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LES ÉCOSYSTÈMES DU BIODÔME

• PAR MARION SPÉE

Ça y est, le Biodôme est à l’aube de sa réouverture ! Son audacieuse architecture accueille une toute nouvelle scénographie qui, tel un écrin, met en valeur la beauté de la nature, les complexes et fragiles interrelations qui existent au sein des écosystèmes. La visite promet des expériences plus immersives, participatives, introspectives et émouvantes.

La nature est si ingénieuse, si irremplaçable. C’est plus que jamais le moment de la mettre à l’honneur, tant on prend conscience qu’elle a été fragilisée ces dernières décennies. Si le Biodôme occupe un rôle dans la conservation d’espèces menacées, il a bien évidemment aussi un rôle à jouer pour ses visiteurs. Alors l’équipe a concentré ses efforts et son attention pour offrir aux êtres y vivant des conditions de vie optimales et au public une expérience unique, offrant de nouvelles perspectives.

La Forêt tropicale humide des Amériques, l’Érablière des Laurentides, le Golfe du Saint-Laurent ainsi que les Îles subantarctiques et les Côtes du Labrador sont toujours les écosystèmes vedettes. Mais, dorénavant, chacun est enveloppé d’une paroi « vivante » : une structure courbée, fluide et souple. Une surface blanche et épurée qui contraste avec le foisonnement multisensoriel des collections vivantes. Aussi, une mezzanine donne un point de vue imprenable sur les écosystèmes et offre aux visiteurs une nouvelle vue d’ensemble. Une mise en scène qui permet d’observer la faune vivant à cette hauteur et qui souligne les interrelations vitales entre les individus, en plus d’offrir une vue « macro », un aspect essentiel : ce sont les liens existant entre les espèces au sein d’un écosystème qui rendent la vie possible.

DES LIENS ESSENTIELS À LA VIE

Dans le golfe du Saint-Laurent, en milieu naturel, ça grouille de vie. Les illustrations de relations entre espèces sont nombreuses. Prenons le plancton, qui regroupe les organismes végétaux (phytoplancton) et animaux (zooplancton) dérivant au gré des courants. Il représente la plus grande biomasse aquatique : le poids de tout le plancton correspond à la quasitotalité de celui de tous les autres habitants de la mer, poissons, crustacés et baleines compris ! Mieux encore, le plancton est le premier maillon des chaînes alimentaires marines. On compte des espèces microscopiques et d’autres pouvant mesurer plus de 5 cm. Il est la proie de petits prédateurs, eux-mêmes dévorés par des plus grands. Aussi, de gros animaux comme le rorqual bleu se servent directement dans les stocks de plancton. Sans lui, les espèces marines ne pourraient tout simplement pas exister ! En fait, c’est avec le plancton que tout commence.

Un autre exemple est la balane, ce petit crustacé ressemblant à une crevette qui s’accroche sur la coque des bateaux, les épaves, les roches et même les baleines (surtout les rorquals à bosse, les baleines grises et les baleines noires). Elle sécrète une carapace calcaire qui lui permet de rester fixée sur son hôte et de s’alimenter en sortant ses pattes pour filtrer l’eau et ingurgiter le plancton en suspension. On parle de commensalisme : la relation n’est pas réciproque puisque la balane est la seule à en tirer profit, mais au moins, l’hôte n’est pas embêté. Pour l’anecdote, en analysant la composition des carapaces fossilisées de balanes, des chercheurs ont pu retracer les routes migratoires des baleines : elles empruntent les mêmes depuis 270 000 ans !

Toujours dans le golfe du St-Laurent, on trouve aussi de vraies formes de mutualisme, notamment entre le bernard-l’ermite et l’anémone de mer. Dans ce type d’interaction, chacune des deux espèces tire des avantages de son lien avec l’autre. En pratique, l’anémone se fixe au bernard-l’ermite pour se déplacer sans effort, avoir un accès facile à la nourriture et même récupérer les restes des repas du crustacé. En retour, celui-ci obtient une protection supplémentaire contre les prédateurs éventuels, les tentacules bardés de cellules urticantes de l’anémone les faisant fuir. En plus, l’anémone produit une substance cornée qui agrandit la coquille que le crustacé squatte… ce qui le fait déménager moins souvent. C’est gagnant-gagnant.

Un bernard-l'ermite avec une anémone sur sa carapace.

PHOTO Shutterstock/southmind

En insistant sur une mise en scène immersive et novatrice, le nouveau Biodôme rend hommage à la nature en soulignant sa beauté. Le but est simple : nous émerveiller et nous rappeler à quel point la biodiversité est précieuse. Et réveiller notre engagement citoyen pour la préservation des écosystèmes.

On dit qu’une expérience est belle si elle procure une sensation de plaisir. Comme on l'entend souvent, « on aime ce que l'on connaît et on protège ce que l'on aime ». Et l’équipe du Biodôme a mis toute son énergie pour faire en sorte que ce soit le cas…

DE L’AUTRE CÔTÉ

La Bio-machine, nouvelle expérience du Biodôme, propose de découvrir l’envers du décor. Comment fait-on hiberner les tortues de l’Érablière des Laurentides en hiver? Comment se déroule un examen vétérinaire ? Comment encourager le comportement naturel des animaux? Grâce à 23 stations interactives, comprenant des jeux, des vidéos ou des objets, il est maintenant possible d’en savoir plus sur les trucs et astuces déployés pour assurer les soins, l’alimentation et le bien-être général des plantes et des animaux. Aussi, grâce au jeu informatique « Mission : opérateur du Biodôme », les visiteurs peuvent se mettre dans la peau d’un opérateur et s’assurer du maintien des meilleures conditions d’eau, d’air et de lumière dans les milieux de vie.

IMAGE La bande à Paul

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