En dix mots comme en cent n°3 Avril 2015- « Dis-moi dix mots… que tu accueilles »

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« En dix mots comme en cent »

Le journal des « dix mots » en Rhône-Alpes n° 3 — Avril 2015

20e Semaine de la langue française et de la francophonie du 14 au 22 mars 2015


é d i t o

2015 est une année particulière à bien des égards pour l’équipe de l’Espace Pandora, opérateur délégué de l’opération « Dis-moi dix mots » et de la Semaine de la langue française et de la Francophonie en Rhône-Alpes. Parce que, notamment, nous fêtons deux anniversaires remarquables : celui de la Semaine de la langue française et de la Francophonie, qui en est à sa 20e édition, et celui de l’Espace Pandora, qui mène et poursuit ses actions culturelles en faveur du livre et de l’écrit depuis 30 ans !

En Rhône-Alpes, la Semaine de la langue française et de la Francophonie a soufflé ses vingt bougies avec un air de changement ! Tout d’abord par une ouverture haute en couleurs et en poésie, avec la Nuit du Slam à Lyon, organisée par La Tribut du Verbe. Puis par un nouvel événement, « Sans frontières fixes », soirée de débat citoyen organisé en partenariat avec La Caravane des dix mots, complice de l’Espace Pandora. Et enfin, parce que nous avons pris le thème de cette 20e édition au pied de la lettre en organisant pour la première fois la journée de restitution régionale « Les dix mots font la fête ! » hors de l’agglomération lyonnaise, accueillis chaleureusement par la Ville de Vienne et les acteurs de ViennAgglo. Ainsi, vous ouvrez-là un numéro tout particulier de En dix mots comme en cent, et c’est avec bonheur et émotion que nous vous le dédions, tout en vous remerciant pour votre confiance : à vous, partenaires, artistes, professionnels, particuliers, fidèles et aussi nouveaux venus... Soulignons par ailleurs que les dix mots étaient placés cette année sous le signe de l’accueil, un thème précieux et, malheureusement, d’actualité si l’on considère les événements qui ont marqué le début de l’année... Un thème qui nous rappelle que l’Autre est une richesse, et qu’il nourrit aussi cette langue française que nous sommes si nombreux à partager. Julie Dorille, chargée de développement culturel Thierry Renard, directeur

Espace Pandora Opérateur délégué « Dis-moi dix mots » en Rhône-Alpes

•AMALGAME•BRAVO•CIBLER•GRIGRI•INUIT• •KERMESSE•KITSCH•SÉRENDIPITÉ•WIKI•ZÉNITUDE•

AMALGAME

n. m. 1. Alliage du mercure et d’autres métaux [qu’il liquéfie] 2. FIG. Mélange hétérogène de personnes ou de choses de nature différente.

BRAVO

interj. et n. m. 1. Exclamation dont on se sert pour applaudir, pour approuver. 2. n. m. Applaudissement, marque d’approbation.

CIBLER

v. tr. [conj. 1] 1. Déterminer, circonscrire en tant que cible. Chercher à faire correspondre (un produit) à une cible. 2. Prendre pour cible.

GRIGRI

n. m. [VAR. GRIS-GRIS] 1. Amulette (Afrique, Antilles). 2. Petit objet magique, porte-bonheur (ou malheur).

INUIT

n. et adj. Esquimau. REM. Courant au Canada où l’emploi de esquimau est officiellement proscrit.

KERMESSE

n. f. 1. Au Pays-Bas, en Belgique, dans le nord de la France, fête patronale villageoise, foire annuelle célébrée avec de grandes réjouissances en plein air. 2. COUR. Fête de bienfaisance, souvent en plein air.

KITSCH OU KITCH

n. f. 1. Se dit d’un style et d’une attitude esthétique caractérisés par l’usage hétéroclite d’éléments démodés ou populaires, considérés comme de mauvais goût par la culture établie et produits par l’économie industrielle. 2. PAR EXT. D’un mauvais goût baroque et provocant.

SÉRENDIPITÉ

n. f. 1. ANGLIC. Capacité à faire par hasard, lors d’une recherche, une découverte inattendue et à en saisir la portée.

WIKI

n.m. Site web collaboratif dont le contenu peut être librement modifié par les visiteurs autorisés.

ZÉNITUDE n. f.

PLAIS.

État de sérénité. Définitions extraites du dictionnaire Le Petit Robert 2014.

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Abraham Bengio,

directeur général adjoint de la Région Rhône-Alpes Propos recueillis par Thierry Renard

Cher Abraham Bengio, depuis 1999 et l'invention du jeu des « dix mots », vous avez toujours été un acteur et un soutien décisifs de la Semaine de la langue française et de la francophonie, un initiateur même, d'abord au service de l'État (dRAC Rhône-Alpes et délégation générale à la langue © dR française et aux langues de France), puis, ensuite, comme directeur général adjoint de la Région Rhône-Alpes. d'où vous vient cet élan, cet enthousiasme, cette passion pour notre commune langue ? Le linguiste est forcément schizophrène. D’une part, il sait que « toutes les langues sont égales en dignité » : toutes offrent des sonorités incomparables, inventent des solutions grammaticales inédites, font émerger du réel une vision du monde singulière (comme le ciseau de Michel-Ange extrait du marbre informe des chefs d’œuvre). De l’autre, il a un faible pour sa langue maternelle, si douce, si mélodieuse, capable de tout exprimer, jusqu’à la plus subtile nuance. Dans mon cas, c’est un peu particulier puisque j’ai eu successivement deux langues maternelles… J’aime d’amour la langue française, quand elle accueille la diversité de ses dialectes ; je l’aime quand elle ne fait de l’ombre à personne et veut qu’on vienne à elle par pure passion amoureuse. Mais votre intérêt pour les langues ne s'arrête pas à la langue française. Vous en parlez plusieurs, nous l'avions longuement évoqué, en 2007, lors d'un entretien réalisé pour votre livre paru à l'enseigne de La passe du vent, Quand quelqu'un parle, il fait jour. Non seulement vous vous intéressez aux langues du monde mais, encore, ce qui peut paraître un peu plus décalé, vous vous passionnez (c'est le mot !) pour les langues régionales de notre pays. Expliqueznous votre engagement... Relisons Dom Juan : « Non, non : la constance n'est bonne que pour des ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs […] Je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige ». Remplacez « les belles » par « les langues » et nous y sommes : je suis un libertin linguistique ! Quant aux langues régionales, ce sont simplement des langues nationales à qui il a manqué une armée pour asseoir leur conquête…

Vous allez, dans quelques mois, quittez vos responsabilités au sein de la Région Rhône-Alpes. Quelles traces aimeriezvous laisser derrière vous ? Quel rapide bilan pouvez-vous tirer de ces années passées en terre rhône-alpine ? Exercice périlleux… Disons : le combat pour les valeurs républicaines au moment de l’alliance contre-nature de Charles Millon avec le Front national ; les travaux de rénovation et d’extension de la Maison d’Izieu, arrachés de haute lutte à un gouvernement frileux ; et l’extraordinaire réussite technologique, culturelle et artistique de la Caverne du Pont d’Arc, réplique de la fameuse grotte. Et mon plus cuisant échec : n’avoir pas su convaincre l’État de faire de la culture, à la faveur de la loi NOTRe, une compétence obligatoire des collectivités publiques, au même titre que les lycées, les trains ou l’aide sociale. Aujourd’hui, la culture est menacée, non seulement financièrement, mais – ce qui est plus grave – idéologiquement : sa légitimité est à nouveau remise en question. Et puis, pour refermer ce court entretien, j'aimerais vous demander quels sont vos projets pour le futur immédiat ? Et, aussi, quels sont vos dix mots préférés... Mais… encore est vive la souris ! Bien sûr, j’ai l’âme lourde encore de lectures inassouvies, pour parodier Cyrano, mais je voudrais m’engager davantage pour la laïcité, la culture scientifique et technique, la défense des humanités etc. On reste en contact ? Allez, sans réfléchir : Mémoire

Palimpseste Gougnafier Nébuleuse Belluaire Clitoris

République

Salmigondis Insomnie

Chatoyant

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La Semaine en images

Laure Morali et Joséphine Bacon • lecture sur la scène du Marché Gare Nuit du slam le samedi 14 mars 2015 • © Marie Delorme

Vote du public pour le tournoi de slam Nuit du slam le samedi 14 mars 2015 • © Flavian Dubourget

Sans frontières fixes • Théâtre des Asphodèles • Mardi 17 mars 2015 • © Xavier Lassablière

Exposition « dix mots vus par... » • Alliance Française de Lyon le 20 mars 2015 • © DR

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Cocteau Mot Lotov, poète slam À quoi sert la sérendipité « Capacité à faire par hasard, lors d’une recherche, une découverte inattendue et à en saisir la portée » La sérendipité Tout d’abord, pour m’avoir attribué ce mot, je remercie les organisateurs C’est en effet inattendu Je me mets au boulot J’écris la première ligne Le mot est souligné par le correcteur automatique de mon ordinateur Généralement, c’est bon signe Aucun mot n’est simple Chacun a sa richesse Chacun a ses recoins C’est un mot comme un autre C’est juste qu’on s’en sert moins Ça n’est pas sa faute mais à l’usage de ce mot, nous trouvons des freins Qui s’en sert ? Une portion infime de la population Quelques intellectuels qui veulent épater la galerie... pendant une exposition des rats de bibliothèque et des souris de librairie des gens du ministère... rien, j’vous dis Et le mot vient d’Angleterre Une langue indigeste aux gourmets du français dégoût semblable au niveau alimentaire Et puis qui peut être sincère avec ce mot qui va dire : « oh vous savez ma plus grande découverte je l’ai faite par hasard ! » Bon, quelques esprits humbles l’ont reconnu, mais ils sont rares Non, chacun veut faire croire qu’une idée vient d’une longue réflexion méthodique, cartésienne, consciente, fruit d’une volonté et d’une intention tirée aux meilleures sources d’inspiration et de documentation Et même si chacun sait ce qui se passe dans un cerveau la difficulté de tirer une idée claire du magma neuronal la difficulté de ne pas redire, d’être original la sérendipité pour un penseur, qu’est-ce que ça vaut ? Et puis enfin, et surtout, dernier frein, ce n’est pas qu’il y a trop de syllabes mais ce mot a une tournure bizarre qui le rend imprononçable

