DÉ
RI
VE
D É R I V E S dériver lâcher prise seuls moments privilégiés où l’on peut se laisser surprendre dériver c’est accepter l’imprévu ne plus se fier à ses points de repère et larguer les amarres pour l’inconnu à quand remonte ma dernière promenade la dernière fois que j’ai marché sans but la dernière fois que je me suis laissé surprendre?
Salut! J’espère que tout se passe bien pour toi. Je t’envoie ce message pour te dire que j’ai un projet pour toi... On travaille avec mes collègues sur une édition qui pourrait t’intéresser. :) Tu peux voir plus de détails sur le site www.errance.fr . Si ça te branche on se recapte. Le projet se fait sur une ville. On pourra voir ensemble pour tout ce qui est transport et logement. Tu pourras m’appeler dans la semaine pour me donner ta réponse.
Non pas vraiment mais on attend d’avoir toute l’équipe ici pour commencer le brainstorming :) L’idée de base ce serait de présenter la ville par une déambulation. Y’aurait quelques images, des textes et le site officiel de la ville que je t’ai donné tantôt. Super !
Hey ! Ça faisait un bail :D Je suis trop chaud, ça a l’air cool ! Faut que j’ai un peu plus de détails sur le projet mais je suis carrément partant :) Vous avez déjà une idée précise du truc ?
ok bah je suis chaud ! je te redis ça dans la semaine alors. :)
Aujourd’hui j’ai pris le train. Je me suis mis à l’aise, je me suis bien calé au fond de mon siège. Un homme est arrivé et m’a demandé si cela m’ennuyait de lui céder ma place. C’était un très vieil homme. J’ai soupiré et dis que oui, cela m’ennuyait. Il a répondu qu’il n’y avait plus d’autre place dans le train et qu’il ne pouvait pas rester debout à cause de son arthrite. J’ai jeté un coup d’œil et en effet il ne restait plus aucune place assise. J’ai mis mes écouteurs et j’ai fermé les yeux, je le sentais encore devant moi. Il a insisté mais je l’ignorais. Quand le train s’est mis en marche il est tombé.
Enfin je pensais être tranquille mais plein de gens sont venus tout autour du vieil homme.. Il s’était cassé une jambe. Quelqu’un tira le levier d’arrêt d’urgence; c’en était trop. Je me levais avec résignation et soulevais le vieux monsieur. L’amenant jusqu’à une porte que j’ouvris je le jetais sur les railles et refermais derrière moi. Enfin je pus revenir à ma place, les gens étant descendus à leur tour.
(en chuchotant) Bonjour, billet s'il vous plaît. . (normalement) Bonjour, attendez je l'ai dans ma poche. (en chuchotant) Monsieur, ne criez pas s'il vous plaît. Je vous entends très bien. (normalement) Mais je ne crie pas. (en chuchotant) Monsieur, vous êtes dans un transport en commun. Veuillez ne pas crier je vous entendrais aussi bien si vous parliez normalement. (en baissant le ton) Mais je.. (en chuchotant) Vous voulez que j'appelle la sécurité? Arrêtez de hurler ou je vous fais descendre du train. (en parlant bas) Voilà ma carte. Mais je ne hurle pas, c'est vous qui chuchotez. (en chuchotant plus fort) Êtes-vous sourd ? Je vous ai dit de baisser le ton! Vous êtes peut-être mal entendant. (en chuchotant) non mes oreilles vont bien, et je vous assure que je ne criais pas !
(en chuchotant) vous parlez encore très fort monsieur. Et moi je vous assure que vous indisposez les passagers. (en chuchotant encore plus bas) bon je m'excuse. Et maintenant, c'est assez bas ? (en chuchotant) oui, ne criez plus où la sécurité viendra vous demander des comptes c'est compris ? Tenez, votre carte. (d'une voix presque inaudible) oui, j'ai compris, je m'excuse. (en chuchotant) d'accord, bon voyage monsieur. (en criant) merci !
Ha, merde. Beaucoup ? Ne t’inquiète pas la réunion ne commence que l’aprèm t’as le temps. ^^
Mais non ! dis pas ça ça doit être un animal mort sur les rails. Y’en a plein en ce moment avec le printemps et tout. Vas-y à toute.
