Supplément dix mots 2014

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« En dix mots comme en cent »

Le journal des « dix mots » en Rhône-Alpes

Série n° 2 — Mars 2014

Dis-moi dix mots à la folie

19e Semaine de la langue française et de la francophonie du 15 au 23 mars 2014


é d i t o

Des mots, à la folie

« Le soleil lui-même a été jadis une nouveauté, et la terre fut une nouveauté, et l’homme fut une nouveauté. L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création. »

Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, lycée d’Albi, 30 juillet 1903

Comment, cette année encore, ne pas se réjouir de l'enthousiasme que soulèvent les « dix mots » en Rhône-Alpes ? Comment ne serions-nous pas comblés face à cette mobilisation régionale – générale ? – que facilitent les « dix mots » ?

Œuvrer au développement d’actions culturelles et artistiques autour de la langue française, depuis plus d’une quinzaine d’années maintenant, et grâce notamment aux « dix mots », reste pour nous un enjeu essentiel et brûlant. Ce nouveau numéro, de mars 2014, du supplément En dix mots comme en cent, est une récompense pour toutes celles et pour tous ceux qui, hier comme aujourd’hui, ont pensé et poursuivi l’aventure collective des « dix mots ».

À toutes celles et à tous ceux qui mènent des projets ; À toutes celles et à tous ceux qui écrivent, qui peignent, qui chantent les « dix mots » ; À celles et à ceux qui favorisent des initiatives, à celles et à ceux qui les font vivre, à celles et à ceux qui en bénéficient... Nous sommes heureux d’offrir ce numéro spécial de printemps, publié à l’occasion de la dix-neuvième Semaine de la langue française et de la francophonie, temps fort de l’opération. Vous qui sûrement aimez vous enlivrez, vous enlivrez sans fin, vous enlivrez à la folie, nous vous invitons, dès maintenant, à découvrir quelques regards, pratiques et parcours révélés dans nos articles et, bien évidemment, toutes les créations retenues dans le cadre du jeu des « dix mots » 2014 en Rhône-Alpes. Bonne lecture !

Carole Bijou, chargée de développement culturel Thierry Renard, directeur artistique

Espace Pandora Opérateur délégué « Dis-moi dix mots » en région Rhône-Alpes

•AMBIANCER•À TIRE-LARIGOT•CHARIVARI•ENLIVRER• •FARIBOLE•HURLUBERLU•OUF•TIMBRÉ•TOHU-BOHU•ZIGZAG•

AMBIANCER

v. int. Région. (Afrique noire). Rendre l’ambiance joyeuse et festive. Trans. Ambiancer une soirée.

À TIRE-LARIGOT

fam. Beaucoup, en quantité. À gogo. Boire à tire-larigot.

CHARIVARI

n. m. Grand bruit, agitation, chahut, tapage.

ENLIVRER (S’)

v. pron. Être ivre de lectures. Néologisme créé par Constant Chardon, élève de CM2 à Neuillysur-Seine (92), dans le cadre du Camion des mots.

FARIBOLE

n. f. Propos vain et frivole.  Baliverne, bêtise. Dire des fariboles.

HURLUBERLU, UE

n. m ou n. f. Personne extravagante. Une bande d’hurluberlus.  Original.

OUF

onomatopée. 1. Interjection exprimant le soulagement. 2. loc. Il n’a pas eu le temps de dire ouf, de prononcer un seul mot. 3. Ouf adj. et n. (verland de fou) fam. Fou, folle, très bizarre.

TIMBRÉ, ÉE

adj. 1. Qui a du timbre, un beau timbre. 2. Marqué d’un timbre. Papier timbré, émis par le Gouvernement et destiné à la rédaction de certains actes. 3. Qui porte un timbre-poste. 4. (De timbre « cloche » et « tête »). Un peu fou.  Cinglé

TOHU-BOHU

n.m. inv. Bruit confus, tumulte.

ZIGZAG

n. m. Ligne qui forme des angles aigus. La route fait des zigzags.  Lacet. Définitions extraites des dictionnaires Le Robert Junior 2013, Le Robert illustré / Petit Robert 2013.

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Entretien avec Xavier North

Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France Propos recueillis par Carole Bijou

Carole Bijou — Pourriez-vous, pour nos lecteurs de Rhône-Alpes et d’ailleurs, rappeler le rôle et la politique menée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France ?

© DGLFLF

Xavier North — Nous sommes chargés, au sein du ministère de la Culture et de la Communication, d’animer et de coordonner la politique linguistique de l’État. Et donc, de veiller à l’emploi de la langue française dans les différents secteurs de la vie sociale, de contribuer à son enrichissement, et aussi de valoriser la pluralité des langues parlées dans notre pays. Mais nous ne sommes pas du tout des gendarmes de la langue, au contraire : ce qui nous importe, c’est que la langue soit un outil d’émancipation, qu’elle contribue à un meilleur accès à la culture, au savoir, à l’information… et à l’expression personnelle, bien sûr, puisque la langue est le premier des liens sociaux, mais qu’elle nous permet aussi de nous construire dans notre singularité.

C. B. — Il y a, je crois, un terme qui qualifie très justement l’opération des « dix mots », celui de « fédérateur ». Selon vous, quels sont les atouts et les objectifs de l’opération en matière de promotion de la langue française ?

X. N. — Cette opération « Dis-moi dix mots » fédère effectivement de nombreux acteurs sociaux, éducatifs et culturels © Médiathèque Louise Michel de Meythet qui souhaitent s’engager tout au long de l’année dans des projets artistiques ou littéraires. Elle permet donc de développer des initiatives dans de nombreuses disciplines artistiques comme le slam, le conte, la vidéo, la chanson, le théâtre, les arts graphiques… Ces dix mots sont également au cœur de l'éducation artistique et culturelle avec de très nombreux enseignants et élèves qui participent au « concours des dix mots » ou qui utilisent tout simplement la brochure pédagogique éditée par le réseau Canopé. Enfin, ils sont créateurs de lien social car souvent utilisés pour rendre la culture accessible à des publics qui en sont parfois éloignés en leur proposant une aventure humaine forte. La Semaine de la langue française et de la Francophonie qui se déroule chaque année en mars, est un moment de restitution des projets réalisés autour des « dix mots », et elle donne lieu ainsi à une multitude d'événements en France et à l'étranger. À travers ce dispositif, nous souhaitons contribuer à démocratiser l'accès à la langue française pour le grand public ainsi que pour les publics en difficulté, mais aussi stimuler l’imagination en renouvelant le rapport à la langue, en désacralisant l’écrit et en valorisant l’oralité.

C. B. — Les dix mots sont choisis par les différents partenaires francophones : la France, la Belgique, le Québec, la Suisse et l’Organisation internationale de la Francophonie (qui regroupe soixante-dix-sept états et gouvernements dans le monde). Nous le voyons, les années où les partenaires choisissent les « dix mots » au sein de l’œuvre d’un ou plusieurs écrivains francophones, cela favorise amplement la valorisation du patrimoine littéraire et a fortiori la médiation avec les publics. Sur ce point, est-ce une exigence de votre part, valoriser la langue française tout autant que sa littérature ?

X. N. — Ces dix mots illustrent chaque année un message que nous souhaitons transmettre sur la langue française. Cette année, nous mettons à l'honneur le thème de la créativité lexicale, la capacité de la langue française à inventer de nouveaux mots et c'est pourquoi, par exemple, nous proposons au grand public de participer à un défi sur facebook : « inventez le mot de la Semaine ». Mais c'est également l'occasion de découvrir la culture de chacun des pays francophones partenaires à travers les textes écrits par des auteurs belges, suisses, français, québécois et africains, rassemblés dans le « livret des dix mots », téléchargeable sur le site de la délégation, comme tous les autres outils mis à la disposition du public.

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Du côté des territoires Les « dix mots » à Meythet Rencontre avec Valérie Sacoun, responsable du secteur adultes, Médiathèque Louise Michel de Meythet (Haute-Savoie, 74) D’après les propos recueillis par Carole Bijou

La médiathèque Louise Michel est impliquée dans la manifestation « Dis-moi dix mots » depuis maintenant plus de treize ans, « c’est en 2000 que l’aventure a commencé » précise Valérie Sacoun, responsable du secteur adultes. La médiathèque s’implique dans cette manifestation en proposant des actions culturelles et ludiques en direction de ses différents publics : ateliers d’art plastiques, contes, spectacles, conférences, animations interactives, expositions et bien évidemment mise en valeur du fonds de la bibliothèque en lien avec la thématique de l’édition des « dix mots ».

Depuis quatre années consécutives, la ville de Meythet est « Ville partenaire » de l’opération. Ce label attribué par la DGLFLF (ministère de la Culture et de la Communication) est une façon de reconnaître et de valoriser le travail mené autour des « dix mots » au cœur d’un territoire. Valérie Sacoun signale en effet que le label pour la ville de Meythet souligne « la collaboration de structures autour du projet des “dix mots” avec au centre la structure pilote, la médiathèque, et leur investissement autour d’une

manifestation d’envergure nationale ». Ainsi, pendant trois semaines toutes les créations des partenaires (équipements municipaux, écoles et associations) sont exposées, et ainsi valorisées à la médiathèque Louise Michel. Valérie Sacoun insiste sur le fait que « chacun des partenaires est entièrement libre de son implication et de la forme des réalisations artistiques (écrits, dessins, photographies etc.) ».

En Rhône-Alpes, et ailleurs, on le répète souvent, l’opération des « dix mots » permet un maillage territorial de grande ampleur, polarisant les publics et les actions. Valérié Sacoun atteste de ce principe. En effet, à Meythet, la médiathèque Louise Michel « a à cœur de fédérer les structures municipales et associatives autour des “dix mots” ». Cette collaboration permet de sensibiliser un public très varié (enfants, adolescents, personnes âgées, en situation de handicap etc.) autour de la langue française, en lui donnant la possibilité de choisir librement sa forme d’expression. Elle favorise l’échange et la reconnaissance entre les structures participantes et le public.

