2 minute read

ÉCHANGE DE SEMENCES : DANS L’OMBRE DU JARDIN BOTANIQUE

• PAR MARION SPÉE

Si le Jardin botanique de Montréal peut offrir au public des collections aussi variées, c’est notamment grâce à un programme d’échange orchestré dans l’ombre par une équipe de spécialistes en botanique. Il s’agit en fait d’un catalogue de semences récoltées dans la nature ou directement dans les jardins, que les institutions s’échangent gratuitement : l’Index seminum.

« C’est une activité informelle qui entre dans la tradition des jardins botaniques, une entraide», précise le botaniste Stéphane M. Bailleul. À Montréal, l’Index seminum est produit tous les deux ans. Et c’est un sacré travail ! D’abord, il faut aller sur le terrain pour récolter les précieuses semences, lors de « sorties récoltes», seul ou à plusieurs. «Au Jardin botanique de Montréal, on propose presque exclusivement des espèces indigènes échantillonnées en milieu naturel », précise Renée Gaudette, assistante-botaniste. Ça offre l’avantage de savoir exactement d’où vient le spécimen et de garantir son intégrité. Il est en effet plus rare qu’une espèce ait été hybridée avec une autre en milieu naturel. Ça nécessite aussi une bonne connaissance des plantes, puisqu’il faut être capable de repérer et de reconnaître les plantes à graines matures, et d’éviter par exemple les espèces menacées ou vulnérables, protégées par une loi spécifique.

Ensuite, direction la graineterie… « Contrairement à ce que plusieurs croient, ça n’est pas une banque de semences, mais une salle multifonction qui sert de bureau, d’atelier et d’aire de gestion des semences récoltées pour l’Index seminum », spécifie Stéphane M. Bailleul. Les semences y sont séchées à l’air, nettoyées, placées dans des enveloppes marquées et classées par ordre alphabétique… en attendant preneur.

« Toutes ces informations de récoltes alimentent une base de données qui sert à la production du fameux Index seminum, détaille le botaniste. Celui que l’on produit comprend environ 300-350 espèces différentes ». Il est envoyé aux institutions partenaires à travers le monde et les commandes sont préparées au fur et à mesure qu’elles arrivent.

« L’autre part du travail, c’est de commander les semences sur les Index seminum des autres jardins », poursuit Renée Gaudette. Et puisque cet échange est gratuit, il suit le principe du premier arrivé, premier servi. Il faut donc pouvoir réagir à temps pour obtenir les semences désirées. Et cela nécessite, là aussi, un gros travail, puisque l’équipe reçoit 200 à 250 catalogues.

Les semences proposées au Jardin botanique de Montréal viennent principalement d’Europe, d’Amérique du Nord, mais aussi de Chine et du Japon. « La diversification de nos collections est notre mantra depuis toujours », insiste Stéphane M. Bailleul, qui explique être toujours à l’affût de nouvelles espèces à cultiver dans les collections. « C’est une quête continuelle, qui est rendue possible grâce aux Index, à des chercheurs et chercheuses, des récoltes, des jardins botaniques ou encore des fournisseurs spécialisés », conclut-il.

This article is from: