ZIZI ET MANDOLINE - Tome I
Zizi et Mandoline
LE FEVRE - DOLCI Hugo
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation ainsi que d’interprétation libres et ouverts pour tous pays, y compris en maisons closes.
© Editions ZIZI-Paillette, 2018
A celui qui a les yeux de sels, et la barbe rousse.
- PERSONNAGES Mandoline - higoumène des malandrins Chloin
- CLIENTS Roméo et Rectile - jeune couple d’habitués Carlouche LouLou et Loubar - frères Sfumato
- FIGURES M. Naze - garde faune et gérant du Zizi-Paillette Anthon - jeune sultant Une tortue
ESCOUSSE DANS LA BROUSSE
Deux errants ce soir, de chaque côté de la rivière, inconnus et peu fier, le regard perdu, timides d’être ingénu, déambulèrent presque une heure, sur leurs rives de perdition nocturne.
Indice pour les rejoindre :
Il y a un escalier de pierre sous les magnoliers qui vous guidera au Zizi-Paillette, il faudra en gravir les quelques marches et s’épancher sur votre droite par erreur pour s’y engouffrer. On y trouve des lettres d’admirateurs pour un jardin sauvage et apaisant. Un endroit de perdition. Ainsi que des badinage et duels en tubes cathodiques, dans une jungle aux lianes aspic. ll faut comprendre, que rien n’arrive par accident; seulement il est si évident de se retrouver happé dans l’escarmouche d’échassiers au plumages extravagants. On ne s’enfuira pas par l’Océan, on peut te sortir de ces jeans, par les coutures, par l’ effeuillage des scratches d’un pantalon sexy dans un streap primitif. Mandoline matriarche de cette jungle ahurissante, applause ses cuisses pour rythmer les affronts et gouverner les nuits du Zizi-Paillette. Elle vieillit mais paraît plus jeune. Des hanches ternies, l’oeil Auburn. La lassitude enclave son visage. Crépuscule de maraude, vols des âges. Elle voulait se balader à nouveau à son bras. Pour un air de Billie Holiday. Bien affairé, le refus de l’ingrat. Laissa celle qui seule oscillait.
Le fou qui foule la foule fout la frousse, avec son plastron de Paraponera et son touché mordant; on se laisse avoir dans une lampé initiatique, par une brillance vive et douloureuse; celle de l’alcool à brûler.
Frustrée et molle, elle est rentrée se faire une Cène. 12h39, une Vodka – Pomme avec une Olive. Puis un Gin Tonic. Quand elle cherche le regard du Tigre; elle pense à cette scène où Colin se coupe machinalement les paupières, un matin comme tant d’autres. Elle connait le regard du Tigre et les paupières de Colin mais pas celui du Calao.
CANINES AMERES DANS LA WHOREHOUSE
Au Zizi-Paillette c’est M. Naze qui est le garde faune. Fade et drastique celui-ci porte bien son nom. Le sens de la vie pour lui ne tourne qu’autour du va et vient coïtal. Il leur brame qu’il ne faut pas être Con-con pour danser le French Can-can, et que l’absence de logique immédiate entre nichons et nichoirs, n’ôte rien au fait qu’il faut qu’on puisse tout de même s’y percher.
MANDOLINE Un conseil mon petit, il est ennui et gène, entres dans son jeu et éclate cette hyène. Achètes lui de la passion, enveloppée dans un bandana, en position. Les jambes arquées; tension du boeing avion; sur un lit de Bananes Cardamomes : lutte entre les chefs et les connes. CHLOIN Je n’ai pas d’autres choix que de cuire ma cagoule en cuir queer. Et de m’apprêter pour ce bestiaire migratoire. En espérant glaner quelques douceurs... MANDOLINE Douceurs ? Ici on ne célèbrera jamais la fête de l’amour. C’est un jour maudit. L’amour n’est pas notre fond de commerce. Tu ne dois pas confondre Amants et Aimants. On organise chaque année le «Valentine’s Day with Hornbills», on préfère en Anglais, car tous les Valentins ne sont pas saints. On organise une nuit noire et extravagante de séduction. C’est la nuit des Calaos. Tu vas devoir te battre. Faux-cils et plumes obligatoires. Satisfaire toute clientèle, et quand bien même fête païenne, si il leur pousse des ailes.
CHLOIN Mais je ne sais pas quoi leur dire.
MANDOLINE Tu dis : (Elle prend une voix velours, suave, de Fipette) JE VEUX TOUT SAVOIR SUR TON TAMAGODTCHI
C’est l’Amor Vertigo, portant une crinière alouette, du papier glacé, la friction des braguettes, et du vernis tapir. Dans l’Histoire qu’aucun n’a voulu lire. A mort à mort le slip Indigo. C’est l’Amor Vertigo. L’ivresse du cache sexe caressant les chevilles.
