PFE / La Voie Théliné - Stratégie d'accueil d'un secteur sauvegardé pour un tourisme durable

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École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier

Projet de Fin d’Étude pour l’obtention du diplôme d’État d’Architecte (DEA)

LA VOIE THÉLINÉ : STRATÉGIE D’ACCUEIL D’UN SECTEUR SAUVEGARDÉ POUR UN TOURISME DURABLE Présenté et soutenu par Hélène Esparon Sous la direction de Jean Planès

Présenté le 9 Juillet 2020 devant un jury composé de : Personnalité extérieure : Aurélie Vissac : Ingénieure matériaux, chercheuse fibres végétales et terres crues chez Amàco. Enseignant extérieur : Pierre Courtade : Architecte et enseignant à l’ENSA de Toulouse. Enseignant autre domaine d’étude : Emilie Rioust : Docteure en urbanisme et aménagements du territoire, spécialisée dans l’adaptation au changement climatique et enseignante à l’ENSA de Montpellier. Christel Corradino : Architecte, ingénieure thermicienne, spécialisée dans l’efficacité énergétique du bâtiment et enseignante à l’ENSA de Montpellier. Enseignant du domaine d’étude : Jordi Pimas : Architecte et enseignant à l’ENSA de Montpellier. Jean Planès : Architecte, paysagiste et enseignant à l’ENSA de Montpellier.


ARLES, VILLE HÉRITAGE DE L’ANTIQUITÉ FACE À UN DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE, ADOPTE UNE STRATÉGIE D’ACCUEIL POUR UN AVENIR DURABLE…

FIG 1 : Promenons nous le long du Rhône… ,2020, Hélène ESPARON.


SOMMAIRE Introduction

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I. Arles, ville héritage de l’antiquité

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1.

La naissance d’une cité prospère

2. Dimension territoriale a. Le Pays d’Arles b. Le patrimoine naturel paysager de Camargue c. Le Rhône

3. Dimension urbaine a. La ville et son héritage b. La ville et le fleuve

II. Face à un développement touristique 1.

Le tourisme a. L'activité touristique b. Les dynamiques

2. Les impacts de l’activité touristique a. Aujourd’hui b. Demain

3. La ville face à cette activité croissante

III. Adopte une stratégie d’accueil 1.

La stratégie d’accueil a. Les objectifs b. Le tourisme durable

2. Le long des berges du Rhône a. Un potentiel à exploiter b. Analyse du front fluvial

IV. Pour un avenir durable 1.

5 7 10 12 21

25 25 33

43 43 43 47

53 53 54

55

59 59 60 61

67 67 68

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Réhabilitation de la promenade : intervention linéaire

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2. Conception de lieux attractifs : interventions ponctuelles

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a. Espace Caesar b. Espace Octavius c. Espace Constantinus