C’est le genre de mot qui nécessite un entrainement intensif avant de pouvoir l’utiliser en public sans se ridiculiser par un bafouillage intempestif Et comme il ne vient pas naturellement dans une conversation Il faut élaborer une stratégie qui va l’amener par quelques glissements subtils dans la discussion ou saisir le bon moment pour le placer Exemple : − J’étais au marché des créateurs dimanche dernier − Tu sais, chez tout créateur, il y a une part de sérendipité, j’veux dire. Et c’est le problème, personne ne voit ce que vous voulez dire puisque personne ne le connaît, et qu’une fois qu’il a été placé, il faut l’expliquer − Alors tu vois c’est la capacité... ce qui est toujours pénible pour la fluidité d’une conversation Et maintenant que c’est fait, que c’est placé, que dire d’autre ? L’objectif est atteint, le dialogue s’éteint Mais c’est là qu’une tierce personne intervient − D’ailleurs, ça me fait penser à un truc... Et la conversation va repartir à bâtons rampants rompus, sur un tout autre sujet, encore plus exaltant et notons que ce passage du coq à l’âne peut être assimilé à de la sérendipité Une sorte de sérendipité vulgaire très commune aux assemblées alcoolisées preuve que ce mot devrait être popularisé pour qu’un jour on puisse entendre aux comptoirs des bistrots français : − Roger, c’est ma tournée, mais tu la sers en dix pités ! Cela dit, nous risquons là de retomber dans nos problèmes de prononciation, que l’alcool aggrave. Je suis là, la serrant et la lacérant Je suis là à la dire Là, lacérant la sérendipité et la serrant mais à quoi ça sert ? À quoi sert le cerf le cerf tiré dans le pré de l’été à quoi sert le temps et sa rapidité à quoi sert le répit du rire dans le sentir du dire à quoi sert dire la vérité

à quoi sert l’empire à quoi sert l’identité de l’entité dépitée à quoi sert de répéter le pire et la pitié à quoi sert le serpent et que lui dit la pie dans la pente de la prairie à quoi sert le tendre à quoi sert se pendre à quoi sert le tueur en série t’enserrant dans ses rites à quoi sert d’espérer s’en tirer à quoi sert ce rang de députés à quoi sert la sérendipité ? L’écriture automatique en est une forme Laisser aller le mot aux mouvements de l’inconscient Laisser surgir l’image nouvelle, le sens inédit La sérendipité c’est le hors-norme L’exemple le plus célèbre de sérendipité, et le plus lourd de conséquences c’est lorsque Christophe Collomb a découvert les Amériques en cherchant les Indes Un coup de génie ! Depuis le monde est devenu dingue Je vous le dis, la sérendipité c’est tendance La sérendipité est un signe de santé mentale, psychologique, intellectuelle quand l’esprit reste ouvert à trouver ce qu’il ne cherche pas quand l’esprit ne cherche pas mais qu’il trouve quand même quand le problème apparaît là où était la solution ou quand la solution apparaît là où il n’y avait aucun problème La sérendipité c’est la surprise du chef C’est l’éclair qui traverse la tête Bref, c’est un moment de fête ! Ce texte est allé vite Le slam n’a pas le temps pour le silence parce que l’heure est à l’urgence Aucune bonne idée ne vient plus des effets de causalité La nouveauté viendra de l’idée jaillissant dans la spontanéité de l’association hasardeuse de visions éloignées et l’aléa des entrechoquements mondialisés N’est-ce pas inattendu ? Mais tu l’as bien entendu : l’avenir de la pensée appartient à la sérendipité Et puis maintenant que je sais le dire sans bafouiller je ne vais pas m’en priver.

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Jean-Yves Loude, écrivain et ethnologue Un bon grigri n’a pas de prix

Moi, Ti’Mandé dit « le Dévoré », je n’ai pas choisi d’avoir été choisi, tiré par les cheveux alors que je m’enfuyais. Les rebelles sont arrivés au village à l’heure où les enfants dansaient. La guerre était proche, mais on ne l’entendait pas. Personne ne l’a vue venir. Les hommes qui résistèrent n’eurent pas le temps d’insulter les mercenaires : « Fils de l’hyène et du chacal ! Métis de l’Enfer ! » Pas le temps d’une prière pour que soient épargnés leurs fils ou leur femme. Épargner est un mot qui fait rire un « Dévoré », se plier de rire, roter de rire un « Dévoré ». C’est ce que je suis devenu. Ils m’ont attrapé, jeté dans un camion, nourri au camp. C’est vrai, cela faisait longtemps que je n’avais pas autant mangé. Ils m’ont montré des filles à consommer, ont fouillé mon short m’ont saisi le sexe jusqu’à ce que je gueule et que je jure, m’ont collé une arme dans les bras. J’ai flingué un chien pour preuve, comme premier exercice. Ensuite, il n’y a pas de fin. La fièvre du meurtre monte de cette partie du ventre où se noie la répulsion dans le liquide de la peur. D’abord on tue sous la surveillance d’un chef qui a cinq ans de plus que soi, qui n’a plus d’yeux pour voir, mais des yeux pour brûler. Les filles étaient notre butin. On nous poussait aux reins et que s’accomplisse le destin ! J’ai mangé mon âme et j’ai craché la honte. J’ai bouffé jusqu’au souvenir de ma mère. J’ai oublié mon nom. On m’appelle le « Dévoré ». C’est tout. Celui qu’un diable affamé d’or et assoiffé de vengeance mange de l’intérieur. Il faut me craindre. La cruauté a brodé des galons sur les épaules de mon teeshirt déchiré. Capitaine Dévoré. Les titres s’attrapent au nombre de cadavres. Mon maillot ne sent pas bon. Je suis celui qui arrête les convois dans la courbe des pistes. Un enfant les bras en croix qui inspire plus de crainte qu’un kapokier entravant la route. La peur

m’a quittée. Un matin, elle ne s’est pas réveillée. Elle aussi, je l’ai butée. Trois amulettes bien accrochées aux points cardinaux de mon intimité, là où le grigriman les a placées et que seule une conquise en fonction d’amour puisse observer. Les grigris sont mes chiens de garde. Le féticheur a remué les lèvres et a mâché une formule inaudible vendue pour une sourate infaillible. La peur a reculé. Le féticheur a dit : ne jamais les détacher, dormir avec, se laver trois fois après les ébats et sacrifier. Le grigriman ne s’est pas moqué des génies. Il m’a demandé trois taureaux. Tarif de capitaine ! Il a dit. Plus on paie, plus les balles s’écartent. L’exigence et l’efficacité. Un bon grigri n’a pas de prix. Ça s’est vite su que le Dévoré était protégé. La peur a changé de culottes. Il ne fait pas bon rencontrer l’enfant au rictus, le rebelle que rien n’atteint, ni la pitié, ni les projectiles. J’ai la réputation de tordre la bouche quand j’étends les bras et barre la route, une kalache dans chaque main. C’est une musique toute simple, la mélodie de la kalache. Deux pressions des doigts et voilà les pantalons qui tombent, les poches qui se vident, les billets qui s’évadent des soutiens gorges. Inutile de résister. Les rançonnés savent bien qu’un commando entier de gamins drogués, excités, se cache dans les fourrés et qu’ils se feront un plaisir de tirer. Et que tout ça au fond, c’est pour la liberté, pour la dignité du peuple qui mérite d’être éclairé. Pour l’éclairage, il faut payer. Il y a plein de soldats officiels qui comprennent très bien, tout de suite. Ils lâchent leurs armes, tournent les fesses et font la course avec le lièvre rusé, l’animal malin qui dit que pelage troué se vend moins bien. Les fuyards répètent à chaque angle tordu de la savane que la lutte est inégale, à cause de mes grigris. Ma réputation grandit. Mon profit aussi. Je prends garde de partager le butin. Toujours. Le grigriman n’a pas précisé si la sourate et les amulettes protégeaient des balles tirées dans le dos.

Mohammed El Amraoui, poète et traducteur Petit inventaire kitsch du salon de coiffure Le Coq d’or Le pied trébuche au seuil. Un rideau de porte, fils de perles qui oscillent et teintent, et l’œil trébuche aussi, et je regarde en haut, autour, en face : équations bancales d’un chic bancal, semblable à celui que j’ai connu, enfant, chez des voisins ou des tantes. Chaque chose est anagramme d’un kitsch vieilli Chaque chose est

un point figé d’un temps qui a perdu sa brillance

Chaque chose, dans ce point de vieillesse, coïncide avec le rêve d’être, au présent, originale

Chaque chose est, sans être ce qu’elle est, et signifie rien ou s’use à signifier

Le temps s’arrête, le temps arrêté dans le coin, à l’angle, dans une pendule posée, cadran marron et chiffres romains marron et aiguilles marron des fleurs aussi dans un vase japonais, penchées toujours au même endroit, et le rose devenu pâle à force, et s’émane une odeur plastique, je me demande quel génie a inventé des fleurs éternellement vivantes, sans germes, sans grains

Sur une table faux marbre, un chien en faïence. La tête disproportionnée se penche et se rétracte, comme si elle disait puis regrettait une confidence à une tour Effel en miniature, à côté

La dorure d’un soleil couchant sur un mur regarde sur le mur d’enface une calligraphie dorée, et, à côté, des pèlerins font la ronde autour de la Kaaba dans un cadre doré Le noir des fauteuils faux cuir brille

Le lustre pend fébrilement et brille aussi, poids baroque et mornes enjolivures, gonflées de redites, de déjà copié, falsifié, et poussières d’antan dans une lumière maladroite Le coiffeur mâche le chewing-gum, accompagne un air dans l’air du temps qui sort de la radio

Moi, sur le fauteuil, timidement, je regarde.

