Le Monde des Volcans Les volcans du Monde
N° 5
Septembre 2012
ĂŠ Sp
l a i c
a n t E
Sommaire Edito 2
Le mot de la rédaction
Article 3
Etna
Article 6
La grande histoire e l'Etna
Porto folio 11
L'Etna vu du ciel
Article 15
Les éruptions de l'Etna
Porto folio 18
Etna Nord
Article 22
Le Valle del Bove
Porto folio 18
Etna Sud
Article 19
Les cratères sommitaux
Article 35
INGV Catania : La salle des opérations
Volcan vu du ciel 37
Etna
Edito Le Monde des Volcans Revue trimestrielle éditée par E. Reiter Contact: eric.reiter73@gmail.com Rédacteur en chef: E. Reiter Personne(s) ayant collaborée(s) à ce numéro: B. Behncke, T. Caggegi, B. Duyck, E. Reiter Photos de couverture: 1ère de couv.: Le versant Nord de l'Etna – E. Reiter 4ème de couv. : Les cratères sommitaux vus depuis le Nord-Est – E. Reiter
Doublement spécial ! Tout d'abord, un numéro spécial Etna. En effet, après la suite de paroxysme qui a secoué le volcan sicilien entre janvier 2011 et avril 2012, il nous est apparu inévitable de nous intéresser de plus près à lui. Ainsi, une partie de la rédaction est partie sur le terrain fin mai et début juin dernier. Nous en avons profité pour rencontrer les volcanologues de l'INGV Catania que nous tenons ici à remercier pour le temps qu'ils ont bien voulu nous consacrer ainsi que toutes les explications qu'ils nous ont fournies. Et il ressort de cette expédition, ce numéro où vous découvrirez, bien entendu, l'Etna dans tout sa majesté et sa beauté, son histoire géologique, ses éruptions paroxysmales mais aussi la salle des opérations de l'INGV. Nous avons aussi rapporté une multitude de photos dont vous découvrirez une infime partie dans ce numéro. Et puis, surtout, avec ce numéro, nous fêtons le premier anniversaire de votre magazine. Et, comme bien souvent à cette occasion, c'est l'heure d'un bilan. Ainsi, je voudrais remercier tous nos fidèles lecteurs sans qui cette aventure ne pourrait pas se poursuivre. Depuis le premier numéro, chaque publication est lue par plus de cent personnes, sans compter les gens qui feuillettent la revue. Ensuite, je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont aidé dans cette aventure par l'apport de textes, de photos ou la publicité faite sur leurs sites. Comme dit la formule consacrée, "je ne les citerai pas toutes de peur d'en oublier" mais je sais qu'ils se reconnaîtront. Toutefois, je souhaite très sincèrement et chaleureusement remercier ma plus fidèle collaboratrice sans qui il n'aurait pas été possible de vous présenter autant de belles images tout au long de cette année. Mais je laisse maintenant place à sa majesté sicilienne qui, je l'espère, saura vous émerveiller. Bonne lecture à tous Eric
Etna Textes: E. Reiter Photos : E. Reiter
L'Etna forme une montagne massive conique culminant à 3 330 mètres d'altitude ce qui en fait le volcan actif le plus haut d'Europe L'Etna également appelé Etnea, Monte di Catania, ou Mongibello (de mons en latin et djebel en arabe, qui veut dire « montagne des montagnes ») pour ne citer que ces noms les plus connus, est un volcan d'Italie situé à l'Est de la Sicile, à proximité de la ville de Catane, seconde ville la plus peuplée de Sicile après Palerme. Culminant à 3 330 mètres d'altitude, il est le volcan le plus haut d'Europe et avec presque cent éruptions au cours du XXe siècle, l'un des plus actifs du monde.
Étymologie Selon de multiples sources, l'Etna – en latin Aetna – tirerait son nom du grec Aitne qui signifie « je brûle». D'autres auteurs cherchent l'origine du toponyme du côté du mot phénicien attuna signifiant « fourneau », « fournaise». Géographie L'Etna est un volcan situé en Italie, dans l'est de la Sicile, dans le nord de la province de Catane. Il est entouré par la mer Ionienne à l'est, la ville de Catane et sa plaine au sud et les monts Nébrodes à l'ouest et au nord. L'Etna forme une montagne massive conique culminant à 3 330 mètres d'altitude et couvrant une superficie de 1 200 km2 ce qui en fait le volcan actif le plus haut d'Europe et la montagne la plus volumineuse d'Italie avec quelques 350 km3. Durant le XXème siècle, son altitude a fréquemment varié d'environ cent mètres au gré des éruptions et explosions qui l'ont secoué. Ainsi il s'élevait à 3 274 mètres en 1900, 3 290 mètres en 1956 et 3 345 mètres en 1978. Ses pentes relativement raides sont interrompues par plusieurs bouches éruptives, notamment sur ses flancs sud et ouest, ainsi que par plusieurs
caldeiras dont la plus grande est la Valle del Bove (Vallée du Bœuf. voir par ailleurs dans ce numéro) en forme de fer à cheval orienté vers l'Est. L'altitude élevée de l'Etna est à l'origine d'un microclimat relativement humide qui contraste avec le climat méditerranéen qui règne à ses pieds, ce qui permet une agriculture fertile, enrichie par les sols volcaniques, ainsi que la présence de stations de ski.
