Grimpe Hiver 2015

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> numĂŠro 11, dĂŠcembre 2014 1 > grimpE


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Page couverture Crédit photo : Alain Denis

ÉDITO

LE NOUVEL ÂGE D’OR ?

Être un rédacteur en chef d’un magazine sur l’escalade au Québec, ces jours-ci, c’est du bonbon. Il se passe tellement d’événements, il y a tant de nouveautés, que je peine à tout suivre. Des gyms semblent se construire chaque mois, de nouvelles compagnies en lien avec l’escalade voient le jour presque chaque semaine, sans oublier les compétitions, qui se suivent, mais ne se ressemblent pas.

Reste qu’en raison des circonstances actuelles dans la province, le spectre de coupures budgétaires n’est pas si loin. Il faut souhaiter que la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade, ainsi que les autres fédérations, sera épargnée par le couperet de la « rigueur budgétaire », parce que le « sport » que constitue l’escalade en souffrirait.

Cela nous laisse croire que de beaux jours pour l’escalade se profilent à l’horizon. On peut même (naïvement?) espérer qu’une plus grande popularité du sport pourrait se traduire par une plus grande facilité à négocier des droits d’accès et ainsi aider le développement de nouvelles parois.

L’accès à des sites peut se perdre très rapidement, comme nous l’avons déjà constaté par le passé.

Les jeunes grimpeurs pourront se développer comme aucune autre génération auparavant, et l’escalade, comme discipline purement sportive, s’en retrouvera grandie. Même au chapitre de l’escalade extérieure, l’année 2014 aura été très positive, avec l’accès sécurisé pour plusieurs sites à travers la province, que ce soit en bloc, en escalade sportive ou en escalade traditionnelle. Et attendez de voir ce que les éclaireurs de l’escalade ont trouvé et équipé au cours des derniers mois. Il y a sans cesse plus de cailloux, de glace, de fissures et de dévers à grimper au Québec, grâce au travail sans relâche d’une petite poignée de personnes très déterminées.

Mais l’année 2014 restera certainement une année importante, qui va vu de nombreux développements se concrétiser. Il sera bien intéressant de voir ce que peut nous réserver 2015 ! *** par David Savoie Éditeur ian@escaladequebec.com Ventes et publicités: EscaladeQuebec.com info@escaladequebec.com

Les prochains mois et prochaines années permettront de voir tous ces fruits mûrir. L’aventure n’est pas non plus perdue pour les plus nostalgiques ou les plus puristes: il reste encore de nombreux endroits où l’on peut relever les défis posés par de vastes murs peu parcourus et peu répertoriés. Peut-on parler d’un nouvel âge d’or pour l’escalade au Québec ? Certainement d’une période de grand faste ! Et il y a des raisons de se réjouir: toutes les disciplines de l’escalade peuvent en bénéficier à long terme.

Mise en garde : L’escalade comporte desrisques pouvant causer des blessures ou un décès. Toute information ou tout conseil reçu par le présent magazine ne dispense quiconque d’évaluer lui-même les risques auxquels il peut être exposé. EscaladeQuebec.com recommande d’acquérir les connaissances et l’expérience nécessaires avant de s’aventurer en paroi, en montagne ou sur toute structure verticaale. Vous devez accepter les risques et responsabilités inhérents pouvant survenir lors de la pratique de vos activités. Tous droits réservés EscaladeQuebec.com : Le contenu de ce magazine ne peut être reproduit, en tout ou en partie, sans le consentement explicite de l’éditeur. Les opinions qui sont exprimées sont celles des auteurs; elles ne reflètent pas nécessairement la position d’EscaladeQuebec.com.

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Faits saillants >

ALLEZ-UP OUVRE UN GYM... À HALIFAX Cela pourrait très bien constituer une première canadienne: un gymnase québécois qui ouvre de nouveaux locaux dans une autre province. Pensée et soutenue par Allez Up, la salle de Seven Bays Bouldering devrait voir le jour ce printemps. Si le gym montréalais a misé sur ce marché, c’est que le projet paraissait facile et rapide à réaliser. Contrairement à Montréal, les permis de construction et les approbations ont été très faciles à obtenir. Halifax ne comptait pas vraiment de salles d’escalade, et la réception est très bonne jusqu’à maintenant, affirme le copropriétaire d’Allez Up, Jean-Marc De la Plante. L’annonce de l’ouverture de la salle a crée une excitation palpable sur les réseaux sociaux. Il s’agira d’une salle de petite taille, avec un mur de 120 pieds, composé d’une demi-douzaine d’angles. La salle Seven Bays Bouldering – le nom a été choisi en raison du nombre de portes de garage qui garnissent la bâtisse, mais aussi le nombre de baies qui entourent la ville – aura aussi un café et un restaurant adjacent. « Il y a beaucoup d’influence européenne, mais on s’est aussi largement inspiré d’un gymnase au Japon », affirme Jean-Marc De la Plante. « On veut donner un espace aux grimpeurs, où ils peuvent aller avant une session, en revenant de grimper. On va aussi offrir la possibilité de louer des matelas de sol. On sort de notre zone de confort. On essaie quelque chose, on va voir si ça fonctionne bien et on va voir ce qu’on fait après », dit-il.