Les choses attentives en silence, mal à l’aise dans leur kitsch, me regardent, se défont dans l’œil et le souvenir.

Et je ferme l’œil.

Substance du poème, complice de ma gêne. Et

j’organise quelques mots dans ma tête et évalue leur justesse et distille et répète sans relâche et comme si un écho de mes mots traversaient jusqu’aux choses dans une vallée opaque. Et le coiffeur me fait signe que c’est mon tour.

Dans le miroir, les choses fixent mon dos. Les mots se figent au tintement sourd des ciseaux.

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Billet d’humeur

La chance d’un autre jour « Un jour Il y aura autre chose que le jour »

Boris Vian, Je voudrais pas crever Tout allait bien, ou presque. L'année 2014 s'achevait, peu à peu. Et nous marchions vers des horizons nouveaux, indépassables : les « 30 ans » de l'Espace Pandora et le quarantième anniversaire de l'assassinat de Pier Paolo Pasolini, immense poète à qui nous avions décidé de rendre hommage en sautant par-dessus la frontière des langues. Nous étions en route pour 2015, soulagés, et impatients. Mais les attentats du mois de janvier ont eu lieu et, après eux, une suite d'horribles séquences à traverser, ici ou là, ici et là. La barbarie avait refait surface ou, plutôt, elle poursuivait son aventure sanguinaire en disant son nom, son nom qui est le nom du crime et de l'intolérance. La sauvagerie est inhumaine et elle piétine les êtres et leurs langues sans se soucier des lendemains. Maintenant, nos lendemains ne chanteront plus jamais si nous ne réagissons pas d'emblée, avec les modestes armes qui sont les nôtres, face à l'horreur totale. C'est pourquoi il faut tenir le coup et maintenir le cap, coûte que coûte. C'est pourquoi il faut résister avec les armes du poème, de la lettre d'amour, de la chanson simple et de l'humour. Résister, encore, en défendant partout sur la planète la liberté d'expression et la liberté d'émotion. Résister, pour de bon, parce qu'il existe, bel et bien, des valeurs universelles et démocratiques. Les arts et les sentiments ne sont pas neutres, ils en disent long sur nous et sur la chance d'un autre jour. Notre République est fatiguée, elle aussi. Aidons-la à renaître de ses cendres. Formons le dernier carré du PAL (Poésie. Amour. Liberté.) en inventant, toujours, de nouveaux laboratoires linguistiques et artistiques. Cela en vaut la peine, je vous assure... Thierry Renard

Composition du jury régional des « dix mots » 2015 le mardi 3 mars à 18h30 au Centre Culturel Œcuménique (CCO) de Villeurbanne – 6 groupes de jurés Pierre-Pascal ANTONINI, Espace Pandora Thierry AUZER, Théâtre des Asphodèles Clara BEDDELEEM, volontaire en service civique Abraham BENGIO, Région Rhône-Alpes Juliette BERROTERAN, plasticienne Adèle BLIN, Caravane des dix mots Philippe CAMAND, Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (ARALD) Marie DELORME, Espace Pandora Philippe DELPY, Préfecture du Rhône Julie DORILLE, Espace Pandora Nicolas DUMAS, association Manzanillo Benoît GUILLEMONT, DRAC Rhône-Alpes Yves HENRI, plasticien

Brigitte JOUVE-VILLARD, DRAC Rhône-Alpes Myriam KABLAKJ, Caravane des dix mots Michel KNEUBÜHLER, consultant Fernanda LEITE, Centre Culturel Œcuménique (CCO) Raphaële MASURE, Caravane des dix mots Nellie MEUNIER, ViennAgglo Jamel MORGHADI, Espace Pandora Toufik OUAHDI, Unité Éducative d’Activité de Jour (UEAJ) de Vénissieux Thierry RENARD, Espace Pandora Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora Athénaïs THÉODOSSOPOULOS, Filigrane Patrice VANDAMME, Les arTpenteurs Sonia VIEL, École Louis-Pasteur

Les objectifs du jeu des « dix mots » :

– inciter toute personne à une expression individuelle ou collective,

– permettre la valorisation de cette expression grâce à différents supports (textuels, visuels, sonores, multimédias).

En 2015, 723 textes et 228 créations plastiques ont été reçus dans le cadre de l’appel à contributions des « dix mots » en Rhône-Alpes. Ici sont réunis 54 textes et 10 créations plastiques, tous retenus de manière anonyme. Repères : Opération « Dis-moi dix mots »

Organisation : Ministère de la Culture et de la Communication (Délégation générale à la langue française et aux langues de France). Partenaires francophones : Belgique, France, Suisse, Québec et Organisation Internationale de la Francophonie (70 pays dans le monde). Plus d’infos : www.dismoidixmots.culture.fr

Comité de pilotage Rhône-Alpes : Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes ; Préfecture du Rhône ; Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale ; Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône ; Région Rhône-Alpes ; Délégation académique aux arts et à la culture de Lyon ; Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation ; les associations Filigrane, Caravane des dix mots et Espace Pandora.

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LE TEMPS dES iNuiTS Jour, nuit, Le temps des inuits Le froid se répand À perte de nuit. Étendue glacée, Le temps se détend, S’étire, Le jour se retire. Chaleur de l’igloo retrouvé, Temps du réconfort, Le chasseur dort. danièle VAudAN, 59 ans 01390 MIONNAy

CiBLER Six épis de blés, bleus, blessés : signe de la cible pour une flèche. « Oh, les six blés, vous êtes ciblés ! » ikram ACEM Classe de 5e 6 COLLÈGE ÉMILE-ZOLA 69220 BELLEVILLE Professeur : Sandrine TROLy

ANAGRAMME POLAiRE

il a

N eigé

u ne nuit d’hiver

i l s’est caché dans sa T anière

Pénélope CuiRiNiER, 12 ans COLLÈGE JEAN-PERRIN 69009 Lyon Professeur de lettres : Mme Monfront

Ma nounou en boubou, un bibi sur la tête, doudou de mon tonton, prochainement ma tata, qui m’appelle mon bébé et parfois mon coco, a perdu son grigri, et mon pépé que mémé dit gaga, le cherche, mais à son traintrain, plan-plan, moi aussi j’ai perdu un joujou, mon yo-yo, mais dans mon dodo j’ai encore mon doudou cracra, et au-dessus, un petit oiseau qui fait cui-cui.

Ma nounou, elle l’a perdu son grigri pendant qu’on jouait à dada et à faire coucou, le loulou tout foufou d’un affreux jojo, un titi que Nounou dit un peu neuneu, l’a mordue au mollet, ça lui a fait bobo, elle a couru et c’est là qu’elle l’a perdu son grigri, et le titi, tout zinzin, il a serré le kiki du loulou… Moi, ma nounou, je l’aime bien, elle me fait mimi, elle me nettoie le pipi, le caca du cucu, et pour faire dodo, elle me chante le petit quinquin, elle aime bien chanter du yéyé ma nounou, elle aime bien danser aussi au flonflon de l’orchestre et au crincrin de Gigi, même que des fois, elle met un tutu qui fait froufrou, et elle danse le cancan ou le cha-cha-cha. Des fois, elle cherche dans ma tête s’il y a un toto, ou si la mouche tsé-tsé a pas pondu, que ça pourrait me donner le béribéri qu’elle dit, parce que après, elle dit, on est tout gnangnan…

Des fois aussi, c’est la fête, les femmes font le youyou, même une grosse dondon qui apporte le couscous au pili-pili et une autre qui sent bon l’agar-agar, un gros baba, moi j’aime bien le baba…c’est mieux que le lolo du néné, ou le bibi qui fait glouglou.

Mon papa, il dit qu’il aime pas la fin du mois, parce qu’il doit donner des soussous à ma nounou, alors il fait un peu de blabla, il dit on fait fifty-fifty, mais il lui donne quand même, il dit : « Elle nous prend tout cette nana, les soussous et le tonton, et après, on fait tintin, et c’est moi le gogo… ». Claude JAMBON, 69 ans 01460 BRION

Cela fait soixante-sept ans que je vais à Soulac-sur-Mer, Soulac, c'est mon voyage J'y suis allée la première fois Dans le ventre de ma mère L'histoire entre Soulac et ma famille Est mystérieuse Semble venir de la nuit des temps Elle s'est transmise de mère en fille Bien avant mon arrière-grand-mère J'ai rencontré mon premier mari à Soulac J'avais treize ans J'y ai emmené mon deuxième mari Mes enfants y viennent avec mes petits-enfants. On ne s'ennuie jamais à Soulac Balades à vélo sur le banc de sable Recherche de mûres dans la forêt Autrefois, l'odeur des pots de résine dans les pins Les crevettes avec un verre de blanc Les céteaux et les tellines Les œillets des dunes Les plages immenses Soulac, c'est la liberté Il n'y a plus d'attaches à Soulac Les plages désertées hors saison L'amalgame des rouges Dans le coucher de soleil À Soulac, je regarde À Lyon, je peins Soulac. Régine LAROCHE, 67 ans ATELIER d’ÉCRITURE CENTRES DE L’AURAL 69008 LyON Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

Jean-Claude THEVENET, 72 ans 74200 ALLINGES-MESINGES

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ARTiCLE :

ACCuEiLLiR LE SAVOiR PAR iNTERNET

uN SÉRuM dE PAix

Je n'aime pas le kitsch, préférant la modernité, Internet est pour moi une fête, comme une kermesse, On y trouve l'explication de mots compliqués comme sérendipité C'est un monde de zénitude, plein de promesses. Je navigue dans un environnement ciblé, pour les jeunes de mon âge, Ne faites pas d'amalgame, internet permet de beaux apprentissages. Et quand je lis d'intéressants articles sur les inuits dans Wiki J'ai envie de dire bravo... c'est exquis !