Jusqu'à 1 000 m d'altitude, le climat est chaud et tempéré, les précipitations sont faibles et les températures minimales restent supérieures à 4°C, alors que les températures maximales peuvent dépasser 40°C dans les zones les plus basses. Audelà de 1 000 m, le climat devient froid et tempéré et les pluies sont plus abondantes. En hiver, des températures pouvant descendre jusqu'à 0°C sont propices aux chutes de neige qui couvre parfois le sommet du volcan pendant cinq mois d'affilée. La combinaison de la haute altitude de la montagne, du climat relativement humide qui y règne et des chutes de cendres volcaniques au cours d'éruptions fréquentes permet le maintien de névés protégés du soleil par les couches de cendres
au-dessous de la limite inférieure des neiges persistantes. Les basses pentes du volcan sont couvertes de vergers de citronniers et d'orangers qui laissent leur place à une forêt et des genêts à partir de 800 mètres et jusqu'à 1 500 mètres, altitude à partir de laquelle la végétation se fait plus rare jusqu'à devenir totalement absente. Dix espèces botaniques ont été reconnues endémiques de l'Etna : Celtis aetnensis, Betula aetnensis, Galium aetnicum, Anthemis aetnensis, Sclerantus aetnensis, Genista aetnensis, Senecio aetnensis, Astragalus siculus, Tanacetum siculum et Viola aetnensis. Géologie L'Etna est un stratovolcan aux éruptions majoritairement effusives, ce qui le classe parmi les volcans rouges émettant des laves très fluides, qui donnent, en refroidissant, des trachy-basaltes. Ce volcan possède une structure interne complexe induite par ses différentes phases de formation. Les éruptions effusives qui se déroulent généralement à partir de fissures éruptives ouvertes sur les flancs de la montagne sont toutefois moins fréquentes que les manifestations explosives de type strombolien qui se déroulent dans les cratères sommitaux de l'Etna (NordEst, Bocca Nuova, Voragine et cônes Sud-Est. Voir l'article consacré aux cratères sommitaux dans ce numéro). La majorité des produits éruptifs de l'Etna sont émis sous forme de coulées de lave qui atteignent parfois la mer Méditerranée dans une zone très localisée située au sud-est du volcan. Ce fut notamment le cas des coulées historiques de 1329, de
1381 et surtout de celle de 1669 qui détruisit une partie de la ville de Catane. Avec plusieurs dizaines d'éruptions par siècle, la présence d'habitations et d'infrastructures agricoles, économiques et de transport aux pieds et sur les flancs même du volcan induit un enjeu humain élevé. Ces risques élevés ont amené les volcanologues de l'INGV Catania à surveiller le volcan 24 heure sur 24 depuis la salle des opérations de l'Observatoire de l'Etna (voir l'article consacré à cette salle dans ce numéro). Toutefois, plusieurs éruptions de l'Etna ont provoqué des dégâts sur les installations humaines en détruisant parfois totalement des villages. Elles sont aussi à l'origine de plusieurs morts qui se trouvaient pour la plupart trop près du lieu d'éruption, ce qui ne leur permettait pas de s'échapper à temps. Récemment, ce fut notamment le cas des éruptions de 1979, 1984, 1985 et 1987. Mythologie L'origine mythologique de l'Etna est liée à la gigantomachie : le géant Encelade, puni par la déesse Athéna pour avoir déserté le champ de bataille contre les Titans, se retrouve écrasé sous l'île de Sicile où il reste emprisonné. Les coulées de lave du volcan correspondent à son haleine de feu et il provoque des séismes d'origine volcanique lorsqu'il se retourne. La mythologie grecque situe par ailleurs les forges du dieu Héphaïstos sous l'Etna où il y fabrique les armes des dieux de l'Olympe tels que le trident de Poséidon ou la foudre de Zeus avec l'aide des cyclopes forgerons, les bruits sourds s'échappant du volcan correspondant au martèlement des outils sur les enclumes. Selon le poète grec Pindare qui désigne l'Etna comme la « colonne du ciel », Zeus a combattu puis enfermé le monstre Typhon, père de Cerbère et de la Chimère, sous l'Etna dont il cause les éruptions. Gardé par Héphaïstos, il portait des ailes d'aigle et avait cent têtes de dragon dont les yeux lancent des flammes.
La grande histoire de l'Etna Textes: E. Reiter Photos : B ; Behncke (INGV Catania), E. Reiter
L'activité volcanique a débuté sur l'Etna il y a environ un demi-million d'années, avec des éruptions qui se produisent sous la mer au large de la côte de la Sicile. Il y a 300.000 ans, le volcanisme a commencé à se produire au Sud-Ouest du sommet actuel. L'activité s'est ensuite déplacée vers le centre éruptif actuel y a 170.000 ans. Les éruptions de cette époque ont construit le premier édifice volcanique majeur, formant un stratovolcan par une alternance d'éruptions explosives et effusives. La croissance de la montagne a été parfois interrompue par des éruptions majeures, conduisant à l'effondrement du sommet pour former des caldeiras.
du volcan. Au contraire, des éruptions de flanc peuvent se produire vers le bas à quelques centaines de mètres d'altitude, à proximité ou même dans les zones peuplées. De nombreux villages et petites villes se trouvent autour ou sur des cônes d'éruptions de flanc dernières. Depuis 1600, il y a eu au moins 60 éruptions de flanc.