C’est pas de veine.... Mon train a du retard.
Je sais pas ils nous disent rien. J’ai vu des gens sortir du train. Il est blindé de chez blindé c’est une horreur :/ J’espère que c’est pas un attentat ou quelque chose du genre...
D’accord je te tiens au courant.
Charogne se rince le visage avec l’eau d’un robinet extérieur. Il en boit quelques gorgées, s’essuie avec son débardeur informe puis se dirige vers son vieux pick-up garé la veille sous un grand marronnier, non loin du banc où il a passé la nuit. C’est un vieux modèle avec un large plateau. De ceux qu’on utilisait pour le transport des troupes pendant la guerre d’Algérie. Rouillé, crachant une fumée noire en gravissant péniblement la pente, il représente son seul bien. La porte couine, les essieux grincent, Charogne tourne la clé. Le moteur crachote, faiblit, est sur le point d’expirer et finalement démarre dans une pétarade inouïe et une volute de suie. Au même moment l’église, une longue épine bien droite, fait entendre l’angélus de sept heures. Le tacot soupire sur le parking de la gare. Charogne fume tranquillement sur son siège rabattu à quarante cinq degrés. La luminosité augmente progressivement, le ciel passe d’un gris sombre à un bleu argenté. Entre deux bâtiments il peut voir un bout du fleuve voilé par une brume légère, il va faire beau. Le temps s’écoule, paisible, dans un silence de campagne. Les vitres baissées laissent entrer le chant des oiseaux, le vent, la rumeur du fleuve, il sent le bitume humide du parking, l’odeur lourde de la rosée qui s’évapore et le limon provenant du cours d’eau. Huit heures passe et rien ne bouge. Charogne
s’est redressé, il fixe désormais les rails qui courent derrière la rangée de maisons. Les minutes s’alourdissent, la tension monte dans l’habitacle. Charogne grogne et tapote nerveusement la portière, il attend. Il fait parfaitement jour quand enfin le sifflet du train se fait entendre. La machine entame la pente de la colline. Serpent métallique brûlant sous les reflets du soleil il s’élance et prend rapidement de la vitesse. Il dépasse l’usine, disparaît momentanément derrière la mairie, puis refait surface en attaquant la dernière partie de sa descente. Charogne entend le cataclop du moteur grossir tandis que les wagons foncent tout droit vers la gare. Un autre coup de sifflet, plus long cette fois, et le crissement strident des freins retentit. Trois voitures longues de cinq mètres chacune s’immobilisent dans un souffle de vapeur. Charogne lorgne la queue du train que la gare ne masque pas. Quelques secondes passent. Les portes s’ouvrent et vomissent une foule grise d’hommes et de femmes pressés. Le lieu se remplit tout à coup. Quelques costumes de contrôleurs régulent le flux silencieux. Charogne met le contact. Les premiers passent les portes et s’écoulent vers le pickup vrombissant.
Bien arrivé?
Ha? merde. Les contrôleurs l’ont pas interpelé ? Y’a toujours des fous sur ces grandes lignes :/
Bon j’espère que le reste de ton voyage va mieux se passer. Tu vas prendre un bus pour arriver dans le centre. Je crois que c’est la ligne A mais j’en suis plus trop sûre. Après t’as encore large le temps, tu peux en profiter pour visiter les abords de la ville. Moi je serais dans les locaux de la réunion qu’à partir de onze heures. Si tu veux on peut se rejoindre pour cette heure. Yes c’est cool ! Si tu veux y’a le plan de la ville sur le site je te file le lien : http://www.errances.fr/?p=68934 À toute à l’heure.
Oui je sors de la gare. Quel enfer. J’ai passé tout le trajet avec un mec qui gueulait comme c’est pas permis.
À peine si la contrôleuse lui a dit quelque chose. :( Mais bon, je pense qu’il était sourd.