Les nouvelles installations sont situées dans un quartier en développement, le North end, où s’ouvrent restaurants et cafés, comparable au Mile end montréalais. Les murs et les matelas seront construits par Julien Duchene, un grimpeur de Montréal, avec sa toute nouvelle entreprise B-121. Il a tenu à ce que le bois utilisé dans la construction soit de provenance locale: ce sont des scieries de Halifax qui vont fournir les matériaux. « Les murs seront modulables », dit Julien Duchene. Les grimpeurs auront notamment droit à un imposant 45 degrés, un mur en forme de baril horizontal et un mur plus près du vertical. Ce sera une personne bien connue à Halifax qui gérera l’établissement. Cette « succursale » d’Allez Up ne signale pas non plus un mouvement dans cette direction, souligne Jean-Marc De la Plante. « On pourrait calquer ce qu’on a fait à Montréal et reproduire ça un peu partout et on ferait de l’argent, mais ce n’est pas ce qu’on veut faire. On veut s’adapter à chaque marché et faire quelque chose de pertinent pour ces gens-là. On ne veut pas faire du copiercoller », mentionne-t-il. Les projets de nouveaux gyms ne sont que partie remise à Montréal pour Allez Up: quelques-uns sont toujours sur la glace, d’ici à ce que des choses – notamment une question d’évaluation foncière – débloquent. « Tout ce qu’on fait ici (à Halifax) va nous servir à Montréal », explique le copropriétaire d’Allez Up. par David Savoie

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Faits saillants >

Ça grimpe fort cet automne ! Les températures froides de la belle saison ont permis à plusieurs grimpeurs d’accomplir de belles performances cet automne. gros chantier de la saison », dit Julien Bourassa-Moreau. La voie commence avec un long bloc sur des inversés et un jeu de pied compliqué, suivi d’un mauvais repos avec une conclusion en 5.13b. « Je n’avais pas beaucoup de temps pour grimper cet automne et ce projet c’était l’échappatoire parfaite: pas trop loin de la ville et un prétexte pour aller jouer dans le bois. Finalement, j’y suis allé souvent pour raffiner les méthodes et l’essayer. Puis, ce dimanche (19 octobre) tout s’enligne pour que je l’enchaîne » explique le jeune homme.

Crédit photo : Thomas Söllradl - TS Photography

Crédit photo : Alexandre Charest

« PEEWEE », FISSURES ET DÉSERT : IL REFAIT LE COUP !

En bloc, Philippe Bourdon a « flashé » le problème « Vortex », V10, un problème à Bolton, en Estrie – que certains ont coté V11 d’ailleurs. Le même bloc a aussi été grimpé par deux femmes, Véronique Gosselin et Ashley Veevers.

UNE NOUVELLE 5.14a À BALDY

Crédit photo : Nicolas Charron

Julien Bourassa-Moreau – encore lui – frappe de nouveau, cette fois avec la première ascension de « Metelkova », une voie à Baldy, dans les Laurentides. La ligne était un vieux projet, équipée en 2007 par Jean-Dominique Saudan, pour lequel il y a eu un regain d’intérêt récemment, quand Jean-Pierre Ouellet l’a rééquipé. « C’était mon

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Jean-Pierre « Peewee » Ouellet est ce qu’on pourrait désormais qualifier d’habitué du désert, dans le coin de Moab et Indian Creek. Le Québécois a déjà fait ses marques là-bas – première ascension de Necronomicon, 5.13+ en 2012 – et ce n’est donc pas une surprise de savoir qu’une fois de plus, il a ajouté plusieurs voies à sa liste. En tout, durant son dernier voyage, il a complété 7 fissures dans la cote 5.13. Du lot, deux premières ascensions, « Green Belly » et « Zebras and Moonbeam » - cette dernière étant une référence à une chanson de Jimi Hendrix. Il a également fait « Trail of Tears », 5.13b, en flash, et enchaîné son projet du voyage, « Honk Kong


Phooey », 5.13+, la toute dernière journée du voyage! « C’était dans des conditions plutôt intéressantes », écrit Jean-Pierre Ouellet. « Il faisait pas mal froid et il s’est mis à neiger pendant que je grimpais le dernier crux. Ça faisait vraiment longtemps que je voulais faire Hong Kong Phooey. En fait, j’avais vu la voie avant qu’elle ne soit grimpée par Dean Potter (en 2006). J’avais toujours été un peu frileux d’aller l’essayer, parce que c’est une mauvaise taille de fissure pour moi. » À n’en pas douter, Jean-Pierre Ouellet a encore des projets dans sa manche et nous réserve d’autres enchaînements difficiles la prochaine saison.

EN ESTRIE Il doit y avoir quelque chose dans l’eau de la région des Cantons- de- l’Est, parce que les grimpeurs du coin sont toujours au rendez-vous quand vient le temps d’enchaîner des voies difficiles.

Crédit photo : Gabriel Laliberté

Prenez l’exemple de Gabriel Laliberté. Il a successivement fait sa première 5.13d et 5.14a cet automne, deux voies au Pic au Corbeau, à Orford. Le grimpeur de 34 ans avait tenté « Alpha-béta », 5.14a, l’année dernière, et s’était entrainé pour l’enchaînement. Il lui a fallu une vingtaine d’essais pour y parvenir. Il estime que c’est l’entraînement des dernières années qui lui a permis d’accomplir ses performances. La barrière du « 5.14 » a été franchie, dit-il, ce qui enlève la pression pour les prochains essais de voies dans le même degré.

Annie Chouinard dans « Alpha », 5.13a

Pour sa part, le prolifique Mathieu Fontaine est revenu en bonne forme après une blessure incommodante subie au cours de la dernière année, et il a fait la première ascension de « Los Duendes », 5.14a, également à Orford. La gent féminine est aussi représentée dans cette liste d’enchaînements difficiles. Toujours au même site, Annie Chouinard a signé les deux premières ascensions féminines de « Alpha », 5.13a, et « Apoplexie », 5.13b. Il lui a fallu huit essais pour parvenir à bout des deux lignes. La première, « Alpha », est une ligne très dynamique qui passe par la partie déversante du mur. « En plus de m’avoir aidé à apprivoiser les dynos, j’ai maintenant l’impression qu’Alpha vient de m’ouvrir les portes vers des variantes plus difficiles de cette voie, tout aussi inspirantes les unes que les autres », explique Annie Chouinard. Dans le cas de la deuxième, « Apoplexie », elle dit que c’est une voie dont les petites prises menacent de faire rompre les ligaments à tout moment !

