Mémoire pfe erwan desgrees du lou quentin guillaud

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Dans une ville écrasée sous la masse touristique, une alternative vient s’inscrire dans le paysage amstellodamois pour permettre une (re)découverte d’un paysage symbolique des Pays-Bas. Un espace de villégiature comme renouveau du paysage et reconnexion au visage connu d’Amsterdam. L’imaginaire collectif de la Venise du Noord vient se mêler aux images d’Epinal des vastes étendus marécageuses hollandaises.

Directeur d’études: Frédéric GUILLAUD Responsable Master: Stépahnie DAVID


AMSTERDAM-NOORD UN PAYSAGE A REVELER

Une structure protectrice support de villégiature périurbaine DESGREES DU LOU ERWAN / GUILLAUD QUENTIN





Nous souhaitons remercier l’ensemble de l’équipe enseignante du Master Architecture, Villes, Ressources, et plus particulièrement notre directeur d’études Frédéric GUILLAUD pour ses conseils tout au long de cette aventure, Cécile LEONARDI pour son aide riche dans la constitution de ce mémoire ainsi que Stéphanie DAVID, responsable du master. Nous souhaitons également remercier nos familles et amis qui nous ont soutenu durant cette année et tout au long de notre cursus au sein de l’école d’architecture de Grenoble.



AMSTERDAM-NOORD

UN PAYSAGE A REVELER Une structure protectrice support de villégiature périurbaine

Directeur de mémoire : Frédéric Guillaud 2016 E.N.S.A.G.



SOMMAIRE INTRODUCTION

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Brève histoire de la «Venise du Nord»

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4 Stratégies urbaines

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2 Préserver la Venise du Nord, où comment inscrire AMS dans une démarche post-tourisme

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5 Proposition architecturale

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3 A LA CONQUETE DU NOORD!

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PROBLÉMATIQUE

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Conclusion

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Bibliographie

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1 Amsterdam: capitale touristique

-Attracteur touristique -Un patrimoine consommé -Une ville à découvrir -Cycle city -Dilatations & contractions -Un accueil centralisé -«Iamsterdam est mort»

#ILOVEVENICE

-Déjouer le tourisme pendulaire

-Un visage hors du temps -Artificialité du territoire -Espaces en mutations -Un développement le long de l’Ij -Une ville innervée -A10 -Définitions urbaines -Une nature de proximité -Une offre touristique dissimulée -Se loger dans le Noord

-Mécanismes du territoire -Un engrenage particulier -Un contraste spécifique -Un paysage remarquable -Kiekens Fabriek / Villa Friekens -Kadoelenwerf -Landsmeerderdijk -Résonner à l’échelle du quartier -(Re)connecter les espaces -Un espace de villégiature -Un parcours transitoire

-Le paysage au coeur de la villégiature -La digue, axe majeur -Ouvertures -Le parcours comme connexion -Rythmes et flux -S’inscrire dans la morphologie -Un programme au service du parcours -Un lien entre lumière et espaces -La marina -Le centre de découverte -Le restaurant -L’exposition permanente -Une matérialité vivante -Une histoire conservée -Prolonger la découverte


INTRODUCTION

• Une ville qui excite les imaginaires

Lorsque nous ont été présentés les attendus de ce projet de fin d’étude, un axe d’étude était de porter notre attention sur des villes à forte croissance, ou à l’inverse, à forte décroissance. Une question s’est alors présentée à nous: qu’en est-il des villes où « tout va bien »? Il nous semble cependant impossible d’envisager ces situations aussi simplement, en un sens, finalement, réducteur… En effet, nous ne pouvons pas considérer ou décréter aujourd’hui, dans un village-mondial, en 12 archipel, un espace-temps éclaté, individuel, délocalisé et collectionneur, qu’une ville est un espace où « tout va bien ». Pour utiliser une autre formulation, Amsterdam pourrait apparaitre comme une ville en « bonne santé». Aussi, nous sommes nous posé la question en ces termes: Si Amsterdam est une ville « à l’équilibre », qu’est ce qui, aujourd’hui, pourrait la menacer? Et pour aller plus loin, demain, la placer dans une posture de décroissance. Dans les années 80, l’industrie portuaire et navale est alors en pleine « tourmente »: Rotterdam a pris la première place en terme d’activité portuaire et les chantiers navals, ADM et NDSM en tête, ferment tour à tour…

En effet, l’évolution des caractéristiques des systèmes urbains européens a imposé aux villes elles-mêmes le challenge de se ré-inventer dans un contexte mondial en pleine recomposition. Les villes européennes doivent alors se positionner dans un nouveau contexte économique, politique et technologique compétitif en misant sur les ressources à leurs dispositions localement. Amsterdam, comme d’autres villes européennes, mise sur le tourisme, nouvelle industrie, alors en plein explosion. La marchandisation de la ville s’amorce progressivement par un marketing fort, jusqu’au « re-branding » de la ville dont les lettres « IAMSTERDAM » sont le symbole le plus ostentatoire. C’est dans ce contexte que nous voulions positionner notre travail. Si les bénéfices pour la ville sont évidents, les limites en apparaissent aussi clairement depuis quelques années, avec une peur grandissante de se « Venifier » avec toutes les problématiques que cela engendre… Aussi voulons-nous requestionner, dans cette situation amstellodamoise particulière, les pratiques d’une récréation contemporaine. Il s’agit pour nous de substituer une image


à une autre. En ce sens, nous souhaitons nous positionner comme une alternative au tourisme à l’oeuvre actuellement à Amsterdam et véhiculé par un imaginaire collectif prégnant sans pour autant prétendre s’y substituer. Si le centre historique de la ville accueille aujourd’hui la majeure partie des touristes, qu’en est-il de ses périphéries? Amsterdam-Noord, quartier dortoir hérité de l’ère industrielle apparaît comme une possible alternative, loin de l’image d’Epinal libéraliste, au potentiel encore grandement dissimulé. En nous appuyant sur les recherches de Philippe Bourdeau sur le post-tourisme, nous souhaitons inscrire notre démarche de projet dans un contexte local où expérimentations récréatives hybridées joueraient le pas de deux avec la (re)découverte d’un extraordinaire de la quotidienneté.

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BRÈVE HISTOIRE DE LA «VENISE DU NORD» • Un lien étroit entre conquête sur l’eau et rayonnement international

L’histoire de la ville commence au XIIe siècle, par l’installation de quelques familles de pécheurs sur les rives de l’Amstel. Ils réunissent alors ces deux rives par un barrage doté d’écluses, à hauteur de l’actuelle place du Dam: la ville prend alors le nom de Amsteldam. En 1275, le comte de Hollande Floris V accorde aux habitants un libre droit de circulation sur tous les cours d’eau du comté. Ce privilège joue un rôle considérable dans la croissance économique de la ville. Le commerce de la bière et du hareng se révèle particulièrement fructueux. En 1323, la ville obtient même le monopole des importations de bières et le « harinkaken » offre la possibilité aux pêcheurs de rester plus longtemps sur l’eau et donc d’accroître leurs recettes. Le développement de la ville s’accélère encore vers la fin du XVIe siècle. Par sa tolérance religieuse, elle accueille un 14 afflux massif de bourgeois protestants. Leurs capitaux servent à financer les premières expéditions vers les Indes orientales. Le succès est à nouveau au rendez-vous et, en 1602, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales est fondée. Cette première « multinationale » sera l’étendard d’une période d’incroyable prospérité: le siècle d’Or. Parallèlement, la ville ne cesse de s’étendre, avec la particularité d’une planification alliant fonctionnalité et beauté dont le centre historique et la première ceinture de canaux actuels en sont les illustrations parfaites. Le nombre d’artistes tout comme la production et le commerce d’œuvres d’art croissent de manière impressionnante

pour faire déjà d’Amsterdam une capitale culturelle de premier plan. A la fin du XVIIe siècle, l’économie locale est en berne. En 1876 est décidée l’ouverture du Noordzeekanaal, reliant directement la ville à la mer du Nord. L’activité portuaire permet alors à la ville d’occuper une position centrale dans le commerce mondial des épices et du diamant. Si la ville s’affirme au début du XXIe siècle comme une capitale culturelle européenne incontournable, elle demeure un des centres économiques majeurs des Pays-Bas et une des principales places financières d’Europe. S’ajoute à cela son classement la plaçant parmi les métropoles mondiales offrant le meilleur confort de vie.


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PAYS-BAS, 17’000’000 Habitants 41’530 Km² 407 Hab/Km² AMSTERDAM, 800’000 Habitants 219 Km² 3605 Hab/Km² 182 Nationalités


Un paysage en chiffres • Une ville hyper-active

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• Infographie par Accord Hotels


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• Amsterdam, centre ville, samedi 16h


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amsterdam: Capitale touristique

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Attracteur touristique • Un imaginaire séduisant

Jean Viard l’affirme, nous vivons aujourd’hui dans une société du temps libre. Sur les 700 000 heures que durent nos vies (en moyenne), 5% sont consacrés aux études, 12% au travail, 15% à la télévision et 30% à dormir… Aussi reste-il quelques 300 000 heures que l’on peut considérer comme libres. Il faut en convenir, nous n’avons jamais eu autant de temps libre à notre disposition et les temps du loisir et des activités ludiques ne sont définitivement plus l’apanage d’un classe d’héritiers-rentiers… Le phénomène de mondialisation a également permis de démocratiser les séjours à l’étranger, tout comme les offres toujours plus accessibles des compagnies aériennes. Le nombre de touristes internationaux est passé de 25 millions à 940 millions en une soixantaine d’années. Aussi, peut-on considérer que le tourisme est devenu la 22 forme d’exportation la plus importante,

générant quelques 650 milliards d’euros par an. Amsterdam, fidèle à son histoire, garde son rôle majeur d’importateur, se positionnant comme neuvième ville la plus visitée d’Europe avec 5,6 millions de touristes annuels. Logiquement, l’activité liée au tourisme occupe une place importante dans le fonctionnement de la ville. Mais ses retombées économiques se concentrent essentiellement dans sa partie historique.

• Evolution du nombre de touristes à Amsterdam

= 100’000 Touristes

1952

1970

1980


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Amsterdam: centre d’attraction

2030

2015

1995


Un patrimoine consommÉ • Une offre touristique façonnée à travers les époques

• Rijkmuseum

• Van Gogh museum

• Stedelijk museum

• Vondelpark

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S’étendant sur plus de cent kilomètres de long, les canaux d’Amsterdam lui valent le surnom de « Venise du Nord ». Les 1700 ponts qui les enjambent relient pas moins de 90 îles.