Ouai ça me va. En plus il fait beau. :D
À L’HORIZON JE VOIS UNE RANGÉE DE PINS BIEN RANGÉS À L’HORIZON JE VOIS LE HAUT D’UNE COLLINE AVEC UNE RIVIÈRE COMME UN COLLIER À L’HORIZON JE VOIS LE CIEL SI BAS ET SI GRIS ET LES DERNIERS RAYONS DE MIEL À L’HORIZON JE VOIS LA CABANE À L’ENTRÉE D’UN CHAMP DESSÉCHÉ À L’HORIZON JE VOIS LES TOITS D’ARDOISE ET LEURS CHEMINÉES DROITES À L’HORIZON JE VOIS LES ANGLES DES USINES ET LEURS OMBRES EN RECTANGLE À L’HORIZON JE VOIS DE LA BRUME OU DE LA FUMÉE IL Y A DES FOIS QUELQUES MÈTRES, D’AUTRES FOIS QUELQUES KILOMÈTRES ENTRE MOI ET L’HORIZON.
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Va voler des livres Sine Sole Nihil !
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tYK0
DBZ
Radiocroco -→100,3 FM
STOER
Bretagne
Matériaux
Fin de zone 30
STOP
P
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LES VOYAGES SOMMAIRES à travers la ville dépourvue de rues passent en chantant les piétons dépourvus de corps la main mange seule sur une table du buffet de la gare toutes les deux heures elle chipe quelque grain de raisin à l’endroit où s’est tenu le chasseur se prélasse maintenant le vautour immense dans le bassin l’eau est tranquille le noyé s’est recroquevillé sur les marches de pierre au-dessus du mot ville flotte le mot brouillard le mot homme regarde par le mot fenêtre MATEI VISNIEC
Si tu peux passe par l’église dans le centre-ville. Tu vas voir elle vaut le coup d’œil. ;)
Gare - Saint-Anne Gare routière quittée.. Façades de couleur crème avec fenêtres régulières au-dessus du rez-de-chaussée qui fait commerce. Stop. Fac de droit, grande façade brune avec cage d’escalier vitrée le scindant en deux et à gauche une grande boîte de béton coiffée d’un étage de fenêtres en bandeau. Stop. Les immeubles s’espacent, s’allongent. Stop. Petites maisons de briques rouges aux toits pointus entre terrain vague et Banque Populaire. Stop. Premiers travaux : béton morcelé sous poussière blanche et grande grue trop haute pour en voir la fin. Stop. Lotissements et barres d’immeubles, et série de balcons identiques avec leurs tables en fer blanc et leurs paires de chaises en fer blanches et jamais personne assis. Stop. Gymnase au toit en tôle ondulé et terrain vague à demi caché par une haie décrépie. Stop.
Saint-Anne - Gare Résidences à trois étages au bord d’avenues rectilignes. Long bâtiment de briques rouges avec des fenêtres noircies, cours désertes. Stop. Trottoirs s’élargissent en place ronde avec quelques arbres et quelques bancs et personne dessus. Façades nues avec balcons blancs trop petits pour y mettre autre chose qu’un pot de fleurs. Stop. Les commerces envahissent les rez-dechaussée qui deviennent des vitrines découvrant des bureaux vides derrière des affiches tape-à-l’œil. Bâtiment énorme et gris avec un chapeau plat en béton. Tout autour un terrain vague caché par des palissades de tôles bleues sombre. Stop. Lavomatiques aux néons crus et rangées de poubelles à couvercles jaunes et les premiers pavés qui nous secouent et les premières structures administratives descendant Gambetta. Stop.
Bzz bzzz font la radio et les passagers
« les humains sont
minoritaires
à la bourse »
« On lutte comme des algorithmes on tape sur « Le gars a le QI d’un cendrier »
« Les musées sont des
cimetières
« Comment je fais pour le mettre en
plein
»
« Tu connais Cathia »
des claviers
« Le commun ça me saoul » pour lutter »
« En venant y habiter ils perdent
un million de globules rouges »
« J’en ai jusque sous les bras » « Il a dit
C’est une
Drag Queen
»
salade tomate oignon
»
« Vous ne transformez pas
un truc
pas comme ça en
un truc «
«
Machista!
comme
ça
Un bon
»
« Le rouge c’est la couleur du sang c’est la couleur des indiens c’est la couleur de la
« Je peux le faire
très rapidement très rapidement
et
très vite
»
« Périphérie, c’est la banlieue un peu moins crade » »
médiateur c’est quelqu’un qui regarde avec toi il n’est
pas
entre »
« L’art c’est quelque chose qui sépare »
violence
»
« Ah ça
ira
»
Dans ma ville se dresse une magnifique église. Fine comme une aiguille elle touche les nuages et ses cloches sont en verre. Elle est faite de briques rouges et de grands vitraux multicolores inondent la nef d’arc-en-ciel magiques. Dedans, pas de Christ mort sur la croix; au lieu de ça je le trouve bien vivant, passant le balai près de l’autel. Il me regarde d’un air sévère et me dit: « Sortez monsieur, l’église n’ouvre que dans une heure. »
ACT Sur le péron de l’église.