LE PATIENT Dans le coin de Québec, Olivier Turgeon a enchaîné « Le patient », évaluée à 5.14b selon lui. Il s’agit d’une ligne équipée en 2010 par Vincent Légaré. La voie propose une escalade assez physique et soutenue sur 12 mètres seulement. La ligne est « à condition » si on peut le dire ainsi, puisque les premières prises sont très souvent mouillées, ce qui n’a pas découragé Olivier. « Le nom Le Patient m’est venu en tête en redescendant de mon enchaînement. Le Patient me semblait un bon nom pour décrire la voie, avec à sa gauche la voie Médecine traditionnelle et à sa droite Quarantaine. Ça décrit bien aussi mon expérience. J’ai attendu que l’été passe, j’ai attendu la fin de la chasse, j’ai attendu que la voie sèche (en vain). Bref, j’ai été patient », résume-t-il. Notons au passage que plusieurs grimpeurs ont aussi enchaîné des voies difficiles, comme Axel Pic et Nicolas Fournier, qui ont tous les deux fait leurs premières 5.13d. par David Savoie

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Faits saillants > UN TOUT PREMIER

GYMNASE D’ESCALADE SUR LA RIVE-SUD DE MONTRÉAL

Ce pourrait être l’un des plus grands projets de salle d’escalade intérieure du Québec, voire du Canada, avec un investissement de plus de 6 millions de dollars. Les locaux de Canyon Escalade seront construits de toutes pièces, faute d’avoir pu trouver un bâtiment qui répondait à tous les critères des deux partenaires derrière le projet. L’ouverture du gymnase est prévue pour le printemps 2015 à La Prairie, et une partie des travaux est déjà entamée. Isabelle Bourbeau et Jimmy Dulude ont commencé à songer à ce gymnase il y a un peu plus d’un an. « Il fallait tout le temps traverser des ponts pour aller grimper », explique Jimmy. C’est de là qu’est née l’idée. Ils disent déjà avoir eu une rétroaction assez importante de la part de grimpeurs qui vivent sur la Rive-Sud de la métropole. Plusieurs disaient ne pas avoir le temps de se rendre à Montréal pour pouvoir grimper. « On est vraiment contents de pouvoir combler ce manque-là », dit Isabelle Bourbeau. La paire a visité plusieurs gymnases, notamment en Oregon. Ils se sont aussi inspirés de centres d’entraînement. Ils veulent créer un produit « au goût du jour ». « Ça va être autant pour les mordus d’escalade que pour ceux qui veulent s’amuser, note Jimmy Dulude. Il va y en avoir pour tous les goûts, si on veut ». Sauna sec, hammam et salles de détente figurent notamment parmi les installations envisagées. 8 > grimpE

En tout, ce nouveau gymnase comptera pas moins de 20 800 pieds carrés de surface grimpable, dont des murs de premier de cordée et du bloc. Une fissure artificielle permettra aussi aux amateurs de trad de pratiquer leur discipline à l’intérieur, en posant des coinceurs. Les murs seront construits par Walltopia – une compagnie bulgare qui a récemment conçu les structures de plusieurs gymnases dans la province. « On a quand même un mur d’escalade qui peut être pour des personnes qui sont très avancées. Mais on ne veut pas que la totalité de nos surfaces soit dédiée à des personnes expérimentées. On veut aussi aller chercher des gens qui nous ressemblent, des gens qui ont une culture de l’escalade qui est quand même assez générale », note Isabelle Bourbeau, qui grimpe depuis maintenant 4 ans. Comme les deux ne travaillent pas dans le domaine de l’escalade – elle est métrologiste, lui travaille dans la construction –, ils disent vouloir s’entourer de gens qui connaissent bien le milieu. « C’est une activité qui va devenir de plus en plus populaire », estime Jimmy Dulude. Notons au passage qu’il s’agit du sixième gymnase à ouvrir dans la province au cours des 18 derniers mois. par David Savoie


Faits saillants >

FRANÇOIS-GUY THIVIERGE HONORÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE

François-Guy Thivierge est le premier grimpeur et alpiniste à se voir remettre une médaille d’honneur de l’Assemblée nationale, à Québec. Pionnier de l’escalade dans la province, entrepreneur et conférencier bien connu dans la région de la capitale, il dit accepter cette récompense avec beaucoup de fierté et d’humilité. « C’est sûr qu’on ne grimpe pas pour des médailles, sinon, je serais allé aux Jeux olympiques », affirme-t-il en entrevue, avec son verbe habituel. C’est l’ensemble de son œuvre qui est souligné – tant ses exploits en montagne que son travail d’entrepreneur. En plus d’avoir escaladé les sept plus hauts sommets du monde et atteint en ski le pôle Nord géographique, il a également fondé le gymnase Roc Gyms, en 1993. Depuis quatre ans, il pilote aussi une fondation pour aider les jeunes décrocheurs. « C’est formidable de vous entendre raconter vos voyages autour du monde et j’ai bien hâte de me procurer votre livre », a dit le premier ministre du Québec, Philippe Couillard.