Les quatre premiers canaux sont séparés par des bandes de terres de 80 à 150 mètres de large tandis que la distance entre les quatrième et cinquième canaux peut atteindre 550 mètres.


Cette composition particulière s’explique par le fait que la ville s’est construite au bord du fleuve Ij, sur des terres marécageuses. Aussi au XVIe siècle, un ambitieux plan de développement est mis en place, impliquant l’assèchement de ces zones marécageuses. Trois canaux sont alors destinés au développement résidentiel: le Herengracht, le Prinsengracht et le Keisersgracht. La construction n’est pas, comme on pourrait le croire, concentrique depuis l’ancien centre mais se fait d’Ouest en Est, à la manière d’une toile d’araignée. Les canaux ont ainsi toujours participé à la vie des amstellodamois en jouant un rôle défensif, de transport et de gestion des eaux, par un savant fonctionnement permettant de réguler leur niveau tout en en assurant un renouvellement. (En effet jusqu’à la mise en place d’un système d’égouts en 1870, il faut, à chaque marée, coordonner l’action de multiples écluses de manière à retenir l’eau fraîche au moment du flux, à l’introduire progressivement dans les canaux selon un

circuit déterminé, pour enfin rejeter l’eau polluée dans l’Ij au moment du reflux.) Ces espaces créés ont permis de mettre en place une des plus grandes expansions et la plus homogène de son époque, servant de modèle jusqu’à la fin du XIXe siècle en terme de plans d’urbanisme à grande échelle. Enfin, depuis le 14 juin 2010, les canaux d’Amsterdam ont obtenu le label Patrimoine mondial de l’UNESCO sous le label « zone des canaux concentrique du XVIIe siècle à l’intérieur du Singelgracht », confirmant encore l’attrait touristique qu’ils suscitent. Cet attrait se voit encore renforcé par la présence en bordure du Singelgracht du quartier Oud Zuid (vieux Sud litt.) qui rassemble les plus grands musées de la ville: le Rijkmuseum, le Van Gogh museum, le Stedelijk museum qui s’étirent autours de Museumplein, place verte réaménagée il y a quelques années et à proximité directe du Vondelpark, le plus grand parc d’Amsterdam. • Daniel Stalpaert, Map of Amsterdam 1662

25 Amsterdam: centre d’attraction


Une ville a découvrir • A pied

• Parcours de visite proposé

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Il est intéressant d’observer comment il est proposé aux touristes d’arpenter ou de partir à la découverte de ce centre historique, notamment dans les nombreuses parutions

ou articles à destinations des visiteurs potentiels d’Amsterdam, et qui font encore une fois la part belle aux « charmes » du centre historique.


• Sur les canaux

• Parcours de visite proposé

27 Amsterdam: centre d’attraction

Les illustrations de parcours présentées ici sont issues d’un guide touristique imprimé ainsi que du site internet citysightseeingamsterdam.nl.

Le premier propose de partir à la découverte du Grachtengordel, le second offre un vue d’ensemble de ce centre historique mais depuis les canaux…


CYCLE CITY • Une ville adaptée

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Cependant le moyen privilégié de parcourir la ville, en habitant ou en touriste, reste définitivement la petite reine. Avec plus d’un vélo par habitant, Amsterdam fait figure de pionnière en matière de lutte anti-voiture et veut se hisser au premier rang des villes durables européennes. Des mesures draconiennes ont déjà été mises en place ces vingt dernières années pour éviter l’engorgement d’un centre-ville peu adapté à la circulation automobile: mise en place de parking-relais aux abords de la cité, interdiction d’accès aux véhicules diesel, augmentation des taxes de stationnement, diminution des coûts de transport en commun. Le nombre de cyclistes ayant augmenté de 44% en vingt ans, ce sont aujourd’hui quelques 490 000 amstellodamois qui enfourchent leurs montures pour parcourir une distance totale de 2 millions de kilomètres dans cette ville qui compte 400 kilomètres de pistes cyclables! • Un après midi le long des canaux


Ce nombre de cyclistes doit encore être revu à la hausse si l’on considère les touristes utilisant eux aussi ce moyen de transport pour arpenter la ville et s’immerger dans une « expérience amstellodamoise complète et authentique »… Mais cette expérience pourrait bien tourner au cauchemar. Certains axes de circulation cycliste sont désormais sujets aux embouteillages et le touriste flânant naïvement, le regard jeté de gauche à droite, sera bien vite rappelé au difficile exercice de la circulation par un strident coup de sonnette!

29 Amsterdam: centre d’attraction

• Le vélo, moyen de transport à toute échelle


dilatations & contractions • Des flux touristques permanents comme respiration de la ville

La ville a vu, durant les vingt dernières années, une explosion du nombre de touristes, passant de 3,4 millions en 1995 à 6 millions en 2015. Il est intéressant de noter que ces chiffres n’incluent pas les quelques 30 16 millions de personnes qui ne visitent la ville qu’une journée sans y séjourner. Ces chiffres s’expliquent par une majorité de touristes européens, représentant à eux seul 76% des visiteurs. Sur cette base, les américains représentent le plus grand groupe de touristes non-européens avec 11%. Evidemment, cette augmentation du nombre de touristes correspond à une forte activité économique liée au tourisme, celleci représentant 54 618 emplois en 2014. Si cette activité correspond pour moitié à l’offre de restauration et café, c’est un des seuls secteurs à avoir connu une croissance sur 2014, à savoir 2%.

Il faut cependant tempérer ces propos en considérant que la grande majorité de cette activité touristique se situe dans la ceinture de canaux historiques (ou leurs abords très proches), aussi toute la ville ne profite pas de ces retombées… Si cette activité touristique se concentre en une seule et principale partie de la ville, celle-ci est également irrégulière sur l’ensemble de l’année… Aussi, différents rythmes régulent les contractions et dilatations de la ville.


Une activité touristique active toute l’année mais en explosion durant la période estivale, correspond aux séjours touristiques que l’on considérera comme classiques: comment découvrir la ville en 48h, durée moyenne d’un séjour dans la capitale, mais également, (les 21-30 ans représentant la majorité des visiteurs) pour une nuit ou un week-end de festivités…

Ce rythme touristique classique se superpose à la vie locale, qui désormais et logiquement, prend ses respirations dans l’intervalle des flux touristiques majeurs et se retrouve « comprimée » durant certaines périodes.

Amsterdam: centre d’attraction

Enfin, les événements ponctuels composent le troisième rythme de ce système de fonctionnement. Ils se concentrent sur des périodes généralement compactes, en un lieu identifié, et générant un très grand nombre de visiteurs. Le SAIL en est un exemple particulièrement intéressant. Plus grand évé- 31 nement gratuit au monde, il voit, sur une période d’une semaine quelques 2 millions de visiteurs se regrouper sur les bords du fleuve Ij, pour admirer des navires venant du monde entier effectuer une parade à travers l’ensemble du port d’Amsterdam.


Un accueil centralisé • Une offre locative nuisant au confort de vie locale

HÔTELS

Répartition des offres AIRBNB

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2002

Evolution des prix du foncier 2014

33 Amsterdam: centre d’attraction


IAMsterdam est mort • Des locaux oubliés durant le «rebranding» de la ville

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Les lettres «IAMSTERDAM » sont mortes et enterrées. En Septembre 2015, des Amstellodamois s’étaient rassemblés autours des désormais célèbres lettres pour en faire le deuil. Un moyen de protester, symboliquement, contre les dérives d’un tourisme de masse toujours plus présent dans leur ville et qui devient de plus en plus étouffant. En effet, le centre ville ancien rassemble tout ce que viennent chercher les touristes en évoquant les Pays-Bas et la ville d’Amsterdam. Seulement, aujourd’hui la ville, dans le sillage de Barcelone ou Venise, se retrouve dans une posture de parc d’attraction, un Disneyland entre culture, patrimoine, coffeeshop et « graduate weekend »… De plus en plus d’habitants se rassemblent pour signifier leur exaspération face à cette situation et les complications intrinsèquement liées pour continuer à vivre dans le centre de la ville… Aussi, l’essence même de la ville se dilue dans une consommation massive, réduisant l’âme et la vie locale, pourtant recherchées par les touristes en quête de découverte. Il en résulte un centre qui se vide de ses habitants, repoussés dans les périphéries de la villes…


• Manifestation anti-AirBnb

35 Amsterdam: centre d’attraction • Souvenir classique devant le Rijkmuseum


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37 Amsterdam: centre d’attraction • Découverte des «charmes» Amstellodamois par des touristes américains


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#ILOVEVENICE


Venise suffoque sous son succès. Avec quelques 28 millions de visiteurs en 2015, la sérénissime illustre ce que le tourisme de masse peut infliger comme impacts à ces villes anciennes au patrimoine culturel et architectural remarquable et indéniable. La situation de Venise réside dans sa muséification progressive qui donne aujourd’hui à observer une ville à deux visages: la Venise « visitée » et la Venise « habitée ». La cité des Doges invite à remonter le temps dans l’apparente immuabilité de ce joyau urbain que les touristes du monde entier viennent s’accaparer durant quelques heures ou quelques jours. Si les gondoliers et leurs glissements sur l’eau assurent le maintien de cette ode (presque fantasmée) au 40 romantisme; les énormes paquebots des croisiéristes illustrent plus « justement » la situation d’une ville qui, à l’heure actuelle, perd son âme. Ils représentent en effet un des aspects de la marchandisation du rêve. Toute l’année et plus particulièrement durant les pics saisonniers, ces géants des mers, atteignant pour certains quelques 300 mètres de long pour 60 mètres de haut, viennent vomir plusieurs milliers de touristes à quelques dizaines de mètres de la place Saint-Marc. Au delà de l’impact sur la destruction des fondations de la ville, c’est l’incohérence moderne entre tradition et machine que l’artiste Gianni Berengo Gardin a mis en évidence à travers son travail photographique Mostri a Venezia

(Monstres à Venise). Aussi, peut-on considérer que la menace pour la ville résiderait finalement moins dans la montée des eaux que dans les 28 millions de visiteurs qui envahissent la ville chaque année. L’agglutinement des millions de touristes sur les 175 mètres de long et 83 mètres de large de la place SaintMarc représente la cristallisation de ce phénomène. Celui-ci est tel qu’il est en réalité interdit même de s’assoir sous peine d’une amende… Qui vaut également pour le fait de nourrir les pigeons, dans le but d’emporter la célèbre photo. Image tenace dont la ville ne peut se défaire. Certaines propositions émergent aujourd’hui avec comme objectif de faire payer l’accès à la place afin d’en réguler l’usage mais surtout le nombre de touristes. Dans cette hypothèse, la Piazza San Marco deviendrait la première place publique payante de l’histoire!


