Issuu 299

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Deux Brestois sur la banquise Expédition

Ethnologie

L’appel du sauvage

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org

n°299

JUIN 2012

Un habitat très riche

Découvrez les Haploops ! Trégor Goëlo

Anse de Goulven

Chausey

Cap Fréhel Cap d’Erquy

Baie de Morlaix

Côte de Cancale à Paramé

Abers OuessantMolène

Baie de Saint-Brieuc Baie de Lancieux Arguenon Rance

Rade de Brest Côte de Crozon

0

aussée de Sein Baie d’Audierne GâvresQuiberon Trévignon Golfe du Morbihan

Roches de Penmarc’h Ria d’Étel

Glénan Groix

Étiers de Pénerf

Des espaces protégés 29 sites Natura 2000 marins

Suivi des espèces

Des scientifiques toujours en campagne

Baie du MontSaint-Michel


Deux Brestois sur la banquise Expédition

Ethnologie

L’appel du sauvage

La revue de l’Espace des sciences

www.sciences-ouest.org

n°299

JUIN 2012

Un habitat très riche

Découvrez les Haploops ! Trégor Goëlo

Anse de Goulven

Chausey

Cap Fréhel Cap d’Erquy

Baie de Morlaix

Côte de Cancale à Paramé

Abers OuessantMolène

Baie de Saint-Brieuc Baie de Lancieux Arguenon Rance

Rade de Brest Côte de Crozon

0

aussée de Sein Baie d’Audierne GâvresQuiberon Trévignon Golfe du Morbihan

Roches de Penmarc’h Ria d’Étel

Glénan Groix

Étiers de Pénerf

Des espaces protégés 29 sites Natura 2000 marins

Suivi des espèces

Des scientifiques toujours en campagne

Baie du MontSaint-Michel


© CÉLINE DUGUEY

Un milieu côtier pas si familier Le pourvoi en cassation du groupe pétrolier Total le 24 mai dernier pour faire annuler le procès de l’Erika nous a rappelé cette triste réalité : miterrestre, mi-marin le littoral est une zone fragile. Les fonds côtiers marins abritent pourtant un habitat et des espèces riches et variés qui, malgré leur proximité, n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Regroupés au sein d’un réseau national, les scientifiques apprennent à les connaître.

En Bretagne, qui est la région pilote, ils sont très actifs. Campagnes régulières pour dénicher faune et flore ou cartographier les fonds, suivis des espèces..., vous découvrirez une partie de leurs travaux dans ce dossier qui devrait rendre ce milieu côtier plus familier. NATHALIE BLANC RÉDACTRICE EN CHEF

n° 299 JUIN 2012

LE DOSSIER

Par NADINE PELLEN, démographe « Je cherche l’origine de la mucoviscidose en Bretagne »

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LES CHERCHEURS SE METTENT AU SPORT ! UN TÉLÉPHONE, POUR QUOI FAIRE ? UN SOLIDE PLEIN D’ÉNERGIE PLUS OU MOINS DE SEL DANS LE PACIFIQUE LA VIE QUATRE KILOMÈTRES SOUS L’OCÉAN

4 5 6 6 7

DEUX BRESTOIS SUR LA BANQUISE

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L’APPEL DU SAUVAGE

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À L’ESPACE DES SCIENCES

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L’AGENDA DE LA RÉDACTION

20

L’ÉPREUVE PAR 7 SANDRINE DERRIEN-COURTEL, chargée de recherche en écologie benthique Une interview non scientifique 22

© RENÉ DERRIEN -MNHN CONCARNEAU

COUVERTURE © XAVIER CAISEY-IFREMER

DEMAIN LES ACTUS

© XAVIER CAISEY - IFREMER

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVES CE QUE JE CHERCHE

PLONGÉE ENTRE TERRE ET MER 10 à 18 SUR LES CAILLOUX, LA FOULE !