Il n’y a aucun mal à être une chose sensuelle, assure Mandoline.
MANDOLINE On n’est pas que ça, mais on est aussi ça. On est des exploratrices de l’Amour. On fait germer des petites graines chez ces gens, en faisant pousser une once de désir subtile. Même si le Nasique te dis le contraire, l’amour est important. Dans ta manière d’être et de paraitre. CHLOIN C’est la justice des couilles. La balance dans chaque bourses, pour trouver le juste milieu. C’est dur de jouer avec quelqu’un d’autre, alors que chacun fait son tripot.
MANDOLINE Himalaya sur talons hauts. Nous ne sommes que des flancs à gravir.
(Elle marque une pause, passe quelques instant ses ongles dans ses sourcils.) J’ai vu la maladie se rependre partout, même sur le marbre. Méfies toi. Des sexplorateurs. Ces choses là ça éclate les dents.
PETITE DIVINE MOCHE ET IMPRECISE
CHLOIN L’an passé j’ai fais des expériences capillaires douteuses, mais je reconnais que ce soir j’ai atteint le summum. Je me hais. Je suis totalement désabusé. Jaune pisse croupie. Je ne sais pas quoi faire... MANDOLINE Oh arrêtes de geindre ! Et fous moi cette perruque. CHLOIN Si je dois tout raser. Au rasoir. Je suis super triste. Je ne voulais pas nous infliger ça. Merde ! Mon dieu ....
MANDOLINE J’ai perçu cet Homme Grand et Diose ...
CHLOIN - Alors je suis nu, difficilement debout, et je chante ?
( Se couvrir les cheveux puis se coller et maquiller les sourcils pour les faire disparaitre. Se créer un teint, des ombres, des zones de lumières pour affiner le visage, le nez; et l’adoucir. Se créer des lèvres pulpeuses en jouant sur les tons, et en les dessinant légèrement plus grandes. Se créer un maquillage important autour des yeux. Se mettre des faux cils et se boucler les cheveux. Ou se laquer le crâne pour porter une perruque. Se maquiller les sourcils, ou en dessiner de faux légèrement plus hauts, pour donner plus d’espace autour des bourgeons. ) Se parer pour n’être Rien, une chair asexuée. CHLOIN Si seulement se raser les poils pubiens pouvait constituer une démarche artistique dans mon travail, j’aurais eu l’impression de faire quelque chose aujourd’hui. Bye Bye Jungle.
MANDOLINE Souvent je materne les autres. Ce soir tu feules de solitude. Marches d’un pas franc sans plaire à qui que ce soit. Une énième fois je gâche un moment précieux de partage et dialogue pour quelque chose de futile. Je ne veux plus materner. Laissez moi être ivre un peu. Sans règles et contraintes. J’aimerai me coucher tard. Sans coucher les autres. Je ne veux plus. Je n’en peux plus. De me soucier continuellement de vous. La prochaines fois, un jour, je serai saoul et ne m’inquièterai plus. (pause) Tu veux jouer ? Alors joues. Tu es laide avec cette grande robe de Ménine. On dirait un lit à baldaquins. Avec ce regard de faïence tu perturberait même le plus noir des calaos.
(Crise identitaire schizophrénique sur talons hauts.)
CHLOIN Mes poils de dos sont les vestiges d’une Bestialité cachée. Devrais-je me raser les sourcils ? Le pourtour à la couleur paupière-polonaise de pull à la madeleine presque moutardée. MANDOLINE «Contre-nature», et noms d’oiseaux, mon plumage est imperméable à ces violences, nous existons pour déjouer la virilité incontestablement mise sur piédestal. Sans se mouvoir, des clichés homériques et criards. Tout ce bruit pour du noir et blanc ?
JEUNE EPHEBE JEUNE ET FAIBLE
Roméo et Rectile Mandoline qui connut le jouir, et tant de déboires, fût troublé par la rencontre du jeune couple eunuque. Deux amants de 17ans, entretenant un béguin stérile. Ils viennent parfois certains soir de semaines. S’assoient sans échanger de mots. Terribles et Louches les jeunes gens qui y viennent sont généralement à la recherche d’une certaine compagnie. Mais quelques uns ont leurs petites habitudes, sont dans un instant latent, où le confort d’être entouré leur suffit pour la nuit. La danse et les amis imaginaires sont de parfaits compromis. Personne ne sait, ce qu’ils désirent vraiment en venant au Zizi-Paillette, ils se font chasser par Naze qui n’apprécie guère les voyous voyeurs fauchés. Leur présence ne déplait pas à Carlouche, adepte des gin tonic et des regards croisés.
CARLOUCHE J’ai pour seul ami un vers solitaire.
MANDOLINE À cet âge là on s’excite même sur le cul d’une fourmi.
