dédale Pierre Martel
IV — Acceptation
dĂŠdale
6
DĂŠdale
DĂŠdale
7
8
DĂŠdale
C
D
B
E 0
A
DĂŠdale
9
10
Dédale
Ce que nous avons là, est un nœud. Il s’agit d’un tout. Disponible, c’est un tout qui se regarde. C’est un prélèvement. C’est une suspension, une chute, un produit, un extrait. Afin de pouvoir l’étudier nous avons dû le décontextualiser. Ce tout, est en effet lié à un autre Tout. Un Tout bien plus vaste. Le Tout originel est en mouvement permanent. Il est insaisissable, il est compliqué. C’est une structure immanente, un ensemble, une articulation de touts, comme celui que nous nous apprêtons à découvrir. Il n’y a pas deux touts pareils dans le Tout. Et pourtant nous en avons choisi un. Nous l’avons choisi lui, car c’est le seul dont nous disposions. Car contrairement aux autres touts, ce tout est visible, ce tout est tangible. Nous pouvons travailler sur ce tout car nous avons la matière. Et ce tout bien qu’il ne soit que fragment, ce tout reste assez complet. C’est pourquoi, nous pensons que nous pouvons véritablement en tirer quelques conclusions. Arbitrairement, nous avons choisi d’organiser ce tout afin d’en rendre compte d’une manière qui nous semblait la plus juste possible. Nous avons trié le tout, et nous y avons créés cinq petits touts . Ces petits touts sont des cycles, qui s’inscrivent dans notre tout, qui lui-même est partie intégrante d’un autre cycle. Le cycle du Tout. Nous avons articulé ces petits touts autour d’un tout composé d’un élément unique. Cet élément unique nous paraissait suffisamment solide pour relier tous les petits touts entre eux. Il se suffit presque à lui-même. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce tout, celui que nous étudions ici, n’est plus. Il n’est pas mort, car il vit encore pour lui ; il est condamné à le faire pour toujours. Mais il ne participe plus à la mécanique du Tout. Il ne le nourrit plus. Pendant un certain temps, notre tout était la Pierre fondamentale du Tout. Il était son terreau. Aujourd’hui, notre tout ne peut plus rien faire pour le Tout, car ce que nous en avons tiré, correspond au Tout tel qu’il était à un moment donné, et non plus tel qu’il est maintenant. C’est pourquoi nous nous sommes permis d’extraire notre tout, et avons décidé d’en rendre compte ; car nous pensons que notre tout, puisqu’il existe, mérite d’être considéré ; pour ce qu’il est, et pour ce qu’il a été. Notre tout s’est principalement manifesté entre le 28 septembre 2013, et le 4 mars 2014. Bien que nous l’ayons localisé dans d’autres régions, nous savons également que notre tout s’est développé aux
Dédale
alentours de la ville de Rennes; et plus précisément au 25 Avenue janvier. Au premier étage de l’immeuble, dans l’appartement fenêtre sur Rue. Derrière l’une de ces fenêtres, la deuxième sur la gauche si l’on se place devant le portail et que l’on regarde. Derrière cette fenêtre, il y a une chambre. Contre le mur faisant face à notre fenêtre, il y a une chaise. Et devant notre chaise un bureau. Nous savons que si notre tout s’est exercé, c’est grâce à ce bureau, et à cette chaise. C’est ici que notre tout est né. Sans les divers ustensiles qui occupent la surface du bureau, et que nous retrouvons également éparpillés dans la pièce, nous pouvons dire que notre tout n’aurait pas existé. Par ustensiles nous entendons, un bocal contenant un poisson japonais rouge, prénommé Hector. Un bol en terre cuite, peint en rouge et bleu, orné de flocons, faisant office de cendrier. Un cactus. Un ordinateur, allumé presque en permanence. Un casque permettant d’écouter de la musique, toujours relié à l’ordinateur. Une lampe de bureau. Nous en oublions, mais, peu importe, car les éléments précédemment évoqués suffisent à planter un cadre, un décor, un support, un lieu d’expression pour notre tout. Nous avons donc décidé de rendre compte de notre tout. Alors nous avons trouvé légitime de vous le présenter dans cet endroit, dans cette chambre, sur ce bureau en verre, ou il est né. Bien qu’ici nous soyons dans une édition, et non pas dans cette pièce que nous avons évoquée précédemment. Nous espérons cependant que nos efforts quant à la restitution des lieux seront suffisant pour que vous puissiez vous imaginer à quel endroit et dans quelle ambiance, notre tout a existé. Vous pourriez être tenté de juger notre tout, en vous arrêtant simplement à l’analyse des premiers documents qui suivront. Ne jugez pas le tout. Ou du moins ne le faites pas tout de suite. Car si vous pensez l’avoir cerné, vous vous trompez. De la même manière, n’oubliez pas que cette décontextualisation du tout à laquelle nous procédons dans cet ouvrage vise, finalement, à le recontextualiser. Et donc à parler du Tout. N’oubliez pas que le tout, sans le Tout ne signifie rien. N’oubliez pas qu’il est simplement parti du Tout. Notre tout est une unité spéciale dépêchée par le Tout. Ce corpus plastique que le tout a bien voulu nous mettre à disposition, émane directement du Tout. Notre tout est en quelques sortes, un service de traduction périphérique. Mais aussi de protection.