Un scientifique français cherchant à créer un médicament contre une maladie grave, s’est trompé dans ses calculs. Finalement par sérendipité, il créait un sérum de pacificité. Distribué à tous les pays pour arrêter tous les conflits, les pays s’aident maintenant entre eux, les gens sont généreux et agréables. Le racisme, la discrimination n’existent plus. Nous sommes maintenant dans un monde uni et soudé. Ce sérum a permis d’arrêter les guerres et les conflits entre pays. Tous les pouvoirs de la bombe nucléaire sont abolis. Nous sommes maintenant dans un monde de zénitude. Alexandre GiVRE et kilian BERLANd AFPMA DE PÉRONNAS Premières électrotechniques – BAC PRO 01960 PÉRONNAS Professeur animateur : François Grevy

Ma maison est grande parce que j’ai une girafe, un lion, un serpent, un chaton et j’ai acheté des robes kitsch pour tous mes animaux. Au magasin, j’ai acheté un lapin et un crapaud et j’ai fait un amalgame. À l’école, on a fait une kermesse et j’ai fait un spectacle de magie. J’ai transformé la maîtresse en lapin et tout le monde a dit bravo ! imène BELAHdid, 8 ans ÉCOLE DES GÉRANIUMS 69009 LyON Professeur : Isabelle Bally

LES POSTÉRiEuRS Ah bah bravo ! Bravo les gars vous êtes géniaux Métro Boulot Dodo Bingo ! Vous avez touché le gros lot ! Ah bah bravo ! Plus de cadeaux Pour ces tristes états d'âme Bam ! Et là, c'est le drame ! Cibler, viser, tirer sur tous les amalgames.

Révolte-toi ! Libère-toi ! Délaisse tes chichis et tes grigris Assume tes rides, Assume tes rimes ! Et bouge tes miches ! Toute la tristitude de ton attitude montre ta platitude Garde la béatitude Fume de la zénitude Et prends un peu d'altitude !

Gabrielle duBOux COLLÈGE SAINT-ChARLES Classe de 6e 13200 ARLES Documentaliste : Flavia NUNES-COCONAS

Les inuits ont posé leurs valises sur la banquise Mais ils ne comprennent pas la logique des occidentaux Les occidentaux ont posé leurs hélicoptères sur la banquise Mais ils ne comprennent pas la logique des inuits Pour le ravitaillement, les inuits creusent des puits Dans la glace et ils pêchent avec un harpon Pour le ravitaillement, les occidentaux se font livrer À domicile des boites de conserve de poisson Deux logiques s'affrontent et ne se confondent pas. Pierre BLANCHARd, 82 ans ATELIER D’ÉCRITURE LE TEMPS DE LA POÉSIE hOPITAL GERIATRIQUE DES ChARPENNES 69100 VILLEURBANNE Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

T'as le droit d'être une quiche Avec des vêtements kitsch Dans notre monde Wiki Tout est permis. Mais ne sois pas asservi Sinon c'est une illusion de vie Dans laquelle tu t'assoupis.

Révolte-toi ! Libère-toi ! Délaisse tes chichis et tes grigris Assume tes rides, Assume tes rimes ! Et bouge tes miches !

SÉRENdiPiTÉ Sérendipité, Sérendipité… mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Totalement dépitée par ce vocable elle se jette sur les dictionnaires de la maison ; rien dans le Petit Robert, ni dans le Petit Larousse. Perplexe, elle cherche désespérément où elle pourrait trouver de l’aide. Bien sûr, panne d’internet, au fin fond de sa Gironde, panne récurrente, donc aucun secours possible de ce côté-là. Il y avait autrefois dans le salon un grand Robert acheté lorsque les enfants faisaient leurs études. Il a dû être rangé au grenier. Elle gravit lentement les marches de l’échelle de meunier. Le grenier s’impose à elle, poussiéreux, encombré. Après une inspection parfois difficile, elle retrouve les caisses de livres, livres d’enfants, livres de jeux, romans en tous genres… Ah, voilà les encyclopédies. Elle ouvre le carton, le Robert est bien là, rouge un peu passé sous ses couvertures de plastique. Elle attrape le volume Romb…Z. Son œil est alors attiré par un petit fascicule bleu clair dont elle se saisit, abandonnant le dictionnaire. Elle reconnaît l’écriture aimée. Le cœur battant, elle ouvre lentement le livret. Il est plein de poèmes d’amour écrits pour elle. Le temps enfui à jamais refait surface, doucement, comme une caresse, comme un baiser oublié. Bien enfoui au fond du grenier, tout était là, tout était là présent. Elle ferme les yeux, le jour est plus doux. Elle ne saura sûrement jamais ce que signifie « Sérendipité », peu importe…

Allez, viens, c'est la fin de la kermesse On n'est plus tenu en laisse Vas-y... Montre tes fesses Quelque soit leur couleur Vas-y... N'aies plus peur Ensemble, on assumera notre sort. COLLECTIF : Sarah RAkOTOMANANA, Chloé dEBuiRE, Marie-Amélie MARCO, Gabrielle ROuGNY, Tessa BARBANçON, Célia ANzALONE, Julien dELCROix, Benjamin GENdRE, Rayane GiARRAFFA, Guillaume NGuYEN et Victor MESNY LyCÉE PRIVÉ LA XAVIÈRE 69008 LyON Animatrice : Nadia GUIChARD

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 9

dany HENRiOT ATELIER D’ÉCRITURE « LES SCRIBES EN DÉLIRE » 69002 LyON


kiTSCH

Je cherche mon verre de jaja Et je ne trouve qu’un verre de thé Je suis sérendipitée.

Femme bonniche Femme potiche Pastiche Pour un décor kitsch Elles s’en fichent S’en contrefichent D’être prises pour des quiches Ou des godiches Elles bichent Leur bonheur, elles l’affichent Pas de triche Le kitsch Elles kiffent.

Muriel BERTHOLET, 41 ans ATELIER D’ÉCRITURE ARIMC PÔLE OUVERT D’ÉCULLy 69130 ÉCULLy Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

Annette ATELIER D’ART-ThÉRAPIE 69450 SAINT CyR AU MONT D’OR Animatrices : Christine ChALARD, Annette PELTIER et Odile METTLING

LA CAGE Aux dix MOTS Ouvrez, ouvrez la cage aux dix mots. Regardez-les s’exprimer, c’est beau. Les enfants, si vous voyez des petits grigris prisonniers, Ciblez-leur la porte vers la sérendipité. Les enfants, si vous voyez des petits inuits prisonniers, Ciblez-leur la porte vers la sérendipité. Les enfants, si vous voyez des vieux kitsch abandonnés, Ciblez-leur la porte vers la sérendipité. Les enfants, si vous voyez des kermesses en pleine zénitude, Ciblez-leur la porte vers la sérendipité. Ouvrez, ouvrez la cage à tous ces mots. Bravo de ne pas faire d’amalgame et oublions Wiki. Chantons, chantons… Ouvrez, ouvrez la cage aux dix mots. Monique dANTONNY ATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE 26300 ChATUZANGE LE GOUBET Animatrices : Evelyne ChOVET et Agnès CAROSSO

CiBLER Amalgame : gamme en do mise à mal par un profanateur d’orgues Bravo : mot hurleur qui frappe des pieds et des mains

Cibler : verbe utilisé pour faire des petits trous mortels avec l’air (l’r) d’un autre Grigris : escargots siamois

Le signe de la liberté est ciblé Un sifflet retentit Une blessure, en silence Le sens de la vie touché au cœur La fin est proche. Andréa BRAC dE LA PERRiÈRE COLLÈGE ÉMILE-ZOLA Classe de 5e 6 69220 BELLEVILLE Professeur : Sandrine TROLy

inuit : un I nu comme un ver roulé en huit

kermesse : rassemblement festif celte avec concours de saut de menhirs kitsch : tarte ratée mais bonne pour le design

Sérendipité : mot à mâcher et remâcher syllabe par syllabe un grand nombre de fois pour que s’en dégage une saveur inattendue Wiki : kiwi aux mœurs inversées

zénitude : ensemble des charges pesant sur les épaules des aînés Annick GRiVET LES ATELIERS DE LA RUE RAISIN 42000 SAINT-ÉTIENNE Animatrice : Véronique GUILLAUME

Bravo, le musée des Confluences a enfin ouvert ses portes ! L’afflux de public policé, sans effusion, ni grigri, attendant en toute zénitude le sésame d’entrée sur les grandes marches blanches m’a fait penser à quelque futuriste kermesse paroissiale sur le parvis d’une cathédrale. Un mystère de la sérendipité peut-être, que cet édifice, rencontre improbable entre la dureté de l’architecture du bâtiment et l’emblématique limpide mouvance de la jonction de deux cours d’eau ! On serait tenté de faire l’amalgame entre un aspect franchement polaire (sans aucun rapport avec la grâce des objets exposés provenant de la civilisation inuite), et une vision ciblée d’une culture inaccessible, valorisant l’ère industrielle tout en en méprisant le kitsch. J’attends avec impatience de lire sur le wiki les premières impressions des privilégiés qui ont pu y entrer ! Claudine dELERCE, 55 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION GÉNÉRATION EN MOUVEMENT CLAUDINE DELERCE 69160 TASSIN LA DEMI LUNE Animatrice : Claudine DELERCE

isabelle LEPAGNOT, 48 ans – 69700 SAINT-ROMAIN-EN-GIER

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 10


iNuiT – Fabio VERiSSiMO, 11 ans – ATELIER ART DU CENTRE SOCIAL DE GRIGNy – 69520 Grigny – ANIMATRICE : Evelyne DROZ