© Médiathèque Louise Michel de Meythet

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Les « dix mots » vus par... Marie-Hélène Mathurin, Centres Sociaux des Minguettes Propos recueillis par Carole Bijou

« Participer à une aventure collective en croisant les regards. »

Carole Bijou — Pouvez-nous raconter comment vous êtes entrée dans l'aventure des « dix mots » ? Marie-Hélène Mathurin — C’est au printemps 2013 que les centres sociaux des Minguettes sont entrés dans l’aventure des « dix mots ». Nous recherchions un projet fédérateur qui permette de mettre en synergie les différents secteurs d’activités des centres sociaux, chaque professionnel pouvant s’investir dans ce projet en fonction de son public : petite enfance, enfance, jeunesse et adultes. Les « dix mots » nous ont tout de suite semblé être un support pertinent. Nous avons alors cherché des coopérations artistiques susceptibles de nourrir notre projet. L’Espace Pandora, la Tribut du Verbe et l’association QIMEL ont répondu favorablement à nos propositions de coconstruction d’ateliers. La dynamique autour des « dix mots » fut également l’occasion pour l’équipe des centres sociaux de dévoiler ses aptitudes créatrices. Cette année, nous pouvons citer notamment, un atelier avec l’auteur Hassan Guaid (via l’Espace Pandora) pour les 8/12 ans. En janvier, l’association QIMEL a proposé aux enfants accueillis dans les accueils de loisirs de participer à un travail entre les mots et l’image à travers la photographie. Des affiches seront réalisées pour faire vivre autrement les « dix mots ». Du côté des adolescents, lors

des vacances d’hiver, accompagnés par la Tribut du Verbe, les jeunes vont exploiter les « dix mots » avec une initiation au slam et la réalisation d’un graf avec le collectif de la Coulure. En fin d’année 2013, les adultes ont participé à un atelier d’écriture animé par l’écrivain Judith Lesur (via l’Espace Pandora). Un autre atelier programmé avec l’association QIMEL, avec le même support que pour les enfants, a démarré début février. Parallèlement à tous ces ateliers, les accueils des centres sociaux abritent des arbres à mots. Chacun peut les fleurir avec une étiquette de couleur vive où est écrit un des « dix mots », au gré de son inspiration. Un mot ou une phrase suffit pour donner des couleurs à ces deux supports d’expression. C. B. — Les « dix mots » en quelques mots, pour vous c'est ?

M.-H. M. — Participer à une aventure collective en croisant les regards. C. B. — Parmi les « dix mots » 2014, lequel à votre préférence ?

M.-H. M. — Ambiancer et s’enlivrer : deux mots qui par leur nature plongent notre imagination dans un univers visuel et vivant.

© Espace Pandora

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Des projets plein la tête

Rencontre avec Nathalie Tanghe, ergothérapeuthe /responsable culturelle, Centre Hospitalier Alpes Isère (38) Propos recueillis par Carole Bijou

Carole Bijou — En Rhône-Alpes, les liens entre culture et santé sont renforcés par un programme qui vise à soutenir et développer les projets culturels mis en place au sein des structures hospitalières. Construire un projet culturel au sein d'une structure hospitalière n'est pas forcément évident... Quels sont les outils/actions que vous mettez en place pour ce faire ?

Nathalie Tanghe — En psychiatrie, l’utilisation de médiations culturelles ou artistiques à visée thérapeutique est assez fréquente. Par contre, amener des artistes non-soignants à la rencontre des personnes hospitalisées n’est pas toujours simple. On se heurte parfois aux réticences du personnel qui craint que le patient soit trop bousculé par l’intervention de l’artiste. La démarche Culture et Santé s’est inscrite progressivement au Centre Hospitalier Alpes-Isère (depuis 2001) et se développe chaque jour davantage. Une priorité a été posée sur la pratique artistique partagée entre patients, personnels et extérieurs. Pour permettre l’intervention d’un artiste dans un lieu de soin singulier, il y a avant tout de nombreux échanges avec lui pour comprendre son intérêt à venir confronter son art au sein d’un hôpital et auprès de personnes souffrant de troubles psychiques. C. B. — En quoi amener la culture au sein de l'hôpital vous semble-t-elle être une chose essentielle ?

N. T. — Une majorité de nos patients éprouve des difficultés à s’inscrire dans la vie de la cité, à vivre des expériences culturelles. Les sensibiliser à l’art, à la culture pendant leur hospitalisation peut leur insuffler l’envie de poursuivre cette découverte en dehors des murs du CHAI et les aider à améliorer leur qualité de vie. En aménageant des « passages », des « parenthèses » dans le soin, la culture permet de revivre ensemble des émotions, émotions si souvent oubliées, enfouies, compactées par la maladie mentale. Elle permet de tisser aussi d’autres relations et des échanges inhabituels. Elle permet de modifier le regard, sur soi mais aussi sur les autres. C. B. — Un atelier d'écriture slam autour des « dix mots » a été mis en place cette année au Centre Hospitalier Alpes-Isère. Pouvez-vous nous dire comment s’est-il déroulé ?

N. T. — Les patients hospitalisés en psychiatrie ressentent pour beaucoup le besoin de coucher leur ressenti sur papier, pour soulager leur état d’âme ou libérer leur imaginaire. Plusieurs ateliers d’écriture ont pu être expérimentés dans divers lieux du CHAI. En 2011, nous avions invité un auteur, Diane Peylin, et avions mis en place un premier atelier d’écriture en lien avec la thématique « Dis-moi dix mots qui nous relient ». Celle-ci nous avait particulièrement parlé car nous cherchons en permanence dans les projets culturels à créer du lien et faire sens, pour les patients comme pour le personnel. L’exposition des « dix mots » nous avait été prêtée par la bibliothèque municipale Barnave, située à deux pas de l’hôpital. Cette année, Séverine Legrand (directrice de l’association Interstices), nous a interpellés sur le thème choisi « Dis-moi dix mots à la folie » qui, évidemment, a immédiatement fait écho avec le public que nous accueillons au sein de notre Centre Hospitalier. Souhaitant proposer un nouvel atelier Slam et écriture à nos patients (plus de trente personnes avaient répondu présent l’an dernier), nous avons mis en place cet atelier en lien avec les « dix mots » et avec le travail artistique d’un jeune patient qui signe ses œuvres sous le pseudo « L’Oniriste ». C. B. — Enfin, que permettent, selon vous, les « dix mots » ?

N. T. — Utiliser ces « dix mots », à la folie, c’était une manière supplémentaire d’ambiancer la vie à l’hôpital, de créer du lien à tirelarigot, d’écrire des farandoles de fariboles en s’inspirant du Tohu-bohu ambiant… S’enivrer et s’enlivrer de textes plus oufs les uns que les autres. Permettre aux hurluberlus que nous sommes de voyager en zigzag entre les mots, laisser libre cours au charivari qui bouscule nos pensées…

© CHAI

L’ACTION CULTURELLE au Centre Hospitalier Alpes-Isère

Le CHAI accueille enfants, adolescents et adultes souffrant de troubles psychiques. Une des particularités du CHAI est d’avoir son site principal sur SaintÉgrève mais d’offrir également 76 lieux de soins répartis sur l’ensemble du territoire, au plus près de la population. Certaines équipes de soins sont très spécialisées : addictologie, psychiatrie pénitentiaire, précarité, autisme, urgences psychiatrique etc . Les pathologies et les patients évoluent en permanence. Ainsi, le CHAI accueille de plus en plus de jeunes d’origines et de traditions culturelles diverses. Ce pluralisme des diversités culturelles doit également être pris en compte. Les projets culturels doivent donc s’adapter aux spécificités et contraintes de chaque lieu et public ciblé. Si en psychiatrie, la culture est souvent une composante du soin, le projet culturel du CHAI souhaite apporter aux patients et au personnel de l’établissement une autre interface : un espace de rencontres, d’échanges, de partage autour de médiations artistiques. La politique culturelle du CHAI se veut ouverte sur l’extérieur, favorisant le développement de liens forts avec les structures culturelles de proximité et une implication dans la vie de la cité. Enjeux du projet culturel :

▪ Améliorer le séjour des patients en favorisant la pratique culturelle ▪ Décloisonner les milieux culturels et hospitaliers pour un enrichissement mutuel ▪ Favoriser le dialogue entre soignants et soignés autour de l’art et de la culture ▪ Améliorer le cadre de vie des patients et du personnel ▪ Permettre de changer le regard sur la maladie, la folie (travail sur les représentations) ▪ Faire du Centre Hospitalier un lieu d’échanges, de rencontres, de découvertes ▪ Ouvrir le Centre Hospitalier sur l’extérieur ▪ Mettre en valeur le patrimoine hospitalier et accompagner les changements vécus au CHAI lors de sa reconstruction (travaux commencés fin 2012).

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Entretien avec Alain Rey

Alain Rey, linguiste et lexicographe, rédacteur en chef des publications des éditions Le Robert Propos recueillis par Carole Bijou

© Alain Rey

Carole Bijou — Leitmotiv de cette rubrique, ma question est la suivante : comment décririez-vous votre rapport à la langue ?

Alain Rey — Mon « rapport à la langue » est plus qu'un « rapport ». Dès la petite enfance, les signes du langage m'ont fasciné. Apprendre à lire a modifié ce rapport et m'a jeté dans toute écriture imprimée, accompagnant des images (la bédé, les illustrations) ou créant des images dans la tête. Je préférais jouer avec les mots à jouer tout court. Ma particularité, c'est d'avoir gardé l'attitude de l'enfant qui apprend une langue ; ce que font tous les poètes, et quelques autres dont je suis (mais j'ai publié quelques poèmes). Percevoir les signes enrichit le sens, montre que notre langue nous « in-forme » et nous conduit, et que suivre les façons de parler dans leur histoire permet de mieux comprendre celles et ceux qui les emploient.

C. B. — On ressent chez vous, aux vues notamment de votre parcours, un souci, dirons-nous de démocratisation du « savoir linguistique ». Pourquoi est-ce essentiel pour vous de « donner accès » à une connaissance de la langue française ?

A. R. — Cela découle de la première réponse. Le langage est collectif, les usages que l'on fait d'une langue sont aussi variés que celles et ceux qui la parlent, selon les lieux, les époques, les âges, les sexes (ou les « genres ») ; apprendre à maîtriser les signes d'une langue partagée est l'affaire de tous. La langue est le savoir spontané le plus démocratique qui soit ; il est donc absurde d'en réserver à quelques-uns la connaissance, comme si c'était de la physique nucléaire... C. B. — Parmi les « dix mots » de cette année, nous feriez-vous l’honneur d’en décortiquer l’un d’entre eux ? À condition d’y prendre du plaisir et pourquoi pas en lien avec l’actualité...