11
12
Dédale
Notre tout agit pour le Tout afin de servir son intérêt seul. Ainsi vous comprendrez que l’objet véritable de cette étude est le Tout. Nous osons avancer, sans peine, que vous-même avez une expérience du Tout; qui diffère bien sûr de celle que nous avons de notre Tout, car de la même manière qu’il n’y a pas deux touts identiques, on ne peut pas non plus identifier deux Touts similaires, dans la nébuleuse des Touts dans laquelle nous évoluons tous. Ainsi ce que nous vous demandons ici, c’est de vous confronter à notre tout en tentant, dans la mesure du possible, de faire abstraction de votre propre Tout. Si vous ne le faites pas, il vous sera impossible de rencontrer notre Tout. car on ne pense pas pour un autre Tout. Dans l’absolu, nous n’en avons pas le droit. Nous nous sommes donc penchés sur la matière laissé par notre tout. Nous disposons d’une soixantaine de dessins et de quelques textes. En nous intéressant au contenu de ces derniers, nous avons choisis de distinguer quatre niveaux, quatre plans stratégiques, nous permettant d’accèder au tout. Ces derniers éléments nous apparaîssent comme étant les clefs de lecture du tout. Ils seront le squelette de notre analyse. I - Observation .......................Epilimnion II - Rebellion .............................Thermocline III - Prostration .....................Hypolmnion IV - Acceptation ....................Benthos Nous avons renommé ces quatre parties, de manière à situer notre tout. Comme nous l'avons déjà dit, notre tout est vivant, il est en mouvement. Ces différentes couches que sont l'Epilmnion, la Thermocline, l'Hypolmnion et le Benthos, constituent un espace pour le tout ; un espace, pour qu'il puisse vivre et se mouvoir. En tant que spécialistes du tout, nous vous proposons un dialogue. Nous suggérons une rencontre. Une rencontre avec le Tout, une introduction, une plongée.
Epilimnion
13
ĂŠpilimnion
14
DĂŠdale
C
D B
0 E
A
Epilimnion
15
16
Dédale
Cycle c
i. a
Deux-mille ans d’Histoire — p. 36 Mon voisin le petit vieux, Voisinage — p. 31 Esprits bilieux — p. 41
C
B Cycle C
i. b
D
Voisinage — p. 31 Ta chatte sous coke, Vices aimables — p. 40 Esprits bilieux — p. 41 0 E
A
17
Epilimnion
Cycle D
iII
iI
Grossiers gloutons — p. 26 Lésions irréversibles — p. 37 Wilson, un mec moyen — p. 43
Cycle D Moloch — p. 25 Goinfre — p. 38
Cycle D, E
iV
Jakal, Belial — p. 19 Goinfre — p. 18 Thomas — p. 38
18
Dédale
V
Cycle E Croquette — p. 30 - 31
C
D
B
VI A
0Cycle C Cauchemar — p. 29 Le goret fou — p. 32 2014 — p. 34 - 35
Epilimnion
19
La
Dédale Dédale
Thomas
20 20
sottise,
l’erreur,
le
péché,
la
lésine,
occupent
nos
esprits
et
travaillent
nos
corps,
21
IV —Epilimnion Acceptation
belial
et
nous
alimentons
nos
aimables
remords,
Comme
les
mendiants
nourrissent
leur
vermine.