3. La Voie Théliné

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Conclusion

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Lexique

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Bibliographie

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AVANT PROPOS À mi chemin dans mes études, je me suis questionnée sur la relation qu’entretenait l’architecture avec les différentes cultures de notre monde; elle en a fait l’objet de mon rapport d’étude : « L’uniformisation des cultures à travers l’architecture » ; puis cette question s’est soulignée et complétée par la suite, j’en ai alors fait le sujet de recherche de mon mémoire : « De la ville marchande à la ville marchandise : Venise »; où je traite l’un de ces facteurs uniformisant l’identité et faisant perdre la culture d’un lieu : le tourisme. L’activité touristique; définie comme étant les « activités qui produisent généralement des produits caractéristiques du tourisme » par l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme); qui touche aujourd’hui de nombreuses villes dans le monde, est vue très généralement comme étant un facteur de destruction urbaine, architecturale et sociale pour les villes qui en subissent les conséquences. Paradoxalement, cette activité tertiaire contribue aujourd’hui, pour la plupart des villes, à la plus grande partie de l’économie, et c’est même souvent, ce qui permet à la ville de continuer de « vivre ». À tout cela s’est ajouté; il y a peu de temps au détour d’une lecture au hasard1; la question des lieux sauvegardés, du patrimoine protégé, à propos des lieux classés par l’Unesco. Les lieux deviennent célèbres, voient leurs sols foulés par des milliers de personnes, toutes venues d’ici et d’ailleurs, mais se voient également dégradés, saturés, puis codés ou fermés. En effet, les lieux dans l’incapacité à recevoir tant de monde, ne sont pas préparés et se retrouvent alors pour certains injustement muséifiés ou même fermés, provoquant la perte de leur authenticité, de leur culture, parfois de leur population et inévitablement donc de leur identité culturelle, naturelle et urbaine. Favorable ou défavorable, le tourisme et son activité sont aujourd’hui présents dans notre société, plus qu’hier et un peu moins que demain. Ce sont des sujets à traiter, à questionner et à prendre en compte par nous, architectes, pour nos villes de demain, pour s’assurer de leur bon fonctionnement et de leur bon développement en phase avec les enjeux actuels et à venir.

1Tourisme

durable ; faut-il des quotas pour préserver les sites touristiques ?, 8 octobre 2019, www.tourmag.com


FIG 2 : Un cheminement à travers mon esprit, 2020, Hélène ESPARON.


Introduction

FIG 3 : Repérer la ville d’Arles à l’échelle nationale, 2020, Hélène ESPARON. 1


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Introduction Dans le sud de la France, en Provence, la petite ville d’Arles s’est développée au fil des siècles grâce à sa notoriété qui lui a permise au fil du temps d’accumuler de nombreuses richesses, tant paysagères qu’urbaines et culturelles. Ces diverses richesses reconnues au Patrimoine Mondial des bien culturels par l’Unesco, lui ont valu la mise en place, en 1993, d’un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) de tout son centre ancien; là où s’est formée la ville au temps de l’antiquité; et depuis 2007 d’une extension de ce PSMV qui comprend ses abords. La petite ville provençale se voit alors dès 1993 dotée d’un secteur sauvegardé qui allait inévitablement influencer son développement. Reconnue, valorisée et célèbre par son patrimoine inscrit, mais également par les nombreux évènements culturels qu’elle proposera au fil du temps, Arles, aujourd’hui en plein essor, voit son activité touristique s’accroitre d’années en années et les visiteurs venus du monde entier fouler les sols historiques de sa ville antique. Héritage du fondement de cette ville, le centre historique d’Arles concentre les lieux d’intérêts des habitants, mais également ceux des touristes venus passer quelques temps. Dense et très sollicitée toute l’année par ses habitants et en saison estivale par les visiteurs, rien n’a été mis en place afin de préparer ce lieu à recevoir de la foule. Le secteur sauvegardé d’Arles pourrait alors dès aujourd’hui connaitre certains bouleversements liés à cette activité touristique et en subir les lourdes conséquences si celle-ci s’accroit dans les années à venir. De ce fait, il m’a semblé intéressant et important de réfléchir à comment trouver une alternative afin de conserver cette activité, essentielle dans notre société actuelle, tout en contribuant à préserver l’identité et le charme historique de la ville. Il s’agit alors de préserver le patrimoine urbain, culturel et naturel du secteur sauvegardé d’Arles des conséquences que pourrait engendrer le tourisme. Mais cela ne serait possible s’il ne s’agissait également d’être à l’écoute du lieu, de ses habitants et de réfléchir à de nouvelles alternatives et perspectives pour améliorer le développement de l’activité touristique au sein du secteur sauvegardé. Comment préserver le secteur sauvegardé d’Arles des bouleversements que pourrait causer l’activité touristique à long terme ? Il existe très certainement de nombreuses réponses à cette question; mais la réponse qui m’a semblé la plus pertinente à traiter et que j’ai choisi de développer à travers ce projet de fin d’étude est : de préparer le lieu à recevoir du tourisme. Mais cela comprend également le fait d’éduquer inconsciemment ce tourisme, de l’aider à mieux appréhender la ville, à le préparer à une visite plus respectueuse de l’environnement inconnu dans lequel il va arriver.