ÂŤSi on laissait faire ces errants de la place Saint-Marc, les badauds qui ne vont nulle part ailleurs, ils feraient des barbecues ou des raclettesÂť

• Photographie de Gianni Berengo Gardin

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Mais la municipalité s’intéresse également à la question puisqu’était en réflexion une taxe à régler pour tout les visiteurs entrant dans la cité… Resté voeu pieu, là encore ce type de réflexion illustre une situation problématique. Venise est en danger mais les caisses de la municipalité

• Le Rialto, panneau publicitaire

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sont vides. Aujourd’hui, la majorité des touristes qui arpentent la ville ne restent qu’une seule journée… Et ne dorment pas sur place. Ils ne versent donc aucune taxe de séjour à la commune pour l’entretien des bâtiments et des ouvrages.


Grazie a Renzo Rosso! Là encore, la marchandisation de la ville fait ses effets, et les travaux de réfection du Ponte Rialto, dont la situation était jugée critique, ne purent être possibles que grâce à l’initiative privée du magnat de la mode Renzo Rosso, président du groupe OTB, possédant Diesel ou Maison Margiela parmi beaucoup d’autres marques… En échange des 5 millions d’euros nécessaires, les échafaudages recouvrant le pont seraient recouverts de publicités à l’effigie des marques du groupe durant les quelques 18 mois nécessaires aux travaux! Cet « appauvrissement » de la municipalité s’explique également par la fuite (en réalité un départ forcé, une mise à la porte) des vénitiens de cette Venise « habitée » pour des quartiers encore abordables ou pour le continent; faisant passer le nombre d’habitants de 710 000 dans les années 90 à 50 000 aujourd’hui… Ce phénomène s’explique par une hausse du niveau de vie et un nombre toujours croissant d’offres hôtelières. Ainsi, aujourd’hui, une maison sur quatre est louée à des touristes, un record mondial! Venise perd aujourd’hui ce qui fait l’identité du lieu. La vie locale se délite, les commerces de proximité ferment au profit d’échoppes à souvenirs, les jeunes quittent la ville quand ils ne travaillent pas dans l’économie touristique et la population se fait vieillissante.

Dans ce contexte, l’association Italia Nostra, via un de ses porte-paroles, affirme qu’il faut changer l’image touristique de la ville et se sortir d’un tourisme pendulaire, dévastateur pour Venise. L’association estime que « (…)Venise ne peut plus supporter une moyenne de 60 000 à 70 000 touristes par jour, dont la majorité viennent le matin et partent le soir. « Ce sont les groupes qui sont les plus nuisibles, car il s’agit d’une forme de tourisme pauvre et ignorant. Ils se rendent place Saint-Marc, puis sur le pont des Soupirs, avant de manger des choses infâmes dans les restaurants réservés par les tour-opérateurs. Ensuite, ils achètent des souvenirs, soit-disant en verre de 43 Murano, mais fabriqués en Chine ou en Tchécoslovaquie. Ils repartent sans avoir ni vu ni compris Venise. Nous devons miser sur un tourisme de qualité », conclut-il. Nous l’avons vu, Amsterdam connait aujourd’hui certains travers menaçant son équilibre et dont les similarités avec la Sérénissime sont évidentes. Fort de ce constat, comment la Venise du Nord pourrait ne pas subir le même sort?


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prĂŠserver la venise du nord

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dejouer le tourisme pendulaire • Une alternative pour reconfigurer la découverte d’un patrimoine

«La migration pendulaire, ou alternante, est un phénomène caractéristique des métropoles et de leurs zones périurbaines dû à l’étalement urbain et de la division spatiale des activités, notamment par le zonage. L’expression désigne les déplacements quotidiens des personnes de leur domicile à leur lieu de travail et inversement.»

Au vu de cette définition des migrations pendulaires nous pouvons mettre en regard la situation d’Amsterdam qui connait aujourd’hui une fréquentation, nous l’avons vu, se jouant 46 sur différents rythmes. Cependant la durée moyenne d’un séjour est de deux jours pour la majeure partie des touristes venant visiter la ville. Aussi pouvons nous considérer qu’elle est sujette à ce « tourisme pendulaire » dont parle l’association italienne Italia Nostra et qu’elle qualifie de « tourisme pauvre et ignorant ». D’un autre point de vue , les formes du tourisme évoluent en profondeur et se diversifient. Les formes anciennes, notamment ce que l’on a nommé « tourisme de masse » subsistent, nous le voyons à Venise ou Amsterdam, mais de nouvelles pratiques qui allient tourisme, loisirs et mode de vie se développent rapidement. Aussi pensons-nous qu’il est intéressant et nécessaire d’interroger ces transformations en s’appuyant sur les

réflexions que porte la notion de « posttourisme », énoncé par J.Viard et P.Bourdeau notamment. Peut-être est-il intéressant de rappeler que le tourisme est très longtemps resté marginal sur le plan culturel, social et géographique, jusqu’à la première moitié du XXe siècle, pour devenir aujourd’hui un élément central des modes de vie, des économies et des territoires. P.Bourdeau dit à ce sujet que le tourisme peut être considéré comme « un opérateur et un étendard d’une mondialisation qui serait souriante, avenante, heureuse puisqu’elle renverrait au bien-être». Le tourisme cependant, et dans le cadre de villes comme Amsterdam, joue aujourd’hui un rôle de promotion d’une « junk mobility », relayée par des campagnes publicitaires plus ou moins fines…


• Publicité Netflix pour la série «Better call Saul»

et de reconversion des régions touristiques, illustré (pour la France) par les réflexions au long cours de J.Viard dans lesquels il observe les nouvelles stratégies résidentielles d’actifs et de retraités qui se déploient sous la formes 47 de migrations d’agrément sur des lieux touristiques. Selon P.Bourdeau, au sens élargi, le post-tourisme pourrait être défini comme un tourisme post-moderne se renouvelant par des phénomènes de réinventions et d’hybridation récréatives et géotouristiques.

Preserver la venise du nord

Cependant, demeurent dans ces démarche certains « fondements » du tourisme (caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle): utopie d’un lointain et besoin d’uchronie. En effet, être touriste signifiait se détacher d’un moment, d’une quotidienneté étouffante puisque devant répondre à des normes sociales et des attendus et leurs lots de contradictions, de conflits, de souffrances et d’injustices. Alors la quête d’un ailleurs (lointain) différent et dépaysant permettait d’échapper aux contraintes de la routine. Faire ses valises consistait donc à faire cette différence. Partir loin offrait surtout à chacun la possibilité de cloisonnement, l’ici et l’ailleurs, la vie quotidienne et les parenthèses offertes aux loisirs. Aussi, si la notion de « post-tourisme » est mobilisée par un certain nombre d’auteurs, encore faut-il en redéfinir les notions. Au sens littéral, le post-tourisme peut être défini comme un processus de transition


Ce sens élargi fait également écho à une crise identitaire du tourisme résumée par la formule « crise du tourisme et tourisme de crise ». En effet, ce phénomène de posttourisme s’inscrit également dans une prise de position de la société en réaction vis-à-vis principalement du triptyque que les anglosaxons nomment « triple crunch »: énergétique (« fin du pétrole »), climatique (effet de serre) et économique (crise mondiale et précarité) auxquels P.Bourdeau ajoute l’insécurité en ce sens où l’altérité de l’ailleurs se transforme aujourd’hui en peur de l’autre(ment): prises d’otages, attentats sur les lieux touristiques.

Nous ne pouvons pas considérer être dans un « après le tourisme ». Peut-être s’agit-il plus d’entendre que nous sommes dans une situation d’accumulation de modèles où se superposent des pratiques touristiques. Cependant, les notions d’ici et d’ailleurs se rejouent aujourd’hui au sens qu’elles se diluent dans un contexte globalisé. Une dynamique de décloisonnement entre « habiter » et « visiter » est à l’oeuvre. Après avoir tendu à dissocier les espaces-temps habités du travail des espaces-temps visités du départ en vacances, le modèle touristique tend à réinvestir (largement) cet espace-temps de l’habiter.

Être touriste chez soi? 48 Il nous semble donc intéressant d’interroger quels continuums existent aujourd’hui entre espaces de vie et espaces récréatifs. Jusqu’à présent, la séparation entre les pratiques de l’ici (ville, quotidien, travail) et de l’ailleurs (nature, hors-quotidien, loisirs) était claire. Mais les mutations à l’oeuvre « floutent » les frontières, créant des continuités ou des hybridations spatiales, temporelles, culturelles ou fonctionnelles: ville-nature, proche-lointain, touristiquenon touristique, travail-loisirs, quotidienvacances… En somme, ne pouvons-nous pas être touristes de et dans notre quotidien? Par la (re)découverte de multiples expériences

suscités par un tourisme de proximité. Au vue de ce constat, est ce que le secteur d’Amsterdam-Noord ne pourrait pas représenter le terreau d’un post-tourisme amstellodamois? Il apparaît que ces espaces « périurbains » ne sont plus seulement de vastes dortoirs et d’autres logiques et mouvements sont à l’oeuvre aujourd’hui. C’est dans cette optique que nous souhaitons ancrer notre travail, entre post-tourisme et trans-tourisme: substituer une image à une autre…


49 Preserver la venise du nord • La redécouverte d’un quotidien•


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à la conquête du noord!

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Un visage hors du temps • La face cachée d’une ville stéréotypée

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La partie nord d’Amsterdam, située au delà de l’Ij peut être considérée comme un espace à part dans la constitution de la ville. Essentiellement utilisée comme zone d’extraction de tourbe jusqu’au XIVe siècle, elle devint station de péage pour les bateaux de passage et lieu de potence une fois rattachée à Amsterdam. Au XIXe siècle, l’activité portuaire s’intensifiant et les besoins en terres des industries lourdes accélérèrent son

aménagement suivi par la construction des différents ensembles d’habitations ouvrières. Aussi, dans sa composition, le secteur du Noord se positionne historiquement en « rupture » avec le centre historique. Celle-ci prend forme notamment dans l’architecture des environnements bâtis de part et d’autre de l’Ij, mais également dans les modes de vie et donc d’habiter ce territoire.


