EN JE.
« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. » Charles Baudelaire.
APPARENCES.
D
e la fenêtre de ma chambre, j’avais plaisir à voir, à observer les gens, les vies de mes voisins, sans jamais être remarqué. Parmi toutes les maisons qui se tenaient devant moi, une en particulier retenait toute mon attention, c’était la plus grande maison du quartier, la maison de la famille F. La famille F représentait à mes yeux, l’incarnation de la famille parfaite. Monsieur F, bien que quelque peu dégarni était un homme très beau, toujours souriant, il gagnait bien sa vie et conduisait les plus belles voitures du moment. Il s’entretenait physiquement sur les cours de tennis de la commune et avait pris pour habitude de courir une heure ou deux chaque dimanche matin. Madame F quant à elle ne travaillait pas, ou peu. Elle n’en avait pas besoin, le salaire de Monsieur F à lui seul permettait déjà une vie confortable à l’ensemble de la famille. Madame F disposait donc de toute la journée pour s’occuper d’elle et de sa maison. Elle aussi était très belle, très élégante. L’intérieur de sa maison était toujours très propre, la décoration soignée, raffinée. Madame F adorait passer du temps dans son jardin et cela se voyait. De ma fenêtre je ne pouvais que constater, que de tous les jardins du quartier, il était de loin le plus fleuri. Elle semblait affectionner tout particulièrement les tulipes, qu’elle plantait chaque année avec minutie, sur l’allée centrale qui menait du portail à l’entrée de la maison. Monsieur et madame F avaient deux enfants, deux jolis garçons, Antony, qui était l’aîné de la fratrie et Kévin de quatre ans son cadet.
J’étais très proche d’Antony qui était vite devenu mon meilleur ami.
Le fait qu’il fasse partie de la famille F y était peutêtre pour quelque chose.
Antony était un jeune garçon du même âge que le mien, nous allions à la même école et étions dans la même classe.
PREMIERE FOIS. J’avais six ans la première fois que j’ai rencontré Antony. Il était nouveau dans le village et moi aussi. Nous étions à quelques jours de notre rentrée au cours préparatoire quand il m’a invité pour la première fois chez lui, à l’occasion de son sixième anniversaire. Je jetais un dernier regard par la fenêtre de ma chambre et voyais qu’il y avait déjà plein d’enfants qui jouaient dans le jardin de la famille F. Antony distribuait des chapeaux d’anniversaire à ses invités, il était temps pour moi d’y aller. Une grosse boite de chocolats sous le bras, j’avançais en direction de la belle maison. Je finissais par investir les lieux. J’arborais à mon tour un de ces couvre-chef coloré et découvrais enfin cette famille que j’avais déjà tant observée. A l’intérieur tout était comme je l’avais imaginé, le style de la maison était épuré, les couleurs étaient claires comme dans les magazines d’ameublement que ma mère collectionnait et rangeait dans le meuble de télévision de notre salon. Plusieurs photographies de la famille ornementaient de temps à autre les murs. A ma grande surprise, il y avait une piscine à l’arrière de la maison. Mais une fois cette constatation passée, la présence du carré bleuté me paraissait comme une évidence. Nous y avons d’ailleurs passé ce jour-là, l’essentiel de notre après-midi.
UN JOUR NOUS SOMMES. Je me souviens que durant cette année-là, la grand-mère paternelle d’Antony était décédée de façon très inattendue. Le jour de l’enterrement, un samedi, de nombreuses voitures étaient garées le long du trottoir de la maison, je pouvais même voir de ma stratégique position que d’autres encore étaient stationnées devant les habitations voisines. Tout le monde était vêtu de noir, Antony également. Décéder était un mot que nous avions déjà entendu et nous savions également ce qu’il signifiait. Pour autant, si mes souvenirs sont bons, c’était la première fois, autant pour lui que pour moi, que nous étions confrontés plus ou moins directement à la mort. Nous n’avions beau avoir que six ans, cet état de fait nous avait vite fascinés.
Un jour nous sommes, et le lendemain nous ne sommes plus.