Nos
22
Je suis rentré chez moi
Dédale
péchés
sont
têtus,
nos
repentirs
sont
lâches
;
Nous
nous
faisons
payer
grassement
nos
aveux,
Epilimnion
23
Je suis rentrĂŠ chez moi
, et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur
24
fête de famille
Dédale
l’oreiller
du
mal
c’est
Satan
Trismégiste,
qui
berce
longuement
notre
esprit
enchanté.
Epilimnion
25
allez - zou on part en week-end
Et
le
riche
métal
de
notre
volonté,
est
tout
vaporisé
par
ce
savant
chimiste.
C’est
26
Le grand patron
Dédale
le
Diable
qui
tient
les
fils
qui
nous
remuent
!
Aux
objets
répugnants
nous
trouvons
des
appas
Epilimnion
27
Moloch
; Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas, sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi
28
Grossiers gloutons
Dédale
qu’un
débauché
pauvre
qui
baise
et
mange
le
sein
martyrisé
d’une
antique
catin,
Epilimnion
29
Cauchemar
nous
volons
au
passage
un
plaisir
clandestin,
que
nous
pressons
bien
fort
comme
une
vieille
orange.
30
croquette
Dédale
Serré,
fourmillant,
comme
un
million
d’helminthes,
dans
nos
cerveaux
ribote
un
peuple
de
Démons,
Epilimnion
31
croquette Et quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, Fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si
32
Le goret fou
Dédale
le
viol,
le
poison,
le
poignard,
l’incendie,
n’ont
pas
encore
brodé
de
leurs
plaisants
dessins
Epilimnion
33
voisinage
le
canevas
banal
de
nos
piteux
destins,
c'est
que
notre
âme,
hĂŠlas!
n'est
pas
assez
hardie.
Mais
34
2014
DĂŠdale
parmi
les
chacals,
les
panthères,
les
lices,
les
singes,
les
scorpions,
les
vautours,
les
serpents,
Epilimnion
35
2014
les
monstres
glapissants,
hurlants,
grognants,
rampants,
dans
la
mĂŠnagerie
infâme
de
nos
vices,
DĂŠdale
On va dans les nuages
36
II en est un plus laid, plus mĂŠchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Epilimnion
37
On va dans les nuages
il
ferait
volontiers
de
la
terre
un
dĂŠbris.
Et
dans
un
bâillement
avalerait
le
monde
;
C'est
38
deux mille ans d’Histoire
Dédale
l'Ennui
!
L'oeil
chargé
d'un
pleur
involontaire,
iI
rêve
d'échafauds
en
fumant
son
houka.
39
lésions irreversibles
.
Epilimnion
Tu
le
connais,
lecteur,
ce
monstre
délicat,-
Hypocrite
lecteur,
-
mon
semblable,
-
mon
frère
!
40
goinfre
Dédale
Charles
Baudelaire
-
Les
Fleurs
du
Mal
Au
Lecteur.
41 Epilimnion
time for lunch hooney
vices aimables 42 DĂŠdale
43 Epilimnion
esprits bilieux
02. 12. 2013. 08h15 44 Dédale
45 Epilimnion
wilson, le mec moyen
46
DĂŠdale
Thermocline
47
thermocline
48
DĂŠdale
C
D
B
0
A
E
Thermocline
49
50
Dédale
i
Cycle A La Bataille de l’espace — p. 51
Cycle B
iI
iII
Fils de pute — p. 50 Tarmel — p. 54 Mobilosaure — p58 - 59
Cycle C Percée troposhérique — p. 56- 57 à l’attaque ma gueule — p. 66
51
Thermocline
V
Cycle D Plus haut qu’les gars d’la NASA — p. 68 Pedroptère - 2. 0 — p. 63
Cycle E
VI iV
Cycle D KO tout seul — p. 61 Barouflette — p. 55
Pedraptor - XVZ — p. 67 Charentaises à réaction — p. 65 érymanthe — p. 52 - 53
52
fils de pute
Dédale
J’veux
l’argent
du
beurre
et
tout
le
beurre.
Ou
je
vis,
ou
je
meurs,
coup
de
bite,
coup
de
cœur.