A. R. — On peut essayer de décortiquer tous ces « dix mots », les étymologistes le font, mais, à mon avis, ils s'avancent trop. Malgré tout leur savoir, il reste du mystère. Je prends par exemple hurluberlu, parce que son sens correspond bien à sa sonorité : comique, vivant, imprévisible, un peu « timbré » (autre mot passionnant). Il a la berlue et il peut hurler (de rire). On a dit que « hurlu » était dérivé de « hure » et signifiait « ébouriffé » ; rien de sûr, mais cela convient à l'hurluberlu dans Rabelais, qui n'en rate pas une, c'est le nom d'un saint burlesque (mot qui va bien avec hurluberlu). Je vous passe d'autres origines, comme l'anglais « hurly burly », de « to hurl », qui signifie « lancer, jeter ». En près de cinq siècles, ce mot rigolo a traversé le temps, et continue à nous narguer. Un exemple que j'adore : le grand lexicographe Furetière, en 1690 (façon de parler, c'est la date de son dictionnaire), ne connait que hurluberlu ; il écrit que c'est un adverbe, mais donne un seul exemple, et c'est celui d'un adjectif : « un homme hurlubrelu », dit-il, est un étourdi qui fait et dit n'importe quoi, et ne porte aucune attention à ce qu'il fait. Conclusion : à parler du mot « hurlu » et de « berlu » ou « brelu », on devient soi-même hurluberlu. C'est la grâce que je me souhaite.

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Billet d’humeur

Une fois de plus, tirer vers le haut !

« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. » Charles Péguy

Il y a tout juste cent ans, presque coup sur coup, disparaissaient le philosophe, homme politique et militant pacifiste Jean Jaurès et le poète, journaliste et polémiste Charles Péguy, deux grandes figures de notre patrimoine littéraire et culturel, deux grands noms de plume, d’encre et de papier, deux grandes voix adverses du socialisme français, deux belles langues élevées au plus haut niveau de notre langue. Jean Jaurès est tombé le premier, assassiné à Paris le 31 juillet 1914, et Péguy le second, le 5 septembre à Villeroy, au début de la bataille de la Marne. Jaurès a été tué parce qu’il était contre la guerre qui s’annonçait. Péguy, lui, est mort au front, frappé au cœur de son élan patriotique. Il y a tout juste cent ans, deux de nos esprits les plus vifs et les plus éclairés tournaient définitivement la page du grand rêve humain. Partis, l’un et l’autre, pour d’autres horizons — indépassables. Leurs œuvres resteront pour nous uniques. Et le vent de leurs esprits soufflera encore longtemps dans nos cœurs.

Aujourd’hui, en 2014, alors que la situation économique et sociale de notre pays reste incertaine, alors que l’on attend comme un miracle que quelque chose réellement se passe en faveur des plus démunis, certains de nos possédants osent encore faire du bruit. Certes, ils font parler d’eux sans que cela ne nous empêche réellement de dormir ou de penser. Mais le bruit qu’ils font brouille les pistes et participe à notre mise à l’épreuve collective. Là, je ne peux résister plus longtemps, j’élève la voix et je brandis les points sur les i. Avec la recherche scientifique et les innovations technologiques, l’esprit d’invention — d’imagination ! — est sans aucun doute ce que nous avons de plus précieux. Mais comme l’affirmait naguère André Malraux, autre écrivain digne de ce nom, qui fut le premier des ministres de la Culture de la cinquième République, il s’agit bien, il s’agit toujours, et aujourd’hui peut-être plus que jamais, de transformer en un bien commun un privilège. La culture n’est pas une denrée périssable, elle est ce qui demeure quand tout vient à manquer, quand tout est presque évanoui. Alors, luttons de toutes nos faibles forces, les amis, et tirons, tirons vers le haut – le plus grand nombre possible de nos frères humains. Naïf, me direz-vous… Sûrement. Mais cependant convaincu que ce qui contribue encore à faire la grandeur de la France c’est sa culture, et la grande diversité de ses expressions artistiques. Un petit pays, la France ? Oui, mais tellement riche, notamment, du souffle pluriel de ses poètes. Un petit pays, la France ? Oui, mais avec une langue bien pendue et haut perchée.

Nous ne défendons pas la langue française. Nous la célébrons, plutôt. Nous essayons surtout d’en faire bon usage.

Thierry Renard [Vénissieux, le 26 février 2014]

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Composition du jury régional des « dix mots » 2014 Mardi 18 février à 18h30 à la Région Rhône-Alpes – 6 groupes de jury Pierre-Pascal ANTONINI, Préfecture du Rhône

Bernard LATORRE, Centre social Gérard-Philipe de Bron

Abraham BENGIO, Région Rhône-Alpes

Olivier MASSIS, Rectorat de Lyon

Thierry AUZER, Théâtre des Asphodèles

Juliette BERROTERAN, artiste plasticienne Carole BIJOU, Espace Pandora

Carole BRUNIE, Alliance Française de Lyon Jean-Baptiste CABAUD, écrivain Élise COUROUBLE, Filigrane

Marie DELORME, Espace Pandora

Philippe DELPY, Préfecture du Rhône

Nathalie DIEBOLD, La Tribut du Verbe Julie DORILLE, Espace Pandora

Benoît GUILLEMONT, DRAC Rhône-Alpes Michel KNEUBÜHLER, consultant

Séverine LEGRAND, Interstices

Raphaële MASURE, Caravane des dix mots Laure MOLIN, Rectorat de Lyon

Jamel MORGHADI, Espace Pandora

Julie PEUGEOT, Médiathèque de Vénissieux Thierry RENARD, Espace Pandora

Florian RIGAUD, FRANCAS du Rhône Coline ROGÉ, La Ferme du Vinatier

Marie-Caroline ROGISTER, Espace Pandora

Pauline SABOT, École élémentaire Youri Gagarine Patrice VANDAMME, Les ArTpenteurs

Les objectifs du jeu des « dix mots » :

— inciter toute personne à une expression individuelle ou collective,

— permettre la valorisation de cette expression grâce à différents supports (textuels, visuels, sonores, multimédias). En 2014, 784 textes et 100 créations plastiques ont été reçus dans le cadre de l’appel à contributions des « dix mots » en Rhône-Alpes.

Ici sont réunis 63 textes et 11 créations plastiques, tous retenus de manière anonyme.

Repères

Opération « Dis-moi dix mots »

Organisation

Ministère de la Culture et de la Communication (Délégation générale à la langue française et aux langues de France).

Partenaires francophones

Belgique, France, Suisse, Québec et Organisation Internationale de la Francophonie (70 pays dans le monde). Plus d’infos : www.dismoidixmots.culture.fr

Comité de pilotage Rhône-Alpes

Direction régionale des affaires culturelles de Rhône-Alpes ; Préfecture du Rhône ; Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale ; Direction départementale de la cohésion sociale du Rhône ; Région Rhône-Alpes ; Agence nationale de lutte contre l’illetrisme ; Délégation académique à l’action culturelle de Lyon ; Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation ; les associations Filigrane et Espace Pandora.

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« En dix mots comme en cent » – Mars 2014 – Page 10


« En dix mots comme en cent » – Mars 2014 – Page 11 Collection Haute Couture 20 tenues déclinées à partir des mots : tohu-bohu, zigzag, s’enlivrer, charivari, ouf, timbré, ambiancer, fariboles, hurluberlu. Créées par Annette, Christine, Françoise, Hélène, Lucie, Pomone, Renée et Odile Atelier art-thérapie Centre hospitalier 69450 SAINT-CYR-AU-MONT-D'OR Responsable de l’atelier : Christine Chalard


LE CHARIVARI ET LES TIMBRÉS OU UNE HISTOIRE DE OUF Le charivari ayant régné Toute une nuit Se trouva fort désœuvré Quand la journée fut venue. Plus un seul jouvenceau Pour ambiancer les rues. Il se rendit à l'asile Où séjournent les timbrés Les priant de s'agiter, De faire du tohu-bohu Jusqu'au prochain crépuscule. « Faites du foin, leur dit-il, Rien n'est plus drôle dans la vie Que de faire beaucoup de bruit. » Les timbrés sont sous calmants, C'est ainsi qu'ils sont traités. « Où sont donc vos noctambules ? » Qu'ils disent à l'hurluberlu. « Las d'avoir trop chahuté Ils dorment, ne vous déplaise. « Ils dorment ? On est fort aise. Un conseil : faites-en autant ! » Michèle ZANCHETTA, 65 ans 69008 LYON

O uf U n aF rostiche !

Ephrem, 19 ans Atelier Trèfle à quatre feuilles 69530 BRIGNAIS Animatrice : Hélène Poncet

ZIGZAG

1. Qui raconte n’importe quoi.

2. Autre façon d’aller droit au but.

ANONYME Atelier de La Ferme du Vinatier 69500 BRON Animateur : Sylvain Riou

POURQUOI LES VAGUES FONT-ELLES DES ZIGZAGS ?

Il y a fort longtemps, les vagues étaient droites… Mais un jour, un homme tenta de faire de la géométrie sur l’eau ! Ce jour-là, il y avait d’énormes vagues. Il rentra dans l’eau, dans les vagues énormes, et il traça des traits avec du pétrole. Mais les vagues étaient tellement fortes que l’homme se laissa emporter… Il essaya encore de tracer des traits droits, mais le pétrole colla à l’eau, et contamina les autres vagues… Les traits devinrent des zigzags ! C’est depuis ce jour-là que les vagues font des zigzags !

Oublier qu'ils me disent ouf, Avec mes regards dans le vague, Avec mon esprit en zigzag, Oui, moi je danse dans les livres, Et m'enlivre, J’en deviens ivre, De mots, de livres, Et puis de vivre. Noëmy ORAISON, 18 ans 74000 ANNECY

Bénédicte MAMBU-N-SIMBA, 11 ans École Jean Giono — 69008 LYON Animatrice : Françoise Morot-Sir

S’enlivrer : trébucher et tomber dans les pages d’un livre

Que de baliboles, de billevedaises et autres faribernes, vous me racontez-là ! J’eus préféré entendre histoires de bon aloi. Cessez vos falivernes, taisez vos faridaises, ce ne sont qu’inepties. Puissiez-vous apprendre l’art de conter récit.

Pascaline TERELLI 01120 MONTLUEL

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Ambiancer : porter les couleurs de l’arc-en-ciel pour annoncer l’été

Lily DURIS, 64 ans Atelier d’écriture « Génération en mouvement » 69160 TASSIN LA DEMI LUNE Animatrice : Claudine Delerce


Ambiancer — Jacqueline TARBOURIECH - Atelier d’art plastique À ToutAs’Art - 69600 OULLINS

TOHU-BOHU Le dahu d’en haut du bahut… Le tohu-bohu du bureau tue aussi, si ! Quel tohu-bohu en haut du tube en U ! Le tohu-bohu a abattu le tuba du haut. À cause du tohu-bohu, Le tir aux buts eut lieu tôt. Le tir aux buts eut tôt fait De calmer le tohu-bohu.