Quand nous avons pris conscience de cela, nous avons commencé à nous prendre pour des dieux. Parmi les humains nous étions petits, mais autour de nous existaient des espèces bien plus petites encore, minuscules, auxquelles d’une simple pression du doigt, nous pouvions décider d’ôter la vie. Il fut un temps où il ne faisait vraiment pas bon d’être un insecte dans nos jardins. Après plusieurs aprèsmidi de génocides répétés, notre esprit sadique s’était quelque peu aiguisé, nous décidions de ne plus donner la mort aléatoirement, il fallait que les espèces condamnées se battent pour espérer toute absolution. Pour ce faire, nous emmenions toutes les bestioles que nous pouvions trouver sur «l’île». L’île, c’était une simple brouette (celle dans laquelle mon papa faisait couler son béton) que nous remplissions d’eau. En son centre culminait une grosse masse terreuse, l’île. Durant leur séjour sur l’île, les insectes avaient pour unique moyen de regagner la terre ferme, et donc leur vie, de petits canaux en brindilles d’herbes que nous disposions aléatoirement. Celles et ceux qui tentaient leur chance à la nage et donc qui ne respectaient pas la règle du jeu que nous avions fixée, nous prenions soin de les noyer. Nous nous sommes très vite intéressés plus particulièrement aux fourmis. Les fourmis n’avaient pas un caractère très facile, nous constations très vite qu’elles étaient les moins dociles de toute la bande. Mais c’était cela qui nous plaisait chez ces insectes. Les fourmis étaient de loin les plus vives et les plus aptes à la survie. Elles fonctionnaient d’ailleurs mieux en société que tout autre espèce. Au fur et à mesure que le temps passait, notre jeu évoluait. L’île devenait une arène et nos chères fourmis se voyaient promues aux grades
de gladiateurs. C’était nos gladiateurs auxquels nous donnions régulièrement à combattre araignées, mouches (dont les petites ailes étaient préalablement sectionnées par mes soins) et lombrics (de loin nos préférés). Nous ne donnions plus directement la mort, mais on la donnait pour nous. De dieux nous passions empereurs, mais notre pouvoir était plus grand. Jusqu’au jour où, l’un d’entre nous entendit parler de réincarnation. Dès cet instant il n’était plus question d’écraser le moindre insecte car nous craignions trop à l’époque, que la mamie d’Antony se soit réincarnée en l’un d’eux. Changer de jeu devenait alors inévitable, et comme nous avions grandi, nous commencions par la même occasion à viser plus grand. Nous en étions venus à en vouloir à la vie de nos propres congénères, les vivants. Nous ne priions ni même demandions à personne de tuer pour nous, tout se passait dans notre tête, nous faisions jouer notre imagination. Le plus souvent, ces épisodes survenaient quand nos parents partaient ensemble en voiture et nous laissaient seuls à la maison. Il ne fallait pas non plus qu’il reste avec nous soit son frère, soit ma soeur. Il était important qu’ils partent tous et que nous soyons les seuls à rester. C’est alors que commençait notre nouveau jeu. Nous nous positionnions à la fenêtre regardant tout le monde partir, puis, après quelques minutes nous finissions par penser à leur mort, un face à face en voiture, bref et sans bavure. Nous nous imaginions alors seuls, ou bien alors en train de partir vivre chez l’un ou chez l’autre, tout le monde à nos petits soins, à nous consoler. Nous ne désirions pas spécialement la mort de notre famille, cela partait même en fait d’un
sentiment d’inquiétude plus qu’autre chose, mais assez rapidement je me souviens que dans nos histoires, nous nous faisions assez vite à l’idée d’être orphelins et y prenions goût.
CHEZ LES F. Avec les années Antony et moi nous rapprochions plus l’un de l’autre, si bien que nous avions pris pour habitude de toujours aller à l’école ensemble. Un samedi sur deux, c’était Monsieur F qui nous emmenait au collège. La famille se levait aux alentours de sept heures. Moi je me réveillais en général un peu plus tôt car je pouvais voir le moment où les premières lumières de la maison F s’allumaient. J’étais toujours à l’heure le matin devant chez eux et j’ attendais patiemment que le portail électrique s’ouvre. Sortait ensuite du garage une superbe Audi A3 sportback grise dans laquelle je m’engouffrais vite. Je prenais place à l’arrière, toujours derrière Monsieur F. A chaque fois c’était le même rituel : durant les premières minutes passées dans la voiture régnait le silence, j’en profitais alors pour contempler le luxe ambiant dans lequel je me trouvais. Le tissu imprimé de la Renault 21 auquel je pouvais être habitué laissait ici place à un beau cuir noir mat, le tout agrémenté par-ci, par-là, d’éléments en acier chromé. Comme à son habitude monsieur F était très avenant et entamait vite la conversation. Nous discutions de choses et d’autres, j’aimais mettre en avant mes bonnes notes et l’intérêt que nous avions en commun pour les sciences, laissant ainsi de côté Antony. Monsieur F nous comparait fréquemment son fils et moi afin de pousser ce dernier à dépasser la moyenne de 12 à laquelle il l’avait habitué. Mais cela n’intéressait pas Antony qui préférait alors augmenter le volume de la radio, ce qui coupait irrémédiablement court à toute discussion et ce jusqu’à la fin du trajet. C’était le temps pour moi
de m’abandonner dans mes pensées et m’imaginais régulièrement à ces moments-là comme un membre de la famille F. En sortant de la voiture il n’y avait jamais aucune animosité entre Antony et moi, chacun savait que les torts étaient partagés.
