
2 minute read
LES VILLES : DES REFUGES POUR LA BIODIVERSITÉ
• PAR MARION SPÉE
Plus de la moitié de la population mondiale — soit plus de 4 milliards de personnes — vit en ville. Cette urbanisation effrénée a littéralement transformé le paysage, entraînant au passage une perte de la biodiversité. En cause, notamment, la fragmentation des habitats ou encore l’imperméabilisation des surfaces. Mais si la ville est un milieu hostile pour de nombreuses espèces, la nature y a toujours sa place, davantage que ce que l’on pourrait croire.
On trouve dans les villes une multitude de représentants du monde vivant : des renards, des lapins, des écureuils, des ratons laveurs, des mouffettes, des faucons, mais aussi de nombreux insectes. Sur l’île de Montréal, on peut même tomber nez à nez avec des coyotes ! Les villes regorgent de nourriture, et il existe une pression évolutive très forte pour que les animaux s’y adaptent.
Les espèces observées dans les villes sont souvent plus flexibles et plus généralistes que les autres. Elles savent s’accommoder de régimes alimentaires variés et de plusieurs types d’habitats, à l’instar des pigeons, des rats ou des moineaux, que l’on retrouve dans toutes les villes du monde ou presque.

Shutterstock/Celso Pupo
Une étude a répertorié les espèces de plantes présentes dans 110 villes et celles d’oiseaux dans 54 villes à travers le monde. Si les densités d’espèces sont bien plus faibles qu’en milieu naturel, les villes abritent tout de même 20 % des espèces d’oiseaux et 5 % des espèces de plantes de la planète. À Montréal, selon le dernier rapport sur la biodiversité disponible, on compte plus de 1 060 espèces de plantes vasculaires, environ 435 espèces d’insectes pollinisateurs, incluant plus de 100 espèces de papillons, plus de 120 espèces d’oiseaux et plus de 80 espèces de poissons. On y a aussi dénombré 13 espèces d’amphibiens et 8 espèces de reptiles. La ville de Mexico, l’une des plus grandes du monde, abrite environ 2 % de toutes les espèces connues dans le monde, dont 3 000 espèces de plantes, 350 espèces de mammifères et plus de 300 espèces d’oiseaux.
L’ATOUT DES JARDINS PRIVÉS
Les écosystèmes naturels des villes, mais aussi les jardins privés, forment un beau terrain de jeu pour les animaux. Chacune et chacun peut contribuer à le protéger, et même le favoriser, en verdissant un balcon ou une terrasse, en créant un potager. Le programme Mon Jardin d’Espace pour la vie propose à ce titre une panoplie d'astuces pour aménager des espaces verts permettant de préserver la biodiversité. Les monarques fréquentent par exemple volontiers les cours privées végétalisées ou les potagers urbains, surtout quand on y trouve des fleurs à nectar et des asclépiades. Encourager la biodiversité urbaine, c’est mettre en place des espaces pour permettre le maintien de la vie. C’est faire en sorte que la ville soit un écosystème à part entière, un refuge pour certaines espèces. Les villes ont un grand potentiel d’innovation et sont conscientes des bénéfices que la nature amène à la collectivité. Elles sont nombreuses à s’engager en faveur de la biodiversité et à mettre en place des initiatives audacieuses… pour raviver les jungles urbaines !