53 A la conquète du Noord

En ce sens, on peut considérer le Noord comme un espace à contre-temps de l’effervescence urbaine du centre-ville. Au vue de ces constats, il peut être qualifié de « périphérie frontale », oxymore représentant une de ses spécificités: une distanciation par rapport au centre et à la fois une proximité « immédiate » puisque connecté visuellement et intégré historiquement dans le fonctionnement de la ville par l’activité portuaire à l’origine même de sa création.


Artificialité du territoire • Une expansion sur l’eau, un gain foncier au fil du temps

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• La digue composante du territoire

Tracé de l’ancienne digue


«God created the world, but the Dutch created Holland»

Cette intégration dans le fonctionnement de la ville représente également une constituante « majeure » des Pays-Bas. En effet, le secteur Noord est une illustration du rapport des Néerlandais à l’eau, à la fois fournisseuse de richesses et d’activités mais également risque permanent. L’artificialité est une composante de l’histoire de ces territoires. Ici sécurisation par

la construction d’une digue et assèchement des espaces interieurs afin d’en permettre la culture et la pérennité de l’installation humaine; mais aussi conquête « paradoxale » d’un territoire sur l’eau destiné à l’expansion d’une industrie et d’une aventure navale. Une relation dans la construction, avec et sur l’eau, inscrite dans l’histoire amstellodamoise et néerlandaise.

• Evolution du territoire amstellodamois

55

1860-1919

1920-1945

1946-1965

1966-1990

1990-...

A la conquète du Noord

Avant 1860


espaces en mutation

• Des interfaces historiques rejouées comme connecteurs

Il est intéressant de noter que ce sont sur ces espaces, les « plus jeunes » terres gagnées sur l’eau, que se joue déjà aujourd’hui la mutation du quartier. Secteur fragilisé dans les années 80-90 suite à la fermeture de différents chantiers navals, les docks du NDSM restèrent inoccupés. En 1984, le chantier fait faillite. Une dizaine d’années plus tard, en 1996, le premier projet de squat artistique voit le jour sur ce site resté jusque là inoccupé. Au début des années 2000, sous l’impulsion de la municipalité, un projet collectif mené par Eva de Klerk avec le soutien (notamment) de l’agence d’architecture No Cure No Pay voit le jour avec comme objectif un lieu de création et de rassemblement pour les artistes et les entreprises. Plus au Sud et en face de Centraal Station, Overhoeks, quant à lui, est le nom donné au nouveau quartier se situant dans 56 le secteur Buiksloterham. Ancien pôle de

recherche de l’entreprise Shell, il est le lieu d’un renouvellement urbain initié à la même période (début des années 2000). La tour Overhoeks, qui donne son nom au quartier, constitue l’un des projets phares du secteur avec de nombreux bureaux, une boite de nuit, un hôtel et un restaurant panoramique offrant un point de vue sur la ville historique aux visiteurs avides de nouveauté…

• The Eye


• Le NDSM, friche portuaire en mutation

« la porte d’entrée vers le monde de l’image en mouvement »

Tour Shell dans le quartier Overhoeks •

57 A la conquète du Noord

À ses cotés, se trouve depuis 2012, l’EYE Film Instituut Nederlands, seul musée consacré au septième art du pays. Son architecture affirme encore, si besoin était, le nouveau visage que la municipalité veut donner à la rive nord d’Amsterdam; résumé dans les termes des responsables du musée:


Un developpement le long de l’IJ • Une barrière naturelle à franchir pour unifier la ville

• Franchir l’Ij

58


• Un pont de bateau sur l’Ij

59 A la conquète du Noord

« The happiest time of his life ». Harry Sablerolle, 81ans, décrivait ainsi la seule et unique fois qu’il pu traverser l’Ij sur un pont. Juste parce qu’il pouvait aller de l’autre côté en marchant! En 1945, le manque de fuel ne permet alors pas un fonctionnement du service de ferries assurant la connexion entre le centre et Amsterdam-Noord. Un pont est alors mis en place en alignant ces bateaux afin de permettre la traversée. Ce fut la seule fois de l’histoire… N’ayant été considéré pendant longtemps que comme une aire de service, un espace de travail industriel, le Noord ne justifiait pas d’envisager d’autres moyens de traverser. L’accroissement du nombre d’habitations, d’équipements et d’opportunités d’emplois dans Amsterdam-Noord tendent à saturer le trafic des ferries. La création d’un pont est de nouveau en question. En réalité la ville envisage même aujourd’hui la construction de deux ponts afin d’assurer la traversée de l’Ij. Ceux-ci permettraient une connexion constante, favorisant les déplacements doux, et rendraient AmsterdamNoord plus accessible. Le groupe de recherches économiques Decisio affirme ainsi que ces ponts stimuleraient le développement urbain sur et autour des rives de l’Ij, qui favoriserait à son tour le logmeent et l’emploi dans le secteur. La municipalité recherche encore d’autres moyens de traverser: augmenter le trafic des ferries, utiliser la station de métro Sixthaven (actuellement inutilisée) par un nouveau ou second tunnel et destiné aux piétons et cyclistes… Affaire à suivre donc..!


60


61 A la conquète du Noord • Ferry effectuant la traversée


Un ville innervée

• Des réseaux de transports supports des différents rythmes

62


voies cyclables principales

axes motorisés principaux

accès ferries

63 A la conquète du Noord • Principaux parcours du Noord


A10

• Une frontière commune aux deux Amsterdam

Les 32 kilomètres que compte l’A10 ringweg représentent aujourd’hui particulièrement bien les limites de l’espace urbain de la ville d’Amsterdam. Plus encore, avec l’Ij au sud, elle forme également les contours du secteur Nord de la ville. Elle en symbolise aussi l’histoire et les particularités. Il aura effectivement fallu attendre 1990 pour que cette ceinture « motorisée » soit complète par l’ouverture du Zeeburg tunnel, parcourant quelques 300m sous l’eau pour connecter le Noord au reste de la ville. L’A10, acte humain en faveur du déplacement, doit également composer son passage avec une autre intervention de l’homme permettant l’installation et la vie dans le secteur Noord: la digue au ni64 veau de Schellingwoude.

cident de partir à l’aventure… Ici à la découverte de l’arrière-pays amstellodamois! Le Ringweg A10 pourrait alors apparaître comme un intéressant paradoxe. S’il matérialise bien la frontière physique et visuelle entre deux entités: l’espace urbanisé et l’espace naturel, c’est par cette rupture que ces deux univers existent si distinctement.

Elle rejoue l’image des murs des anciennes cités: ici l’espace de l’automobile forme une division tangible, visible et audible entre l’espace construit et le Waterland, paysage d’eau et de fermes… Finalement, nous pouvons la considérer comme ces barrières stéréotypiques que les héros franchissent lorsqu’ils dé-

Ces porosités sont donc l’opportunité de se jeter à la découverte du Waterland, cet arrière-pays amstellodamois par le biais (notamment) des pistes cyclables existantes et offrant déjà l’expérience d’une si particulière relation entre petite reine et culture de la vitesse.

Mais ces possibilités de franchissement sont limitées en nombres aujourd’hui, et à la manière des corridors écologiques permettant aux différentes espèces des biotopes en présence une libre circulation, offrent à qui le souhaite la possibilité de découvrir un paysage atypique et bien souvent invisible depuis une voiture en mouvement.

A 10 Le ring •


65

A la conquète du Noord


66


• Passage sous l’A10

67 A la conquète du Noord


définitions urbaines • Une périphérie aux morphologies singulières

1 BUIKSLOTERHAM 400 hab./km2 Activité portuaire Tissu industriel 2 TUINDORP OOSTZAAN 6256 hab./km2 Tissu résidentiel en R+1 & R+8 au Molenwijk 3 KADOELEN 2143 hab./km2 Tissu résidentiel Maisons individuelles R+2 4 WILMKEBREEK Poche verte dans tissu urbain Ancien lac Eco-système protégé 5 OVERHOEKS 3384 hab./km2 Quartier mixte Industries, logements, 6 VOLENWIJK 7175 hab./km2 Quartier mixte Possible connexion par métro

68

7 BUIKSLOTERMEER 4125 hab./km2 Logements collectifs R+6 8 NIEUWENDAM 4571 hab./km2 Maisons individuelles R+1

9 TUINDORP NIEUWENDAM 3742 hab./km2 Maisons individuelles R+1 10 IJPLEIN EN VOGEL BUURT 6979 hab./km2 Logements collectifs R+4 11 WATERLAND Nature prédominante 12 LANDSMEER 487 hab./km2 16% d’eau


69


Une nature de proximité • De superbes paysages en coeur de ville

70

• Une nature en coeur de ville


71 A la conquète du Noord • Le Wilmkebreek polder


Une offre touristique dissimulée • Les trésors cachés de la périphérie nord

72

Après être resté un espace quelque peu en marge de l’effervescence du reste de la ville, son image tend à changer et le nord devient aujourd’hui de plus en plus attractif. Son altérité réside bien dans ce qu’il représente un monde à part, différent et alternatif. Son patrimoine architectural est à redécouvrir, initiative déjà affirmée par la réhabilitation des anciennes industries navales, Kranspoor et NDSM en tête. Mais d’autres mouvements sont également à l’oeuvre actuellement et le portail ILOVENOORD, initié par Luc Harings, en est le meilleur médium: depuis quelques années, se rassemble une communauté toujours grandissante autour d’événements à venir dans le Noord et de lieux à découvrir.

• Hôtel dans une ancienne grue portuaire


Mais aujourd’hui l’offre touristique, si elle doit être considérée comme telle, reste dissimulée, au sens où elle ne fait pas l’objet d’une réelle communication. Si les berges de l’Ij profitent effectivement d’une mise en lumière, notamment grâce à des architectures « évènements » comme l’EYE (Institut du cinéma néerlandais); le reste du secteur reste en retrait et sa découverte demeure aujourd’hui difficile…

73 A la conquète du Noord • Les canaux du Noord, un visage hors de l’effervescence du centre-ville


Se loger dans le Noord • Un rythme alternatif et des échelles domestiques

Hôtel

74

AirBnb

Camping

• Répartition de l’offre locative


75

A la conquète du Noord


problématique

• Agir à l’échelle des usages et du paysage

Il apparaît donc que cette « périphérie frontale » qu’est Amsterdam-Noord n’est plus seulement un vaste espace dortoir hérité d’une époque industrielle révolue… Nous l’avons vu, d’autres initiatives sont à l’oeuvre et une mutation s’amorce déjà. Aussi voulons-nous requestionner, dans cette situation amstellodamoise particulière, les pratiques d’une récréation contemporaine. Nous avons parlé de substituer une image à une autre. En ce sens, nous souhaitons nous positionner comme une alternative au tourisme à l’oeuvre actuellement 76 à Amsterdam et véhiculé par un imaginaire collectif prégnant sans pour autant prétendre (naïvement) s’y substituer. A l’inverse même, notre travail s’appuierait sur ce tourisme déjà en pratique. Pour ce faire, nous avançons le concept de « séjour+1 », que nous pourrions résumer ainsi: fort d’une première visite, quelles propositions d’expériences peuvent être faites pour (re)découvrir l’altérité de la ville?