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Il s’agit alors de mettre en place une stratégie d’accueil, pour le secteur sauvegardé d’Arles, en re-qualifiant et en concevant des lieux aptes à recevoir, à transmettre et à partager. Des lieux répondant aux besoins touristiques, mais également à ceux des habitants; des lieux permettant d’assurer une transition douce entre le monde extérieur, qui possède ses propres caractères, bien souvent différents de la ville qu’il va visiter, et la ville; des lieux qui introduisent une nouvelle forme de tourisme dans la ville, un tourisme durable. Mais il s’agit également de recréer ce lien qui n’existe plus aujourd’hui, le lien qu’entretenais Arles avec son territoire, avec son histoire. Renouer avec le monde extérieur comme l’Arles d’autrefois l’était, l’Arles qui se prénommait Théliné2 . Il s’agit de concevoir et créer la Voie Théliné, comme un élément liant, lieu de transition, entre l’extérieur et l’intérieur, le touriste et l’habitant, le Rhône et la ville (…). Nous allons répondre à ce questionnement à travers quatre parties; tout d'abord nous allons apprendre à connaitre l'identité d’Arles, en découvrant brièvement son histoire, en s’informant sur l’échelle territoriale dans laquelle elle s’ancre, et en se penchant sur son développement autour de son héritage antique à une échelle urbaine. En seconde partie nous étudierons la ville face au tourisme, en s’attardant sur la place que prend le tourisme dans la ville, en découvrant quels sont les dynamiques qui favorisent le développement de cette activité, quels sont ces impacts aujourd'hui et ce qu’ils pourraient représenter à l’avenir, et enfin comment la ville réagit face à cette activité croissante. En troisième partie, nous expliquerons la stratégie d'accueil mise en place dans le cadre du projet, en présentant les différents objectifs ainsi que son lieu d’implantation. Enfin, en dernière partie, nous présenterons partiellement le projet, la Voie Théliné, comme l'aboutissement des recherches menées.

Pour conclure cette plaquette, nous mettrons en perspective tout ce que ce travail de fin d’étude à représenté, représente et pourrait représenter à l’avenir.

Premier nom donné à la ville d’Arles. Vient du grec signifiant nourricière et qui suggère des liens, liens qu’Arles entretenait autrefois, au temps de l’Antiquité, avec le bassin méditerranéen. 2

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I. Arles, ville héritage de l’antiquité 1.