OUF !

HURLUBERLU

La grande bouffe de fou ! Ouf ! J’étouffe ! Ne pas confondre crème à maquiller et pâte à pouffe ! Chouffe le pignouf : quel barouf pour un peu de chnouf !

Hubert se brûle et hurle quel hurluberlu ! Comme Hubert, l’hurluberlu, Lulu, la bergère a la berlue (faut dire qu’elle a bu avec abus le rab à ras bord au bar à babord !) Anne DESITTER et Marc DUFOUR 01960 PÉRONNAS

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JE M'EN VAIS De tout ce tohu-bohu, j'en ai plus qu'assez, je ne t'aime plus grande ville timbrée.

Ici, rien ne va plus j'en ai vraiment ras le bol, de ce monde d'hurluberlus et lasse de toutes ces fariboles. Je m'en vais voyager, loin de ce charivari, Prendre le temps de m'enlivrer est mon unique envie.

Sur une île, je m'enfuis, trouver du soleil à tire-larigot, sur commande un peu de pluie des rires et de l'amour à gogo.

Ouf, j'écrirai de la poésie, dans un coin ambiancé je lirai Rimbaud à la folie, Rousseau et les autres délaissés. Ni zigzag, ni quatre chemins, je quitte cette grande ville je m'en vais dès demain emporter mon âme sur une île.

Kerima ROUABHIA, 49 ans 69200 VÉNISSIEUX

CD ns 5a e , 1 nn RE te-A EX IER ain VOL o A r s P l S ER ola nne E S pa P don Nic io TT ré on s es MO 3e P . Bl M rof LA e e p 92 e d dry, ycé 732 lass Bau C e IL m :M

Daniel CUNIAL, 86 ans Hôpital Gériatrique des Charpennes 69100 VILLEURBANNE Intervenant : Claudine Arnaud Les arTpenteurs

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C'est un hurluberlu Il a 32 ans Il a tout vu, tout connu Il est timbré Au lieu d'aller de A à Z Il dit 3 fois le A Oublie le Z Il part en zigzag Juste pour avoir le dernier mot.

fes Pro

Collectif — Classe de CM2 — École Youri Gagarine 69120 VAULX-EN-VELIN Enseignant : Raphaël Vulliez

C’est la nuit de Noël, les lettres sont timbrées, les enfants vont faire dodo, ouf ! Le chariot zigzague, la hotte du Père Noël est transportée d’un côté à l’autre. Il sonne à tire-larigot. Un tohu-bohu, un vrai charivari, quel hurluberlu ce bonhomme barbu ! Au petit matin, les enfants vont ambiancer le chalet en racontant des fariboles. Plus tard, près du feu, ils iront s’enlivrer. Monique DANTONNY Atelier Chatulivre 26300 CHATUZANGE-LE-GOUBET

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DE L’ENCRE PLEIN LA TÊTE Mon premier slam sur scène, en latin je l’ai fait Pourtant je ne suis pas du genre très timbrée Mais j’avoue que j’aime l’originalité Et comme dit le dicton, méfie-toi de l’eau Qui dort. Car j’ai des idées à tire-larigot Sous cet air calme, bouillonnent mes idéaux Je voudrais rêver, m’évader et m’enlivrer Avant qu’la réalité ne pointe son nez M’obnubile puis m’arrête dans ma lancée

Les études m’appellent et ma pause est finie Et j’me rappell’ que les envies sont infinies Quand raison et folie peuvent ambiancer la vie

Pourtant mon stylo part en zigzag sur ma feuille Les idées apparaissent et je jette un coup d’œil J’ai encore l’temps, j’pourrai commencer un recueil Stoppez-moi pour laisser d’autres hurluberlus Déclamer sans cesse sans sembler farfelus Laissez-moi dire ouf, j’espèr’ que ça vous a plu Charivari, tohu-bohu, quelques paroles Tricher sur les dix mots pour fuir les fariboles Et pour écrire un bon texte, sans protocole. Ikram AMRI, 22 ans 38090 VILLEFONTAINE

Hazis, 16 ans — Classe de 3e Collège Honoré d’Urfé — 42100 SAINT-ÉTIENNE Enseignantes : Mme Iyassu, professeur de FLES/FLS Mme Montet-Bertheas, professeur documentaliste

L’HURLUBERLU D’HONOLULU

Quand la pluie tombe c'est comme des tohu-bohu. Ça me fait mal aux oreilles car je n'aime pas les bruits qui font clac, clac, clac. Ouf ! La pluie s'est arrêtée, je monte dans ma chambre et je vois un gros charivari. Encore pire que les gouttes de pluie. Adam École élémentaire Henri Wallon Classe de CE2 69200 VÉNISSIEUX Professeur : Mme Pascal

C’est un hurluberlu Du genre très obtus Un déçu de Camus Mais fondu de Cabut ! Velu, ventru, tout nu Juste un chapeau pointu, Chantait à corps perdu Au port d’Honolulu À bord de son chalut Tout vieux et vermoulu. L’avez-vous entendu Dans ce tohu-bohu Comme un diable cornu Braillant turlututu ?

Un silence absolu La police est venue Priant le dévêtu D’arrêter ce chahut Sinon point de salut… Mais la foule déçue Sur les flics a fondu Les aurait bien tondus Criant « Mort aux tordus » Du coup l’hurluberlu Retourne à son bahut Garé au coin d’la rue Où l’attend sa Lulu, Jolie et court vêtue, Très loin de la cohue Du port d’Honolulu

Collectif : Paulette BISOFFI, 90 ans, Michèle RAYNAUD, 78 ans, Alain DUMAS, 77 ans, Danièle MACEY, 67 ans, Claude MACEY, 72 ans 74200 THONON-LES-BAINS Animatrices : Jany Gobel et Nicole Donati

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Enlivrer : Anglais très endetté

Fariboles : Bol mort de rire qui pleure de la farine Tohu-Bohu : Remercier le tatoueur japonais Ouf : Organisme Ukrainien Funambule

Timbré : Personne folle qui passe à la poste

À Tire-Larigot : Tireur d’élite qui loupe l’escargot Charivari : Blagues entre chevaux

Hurluberlu : Hubert hurle au bahut Zigzag : Vers de terre qui rigole

Hugo BROQUET, 15 ans CDI Lycée professionnel Sainte-Anne Classe de 3e Prépa Pro A 73292 LA MOTTE SERVOLEX Professeurs : Mme Baudry, M. Blondon Documentaliste : Béatrice Dupuy

LES FARIBOLES

Dans la classe personne n’est joyeux. Alors pour ambiancer un peu le tout, Je raconte des fariboles, Rien que pour que les autres rigolent. Mais quand on commence à vraiment s’amuser, Le professeur nous dit « arrêtez ce tohu-bohu ! Car plus tard sans apprendre vous vous retrouverez à la rue ! Vous feriez mieux de vous enlivrer ! » Alors les fariboles se terminent, Et moi je me retrouve avec une heure de colle. Anys KHALFANE Collège Émile Zola Classe de 6°4 69220 BELLEVILLE Professeur : Mme Perek

AMBIANCE Mon ami le poète a le regard étrange La noblesse du vent, la bonté de l’archange. Les enfants du hameau se plaisent à l’encenser Car sa voix chantonnante aime les ambiancer. Il traîne dans son ombre un soupçon de folie Qui donne à sa mimique une douce embellie Lorsque disant ses vers on le voit s’enlivrer Tel un quidam, au soir, heureux de s’enlivrer. Il ne tend pas la main, refuse toute obole Se contente de peu, de quelque faribole N’accepte que sourire ou compliment fleuri À chaque orchestration de son charivari.

Braves gens vous n’avez bien sûr pas la berlue Car ce n’est pas la folle ou bien l’hurluberlue Qui d’un pas élancé dans sa valse en zigzags Titube et se déhanche en débitant ses gags.

Soyez bien rassurés, cet ouf n’est pas timbré Son art, dans le village, est partout célébré En un tohu-bohu dont s’empare l’écho Qu’il claironne aux vallons à tire-larigot.

Pierre PLATROZ, 72 ans Atelier Salon des poètes de Lyon 69003 LYON Animateurs : Maryse Cornet-Carayol, Marylou Ménant et Jean-Paul Giron

FANTASBIB Jojo se glisse dans la bibliothèque, il retrouve son coin favori : assis par terre, le dos contre le mur, entouré par les étagères, il peut s'enlivrer à tire-larigot. Absorbé par sa lecture, il n'entend plus rien. Les gens entrent, se saluent, échangent entre eux propos sérieux ou fariboles, tout cela lui est étranger. Il vit avec ses héros, le quotidien n'existe plus. Tout à coup survient un bruit étrange : du papier froissé, des livres ouverts brusquement, puis jetés à terre. Il lève les yeux et voit surgir de leurs pages de petits personnages pleins de vie et de témérité. – Ouf !, s'écrie l'un d'eux sortant d'un gros album et s'ébrouant.

Puis tous parlent en même temps, à chacun son histoire. C'est un vrai charivari. Mimi Cracra s'élance et plante une aiguille dans la bedaine d'Obélix qui se dégonfle aussitôt. Le capitaine Haddock crie : « Mille sabords, que me veut cet hurluberlu ? », en secouant Harry Potter comme un prunier. Plus loin le commissaire Brunetti, ruisselant, quitte le vaporetto, les bottes trempées ; il appelle Hercule Poirot qui marche avec précaution sous son parapluie et qui refuse son accolade de peur de mouiller son costume. Quel timbré, ce Belge ! Mais voici D'Artagnan et ses amis qui rencontrent les gardes du Cardinal. C'est la bagarre, Cyrano s'en mêle : coups d'épées, vociférations, jurons... – Arrêtez ce tohu-bohu ! s'exclame Michel Vaillant qui passe au volant de sa voiture de course.

Et vroum ... Il repart très vite et roule en zigzags pour échapper aux poursuivants. Jojo, un peu étourdi, se demande comment rétablir le calme, ambiancer de nouveau l'atmosphère feutrée de la bibliothèque. – Jojo, où es-tu ? Nous allons fermer, veux-tu emporter des livres ? La voix familière lui parvient, il se secoue.

Violette AGNÈS, 87 ans 38320 POISAT

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TENDANCE TOHU-BOHU « Écrit d’un soir », véritable défi pour le spectateur. Tout l’ensemble paraît bâti avec ordre et rigueur selon une forme classique. Un corsage en dentelle noire asymétrique épouse le buste comme une seconde peau. Les motifs forment une écriture ronde très ajourée avec des lettres de tailles différentes et l’on peut lire tohu-bohu en biais qui s’étale du haut de l’épaule gauche au début de la hanche droite, comme l’annonce que quelque chose va se passer. Immobile le bas de la robe confectionnée par un assemblage de larges lamelles métalliques noires accolées les unes aux autres donnent l’impression d’une jupe plissée faussement sage. Chaque lamelle est une longue lettre forme bâton qui, réunies, forment de nouveau le mot tohu-bohu. En mouvement les lamelles s’agitent, s’entrechoquent révélant ainsi le thème avec un désordre sonore à la façon de cliquetis à chaque pas. Un diadème finalise cette tenue. Construit en fine armature, recouvert d’un velours noir, dans une envolée calligraphique, se dresse en éventail « tohu-bohu » en écriture cursive.

Annette Atelier art-thérapie Centre hospitalier 69450 SAINT-CYR-AU-MONT-D'OR Responsable de l’atelier : Christine Chalard

LES OBSÈQUES DE MIMIE Je m’enlivre Pour me délivrer De mes sombres pensées, Pour effacer la triste réalité. Je m’enlivre Pour oublier ce proche passé Qui m’a tant affectée. Pour oublier Que tu ne peux plus m’enlacer. Je m’enlivre Je m’enlivre Et mes livres me délivrent De la réalité Me délivrent de la réalité Me délivrent de la réalité. Dans laquelle il faut pourtant Retourner. Alicia SABY Collège Émile Zola Classe de 6°4 69220 BELLEVILLE Professeur : Mme Perek

Il s’appelle Nelson Mandela Il est né en 1918 en Afrique du Sud Il se révolte contre l’apartheid Il lutte pour les droits des noirs Il passe 27 ans en prison sur une île En 1990, il est libéré Il décide de pardonner aux Blancs Il obtient le prix Nobel de la Paix En 1994, il devient président En 1999, il quitte la vie politique En 2013, le jeudi 5 décembre, il meurt Admiré par le monde entier. Quelle vie de ouf, vous ne trouvez pas ? COLLECTIF Élèves allophones Collège Honoré d’Urfé 42100 SAINT-ÉTIENNE Professeurs : Mmes Iyassu et Montet-Bertheas

C’est un joyeux charivari Le jour des obsèques de Mimie. Une cohorte d’hurluberlus Font un joyeux tohu-bohu. Le cortège de tous ces timbrés À l’église s’est présenté, Pour ambiancer cette bande de drôles, Se met à dire des fariboles. Il y en a tant à s’enlivrer Que le silence s’est fait curé, Pour une fois que cette vaine engeance Se trouve réduite à l’indigence… La foule se met à applaudir, En zigzag du pont des soupirs, Mimie conduite au cimetière, Un « ouf » est sorti de la bière ! Il a jeté froid dans le dos Puis les rumeurs à tire-larigot Se sont bien vite propagées Mimie était ressuscitée !

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Jean LE GOFF 12100 MILLAU


S'enlivrer, c'est délirer, Délirer, c'est être ivre, Pour être ivre, il faut un livre, Avec un livre, on se délivre, On se délivre de notre histoire, De notre histoire passée, Passée à s'enfuir, À s'enfuir, et à livrer À Livrer et à s'enlivrer Tom MANIN Collège Emile Zola Classe de 6°4 69220 Belleville Professeur : Mme Perek

Hurluberlu je te vois toujours flou Et un peu fou Dans le charivari Et ça fait rire Ici chez toi. Hadda École élémentaire Henri Wallon Classe de CE2 69200 VÉNISSIEUX Professeur : Mme Pascal

Lulu, l’hurluberlu Il erre dans la rue Lulu, ce ouf mal aimé. Ce doux dingue qui dodeline sur le zinc, en citant Mallarmé sans se tromper. C’est un fêlé du chapeau, un timbré qui se prend pour un poète. Il a perdu la tramontane, ce niquedouille, ce branquignole, Et depuis dans sa tête perturbée, Jour et nuit, ses pensées font un charivari effréné, Ses rêves un tohu-bohu endiablé. Il s’est bandé le front d’un chiffon rouge, Lulu l’hurluberlu, Pour que dans sa tête plus rien ne bouge. Il zigzague dans ses délires, Lulu, Et vous ambiance à tire-larigot avec mille fariboles. Il chante Paul Eluard et la liberté retrouvée, en taguant sur les murs de sa cité : « Laissez passer les mots. Je suis le gardien du troupeau » Les poèmes l’ont bu Lulu, il n’a plus rien à prouver. Ce soir, comme tous les soirs, il va s’enlivrer… Lulu Daniève SAVOIE, 70 ans 69100 VILLEURBANNE Les serpents font des zigzags. Ouf ! Je suis tombé dans les escaliers.

Mohamed ZAFANE, 9 ans École des Géraniums —Classes de CE1/CE2 69009 Lyon Professeur : Mme Bailly Animateurs : Les arTpenteurs

DE L’AUTRE CÔTÉ Au premier, la dame blonde a allumé les bougies pour ambiancer la soirée, parce qu’on est mardi et que le mardi, c’est le jour de son amoureux. Dans l’appartement d’à côté c’est l’autre timbré qui crie après les gamins quand ils rentrent de l’école. Il doit encore être sur son ordinateur, je vois juste un halo bleu dans son salon. Au-dessus y’a le barbu, à cette heure il est certainement en train de roupiller avec ses horaires de ouf. Souvent je le vois partir la nuit dans sa voiture bleue d’EDF, sûrement pour dépanner des trucs qui peuvent pas attendre. Son voisin à lui, c’est l’vieux. Il sort presque jamais. Ses après-midi il les passe à s’enlivrer dans son fauteuil, près de la fenêtre. Il doit en savoir des choses ! Et puis au dernier, le grand appart c’est celui des jeunes. Un vrai charivari chez eux. Bringues et canettes à tire-larigot même qu’une fois, les flics sont venus et que j’ai dû me planquer. Moi j’habite de l’autre côté de la rue, entre un garage à vélos qui sert plus à personne et une haie de lauriers. C’est Tintin qui m’a trouvé des bouts de planches pour le toit. Tintin c’est mon pote, il crèche dans une vieille Peugeot en bas du périph’. Il m’a aidé à les fixer et à poser un bout de tôle dessus. Après j’ai mis des cartons sur les côtés et j’ai découpé une fenêtre avec un bout de verre. Du coup les contours sont un peu en zigzags mais devant j’ai scotché un sac en plastique que j’ai pris au supermarché. Le transparent, celui pour la salade. Un peu plus loin, derrière mon abri, y’a les poubelles. Tintin il dit que ça pue. L’odeur moi ça me dérange plus mais quand les rats se battent autour pour la bouffe ça fait un des ces tohu-bohu ! Et puis j’aime pas ces bestioles, elles me fichent la trouille. La même que je lis dans le regard des gens d’en face quand ils font semblant de pas m’voir. Pourtant moi j’aime bien les regarder s’agiter. Vivre, derrière les vitres. Depuis l’temps j’arrive plus à me rappeler comment j’étais, avant de devenir cette espèce d’hurluberlu pouilleux. Tintin il dit qu’avant on avait un travail, à manger tous les jours, une voiture et puis des sous. J’y crois pas tellement. Fariboles tout ça. Véronique LYANT, 48 ans Atelier de la Médiathèque de Tarare Groupe Les Tisseurs d'écrits 60170 TARARE

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CHANSON Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari De zombies au cimetière Ils ambiancèrent les prières pour qu’elles soient Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari

Les morts vivants, hurluberlus, Font un sanglant tohu-bohu, En zigzagant entre les tombes Et ils taguent à la bombe : Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari De zombies tous timbrés Ils sont là pour s’enlivrer De fariboles en farandoles À tire-larigot ils rigolent : Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari

C’est un cortège de zombies Avec leurs amies les chauves-souris Ils hantent les manoirs ouverts Le soir en marchant de travers Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari Je suis ouf, ils sont timbrés Ils se sont incrustés chez moi Sans même payer de loyer Attention, ils sont arrivés (AU SECOURS ! AU SECOURS !) Swaggy swaggy C’est un joyeux charivari

J’en ai vraiment ras le bol De toutes ces fariboles (bis) Ce n’est vraiment pas si swaggy Cet affreux charivari (bis) Pas si swaggy swaggy

COLLECTIF Collège La Clavelière 69600 OULLINS Enseignante : Mme Chavanon

ZIGZAG

Sur la plage, un enfant a tracé des zigzags avec son bâton mais les vagues les ont emportés. Dans le ciel bleu, les avions ont laissé des traces en zigzags mais le vent les a éparpillées.

Sur le tableau blanc, un enfant a dessiné des zigzags de toutes les couleurs mais le maître les a effacés. COLLECTIF — Classe CLIS École Mère Teresa 69100 VILLEURBANNE Professeur : Mme Javon

Je suis la part que vous rejetez Celle que vous n'osez assumer Enfermée dans votre éducation bien rangée Entre stérilisation des biberons et récurage des casseroles Vous rabâchez vos fariboles Je suis la part que vous niez L'hurluberlu que vous refusez Claquemurée dans vos peurs Rongée par vos aigreurs Vous bâtissez votre malheur

Il recherche en vous l'écoute d'une confidente La sensualité d'une aimante La sexualité d'une amante Il recherche en vous l'envie d'avoir envie Le soutien d'une amie Le besoin d'être en vie Délivrez-vous de cette fausse pudeur Laissez éclater votre côté timbré Criez le charivari de la vie Ambiancez les rêves de la nuit Prenez votre bonheur Acceptez d'être sa pleine moitié Tous les visages du féminin De la mère à la catin

Cendrine ANNO, 46 ans Atelier Action de formation 69270 FONTAINES-SUR-SAôNE Animatrice Formatrice M2I : Evelyne Plasse

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Henri BOURGON, 64 ANS 01640 JUJURIEUX


Alïya BELKEBIR, 11 ans École élémentaire LA VEORE — Classe de CM2 26800 BEAUVALLON Enseignante : Mme Ciclet LA TRAVERSÉE D’UN LIVRE Sans ambages, partir en voyage, Ne prendre ni ombrage, ni bagage. Passer directement au verso, Sauter quelques mots. Trouver quelques prétextes, Pour suivre un texte. Être assez timbré, Pour se retrouver au milieu du gué. Se risquer sur les zigzags, S’accrocher dans les virages. Suivre des horizons tordus, Fuir les sentiers battus. Ne pas revenir sur ses propos, Atteindre Bornéo. Être une girouette, Ne perdre aucune miette. Dépasser un chapitre, Ignorer un sous-titre. S’éclairer avec une luciole, Choisir plutôt les fariboles. Croiser des hurluberlus, Être complètement perdu. Se retrouver du côté de chez Swann. Et s’échapper par la lucarne. Refermer la dernière page, En emportant les personnages. COLLECTIF Centre hospitalier de Rumilly 74150 RUMILLY Atelier animé par l’équipe de rééducation

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Pascale HACHET 38100 GRENOBLE


Cmt t dir 100 paC pr 1 Uluberlu, 100 aligné lé Cliché à tirlarigo, le Charivari ki agit mon kEr, Le to-Ubo-U ki prézid Mon Spri, l’enlivrem1 où M’emport T yx ?