« Le leitmotiv, derrière tout ça, c’est la passion partagée pour la montagne », soutient François-Guy Thivierge, et pas seulement une affaire égoïste. « L’Everest ne se grimpe pas tout seul. Cette médaille-là, je la partage avec tous mes collaborateurs, les gens avec qui j’ai gravi des montagnes, mes partenaires, ma famille, mes employés et mes clients. » Il rappelle aussi qu’il est avant tout un grimpeur, et un alpiniste à l’occasion avec, à son actif, plus de 150 voies de glace qui portent sa griffe dans la province. « Mais on retient souvent l’Everest et les sept sommets. Pour moi, c’est un bel accomplissement, mais ça n’est que la pointe de l’iceberg. » À 50 ans, il dit avoir déjà 30 ans d’escalade au compteur, mais ne montre aucun signe de ralentissement, avec des projets de grimpe au Colorado, en Amérique du Sud et en Europe. Il compte aussi amasser plus de 30 000 $ pour pouvoir emmener les jeunes de sa fondation en voyage dans l’Ouest du pays cet été. Cette médaille, selon lui, envoie le signal que le sport commence à être de plus en plus reconnu. par David Savoie grimpE < 9


Les promoteurs du projets, de gauche à droite: Charles-Éric St-Louis Dupuis, Marie-Soleil Pelletier (avec son chien Été), Aude Brillant, et Gabriel Ladouceur.

Projet de gyM coopératif à Rimouski Il y a beaucoup d’endroits pour grimper à l’extérieur autour de la ville de Rimouski, dans le Bas-SaintLaurent, mais très peu d’endroits pour tirer sur des prises en plastique quand la saison de la roche est terminée.

les réunions se multiplient, tant pour trouver du financement que pour mieux définir le projet. « Côté matériel, on a déjà pas mal tout, mais ce qu’il nous faut, c’est un local », explique la jeune femme, qui étudie en administration. Les deux étudiants espèrent avoir une salle fonctionnelle d’ici la prochaine année. Ce gymnase permettrait aussi de desservir les petites villes autour. « C’est toute la région du Bas-SaintLaurent qui n’a pas d’infrastructure pour grimper l’hiver », explique Marie-Soleil. Un premier coup de sonde leur a permis de savoir qu’il y a une soixantaine de personnes très motivées à voir naître ce petit gym.

Deux étudiants universitaires se mobilisent pour changer cela. Entre leurs cours, Marie-Soleil Pelletier et Gabriel Ladouceur en sont à jeter les bases d’un futur gym coopératif.

Gabriel et Marie-Soleil veulent en faire une coopérative, parce qu’ils estiment que cela correspond aux valeurs qui se retrouvent dans le milieu de l’escalade. « C’est pour donner au suivant », dit MarieSoleil. « C’est un projet, à la base, pour la conscience sociale. Il n’y a aucun intérêt profit dans le projet! »

Gabriel Ladouceur se décrit comme un « grimpeur urbain », mais n’a pas réussi à trouver un terrain de jeu satisfaisant quand il a déménagé dans la région rimouskoise. Le cégep local offre un petit mur, mais les grimpeurs doivent partager l’endroit avec ceux qui jouent au badminton, par exemple. C’est de là qu’est né le besoin d’avoir une salle dédiée entièrement à l’escalade.

Par le passé, d’autres tentatives de démarrer une salle ont échoué. Mais le duo ne se décourage pas. « On a beaucoup de gens motivés autour de nous », soutient la jeune femme.

Le projet est en branle depuis le début de l’automne. Tout n’est encore qu’au stade conceptuel, mais

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La paire songe d’abord à un gym de bloc, mais n’écarte pas la possibilité d’ajouter éventuellement des murs pour faire de la moulinette et de l’escalade en premier de cordée.

par David Savoie

Crédit photo : Gabriel Ladouceur

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Crédit photo : Nicolas Charron

Fermeture du « cave »

C’est la fin d’une institution: les gestionnaires de la petite salle d’escalade du Château Saint-Ambroise, connue aussi comme « la cave », à Montréal, ont finalement mis la clé sous la porte. La petite coopérative, située dans un loft du quartier Saint-Henri, venait tout juste de traverser une période de disette, et le nombre de membres était revenu à la normale, mais il aurait fallu davantage d’efforts pour maintenir à flot les opérations. Les deux gestionnaires, Philippe Bourdon et Julien Bourassa-Moreau, sont encore aux études, et une implication à temps plein aurait été nécessaire pour parvenir à un seuil de rentabilité. « Le ‘cave’, ce n’était pas tant un espace qu’un groupe de personnes qui s’entraînent ensemble, qui ont du fun », dit Philippe Bourdon, et cet esprit vit toujours selon lui. À son avis, la mode n’est plus aux petites salles poussiéreuses et encombrées où l’entraînement et l’escalade se font à la dure. La tendance semble être aux grands espaces épurés, et aux couleurs monochromatiques, affirme-t-il. L’endroit a « produit » plusieurs brutes qui ont marqué la courte histoire de l’escalade dans la province, notamment une partie de l’équipe de Dr Topo. Encore récemment, il n’était pas rare, en une soirée, que le cave réunisse des grimpeurs de 5.14 et des gens qui font le podium dans des compétitions de bloc. Depuis sa fondation, en 1999, la petite coopérative avait changé d’emplacements à plusieurs reprises. Il s’agissait probablement de l’une des plus vieilles coopératives de bloc du Québec – voire du Canada – encore en activité. Une partie du matériel du « cave » a été donné, il pourrait servir notamment à établir une coopérative à Chicoutimi. par David Savoie