De 35.000 à 15.000 ans, l'Etna a connu quelques éruptions hautement explosives, générant de grandes coulées pyroclastiques, qui ont laissé de vastes dépôts d'ignimbrites (visibles dans les murs du valle del Bove) . Les cendres provenant de ces éruptions ont été retrouvées jusqu'à Rome, à 800 km au Nord. Puis le flanc oriental de la montagne a connu un effondrement catastrophique, générant un énorme éboulement dans un événement semblable à celui observé dans l'éruption de 1980 du Mont St. Helens. Le glissement de terrain a engendré une grande dépression dans le côté du volcan, le Valle del Bove. Une recherche publiée en 2006 a suggéré cela s'est produit autour de 8000 ans, et a provoqué un tsunami gigantesque, qui a laissé sa marque dans plusieurs endroits de la Méditerranée orientale. L'événement marquant le plus récent est l'effondrement du sommet de l'Etna qui s'est produit il y a 2.000 ans environ, formant la Caldeira Piano. Cette caldeira a été presque entièrement comblée par les produits des éruptions ultérieures. Toutefois elle est toujours visible aujourd'hui comme une rupture nette dans la pente près de la base des cônes sommitaux.
Eruptions Les éruptions de l'Etna ne sont pas toujours les mêmes. La plupart se produisent au niveau des cratères sommitaux, où il y a actuellement cinq cratères distincts (cf. par ailleurs dans ce numéro). D'autres éruptions se produisent sur les flancs, où il y a plus de 250 cônes adventifs, d'une taille allant de petits trous dans le sol à des cratères de plusieurs dizaines de mètres de diamètre. Les éruptions sommitales peuvent être hautement explosives et extrêmement spectaculaires, mais elles sont rarement menaçantes pour les zones habitées autour
Une éruption explosive particulièrement violente a eu lieu en 122 avant notre ère, et a causé des retombées de téphra au Sud-Est du cône, y compris sur la ville de Catane, où de nombreux toits se sont effondrés. Pour aider à la reconstruction et de traiter les effets dévastateurs de l'éruption , le gouvernement romain a exempté la population de Catane de payer des impôts pour dix ans.
Avant le début du XVIème siècle, de nombreuses éruptions ont été signalées. Parmi les plus importantes citons: ● l'éruption de 1030 s'est déclenchée près du Monte Ilice sur le flanc inférieur Sud-Est. Elle a produit une coulée de lave qui parcouru environ 10 km pour atteindre la mer au nord d'Acireale. Actuellement, les villages de Santa Tecla et Stazzo sont construits sur le vaste delta construit par cette coulée de lave dans la mer; ● une éruption vers 1160 (ou 1224) s'est déclenchée à partir d'une fissure à seulement 400 m d'altitude sur le flanc Sud-Sud-Est, près du village de Mascalucia,
dont le flot de lave atteint la mer juste au nord de Catane, dans la région maintenant occupée par le quartier d'Ognina. L'éruption la plus destructrice de l'Etna depuis celle de 122 avant notre ère a commencé le 11 Mars 1669, et a produit des coulées de lave qui ont détruit au moins 10 villages sur son flanc Sud avant d'atteindre les remparts de la ville de Catane le 15 Avril. La lave a été largement détournée par ces murs dans la mer au Sud de la ville, remplissant le port de Catane. Une petite partie de la lave a fini par traversé la muraille à travers une section fragile des murs de la ville sur le côté Ouest de Catane et détruit quelques bâtiments avant de s'arrêter dans l'arrière du monastère bénédictin, sans atteindre le centre de la ville. Toutefois, d'après les dernières études menées, cette éruption a fait peu de victimes. Par ailleurs, une étude sur les dommages et les accidents mortels causés par des éruptions de l'Etna dans le temps historique révèle que seulement 77 décès humains peuvent être attribués avec certitude à des éruptions de l'Etna. L'accident le plus récent a eu lieu en 1987 lorsque deux touristes ont été tués par une explosion soudaine près du sommet. Eruptions récentes En 1928, une autre éruption importante a conduit à la première (et à la seule) destruction d'un centre de population depuis l'éruption de 1669. L'éruption a commencé sur le flanc Nord-Est de l'Etna le 2 Novembre. Ensuite, de nouvelles fissures éruptives se sont ouvertes à une altitude de plus en plus basse sur le flanc du volcan. La troisième et la plus vigoureuse de ces fissures s'est ouverte le 4 novembre, à une altitude d'environ 1200 m dans une zone connue sous le nom Ripe della Naca. Le village de Mascali a été presque totalement détruit en deux jours seulement par une coulée de lave. Seule une église et quelques bâtiments environnants ont survécu dans la partie Nord du village. Au cours des derniers jours de l'éruption, la coulée a coupé la ligne de chemin de fer reliant Messine et Catane et a détruit la gare de Mascali. D'un point de vue historique, l'événement a été utilisé par le régime fasciste de Benito Mussolini à des fins de propagande: les opérations d'évacuation, d'aide et de reconstruction ont été présentées comme des modèles de planification fasciste. Mascali a été reconstruite sur un nouveau site, et son église contient encore actuellement le symbole fasciste italien de la torche, placée au-dessus de la statue de Jésus-Christ. D'autres grandes éruptions se sont produites au cours du XXème siècle: en 1949, 1971, 1981, 1983 et 19911993. En 1971, la lave a enseveli l'Observatoire Etna, détruit le premier téléphérique de l'Etna et a sérieusement menacé plusieurs petits villages sur le flanc Est du volcan. En mars 1981, la ville de Randazzo sur le flanc Nord-Ouest a échappé de justesse à la destruction par des coulées de lave