13

LES FONDS CÔTIERS À DÉCOUVERT

14

LA PROTECTION S’ÉTEND EN MER

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CARTOGRAPHIÉS DE LONG EN LARGE 16/17 DES SÉDIMENTS TRÈS INCONSTANTS

17

DES ESPÈCES SUIVIES DE PRÈS

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POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

JUIN 2012 N°299 SCIENCES OUEST

3


Déjà demain

NADINE PELLEN, DÉMOGRAPHE

«J

e travaille sur l’origine des gènes de la mucoviscidose présents en Bretagne. En France, cette maladie touche une naissance sur 4000. En Bretagne, c’est une sur 2 900 et une sur 2 410 dans le Finistère. Avec l’aide de plus de 250 généalogistes amateurs, j’ai remonté les arbres généalogiques de 1 287 patients jusqu’au 15e siècle, dont une majorité avaient été suivis au centre de Perharidy, à Roscoff, depuis les années 60. J’ai ainsi recensé 260 000 ascendants, dont beaucoup étaient communs à plusieurs patients portant la même mutation du gène j’ai considéré les dix mutations les plus fréquentes -. Lorsque j’ai cartographié leurs lieux de vie, j’ai repéré trois bassins principaux : en Cornouaille, vers Brest et dans le Trégor. Et les communes où vivaient les couples avec le plus de malades dans leur descendance étaient établies en bord de mer, dans le Finistère Nord. Alors qu’on pensait jusqu’ici que ces gènes étaient arrivés du continent par l’Est et avaient été “bloqués” par la mer, j’ai supposé qu’ils étaient arrivés par la mer lors de la vague de migration venue, au 5e siècle, d’Irlande et du Royaume-Uni, où l’on retrouve les mêmes mutations. D’ailleurs, des généticiens bretons avaient déjà daté l’origine des gènes de la mucoviscidose en Bretagne de cette époque. Quant au maintien de la maladie en Bretagne, il peut s’expliquer par le fait que dans la région, et surtout dans le Finistère, les habitants se marient plus souvent qu’ailleurs en France avec une personne de leur commune, sans pour autant être consanguins ! Et les femmes s’y mariaient plus jeunes, donc avaient plus d’enfants, ce qui a favorisé la diffusion des gènes. Aujourd’hui, je souhaiterais compléter ces travaux avec des données venant d’outreManche. J’ai également pour projet d’étudier d’autres maladies particulièrement présentes en Bretagne : la luxation congénitale de la hanche et l’hémochromatose. » PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY Rens. : Nadine Pellen, nadine.pellen@univ-brest.fr

© DR

Attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Bretagne Occidentale, Nadine Pellen a soutenu sa thèse en janvier à l’université de Versailles. Elle a présenté ses travaux lors de la 35e conférence européenne de la mucoviscidose qui s’est tenue du 6 au 9 juin derniers à Dublin, en Irlande.

4 SCIENCES OUEST N°299 JUIN 2012

Dans une salle d’expérimentation unique au monde, des spécialistes du mouvement mêlent réel et virtuel.

Les chercheurs se mettent au sport ! e ballon bien en main, le regard vissé sur le panier. Pour marquer son lancer franc, un basketteur doit s’armer d’une excellente concentration. Et surtout d’un entraînement hors du commun. À Rennes, des spécialistes du sport et du mouvement s’appuient sur les innombrables possibilités offertes par la réalité virtuelle pour améliorer les performances des sportifs. « En basket, explique Franck Multon, responsable de la jeune équipe Mimetic(1), le joueur pourrait s’entraîner à tirer des lancers francs dans un espace virtuel, dans lequel on lui apporterait des informations en temps réel ! » Pour tester ces méthodes, l’équipe, qui rassemble des biomécaniciens et des informaticiens, habitués à travailler ensemble, va intégrer d’ici quelques jours de nouveaux locaux, uniques en leur genre, sur le campus bruzois de Ker Lann. Un gymnase de trente mètres de long pour vingt de large et neuf de haut. « C’est exceptionnel pour une salle d’expérimentation, s’exclame Franck Multon. Il y aura, tout autour du terrain de jeu, une coursive à trois mètres de haut, où seront placées nos caméras de capture de mouvement. » L’ a u t r e “surprise” de cette salle, c’est une partie

L

immersive, tapissée d’écrans, sol compris, dans laquelle les sportifs en chair et en os pourront se confronter à des adversaires virtuels. « En football ou en hand, nous pourrons analyser les réactions d’un gardien face à un joueur virtuel dont nous contrôlons absolument tout. En réel, il est impossible de reproduire exactement cinquante fois le même tir. » Ces équipements permettront aussi de mieux décrypter les mouvements du corps humain, pour améliorer les simulations. « C’est l’une des originalités de notre équipe : la réalité virtuelle sert le réel et vice versa. Nous avons, par exemple, travaillé sur les mouvements de foules(2) ou encore sur les mécanismes en jeu lorsque deux piétons se croisent. » Cette approche couplant analyse et synthèse est reconnue et les sollicitations, nombreuses, proviennent de domaines très différents. « Les simulations bénéficieront aux jeux vidéo, mais ce n’est pas le seul axe de recherche. Nous avons déjà travaillé avec des anthropologues sur la simulation de la locomotion des primates. » Les scientifiques mènent aussi des projets de rééducation à la marche avec le centre de Kerpape, dans le Morbihan. Des discussions sont également en cours avec le Stade Rennais et des clubs locaux, dans différentes disciplines sportives, en lien avec le Campus d’excellence sportive de Bretagne. Un emploi du temps sportif se dessine pour les chercheurs ! (1) Créée en 2011, elle rassemble l’Inria, l’Université de Rennes 1, l’Université Rennes 2, l’ENS Cachan et le CNRS. (2) Lire Science Ouest n°298-mai 2012.

