre autres, des puys de Chalard et de Tressou au Nord de la chaîne et du puy de Vichatel au Sud. Le puy de l'Enfer et le narse d 'Espinasse sont un cas particulier car les dépôts volcaniques de ces édifices s'intercalent les uns aux autres et prouvent que le maar et le cône strombolien ont fonctionné de manière simultanée.
Les lacs d'Aydat et de la Cassière sont deux lacs de barrage volcanique. L’émergence de la coulée de lave des Puys de al Vache et de Lassolas (appelée la cheire d'Aydat), longue de 15 km, a verrouillé la rivière de la Veyre, bloquant le cheminement des eaux et créant ainsi une retenue naturelle. Le lac d'Aydat est le plus grand lac naturel d'Auvergne. Le lac de Guéry est sans doute d’origine mixte : surcreusement glaciaire et barrage par une coulée de lave.
Mais les maars ne sont pas les seuls lacs d'origine volcanique de la Chaîne des Puys. On y trouve aussi plusieurs lacs de barrage. Ainsi le lac de Chambon est issu du barrage de la vallée de la Couze Chambon par le volcan du Tartaret. Une légende raconte qu'une jeune bergère, pour échapper aux assiduités du seigneur, se serait jetée du haut d'un éperon rocheux dominant de près de 100 mètres le lac et aurait miraculeusement atterri indemne. Elle se serait vantée de son exploit au village et, devant l'incrédulité des villageois, aurait voulu recommencer, mais cette fois se serait écrasée au sol.
Toutefois, il n'y a pas que dans la Chaîne des Puys que l'on trouve des lacs d'origine volcanique en France. Toujours en Auvergne, le lac Chauvet situé, situés dans le massif des Monts Dore et le lac d'en Haut dans le massif du Cézallier sont des maars.
En Ardèche, le lac d'Issarlès est un maar. C'est aussi le lac le plus profond de France avec une profondeur moyenne de 138 mètres. À proximité du volcan du Suc de Bauzon, le maar de la Vestide du Pal a été comblé par le magma. Dans le département de la Haute-Loire, le maar le plus connu est le lac de Bouchet dans le massif du Devès. Le lac de SaintFront est aussi un maar.
Les volcans vus du ciel Les spectaculaires explosions nocturnes du Stromboli ont depuis longtemps attiré les visiteurs au "Phare de la Méditerranée." Stromboli est à la pointe Nord-Est de l'archipel des îles Éoliennes. Il a donné son nom à un type d'activité volcanique caractérisée par l'alternance de phases explosives et de phases effusives. L'île actuelle le sommet d'un volcan qui a grandi durant deux principaux cycles éruptifs. Les cratères actifs sont situés au sommet de la Sciara del Fuoco, une dépression en fer à cheval formée il y a environ 5000 ans.
Les spectaculaires explosions nocturnes du Stromboli ont depuis longtemps attiré les visiteurs au "Phare de la Méditerranée.
La construction de l'île a débuté il y a environ 2 400 ans et des datations au carbone montrent une activité continue durant au moins les 1 400 dernières années. La période d'activité actuelle a débuté en 1932. Ce volcan est, comme tous les volcans italiens et grecs, le résultat de la subduction de la plaque africaine sous la plaque européenne. Le nom de Stromboli est mondialement connu à cause du film « Stromboli » de Roberto Rosselini dans lequel jouait Ingrid Bergman mais ce volcan est aussi la destination d'Axel et Otto Lidenbrock dans le Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne ainsi que l'île sur laquelle habite Geppetto, le « père » de Pinnochio. Cette image en couleurs naturelles, prises le 13 janvier 2011, montre l'île de Stromboli dont le sommet est couvert de nuages. On y distingue toutefois le panache de gaz s'échappant des cratères sommitaux.