Notre intervention se jouerait selon deux axes: une pratique touristique entre post-tourisme et trans-tourisme selon les termes de P.Bourdeau à destination de touristes « étrangers », où le terme d’«étranger au lieu» doit être requestionné en envisageant le couple « allochtone-autochtone »; et d’une pratique touristique comme redécouverte d’un ici, ancré dans une quotidienneté qu’il transcende; et davantage destiné aux résidents locaux en détournant le propos (du PDG de Publicis): « dans un monde qui bouge, l’immobilisme est un désordre » pour percuter l’idéal de mobilité que représente le tourisme « classique ». Ici, l’architecture serait notre médium pour expérimenter l’hybridation des fonctionnalités du lieu et donc des enjeux culturels de son usage partagé.


Le post-tourisme peut être entendu comme « issu de la post-modernité, une logique interne de jeu et de transgression ludique (se) jouant de l’artifice, de l’inauthenticité,(…), de la provocation. Dans ce tourisme au second degré, le principal facteur d’attraction ne serait plus d’ordre géographique, paysager ou patrimonial, mais serait centré sur la sensation et l’expérience offertes par des évènements, des spectacles,(…) ou par des expérimentations récréatives débridées et hybridées.(…) Le « spot » insolite et éphémère en seraient caractéristique. »

• Arrivée au NDSM en ferry

77 A la conquète du Noord

Le trans-tourisme, quant à lui, serait un « écho d’une trans-modernité incertaine, (…) un dépassement des frontières et des catégories habituelles visant l’exploration d’altérités négligées ou refoulées. Ce tourisme au troisième degré, volontiers normatif et inscrit dans une rationalité finalisée (pour quoi?), renverrait à des pratiques et représentations de la récréation marquées par un volontarisme éthique (social, environnemental, économique) et une recherche de cohérence existentielle, basées sur l’hybridation de l’univers récréatif avec la vie quotidienne, l’agriculture, le patrimoine, l’art(tisanat), l’éducation, le développement personnel et même la spiritualité. Porté par une logique de collectifs et de territoires apprenants, il s’inscrit dans une figure de l’entre-deux entre quotidienneté et tourisme, registre amateur et professionnel, lieux ordinaires et touristiques, tout en étant marqué par une grande diversité de pratiques oscillant entre proximités et itinérances au long cours, entre esthétisation et militantisme. »


78


79 A la conquète du Noord • Pavillon néerlandais de l’exposition universelle de Milan 2015: De la masse touristique à la redécouverte d’un quotidien


80

4


strategies urbaines

81


mécanismes du territoire • Une activité amorcée depuis le centre historique

MOLENWIJK

TWISKE QUARTIER RESIDENTIEL

QUARTIER RESIDENTIEL ACTIVITE PORTUAIRE

1

2

4

82

5

3

6 8 LOGEMENT ACTIVITE PORTUAIRE

CENTRE HISTORIQUE

7

9

10


QUARTIER RESIDENTIEL ET BUREAU

Connectés à un centre hyperactif, des engrenages s’étendent le long de l’Ij pour émerger sur la rive nord. Autour des différents franchissements les espaces mûtent et permettent des activités et une attractivité permanente. A l’échelle du Noord, un second système prend place. Des engrenages indépendants, avec un fonctionnement isolé qui sont donc en rupture avec l’effervescence centrale. C’est entre ces derniers que nous pouvons observer les différents espaces à reconnecter pour offrir des liens entre les espaces en fonctionnement solitaire du noord. Cette périphérie possède donc un mécanisme bien particulier dans lequel inclure de nouveaux rouages permettrait une connexion et une redécouverte du territoire facilitée. Entre centre touristique à l’attractivité étouffante et plaine verte du Waterland cette étendue construite sur des terres marécageuses propose donc de nombreux points de re-dynamisation.

stratégies urbaines

Quartiers connectés Engrenages actifs isolés Sites à redynamiser INDUSTRIE 1 JEUGLAND (Quartier résidentiel) 2 TUINDORP OOSTZAAN (Quartier résidentiel) 3 NDSM (Espace alternatif) 4 BUIKSLOTERBEEK 5 BUIKSLOT (Logements) 6 REHABILITAION INDUSTRIE PORTUAIRE • Les moteurs du territoire

83

7 OVERHOEKS (Bureaux et logements) 8 BUIKSLOTERMEER 9 QUARTIER KOOLHAS ( Logements et bureaux) 10 NIEWENDAMMERHAM (Bureaux et industries)


Created by Michael Thompson from the Noun Project

Un engrenage PARTICULIER • Une friche industrielle pour revitaliser le noord

Created by Cagri Yurtbasi from the Noun Project

Created by camila sz from the Noun Project

4

3 2

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Created by Mikkel Krøijer from the Noun Project

Created by mathieu dedebant from the Noun Project

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C’est au coeur de ce quartier qu’apparaît un point stratégique, d’un point de vue topologique, d’usages et d’inscription dans une quotidienneté. En effet, nous avons ici un espace spécifique de la composition néerlandaise, un polder au coeur d’un quartier résidentiel.

Polder : Région entourée de digues, afin d’éviter l’inondation par les eaux marines ou fluviales, puis drainée et mise en valeur. Ce constituant du territoire se situe entre deux engrenages isolés. Le Tuindorp Oostzaan, cité dortoir de l’activité portuaire, et deux complexes sportifs. Au bord de ce lac asséché, se trouve des vestiges d’une ancienne usine de ventilateur,la Kiekens Fabriek. Non loin du NDSM, espace alternatif du port qui a muté durant ces dernières années, cet engrenage possède également une connexion fluviale par le Zijkanaal, rejoignant l’Ij et abritant une marina, sur la seconde face de la digue composant le polder.

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Created by Michael Thompson from the Noun Project

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Created by mathieu dedebant from the Noun Project

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• Site de travail, La kiekens Fabrik et le Wilmkebreek polder

stratégies urbaines

Activités autour du WILMKEBREEK Site de la KIEKENS FABRIEK Bâtiment conservé Ancienne digue Zone d’activité Principaux canaux et points d’eau Equipement petite enfance Agriculture et entretien du polder Complexe sportif Crématorium Mise à l’eau, hangar à bateaux Pompe régulatrice du polder Complexe scolaire Associaton de protection du WILMKEBREEK


Un Contraste spécifique • Entre polder et canal, deux espaces distincts

Une nature à deux visages séparés par une infrastructure protectrice, composante du territoire néerlandais. Ce site présente donc les caractéristiques du paysage de la région, terres asséchées maintenant appropribales, cultivables, canaux et digue séparatrice parcourant tout le nord d’Amsterdam et ceinturant le Waterland. Ce contraste se fait donc de part et d’autre de cette digue, mais la réunion de ces milieux est pour le moment seulement visible depuis les airs. Le polder est devenu une réserve naturelle riche en coeur de ville, et le canal une voie de transport sur lequel on retrouve péniches et maisons flottantes.

86

•La digue historique composante du territoire


• De Wilmkebreek polder

87 stratégies urbaines • Zijkanaal I


Un PAYSAGE remarquable • Le Wilmkebreek polder, un espace naturel à protéger

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Polder comme poumon vert Zones résidentielles Espaces verts Ancienne digue Zone d’activité Principaux canaux GSPublisherEngine 0.0.100.100


89 stratÊgies urbaines • Echantillons de faune prÊsente sur le polder


Kiekens Fabrik / Villa Friekens • Une friche industrielle le long d’un lac asséché

Cette ancienne friche industrielle de 1,5 hectare se positionne entre le Zijkanaal, le polder et un quartier d’habitation. Détruite en février 2016, après dix années de squat artistique, seules les dalles bétons sont présentes sur le site, vestiges de l’activité depuis le début du XXème siècle. L’usine proposait trois entrées, deux depuis la digue, et la troisième à travers le tissu résidentiel. En contre bas de la digue, ce site s’ouvre sur le polder dans sa longueur. Ce dernier est inaccessible car cerné de canaux d’irrigation permettant le contrôle du niveau d’eau.

90

• Relevé des dalles restantes


Les vestiges de cette fabrique peuvent être support à un aménagement paysager. Des dalles à découper pour révéler les espaces, hiérarchiser les usages tout en évitant de venir construire à nouveau sur les espaces naturels pour préserver le site. Cette étendue accessible entre digue et polder permet la création d’un espace à usages multiples connectant point haut et bas du site.

91 stratégies urbaines • Démolition de l’usine


Kadoelenwerf

• Une activité nautique rayonnante sur le Zijkanaal

Ce pôle nautique se compose d’ateliers de réparations, d’hivernage ainsi qu’une zone de mouillage. Connecté au NDSM et à l’Ij par le Zijkanaal, l’actvité locale tend à rayonner à plus large échelle. L’usage actuel est orienté à destination des locaux malgré un visage récréatif. Le lien au polder se fait par la digue mais également par le contact avec les eaux du Zijkanaal évacuées du lac asséché.

92

• Mouillage


Point bas en réponse au site de la Kiekens Fabriek de l’autre côté de la digue, la marina permet de requalifier une connexion physique à travers la digue, mais aussi au niveau des acteurs locaux et de passages avec le potentiel attractif du polder, et l’attractivté rayonnante de ce port de plaisance. La connexion avec le NDSM et la remontée par le Zijkanaal depuis le centre fait de cette zone une porte d’entrée vers ce site particulier.

93 stratégies urbaines • Kadoelenwerf et polder


Landsmeerderdijk • Elément structurant du paysage

L’infrastructure protectrice comporte deux faces distinctes. L’une habitée, tournée vers le Zijkanaal, où l’on retrouve péniches et maisons flottantes. La seconde est une face vierge tournée vers le polder. Ce point haut du paysage, construit pour assécher les terres est également un espace de circulations automobile, cycliste, et piétonne.