anormalement rapides (cette éruption était très similaire à celle de 1928 qui a détruit Mascali). L'éruption 1991-1993 a vu la ville de Zafferana menacée par une coulée de lave, mais les efforts de détournement du flot ont sauvé la ville avec la perte d'un seul bâtiment à quelques centaines de mètres en marge de la ville. Initialement, ces efforts consistaient en la construction de barrières de terre construites perpendiculairement à la direction de l'écoulement. Il était alors espéré que l'éruption s'arrêterait avant que les bassins artificiels créés derrière ces barrières ne soient complètement remplis. Au lieu de cela, l'éruption a continué, et la lave, passée par dessus les obstacles artificiels, s'est dirigé directement vers Zafferana. Il fut alors décidé d'utiliser des explosifs près de la source de la coulée de lave, afin de perturber le système de tunnels de lave à travers lequel la lave voyageait sans perdre sa fluidité. L'explosion principale, le 23 mai 1992, a détruit le tube de lave et forcé la lave dans une nouvelle direction loin de Zafferana. Peu de temps après cette intervention, le taux d'émission de lave a chuté et, pendant le reste de l'éruption (jusqu'au 30 Mars 1993), le lave ne s'est jamais rapprochée de la ville.
2001. Cette éruption a ouvert pas moins de sept fissures éruptives distinctes principalement sur le versant Sud du volcan. Cette éruption a particulièrement été couverte par les médias car elle est survenue à la hauteur de la saison touristique et de nombreux reporters et les journalistes étaient déjà en Italie pour couvrir le G8 sommet de Gênes. En outre, elle était facile d'accès. Une partie de la zone touristique sur le flanc Sud, y compris la gare d'arrivée du téléphérique de l'Etna, a été endommagée par cette éruption. Sans ces dommages matériels, cette éruption était un événement de taille modeste pour les normes Etna. En 2002-2003, une éruption beaucoup plus impressionnante a engendré une immense colonne de cendres qui pouvait facilement être vu de l'espace (voir la rubrique Volcans vus du ciel du numéro X de la revue). Des retombées de cendres ont été enregistrées en Libye (600 km) après avoir traversé la Mer Méditerranée. L'activité sismique durant cette éruption a causé des glissements de terrains sur les flancs orientaux du volcan et de nombreuses maisons ont subi des dommages structurels. L'éruption a également complètement détruit la station touristique Piano Provenzana, sur le flanc Nord du volcan, et une partie de la station touristique autour du Rifugio Sapienza sur le flanc Sud. Suite à une coulée de lave lente et non destructive sur le flanc Sud-Est entre Septembre 2004 et Mars 2005, des éruptions intenses ont eu lieu au cratère Sud-Est entre Juillet-Décembre 2006. Elles ont été suivies par quatre épisodes de fontaines de lave émises depuis le cratère Sud-Est, le 29 Mars, 11 Avril, 29 Avril et le 7 mai 2007. Les émissions de cendres et les explosions stromboliennes ont débuté à partir d'un évent sur le côté Est du cratère Sud-Est à la mi-Août 2007.
Après six années (1995-2001) d'une activité particulièrement intense dans les quatre cratères sommitaux de l'Etna, le volcan a produit sa première éruption de flanc depuis 1991-1993 en Juillet-Août
Le 4 Septembre 2007, un épisode spectaculaire de fontaines de lave s'est produit à partir du nouvel évent sur le côté est du cratère Sud-Est, en produisant un panache de cendres et de scories qui est tombé sur le flanc Est du volcan. Une coulée de lave a parcouru environ 4,5 km dans la Valle del Bove. Cette éruption était visible loin dans les plaines de Sicile, se terminant le lendemain aux premières lueurs du jour. Elle a engendré la fermeture de l'aéroport de Catane par mesure de sécurité. Un paroxysme similaire s'est produit durant la nuit du 23-24 Novembre 2007, d'une durée de 6 heures et provoquant des retombées de cendres et de lapilli au Nord du volcan. Encore une fois, la source de l'activité était l'évent sur le flanc Est du cratère Sud-Est. Après plusieurs mois d'activité plutôt mineure du cratère Sud-Est, un nouveau paroxysme puissant s'est produit dans l'après-midi du 10 mai 2008. En raison du mauvais temps, il n'était pas possible de voir une grande partie de l'activité à l'évent, mais plusieurs branches de lave ont descendu le flanc oriental du volcan, dans la dépression du Valle del Bove, atteignant une longueur de 6,2 km.
