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ZOOM SUR LES INSECTES DU NUNAVIK
• PAR ANNIE LABRECQUE
À l’arrivée de l’été, des jeunes du Nunavik capturent des insectes, qui sont de précieux témoins des changements climatiques pour les entomologistes. Rencontre avec Siaja Parceaud-May.
Aux alentours du village de Kuujjuaq, où elle habite, Siaja remarque que les insectes arrivent plus tôt et restent plus longtemps qu’auparavant. L’été dernier, dans le cadre du projet Sentinelles du Nunavik, elle s’est affairée à capturer, identifier et conserver près de 400 spécimens pour documenter la biodiversité entomologique du Nunavik: moustiques, libellules, mouches, papillons… Tous ces insectes sont ensuite envoyés à Montréal pour permettre aux chercheurs de mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur la diversité entomologique. Siaja ayant toujours aimé les insectes, elle est très reconnaissante d’avoir eu cette opportunité. Les jeunes Sentinelles sont formées pendant cinq à sept jours par une petite équipe de l’Insectarium qui fait le voyage dans le Nord pour leur apprendre, entre autres, à attraper les insectes, à se servir de l’équipement et à fixer doucement les ailes d’un papillon.
La jeune Inuit partait collecter des arthropodes habituellement tôt le matin ou tard le soir. Mais parfois, les insectes se présentaient d’eux-mêmes. Elle se remémore une journée où elle marchait dans la pourvoirie de son père et qu’un scarabée a percuté ses lunettes. « J’aurais aimé en trouver d’autres, mais il semble qu’il y en a surtout en-dessous des souches de bois et dans la terre. J’ai été chanceuse de pouvoir en attraper un», raconte-t-elle.
Sa perception des insectes a évolué en collaborant à ce projet de science participative. «Je ne les associais pas aux changements climatiques auparavant », concède-t-elle. Elle a aussi remarqué la venue de nouvelles espèces d’araignées dans le Nord. «Il y a certaines araignées que je voyais pour la première fois. Elles sont belles : elles sont brunes ou vert pâle. »
PRÉSERVER LES SAVOIRS TRADITIONNELS
En automne et en hiver, pendant que les insectes se cachent, Siaja a poursuivi sa collaboration avec les chercheurs de l’Insectarium pour un autre projet : elle a recueilli des témoignages d’aîné.e.s de sa communauté afin de documenter les légendes et les savoirs traditionnels en lien avec le monde des insectes. Mais lorsque les beaux jours arriveront, la jeune Inuit sera heureuse de participer de nouveau en tant que Sentinelle, son travail de rêve.