LE CMEQ CHERCHE DE LA RELÈVE LE CLUB DE MONTAGNE ET D’ESCALADE DE QUÉBEC, LE CMEQ, A BESOIN DE RELÈVE. Tous les membres du conseil d’administration vont quitter leur fonction pour se consacrer à leurs projets personnels. Au cours de la dernière année, le président actuel, Jean-François L’Heureux, a dû assumer beaucoup de fonctions parce qu’il y avait moins de membres au conseil d’administration. Il se dit un peu épuisé, après plusieurs années d’implication auprès de ce club qui compte environ 80 membres. « Il n’y en a pas beaucoup qui participent aux activités. Les gens sont intéressés par le Reel Rock Tour, mais ils ne viennent pas aux activités de grimpe en tant que telles parce qu’ils ont déjà leur cercle d’amis et ils grimpent avec eux. Je trouve qu’à Québec, on n’a pas besoin d’un club régional axé sur la découverte du sport et sur le côté social de la chose, parce qu’il y a beaucoup de gyms, dit Jean-François L’Heureux en entrevue. On a besoin d’un club plus axé sur le développement de parois, selon moi. » Il cite notamment en exemple des purges à faire à la paroi de Saint-Alban, ou des scellements à changer ici et là. L’escalade sportive pourrait être aussi plus développée près de la capitale, et il ne suffirait que de quelques plaquettes. Une autre des missions du club est notamment de tenir les membres du club au courant de ce qui se passe. Selon lui, il est difficile d’attirer des gens qui veulent faire du bénévolat. Jean-François L’Heureux dit craindre qu’il n’y ait pas assez de personnes qui se présentent à la prochaine assemblée générale, en mars 2015, pour renouveler le conseil d’administration. « Ça fait déjà 14 ans que le club existe. Ça serait dommage que ça meure », dit-il. par David Savoie

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Faits saillants >

UNE NOUVELLE

M11 AU QUÉBEC

Nathan Kutcher a encore frappé. L’Ontarien a enchaîné une nouvelle M10/11, baptisée « First blood », à SaintAlban, donnant au site de mixte bien connu sa première voie dans cette difficulté. Il s’agit d’une ligne somme toute assez longue pour le site, avec un début coriace et des mouvements à paralyser les avant-bras. Nathan Kutcher a équipé la voie, avant de l’enchaîner, ce qui lui a permis de trouver les points d’appui. Il s’agit de sa première ascension en sol québécois. Il dit ne pas être certain de la difficulté, en raison justement de la fatigue après avoir équipé et nettoyé la voie. « J’ai appelé la voie en l’honneur de mon père. Il aimait Rambo (« First blood » était le titre du premier film, NDLR). La date (de l’enchaînement) était près du moment où nous allions à la chasse aux chevreuils quand j’étais jeune », écrit-il sur le forum d’Escalade Québec. Nathan Kutcher avait causé la surprise à Ouray, au Colorado, en remportant le Ouray Ice Festival en 2012, sans n’avoir jamais participé à de grosses compétitions auparavant. Il avait aussi fait trois M10 à vue à Saint-Alban. par David Savoie

La « rigueur budgétaire » touche aussi l’escalade Les activités reliées à l’escalade ne sont pas épargnées par les réformes menées par le gouvernement québécois à l’heure actuelle. À la Montagne d’Argent, dans les Laurentides, les droits d’accès ont été augmentés, pour compenser la perte de subventions. Pour l’escalade de glace, il s’agit d’une hausse de quelques dollars, pour s’établir à 10 $. La carte de membre annuelle sera majorée de 5$ et passe donc à 45$ pour l’année et 85$ pour un couple ou une famille avec enfants de moins de 16 ans. Du côté de la randonnée, le tarif sera de 5$. Cette hausse des tarifs est en lien direct avec la perte de subventions de la part de la municipalité – les villes du Québec obtiennent moins d’argent cette année de la part du gouvernement. C’est donc 40 % de la subvention annuelle de la Montagne d’Argent qui passe à la trappe, explique son directeur général, Gaétan Castilloux.

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Pour sa part, la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade, subventionnée par le Ministère des Loisirs et du Sport, a pour le moment été épargnée. Les représentants de la FQME, ainsi que des autres fédérations de loisir et de sport, ont rencontré le sous-ministre adjoint, Luc Fournier, à la fin de l’automne. Il aurait parlé d’amorcer une réflexion sur l’avenir de l’organisation du sport et du loisir au Québec, sans toutefois évoquer des dates ou des montants précis pour d’éventuelles compressions. « Pour le moment, nous n’avons aucune information concernant des coupures dans notre budget », explique la porte-parole de la FQME, Anouchka Colette. Les tarifs et les budgets de la fédération resteront donc les mêmes pour la période 2015-2016. par David Savoie