J’irè pa par 4 chem1, j’irè Pas en zigzag, j’vè pa traconT D faribol, jte la fè court é tanpi 6 j’embians pa l’tralala.

L è pa sou pli t1bré mè C Ma Dclara6on : en 10 mo Kom en 100 jt’M kom 1 ouf, texto.

Philippe FRANCHET, 46 ans 26400 GRANE Si j’étais moi Je ne cesserais pas de faire du tohu-bohu, Je serais hurluberlue, Je m’enlivrerais des dix mots à longueur de temps. Si j’étais moi Je passerais mon temps à me promener, Je parlerais aux animaux, Je rigolerais de tout et de rien. Et vous, que feriez-vous si vous étiez moi ?

Sonia BAKKAOUI Collège Georges Clémenceau — Classe de 5°F 69007 LYON Professeur : Mme Monnier Intervenant : Thierry Renard

Hier soir on regardait la télé et un hurluberlu est venu. Il nous a mangé tous nos popcorns et nos glaces et en partant, il nous a coupé tous nos doigts et il les a mangés.

Mouna ZARD, 9 ans École des Géraniums — Classes de CE1/CE2 69009 Lyon Professeur : Mme Bailly Animateur : Les arTpenteurs

S'ENLIVRER Demain, je vais m'enfêter avec un prétendant qui m'empassionne. Je ne souhaite pas m'encopiner mais je tenterais bien un petit enchavirement pour s'entoucher quelque peu. Rosa Atelier d’écriture adulte CATTP G25 LE MASSILIA 69007 LYON Animatrice : Judith Lesur

ZIGZAG, C’EST LA VIE QUI T’OBLIGE

Dans l’interminable ennui, plein de choses, plein d’idées Tournent dans ma tête Tourne dans ma tête le sentiment Que la désespérance va se terminer Un jour, je ne sais pas quand, J’ai l’espoir de sortir… Dehors, on n’a pas calculé la vie, la famille, les amis, Ce qui est important… et on a tout perdu Ici, il faut vivre pour aujourd’hui On ne sait pas ce que sera demain Parfois, c’est la vie qui t’oblige Ici, on assume, on prend ses responsabilités… Et les mains en avant, je dis Bonjour au ciel, au soleil, aux nuages, au chemin… Je m’avance vers la vie, Ange dans la nuit du monde, Géant aux pieds d’argile, entre vérité et mensonge, Je lis le livre blanc du destin qui s’avance.

Au lever du soleil, voici venir la vie, La liberté qui est tout juste à côté de nous et qui est invisible Dans la vie, personne ne se suicide, c’est toujours un assassinat. Par moments, le vent consume mon joint Que j’avais roulé aux feuilles zigzag de mon destin Par moments, le vent consume ma conscience.

Au loin déjà la mer s’est retirée, Me laissant là sur une terre désolée, barricadée, engrillagée Au loin encore ma mère comme une île dévastée Pleure un fils prisonnier Je serais heureux seulement si toutes les rencontres Pouvaient transformer le monde et construire le respect envers les autres. Avant de partir, mon ami, prépare-toi À tourner la page, à oublier la prison.

Enea, Amarildo, Adnane, Angel, Yves, Zoher, Henri, J.-P. Association Caravane des dix mots / Filigrane Groupe GFEN 69003 LYON Animateur : Yves Béal

LES FESTIVITÉS

Ouf ! La fête est finie. Finie cette atmosphère ambiancée pour un événement exceptionnel à la maison de retraite. Beaucoup de monde pour assister à ce charivari occasionnel où quelques hurluberlus s'étaient égarés dans un tohu-bohu digne d'une cour de récréation. Le buffet bien garni nous régalait de sucreries à tire-larigot, à nos âges la gourmandise reste notre péché mignon. L'édile de service, qui ne devait pas s'enlivrer souvent, nous a débité des fariboles et un pensionnaire à la voix bien timbrée a poussé la chansonnette. Un peu lasse, j'ai enfin regagné ma chambre en suivant le long couloir en zigzags. Que de dérangement pour mon centième anniversaire ! Éliane GÉVAUDAN Atelier Chatulivre 26300 CHATUZANGE LE GOUBET Animatrice : Evelyne Chovet

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À la folie ... ou pas du tout ... Tohu-bohu t'as pas tout vu ni entendu Charivari... ou varie pas évanescent sans avenir car né sans nom Hurluberlu mais qu'as-tu lu ? Si tu t'enivres de pages en pages de tomes en tomes de bouquins surbookés en CD décidés et d'auteurs décédés vis-à-vis de bons mots de dico mot à mot sans soucis ni mépris sans tendance ni vengeance Ambiancer le présent seriner le passé être... avoir... avenir, le futur... repartir face à face à son sort ni dedans ni dehors mais où... alors... Ouf ! Michèle BERNABE, 71 ans 01400 CHâTILLON-SUR-CHALARONNE

L'OMELETTE D'HAMLET

Amateur de mots anonyme, 31 ans Si j’étais moi je serais moi sans faribole. Peu importe l’avis des gens… Deux comme moi, ça n’existe pas… Je suis moi et je reste moi.

Yassin BENYAROU Collège Georges Clémenceau — Classe de 5°F 69007 LYON Professeur : Mme Monnier Intervenant : Thierry Renard

Ils étaient au moins une centaine, alignés les uns derrière les autres, à quitter leur malle et à se faire la malle. Des livres à tire-larigot, qui n’en pouvaient plus de languir ici : des romans, des encyclopédies, des bandes dessinées, des pièces de théâtre… Quoi de pire pour un Shakespeare que de croupir et décrépir ?

Mieux vaut déguerpir ! Ils atterrirent dans le jardin et se délectèrent de cette liberté retrouvée. Karine BÉRARD Centre Psychothérapique Nord Dauphiné Fondation Boissel 38300 BOURGOIN-JALLIEU

Ouf ou pas ouf Telle est la question ? Un maboul faisait plouf. Habillé d'une camisole Il fit un tel charivari Qu'il ambiança tout Paris L'histoire de ce timbré Vous a-t-elle régalée ? Dayana ASSOUMANI Collège La Clavelière 69600 OULLINS Enseignante : Mme Chavanon

Les dix mots me disent Prends ton oiseau Mets du charivari Dans ton petit pays. Maya École élémentaire Henri Wallon Classe de CE2 69200 VÉNISSIEUX Professeur : Mme Pascal

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Ambiancer : Avancer d’un pas dansant vers son destin.

À tire-larigot : Expression du patois jurassien signifiant « être enrhumé ». Le larigot étant un grand mouchoir à carreaux. « Ah vraibent ce batin je suis complètebent enrhubée ! »

Charivari : Plat de la région des hauts plateaux péruvien composé de chat sauvage à la broche et de riz grillé aux piments.

S’enlivrer : 1. Se laisser aller à ses penchants naturels. 2. Kidnapper l’objet de son désir et lui rendre sa liberté. « Enlivrez-moi, je vous prie, enlivrez-moi ce jour puis partez à jamais. » Christiane De La Roche Beaupré de La Sange, Les riches heures de Mademoiselle Édith De La Marjolure.

Faribole : 1. Petit chapeau pointu porté par les elfes et korrigans de la forêt de Brocéliande. 2. Personne crédule qui se laisse mener par le bout du nez. « Tom-Tom n’est qu’un pauvre faribole, il gobe tout ce que lui raconte Nana, dit Bill-Bill en rigolant ». Tom-Tom et Nana amoureux, Bayard poche

Hurluberlu : 1. Lunettes permettant de voir plus loin que le bout de son nez. 2. adj. Laborieux et confus mais néanmoins comique. « Le président a prononcé un long discours complètement hurluberlu qui fit d’abord bailler tous les participants avant que l’assemblée toute entière ne finisse par mourir de rire. » Un journaliste Ouf : 1. Onomatopée : bruit d’un pneu qui se dégonfle, d’un feu qui s’éteint et d’un couple qui se sépare. 2. Objet indéfini dont on n’a pas besoin mais que l’on passe son temps à chercher. « Mais bon dieu, qu’est-ce que j’ai encore bien fait de ce ouf ? » Timbrée : 1. Lettre folle d’amour aux accents cristallins. 2. Danse des monts d’Auvergne qui ressemble à la bourrée mais en moins empotée.

Tohu-bohu : Petit véhicule utilisé en particulier dans le sud-est de l’Asie composé d’un tricycle tirant une étroite remorque de 2 mètres de long pour transporter les bambous servant aux échafaudages. Zigzag : Manière d’envisager l’avenir. Synonyme : horoscope.

L’HISTOIRE DU BOA QUI VIVAIT DANS LE TOHU-BOHU Il était une fois un boa qui vivait dans la forêt de Tohu-Bohu. Il était une fois un homme qui s’appelait Tohu-Boha.

