Julia Crinon
2012
Un travail sur l’humain. L’humain confronté à l’humain, le rapport à l’autre. Le relationnel obéit à des codes. Dès l’enfance, nous comprenons rapidement qu’il est nécessaire de se plier aux règles des jeux sociaux, de revêtir docilement les masques qui nous permettent d’y participer. Autrement, nous nous exposons au rejet du groupe. Alors se met en place un fragile équilibre, celui qui oppose l’être sans fard, le «moi réel», et l’être joué. Mais la balance peut facilement pencher vers ce dernier. La pression d’un système toujours plus exigeant, les sollicitations permanentes nous poussent à nous adapter à des modèles restrictifs. Nous voilà contraints, enchevêtrer dans les cercles vicieux qui régissent les jeux sociaux. Nous marchons sur un fil remplis de nœuds. Des nœuds de frustrations et d’angoisses. La peur du rejet, l’attente de l’approbation de l’autre, le signe que nous participons correctement aux jeux. Peu à peu, nous nous abandonnons aux conventions sociales. Se renier pour mieux jouer. S’installe alors une fatigue psychique, qui devient celle du corps. Ce poids nous épuise, sature l’esprit. Ne serait-il pas plus facile, plus tentant, de dériver plutôt que de lutter ? Un trop-plein qui conduirait à un repli sur soi. S’isoler de l’autre serait une solution, trouver refuge à l’intérieur. L’autre deviendrait l’ennemi. Pourtant, l’esprit humain peut préférer la lutte. A défaut de s’isoler, il tente de se faire entendre. La somatisation est une des formes de la lutte, l’expression physique de maux psychiques. Le corps devient l’indicateur, le signal d’alarme que l’équilibre entre le rapport à soi et le rapport à l’autre n’est plus respecté.
L’atelier Errances n’impose qu’une condition : celle de produire chaque jour, sur plusieurs mois. Un impératif qui pousse à la spontanéité, qui fait travailler l’instinct. Ne pas chercher à tout contrôler, à tout intellectualiser. Des impasses parfois, des points de départ souvent. Certains travaux se répondent entre eux, en appellent d’autres. Au fur et à mesure, une cohérence s’installe, une logique naturelle et un univers se construisent. Ce livre est le résultat d’une prise de recul sur une grande partie de ces productions, d’une réflexion sur les liens et les concepts qui les unissent. L’atelier Errances/le blog : www.errances.fr Les éditions Errances : www.errances.éditions.free.fr