Moi-même, trois gargouilles, Dieu.
(Les trois gargouilles sont posées nonchalamment sur les marches, l’une fume une cigarette, les deux autres discutent. Elles se taisent à mon approche) Moi: Vous n’allez pas me croire, j’ai vu Dieu passer le balai dans cette église! Il était là, il m’a demandé de sortir.
Gargouille 1: Et à quoi vous attendiez-vous? Il n’ouvre que dans une heure. Gargouille 2: Le pauvre, il doit être à cran.. Gargouille 3: Venir de si loin. Pour si peu de texte.
(Les trois gargouilles soupirent en même temps. Silence. Les gargouilles me fixent l’air réprobateur. Je me sens gêné. Silence. Elles s’agitent d’impatience)
Moi: Je suis en ville depuis peu. Je viens pour un projet d’édition avec un ami. Sauriez-vous par hasard où se trouve mon point de rendez-vous? Gargouille 2 (tout bas): Il a oublié son texte..
Gargouille 1 (en chuchotant) Merde mais qu’est-ce qu’on fait?
Gargouille 3: Hum. Oui nous savons où il se trouve. Nous saurions nous y rendre sans problème. Mais vous qui venez d’arriver vous risqueriez de vous perdre. Même avec nos indications, le chemin reste compliqué.
TE I Moi: Est-ce loin?
Gargouille 2: Cela fait une bonne marche oui.
Moi: Ha. Vous pourriez m’accompagner? Juste pour me guider au début, que je ne m’égare pas. Gargouille 3: Et bien c’est que nous ne pouvons pas bouger d’ici. Nous sommes occupées. Moi (levant le sourcil): Ha bon? Et à quoi?
Gargouille 2: Et bien à gargouiller. On gargouille ici et on ne peut pas le faire ailleurs voilà.
Moi: Et si un seul d’entre vous m’aidait. Il en resterait deux pour gargouiller! Je ne pense pas que Dieu ait la tête à compter ses gargouilles! Gargouille 1 (génée): Mais.. c’est que.. Gargouille 3: Ce n’est pas..
Gargouille 2: C’est impossible. Vous, nous, moi, eux. Il faut qu’on soit là. Sinon il n’y aura plus de sens. Gargouille 2 (timidement): On pourrait peut-être heu.. Gargouille 1: Oui on pourrait faire une pause maquillage. Le temps de lui donner la direction? Dieu (claquant les portes de l’église et criant sur notre petit groupe qui sursaute): CASSEZ-VOUS! On s’entend plus répéter!
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OK fais vite la réunion commence dans une heure. Oui elle peut parfois être déroutante. :) Y’a trois personnes qui sont arrivées pour le moment. Tu les connais peutêtre déjà, ils sont vraiment cool. Je t’envoie leurs noms attend 2 secondes.
Je me suis un peu perdu lĂ . Je suis en train de revenir dans le centre par un parc. La ville est vraiment bizarre.
Je suis arrivé dans un parc. J’étais en train de fumer quand un jardinier se présenta. Il vint jusqu’à moi et, sortant un sécateur de sa poche il me coupa le petit doigt. – Que faites-vous lui demandais-je. – Et bien je coupe me répondit-il calmement. – Mais je ne suis pas un arbre! – Ils disent tous ça. Tandis qu’il coupait mon index ma cigarette tomba. – Ça me fait mal lui dis-je. – Il faut bien dit-il alors que mon pouce et mon majeur tombaient à leur tour. Je protestai encore un peu. Mon annulaire et trois doigts de mon autre main furent sectionnés promptement. – Comment je fais maintenant pour fumer avançais-je bien que je n’en avais plus envie. – Hé, à quoi pensez-vous que sert l’élagage me lança-t-il en s’en allant.