LE BLOC DU BAS

DU FLEUVE

MATHIEU FONTAINE NOUS FAIT DÉCOUVRIR LE BLOC DANS LE BAS DU FLEUVE, UNE DESTINATION PEU CONNUE POUR LE BLOC, OÙ IL A ÉTABLI DE NOMBREUX PROBLÈMES. À GARDER EN TÊTE POUR CE PRINTEMPS ! Pour moi, tout a commencé il y a 20 ans. Depuis ce temps, je suis tombé en amour avec la roche du bas du fleuve, sans compter que le paysage est à couper le souffle. Maintenant, j’y retourne chaque année pour grimper et ouvrir de nouvelles voies. Au début de l’année, je ne pouvais pas faire de sport, car je me suis blessé. Fin octobre, ça allait mieux. Un ami appelle pour me demander si je veux aller à Rumney. Je lui dis que j’aimerais mieux aller faire du bloc dans le Bas du fleuve, car c’est ma place préférée. Il y a des milliers de problèmes établis et à ouvrir, selon moi. Il est d’accord et le lendemain, on est sur la route de SaintAndré de Kamouraska, la Trans, comme disent les gens de par là-bas. En arrivant, il fait froid et noir. On va quand même voir un projet, L’oeuf, un gros dévers, mais les prises sont mouillées. Alors, on va rejoindre un ami, Phil, chez qui on va passer la nuit. Notre hôte va nous guider dans les nouveaux secteurs. Le lendemain, il nous amène à la montagne du Père Coton, juste derrière l’épicerie du village de St-Pascal. Dans ce nouveau secteur, on trouve environ 50 voies et blocs établis, mais ce qui est le plus imposant, c’est un bloc surnommé le monstre. Seulement sur ce bloc, il y a 10 problèmes dans un toit sur de grosses prises, dont les cotes commencent à V5. Quand nous sommes arrivés, tout était neuf, on a pu y ouvrir un V6 et un V7 qui étaient déjà des classiques immaculés. On a vraiment passé une belle journée, qui s’est terminée avec un diner avec toute une troupe de locaux. Le matin suivant j’avais déjà mal partout. Après un café, on est retourné voir l’oeuf, qui se trouve à La Pocatière, dans la troisième montagne sur le rang 4. Tout était encore mouillé. Ce n’est pas plus grave, on a fait 5 minutes d’auto pour aller à la montagne du cégep, pour y essayer un projet, baptisé Le compresseur hydraulique, un problème de 15 mouvements dans un 70 degrés. Ce bloc était un des plus beaux que j’ai pu essayer de ma vie. C’est là que j’ai eu l’idée de passer plus de temps dans le Bas du fleuve, l’année prochaine, pour y ouvrir tous ces problèmes 5 étoiles et démarrer un service de guide pour que tous puissent profiter de ces endroits à l’accès fragile. Vous comprendrez que les propriétaires de terrain ne veulent pas voir des foules débarquer comme à d’autres endroits. Pour conclure, on est allés à Mont-Carmel pour se gâter et prendre du soleil. C’était un beau petit trois jours au pays de la roche parfaite. À l’an prochain ! par Mathieu Fontaine grimpE < 1 3


par David Savoie Crédits photo : Mathieu Guérin

Entraînement >

LIBÉREZ VOS ÉPAULES ! Les grimpeurs ont souvent des problèmes de mobilité d’épaule, si bien que cela peut affecter l’allonge que vous avez pour aller chercher des prises ! Suivez les instructions de l’entraîneur Cosimo Care pour libérer vos épaules. Il recommande de les faire régulièrement, pour retrouver de la souplesse dans les épaules.

Le matériel nécessaire: un élastique – une bande de tissu utilisée en yoga peut faire l’affaire – et un tuyau de PVC, qui peut être substitué par un balai par exemple.

1 Glissez l’élastique sur votre avant-bras, tout juste passé le poignet 2 Insérez votre pied dans l’élastique 3 Tournez la paume de la main vers le haut, en vous assurant de tenir les deux bandes de l’élastique 4

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Mettez de la tension dans l’élastique, tournez le coude vers le ciel. Vous pouvez bouger le bras selon les zones qui sont tendues. Maintenez la position environ 45 secondes, et changez de bras.


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1 Prenez le tuyau en PVC 2 Tentez de garder les coudes bien droits et ne serrez pas trop le tuyau 3 Refaites le mouvement aussi souvent que nécessaire.

1 Installez l’élastique sur une barre 2 Glissez l’élastique sur votre avant-bras, tout juste passé le poignet 3 Tournez la paume de la main vers le haut, en vous assurant de tenir les deux bandes de l’élastique 4

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Étirez l’élastique de façon parallèle au sol, et laissez glisser votre épaule votre avant, tout en maintenant une certaine tension – vous ne devez pas être mous. Maintenir la position environ 45 secondes, et changez de bras.


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Maintenir LA MACHINE À GLACE La saison de glace est déjà bien amorcée, et à moins d’être un athlète payé pour grimper dehors sur les colonnes de glace (on vous le souhaite!), vous devrez parfois grimper à l’intérieur pour maintenir la forme entre les sorties. Voici trois trucs de Yan Mongrain pour y parvenir. En somme, il vous faut simuler une sortie de glace: exigeante, avec beaucoup d’efforts sur une longue période de temps. 1

Du ski de fond: une sortie de deux heures par semaine. Cette activité est assez complète, cela permet de travailler les jambes, les bras et le cardio. C’est également une activité accessible.

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Une soirée de gym d’escalade: faire du volume en voie, pour simuler ce que vous feriez sur plusieurs longueurs. Orientez-vous sur une grosse quantité de voies plus faciles.

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Squats et tractions lestées: travailles les jambes permet de vous acclimater aux longues marches d’approche – vous souffrirez moins si vous êtes plus préparés. Les tractions vont vous permettre de maintenir une certaine force sur les mouvements que vous ferez à l’extérieur. Il suggère d’alterner entre piolets et des tractions avec les mains – parce que les piolets peuvent être inconfortables au bout d’un moment.

4 (optionnel): assurez-vous de consommer suffisamment de bières (au moment approprié), cela permet de donner une bonne tête pour s’engager ! par David Savoie

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Entraînement >

Une semaine. par Guillaume Raymond

Une semaine, c’est 7 jours, ou 168 heures. Si vous travaillez environ 40 heures – soit 25 % de votre semaine – et que vous en dormez 56 – donc environ 33 % de votre semaine – cela vous laisse un peu moins de la moitié de la semaine pour le reste de votre vie. Ajoutez à cela se nourrir, vos loisirs, le temps perdu en transport ou dans les embouteillages pour aller grimper et le temps que vous avez à consacrer à l’escalade se trouve assez réduit.