SEXUALITE. Antony avait 11 ans la première fois qu’il a été confronté au sexe. C’était un dimanche soir, tandis qu’il essayait de finir dans le salon une lecture pour son cours de Français, Monsieur F était installé dans un des fauteuils du salon et regardait la télévision. Au bout de quelques heures de lutte acharnée, Antony finit par poser son livre et alla rejoindre Monsieur F. La télécommande en main, Monsieur F était en train de changer inlassablement de chaînes depuis déjà quelques minutes. Antony était confortablement installé sur un canapé quand Monsieur F tomba tout à fait par hasard sur un film érotique. Curieux de la manière dont allait bien pouvoir réagir son fils, Monsieur F décidait alors de laisser le film en question. Antony était complètement tétanisé face au spectacle qui se jouait devant lui. Il sentait bien qu’il éprouvait du plaisir à regarder ces images mais il se trouvait gêné que cela se fasse sous les yeux de son père. Le film dura une cinquantaine de minutes, après quoi Antony finit par partir aux toilettes avant d’aller se coucher. Quelque chose d’étrange se passait avec son sexe et sans savoir pourquoi il se mit à le secouer violemment. La sensation procurée ne lui était pas désagréable, mais il savait que Monsieur F finirait par se douter de quelque chose s’il continuait à s’attarder comme il le faisait aux cabinets. Il stoppa alors net les frottements répétitifs qu’il appliquait maintenant à son pénis et partit au lit. Le téléfilm érotique du dimanche soir était à présent un fait connu qu’il s’empressa de partager avec moi le lendemain. Durant les premières semaines nous ne rations pas le moindre rendez-
vous dominical jusqu’au jour où une trouvaille plus intéressante fit son apparition. Heureux hasard ou destin forcé, à peine deux semaines après sa première expérience érotique, Antony tombait sur la très fabuleuse réserve de magazines pornographiques de Monsieur F. Les dits magazines étaient dissimulés dans un simple plastique opaque rouge, en bas d’une bibliothèque accolée au canapé-lit de leur chambre d’amis. La maitrise de la masturbation n’avait plus de mystère pour lui, le geste était devenu rapide et sûr. Les va-et-vient de sa main additionnés aux petites photographies des magazines suscitaient chez le jeune garçon un plaisir insoupçonné qui s’intensifiait dans tout son corps jusqu’à devenir douleur au bout de son sexe. Un liquide semiopaque et visqueux s’échappait de lui, Antony venait de connaître sa toute première éjaculation. Il n’était pas peu fier de m’en conter tous les détails en classe le lendemain, de la sensation qui l’avait traversé lors de ses premières gouttes de sperme versées aux impressions suivantes quand il se mit à recommencer ensuite. La douleur n’existait plus dès la seconde fois m’affirmait-il, au contraire, il ressentait comme une décharge apaisante, très addictive même. Mon éducation sexuelle se poursuivait dans les sillages d’Antony.
MADEMOISELLE B. Ce n’est qu’en classe de quatrième que notre sexualité à tous les deux avait réellement commencé à se réveiller. Le sexe était déjà depuis deux ans un sujet qui nous travaillait et que nous abordions régulièrement (au moins tous les lundis matin). Pour autant, cela ne dépassait jamais le stade de l’expérience solitaire. Ici est sous-entendu que ni lui ni moi, n’avions ne serait-ce qu’un instant, envisagé de passer au stade supérieur avec une fille, même pas le moindre flirt. Le visionnage massif d’images pornographiques nous contentait très amplement, mais Mademoiselle B, notre nouvelle professeure d’Histoire-Géographie fraîchement diplômée, allait vite nous faire changer. Les cheveux blonds, les yeux bleus, le teint clair, Mademoiselle B avait conquis notre petit coeur dès la première seconde où nous l’avions vue. Je me souviens encore aujourd’hui des vêtements qu’elle portait ce jour-là, un petit sous-pull à col roulé noir et un jean brodé d’un F doré sur la poche arrière gauche. Quand Mademoiselle B riait, son visage devenait immédiatement tout rouge, écarlate, c’était d’ailleurs également le cas à chaque fois qu’elle se mettait en colère. Mais Antony et moi nous débrouillions toujours tous les deux pour la trouver dans le premier cas de figure plutôt que dans l’autre. Une rivalité entre nous deux avait commencé à s’installer. Garder le plus longtemps possible à notre table le sujet de nos fantasmes devenait notre défi. Le jeu gagnait en intérêt mais aussi en perversité quand nous avons pris conscience que lorsque l’un
arrivait à faire pencher la jolie professeure sur son cahier l’autre pouvait de temps à autre apercevoir un sous-vêtement qui dépassait des jeans serrés. Mademoiselle B n’avait malheureusement pas un goût prononcé pour les décolletés. Le plaisir des yeux ne pouvait donc jamais ravir Antony et moi en même temps. Mais nous étions beaux joueurs et alternions volontiers ce que nous appelions les rôles du voyou et du voyeur. En clair, jamais l’Histoire-Géographie n’aura été aussi passionnant !