Mais genre je sais tkt que tu es trop bien mais si bo est ce qu'il faut que ça fait plaisir je suis trop drôle pas comment je te souhaite de me prendre en tof je pense pas trop bo tu es la vdo je suis là tu es là tu sais pas je sais tkt que ça me va et je sais tkt que ça me va mais ça fait bizarre je suis en vacances mais il est là tu sais quoi
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je t’aime mon ange et c est vrmt fou ce que tu dis moi je vais rentrer chez toi et toi aussi c est rÊel, tu me dis que je peux pas arriver chez toi tu me diras attention, tu vas faire des courses mais il a pas de la relation client. je t’aime fort mon ange tu vas y a de cool alors je vais me doucher mon petit cœur je t’aime ma vie. je t’aime ma mère me faire un dossier pour le moment sans la voiture de mon côtÊ et c pas des mÊtiers du bien de te parler ces questions pour la tête avant que je peux te dire ce soir !
suis sur dz cette semaine alors je vais voir si je peux pas venir avant parce que je dois faire la culture G pour demain soir et je vais voir ça avec ma mère et je te dis ça demain soir you can look it or find a bit more about it here here at this gallery and I’d love to see more pictures of her dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog dog
Je marche dans la rue quand je vois un policier arrêter un chien.. Qu’a-t-il fait ? Une crotte. Sur ce trottoir. Voyez ? Oui. C’est répugnant. Ça lui coûtera cher. Croyez-moi. Bien, bien. Si seulement ils savaient se retenir… Je continue ma route tandis que le chien, tout penaud, monte dans la voiture du policier.
T’es au poste ! Il t’es arrivé quoi ? C’est grave ? En vrai je peux venir si t’as des problèmes :O
C’est chaud ! Bon je vais dire que tu as eu un empêchement, on commencera sans toi c’est pas grave. Appelle-moi si t’as besoin.
Je pense pas que je pourrais arriver finalement. Je suis au poste de police là. Ça va prendre du temps je pense. :/
Non je vais bien mais j’ai défendu un pauvre type qui se faisait massacrer dans la rue. J’ai rien mais lui il est parti à l’hôpital. Les flics veulent prendre ma déposition je pense pas pouvoir sortir avant le début d’aprèm... Je suis désolé mec.
Ok. Je te dis quand je sors.
Les nouveaux arrivant sont descendus du bus, ils ont l’air perdu. Pas de la région se dit-il. Le mari se tient droit, sa femme un peu en retrait garde ses deux enfants près d’elle. Ils n’ont pas encore vu Charogne. Leurs regards convergent vers le panneau d’affichage du plan du centre-ville. Charogne approche, se racle la gorge et dit d’une voix qu’il veut amicale : « Y’a pas d’bus avant vingt minutes. Vous êtes v’nus par l’dernier. » Ils le regardent avec méfiance. La mère cherche du regard un contrôleur mais il n’y en a aucun, ils ne sont que tous les cinq dans le grand hall. Le père est un fermier dans la quarantaine, massif, à la mine grave. Il décide de venir au-devant du sans-abri, le reste de sa famille ne bouge pas, ils l’attendent en silence. « B’jour. J’viens ‘vec ma femme et mes gosses pour l’messe de c’soir. J’ai d’la famille dans l’coin. Un cousin. » Le gars parle en remuant sa grosse mâchoire comme s’il ruminait. Ses bras sont enfoncés dans un vieux jeans usé, il dévisage Charogne qui lui rend un parfait sourire. « Une messe tu dis ? J’en ai pas entendu parler. Où qu’il habite ton cousin, j’peux t’y emmener dans mon auto s’vous voulez. La montée est raide, c’s’ra plus facile pour l’gosses. - J’dois r’trouver mon cousin à l’glise. On va ensemble pour l’messe pour l’mort d’un oncle. - Pour un oncle ? J’ai pas
d’nouvelle d’une messe commomorative. - Non, c’est en mémoire d’mon oncle qu’est mort y’a d’ça vingt ans. Et mon cousin m’y attend. Elle c’mmence à vingt-deux heures. - Mhm… L’glise est vers là-bas, ‘près l’parc. J’peux vous prendre tous dans mon pick-up et vous y s’rez en moins d’vingt minutes. » Le fermier fait signe à sa femme de le suivre et tous les cinq sortent de la gare routière dans l’air chaud de midi. Le ruban de goudron se déroule loin, coupé à sa moitié par l’ombre de l’usine. Le bâtiment religieux est déjà presque invisible dans la pénombre. La femme cherche de nouveau quelqu’un mais l’endroit est désert. Le fermier hésite. Il finit par grimper le premier sur la plate-forme. Chacune de ses grosses mains agrippe un enfant et le propulse à l’arrière, sa femme embarque la dernière. Charogne s’installe dans la cabine et met le contact, sa main déjà sortie par la lunette arrière attendant les quelques pièces pour la traversée. Mais rien ne se passe. Il a beau tendre le bras, faire de petits gestes du poignet, écarter ses longs doigts osseux, aucun sou ne vient se poser dans sa paume. « Hé ! - Quoi ? Répondit le fermier. - Et bien, la petite pièce, pour l’voyage. Croyez qu’c’est gratuit l’essence ?! - Vous v’lez des sous ? - Sans blague ‘foiré. Un sous par personne, c’est rien pour l’service.