Dix mots qui sont certes savoureux pris individuellement mais dont chacun a sa propre couleur, sa saveur, sa consistance... ces dix mots je dois en faire une brochette, les assembler sur une pique, les enrober de marinade, les torturer sur le feu de la braise pour concocter un met digeste et sapide :

Pour être en situation propice à la sérendipité il importe d'être réceptif, de se placer dans un état de quiétude, d'harmonie, de zénitude, puis il faut se constituer un bagage de connaissances, collectées et enrichies par les wikis ; on approfondit soit dans le domaine-cible où on excelle soit dans le grand minestrone où bouillonnent les mots les idées les acquis : en grand alchimiste on mélange, on trie, on unit, on amalgame. Mélanger, métisser, maitres-mots de toute activité humaine... y compris festive : feria au sud, kermesse au nord : on y mange et on y boit, on y échange et on y danse ; accordéons flonflons et lampions ; on joue, on gagne des poupées plus ou moins kitsch ; on écoute les bonimenteurs... voulant jouer avec les amulettes et mettre le feu au rationnel on fait l'emplette d'un grigri ! Une clameur et des bravos nous attirent nous magnétisent... spectacles d'illusionniste de jongleur ou d'acrobate ! Puis le mouvement de balancier qui nous avait attiré dans le tumulte nous pousse doucement vers le calme et la sérénité... Nuit qui s'étire et jour sans fin, transportés au loin chez les inuits, glissant dans l'immensité... oubliant nos immenses cités... CONSTRUIRE PUIS DÉTRUIRE, UNE GRANDE LOI DE LA NATURE : Défaisons à présent la brochette de nos dix mots dans l'assiette de la francophonie, et dégustons un à un, pour mieux en garder la saveur, quelques morceaux choisis particulièrement exotiques : Un amalgame parfumé arabe, fait de mercure et d'argent, certes forts peu comestibles, mais recelant tous les mystères des alchimistes de la matière et des idées. Un grigri sénégalais pimenté de gingembre et d'irrationnel.

Un wiki sucré d'origine comme un ananas hawaien et symbole de la connaissance facile à assimiler et le meilleur pour la faim (!) cette fameuse sérendipité : on nous apporta ce mot, ostentatoire telle une hure rotie sur un plateau d'argent, nous le trouvâmes moins prétentieux lorsque nous l'eûmes googolisé ; et enfin amadoué, nous le ferons définitivement nôtre, comme nous avons fait nôtres ses prédécesseurs : procrastination paradigme et consorts ! Pierre CLAuSTRE, 62 ans 38200 VIENNE

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 11


Amalgame : danse arabe où, exceptionnellement, hommes et femmes se trouvent sur la même ronde. Bravo : nom donné, en provençal, à un petit garçon courageux. Cibler : être efficace, en Suisse alémanique.

Grigri : insecte nocturne dans les zones désertiques, qui émet un chant proche de celui du grillon. inuit : il vaut mieux préférer l’écriture « e-nuit ». C’est le noir sur la toile quand Internet bugge. kermesse : bière belge ambrée, fermentée deux fois.

kitsch : nom donné en Bavière aux beffrois de l’époque rococo.

Sérendipité : exclamation signifiant le dépit, la frustration en vieil anglais. Remplacé aujourd’hui, en français, par « zut » ! Wiki : jeu de société tahitien où chaque joueur doit découvrir rapidement qui est son partenaire.

zénitude : nom donné à la ligne d’horizon lorsque le soleil se couche et que seule l’aura éclaire encore le relief. isabelle CATTELAiN, 56 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE LA MJC DE BELLEGARDE-EN-FOREZ 42210 BELLEGARDE-EN-FOREZ Animatrice : Isabelle CATTELAIN

COLLECTiF – ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE yOURI-GAGARINE – Classes de CM1/CM2 – 69120 VAULX-EN-VELIN – Enseignante : Cécile ROUChOUSE

SLAM AVEC SÉRENdiPiTÉ Pitié ! Las d'être assis, serré dans cette salle à transpirer sur la sérendipité.

Lacère, la serre, serre, cerf, sert, serpent, hareng, pis, la pis lazuli, serti, tipi, pis que de dîner de dips épicés hanté par un édenté endetté, serré par ce type, trempé, sorti de la piste de danse. Pitié ! Assez disserté !

Du thé, des radis, une tendre pensée, une idée, un hippie, une pépite ou seulement un répit mais décapitez la sérendipité ! Annie FANTiNO-LuYSSEN 69100 VILLEURBANNE

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 12


AMALGAME – Stéphanie duPY, Noël POzzO di BORGO, Cécile GEORGES, Brigitte MERCiER, Françoise FEuTRY, Marie-Pierre GuiYOuLE ATELIER Tremplin ANEPA – 69001 LyON - Animatrice : Elisabeth ChADI

LE dÉBuT dE MA NOuVELLE ViE Je m'appelle Camellia. Il y a cinq ans, j'ai rencontré un garçon, Polo. Il est très beau, très gentil mais surtout très maladroit. hier il m'a donné rendez-vous au parc. Je me suis préparée mais je m'attends au pire. Il est là, tout seul sur un banc. Il sort une petite boite à bijoux en bois avec plein de strass, il se met à genoux et dit d'une petite voix tremblante : « Camellia veux-tu devenir ma femme ? » Il allait me passer la bague au doigt quand, tout à coup, il la lâche et elle tombe dans l’égout. Il en fabrique une avec une brindille. Je suis surprise mais elle me plaît bien. Nous décidons de partir à Bali pour nous marier dès le jour suivant. Nous ciblons une jolie mairie un peu kitsch. J’ai revêtu une robe blanche avec une grande traîne sur laquelle marche Polo. À la sortie, tout le monde crie « BRAVO, BRAVO ! ». Plus tard, c'est un inuit qui apporte le gâteau. Et là encore, Polo glisse et renverse la pièce montée. Je garde ma zénitude mais je sens que ma vie risque d’apparaître sur Wiki si je ne trouve pas de grigri. Maeva ziANE COLLÈGE GEORGES-POMPIDOU Classe de 6e C 38640 CLAIX Animatrice : Nicole Loynet

s'

A malgamer les uns et les autres M élange des genres et des cultures, une A utre idée de la vie ensemble émerge L e mouvement créatif des mélanges G arde la forme ronde du monde A grandit les possibilités d'invention M alaxe la pâte des hommes : E vidence de la force des mélanges Lali BOuRdOuLi, 49 ans ASSOCIATION MIRLy SOLIDARITÉ 69005 & 69009 Lyon Animatrice : Claudine Arnaud

CiBLER CEux dE CHARLiE Ceux qui croquaient nos figures libres Ceux qui faisaient forniquer l’insolence Ceux dont l’encre du talent noircissait les veines Ceux qui décapaient nos consciences endormies Ceux qui n’avaient que des crayons pour armes Ceux qui gardaient le visage découvert et confiant Ceux qui n’aimaient que les gilets pare-bêtise. Satire, combat pacifique, liberté d’expression.

Ça se détruit avec de la haine et une bonne panoplie : Courageusement s’armer Enfiler sa cagoule, ajuster son gilet pare-balles Et, à bout portant, tirer, tirer, tirer… Ça tire, carnage sanguinaire, humanité en berne.

Pensez-vous pouvoir étouffer l’humour Faire taire la raison, museler le courage ? Aujourd’hui, nous sommes tous des Charlie libres et sonnés. Pour le silence, ne vous trompez pas, c’est juste une minute. Ensuite, nous serons nombreux et en rangs serrés à soutenir les rotatives de la liberté d’expression. Insolemment, résolument. Nous cibler tous, le pourrez- vous ? Sachez que, d’où ils sont, ceux que vous avez tués Continueront sans fin à faire des bras d’honneur Pour répondre haut et fort à vos délires armés.

LA kERMESSE dES dix MOTS Serrant dix pépites, mes doigts – d’une sempiternelle plume – accueillent et picorent les dix mots rieurs, transparaissant de la sérendipité ! Trépider, me pétrir de la sève qui me pique, atypique ! L’œil s’hyperlie à l’hypertexte. Sans ouï-dire, je prétexte du contexte et je capte le wiki... avec tact ; il s’emballe, je déballe une cargaison de grigris qui me grisent, je m’agrippe, prends pour cible l’indicible ; je zappe, zozote et m’insuffle de zénitude mais la muse impassible, d’un revers kitsch, s’amuse ; inaccessible, elle me quitte ! Ça me gratte et je glisse dans le magma cuisant de la crise d’eczéma, j’ai les gammas qui grimpent ! Faut-il revoir mes gammes ? Danser la bergamasque ? Oh, m’agourmandir, concocter un amalgame de cocktails servis sous la coque d’un igloo la nuit, s’il ne nuit à l’inuit, dans la discontinuité de mes abracadabras ! Ah, cette magie des bravos brandis par l’amoureux du slam qui s’ébaudit avant de rejoindre la kermesse pour la grand-messe des dits mots.

Babette COuSiN ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DE L’ÉCRITURE ET DE LA LECTURE (APPEL 73 MDE) MAISON DES ASSOCIATIONS 73000 ChAMBÉRy Animatrice : Sylvie MORA-hALBwAChS

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Marie-France MORiAux ATELIER D’ÉCRITURE DU SALON DES POÈTES DE LyON 69003 LyON


SONGE CHROMATiQuE

MOTS dE TOuS âGES J’ai cinq ans Je pleure parce que maman elle a pas mis grigri dans mon cartable, que maintenant c’est l’heure des couchettes et que les autres ils ont tous leurs doudous. La maitresse me caresse les cheveux.

J’ai quinze ans et deux jours Bon d’accord Norbert ça fait un peu kitsch mais il est trop cool. Et puis quand il remue les jambes au rythme du son avec son casque sur la tête il me fait planer. J’crois que j’suis folle amoureuse.