CHLOIN Sarcasmes, moqueries, contradictions; C’est donc ça les PD esseulés.
MANDOLINE Motherfucker je suis une Madame !
(Il est minuit passé, et des enfants chahutent dehors.)
Les fils Sfumato. Ce sont Loulou et Loubar, l’un est rêveur, l’autre est fantasme. Une Sensualité couverte d’une humeur visqueuse. Une Lenteur lascive et libidineuse.
LOUBAR -
Mon frère et moi fréquentions tous deux la mort. Lui n’y prêtais plus grande importance. Il est plus jeune, mais son effusion pour les cadavres s’avère plus régulière. Des abîmés, accidentés, fracassés et cabossés il en trimbale un sacré nombre tous les jours. Moi seul le tourment d’amis et proches ainsi qu’une brève approche de la taxidermie me permirent cette rencontre. Aujourd’hui nous nous en sommes séparé, lui comme moi, avons banalisé la mort, comme un événement systématique, courant et naturel. Pourtant je reste consterné par son absence de poésie, sa ataraxie stoïque, sa réflexion médicale qui le détourne de tout deuil et affliction. Je glorifie tous êtres vivants du règne animal, qui fascine bien plus vivant qu’immortalisé en une fourrure figée, cependant, je devrais me remettre à la Taxidermie. Nous partagions quelque chose avec ce frère. Souvenir des princes de la Castagne Loubar Loubar.
MANDOLINE Oh bonjour l’ambiance, enfin bonne nuit plus tôt.
Tapie dans le noir, la langue du Tamanoir. Gorgées de Whisky, bouche adoucie.
LOUBAR Hier soir, avec la môme on a bu de la gnôle. En Travesties Fifties, du sky dans un coquetier mon coco, et un vieux Calva à en faire dégueuler un vélo.
MANDOLINE Tu sors ?
CHLOIN Oui.
MANDOLINE Tu vas où ?
CHLOIN Je ne sais pas. J’avais juste envie de voler une voiture, et voir des étincelles. J’ai toujours rêvé d’un Volvo break 940.
Il y a ce jeune énergumène qui entre en scène au bar. Complètement déjanté. Dingue et débraillé. Chemise grise, pantalon skiny blanc et une casquette pour parer ses cheveux blonds. C’est un personnage, longiligne avec des traits marqués. Sa maigreur jure avec son imposant bagage constitué d’un grand sac et d’un synthétiseur. Il est fou, fait des grands gestes. La cocaïne ? Peut être me disje. Mais ça ne ressemble en rien à ce que j’ai aperçu auparavant. Les pailles en papiers et la neige, ça me connaît bien. C’est autre chose ici. Rictus et Sursaut. Spasmes sur le maquillage. Soudain il se déshabille, après avoir assiégé le comptoir. Baisse son « futal » et mime je crois de se mettre un verre dans le cul, ou d’y laisser quelques commodités. Une véritable furie. Il s’agite, laisse apercevoir un petit bout de quelque chose. Et je me dis distinctement ces mots-ci : « Ah Aliochka. Je suis comme toi Aliochka. Foudroyé Aliochka. Une migale, vedette de cinéma. Par le feu de Dieu. Par l’âme des bas fonds. Puissent-ils en avoir une les bougres, qu’elle s’incarne si bien en toi. »
22h18 CHLOIN L’histoire du bracelet électronique, du tapis persan, et du mariage moderne. Il faut que je te raconte dans une lettre, j’espère que je n’oublierai pas. 23h09. RECTILE Ouh là ! (dilettantisme) J’ai hâte d’entendre ça! 23h13. CHLOIN Moment vécu. 23h36. RECTILE C’est un teaser beaucoup trop alléchant! 23h38. CHLOIN Pourtant c’est une réalité rencontrée en ce soir d’ébriété. C’est du direct. Que je ne veux pas oublier. Tu es aux premières loges ! 23h40. RECTILE En ce moment ? (grand sourire béhat)
23h54. CHLOIN Oui ... (une odeur de poulpe et de rosée) 00h36. RECTILE Amuses toi bien alors ! J’ai hâte que tu m’écrives tout!
CHLOIN Promis.
Et puis il est rentré au Zizi-Paillette, caché derrière l’opulence de Mandoline. Affaissement des souffles devant ce Sultan Insultant. Ce faiseur de veuve à la beauté bestiale. Un phasme fragile et délicat, sa danse est un soupire rythmique. Un voilier asile. Un cadavre exquis d’idées brumeuses et noueuses. Un échantillon de Variété. Un couche-tôt. Un cil courbé, qui s’enroule sur une jeune tige de fougère. Un nid graphique de chemises sales à petits carreaux. Une véritable Razzia. Une porte du paradis, en perles obsidienne, Un tour de force. Chaud, sensuel, tendre. Un dandy viril aux fossettes Candy. Une évasion, avec lui, sorti tout droit des abîmes du temps. Je manque de dévorer son être lors de ce rituel. Mais je comprend que nous formons à nous deux, une grande fête païenne. Tout était beaucoup plus sombre, avant que je m’effondre, dans sa Belle Attitude. Je l’aime à la démesure.