94

• La digue protectrice


La digue comme point haut du territoire admet un potentiel certain en terme de visibilité sur le paysage. Cette barrière protégeant le polder, est le lien physique entre les deux espaces. Le language protecteur et infranchissable peut se rejouer par la porosité de cette infrastructure. En effet une digue n’est jamais totalement imperméable et permet une infiltration par capilarité, C’est cette notion qui peut être support à une traversée controlée de cet élément fort du paysage amstellodamois.

95 stratégies urbaines • Parcours et visibilité


Résonner à l’échelle du quartier • Le polder comme centre attractif

96

Le Wilmkebreek, l’un des polders du Noord, prend une place fondamentale à l’échelle du quartier. Transformer un élément central, seulement contourné, en un élément qui rayonne: un point de départ comme un point d’arrivée. La stratégie est de reconnecter le polder aux parcours existants par les trois éléments remarquables que l’on vient d’énoncer. En effet la marina tire vers le sud, la Kiekens Fabriek vers le polder, et la digue s’inscrit dans le parcours urbain. Le lac asséché devient donc support visuel de villégiature. On vient le regarder, l’admirer, comme l’on vient voir un rivage. Le site de la Kiekens quant à lui prendrait l’image d’une plage en front de mer verte, connectée à la marina de l’autre côté de la digue. Ce nouvel espace de villégiature vient donc résonner à l’echelle du quartier par son attractivité à différents niveaux. La redécouverte d’un espace remarquable du quotidien, et dans un même temps la découverte d’une face

caché d’Amsterdam pour les touristes, à la fois locaux et étrangers. De plus, le site d’action se situe à la séparation des accés routiers du quartier, ce qui en fait un point central, une rencontre. Le programme vient donc s’appuyer sur la position forte du site, et l’envie de donner à (re)découvrir un quotidien. Entre acteurs locaux et touristes, cette résonnance à l’échelle du quartierPolder et du territoire amstellodamois comme poumon vert permet la réunion de ces derniers. Zones résidentielles Espaces verts Ancienne digue Zone d’activité Principaux canaux

Face naturelle digue Marina Kiekens Fabriek Polder Accès Site d’Action Orientation 10 0

30 20

100 40


Dir. A10 Created by Jonathan Li from the Noun Project

Dir. Molenwijk Created by Jonathan Li from the Noun Project

Promenade Created by Jonathan Li from the Noun Project

Point de vue

Découverte

Plage

Villégiature

97 stratégies urbaines

Marina

Created by Jonathan Li from the Noun Project

Dir. NDSM

Dir. Buikslotermeer et Gare central

• Stratégie territoriale


(Re)Connecter les espaces • La digue comme point central des séquences de parcours

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La connexion au niveau du site se fait par la digue qui, à l’heure actuelle, cloisonne les différents espaces. L’idée est de retravailler cet élément constitutif du paysage et des espaces pour permettre un nouveau parcours de part et d’autre de celui ci. La digue serait donc l’élément de transition entre la marina et l’espace de villégiature pour les circulations lentes, les véhicules motorisés continuant à parcourir la crête. Au travers de ces milieux reconnectés, une hiérarchisation des parcours vient compléter la découverte des espaces. Les cheminements secondaires permettant d’ouvrir, axer, et qualifier les différents secteurs du projet. A cette échelle on vient rejouer la morphologie d’Amsterdam Noord, cette périphérie entre l’Ij, le port, et les grands espaces verts du Waterland au dessus de l’A10. Ici le port est rejoué par la marina, le Waterland par le polder, et l’activté d’Amsterdam Noord se situe au niveau de la digue qui

Polder comme poumon vert Zones résidentielles Espaces verts Ancienne digue Zone d’activité supporter le programme. Principaux canaux

viendra Le site d’action, ou espace de transition, s’implante sur l’ancienne entrée principale du site de la Kiekens Fabriek et permet de s’accrocher à Facedes naturelle digue la marina en lisière résidences flottantes. Entre Marina plage urbaine et marina, l’élément séparateur devient Kiekens Fabriek donc élément de connexion. Polder Accès Site d’Action Orientation 10 0

30 20

100 40

Voie sur digue Parcours bateau Parcours Parcours secondaire Site d’action

10 0

30 20

40


Connexion Point de vue

Promenade

Plage urbaine

Ouverture Service

Created by Jonathan Li from the Noun Project

Mise à l’eau Entretien

99 stratégies urbaines

Port

Axe sens unique + Bande cyclable

Created by Jonathan Li from the Noun Project

Voie sur berge Parcours depuis le NDSM

• Stratégie à l’échelle du site


Un espace de villégiature • Pour (Re)découvrir le paysage amstellodamois

La notion même de lieu de villégiature induit un lien étroit avec la ville dont il est un pôle périphérique plus ou moins dépendant. Les entités spatiales de la villégiature balnéaire sont le rivage, la station et la plage. Ici la station devient l’espace construit, espace transitoire entre plage et marina. Cet élément comprend différents usages: découverte, réunion, restauration, et réparation. Le centre de découverte mettra en avant les trésors cachés du Noord et donnera les clés de la compréhension de ce territoire singulier. Le restaurant se connecte à la plage urbaine pour offrir les services de restauration indispensables à un espace de villégiature. La salle d’exposition permanente permet une continuité de la découverte dans un espace hors de l’activité exterieure. Quant à la Marina, elle met en lien les acteurs locaux par la réparation et le stockage des bateaux avec un usage de découverte par la location de ces moyens de transport pour parcourir 100 le Noord autrement. Ces éléments, implantés au niveau de la digue sont le point d’accès principal à la plage, la première ligne. Dans un second temps du parcours arrive la plage urbaine. elle correspond à un concept spatial limité mais naturel qui s’inscrit dans un espace ouvert. Elle se propose comme le lieu privilégié du contact avec la nature. C’est un espace qui concilie divers usages. Elle permet de s’évader d’un contexte urbain, d’en oublier la hiérarchisation, parce qu’elle est un lieu de « centralité » partagé et accessible à tous. Sur celle-ci les espaces seront hiérarchisés en fonctions des usages, entre le polder, qui reprend l’imaginaire de la mer, et la première ligne bâti, la digue. L’espace que nous occupons est ainsi pensé et façonné par les usages. Dans le cas

de la villégiature, chaque groupe d’usagers dessine l’espace qui lui est nécessaire en fonction de sa culture urbaine, et de son rapport à la nature, ce qui donne à créer des espaces appropriables. Ces espaces seront connectés par les différents parcours à travers les programmes. Les réseaux de circulation sont l’armature des échelles de territoire, leur développement illustre l’évolution des rapports à l’espace qu’on appelle aujourd’hui le bord de mer. On peut ainsi distinguer les réseaux d’accès et les réseaux de desserte interne, eux-mêmes conçus à différentes échelles, celle de la côte comme celle des sites, pour ménager les deux rythmes sur lesquels se fonde la villégiature : le voyage et la promenade. Entité que l’on retrouve le long du polder, tel un rivage sur la face non habitée de la digue permettant de découvrir ce nouvel horizon sous différents points de vue et permettant une reconnexion aux réseaux actuels du quartier.


POLDER

20 Ha

P R O M E N A D E

PLAGE URBAINE 13000 m²

5000 m²

SALLE EXPOSITION PERMANENTE

CENTRE DE DECOUVERTE 600 m²

120 m²

RESTAURANT 200 m²

101 HEBERGEMENT TEMORAIRE 60 m²

MARINA 350 m²

CANAL

CONNEXION PHYSIQUE CONNEXION VISUELLE

• Organigramme programmatique

stratégies urbaines

DIGUE


Un espace au service des usages • S’approprier la plage

Réparer

Se restaurer

Se regrouper

Bronzer Famille

102

Se Baigner

Sport de plein air

GSPublisherEngine 0.72.100.99


Naviguer

Eduquer Découvrir Penser Flâner

Courir

103 stratégies urbaines


Un parcours transitoire

• Un cheminement le long du Zijkanaal entre activité portuaire et calme résidentiel

104

• Parcours depuis le NDSM


• Zijkanaal I

105 urbain. Par ces interstices, le polder est visible tout en découvrant le quartier, son architecture, sa vie. Ces programmes satellitaires se composent d’élément de pause, repos, actvitiés, pour ne pas seulement rejoindre le site mais également habiter les berges. Ainsi ce parcours aide le programme à trouver son public et à l’attirer depuis les lieux touristiques et alternatifs des espaces en mutations de la rive nord de l’Ij. Cette promenade le long du Zijkanaal permet aussi de découvrir la vie sur les canaux, les maisons flottantes, les péniches,et les bateaux rejoignant la marina.

stratégies urbaines

L’arrivée depuis le franchissement de l’Ij se fait par le NDSM puis en longeant le Zijkanaal. Ce canal, branche de l’Ij, remonte le long du Tuindoorp Oostzaan, puis court le long de la digue en passant devant la marina. C’est le long de ce canal que le parcours se fait, sur des berges où se situent quelques vestiges de l’activité portuaire. Ces éléments sont imaginés comme signals et programmes satellitaires pour guider et rythmer le parcours vers le polder. Le cheminement amène, dans un premier temps jusqu’au site de projet, et permet également de faire une boucle tout autour du polder pour découvrir celui-ci à travers les différentes porosités dans le tissu


106

5


pROPOSITION ARCHITECTURALE et paysagère

107


Le paysage au coeur de la villégiature • Paysages et usages comme support d’implantation

Cet espace aménagé se dessine au fil du temps en fonction de la culture des groupes d’usagers, et de leur rapport à la nature. 108

• Plan masse


Vue aĂŠrienne p.110

109

Proposition architecturale et paysagère

Coupe p.110


La digue, axe majeur

• L’infrastructure paysagère comme porte entre deux mondes

110

• Parcours haut


La digue, axe longeant le polder et supportant le bâtiment, se rejoue comme une porte entre les deux entités qu’elle séparait. Un nouvel axe traversé vient donc se créer en contraste avec sa direction principale. En effet, la circulation vient dorénavant traverser sa base pour ouvrir les espaces les uns vers les autres. Ses orientations vont se rejouer pour créer un lieu de connexion. La digue ne se parcourt plus exclusivement sur sa crête mais devient un carrefour entre usages et paysages. Cette infrastructure structurante du paysage vient s’ouvrir grâce à la découpe d’une section pour y implanter un nouveau bâtiment qui en reprends les caractérisitques protectrices. Entre protection et connexion le bâtiment s’articule tel un parcours d’eau au travers d’écluse pour séquencer, rythmer et lier les espaces. Deux mondes distincts, supposés ne pas se rejoindre, viennent donc se connecter

par cette percé transversale dans la digue. Son parcours initial est conservé par un passage en partie haute. En effet l’axe de circulation du territoire est maintenu, et deux places s’articulent autour comme des espaces de repos, respiration. Sur cette partie haute, les batardeaux servent de support à des parcours s’apparentant à des jetées de bord de mer, point haut et point d’accès au rivage. Au niveau de la digue, le parcours est principalement un axe routier à faible flux, sur lequel on retrouve une voie à sens unique ainsi qu’une piste cyclable et voie piétonne qui permettent un accès sur les batardeaux comme des jetées amenant à contempler les différents horizons. Ces derniers permettent également une descente directe sur le polder depuis la digue sans parcourir le bâtiment.