Rens. : Franck Multon Tél. 02 99 14 17 78 franck.multon@univ-rennes2.fr

LES ÉCHOS DE L’OUEST ENTREPRISES UN NOUVEAU CENTRE DE DONNÉES ● L’opérateur Bretagne Télécom déménage son centre de données dans l’ancien site de Thalès à Châteaubourg. D’une surface de 2 000 m2, il stockera les données confiées par des milliers de clients. Afin d’économiser l’électricité, la régulation de la température ne se fera pas sur toute la pièce mais au plus près des machines.

RADAR ANTICOLLISION ● Société spécialisée dans les radars de détection pour l’automobile et implantée près de Brest, Autocruise va lancer un nouveau radar. Celui-ci sera capable de détecter les obstacles jusqu’à 150 m et d’adapter automatiquement la vitesse du véhicule. Sa commercialisation est prévue courant 2012.

Rens. : www.bretagnetelecom.com

Rens. : www.autocruise.com

© MIKE EHRMANN-GETTY IMAGES NORTH

CE QUE JE CHERCHE « Je cherche l’origine de la mucoviscidose en Bretagne »


Un téléphone, pour quoi faire ?

L’AGRICULTURE AU TEMPS DES GAULOIS ● Deux exploitations agricoles gauloises ont été découvertes au nord de Quimper, lors de fouilles préventives menées par l’Inrap(1) avant la construction d’une zone commerciale. La plus récente a été occupée du 2e siècle avant J.-C. jusqu’à l’époque gallo-romaine. Des vestiges de hez les décideurs, la fonction télépho- murs délimitent deux espaces, probablement une habitation et une cour empierrée. Ils rendent nie ne représente que 41 % des usages la découverte exceptionnelle, car peu de de leur smatphone. Et cet ordinateur vestiges de cette période ont été retrouvés. personnel qui tient dans la poche est désormais L’autre site date d’environ 500 ans avant notre plus utilisé que l’ordinateur du bureau. » Ces ère. Les fouilles ont dégagé un enclos propos ont été rapportés par Éric Bustarret, circulaire de 7 000 m2 qui était entouré de fossés avec palissades. Il abrite de vastes de Wedia Group, lors de la journée sur “Le mobile dans tous ses états” organisée par la aménagements qui constituaient sans doute Meito(1) début mai, à Vannes. Pour le reste, le cœur d’une ferme. ils l’utilisent pour consulter des mails, gérer leur emploi du temps, s’informer... Et pas uniquement pour le travail. Catherine Lejealle, sociologue spécialiste des usages(2), le souligne : « Les nouvelles fonctionnalités de l’appareil vont dans le sens d’une viscosité des univers professionnels et personnels. » Certains s’en accommodent bien et établissent une cohabitation entre usages privés et professionnels, d’autres optent pour la fusion et mélangent allègrement les sphères. À l’opposé, il est possible de cloisonner. Ce sont les trois façons de se positionner face à un outil vécu comme vecteur d’autonomie ou inversement, véritable fil à la patte. Meito : Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications de l’Ouest. (2)Catherine Lejealle est directrice du département recherche en Comportement du consommateur contemporain et cofondateur de la chaire Digital Business, ESG Management School. (1)

Rens. : Meito Tél. 02 99 84 85 00 www.meito.com

© FLY HD-JULIEN BASSET

«C

(1)

Inrap : Institut national de recherches archéologiques préventives.

Rens. : www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/

UN MAG EN LIGNE ● La cantine numérique rennaise, association dédiée au numérique, lance un journal en ligne appelé Le Mag. Destiné aussi bien aux néophytes qu’aux spécialistes, il a pour objectif d’informer de l’actualité du numérique. Il traitera de nouvelles technologies mais aussi de culture, de médias ou encore d’entreprises digitales. Rens. : http://lemag.lacantinerennes.net

JOURNÉE OCÉANOGRAPHIQUE ● La 3e édition de la journée “Christian Le Provost” s’est déroulée le 25 mai dans les Côtes-d’Armor. L’événement, organisé par le Conseil général, vise à faire découvrir l’océanographie par un prix et des conférences. Cette année, il a récompensé Sophie Cravatte, du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales de Toulouse pour ses travaux sur El Niño.