- Mais j’n’ai rien sur moi. À part pour la quête. - Donne. Sinon j’t’emmène pas. - Vous v’lez faire payer moins d’un kilomètre d’trajet ?! - C’est d’la montée. Ça consomme. - Non. - Quoi non ? - Et b’en j’donnerai rien. Allez, tous, on descend. » L’auto tressaute deux petites fois pour les enfants, presque pas pour la femme et grince affreusement pour l’homme. Charogne est furieux, il coupe le contact et sort d’un bond. « Hé ! - Quoi ? - T’fais quoi ‘foiré ? - On monte à pied. - T’peux pas, faut qu’tu m’payes ! - T’es un charlatant, un pauv’ type. On monte à pied. - T’crois qu’j’vais pas t’secouer par-c’que y’a ta famille qu’est là ?! - M’cherche pas ou c’est moi qui t’secoue. On va à pied et tu nous fous l’paix. » Il les regarde marcher. Il bout, tape du pied. Le sang dans ses tempes recommence à tambouriner un rythme sauvage. Sa tête explose et il bondit sur le fermier. Charogne fait deux têtes de moins et ne pèse pas la moitié de son poids. Mais sa fureur est grande et l’autre, surpris par l’attaque, n’a pas le temps de répliquer qu’il est à terre, roué
de coups. Charogne grogne et de la bave lui coule sur le menton. Il le frappe de toutes ses forces, martelant son visage qui devient rouge. À côté les deux enfants gémissent et pleurent dans la jupe de leur mère. Celleci, pétrifiée, ne peut que supplier d’arrêter. Alors que Charogne cogne encore, l’autre l’attrape par son débardeur et le retourne comme une crêpe. En moins d’une seconde les rôles s’inversent et le sans-abri se reçoit une volée de poings en pleine figure et dans les côtes. Il se débat, se tord comme un diable, mais la prise du fermier est trop forte. Ses grosses mains s’abaissent comme des marteaux et bientôt Charogne ne voit plus rien. Tout son corps est aiguillonné de douleur. Il sent le sang lui couler dans la bouche et le long du cou. Les bruits sont de plus en plus lointains, il aperçoit la silhouette d’un jeune homme courant vers lui. Vient-il le sauver? Ou veut-il lui aussi lui voler son argent? Il s’évanouit sans sa réponse.