Un jour, ils se rencontrèrent dans la forêt. Le boa dit : — Bonjour, monsieur ! Comment vous appelez-vous ? — Je m’appelle Monsieur Tohu-Boha ! Le serpent dit : — Moi, c’est Serp-Boa ! L’homme demanda : — Ah bon ? C’est un drôle de nom ! Pourquoi vous appelez-vous comme ça ? — Ce sont les éleveurs de serpents qui m’ont appelé comme ça, vu que la forêt dans laquelle je vis s’appelle Tohu-Bohu. D’ailleurs, presque tous les serpents de la forêt s’appellent Serp-Boa ! Tous les deux s’entendaient si bien qu’ils invitèrent tous les boas et tous les hommes à se rassembler dans la forêt : ils firent beaucoup de bruit et de désordre ! C’est pourquoi maintenant, quand des personnes font du bruit et du désordre, on appelle ça du TOHU-BOHU, comme la forêt du même nom… Noraïne MOHAMED. M., 9 ans École Jean Giono 69008 LYON Animatrice : Françoise Morot-Sir

Isabelle MONTANDON Atelier de la rue Raisin 42000 SAINT-ÉTIENNE

À mon frère de poésie !... À Pierre Lepetitgaland Mon ami le poète est parti, Loin de l’étrange charivari. En silence, ni moindre barouf, Blessé, usé, son cœur a fait ouf. Emporté par le tohu-bohu, De tous ces drôles d’hurluberlus !

Sa vie n’était que faribole, Dans ce vilain monde frivole. Trop dur voyage pour s’enlivrer, Pour s’ambiancer d’avoir aimé. Depuis le temps qu’il s’est endormi, Dans le berceau de la poésie, Ses rimes resteront à jamais, « En vers » et contre tout son attrait !

Bon enfant, fleur bleue, la voix timbrée, Il relatait avec simplicité, Son chemin tortueux de zigzags, D’horizon gris, d’adieux, et de gags. Partageant à tire-larigot, Sa fraicheur, le fleuron de ses mots, Sa tendresse, sa fraternité, Ses secrets d’amours inachevés ! Anne-Marie PERSONNE, 83 ans 69004 LYON

« En dix mots comme en cent » – Mars 2014 – Page 23


Un hurluberlu s’est perdu

Au milieu des vagues qui zigzaguent Le tohu-bohu des bateaux

Et le charivari des mouettes

Font dire à ce petit bonhomme Que des fariboles...

Lina ADEL, Enes AYYILDIZ, Jérémy BOUVIER, Abdullah CIVAN, Eyup DEMIROK, Ysusf ERTEK, Carlos GONCALVES, Melek GUR, Melek KOLVER, Seyma KOLVER, Ummugulsum KOLVER, Mohamed MAHROUG, Nada MAHROUG, Zaïdenur PAR, Yaël PAUL, Ziggy PAUL, Kevin PAUL, Ouidade RBEI, Nacim RBEI, Seyma SEZEN, Younès RABIA. (Enfants de 6 à 11 1/2 ans). Atelier CLAS — Cité de la CAF 38300 BOURGOIN JAILIEU Animatrices : Coralie Blin et Josiane Angelier

OUF

Être dans l’histoire Être à fond Lire des livres Aller à l’école Beaucoup d’imagination Un titre De la voix Du moral Confiance Libre Etre calme Être détendu Être dans son imagination Il faut du sens Être intellectuel Avoir beaucoup de temps Petite voix Grande voix Avoir une barbe Avoir une moustache Avoir des lunettes Avoir une belle coupe Pour être un poète

Une farandole de mots aussi ouf les uns que les autres pour ambiancer la rentrée de l’atelier d’écriture, dans le charivari des retrouvailles et le récit d’anecdotes à tire-larigot, après un été passé à s’enlivrer sur les plages, en levant parfois les yeux à l’approche d’un hurluberlu qui zigzague avec sa glacière sur roulettes, entre les corps étendus. Grand tohu-bohu sur son passage, il est timbré celui-là, il débite des fariboles jusqu’à plus soif, pour fourguer sa marchandise. Vite, je replonge dans mon roman d’été… Françoise LAYEUX Atelier Chatulivre 26300 CHATUZANGE LE GOUBET Animatrice : Évelyne Chovet

IRARIOKDA ô tohu-bohu des peuples souterrains, Tais-toi et écoute ton pas qui traîne Dans les collines d’Irariokda Là où chavirent les rires d’irascibles conquistadors En quête d’un or plus rarissime que la mort

Jihed ASSAIDI, 9 ans Atelier Periscolaire Centres Sociaux des Minguettes 69200 VÉNISSIEUX Animateur : Hassan Guaid

ô tumulte dépeuplé des humains, Tais-toi, écoute les freluquets s’enlivrer D’un carnaval de fourmis noires Arlequin décharné, irradié d’espoir Dans les hommages bariolés de nos livrées

SOIRÉE LOUFOQUE Alors qu’un jour j’étais à une fête de ouf, je vis au milieu de la salle un garçon qui avait bu à tire-larigot et qui croyait ambiancer la fête en chantant. Il marchait tellement en zigzag qu’on aurait dit un timbré mais le pire ce sont ces fariboles qu’il racontait. Personne ne l’écoutait au milieu du tohu-bohu et du charivari. On le traitait d’hurluberlu. Enfin bref, tout ça pour dire qu’il aurait mieux fait de ne pas venir. Il aurait dû s’enlivrer au lieu de s’enivrer.

Nicolas HAMACHE, 15 ans Classe de 3e Prépa Pro A CDI Lycée professionnel SAINTE-ANNE 73292 LA MOTTE SERVOLEX Professeurs : Mme Baudry, M. Blondon Documentaliste : Béatrice Dupuy

ô vacarme surpeuplé de nos larmes, Tais-toi, écoute les dérives de nos cris Et dans le tapioca irrationnel des souvenirs Fais taire en toi ces appels timbrés Il y a mille avaries d’accords désaccordés Et autant de korrigans et d’iroquois Dans le charivari des langues retrouvées Dans les colline d’Irariokda. Yves BÉAL Association Caravane des dix mots Filigrane — Groupe GFEN 69003 LYON

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« UN IMMEUBLE DE OUFS » Refrain 2x Toc toc toc Dans un immeuble de oufs habitaient 3 super pignoufs

Refrain 1x Toc toc toc Dans un immeuble de oufs habitaient 3 super pignoufs

Toc toc toc Dans un immeuble de oufs habitaient 3 super pignoufs

Au troisième étage vivait une vieille mémé complètement timbrée qui puait des pieds racontait des fariboles comme une fofolle. tombait dans les escaliers toujours défoncée.

Au premier étage vivait un bambin pas sage Il chantait si faux et gueulait comme un veau en faisant des tas d’échos

Refrain 1x Toc toc toc Dans un immeuble de oufs habitaient 3 super pignoufs

Refrain 1x Toc toc toc Dans un immeuble de oufs habitaient 3 super pignoufs Il ambiançait la rue tel un hurluberlu avec son chapeau pointu L’eusses-tu cru ?

Toc toc toc Dans un immeuble de oufs Habitaient trois super pignoufs

Au deuxième étage, (un) Gugus Mingus squattait le bus tous les matins avec ses patins et ses chiens… N’avait pas de pote pour partager sa compote

Pour la fête des voisins, une ambiance archi zinzin Quel charivari ! Charivari à droite oufs à gauche Secoue ça Ouais Ouais Secoue ci Ouais Ouais Ouais Que de cris ! Quel tohu-bohu !

(Au ralenti, comme si on était ivres ☺ ou que l’on titubait) lIs ont trop bu de Malibu…

COLLECTIF Collège MARIA CASARES Classe de 6°5 69140 Rillieux-la-Pape Enseignante : Mme Monfront Intervenante Slam : Myriam Baldus

Je m’appelle Hugo et je suis en classe de CM1. Il se passe des choses bizarres dans ma classe ; par exemple à un moment la maîtresse nous a fait conjuguer les verbes « ambiancer » et « s’enlivrer ». Puis elle nous a fait écrire des verbes à tire-larigot ! Un autre jour, j’ai fait une petite blague : tout le monde s’est marré mais cela à vite viré en charivari. Mes copains aussi sont bizarres. Bilel, il est timbré de foot. Un autre Hugo, il ne raconte que des fariboles. Puis Martin, ah oui ce Martin, quel hurluberlu ! Deux autres personnes sont également bizarres : Téo et Alexis. Téo n’arrête pas de faire des zigzags par ci et par là ! Pour finir Alexis fait du tohu-bohu dans la classe. Hugo Classe de CM1 École Poisat 38320 POISAT Animatrice : Amélie Rodriguez

Imène MOUNIB, 7 ans MJC Pierre-Bénite 69310 PIERRE-BÉNITE Animatrice : Caroline Lopez-Mamet Intervenants : Annie Lebard et Jean-Baptiste Cabaud Les arTpenteurs

BIZARRE BIZARRE... — Bonjour Monsieur je me suis perdu, je dois rejoindre des amis au café Tohu-Bohu, vous pourriez m'aider ? — Oui — Ouf ! Merci — Vous allez tout droit — D'accord, merci ! Il alla tout droit et là il vit une personne bizarre, il lui demanda : — Bonjour Monsieur, est-ce que je suis sur le bon chemin pour aller au café TohuBohu ? Mais la personne était timbrée ; elle racontait des fariboles ! On aurait dit un hurluberlu. Il trouva le café, ambiancé par ses amis et d'autres gens bizarres qui faisaient encore plus de charivari.

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Sofia COSTA MACHA Collège La Clavelière 69600 OULLINS Enseignante : Mme Chavanon


DIX MOTS ET DES EXPRESSIONS À TIRE-LARIGOT ALORS AU BOULOT ! « Tire la chevillette de l’imagination et la bobinette... ». Ça, c’est ce que dit souvent ma grand-mère… Qui a un véritable talent pour s’enlivrer. Elle aime que les mots fassent leur charivari C’est sa façon à elle d’ambiancer. « Tire la chevillette de l’imagination et la bobinette... » Ça, c’est ce que pense aussi ma prof qui, juste avec quelques mots, peut s’enivrer. Elle aussi, c’est sa façon d’ambiancer. Mais moi, j’ai beau tirer toutes les ficelles Aucune étincelle ne jaillit dans mon escarcelle. Comment ambiancer juste avec des mots ? Je cherche, je cherche dans la classe, Mes yeux font des zigzags vers mes camarades Je gribouille, j’essaie de me souvenir d’un rap Pour sauver la face, pour avoir quelques mots À enfiler sur le fil d’une idée, d’une phrase, d’un texte, Tic-tac, plus qu’une minute… Je suis loin d’ambiancer moi ! Mon cœur bat la chamade ! Quel charivari ! me dis-je. « Quel charabia mademoiselle », dit la prof. Je vais m’en tirer comment ? Je ne suis pas une tire-au-flanc Tic-tac, plus qu’une minute… Les voyelles font leur tohu-bohu, dans ma tête ça batifole ! Dans ma tête les mots font la farandole Je deviens folle. Que la sonnerie retentisse ! Qu’elle me délivre de ces hurluberlus ! J’ai envie de hurler que tout cela, c’est un truc de ouf, que la prof, elle est complètement timbrée de vouloir nous faire écrire ! Mais je me calme. La sonnerie a retenti. Ouf ! Demain j’irai chez ma mamie écouter ses fariboles Et tout cela ne sera plus qu’un lointain tohu-bohu.