Une éruption dans la matinée du 13 mai 2008, immédiatement à l'Est des cratères sommitaux de l'Etna a été accompagnée par un essaim de plus de 200 tremblements de terre et des déformations de terrain significatives dans la zone sommitale. L'éruption a continué à un rythme diminuant lentement pendant 417 jours, jusqu'au 6 juillet 2009, faisant de cette éruption l'une des plus longues de l'histoire récente de l'Etna. Au cours de l'année 2010, les cratères sommitaux de l'Etna ont été le site d'une activité intermittente explosive mineure, ce qui produit des quantités mineures de cendres et pas de coulées de lave. L'évent sur le côté est du cône Sud-Est est redevenu actif à la fin de l'année; l'activité s'est ensuite intensifiée au début de Janvier 2011. Les paroxysmes de 2011 et 2012 Le 13 Janvier 2011, un nouvel épisode de fontaine de lave s'est produit sur le flanc Est du cône Sud-Est du cratère, d'une durée d'environ 1,5 heures. Les autorités italiennes ont été contraintes de fermer temporairement les aéroports pour quelques heures alors que le nuage de cendres passé au-dessus de Catane. L'événement était bien visible au cours de la nuit claire et éclairée par la lune et a attiré de nombreux spectateurs dans la Sicile orientale et dans la mesure du sud de la Calabre. Une nouvelle éruption créant panaches de cendres et quelques explosions stromboliennes dans le pit crater sud-est a débuté le matin du 8 mai 2011. Après le coucher du soleil, les explosions stromboliennes étaient visibles à intervalles de 3 à 10 minutes, éjectant des bombes incandescentes jusqu'à quelques
dizaines de mètres au-dessus du bord du cratère. Pendant la nuit, des explosions ont jeté des bombes bien au-delà du bord du cratère, jusqu'à la base du cône qui s'est développée autour du cratère pendant les paroxysmes des dernières années. Cette activité a continué dans la matinée du 9 mai, sans aucun changement dans la fréquence et la taille des explosions et aucune variation a été observée dans l'activité sismique. Le 11 mai, cette activité a rapidement augmenté. Puis, vers 03h00 dans la matinée du 12 mai, le quatrième paroxysme pour l'année 2011 s'est déclenché. Pendant plusieurs heures, une vigoureuse activité strombolienne et une petite coulée de lave se sont développées, l'amplitude du tremor était constamment en hausse. D'autres paroxysmes ont suivi en 2011. En 2012, la première éruption s'est produite le 5 janvier. Ce paroxysme, bien que de très courte durée, fut plus violent que les précédents. Une nouvelle phase de strombolienne activité modérée a commencé dans le nouveau cratère Sud-Est le 21 janvier et a continué pendant la première semaine de février. L'activité consistait en de fréquentes mais modestes explosions, avec des éjections incandescentes visibles la nuit, et de petites bouffées de cendres sombres visibles pendant la journée. Cette activité a abouti au deuxième événement paroxystique de l'année au cours de la nuit du 8 au 9 février. D'autres paroxysmes ont eu lieu en mars et avril, le dernier datant du 24 avril 2012. Début juillet, l'activité sismique a commencé augmenté, laissant présager d'un nouvel épisode de fontaine de lave. Toutefois, c'est une activité strombolienne qui se produisait en juillet et août au fond de la Bocca Nuova.
L'Etna v
La partie inférieure du flanc Nord de l'Etna est recouverte de fôrets qui sont traversées par les traces noires laissées par d'anciennes coulées de lave
La partie supérieure du flanc Nord est beaucoup plus « désertique ». Elle abrite aussi les bâtiments d'un obervatoire visble sur cette photo.
vu du ciel
Une petite fissure 茅ruptive sur le flanc Nord du c么ne
Page suivante : Le nouveau (au premier plan) et l'ancien (en arri猫re plan) c么nes Sud_est
Le cratère Nord-Est
Au premier plan, les bâtiments de l'obervatoire sont visibles. En arrière plan se trouve l'ancien cône Sud-Est. Entre les deux, les dépôts les plus sombres correspondent aux cendres émises lors du dernier paroxysme en avril 2012.
Les ĂŠruptions de l'Etna Textes: B. Duyck, E. Reiter Photos : B. Behncke, T. Caggegi
Les géologues considèrent que l’activité historique de l'Etna débute avec l'éruption de 122 av. J.-C et la formation du cratère del Piano. Depuis, l'Etna a connu des centaines d'éruptions. On peut distinguer deux grands types d'éruptions : Les éruptions sommitales Les éruptions latérales Les éruptions sommitales ● Activité strombolienne. Elles se produisent dans l'un des cinq cratères du sommet, avec le plus souvent la constitution d'un petit cône de scories suite à des explosions dites stromboliennes. Cette activité se manifeste aussi par un dégazage important. C'est l'activité la plus habituelle sur l'Etna. Avec parfois un débordement de lave depuis un des cratères. C'est ce type d'activité qui s'est mise en place le 2 juillet 2012 dans la Bocca Nuova
.
Activité paroxysmale. Parfois un des cratères du sommet présente un paroxysme, comme ce qui s'est produit récemment pour le nouveau cône Sud-Est. Le plus souvent imprévisible, une fontaine de lave de plusieurs centaines de mètres de hauteur se met en place. Ce phénomène dure quelques minutes à plusieurs dizaines de minutes.