La cité judiciaire. Je rentre dans une pièce où l’on a jeté deux bureaux, quatre chaises et un meuble de rangement. L’agencement est du type temporairement permanent, du genre on s’y sent mal mais on ne touchera jamais à rien, de peur de casser la routine sans doute. Je m’installe à gauche en face de la poupée en uniforme qui m’a servi de guide. Elle a une bouche énorme, tirée comme un élastique d’une joue à l’autre. Elle a des petits yeux bleus maquillés et une énorme touffe de cheveux crêpés qui lui donne un air de barbie usée. Son ton est professoral et désobligeant. Je me dis que j’ai quand même de la chance car l’employée à côté me semble pire : elle répond au téléphone d’un ton traînant en faisant des blagues gênantes. Acerbe et acariâtre, taclant et gueulant la première quand les choses s’enveniment. Au moins je sais qu’en faisant profil bas devant miss leçon-de-vie cela filera sans histoire. La procédure prend quand même du temps. Je la regarde marteler son clavier touche par touche comme si c’était une vieille machine à écrire. Elle a des tics impressionnants quand elle se concentre, passant du citron acide à la redescente de LSD. Je remarque le lino avec un imprimé de marbre rose. Je me dis qu’il ressemble beaucoup à des tranches de jambon. Des gens vont et viennent dans ce cagibi. Le classique poste radio susurre de vieux titres pop, juste assez bas pour qu’on y fasse plus attention à l’instant où on reconnaissait l’air du tube. L’attente s’allonge. Je commence à être à court de divertissements visuels. À côté, la femme au ton traînant se fait aider par une collègue pour apprendre à remplir un formulaire. « Ha oui, je suis très rapide moi ! » Peut-être un peu trop pour ton esprit me dis-je. Sur l’imprimante, collées au hasard sur le plastique gris, des étiquettes de pommes consommés au fil des pauses-goûtées. Le dossier est enfin complété. Je me lève, elle me sourit, crispée à en faire sauter ses zygomatiques. La suivante sur la liste, une femme avec une poussette, s’affale sur le siège. Elle est en pleure et parle déjà d’une voix étranglée mais je n’écoutes pas, je suis déjà hors du bâtiment.
La réunion vient de finir. On va manger un bout au Mc Do pas loin de la grandplace. J’espère que ça va de ton côté et que tu pourras nous rejoindre bientôt.
Pour cuisiner les enfants il vous faut les sécher la tête en bas pendant au minimum 24 heures (le temps que la peau dégraisse un peu). Une fois cela fait, préchauffez votre four à 200°C. Prenez la viande et coupez-là dans le sens de la longueur. Garnissez de thym frais, d’aneth et de gros sel puis mettez au four. Dans une casserole faites cuire à feu doux les légumes préalablement découpés en gros dés avec l’eau et le bouillon. La viande doit être dorée sans être craquelée. Débarrassez-vous des cheveux s’il en reste et garnissez le tout d’oranges pelées. Mettez la viande dans un grand plat et disposez les légumes autour (le bouillon peut être servi avec la salade). Ajoutez quelques patates et remettez au four pour 10 minutes thermostat 7. Servez tout de suite après.
Astuce du chef: Vous pouvez aussi réaliser la cuisson à petits frémissements sur un coin de votre fourneau, en laissant cuire 30 minutes.
Elle est une poupée poudrée. Dans sa robe de papier froissé, avec les yeux délavés qui coulent sur ses joues de porcelaine, elle regarde passer Lui Lui est un nounours en tissu. Il lui manque un œil et une oreille, son pantalon gris est troué et il regarde ses pieds en coton Elle le traite de chiffon, lui de pantin moche
Aujourd’hui j’étais à l’entrée d’une usine. Il était midi et les employés sortaient pour aller manger à la cafétéria. L’un d’eux s’est assis au milieu d’un banc. Il tenait à la main un attaché-case qu’il posa sur ses genoux. Méthodiquement il en sortit un thermos qu’il posa à sa gauche et un emballage plastique qui vint à sa droite. Il fouilla une dernière fois la pochette pour en sortir un grand mouchoir blanc en tissu qu’il étala sur toute la surface de sa sacoche en y enlevant tous les plis. Ses gestes étaient lents et infiniment précis. Il déboucha d’abord le thermos. Il mit le bouchon-tasse sur le coin gauche de sa serviette et le remplit à ras-bord de ce que j’identifiais être du thé glacé. Il reposa la bouteille puis prit le petit récipient et en bût une bonne gorgée. Il la reposa à sa place après ça. Ensuite vint le tour du sandwich. Il mit une éternité à le déballer, couche après couche, en lissant à chaque fois la cellophane. Enfin il eut au centre de sa mallette son casse-croûte qui, je le remarquai, était déjà entamé. Il fit encore durer son rituel en écartant chaque miette une par une puis en se frottant les mains longtemps. Je me dis qu’il rendait le moment très solennel.