111 Proposition architecturale et paysagère • Coupe sur la traversée


ouvertureS

• Rendre poreux une infrastructure protectrice

1/ La digue à l’heure actuelle séparant polder et canal.

2/ Une découpe est effectuée au niveau de l’ancienne porte d’entrée principale du site de la Kiekens Fabriek.

3/ Un batardeau structurel s’installe pour éviter l’inondation et devient support de l’architecture.

4/ Ce dernier s’infléchit pour lier les éléments . Une avancée sur le canal se crée et laisse un retrait pour le canal.

5/ Le batardeau s’ouvre au sud pour permettre des traversées. Le contrôle de la porosité se fait par des portes écluses.

6/ Pour séquencer la traversée de la digue et l’arrivée sur le site de la Kiekens Fabriek, des batardeaux secondaires s’implantent pour diviser le flux en plusieurs bras.

7/ Les différents programmes viennent prendre appui sur cette seconde trame de batardeaux architecturaux.

8/ La trame structurelle est axée sur les batardeaux secondaires, qui seront également utilisés pour abriter les espaces servants.

112


Ground Floor (6)

1:50

Un batardeau est une structure provisoire installée en remplacement d’une bouchure « traditionnelle », soit pour réaliser la maintenance (préventive ou curative) de celle-ci, soit pour réagir à un incident grave. Un batardeau est donc une bouchure mobile, ce qui implique que : - l’étanchéité doit être assurée ; - la bouchure doit être mise en place ; - le batardeau doit être transporté et amené sur site - la structure doit être stockée et entretenue

• Détails batardeau 1/100

GSPublisherEngine 0.9.100.100

• Comment réinterpréter le batardeau ?

1/ Une digue

2/ Gabarit accès

113

4/ Batardeau prtotecteur

5/ Creuser la digue

6/ Infrastructure habitée

Proposition architecturale et paysagère

3/ Découper


Le parcours comme connexion • Des espaces articulés autour de l’écluse

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115 Proposition architecturale et paysagère • Vue aérienne au niveau de l’intervention sur la digue


Rythmes et flux

• Différents parcours rythmés pour des découvertes singulières

• Schémas de principe d’un écluse

Dans cet espace comme dans une écluse, les flux et les rythmes sont gérés par des portes, des canaux de dérivations, ainsi que des bassins de rétention. Guidé par l’eau filtré depuis le canal, cheminant entre bassins et impluviums, le parcours se fait suivant différents rythmes. Un premier, rapide, qui permet de traverser simplement la digue pour passer directement de la marina aux plages urbaines. Le second, suivant un rythme plus lent, traverse un espace couvert qui sera axé sur une découverte explicative d’Amsterdam Noord. Les batardeaux architecturaux (ou secondaires) viennent rythmer les flux tels des rapides, créant des poches de repos et des séquences plus vives. L’eau, comme l’usager, voit son mouvement guidé et rythmé par l’architecture.

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• Ecluse rythmant les flux


L’intervention sur la digue tend à s’inscrire sur le point haut du paysage comme une extension traversée de celle-ci. La ligne de toiture principale s’accroche au niveau de la route et seule la marina vient s’en affranchir au vu de son usage. L’inscription dans le contexte permet également un parcours du bâtiment par le dessus, pour s’inscrire dans le cheminement en crête de digue. S’inscrire dans la morphologie, correspond également à une connexion avec le paysage, un lien fort avec l’environnement.

• Principe d’inscription dans la morpholgie

117 Proposition architecturale et paysagère • Parcours bas


118


119

Proposition architecturale et paysagère

• Plan masse paysager


un programme au service du parcours • Diriger les flux par les services proposés 2

1

3 2

Salle d’exposition

1

Centre de découverte 2 3

3

1

Restaurant 2 3

120

3

4

2

1

Atelier nautique 4

• Plan programmatique


La circulation basse débute le long du canal pour pénétrer dans la digue en longeant la mise à l’eau de l’atelier nautique. Deux parcours se proposent au coeur de la digue. L’un rapide permet un accés direct a la plage urbaine en longeant le restaurant, le second vient parcourir l’espace couvert dans un rythme plus lent grâce au programme culutrel qui y est proposé. La fin du parcours permet de continuer de découvrir le polder autrement, via les plages urbaines. Un cheminement dans l’espace de villégiature permettant une autre vision du lac asséché. La découverte se continue le long du polder à flanc de digue dans une promenade plus naturelle, en prise direct avec le polder pour en prendre sa pleine mesure.

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1. Salle multi-usages 2.Sanitaires 3. Stockages 1. Salle 2. Sanitaires 3.Stockages 4. Cuisine 1.Atelier 2. Sanitaires 3.Local vélo 4.Mise à l’eau

Proposition architecturale et paysagère

1. Exposition Permanente 2. Sanitaires 3. Stockages


Un lien entre lumière et espace • Des couvertures au service des usages

122


Cette toiture, seul élément haut du bâti vient s’ouvrir sur toute la périphérie de l’espace de mise à l’eau. Pour des questions d’usages, arrivée de voilier par exemple, cette toiture s’élève et permet de s’ouvrir au dessus de l’infrastructure protectrice. Les ouvertures lumineuses révèlent l’usage de l’espace.

• Atelier nautique

Le restaurant, qui s’ouvre partiellement en façade vers le polder, voit certaines de ses ouvertures se prolonger en façade pour amener une lumière zénithale et révéler les espaces ouverts au public, salle, bar, entrée.

• Restaurant

• Centre de découverte

La salle d’exposition est une salle fermée dans toute sa périphérie, la lumière du jour se révèle par sa toiture en polycarbonate permettant une lumière diffuse dans tout l’espace. Sans vision sur l’exterieur, cette lumière vient créer un ciel artificiel permettant la création d’un espace fermé à la lumière controlée.

• Salle d’exposition

Proposition architecturale et paysagère

La toiture terrasse du centre de découverte diffère du reste du bâti. En effet celle-ci, accessible, est une couverture sur un espace ouvert. Les entrées lumineuses se font au niveau des impluviums pour cadrer le parcours 123 en sous face et amener une lumière directe. On circule autour de la lumière.


L’atelier nautique • Une marina ouverte sur le Zijkanaal

Toiture marina MARINA CANAL

Toiture plate Zinc e.20mm pente 2%

124

Lame corten e.50mm

Eclairage

Evacuation

• Détail ouverture et batardeau 1/50


La marina comporte un atelier de réparation et une mise à l’eau, ouverte sur le canal pour une sortie des bateau en cale sèche directement au niveau de l’atelier. C’est l’un des point haut du projet pour pouvoir travailler avec les voiliers du port de plaisance. En effet, le dématage ne sera obligatoire pour une réparation à l’intérieur grâce à sa porte écluse ouverte directement sur le Zijkanaal, et un sol à 1.30m pour ne pas subir les mouvements du canal. L’atelier permet aux locaux de venir travailler sur leurs embarcations à l’abris pendant la période

hivernale. Durant les beaux jours, cet espace sert également de point d’acceuil pour les personnes voulant louer un bateau pour découvrir les charmes des canaux du Noord. La partie haute de la marina, entièrement vitrée, amène de la légereté à cet espace et permet aux personnes parcourant la partie piétonne du batardeau de pouvoir découvrir le savoir-faire à l’oeuvre à l’intérieur. Ce bâtiment fait signal à côté de la porte d’entrée de la traversée sous la digue.

125 Proposition architecturale et paysagère • La mise à l’eau


126


127

Proposition architecturale et paysagère

• Vue depuis le Zijkanaal


LE centre de découverte • Découvrir et sensibiliser durant la traversé

CENTRE DE DECOUVERTE

CANAL

4

0

1

2

3

4

5

0

1

2

3

4

5

5

Briques terre cuite 110*70*220mm

Assise chaise longue

Plaque corten e.20mm Carrotage parasol

Poutre X-Lam CLT 5m*100mm 1:50

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Potelets acier d.100mm Impluvium e.20mm

bac corten

• Détail technique sur imlpuvium 1/100


Le système de récolte et de rétention est ici le point de départ du parcours de l’eau sur la plage urbaine puisque sont récupérées ici les eaux pluviales, depuis la toiture. La filtration naturelle permettant de nettoyer une partie de celles-ci, avant de les guider vers les bassins de rétentions de l’espace publics, où la filtration majeure sera effectuée. Ces bassins participeront à la lecture et à la trame du paysage. Dans cette partie du parcours, l’eau est mise en scène à travers son aspect éphémère, son odeur, sa brillance.

129 Proposition architecturale et paysagère

Le centre de découverte, élément structurant du parcours lent, permet de faire découvrir le Noord par différentes expositions au fil des saisons. Canaux, faune, architecture, en seront le fil conducteur. Articulé autour d’impluviums, l’espace permet d’accueillir des manifestations temporaires autres que les expositions. Les espaces servant, stockages et sanitaires, sont inclus dans le batardeau, pour libérer au maximum l’espace. Les impluviums sont travaillés comme des puits lumineux cernés par des potelets acier, hiérachisant les espaces tout en permettant une ouverture maximale. La traversée de ce centre de découverte se fait donc au fil de l’eau, fluviale ou pluviale pour terminer par une ouverture sur le polder, un horizon vert. Ce lieu couvert, s’inscrit dans l’espace public et permet une découverte en tout temps. Entre le centre et le polder, un espace appropriable permet l’extension des activités internes en cas de manifestations à plus grande ampleur, tel que des concerts, spectacles, expositions artistiques...