Disons, après tout cela, qu’il vous reste environ 15 heures à investir dans votre grimpe. Cela peut paraître beaucoup, mais pensez-y. Vous allez probablement déjà 3 ou 4 fois au gym par semaine au gym, avec des sessions qui peuvent aller jusqu’à 3 ou 4 heures. Tout cela s’additionne rapidement ! Il vous faut donc savoir comment bien optimiser votre horaire d’entraînement. Si vous souhaitez progresser, tout en profitant de votre temps, il vous faut être efficace.

force au même moment convient tout à fait. Une vérification vous permettra de prévenir une situation de surentraînement.

Il vous faut identifier vos besoins en entrainement. Travailler vos faiblesses vous permettra de progresser. Vous manque-t-il de force de doigts ou bien ce sont les mouvements dynamiques qui vous posent problème ? Est-ce que vous êtes un grimpeur qui devient fatigué rapidement, est-ce que c’est votre souplesse et votre mobilité qui laissent à désirer, ou est-ce que c’est plutôt votre coordination qui est problématique ? Par la suite, organisez vos objectifs en deux catégories : les objectifs principaux et les objectifs secondaires.

Maintenant, regardons la structure d’une semaine plus en détail. Le secret est de commencer par identifier vos journées d’escalade. Après tout, votre sport passe avant votre entraînement. Si vous n’êtes pas en forme pour grimper ou si le temps vous manque, vaut mieux simplement grimper. . Pour les besoins de cet article, nous allons utiliser l’horaire typique du mardi, jeudi, samedi et dimanche. Si vous grimpez ces journéeslà, nul besoin de vous dire que vos entraînements entre vos sessions d’escalade devront favoriser une récupération maximale!

Ensuite, assurez-vous que vos objectifs d’entraînement n’entrent pas en conflit avec vos objectifs principaux, ceux d’escalade. Il est donc important que les filières énergétiques sollicitées n’entrent pas en conflit. Donc on évite de faire de la force et de la résistance (power endurance) en même temps. Par contre, faire de la continuité – un grand volume d’escalade – et de la 2 0 > grimpE

Finalement, il est important de garder une journée par semaine où nous ne faisons absolument rien de physique. Personnellement je recommande toujours le lundi. C’est le retour au travail, la motivation n’est souvent pas au rendez-vous, inutile de se forcer à aller au gym !


LUNDI AM REPOS

MARDI AM

MERCREDI AM RÉCUP

JEUDI AM

VENDREDI AM RÉCUP

SAMEDI AM ESCALADE

DIMANCHE AM RÉCUP

LUNDI PM REPOS

MARDI PM ESCALADE

MERCREDI PM

JEUDI PM ESCALADE

VENDREDI PM

SAMEDI PM

DIMANCHE PM ESCALADE

Voici un exemple d’entraînement A | Objectif : Augmentation de la mobilité, flexibilité et prévention des blessures • Avec un rouleau en mousse (dure!), maintenez une pression sur les groupes musculaires et faites des mouvements avant-arrière, 5 à 6 fois. Visez le dos (haut et bas), grand dorsal, quadriceps, bandelette, fessier, mollet et jambier antérieur. • Étirement : psoas, quadriceps, fessier, grand dorsal et petit pectoral. • Mobilité : évitez les épaules du grimpeur. À tort, on pense que les épaules arrondies sont dues à un déséquilibre musculaire antéro-postérieur, mais en fait elles sont le résultat d’un manque de souplesse que nous développons au niveau de la scapula et des différentes articulations qui s’y attachent. Voir nos étirements sur les épaules à cet effet !

• Renforcement des épaules

B | Capacité de travail – exercices généraux • Je pense l’avoir assez dit, le crossfit et l’escalade ne fonctionnent pas ensemble ! Pour la majorité d’entre nous, cela va mener au surentraînement. Comment travailler sa capacité de travail ? L’entraînement en circuit est une méthode relativement récente, où le nombre de répétitions importe peu, mais où le temps d’action est maximisé. Ceci fait en sorte que vous prendrez de plus petites charges, plus longtemps, et que la fatigue résiduelle sera moins grande ! Pour une personne moyennement en forme, un circuit de 10 minutes est optimal. • Faites 10 exercices – donc un exercice différent par minute – pendant 30 à 40 secondes, avec 20 à 30 secondes de repos. Il peut s’agir de divers mouvements – des squats, du développé couché pour les pectoraux, des « push press » pour les épaules – l’important, c’est de bouger et de maintenir un bon temps de travail. Variez vos exercices d’une séance à l’autre, le but n’est définitivement pas l’augmentation des charges de travail, mais plutôt de faire de vous des machines d’adaptation ! BON ENTRAÎNEMENT ! grimpE < 2 1


Trois questions à...

Véronique Gosselin

Crédit photo : Martin Morissette

La grimpeuse cumule les exploits : elle a terminé sur la première marche du podium lors de deux récentes épreuves du Tour de bloc, en plus d’enchaîner son projet, un V10 en Estrie. Et elle est la première surprise de tous ces résultats. Grimpe lui a posé trois questions.