Il regarda sa montre, parut satisfait, croqua un généreux bout de son en-cas et le reposa en mâchant posément. Le reste de la scène n’est que l’inverse du début. Il jeta le reste de son thé dans les fleurs à côté. Son repas fut remballé avec autant de soins qu’il en fut sorti, son thermos rebouché et sa serviette repliée tout revint dans son sac. Quand il se leva la sonnerie de la reprise du boulot retentit.
je vais commencer à être à bout d’argument si tu te pointes pas avant la reprise de la réunion ! Tu as l’adresse ?
Désolé de pas t’avoir répondu. J’ai pris de quoi manger dans un Carrefour pas très loin du centre. Je suis google maps mais j’ai pas l’impression qu’il m’amène au bon endroit :/ ça fait un quart d’heure que je marche et je pense que je m’éloigne du centre.
Oui oui mais mon portable va s’éteindre. Je vais demander mon chemin ça va le faire.
Ma maman n’aime pas quand je crie au supermarché. Elle devient toute rouge et elle s’énerve. Quand elle essaie de m’attraper je cours dans les gens et je crie plus fort. Souvent elle pleure. Ma maman elle elle crie jamais. Elle parle tout le temps tout bas. Moi j’aime pas parler tout bas, je préfère crier comme ça tout le monde il m’entend. Une fois j’ai crié à la bibliothèque, ma maman elle m’a pris et elle est partie en courant, je crois qu’on n’a plus le droit d’aller à la bibliothèque. Après que j’ai crié elle me dit : JeanJean pourquoi tu as crié ? Tu sais bien que j’aime pas ça et blablabla… » Alors moi je commence à pleurer très très fort et j’essaie de le faire le plus longtemps possible. À la fin de la semaine j’ai mal à la gorge, mais je suis content par ce que j’ai bien crié et qu’après avec mon papa je crie plus. Si je crie et bah mon père il s’énerve et il crie plus fort que moi. Et si j’arrête pas et bah il me fait mal… Ma maman elle elle devient juste rouge et elle essaie de m’attraper et de partir. C’est rigolo de faire la course avec elle et de foncer dans les jambes des gens. Des fois je crie à la maison mais là personne ne me coure après. Ma maman elle s’enferme dans sa chambre et c’est moins rigolo. Maintenant on y va presque plus dehors avec maman. Et je peux plus crier devant les gens. Alors j’aime plus les semaines où je suis avec elle…
Si je suis perdu et que je ne sais pas comment faire pour retrouver mon chemin? Ferme les yeux et remonte le temps. Ton parcours se déroulera en sens inverse et tu pourras retrouver l’endroit où tu t’es perdu. Ha! Malin… Mais si je me suis perdu depuis le tout début. Si je remontais aussi loin que je me souvienne et qu’aucun chemin ne se présentait? Et bien il faudrait recommencer tout du début. Reprendre quand tu avais encore tout les choix. Oui, mais comment faire pour ne pas se tromper cette fois?
droite
Prend Ã
Tu veux quoi?
Je veux que quand j’entre dans le métro tout le monde baisse les yeux.
Tu manges quoi?
Quelque chose à michemin entre un Big Mac et une cuisse d’enfant.
Tu penses à quoi?
Je pense que si la chose était si simple on aurait déjà trouvé la solution.
Désolé mais la réunion vient de se terminer...
Pendant la réunion on a décidé te retirer du projet. L’édition se fera sans toi. Désolé mec...
C’est pas la peine, on est tous déjà parti. Le retard ça leur a vraiment pas plu.
Ça sert à rien d’insister la décision est prise. J’y peux plus rien.
J’arrive, je suis dans le hall d’entrée!
Merde. Il reste des gens ? Faut qu’ils voient au moins ma tête quand même. :D
Mais je suis là ! C’est pas possible ! Dis moi à quel étage tu es je te rejoins.
Et l’édition ? Et le projet sur la ville ? J’ai des idées maintenant, ça y est je l’ai visité je peux y travailler tout de suite si vous voulez !
FERME BIEN TA
Imprimé en 2019
Réalisé dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création «Errences»
EESAB – Site de Rennes
L’atelier Errances : http://www.errances.fr/ Errances éditions : http://www.errances-editions.fr
Poème de Matei Visniec page 27 Site : https://www.visniec.com/
Typographies : Fragment Core
Sergoe UI Symbol
Microsoft YiBati
RÉ
VI