Je ne suis qu’un Ornithorynque, amalgame complexe et paradoxale de Nature. Comment puis-je espérer planter mes serres effilés dans ce gentlemen plus orangé? Croquer le loup à crinière? Je suis fou, jaloux comme un poux, et moche comme un cul.
VOGUE FOG ENTRE BULL-DOGS
Ce temps, où les hommes, n’étaient rien. Nus. Face au monde. Face à ces créatures qui ont tout, un système de protection et une complexité, qui nous décrédibilise au sein de notre monde. Nous n’étions rien, ils avaient tout. Aujourd’hui nous les chassons, les exterminons, les détruisions. Ces beautés fragiles. Il aimerai tant être le garçon Orinoco, celui de la légende de la voie Lactée. Mais ce soir, il lui a demandé d’arrêter de vivre. A l’horizon de l’eau, rien, la surface à pertes de vue; les satellites espions sont aveugles. La tendresse du crocodile. Dans les Everglades, des tribus d’amérindiens, clan des serpents ou des oiseaux, domptent les alligators. Mandoline transmet son accord pour ces chasseurs des marais. Elle n’était pas la tigresse qu’on a dit. Elle faisait même ses confitures. La confiture ça me fait toujours penser à lui. Son corps. Le désir Charnel.
Dans les marais du Zizi-Paillette, Mandoline m’a expliqué que se battre avec un môme de trois ans n’était pas forcément une bonne chose. Que cela pouvait être certes intéressant et drôle, mais que j’allais vite le rétamer contre terre, l’exploser, le dégommer. Cela s’use vite, et n’est pas très légalement fiable. Elle m’a ainsi suggéré de prendre quelqu’un de plus grand, de ma taille, afin que le duel soit plus long, électrique et palpitant. Résultat je me suis battu toute la journée. Si durement, que j’ai le cou et le dos brisé. Mandoline comme les défauts des grosses et anciennes télévisions qui vous font vaciller entre différents niveaux de saturation, ne vous laisse pas le temps de percevoir si le monde est en noir et blanc, ou en couleur. C’est un vive joute d’échanges synaptiques. Un Phasme Femme. Au Royaume des insectes, les femelles sont indépendantes et autonomes. Par parthénogenèse elles peuvent se reproduire sans présence masculine.
Seule, au sol. (Etat tétanique, elle semble éreintée, creuse ses joues, déchausse ses dents.)
MANDOLINE -
Panique insomniaque d’une douleur féline en cage. Dans ces portraits pompeux d’artistes aristocrates. Qui veulent sembler sereins malgré leurs tourments sectaires de personnages financièrement supérieurs. Une Nuit, une cave, un vélo. Cette nuit là. Quand une fois encore. Tout est parti en vrille. J’ai préparé deux lettres; mes conditions de départ funéraire à Anthon et Chloin. Je vais les conserver un petit peu, et les envoyer à Chloin uniquement. Ils s’arrangeront ensembles si je suis pas bicentenaire. J’ai la Psychose du Crocodile. Une Folie Rugueuse, la peau de crocodile. Les maux roses qui font que lorsque l’on pleure, du corail meurt. Ça me fait mal, ce génome en moi, quand je sais ce qui traîne à ses côté. J’aimerai être le seul qu’il puisse connaître et aimer. Chérir et ne pas choir, contre ce Koala qui me transmet ses allergies. Je me suis mise sur le sol de ma chambre, de sorte à ne voir que le ciel gris, je me suis dis que le ciel était le même partout. J’ai mangé un gâteau raté, étrange, une sorte de fard sans goût, presque acidulé, et j’ai essayé de m’imaginer en Pologne. Je m’ accroche à la poignée de la portière, comme on préserve un dernier souffle avant de plonger. Dans un parapluie, de mélancolie qui s’ouvre, puis se ferme, sans-cesse.
Survivrai-je au Stupre, à l’enivrement, et surtout pas à l’érotisme d’une vague fouettant nos flancs avec tant de fougue ? Tandis-que dans le noir et la stupeur, j’entend la tortue qui pleure.
- Fin -
La jungle du ZIZI-Paillette, ainsi que les personnages qui y évoluent sont fictifs aux identités floues. Malgré leurs natures absurdes et leurs aspects irréels, ceux-ci sont puisés d’histoires vraies, de moments vécus, ainsi que de personnes existantes. Mes remerciements à ceux-ci.