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Un épisode éruptif paroxysmal typique de l'Etna, comme ceux qui ont marqué le nouveau cratère SudEst au cours des derniers mois, se décompose en trois phases principales : 1. la phase un est caractérisée par une reprise d'activité, avec de petites explosions stromboliennes, précédées parfois de bouffées de poussières, et accompagnées de temps en temps d'émission de laves. 2. le climax - ou réel paroxysme - voit une forte augmentation de l'activité éruptive, et le passage d'une activité strombolienne soutenue à la mise en place de fontaines de lave, montant à quelques centaines de mètres en quelques minutes. Ces fontaines sont accompagnées d'une colonne riche en cendres et lapilli, qui se développe différemment selon les conditions météorologiques. Les retombées de cendres et lapilli se font jusqu'à des dizaines de kilomètres du volcan. Presque tous les paroxysmes sont accompagnés de coulées de lave. La durée de cette seconde phase varie entre 10-15 minutes et une dizaine d'heures.
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3. le passage à la phase finale est marqué par le retour à une activité strombolienne continue et/ou des émissions de cendres; l'effusion de lave diminue rapidement pour cesser complètement ensuite. Cette phase varie entre quelques minutes et plusieurs heures, avec parfois des explosions isolées. Entre janvier 2011 et avril 2012, plus de vingt éruptions de ce type se sont déclenchées au niveau du Nouveau Cratère Sud-Est. Les éruptions phréatiques. Cette relative simplicité de l'activité des cratères sommitaux de l'Etna est oblitérée par l'eau. Il peut ainsi se produire des explosions dites phréatiques ou phréatomagmatiques après de fortes pluies ou des chutes de neige, entraînant parfois aussi des effondrements à l'intérieur des cratères. C’est une explosion due à une surpression d’eau, proche d’une source de chaleur. Elle projette des blocs du soubassement avec parfois le passage à une éruption phréatomagmatique qui est le résultat de la rencontre entre du magma et de l’eau. Début 2012, une telle explosion a projetté des blocs de roches à l'extérieur de la Bocca Nuova (Voir le numéro 4 de Le Monde des Volcans pour avoir plus de renseignements sur ce type d'activité). ●
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Les éruptions latérales
Ces éruptions se produisent sur les flancs du volcan. En fait, selon que l'éruption est plus ou moins éloignée des cratères sommitaux, nous distinguerons deux types : ● Les éruptions latérales proprement dites. Ces éruptions(1983, 1984, 1991-1992, 1999) se mettent en place à partir de fissures éruptives, avec un dyke issu des cratères sommitaux. Ces fissures se situent entre 2900 m et 2000 m d'altitude. Ce type d'éruption se caractérise par une très faible activité explosive, avec une mise en place uniquement de quelques hornitos et émission de coulées de lave de type aa. Si la pente est importante, comme pour les éruptions de 1991-1992, ou de 1983, les coulées peuvent engendrer des tunnels de lave. Ces tunnels peuvent devenir un risque car ils maintiennent toutes les propriétés rhéologiques de la lave à plusieurs kilomètres du point d'émission. D'ailleurs, la lave quand elle sort de ces tunnels se présente avec une morphologie de type pahoehoe, caractéristique d'une lave très fluide et très chaude comme on peut l'observer à Hawaii. Les éruptions dites excentriques Elles sont relativement rares dans le temps, mais la mémoire de l'Homme s'en souvient, car se sont les plus destructrices. En effet, à basse altitude de 1900 à 600 m des petits volcans explosifs peuvent se mettre en place, comme ce qui est arrivé en 1669 à Nicolosi, avec la "construction" des Monte Rossi et l'émission d'une coulée de lave abondante qui détruisit une partie de la ville de Catane et une quinzaine de villages. Ce fut le cas également avec l'éruption de 1928 qui détruisit le village de Mascali. ●
Ce type d'éruption est à l'origine de tous ces cônes, dits adventifs, qui parsèment les flancs de l'Etna. Ces cônes volcaniques sont plus nombreux sur les versants Sud et Nord-Nord-Est et traduisent une zone de "rift", une zone de faiblesse de l'Etna qui est un passage privilégié du magma. Une autre éruption latérale importante est celle de 1892 avec la mise en place des cratères Sylvestri à l'altitude de 1900 m. Ces cratères se trouvent maintenant à proximité de la gare de départ du téléphérique sur le flanc Sud du volcan.