DE LA RECHERCHE À L’ENTREPRISE ● En mai, le technopôle de Brest-Iroise présentait les nouveaux venus. Parmi eux, Pictosem, fondé par Olivier Breton. Ancien de l’équipe de Maryvonne Abraham(1), spécialiste en linguistique à Télécom Bretagne, il a créé des supports pour aider les personnes atteintes de troubles cognitifs à communiquer.

Rens. : www.cotesdarmor.fr/ espacepresse

Rens. : www.tech-brest-iroise.fr/ Actualités

(1)

Lire Sciences Ouest n°207-février 2004.

© NICHOLASINK

ILS FONT CHANTER LES DUNES ● Une avalanche de sable dévale la face la plus pentue de la dune. Un mouvement quasiment inaudible, sauf pour quelques dizaines de dunes dans le monde qui “chantent”. Le phénomène était connu depuis le 18e siècle, mais des explications n’ont été proposées que récemment. En modélisant la chute de grains de sable anormalement souples, Patrick Richard et son équipe de l’Institut de physique de Rennes ont réussi à simuler le chant des dunes. Ils confirment ainsi une hypothèse émise en 1997 par une équipe canadienne. Selon celle-ci, les chants s’expliquent par le fait que les grains de sable sont entourés d’une surface plus souple que la normale. « On peut comparer la surface des grains à un diapason, explique Patrick Richard, en fonction de sa rigidité, les fréquences de vibration sont différentes. » La vibration produite, d’une fréquence d’environ 100 Hz et d’une puissance de 100 dB, évoque le décollage d’un avion à hélice. La forme des grains est également importante, ceux-ci doivent être sphériques et de taille quasiment uniforme.

© CARTEDD

Rens : Patrick Richard Tél.02 23 23 65 57 patrick.richard@univ-rennes1.fr

ÉNERGIE DES DÉCHETS UTILES ● L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a sélectionné sept exploitations agricoles dans la baie de Saint-Brieuc dont elle subventionnera l’installation de méthaniseurs. Ceux-ci transforment les déchets organiques en biogaz et en électricité. Huit autres projets seront bientôt sélectionnés.

CHANGEMENTS DE TÊTES EUROPÔLE MER A UN NOUVEAU PRÉSIDENT ● Antoine Dosdat, directeur général du centre Ifremer de Brest, a été nommé le 26 avril à la tête du groupement d’intérêt scientifique Europôle Mer. Basé à Brest, celui-ci regroupe quinze organismes de recherche et d’enseignement supérieur autour de la mer en Bretagne.

DE L’UBO À L’UEB ● À la tête de l’UBO depuis le 5 avril, Pascal Olivard a été élu président de l’Université européenne de Bretagne, qui regroupe 23 établissements de la région. Il remplace Guy Cathelineau, président de l’Université de Rennes 1.

Rens. : www.ademe.fr/bretagne/actions_phares

Rens. : wwz.ifremer.fr/institut

Rens. : www.ueb.eu JUIN 2012 N°299 SCIENCES OUEST

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LE DOSSIER DE

Ce petit poisson guette activement la sortie des Haploops de leur tube, parmi lesquels il vit. © XAVIER CAISEY - IFREMER

PLONGÉE ENTR SUR LES FONDS MARINS CÔTIERS BRETONS, QUELQUES ESPÈCES CONSTITUENT DES HABITATS IDÉAUX POUR UNE POPULATION VARIÉE. olie algue, avec vue sur sable, dans zone calme, repas compris”. Les petites annonces n’ont pas encore cours sous l’océan, et les fonds marins n’ont pas vraiment la même allure que nos villes. Pourtant, certaines espèces constituent un véritable “parc d’habitation” pour d’autres. Et dans les eaux bretonnes, la crise du logement ne semble pas à l’ordre du jour ! De grands bancs ont été découverts et sont suivis régulièrement par les scientifiques, notamment dans le cadre du réseau benthique (Rebent, lire p. 14).

