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L’ÉCO-ANXIÉTÉ … … ET LES GESTES À POSER POUR LA CONTRER

• PAR MARION SPÉE

Récemment, une nouvelle notion a émergé dans les médias. De plus en plus de gens sentent une épée de Damoclès suspendue au-dessus des nuages. Ils se sentent déprimés, impuissants face aux changements climatiques en cours et à venir. On entend parler d’angoisse climatique, de dépression verte, parfois de burn-out écologique, mais le terme qui semble s’imposer, c’est l’éco-anxiété.

Si les scientifiques qui étudient les changements climatiques sont parmi les premiers à avoir fait part de la fragilité de leur santé mentale, le phénomène touche aujourd’hui les citoyens. « Dans ma pratique clinique, je ne voyais pas ce genre de cas il y a encore un an ou deux, affirme Joe L. Flanders, psychologue. Maintenant, j’en ai plusieurs ».

Les plus jeunes, plus susceptibles de subir les retombées de la poussée de fièvre de la planète, semblent plus nombreux à souffrir de cette dépression verte. D’ailleurs, c’est après avoir visionné un documentaire sur les ours blancs que la jeune suédoise Greta Thunberg a sombré… avant de devenir la figure de proue de la jeunesse en rébellion écologique.

Mais de quoi s’agit-il exactement ? Quand on parle d’anxiété, on parle d’une montée d’hormones de stress qui prépare le corps à se défendre. « Face à un lion, par exemple, la peur fait en sorte que les systèmes biologiques vont s’activer et nous faire déguerpir. Là c’est un peu la même chose, sauf que la menace est plus abstraite, bien qu’elle reste importante pour notre survie », détaille Joe L. Flanders.

L’Association américaine de psychologie (APA) l’évoque dans son rapport de mars 2017 qui se consacre aux conséquences des changements climatiques. Selon la définition, l’éco-anxiété désigne une « peur chronique d’un environnement condamné ».

Qui dit peur, dit réaction, alors peut-être faudrait-il y voir l’occasion d’un élan individuel ou collectif… Dans tous les cas, que faut-il faire pour ne pas craquer face à la hausse des températures, à la fonte des glaciers, à la disparition des espèces? Agir, agir, agir. « Ne rien faire serait pire », assure Joe L. Flanders. C’est en effet le principal remède, pour sentir que l’on a un certain pouvoir sur la situation et ainsi faire diminuer cette anxiété. Agir selon ses possibilités, en fonction du temps dont on dispose, à son échelle : militer, écrire, parler, s’impliquer dans son quartier. Ou identifier les secteurs où on peut avoir une incidence : consommation, plastique, déchets, transport…

LES GESTES À POSER POUR LA CONTRER

MUTATION VERTE

Verdir son balcon, son mur, sa rue, créer un jardin ou un potager : ce sont des gestes concrets pour préserver la biodiversité et favoriser la venue des pollinisateurs. Le programme Mon Jardin Espace pour la vie peut vous aider. En prime, on profite aussi des avantages des végétaux, qui sont capables de séquestrer du CO 2 et de produire de l’O 2 , de capturer les contaminants et les particules fines, de créer des îlots de fraîcheur.

Planter un arbre sur son terrain est par exemple un geste très significatif puisqu’un petit arbre d’un diamètre de 8 à 15 cm qui pousse doucement peut séquestrer 16 kg de CO 2 tous les ans. Quand il atteint son niveau de croissance maximale, ce chiffre passe à 360 kg. Et s’il est proche de la maison, un arbre peut réduire jusqu’à 30 % les besoins en climatisation.

CADEAUX ÉCOLOS

Offrir des expériences pour créer des souvenirs mémorables (sorties culturelles, sportives, gastronomiques, etc.), donner de son temps (bons de gardiennage, de l’aide pour pelleter, etc.) ou encore redonner vie à des objets existants : des gestes simples pour remplacer l’achat d’objets neufs pour les fêtes, les anniversaires, Noël.

De plus, utiliser des emballages en tissus, en papier brun recyclé ou encore réutiliser d’anciens emballages permet de réduire énormément les déchets. Plus de 500 000 tonnes de papier d’emballage et de sacs cadeaux sont jetés tous les ans au Canada. Le hic, c’est que ces sacs, tout comme les rubans qui les décorent et le ruban adhésif, ne vont pas au recyclage.

BIO ET LOCAL

Opter pour un panier bio et local, c’est manger au rythme des saisons, encourager une agriculture sans produits de synthèse, mais aussi favoriser un circuit court en approvisionnement.

Les aliments parcourent en moyenne 2 500 km entre leur lieu de cueillette et votre assiette (soit l’équivalent d’un trajet entre Montréal et La Havane à Cuba), alors l’option locale est un sacré geste pour contribuer à réduire les gaz à effet de serre.

Acheter des produits québécois, c’est aussi favoriser l’économie d’ici. Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), si chaque consommateur achetait 30 $ de produits québécois en plus par an, l’économie québécoise bondirait d’un milliard de dollars en cinq ans.

PHOTO Shutterstock/Antonina Vlasova

TRANSPORT ACTIF OU COLLECTIF

Privilégier le transport actif, le transport collectif, l’autopartage, le covoiturage ou encore le véhicule électrique… et éviter la voiture solo, c’est considérablement réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le secteur du transport, les véhicules solos sont responsables de plus de 75 % de ces émissions.

Par exemple, sur de courtes distances, les vélos sont plus rapides que les automobiles et permettent d’éviter les embouteillages. La moitié des travailleurs en ville pourraient se rendre au travail en vélo… puisqu’ils habitent à moins de 8 km de distance. Pour des trajets plus longs, un véhicule d’autopartage peut remplacer 9 à 13 véhicules personnels et un autobus peut en substituer 40 à 50.

PHOTO Shutterstock/Halfpoint

CONTENANT RÉEMPLOYÉ

Choisir une bouteille d’eau réutilisable, c’est économiser de l’eau et de l’énergie ! Cela évite d’avoir recours aux bouteilles de plastique. La fabrication de chacune d’elles exige 3 litres d’eau, 0,25 litre de pétrole, émet 0,09 kg de CO 2 et nécessite jusqu’à 2 000 fois plus d’énergie que le traitement et l’acheminement de l’eau du robinet. En plus, une bouteille de plastique met jusqu'à 1 000 ans pour se décomposer.

Pour le café, l’une des boissons préférées des Canadiens, on peut opter pour des tasses réutilisables et oublier les gobelets jetables… qui ne sont pas recyclables. En effet, les gobelets en carton sont enduits d’une pellicule imperméabilisante et coiffés d’un couvercle de plastique. En buvant un café moyen (16 oz ou 475 ml) dans une tasse de voyage en acier inoxydable, par exemple, on rejette cinq fois moins de CO 2 qu’avec ces tasses jetables.

PHOTO Shutterstock/Alxcrs

Dès sa réouverture, le Biodôme offrira une vitrine à des acteurs de changements. Vous pourrez ainsi découvrir des organismes ou individus qui œuvrent pour la protection de l’environnement.

Pour encore plus d’idées, vous pouvez visiter les sites d’Equiterre (equiterre.org), de Unpointcinq (unpointcinq.ca) ou de Ça commence par moi (cacommenceparmoi.org).

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