Etna Nord
Le cratère Nord-Est et son panache de gaz
Le cratère de l'éruption de 2002-2003
Un des nombreux cônes adventifs présents sur le flanc Nord du volcan
Vue générale de Piano Sapienza, du site de l 'éruption de 2002 et de ses coulées de lave qui ont totalement détruit la station de ski de l'époque
Les restes d'une maison à Piano Sapienza détruite par la coulée de 2002-2003
Contrastes de couleurs : Sur le noir de l'ancienne coulée, se détache le blanc des arbres calcinés, entourés du vert de la forêt et de la végétation reprenant déjà ses droits
Le cratère Nord-Est fumant
Page suivante : Le cratère Nord-Est domine les forêts Coulée de lave et arbres calcinés au milieu de la forêt
Le Valle del Bove Textes: E. Reiter Photos : E. Reiter
Le première impression que l’on a de l’Etna depuis un avion ou en observant sa maquette à l’échelle, c’est qu'il manque un large morceau, voire un versant entier, comme si une grande pelle à tarte avait arraché le flanc oriental de la montagne. Ce qui reste est une énorme dépression, au fond presque plat, recouvert par des champs de lave des éruptions historiques et préhistoriques. Cette vallée, appelée Valle del Bove (ou Vallée du Bœuf) est délimitée par des pentes raides entre 30 et 45°, dont la hauteur atteint un kilomètre, souvent articulées en longues crêtes pointues et coupées par de vastes canaux détritiques. Ces falaises sont composées d’une alternance de couches de cendres et de coulées de lave, recoupées par de nombreux dykes, véritables fenêtres permettant de reconstituer partiellement l’histoire éruptive du volcan et de ses centres éruptifs successifs. Il y a quelques siècles (entre 80 000 et 5 000 ans), le flanc Sud de l'Etna a subi un glissement de terrain comparable à celui du Saint-Helens en1980. Ainsi, une partie de l'édifice volcanique a glissé, créant une énorme avalanche de roches qui, se déplaçant vers l'Est, a tout dévasté et brûlé sur son passage. Une impressionnante dépression s'est ainsi formée. Elle a la forme d'un fer à cheval ouvert vers l'Est et fermé à l'Ouest par un mur de près de 1 000 mètres de hauteur. Actuellement, entre 80 et 90% du sol de cette dépression sont formés de coulées de lave datant du XXème siècle avec quelques rares cônes adventifs comme le Monte Centenari. On distingue deux centres éruptifs dans la Valle del Bove: Trifoglietto I dans la partie Nord-Est et Trigfoglietto II à l'emplacement de Piano del Trifoglietto à l'Ouest. La Valle del Bove a une largeur maximale de 7 km dans le sens Est-Ouest et une longueur de 6 km dans le sens NordSud, ses bords ressemblent à un « fer à cheval » et c’est le côté Est qui est ouvert sur la mer Ionienne.
Au nord, la vallée est fermée par une longue paroi s’élevant à 200 mètres, appelée « Serra delle Concazze ». Cette paroi est parsemée de nombreux cratères et dépressions mineures. Au sud, la vallée est délimitée par une paroi qui atteint les 400 mètres de haut, c’est la « Serra del Salifizio » qui domine à 2640 m sur l’imposant cône pyroclastique de la « Montagnola », créé au cours de l’éruption de 1763. La Serra del Salifizio, qui dans sa partie la plus occidentale s’appelle « Schiena dell’asino », est assez uniforme. Le seul «sommet» d’importance est le mont Zoccolaro qui culmine à 1715 m d’altitude. Pour finir, à l’ouest, c’est-à-dire vers les cratères sommitaux, la Valle del Bove est séparée du bord du « Piano del Lago » à environ 2 700 m d’altitude par une paroi qui dépasse les 1 000 mètres de dénivellation. La paroi Ouest s’articule en nombreuses crêtes (Serra Perciata, Serra Vavalaci, Serra Cuvigghiuni, Serra Giannicola grande, Serra Giannicola petite) Le long de toutes ces « sierras » de la Valle del Bove apparaissent de magnifiques formations rocheuses pyroclastiques ou laviques traversées par d’innombrables dykes qui, en protégeant ses crêtes de l’érosion, en constituent l’architecture et le soutien. Quand on parle des éruptions du Cratère Sud-Est de l’Etna et des coulées dans la Valle del Bove, on fait souvent référence aux Monti Centenari qui servent de point de repère pour l’avancée de la lave. Les Monti Centenari ont une histoire relativement récente puisque ce 20 août marque le 160ème anniversaire de l’éruption qui a commencé en 1852 pour se terminer le 27 mai de l’année suivante après avoir déversé un volume de lave estimé à 120 millions de mètres cubes pendant 580 jours d’activité. A l’époque les habitants de Milo et Zafferana Etnea n’en menaient pas large car les coulées de lave se dirigeaient vers ces bourgades. Le cratère de 1852 avait été baptisé “Il Centenario” en référence au 100ème anniversaire de la fête de Sainte Agathe qui était célébrée au début de l’éruption. En effet, 1852 marquait le 16ème centenaire du martyr de Ste Agathe, patronne de la ville de Catane. La Valle del Bove a depuis toujours revêtu une grande importance dans la compréhension de l’histoire de l’Etna. L’exposition des affleurements rocheux sur les pentes raides des sierras permet d’étudier les séquences volcaniques. Les orientations des dykes nous permettent de comprendre quelles sont les lignes tectoniques directrices de la région à travers lesquelles les magmas ressortent jusqu’à la surface. Les séries volcaniques qui se retrouvent sur les parois de la Valle del Bove peuvent être attribuées à différents centres éruptifs, presque tous érodées de nos jours, avec des axes éruptifs distincts et avec des produits différentiables d’un point de vue pétrochimique. Les études géologiques n’ont pas épuisé les possibilités d’études que les parois de la Valle del Bove offrent et elles n’ont pas encore éclairci en détail son origine. Elle demeure un mystère. Un affaissement du flanc oriental de l'Etna se poursuit toujours comme en témoignent le glissement sur cinq à six mètres du rebord Sud-Ouest de la caldeira au cours des éruptions de 1983 et 1992 ainsi que les récents séismes (juin 2012) qui ont secoué cette partie du volcan après plusieurs années d'un calme relatif.