Thermocline
53
la bataille de l’espace
Pétasse
ta
peur,
dégage,
ta
gueule,
c’est
l’aigle
royal,
j’ai
un
flow
dévastateur
54
érymanthe
Dédale
M’demande
pas
ou
je
puise
mon
inspiration,
J’honore
les
invitations,
dans
ta
chatte
infiltration.
Thermocline
55
érymanthe
Dans
c’jeu
si
tu
nous
trahis
on
se
dit
adieux
La
mitrailleuse
vous
tranche
à
la
cisailleuse.
Nique
56
tarmel
Dédale
Brigitte
Bardeau,
Ici
ça
bibi
de
la
dope,
Belek
à
pas
te
manger
un
zizi
d’travlo.
Thermocline
57
barouflette
Soi
sûr
de
moi,
c’est
une
délectation.
Pour
toi
c’est
pire
qu’une
quadruple
pénétration
Je
58
percée troposphérique
Dédale
suis
toute
la
semaine,
alcoolisé,
ma
jeunesse
carbonisée,
par
le
zet
vaporisé
Thermocline
59
percée troposphérique
J’ai
pris
en
Stop
la
dame
blanche
au
virage,
jl’ais
mise
en
cloque
et
perdu
la
cagnotte
au
tirage.
J’fais
60
mobilosaure
DĂŠdale
que
gamberger,
viens
pas
m’emmerder,
on
va
te
renverser
sur
le
sol
et
te
transpercer
61
mobilosaure
r
Thermocline
J’suis
élégant
quand
je
viens
chez
les
gens,
suce
ma
trompe
d’éléphant,
ça
tire
comme
à
Téhéran.
DĂŠdale
bande de nazes
62
On s’encanaille sur le putin de champs de bataille. Sans travaille j’fais un putin de chant de racaille.
Thermocline
63
K.O. tout seul
J’suis
superstitieux,
j’enlève
même
le
pyjama
des
MC
Benjamin,
J’suis
super
vicieux.
On
64
samouraï in autumn
Dédale
s’en
fou
de
voir
nos
vies
se
niquer.
On
lance
les
hostilités,
avec
des
armes
sophistiqués
Thermocline
65
pedroptère 2.0
Mes
serpents
cognent
comme
Marcel
Cerdan,
nique
les
sergents,
je
veux
mon
palais
et
mes
servants.
66
maximator
Dédale
Demande
à
Yonea,
ici
c’est
blindé
de
suces
bites.
Moi
derrière
le
micro
je
suis
indestructible.
Thermocline
67
charentaises à réaction
J’sors
des
disques
en
indé,
je
fusille,
Ratatatatata.
Tu
vas
te
faire
flingué
sur
le
beat.
J’ai
68
à l’attaque ma gueule !
Dédale
loupé
ma
carrière
d’acteur
dans
le
film
X.
J’suis
trop
attiré
par
le
triple
6.
Thermocline
69
pedraptor xvz
Même
les
plus
grosse
Kehbas,
jl’es
intimide.
J'roule
un
ptit
splif
là
où
la
rapta
est
infinie.
Dédale
plus haut qu’les gars d’la nasa
70
Sniff un trait ou roule un joint sur ma pochette de cd, Si t’es perdus, seul le prophète peut t’aider.
Thermocline
71
la bleue Snouffete, armes et plein d’autres artciles au rabais.. 44 mesures de terreurs, On laisse les salopes en pleurs...
72
la bleue
DĂŠdale
Alkapote,
-
44
mesures
de
terreur
Thermocline
73
la bleue
74
DĂŠdale
Hypolimnion
75
Hypolimnion
76
DĂŠdale
C
B D
0
A
E
Hypolimnion
77
78
Dédale
Cycle B
i
iI
Cerveau, Surveillé — p. 80 - 81 Mythologie — p. 78 Passage en force — p. 82 - 83
Cycle B Refuge — p. 90
iII
Cycle 0 Dédale — p. 86
79
Hypolimnion
V
iV
Cycle D Horus — p. 87
Cycle C David — p. 79 Dédale — p. 56
Cycle E
VI
Damocles — p. 84 Errances — p. 85 Cake au fruits, Planisphère — p. 88 - 89
Il
80
mythologie
Dédale
bêchait
son
jardin,
il
bêchait
également
son
esprit,
ramenant
laborieusement
à
la
surface
Hypolimnion
81
david
la substance de ses pensées La mort - et il enfonçait une fois sa bêche, puis de nouveau - encore.
surveillĂŠ 82 DĂŠdale
Hypolimnion
83
surveillé
un
tonnerre
probant.