J’ai quinze ans et cinq jours (je hais les week-ends) Il s’est assis à côté de moi dans le car ! On a parlé, on a ri et puis on a parlé encore. Avant de descendre il m’a embrassée, très vite. Il est trop beau. J’en suis dingue. En rentrant j’ai sautillé comme quand mémé m’emmenait à la kermesse. J’ai vingt-trois ans Aujourd’hui je me marie. Il s’appelle Alban. On s’est connu à la BU. Je cherchais le livre L’Avis des mots et j’ai trouvé l’homme de ma vie. y a un terme pour ce type de hasard je crois, « sérendipité » un truc comme ça.

Je me suis enfermée dans une bulle, ma bulle.

Jamais je ne m’étais retrouvée dans un moment aussi doux. Lorsque j’ai fermé les yeux, la première couleur qui est apparue était le bleu. La couleur du ciel une couleur sereine et pleine de merveilles. La deuxième était le violet prune magnifique, velouté. Puis le rouge, une couleur forte, intense, pleine d’imprévus. Mais ma couleur favorite c’est le vert bleu, un bleu canard tendre et précieux. Et c’est ainsi que se déroula ce songe chromatique. J’étais dans un climat de parfaite zénitude !

Ce moment était privilégié ! Il n’a duré que quelques secondes mais il aurait pu durer davantage, j’en aurais été la première ravie ! Lou BORdET, 12 ans COLLÈGE JEAN-PERRIN 69009 Lyon Professeur de lettres : Mme Monfront

J’ai trente-deux ans C’est bien le temps partiel. Je peux aller chercher Claire à l’école avec Nicolas. Il adore ça. Il fait des bravos avec ses petites mains dès qu’il la voit arriver. C’est bon les enfants. Je vais leur faire des crêpes pour le goûter.

J’ai quarante-six ans La conseillère d’orientation demande à Nicolas de cibler son objectif professionnel. Parce qu’elle savait ce qu’elle voulait faire elle à seize ans ? En plus j’suis pas sûre que son métier existait à l’époque alors … J’ai cinquante-quatre ans Je suis à Pôle Emploi. Virée parce que je suis trop vieille. Je regarde les manteaux râpés et les baskets trouées. Derrière les portes, des cris, des rires, des pleurs. Les employés doivent bouffer des tonnes de capsules de zénitude pour encaisser tout ça.

J’ai soixante-trois ans On va voir les jumeaux ce week-end. Le train est en retard et ça m’énerve alors je pianote sur mon téléphone. Je profite du wifi pour errer entre Wiki et willemse. Alban lit le journal. C’est fou ce qu’il est devenu patient depuis qu’il est grand-père.

AMALGAME L’information, quel amalgame ! Vies publiques et vies privées À tout instant sont dévoilées. Comment n’y pas perdre son âme ? COLLECTiF – Participants de 40 à 87 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE LA BIBLIOThEQUE DE POISAT 38320 POISAT Animatrice : Laurence JAMES

J’ai soixante-dix-sept ans Marie-Pierre m’a demandé de l’accompagner à une conférence sur les inuits. La dernière fois c’était sur les Papous. Il me manque. Je passerai par le cimetière avant.

J’ai quatre-vingt-neuf ans C’est mon anniversaire. Tous les pensionnaires sont autour de moi, attendant que je souffle mes bougies. Cet amalgame de crème et de confiture dégoulinante me révulse. Qu’est-ce qu’elle croit la directrice. Qu’elle peut me servir de la charpie parce que j’ai plus de dents ? Véronique LYANT 69380 ChATILLON

LA kERMESSE Mesdames, Messieurs, vous avez fait le déplacement, depuis votre ville, je vous dis bravo ! Vous êtes les bienvenus dans notre troisième kermesse de l'année !

Sachez que nous avons mis les moyens afin de vous accueillir avec joie et zénitude. Il ne s'agit pas d'un wiki, ce que nous vous proposons est une réalité, comme vous pourrez le constater au fil de votre promenade autour des stands. En effet, vous pourrez, au gré de vos préférences, chiner non seulement des objets kitsch, des grigris (encore très prisés) mais, et cela vous paraîtra inoui, vous aurez encore l'occasion de faire connaissance avec des objets crées par le peuple lnuk. Ces inuits, venus d'Amérique du Nord, vous surprendront par leurs créations !

Attention, nous ne ferons pas l'amalgame entre les objets recherchés pour raisons sentimentales ou tout autres raisons, avec les sérendipités qui ont le pouvoir de nous surprendre, car inattendues ou accidentelles. L'innovation de notre kermesse est qu'elle va vous permettre de cibler des inventions techniques ou scientifiques. Nous apprendrons alors, si nous sommes attirés par la science ou la technique, comment certaines inventions ont été découvertes de façon inattendue !

Ainsi, nous vous laissons le plaisir de vous promener au gré de votre fantaisie, mais en sachant que cette promenade, tout en vous distrayant, vous ouvrira l’esprit sur des découvertes. Nous espérons que votre journée sera agréable et instructive et vous procurera un irrésistible désir de revenir l’an prochain. Bonne journée à tous et bons achats !

Lauris COLLÈGE SAINT-ChARLES Classe de 6e 13200 ARLES Documentaliste : Flavia NUNES-COCONAS AMALGAME – Estelle GuiLLAuME, 12 ans – ATELIER ART DU CENTRE SOCIAL DE GRIGNy – 69520 Grigny ANIMATRICE : Evelyne DROZ

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 14


AMALGAME Amalgame… amalgame Pic et pic et colégram On dirait une comptine, ça sonne bien… halte-là, on ne rit plus, on risque la dérive Il ne faut pas tout mélanger Pas d’amalgame C’est devenu un leitmotiv Or, il me vient l’image de la confection d’un gâteau :

Prenez 3 œufs, mélangez bien les blancs et les jaunes, puis ajoutez un yaourt, fouettez pour amalgamer, versez 2 mesures de sucre, remuez vivement. Incorporez peu à peu 3 mesures de farine, la pâte devient lisse et homogène, reste le demi-verre d’huile, la levure et le petit paquet de sucre vanillé, et enfournez. On a bien mélangé tous ces ingrédients, mais personne ne pense que les œufs sont de la farine, ni que farine égale sucre, par contre, chacun reconnait que c’est l’alliance de ces divers produits qui a fait ce gâteau. À aucun moment, on ne dénigre l’un ou l’autre, chacun est important, indispensable, sinon le gâteau est raté. Si l’on avait cassé un œuf mauvais, on l’aurait écarté, mais l’on n’aurait pas jeté tout le panier… Ce serait bien si l’on pouvait faire de même avec toutes les communautés vivant chez nous Amstramgram… Amalgame ? Reconnaître les valeurs de chacun, les mêler à celles de l’autre, comme pour faire un gros bouquet, aux multiples couleurs, aux sublimes senteurs AMALGAME… PIC ET PIC ET COLÉGRAM ?

Monique GAuTHiER, 75 ans ATELIER PAROLES DE PLUMES 69100 VILLEURBANNE Animatrice : Annie FANTINO

Je vous ai réunis pour faire le point sur notre campagne publicitaire : Pour ce produit nous avons ciblé un créneau de clientèle très précis. Il ne s'agit pas de faire un amalgame avec les produits de nos concurrents. Notre produit n'est pas un quelconque grigri bas de gamme, il est très kitch. Il ne se commercialisera pas dans des foires et autres kermesses, ni sur Internet avec Google et autres wikis, pas question de le trouver en faisant de la sérendipité. Comme support de notre campagne, nous avons choisi de photographier un inuit qui consultera l'heure, il est en état de zénitude complet, en souriant face à l'immensité du désert arctique. Je tiens à remercier et à dire bravo à notre service publicitaire qui a élaboré cette campagne. Joseph SANdiER, 67 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION GÉNÉRATION EN MOUVEMENT 69160 TASSIN-LA-DEMI-LUNE Animatrice : Claudine DELERCE

Va vient revient Amalgame de regrets – Il suit sa canne

Frissons sous la pluie Abandonnée sous la brume kermesse d’automne

Bravo ! Le soleil Enfin décide d’obéir À la météo

Lui tient compagnie La forêt d’oiseaux colorés Papier peint kitsch

Tri sélectif Les pétales de cerisier Ciblent le bac jaune

Sérendipité ? Ah ! Oui ! Sérendipité ! Mais oui bien sûr

La telline Ramassée dans le sable – Grigri des vacances

Les yeux rivés À son iPhone Bug d’Amour sur Wiki

Salle de cours Par la fenêtre la neige – Rêver aux inuits

Magazines ouverts Mêlés aux draps froissés zénitude dominicale. Christiane OuRLiAC, 59 ans 93100 MONTREUIL

z e suis, n'en doutez pas, un précieux instant ivre, E n donnant le bien-être et la douceur de vivre ; N e résistez zamais à l'appel qui délivre ; i l va de soi qu'un soir ce calme savoir-vivre, T ête à tête avec lui, vous voudrez bien le suivre ; u n peu de rêve encor quand vous prenez un livre, d ans un fauteuil douillet ou votre lit de cuivre, E n restant zen, ze sais que vous pourrez survivre. Jacqueline PAuT, 67 ans ATELIER D’ÉCRITURE DU SALON DES POÈTES DE LyON 69003 LyON Contact : Marie-France MORIAUX

CEux Qu’ON N’APPELLE PLuS ! À tous ceux qui font des amalgames Arrêtez de vous prendre pour Batman Je regarde, Tu regardes la même chose que moi Une fois c'est l'un, une fois c'est l'autre Mais au final chacun sa faute. Au 20h on ne parle que de ce qui ne va pas Les crimes s'organisent comme des kermesses Mais n'oublie pas Que ceux qui les commettent Sont emplis de sécheresses et de faiblesses. Malgré tous ces grigris L'avenir n'est pas encore écrit Et main dans la main, tous ensemble, Le monde grâce à toutes ses sérendipités Ne finira pas décapité.