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Ce n’est pas la première fois que tu participes à des compétitions du Tour de bloc. Qu’y a-t-il de différent cette année qui te permet d’obtenir de si bons résultats ? J’ai la chance de grimper avec l’équipe Vertige, à Sherbrooke, qui est entraînée par Félix Gendron. C’est la première année que Vertige décide de créer une équipe sénior, en plus de l’équipe junior. C’est super motivant. Félix est super impliqué et je m’entraîne avec d’autres grimpeurs motivés et talentueux, dont des juniors, qui sont vraiment impressionnants. En plus, j’ai passé un très bel été sur la roche : je suis allée à Rockland en Afrique du Sud, puis j’ai passé un mois à Squamish et dans les Bugaboos, je suis donc revenue vraiment motivée pour l’automne. Finalement, il y a toujours une part de chance, en compétition. J’ai travaillé fort, mais j’ai aussi été chanceuse, dans les deux derniers Tours de bloc auxquels j’ai participé. Était-ce un de tes buts de faire davantage de compétition ? Oui, c’était dans mes objectifs pour l’année. Mon but pour la compétition, c’est ce qui me pousse à en faire, et c’est juste grimper. Je souhaite donc toujours me qualifier pour les finales, car ainsi j’ai la chance de grimper sur les problèmes de finales. Au-delà de ça, j’aime grimper avec les autres filles, je trouve ça inspirant et motivant ! Comment décrirais-tu l’évolution des compétitions depuis tes débuts ? Une question pour une vieille ! Je ne sais pas. Ma première compétition remonte à mes 17 ans. Il n’y avait pas de circuit Tour de bloc, encore moins de Coupe Québec. Je pense que les circuits organisés apportent beaucoup au sport, et je suis très reconnaissante de tous les gens qui s’y impliquent, à tous les niveaux. Les compés sont belles, bien organisées, on rencontre plein de gens, les règles se définissent davantage, tout est plus clair. Mais si je pense à mes premières compés, l’ambiance était la même. Même fun en qualif, même excitation pour les finales, même ambiance d’entraide générale et de plaisir à partager la même passion. par David Savoie

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BRIN DE VIE >

Crédit photo : Benjamin Capel

« Pin » ton piton, mon loup

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escalade d’aventure au Québec n’est pas seulement une affaire de gros bras et de testostérone. Les aptitudes individuelles et la force brute sont bien peu si ils ne sont pas intégrées au sein d’une équipe solide où chacun se supporte, se complète. Ce n’est pas toujours facile de trouver le bon partenaire de cordée mais parfois, les chemins se croisent et mieux vaut en profiter quand ça passe.

L’

d’aventure. Calme, endurant, avec une bonne expérience de montagne et surtout la meilleure attitude qui soit. Toujours positif peu importe les conditions, motivé à affronter les obstacles, émerveillé devant les petits détails de la nature. Je lui ai parlé du projet et il n’en fallait pas plus pour le convaincre de m’y accompagner. Nous sommes partis de Québec aux petites heures, direction St-Urbain. Gagnant du traditionnel rochepapier-ciseaux, Phil eut l’honneur de se faire la première longueur. Je me suis donc lancé dans la deuxième section avec l’escalier déversant et après quelques roches « lousses » les bons emplacements pour protéger sont apparus. Sans vraiment le planifier, j’ai hérité de toutes les sections de roche difficiles et Phil a dû se taper toutes les sections de glace précaires. À chaque fois, le second arrivait au relais avec des grands yeux en disant: « t’es malade! C’était donc ben sketch. J’ai eu peur pis je suis en second ! ». Dans la troisième longueur, Phil a dû mettre un piton, puis se suspendre dessus et penduler vers une mince coulée de glace dans un dièdre sur la gauche. Ce piton était le premier de sa carrière de grimpeur. Il était tellement fier de faire partie de la famille des aventuriers de la montagne qui trainent avec eux des pitons et savent les utiliser. C’est un peu comme une étape dans le parcours d’un alpiniste accompli. Une corde de plus à l’arc des possibilités.

Février 2012, presque trois ans déjà. Je revenais tout juste d’un voyage d’escalade au Chili et en Argentine. De son côté, mon ami Philippe Eynaudi avait dédié sa saison froide à se geler les doigts sur les plus belles cascades de glace du Québec. Avec mes deux mois d’aventures rocheuses et son hiver glacé, nous formions le complément parfait pour ouvrir une nouvelle ligne sur la face nord du Gros-Bras dans le Parc des Grands-Jardins. J’avais le projet en tête depuis déjà un an. En grimpant une autre ligne dans le coin, Yannick Girard m’avait pointé ce magnifique escalier à l’envers en disant « y’a jamais personne qui est passé par là ! ». La ligne partage la première longueur de la voie « La Face Nord », puis le rocher se divise en Y, avec « La Face Nord » qui se poursuit dans le dièdre de droite et un terrain jusque-là vierge à gauche. De la route, on pouvait deviner la suite, mais quelques passages nous paraissaient quand même incertains.

On a complété la voie sous les étoiles. Le sourire gelé jusqu’aux oreilles. Heureux d’avoir gravé notre nom sur l’un des plus beaux crans de roche du Québec, mais surtout, reconnaissant envers la vie de nous permettre d’aussi belles aventures. À mon humble avis, l’esprit de cordée à travers les épreuves de la route importe plus que le sommet. Quelques fois, quand tout est parfait, on peut toucher aux deux. Philippe a trouvé la mort deux semaines après notre première sur le Gros-Bras dans un accident d’escalade de glace tragique sur la Pomme d’Or. Je pense à toi souvent, mon vieux. T’es parti trop vite. Ce n’est pas facile à accepter. Le grand français me manque tellement. Sa joie de vivre, son enthousiasme contagieux, son calme apaisant. Je vais garder un souvenir impérissable de cette journée-là, qui figure parmi les plus belles de toutes mes sorties de grimpe. J’irai cogner de temps à autre sur ton piton pour être certain qu’il reste bien en place, exposé aux grands vents, fier et solide. par Mathieu Leblanc

Philippe était le partenaire idéal pour ce genre

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