Il
souleva
encore
une
pelletée
de
terre.
pourquoi
Linda
était-elle
morte
?
Dédale
passage en force
84
Pourquoi avait-on permis qu’elle devint graduellement moins qu’humaine, et enfin ?… Il frémit Une charogne
Hypolimnion
85
passage en force
bonne
à
baiser.
Il
planta
son
pied
sur
la
bêche
il
planta
son
pied
sur
la
bêche
et
l’enfonça
Dédale
damocles
86
farouchement dans le sol dur des mouches pour des gamins méchants, voilà ce que nous sommes pour
Hypolimnion
87
errances
les dieux ; ils nous tuent pour s’amuser De nouveau, du tonnerre ; des mots qui se proclamaient vrais,
Dédale
dédale
88
souvent de toi-même ; cependant, tu crains violemment la mort qui n’est rien de plus. . Rien de plus que
Hypolimnion
89
horus le sommeil. Dormir. Rêver, peut être… Sa bêche buta contre une pierre ; il se baissa pour la ramasser
…Car
90
planisphère
Dédale
dans
ce
sommeil
de
la
mort,
quels
rêves…
?
Hypolimnion
91
planisphère
Aldous
Huxley
Le
Meilleur
des
Mondes
plongĂŠe
92
DĂŠdale
Hypolimnion
93
plongĂŠe
94
DĂŠdale
Benthos
95
Benthos
96
DĂŠdale
C
B
D
0 A
E
Benthos
97
98
Dédale
iI
i
Cycle A Funambule — p. 117 Gravité — p. 113
Cycle A Comas — p. 110 - 111
iII
Cycle B Pyrame — p. 102 Prométhée — p. 104
Benthos
V
IV
Cycle C épine — p. 112 - 113
Cycle B Synthèse spinale — p. 122
99
100
Dédale
VII
Vi
Cycle D Céphalée — p. 114 - 115 Cor Olifan — p. 106
Cycle D Agamemnon — p. 105
Cycle D, E
ViII
Cor Olifan — p. 106 Vidé, Résignation — p. 108 Mélancholia — p. 121
Benthos
101
IX
X
Cycle D Deus ex Machina, Morsure aigûe — p. 120
Cycle E Synthèse, Kist — p. 116 Mélancholia — p. 121
Dédale
pyrame
102
Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne,
Benthos
103
philoclète
hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux pour rehausser mes traits tombants.
prométhée
104
Dédale
Benthos
105
agamemnon
(Il
106
cor olifan
Dédale
enlève
son
veston,
défait
sa
chemise,
contemple
sa
poitrine
dans
la
glace.)
J’ai
la
peau
flasque.
Benthos
107
atlas Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur
d’un
108
résignation
Dédale
vert
sombre,
une
nudité
décente
;
sans
poils,
comme
la
leur
!
(Il
écoute
les
barrissements.)
Benthos
109
épiméthée
) Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain ! Si je pouvais faire comme eux.
Dédale
comas
110
(Il essaye de les imiter.) Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr !
Benthos
111
comas
! non, non, ce n’est pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir.
épine
112
Dédale
Benthos
113
gravitĂŠ
Dédale
céphalée
114
Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais !
Benthos
115
cĂŠphalĂŠe
Je
ne
peux
plus
changer.
Je
voudrais
bien,
je
voudrais
tellement,
mais
je
ne
peux
pas.
Je
116
kist
Dédale
ne
peux
plus
me
voir.
J’ai
trop
honte
!
(Il
tourne
le
dos
à
la
glace.)
Comme
je
suis
laid
!
Benthos
117
funambule
Malheur
Ă
celui
qui
veut
conserver
son
originalitĂŠ
!
(Il
a
un
brusque
sursaut.)
Eh
bien
tant
pis
!
DĂŠdale
la valise
118
Je me dĂŠfendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond
Benthos
119
la valise
où
sont
fixées
les
têtes
des
rhinocéros,
tout
en
criant
)
Contre
tout
le
monde,
je
120
morsure aigüe
Dédale
me
défendrai
!