LES AUTRES. Mademoiselle B nous avait ouvert les yeux sur le monde qui nous entourait, nous quittions la pornographie pour un monde plus réel, un monde d’adultes. Ce n’est encore que quelques années plus tard que les premiers flirts ont commencé. Ce qui est d’ailleurs très drôle maintenant que j’y pense, Antony avait réussi à se trouver pour petite amie, une copie conforme de notre très chère mademoiselle B, les mêmes cheveux blonds, les mêmes jolis yeux bleus. Cela ne dura que deux semaines, puis plus rien.
ENFERS. Le jardin de la famille F avait perdu de sa superbe. L’époque où je pouvais observer madame F passer des après-midis entiers à jardiner était à présent révolu. Madame F avait repris un petit travail dans la ville voisine. Je notais également quelques petits changements dans les habitudes de Monsieur F, il n’allait plus s’entraîner au tennis et ne courait plus non plus le dimanche matin. La vie de la famille F avait changé, mais personne ne pouvait imaginer à quel point la famille parfaite était sur le point d’imploser. Revenons à madame F. Si madame F s’était remise à travailler, ce n’était pas parce que les finances du ménage le nécessitaient mais parce que selon ses dires, elle ressentait le besoin de s’épanouir à l’extérieur de sa maison, se sentir plus utile. En soi, l’idée se tenait largement. Mais si madame F travaillait à présent, c’était en fait pour un tout autre dessein, elle était sur le point de quitter Monsieur F son mari. L’homme qui autrefois était avenant, elle ne pouvait désormais plus le supporter et ce, dès lors qu’il avait commencé à la frapper. Monsieur sourire abusait depuis quelque temps un peu trop de l’alcool, même leurs propres enfants n’étaient plus vraiment en sécurité. Pour ne rien arranger, Monsieur F voyait régulièrement quelqu’un d’autre, une femme elle aussi mariée qui dès que madame F avait le dos tourné, s’invitait dans le lit conjugal.
LE SUICIDE. Les temps étaient bien difficiles pour Antony qui avait abandonné les amourettes d’adolescents pour s’adonner à un tout autre type de flirt, le suicide. La mort qui autrefois nous fascinait, lui, avait décidé de l’expérimenter le soir même où il avait finalement appris par téléphone, que ses parents divorçaient. Il était aussitôt sorti de chez lui pour aller marcher de longues heures. Il faisait déjà nuit, ses yeux étaient tout humides. Il ne savait pas où il allait, mais peu lui importait. Le principal était de s’éloigner le plus possible de cette vie, quand, sans vraiment s’en rendre compte il s’était retrouvé en haut d’un pont. En contrebas, une eau glaciale le guettait, l’attendait. Il se dit que s’il ne mourrait pas de cet ultime saut, c’était le froid qui finirait par l’emporter. Il resta là pendant plusieurs minutes, immobile, sans savoir ce qu’il ferait. Au bout d’un moment il finit par revenir sur ses pas et rentra chez lui. Personne ne sut jamais rien de cette nuit. Il ne s’était rien passé ce soir-là et pourtant cela changea son existence tout entière, existence qui semblait avoir alors gagné en profondeur. Vivre n’était plus chez lui quelque chose qui lui était imposé mais un choix, car il savait maintenant qu’à tout moment il pouvait retourner sur ce pont et y mettre définitivement un terme. Mais son état psychique ne s’améliorait pas, il comblait son mal-être comme il le pouvait et était devenu accroc aux tentatives de suicide. La dernière en date avait été occasionnée par une consommation excessive de bon nombre de médicaments. Une fois le tout ingéré, il s’était couché
dans son lit, le visage plus serein qu’à l’habitude et c’est avec la même expression qu’il finit par se réveiller le lendemain. Fort heureusement cet énième acte désespéré ne lui avait pas été fatal, mises à part les douleurs aux reins qu’il n’eut pas d’autre choix que de supporter en silence pendant près d’une semaine.
LE DEPART. Il aura fallu quatre petits mois à madame F pour quitter la vie dorée qu’elle s’était créée pendant toutes ces années. Elle partit loin et emmena avec elle ses deux enfants.
Aujourd’hui, Antony a déménagé.
De ma fenĂŞtre je ne vois plus rien maintenant.