’’J

10 SCIENCES OUEST N°299 JUIN 2012

Adossés à la côte ou regroupés autour de “gros cailloux” comme Belle-Île ou les Glénan, qui les mettent à l’abri des courants, se sont construits les étages des bancs de maërl bretons, les plus grands d’Europe. Cette algue corallinacée vit librement sur le fond, la zone subtidale, qui s’étend depuis la ligne de plus basses marées, jusqu’à trente mètres de profondeur. Elle emmagasine du calcaire et des pigments dans ses cellules et laisse, une fois morte, des enchevêtrements de branches rigides et roses. « Aux Glénan, ils peuvent atteindre seize mètres de hauteur d’accumulation», explique Jacques Grall, responsable séries “Faune-Flore” de l’observatoire du domaine côtier de l’IUEM. Connaissant la très lente croissance de ces

algues - environ 300 micromètres(1) par an les scientifiques ont pu déterminer qu’elles sont arrivées par ici il y a au moins 8 000 ans ! Et une étude génétique, menée avec des collègues galiciens, a montré qu’il n’y avait pas trois espèces dans la région, comme recensé jusqu’alors, mais cinq, « dont une serait endémique. »

Le maërl repéré par Pline l’Ancien... Dans ces grands ensembles d’algues pétrifiées, toutes sortes d’animaux jouent à cachecache avec leurs prédateurs : mollusques, crustacés, éponges, anémones. « C’est l’habitat subtidal le plus riche en espèces, il regroupe des individus propres aux fonds rocheux et d’autres aux fonds meubles. » Le maërl constitue


P. 13

Sur les cailloux, la foule ! © RENÉ DERRIEN - MNHN CONCARNEAU

Anse de Goulven

p Cap d’Erquy

Baie de Morlaix

Côte de Cancale à Paramé

Abers OuessantMolène

Baie de Saint-Brieuc Baie de Lancieux Arguenon Rance

Rade de Brest

Baie du MontSaint-Michel

Côte de Crozon

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Chaussée de Sein

P. 15

La protection s’étend en mer

Baie d’Audierne GâvresQuiberon Trévignon Golfe du Morbihan

Roches de Penmarc’h Ria d’Étel

Glénan Groix

© DIRECTION RÉGIONALE DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENTBRETAGNE

Étiers de Pénerf

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Des espèces suivies de près © CÉLINE HOUBIN - STATION BIOLOGIQUE DE ROSCOFF

E TERRE ETMER une autre richesse, qui l’a menacé malgré lui. Grâce au calcaire qu’il contient, il produit un fertilisant efficace pour les cultures. « Déjà au 1er siècle, Pline l’Ancien, de passage dans la région, mentionnait l’utilisation d’un sable particulier comme amendement. » Aujourd’hui encore, ces qualités fertilisantes motivent son extraction en grande quantité. Le banc des Glénan en a fait les frais. « En 100 ans, cela a quasiment tué le banc, relate Jacques Grall, et l’impact sur la biodiversité s’est ressenti jusqu’à trois kilomètres autour de la zone. Certaines espèces ont complètement disparu. » Désormais l’extraction est interdite dans cette zone et va l’être en baie de Saint-Brieuc. Lors de leurs relevés dans le cadre du Rebent, les scientifiques ont pu noter une recolonisation, par les frontières extérieures du banc d’origine. Vers les espaces ensablés, plus près des plages, ce sont des nurseries qui se sont

Un label bio pour les algues d’Iroise

D

’ici à quelques jours, les récoltants d’algues du Parc naturel marin d’Iroise pourront bénéficier d’une labellisation bio. Cette certification, déjà reçue par d’autres confères de la région il y a quelques semaines, s’obtient en respectant trois principes, déterminés par une réglementation européenne et l’Institut national des appellations d’origine : que les champs d’algues soient gérés de façon durable, que les eaux

respectent les critères de bonne qualité énoncés par la Directive cadre sur l’eau (lire p.14) et qu’elles bénéficient du même classement que les eaux concernées par la conchyliculture. Pour ce dernier critère, le Parc naturel marin d’Iroise, avec la chambre syndicale des algues, a lancé une procédure inédite de suivi spécifique dans quatre zones : Ouessant, l’archipel de Molène, Sein et la côte entre Porspoder et

Plougonvelin. Un premier avis positif, donné par Ifremer le mois dernier, a permis aux récoltants de demander leur certification auprès d’organismes certificateurs, et de rejoindre ainsi leurs concurrents espagnols, argentins ou islandais, déjà labellisés. CD

Rens. : Manuelle Philippe Tél. 06 63 60 84 34 contact@chambre-syndicalealgues.org

JUIN 2012 N°299 SCIENCES OUEST

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