Je
suis
le
dernier
homme,
je
le
resterai
jusqu’au
bout
!
Benthos
121
melancholia
Je
ne
capitule
pas
!
Eugène
Ionesco,
RhinocĂŠros
synthèse spinale 122 Dédale
Benthos
123
124
Dédale
Ainsi s'achève notre voyage dans le tout. Nous ne pouvons aller plus loin sur ce chemin que nous avons choisi d'emprunter ; la matière que nous avons à disposition ne le permettant pas. Cependant, l'expérience s'est avérée positive. Car nous avons pu rencontrer notre tout. Il est venu vers nous, et s'est montré comme tel. L'exercie a été compliqué. Lorsque nous traversions l'Epilimnion, nous ne l'avons pratiquement pas vu. Nous le devinions cependant. Plus bas, il nous avait repéré. Alors nous sommes descendu. Dans la Thermocline, agressif, il a tenté de nous perdre. Notre présence l'irritait. Mais nous avons choisi de poursuivre. Alors que nous atteignons l'Hypolimnion, nous l'avons perçu différemment. Il ne chargeait plus. Moins furtif, il nous regardait. Nous nous sentions plus confiants quant aux possibilités de pouvoir l'approcher. Toujours à distance, il a disparu dans le noir profond du Benthos. Alors nous l'avons suivi. Et c'est dans ce noir, au milieu des ténèbres que nous nous sommes rencontrés. Notre tout était là, disponible, nous semblait-il. Disponible, mais terrifié. En effet, notre tout connaissait les raisons de notre intrusion. Notre tout savait que nous étions le Tout. Et nous le cherchions depuis longtemps. Glissant, bagarreur, notre tout, n'avait jusqu'alors, jamais voulu de nous. Irascible, il se rétractait aussitôt qu'il nous sentait. Mais dans les abysses, il s'est laissé faire. Et nous avons discuté. Notre tout s'est calmé, et il nous a parlé. Il connaît le Benthos mieux que personne, mieux que nous, qui sommes le Tout. Il nous a aidé, nous a renseigné sur ces ténèbres, auxquels nous ne nous étions encore jamais risqués. Et notre tout a bien fait, car, à lui seul, il n'a pas de réponse à proposer aux ténèbres. Nous, oui. L'expérience des ténèbres nous ait indispensable ; car quoi que l'on en dise, nous sommes chez nous, là-bas, dans ce noir insondable, perdu dans l'obscurité. Nous sommes chez nous dans les ténèbres.
DĂŠdale
125
126
DĂŠdale
Dédale
Pierre Martel – Imprimé en 2014 Réalisé dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création « Errances » EESAB – site de Rennes L’atelier Errances : le blog : http://www.errances.fr/ Errances éditions : http://www.errances-editions.fr
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Un moteur, seul qui s’emballe. Premiers battements, ronflement nourrissant. Un coeur. Rythme implacable. Il fait froid. Réveil brutal, forcé. Crépitement dans le noir. Plutôt qu’une pluie sévère. Insolence. Qui tombe éphémère. étincelle provocante, Claque-doigts perturbateurs, résonance enclenchée. Une autre la rejoint. C’est une virgule. Un souffle sec, structure essentielle. Un fouet, qui marche avec la pluie. Claquements étouffés, frôlements, fragments de temps brisés. Une voix bienveillante. Avec elle en cadence, plus lente non moins peinée. Une respiration profonde, un appel amorcé. Matière précieuse, disponible, comme un vide habité. Un souffle chaud, un souffle dense, inéluctable. Il comprime l’espace, il insuffle la vie. L’architecture se meut. Une nappe froide qui la survole. Des poumons, fragiles. Une respiration puissante. La membrane fine de l’organe qui souffre à chaque nouvelle inspiration. Vibrations, pénétrantes, calculées. Intrusion dans le vide. Inarêttable, inratable, réglée. Et les tissus s’étirent. C’est plein d’air, ça sent la rage. C’est un réceptacle, une matière malléable, un dragon furieux. ça va plus vite, ça s’énerve. C’est un monstre, c’est une voix qui s’élève. En mouvement dans le temps, une matière enflammée. Une présence. Une vie dans la machine. C'est une naissance.