On finit tous ciblés, blessés, touchés, coulés Et les causes sans but perdent toute crédibilité

Bravo, je m'incline devant tant de stupidité, Mais je me relève avec ceux qui ont des idées, Pour créer, innover et penser.

Changeons notre attitude Et que règne sur le monde une pleine zénitude. Un petit verre de wiki posé sur le balcon Peut-être que ça aidera le monde à tourner plus rond. Malgré tous ces grigris L'avenir n'est pas encore écrit Et main dans la main, tous ensemble, Le monde grâce à toutes ses sérendipités Ne finira pas décapité.

COLLECTiF : Adam diOuRi, Marie BARATERRO, Anaïs BERTHOME, Alix CHARViN, Marjorie CHENiVESSE, Cécile GOdARd, Élodie LAMBERTi, Jade LAuRiAN, Luciana OLiVEiRA, Maryline PHAN et Léa CLERC LyCÉE PRIVÉ LA XAVIÈRE 69008 LyON Animatrice : Nadia GUIChARD

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 15


zÉNiTudE

iGLOOS ET iNuiTS

Dans le calme et le silence J'apprends mes leçons, Dans le calme et le silence Je pense, Dans le calme et le silence J'imagine des histoires, Dans le calme et le silence La zénitude prend place. Maude GAuTHiER COLLÈGE ÉMILE-ZOLA Classe de 5e 6 69220 BELLEVILLE Professeur : Sandrine TROLy

Petits igloos de glace habitations fragiles sous la voie lactée Dans cet univers en voie de réchauffement Civilisation sur un fil inuits et igloos Ours polaires en voie de disparition Civilisation sur un fil Ours polaires cherchant désespérément la place sur un bloc de glace en voie de dissolution Qui pense à vous ? Myriam MONFRONT COLLÈGE JEAN-PERRIN 69009 Lyon

TRANSPARENCE Transparence de l’air, blancheur de l’univers : voici la grande kermesse de la rencontre entre ciel et terre, où les mots, fines pâtisseries déguisés en grigris, content fleurette aux poètes.

HASARd Ou SÉRENdiPiTÉ ?... Boulevard des concitoyens, La kermesse bat son plein, Et dans l’amalgame des baraques, L’odeur du caramel qui craque, À l’appel de la gourmandise, Un manège venu de la banquise, Prônait ses rennes et ses traineaux, En chantant à tue-tête, Dans ce méli-mélo de fête, « Douce France berceau de la tolérance » Cher pays de l’abondance !... Bizarre d’entendre cette voix amie Entonnée par ce voyageur conquis. Ciblé par les enfants, les badauds, Le hasard ou la sérendipité, Surpris de voir un bel inuit, Conduire avec zénitude Sa foraine équipée sous les bravos, Et le cliquetis des grelots. Messagers en kitsch de wiki, Qui réveillent un grigri, Au cœur des passants L’imaginaire d’un conte d’antan, Petite étoile qui luit, D’un doux instant de plénitude !... Anne-Marie PERSONNE, 83 ans 69004 LyON

Par sérendipité se crée la musique des « sanglots longs des violons », amalgame du chant général unique, diffusé en musique de fond.

L’inuit, dans le vent de la toundra, l’entendra, loin du kitch et des modes et des époques, dans une zénitude de neige, plongé, une fois ses rennes à l’abri, rassemblées.

« Wiki ! Wiki ! » C’est à son troupeau qu’il le criera, pour le faire avancer, dans ces sites ciblés de Mongolie toujours changeants, où le chien jaune, en courant, suit les enfants. « Saute sur le traîneau, on te cachera sous les peaux. Tu es le brave chien qu’il nous faut, « Bravo ! » « Bravo ! », tu es doux et flamboyant, tu es doux à nos mains d’enfants ».

danièle SAVOiE, 72 ans 69100 VILLEURBANNE

Pour moi, Grigri est un oiseau qui chante Qui me fait penser à ma famille. C’est difficile. Grigri est un plaisir d’amour Un jour de bonheur Avoir envie de faire plaisir à quelqu’un. Grigri est une chance et me permet de faire des choses extérieures Faire voir aux gens que l’on peut faire un spectacle Qui me remplit de joie Grigri les gens sont souvent étonnés Grigri me permet de faire autre chose que la danse, Comme la terre, le décopatch. Grigri me permet de rentrer en week-end en famille. J’en suis fière Pour moi, Grigri représente le bonheur. dominique JARRu, 58 ans ATELIER ARIMC PÔLE OUVERT D’ÉCULLy 69130 ÉCULLy Intervenant : Claudine ARNAUD – Les arTpenteurs

LA SÉRENdiPiTÉ En décortiquant les lettres et les syllabes de ce titre on peut faire une foule de mots, qui peuvent s’exprimer en un slam délirant. Danse ! Et la piste pépite La danse transpire Pitre, errant, serpent ! Tendre serpent La danse rend tendre La danse rite l’art Rapidité, pitre dépité La danse rapidité Pitre, pitié, pissée, lapée, la danse Dis ! Pitié la danse ! La danse éventrée La danse éventée La danse, dîner prisé La danse, atterrée La danse tendre ! Et lasse Puis sérendipité et la danse serpente Étreinte de la danse La danse serpent, tente, tente, tente, La danse serpente, serpente… Étreinte de la danse Transe de la danse ! Pitié la danse ! Pitié la danse ! Répit la danse ! Répit la danse ! Assis ! Assis ! Sérendipité Danse éteinte, étripée éventrée Danse lasse. Étreinte, étripée, éventée Éteinte, la danse ! Éteinte, la danse ! Éteinte, la danse !

Janie ARGOud 69800 SAINT-PRIEST

SÉRENdiPiTÉ – Jean-Philippe Duran, 40 ans – 69270 FONTAINES-SUR-SAÔNE

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 16


A

M A L

G

A

élanger ttention à ne pas

oger tout le monde à la même enseigne, à ne pas énéraliser

M E

ttention à ne pas tout

ttention à ne pas almener, marginaliser ou menacer

vitons les Amalgames Mariglen et Shkelzen dAuTi, Emil JiVkOV, Altin kONESHA, Mirela iasmina SAiN, Noémia BERNARdO, Widad et Baber CHAdLi, Omran EL kHAOudi, Fouad FOuGHALi, Saadaoui MERMOuCHi, Magomed MuSTRiGOV, Chanel LONGO, Hadjer SAdiA, Faissoilli SAid et Mody TOuRE. COLLÈGE hONORÉ-D’URFÉ 42024 SAINT-ÉTIENNE Enseignantes FLE/FLS : Justine FOURNIER et Maggie IyASSU Arts plasiques : Laurence GRAB

zÉNiTudE – Enfants du C.L.A.E. – CENTRE SOCIAL ET CULTUREL DES BAROLLES 69230 SAINT-GENIS-LAVAL – ANIMATEUR : François NAGIR

VOYAGE dE L'AFRiQuE VERS L'OCCidENT

Ils étaient huit inuits. Ils sont partis chez le Père Nuite. Ils se sont perdus dans la nuite. En mangeant des frites mal cuites et des biscuites, ils regardent les papillons de nuite. Ils ont oublié les fruites. Ils entendent du bruite, ils prennent la fuite, c'est l’huître géante qui les poursuite. Vuite ! De la fumée ! Pfuit ! Voilà le Père Nuite. La porte est ouverte, les huit inuits ne sont plus en fuite ! Antufati COLLÈGE AIMÉ-CÉSAIRE Classe ULIS 69120 Vaulx-en-Velin Animatreurs : Mme BAZIN , M. BAFOUNTA et Vanessa COUARD, documentaliste

Le premier contact avec l'Occident C'est la ville de Paris en 1984

1er choc : le mois de novembre, il fait froid 2ème choc : tout est gris

3ème choc : me retrouver à suivre instinctivement la foule

pressée du métro, comme s'il fallait fuir un danger imminent 4 5

ème

ème

choc : les voisins, sur le pas de leur porte, qui ne saluent pas

choc : l'exiguïté de l'appartement

6ème choc : les gens qui dorment dans la rue,

Les blancs qui me demandent l'aumône

7ème choc : mon porte-monnaie emporté dans une rame de

métro

8ème choc : la kermesse de quartier où, d'une table à l'autre,

Rien ne se dit

9ème choc : les visites des monuments et des musées de Paris, qui me permettent de sortir des cartes postales

10ème choc : toucher du doigt les splendeurs du génie français

uN MONdE FANTASTiQuE En bas de chez moi, dans mon quartier, il y a des serpents kitsch, des inuits qui volent sur des licornes et des kiwis qui font du Wiki : on se croirait à une kermesse ! Un jour ma voisine la papillote géante m'a offert un grigri et une photo du Laos. Là-bas, les cerises volent, les pandas crient « bravo » : c'est un amalgame de choses incroyables ! Juliette d. COLLÈGE GEORGES-POMPIDOU Classe de 6e D 38640 CLAIX Animatrice : Nicole LOyNET

Ferdinant TCHANGA, 64 ans ATELIER D’ÉCRITURE CENTRES DE L’AURAL 69008 LyON Intervenant : Claudine ARNAUD – Les arTpenteurs

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 17

Venez, montez sur les montagnes russes des tournures, tirez aux fléchettes sur les fautes, tournez, retournez et tournez encore sur le grand manège syntaxique, n'ayez pas peur du kitsch, régalez vous de dictons sucrés, de petites maximes un peu grasses, amusez-vous, chamboulez tout, fêtez comme il se doit la facétieuse langue française ! Agathe dESGRANGES ATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE 26300 ChATUZANGE LE GOUBET Animatrices : Evelyne ChOVET et Agnès CAROSSO


Figurez-vous que certains hurluberlus rhône-alpains n'ont d'autres grigris que de proposer à leurs contemporains de s'amuser à écrire avec des mots qu'on ne choisit même pas !