130


131

• Impluviums et scénographie


uNE ADAPTABILITé DE L’ESPACE • Un lieu ouvert socles de multiples usages

• Espace de découverte

132

• Lieu festif


• Marché couvert

133 Proposition architecturale et paysagère

• Espace de projection


Le restaurant

• Interaction avec la plage urbaine, une ouverture sur la villégiature périurbaine

RESTAURANT

CANAL

134


Lame épicéa e.35mm pente 5%

Vitrage

X-lam CLT 400mm*100mm Sous face laméllé collé 2m*30mm

• Détail toiture 1/50

Proposition architecturale et paysagère

Le restaurant se situe à côté de la sortie «rapide» de la traversée de la digue, en interaction directe avec les plages urbaines. Son regard est tourné vers la plage récréative et les bassins. Son fonctionnement interne est égale135 ment composé des espaces servant dans le batardeau, pour ouvrir le regard vers l’horizon. Une terrasse vient prolonger le restaurant sur l’extérieur pour encore affirmer son accroche au lieu. Son positionement entre plage et zone construite rapelle les paillotes entre bâtiment de première ligne et rivage.

• Ouverture sur les plages et le polder


L’exposition permanente • Un espace protégé hors de l’effervescence extérieure

SALLE EXPOSITION

CANAL

136


• Détail toiture lumineuse 1/50 Plaque polycarbonate 200mm*30mm Jointure métallique étanche

Poutre X-lam CLT 400mmx100mm Isolant aérogel transparent Plaque polycarbonate 200mm*30mm

Proposition architecturale et paysagère

L’exposition permanente se situe dans une salle en lien avec le centre de découverte pour prolonger la visite. Un élément clos et coupé de l’extérieur. Les seuls points de vue sur ce qui nous entoure existent au travers de périscopes traversant la toiture à la lumière diffuse, tel des mats montants vers le ciel. 137 Au coeur de l’exposition permanente, les périscopes axent la vision sur des éléments précis de l’environnement en lien avec ce deuxième moment de découverte. Accrochés à l’un des batardeaux architecturaux, les espaces de stockages ainsi que les sanitaires de cette salle viennent s’inclure dans l’infrastructure architecturale et dans la continuité des autres éléments de programme. Le mur Est de la salle est également le support de projection du centre de découverte lors de sa mutation d’usage en espace de projection.

• Exposition aveugle


Une matérialité vivante • Une architecture évoluant avec le site

138


Entre bois et acier, le complexe et l’infrastructure protectrice verront leur image évoluer au fil du temps. Les différentes matérialités mises en oeuvre verront leurs apparences changer et s’échanger, comme dans une recherche d’harmonie. La nature du bois tendra vers le gris, l’acier, lui, se teintera d’ocre marron. La matérialité évoluera avec le site au rythme des années.

139 Proposition architecturale et paysagère • Passage sous la digue


Une histoire conservée • Des vestiges support de villégiature

La plage urbaine vient s’inscrire sur le site historique de la Kiekens Fabriek. Sur les vestiges de cette dernière viennent se découper dans la dalle les différentes matérialités et les différents usages. L’eau est au centre de la plage, cerné par une ligne de cabines et le polder. Les cabines représentent la transition entre l’urbanité du

tissu résidentiel et le naturel de la plage, le passage d’un monde à l’autre: du temps quotidien à la villégiature. Les différents espaces sont appropriables et hiérarchisés selon les différents usages suggérés. La plage propose des lieux aux ambiances variées liées au parcours de l’eau et aux usages que les gens en feront.

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• Les dalles existantes constituantes des plages urbaines


Sanitaire Stockage Vestiaire Douche

Tube acier d.70mm • Carottage dans la dalle existante 1/50

1

2

3

• Découpe des dalles, nouvelles assises 1/50

0

1

4 5 Résine e.30mm

support

2

• Usages des cabines

de

3

4

5

141 Proposition architecturale et paysagère • Un après-midi au bord du bassin


142


143

• Vie estivale


Prolonger la découverte

• Pour prendre la mesure de ce polder et en découvrir toutes ses facettes

144


La face de la digue ouverte sur le polder vient s’accompagner d’une promenade permettant des accès secondaires pour descendre au plus près du nouveau rivage et d’admirer le polder différement. Ce parcours s’inscrit dans la continuité des plages urbaines et permet de remonter sur la digue pour continuer la découverte du Noord. Entre ponton et jetées, l’espace naturel est conservé pour rester au plus proche de la nature du site. L’intervention ne surplombe que rarement le polder au delà du canal d’irrigation pour préserver la faune présente sur le site. Le long de cette promenade on retrouve également des cabines abritant les éléments de service et prolongeant l’imaginaire de villégiature du site.

145 Proposition architecturale et paysagère • Promenade le long de la digue pour découvrir le nouvel horizon


146


147

Proposition architecturale et paysagère


148


149


conclusion

• Une ville à l’imaginaire rejoué

L’implantation de ce nouvel espace de villégiature dans la Venise du nord s’inscrit dans une redécouverte du quotidien de la face cachée d’Amsterdam. Dans la périphérie nord, le polder est un vestige historique relatant l’histoire de l’expansion territoriale amstellodamoise, et à plus large échelle des Pays-Bas. Se réapproprier le site de la villa Friekens et de l’espace 150 nautique du Kadoelenwerf, en bordure du polder,représente une occasion de réanimer ce symbole du paysage local. Le projet s’inspire de la poésie et de l’imaginaire associés aux plages pour composer avec l’existant un nouvel espace de villégiature entre locaux et touristes, allochtones et autochtones. Les dynamiques internationales, par le tourisme, et locales se lient dans ce projet et crée une continuité à l’echelle du territoire par une reconnexion aux espaces déjà en fonctionnement du centre historique. Ces continuités permettent aux deux entités de dialoguer au travers d’un espace de (re)découverte. Par le biais de la culture et du tourisme, le territoire se redessine en ces temps de «tournant récréatif». La réflexion compose

avec les notions de post et trans-tourisme, pour dynamiser le quartier en s’appuyant sur un patrimoine fort et des espaces à reconvertir. Ce projet a pour but de requestionner la qualification d’un espace. En effet dans des lieux touristiques, comme le centre ville, les équipements ne sont pas exclusivement réservés aux touristes. L’inverse se joue également dans les périphéries. Les équipements doivent donc être à usages multiples et appropriables. Les villes sont en train de repenser les espaces délaissés pour créer des lieux retrouvés et redessinés pour une altérité d’usages. L’espace de villégiature se lie à un espace culturel, tout deux support d’animations urbaines, et de nouvelles sociabilités, pour créer un temps de dépaysement de d’émerveillement au sein d’un tissu résidentiel. Proposer une redynamisation sur deux axes, culturel et de loisirs, permet de ré-enclencher le dialogue entre les différents acteurs de cette capitale touristique par le biais d’interêts communs. Ce dialogue se joue ici dans une reconnexion de deux


milieux historiquement séparés par une infrastructure protectrice ayant permis l’expansion territoriale. S’inscrire dans une démarche de « séjour + 1 », permettant de redécouvrir l’altérité de la ville, offre à ce public d’initiés un point de départ vers les grandes étendues du Noord. Ce nouvel engrenage devient alors le point de chargement en connaissances, via le centre de découverte, pour un départ le long des canaux traversant l’A10. Prenant naissance aux franges du centre ville, il représente donc une étape dans le parcours vers les territoires de l’arrière-pays amstellodamois. Une gradation visuelle, d’ambiance et de découvertes rythme ce nouveau parcours entre centre attractif et étendues vertes du Waterland. Ainsi ce projet revalorise un patrimoine en s’appuyant sur une requalification, tant des notions associés aujourd’hui au tourisme que d’un site en attente de nouveaux usages, et amorce ainsi un dialogue avec le potentiel extraordinaire d’un espace ordinaire du paysage amstellodamois. Esquissant les premiers traits de cette redécouverte urbaine, Celle-ci se veut

comme une amorce réflexive quant aux possibilités offertes par des infrastructures aujourd’hui en attente dans la Venise du Nord pour questionner la ville de demain: s’appuyer sur le tourisme pour développer l’économie et la vie locale mais aussi mieux répondre aux défis environnementaux et urbains des années à venir.

151


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BIBLIOGRAPHIE Bibliographie -HUGUES François, BOURDEAU Philippe, PERRIN-BENSAHEL Liliane, (Dir.), Fin (?) et confins du tourisme: interroger le statut et les pratiques de la récréation contemporaine, Paris: L’Harmattan, 2013 -MARTIN Niels, -BOURDEAU Philippe, DALLER Jean-François, Les migrations d’agrément: du tourisme à l’habiter, Paris: L’Harmattan, 2012 -VIARD Jean, Le triomphe d’une utopie, Paris, édition de l’Aube, 2015 -LLOP TORN Carles & BOSC Stéphane, WORKING WITH THE TERRITORY, STRATEGY FOR THE NEW TERRITORIALITIES, Barcelone, ACTAR Birkhaeuser. Barcelona, 2012 -HODES STEPHEN, Amsterdam, anticipating the future, Amsterdam, Mainstudio, 2015 -ZIMMERMANN Astrid, Constructing landscape, Birkhaeuser, Bâle, 2010 -ELVIRA Juan & GOODMAN David, Uncharted: The New Landscape of Tourism, ACTAR, New-York, 2015 -LOUBES Jean-Paul, Tourisme, arme de destruction massive, Editions du sextant, Août 2015 - VAN DER WEIDEN Nina, How to avoid the other tourists, Vior Webmedia, Amsterdam, 2015 -PROMINSKI Matin, River. Space. Design, Birkhaeuser, Bâle, 2012 Webographie CITY OF AMSTERDAM, Interactive Kaarten van Amsteram, disponiblesur : www.maps.amsterdam.nl OOZO.nl, Wetenswaardigheden, cijfers en statistieken over de wijk Stadsdeel Noord in Amsterdam, disponible sur www.oozo.nl/cijfers/amsterdam/stadsdeel-noord ECOLOGIE & POLITIQUE, Politiques urbaines et mobilité durable, disponible sur www.ecologie-etpolitique.info/IMG/pdf/29_Politiques_urbaines_et_mobilite_durable.pdf ARCAM, Architecture Centrum Amsterdam, disponible sur www.arcam.nl/en/amsterdam-een-kortegeschiedenis/ WEBLOG of Zef Hemel on urban planning, Tourists under attack, disponible sur www.zefhemel. nl/?tag=toerisme

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