Etna Sud Les Crateri Barbagello au pied des cônes Sud-Est
Un des cônes des Monti Silvestri supérieurs
Les cendres et lapilli sont un excellent isolant thermique. Ainsi il n'est pas rare de trouver, même en été, de la neige sous une couche de cendres volcaniques
Le bas de la fissure éruptive de 2001 sur le flanc Sud de l'Etna. L 'éruption de 2001 a frappé les esprits car elle s'est déclenchée simultanément sur les flancs Nord et Sud de l'Etna. En outre, sur la face méridionale, la fissure éruptive s 'est ouverte seulement quelques centaines de mètres au-dessus des Monti Silvetri et était donc très facilement observable par le public.
Évent fumerollien à la base d'un cône adventif à 2600m d'altitude
Les Monti Silvestri inférieurs et leur cohorte de touristes (ci-dessous)
Les basses pentes de la face Sud sont couvertes d'anciennes coulées de lave où la végétation reprend peu à peu ses droits.
L'ancien cône Sud-Est
Les cratères sommitaux Texte et photos: E. Reiter
Le sommet de l’Etna comporte actuellement cinq cratères ou bouches qui se sont ouverts au cours du siècle précédent : •
le cratère Nord-Est (1911),
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le cratère central qui regroupe la Voragine (1945) et la Bocca Nuova (1968),
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l'ancien cratère Sud-Est (1971)
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le nouveau cratère Sud-Est (2011).
Ces derniers sont dénommés depuis leurs multiples phases paroxysmales de 1999-2000 pour l'ancien cratère et de 2011-2012 pour le nouveau cratère, les cônes SudEst. Le sommet, en l’occurrence le cratère Nord-Est, voit son altitude se modifiée au gré des éruptions : 3 263 m en 1932 ; 3 295 m en 1956 ; 3 323 m en 1964 ; 3 345 m en 1978, 3318 m en juin 1989 Mais il risque, si l'activité au cône Sud-Est se maintient, d'être dépassé par le petit dernier. Si les cratères montent en altitude ils s’agrandissent également. Ainsi, la Bocca Nuova, qui n’était qu’un trou de quelques mètres de diamètre lors de son ouverture, en 1968, est aujourd'hui un cratère de plus de 300 m de diamètre. Dans un proche avenir le « diaphragme », qui sépare la Bocca Nuova de l’autre cra-
Ces quatre cratères sont "posés" sur un large replat qui se trouve vers 2 900 m. Cette zone correspond à une caldeira , le cratère elliptique, qui a été comblée par la succession des éruptions sommitales.
Hornito au pied de l’ancien cratère SudEst dont les basses pentes sont envahies de fumerolles
Le cratère Nord-Est fumant
Page suivante: Les pentes de l’ancien cratère SudEst d’où émanent de très nombreuses fumerolles lui donnant cet aspect fantasmagorique. Ces gaz réchauffent le sol dont la température dépasse 70°C.
Le cône du nouveau cratère Sud-Est
Les cratères sommitaux vus depuis Santa Venerina
Les deux derniers nés parmi les cratères sommitaux: les cônes des ancien et nouveau cratère SudEst
Coucher de soleil sur les cratères sommitaux
Le sommet du nouveau cratère Sud-Est couronné de dépôts soufrés provenant des fumerolles
Coulée de lave fumante et refroidissant entre les deux cratères Sud-Est
INGV Catania : La salle des opĂŠrations Textes: E. Reiter Photos : E. Reiter
L'unité fonctionnelle salle des opérations (OSVU) est la structure de recherche et développement technologique qui vise à promouvoir, coordonner et gérer un système de surveillance multidisciplinaire dédié à la surveillance des volcans actifs siciliens et des zones sismiques. L'OSVU maintient la salle des opérations où sont collectées en temps réel toutes les données relatives aux volcans siciliens et aux séismes de cette région. La salle est occupée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par deux personnes chargées de surveiller tous les paramètres s'affichant sur les dizaines d'écrans présents devant elles.
En cas de nécessité, les deux personnes présentes peuvent recevoir le support de différents spécialistes afin de mieux interpréter les données envoyées par les appareils de mesure. Toutefois, les fonctions de l'OSVU ne se limitent pas à la surveillance des volcans en temps réel. En effet, les scientifiques de cette section développent aussi des systèmes dédiés à l'analyse automatique en temps réel et hors ligne, interfaces Web et de nouvelles façons de traitement afin de toujours optimiser la prévision des événements géologiques de la région qui les occupe.
Sur ces écrans, sont recueillies des données sismiques, géochimiques, mais aussi visuelles (webcam) ainsi que météorologiques. En cas d'urgence (imminence d'une éruption volcanique, séismes), des procédures très strictes doivent être suivies pour prévenir les différentes autorités administratives (municipalités, préfecture de Catane, …), les secours (protection civile, …) mais aussi certains services publics qui peuvent être affectés par les événements en cours (aéroport de Catane par exemple, lors de l'apparition d'un nuage de cendres au dessus de l'Etna).
Les volcans vus du ciel
Même au repos, l'Etna montre de petits signes d'activité. Sur cette image capturée le 17 mars 2010, un petit panache brun s'échappe du cratère Sud-Est et part vers Sud Ouest alors qu'un panache blanc sort des cratères centraux (Bocca Nuova et Voragine) ainsi que du cratère Nord-Est.
Même au repos, l'Etna montre de petits signes d'activité. Ce dégazage est constant depuis les éruptions de 2009.