SLAM dE BiENVENuE

Attention, pas d'amalgame, c'est pas du Queneau qu'on nous demande mais…presque !

zÉNiTudE

On a :

• le droit de faire du kitch, du marrant, du triste, du vrai, du faux,

Assis dans la juste attitude, Le moine au regard de cristal Laisse venir la zénitude Dans la vacuité du mental.

• de faire appel à Wiki pour nous aider, faire jeune, et en faire parler !

• de cibler notre support comme on veut : récits, dessins, collages, poèmes, vidéos, chansons...

COLLECTiF ATELIER D’ÉCRITURE BIBLIOThEQUE DE POISAT 38320 POISAT Animatrice : Laurence JAMES

• d'écrire en rond, en biais, de bas en haut, de haut en bas, en diagonale, en gras, en vert, en rouge

• jaune ou bleu sur du papier peint, glacé, alu, carton et même sur un écran !

• de malaxer les mots, les sons, les sens, dans la sérendipité la plus absolue ! On fait ce que l'on veut ! Ce que l'on veut je vous dis !

Si ça c'est pas la zénitude attitude, reste plus qu'à rejoindre les inuits au fin fond du Canada ! Après, on poste, on attend et on croise les doigts ! … Car si on participe, on peut être publié !

En plus, on nous promet une grande kermesse pour nous dire joyeusement : Bravo ! Bravo ! Bravo !, danser tous ensemble et boire un verre en lisant les contributions de chacun...

Bravo l'artiste Bercée par ta musique Me suis endormie

Je vous promets, avec les 10 mots, on se donne toujours rendez-vous pour l'année prochaine !

Chez nous, ça sent la cage d'escalier, ou bien le gazon coupé. Chez nous, pas de zénitude, si tu sors, t’es ciblé. Nous sommes les renfermés. Chez nous ça sent le grigri mouillé, les merguez des kermesses, les kleenex imbibés de barbes à papa mal digérées. Un amalgame de rêves Perfusés. Nous sommes les renfermés. Chez vous ça sent surement plus fort, ça sent un peu plus que wiki, ça sent l’inouï, ça sent comme ça crie, ça inuit l’inusité, mais ça sent comme ça vit. Chez nous, ça sent comme chez nous, vague écho de vos bravos, De vos récits récités, de vos récitals étalés. Murs mal insonorisés. Nous sommes les renfermés. Chez nous ça sent la peur, ça sent les espoirs en-allés, ça sent les courses au Bricomarché. Les zéros comme écot. Chez nous, ça sent la sérendipité différée. Nous sommes les renfermés. Chez nous ça sent le brushing kitch, le pliz qui crise, ça sent les plis capitalistes. Les restes d’étal. État létal capitonné. Nous sommes les renfermés.

Léa AOuN, 53 ans ASSOCIATION MIRLy SOLIDARITÉ 69005 & 69009 Lyon Animatrice : Claudine ARNAUD

COLLECTiF COLLÈGE ÉMILE ZOLA Classe de 3e 5 69220 BELLEVILLE Professeur : Nathalie Perek Animateur : hassan Guaid

Nathalie NuEL, 42 ans 42000 SAINT-ÉTIENNE

Sur la mappemonde Rêvant d'être aventureuse Je cible un point au hasard Un grigri gris est tombé comme un pantin mou sur le sol gris. Grise sa mine et gris le tapis perle sur lequel il s'est endormi, grisé de zénitude... Françoise JACQuET, 60 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE LA MJC 01120 MONTLUEL

Josiane PARACCHiNi, 85 ans ATELIER LE TEMPS DE LA POÉSIE hÔPITAL GÉRIATRIQUE DES ChARPENNES 69100 VILLEURBANNE Intervenant : Claudine Arnaud – Les arTpenteurs

kiTSCH – Nathalie C. – CENTRE hOSPITALIER DE SAINT-CyR-AU-MONT-D’OR – Animatrices : Christine ChALARD, Annette PELTIER, Odile METTLING

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 18


MAudiTS dix MOTS GRiGRi, gragra, grogro, grugru, Ah ! Gruyère ! Non grigri. kiTSCH, pitsch, pschitt, quiche, Ah ! Ouich !

SÉRENdiPiTÉ, serpendité, serre en pitié, serpent dépité, Ah ! C’est pitié ! zÉNiTudE, altitude, platitude, zen en étude, Ah ! Zen zen ! Non zinzin. Wiki, kiwi, kiwiki, qui qu’a vu qui ? wikiki, Ah ! waykiki !

iNuiT, inouit ou inuit ? huit à huit ou ouit à ouit ? Ah oui oui y va vite. C’est inouï ! kERMESSE, mais qu’est-ce ? Merques, messker ?

CiBLER, sabler, cribler, ciller, blairer, blibli, blabla !

AMALGAME, galamal, glamalam, glamaval, Ah ! Vague à l’âme ! BRAVO ! ALLÔ ! NON MAIS ALLÔ QUOI ! Bravo.

BERNAdETTE PANTEL, 64 ans 38320 POISAT

Nous sommes à la Sorbonne que nous visitons dans le cadre d'une rencontre internationale où figurait au programme un exposé sur l’évolution de la langue française. Une occasion de rencontrer un amalgame d'étudiants, d’étudiantes de toutes couleurs de toutes nationalités. La salle « des pas perdus » offrait une ambiance festive, bruyante, une sorte de kermesse des mots entendus... Des groupes s'étaient formés, et échangeaient leurs impressions, voire leur étonnement, dans ce temple pour un temps de la francophonie... • T'as entendu, ils nous ont piqué grigri, s’esclaffe un étudiant congolais.

• Pas méchant ! Ça se comprend très bien pour ces français devenus superstitieux ! rajoute son voisin ivoirien.

• J'ai failli hurler de dépit quand j'ai entendu wiki, moi, Krystelle, néo-zélandaise. Je sais ce qu'est devenu notre aptéryx national Kiwi : un fruit chinois... et maintenant en lui faisant un tête-à-queue, on l'introduit dans l'univers web, mystérieusement à la source d'une découverte !

iNuiT – COLLECTiF – Classe de CE1 – ÉCOLE MIChEL SERVET – Enseignant : Raphaël VULLIEZ

• Oh oh ! Trépigne l'anglais, impatient d'intervenir. Que ne nous ont-ils pas emprunté ces français, nous qui avons créé le langage informatique entre autres. À croire que leurs académiciens n'ont guère d'imagination ! Un exemple : sérendipité quel hasard, qui conduit à une découverte. C'est joli ce mot ! C'est savant, c'est anglais !

Une étudiante bavaroise en costume folklorique s'avance vers notre groupe, heureuse d'apporter son eau au moulin.

PETiT PRÉCiS à L’uSAGE d’uN JEuNE AMOuREux dES TEMPS MOdERNES Un peu kitch, un brin rétro, sembleront ces quelques mots, que troubadours et autres trouvères déclamèrent sous les bravos, lors de ripailles et autres kermesses, si populaires en ces temps féodaux. Briser la glace, sans équivoque, sera pour vous le maître-mot. Tel un inuit guettant le phoque, vos paroles seront son javelot. Cibler son cœur pour mieux l’ouvrir, à vos paroles, à vos récits. Vos compliments seront sincères. Pour cela, nul besoin de recourir à Wiki ou autre grigri, réservés aux êtres nés sans esprit. Et si, hélas !, il s’avérait que son sourire si spontané laisse apparaître quelques amalgames ou autres particularités, il conviendrait d’accepter, selon le principe de sérendipité, ces découvertes inopinées. Et pour conclure sans plus tarder, un dernier conseil à vous donner : lors du premier baiser, la zénitude sera votre meilleure alliée !

– Et oui, le conférencier a cité un mot de chez nous kitsch, pour qualifier de ringardes, d'indigestes, pourquoi pas d'anesthésiques, des expressions désuètes... J'avais cru comprendre « quiche » mais le professeur nous avait averti de ne pas goûter à ce « plat ». Par contre, je vous invite à dénicher les mots souvent très beaux, d'origine germanique. Parmi toutes les interventions, répliques spontanées, à ces échanges linguistiques, littéraires, internationaux, une voix soudaine fusa, semblant cibler toute l'assistance déambulante... les regards se portèrent vers cet homme, assis, discret, absent ; étudiant attardé ou touriste curieux qu'un bonnet de fourrure et un anorak rappelant le pelage d'un isatis nous présentaient comme un inuit descendu de sa banquise. Brusquement, il se leva, et prenant l'assistance à témoin, il prononça ces quelques mots : « Venez chercher chez nous la zénitude ! Bravo, et merci pour votre accueil ».

Un long et vibrant applaudissement ébranla ce haut lieu de la culture française. Puis l'homme disparut tranquillement.

Nathalie FERNANdEz ATELIER D’ÉCRITURE ChATULIVRE 26300 ChATUZANGE LE GOUBET Animatrices : Evelyne Chovet et Agnès Carosso

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 19

Jean JACQuiN, 82 ans ATELIER D’ÉCRITURE DE L’ASSOCIATION GÉNÉRATION EN MOUVEMENT 69160 TASSIN-LA-DEMI-LUNE Animatrice : Claudine DELERCE


Les dix mots font la fête ! à Vienne

On récompense...

On lit...

On écoute...

On expose...

On danse avec Les Gars de la marine...

On conféslam avec La Tribut du Verbe…

Bref, on fait la fête !

En « dix mots » comme en cent...

Édité à l’occasion de la 20e Semaine de la langue française et de la francophonie (14 au 22 mars 2013) par l’Espace Pandora.

Renseignements : Espace Pandora – 04 72 50 14 78 Directeur de la publication : Thierry Renard Rédactrice en chef : Julie Dorille

Conception graphique et suivi : Myriam Chkoundali

Visuel de couverture : © Calligraphie de Salima Lekouara Impression : IPS — REyRIEUX (01)

« En dix mots comme en cent » – Avril 2015 – Page 20

ISSN 2268-4832

© Marie Delorme

Samedi 21 mars 2015


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