LES PROLOS (PRÉJUGÉS SUR) Les prolos aiment bien faire la fête. Ils ambiancent les soirées à coup de gros rouge et d’accordéon. Ils rentrent chez eux en faisant des zigzags.

Les prolos s’ennuient le dimanche. Ils vont au café dépenser leurs sous. Quand ils rentrent saouls chez eux, ils engueulent leur femme. Ça fait un beau charivari. C’est pour ça qu’ils habitent tous des HLM. Ils restent entre eux et n’embêtent pas les gens bien.

Les prolos pourraient s’en sortir. Mais la plupart sont trop fainéants. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils restent des prolos. Ils préfèrent se raconter des fariboles comme quoi ils sont exploités etc. Les prolos font des enfants à tire-larigot pour toucher les alloc. Les prolos n’achètent jamais de livre, à part l’almanach Vermot. Ils s’enivrent, ils ne s’enlivrent pas.

Les prolos ont peur des fins de mois, ils redoutent l’huissier et les papiers timbrés. Les prolos, certains du moins, sont croyants et vont à la messe le dimanche. Ils passent aux yeux de leurs congénères pour de fieffés hurluberlus.

Les prolos, lorsqu’ils estiment être injustement traités par leur patron, rêvent du Grand Soir et descendent dans la rue chanter l’Internationale et autres fariboles pour réclamer plus de sous et de justice. Les bourgeois n’apprécient pas ce tohu-bohu. Ça fait désordre. Les prolos, il y en a de moins en moins. Ouf. D’ailleurs, maintenant on les appelle des travailleurs. C’est politiquement plus correct.

COLLECTIF Classe de 6°4 Collège Émile Zola 69220 BELLEVILLE Professeur : Mme Perek FABRIQUER UN TEXTE AVEC DIX MOTS EN FOLIE. UN VRAI TRUC DE OUF ! Il faut être timbré pour vouloir marier faribole et charivari. On ne peut faire confiance à l’un, ni compter sur le calme et le silence de l’autre. Ce n’est pas mieux avec hurluberlu. Avec lui, on ne sait jamais sur quel pied danser. Un instant hystérique, un autre loufoque et le plus souvent complètement déjanté. Ils cherchent à nous destabiliser avec leurs zigzags. Voire, ils nous prennent pour des yoyos. C’est sûr, pour eux, ils ambiancent à tire-larigot. Quelques minutes en leur compagnie et on frôle l’internement. Fort heureusement, leur folie s’essouffle rapidement dès lors qu’on les sépare. Ou qu’on leur adjoint un compagnon disciple de la rigueur. Ah, ils ne font plus de tohu-bohu quand s’approchent maîtrise, ordre et rigueur. Sûrs qu’ils font profil bas. Et nous laisse enfin respirer. Ouf ! Christine BRINGER, 44 ans Atelier Paroles de plumes 69100 VILLEURBANNE Animatrice : Annie Fantino

Jacqueline BADEL Atelier L’encrier Centre social de Sous Paulat 42700 FIRMINY

FARIBOLES Fariboles et fariboles Le monde n’est que fariboles. Le discours lent du politique Le prêtre dans son Lévitique La fable chantée au berceau, Le chant joyeux des p’tits oiseaux Le soleil dans sa course folle Tout ça n’est plus que faribole. Je suis heureux, tu m’as souri Ce matin au creux de mon lit. Le grand comédien dans son rôle Ne t’arrive même pas aux épaules L’important ce sont tes paroles Le reste n’est plus que fariboles. David PETIOT Atelier de la rue Raisin 42000 SAINT-ÉTIENNE Animatrice : Isabelle Montandon

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HISTOIRE DE TOM, LE PETIT FADA Tom était le dernier né d'une nichée de sept enfants. Il avait grandi dans cette famille de oufs aussi bruyante que joyeuse où tout était prétexte à billevesées, fariboles, quolibets, ripailles, charivari, à boire à tire-larigot du vin rosé sous la tonnelle, casser les œufs pour faire sauter les crêpes, à bagarres générales et chansons lestes. Petit Tom était, lui, d'un naturel réservé et de santé fragile. Il peinait à se faire une place dans cette tribu de foutraques, d'hurluberlus. Aussi s'enlivrait-il. Il s'enlivrait de tout, de tout ce qui était à sa portée, déchiffrant avec application les ingrédients d'une boite d'Ovomaltine, les papiers du journal dont on enveloppait les œufs, un psaume sur l'éphéméride, page arrachée par avance, les jours de pénurie, qu'il recollait ensuite tant bien que mal avec un peu de salive. Mais c'est dans le petit Larousse illustré qu'il puisait des plaisirs sans cesse renouvelés, parcourant les étendues glacées de la Sibérie, pénétrant la moite forêt amazonienne, résolvant le mystère de l'Île de Pâques, découvrant les ornithorynques et la vie sexuelle des fougères. Il zigzaguait d'un mot à l'autre ou s'abîmait dans la compréhension de quelque schéma de moteur à explosion ou dans la contemplation de quelque planche de poissons tropicaux. Il s'enlivrait, il s'enlivrait. Plus il s'enlivrait plus il s'ambiançait dans la danse magique des petits signes noirs.

La famille trouvait cette occupation quelque peu suspecte, ses frères ne l'appelaient plus que le timbré ou l'E=mc2 de mes deux et lui offrirent un entonnoir en plastique rouge pour son anniversaire. Pourtant quand il lui fallait rendre compte de sa dernière lecture, ce qu'il acceptait avec beaucoup de gentillesse, la maisonnée l'écoutait avec une belle attention vite remplacée par une bonne tranche de rigolade. Les murs en tremblent encore. C'est ainsi que Tom occupa une place de choix, une place de roi dans ce royaume de fous. Christiane SOULAT, 69 ans Atelier Solexine 38000 GRENOBLE Animateur : Bernard Biais

« CE SOIR » 13h50. L’homme trépigne devant les portes de la bibliothèque. Ce n’est pas de l’impatience, il a tout son temps, mais c’est la seule manière de ne pas geler. Dans dix minutes, il pourra réchauffer son corps et son âme aux soleils de Californie, des Caraïbes et du Bénin. 14h. Les portes s’ouvrent enfin, il rentre. Il se dirige tranquillement vers les romans. Dans la rue de la réalité, il erre. Dans celles de Vargas, Constantine, Hugo et tous les autres, il se promène. Il est chez lui. Le soleil au zénith, il s’enlivre de mots poétiques qu’il chine parmi les chefs-d’œuvre de la bibliothèque. Le temps file. Plus qu’une demi-heure avant la fermeture, un petit tour chez Prévert pour un retour en douceur à la vie, la vraie.

18h. Le rideau de fer de la bibliothèque descend dans un lent cliquetis. L’homme titube jusqu’à la bouche du métro. Mais il n’a pas envie de bosser ce soir, de toute façon les gens sont trop pressés pour daigner s’arrêter. Alors au lieu de tendre la main, il chante. Il chante Prévert et Aragon, Baudelaire et Verlaine. Il déclame Shakespeare et Corneille. Il se prend pour Hamlet, il est le Cid et Don quichotte. Et au lieu d’avoir pitié, ce soir, les gens le trouvent timbré. Marianne PRACH, 25 ans Centre aéré de Bron 69500 BRON Animatrices : Audrey Herbinet et Marianne Prach

Vous venez d’acquérir un Ouf. Quelques précautions s’avéreront utiles afin d'en tirer le meilleur parti.

1 – Le Ouf ne fonctionnera pas dans le tohu-bohu, et dysfonctionnera vraiment lors d'un charivari.

2 – Éviter au Ouf tout contact avec quelque hurluberlu que ce soit, vous l'obligeriez à s'enlivrer au fond de votre boîte à revues.

3 – Timbrez correctement l'envoi si vous ambiancez le Ouf avant la date limite de fonctionnement.

4 – Les déplacements du Ouf s'effectueront en zigzag si le silence n'est pas total lors de son utilisation.

Ces quelques précautions vous permettront de tirer le meilleur parti du Ouf acquis, et de le voir vous servir correctement à tire-larigot pendant au moins cinq ans, soit la durée d'obsolescence programmée prévue. Monique JACQUIN, 73 ans Association« Génération en mouvement » 69160 TASSIN LA DEMI LUNE Animatrice : Claudine Delerce

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Les dix mots font la fête ! Samedi 22 mars 2014 de 10h à 18h

Ferme du Vinatier Centre hospitalier Le Vinatier 95, boulevard Pinel, Bron Entrée libre

Temps fort de la Semaine de la langue française et de la francophonie en Rhône-Alpes, « Les dix mots font la fête ! » convie artistes et amateurs de toute la région à présenter leurs créations autour des « dix mots ». Théâtre, chanson, poésie, projections, performances…

AU PROGRAMME

Spectacle Slame dix mots à la folie Une création originale réunissant les slameurs Dizzylez (Avignon), Kaféclem (Lyon), Râjel (Toulouse), Mwano (Lille), BlackSista (Troyes). Des voitures poétiques en provenance de l’inconnu et à destination de l’imaginaire avec la Cie Waaldé. Un atelier fresque avec Yann Dégruel, auteur et illustrateur de bande dessinée, actuellement en résidence à Grigny.

Une scène ouverte à tous et à toutes les formes ! Ponctuation musicale avec Kiftélélé

Renseignements / Espace Pandora – 04 72 50 14 78

Le programme complet en Rhône-Alpes sur : www.espacepandora.org

En « dix mots » comme en cent...

Édité, à l’occasion de la 19e Semaine de la langue française et de la francophonie (15 au 23 mars 2013) par l’Espace Pandora.

Rédaction : Carole Bijou et Thierry Renard

Visuel de couverture : © Myriam Chkoundali, déclinaison d’après une création graphique de Dorothée Caradec & Clémence Passot

Maquette et mise en page : Myriam Chkoundali Impression : IPS — REYRIEUX (01)

ISSN 2268-4832


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