La naissance d’une cité prospère

Isolée au milieu des marais et dernière éminence avant la mer, la modeste colline que fut au temps de la préhistoire Arles, attira l’homme. Même si l’agglomération actuelle n’a jusqu’à ce jour retrouvée aucuns vestiges préhistoriques, ce sont les nombreux sites alentours, notamment les Hypogées de Fontvieille3 (située à 10km d’Arles), qui ont témoignées de la présence d’une brillante civilisation à cette époque. Il eu existé deux noms successifs pour Arles, qui permettent d’en apprendre un peu plus sur son histoire. Le premier fut celui de Théliné, qui signifie dans la langue grecque « la nourricière » et qui suggère des « liens », liens qui pouvaient très certainement être commerciaux avec la cité phocéenne voisine, Marseille, ou encore avec les navigateurs Phéniciens, qui étaient très présents à l’époque. En effet, son positionnement géographique, au bord de la mer Méditerranée et au bord du fleuve du Rhône, lui était favorable au développement d’un commerce fluvial et maritime. Avec la fondation de Marseille (600 av. J.-C.), la ville s’organise vers la fin du Ve siècle av. J.-C. d’abord en emporion4 grec, puis en colonie appelée Théliné. Arles présentait alors une urbanisation de type hellénistique : des constructions en briques de terre crue montées sur des solins de pierres sèches et implantées selon une trame de quadrillage. La cité pris ensuite le nom d’Arelate, signifiant la ville « près des marais », lors de la poussée celte du début du IVe siècle av. J.-C. où elle tombe sous l’emprise autochtone. Au cours du Ier siècle av. J.-C., les romains, conduits par Jules César, s’installent en province pour envahir la Gaule, c’est à ce moment là qu’Arles deviendra une cité romaine prospère. La cité phocéenne voisine, Marseille, refusant de prendre parti pour le général romain, entra en conflit avec lui lors de la guerre civile en 49 av. J.-C. Jules César se rapprocha alors de la cité d’Arles pour y faire construire des vaisseaux de guerre qui lui permettrons de gagner sa bataille contre Marseille. Reconnaissant de l’aide apportée dans cette lutte, César décida de récompenser la ville et chargea le général Tibérus Claudius Néro d’y fonder la colonie romaine d’Arles et d’y établir les vétérans de la VIe légion. Compromise à un certain moment par l’assassinat de César en 44, la cité trouve un nouvel élan grâce à Octave, le futur empereur Auguste. Engagé dans sa marche vers le pouvoir, il fait d’Arles une colonie privilégiée de droits romains. Arles bénéficiera alors, pendant presque trois siècles, de plusieurs plans d’urbanismes successifs au cours desquels elle s’embellira de ses nombreux monuments et deviendra une cité opulente. Les Hypogées de Fontvieille, plus anciennement qualifiées d’Hypogées d’Arles, sont des tombes collectives répondant parfaitement à la définition d’hypogée, c’est à dire, entièrement creusé dans le sol. 3

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En grec ancien, le mot emporion désigne un port de commerce. 5


Ces changements ont totalement bouleversé la structure de l’agglomération pré-romaine. L’espace urbain est désormais parcellisé par un quadrillage orthogonal, dont la trame détermine, dès l’origine, les implantations des monuments publics. Cette première urbanisation romaine, dite Augustéenne, façonnée tout à l’image de Rome, voit la construction entre autre d’une enceinte fortifiée, d’un forum au centre qui est un lieu de réunion et de démocratie, autour duquel sont construits des édifices semblables à ceux de la ville italienne, dans leur forme et leur fonction, d’un théâtre (…). Les édifices publics sont alors le siège de la diffusion de la culture romaine et l’architecture publique l’expression de l’idéal romain. À la fin du Ier siècle ap. J.-C., la prospérité économique de la colonie suscite une vigoureuse expansion urbaine. L’enceinte primitive, au rôle plus prestigieux que défensif, est pour partie abandonnée pour servir à la construction d’un grandiose amphithéâtre; de nouveaux quartiers apparaissent, notamment au sud-est, en rive droite, à Trinquetaille, relié par un ingénieux pont de bateaux (…). Ainsi à la fin du Haut-Empire, Arles est somptueusement dotée de tous les équipements et services dignes de la cité importante qu’elle est devenue. L’activité maritime et commerciale des Arlésiens, jointe aux richesses de son terroir, stimulent et entretiennent cette remarquable prospérité. La ville connaitra vers le milieu du IIIe siècle, une série de troubles et d’évènements dûs à une période de forte insécurité et d’anarchie, mais grâce au dynamisme de son économie, elle réussira à surmonter les séquelles de ces crises. Au fil de l’histoire, d’autres illustres personnages contribueront à l’essor de la ville, comme Constantin Ier qui fait entreprendre des travaux et convoque le premier concile chrétien. La ville acquiert ainsi le statut de capitale politique, religieuse et économique et continuera tout au long du Vème siècle à s’épanouir, contrairement à de nombreuses cités gauloises.

FIG 4 : Plaine du Trébon au XVIIe siècle, Antoine BOREL, www.patrimoine.ville-arles.fr 6


2.

Dimension territoriale

FIG 5 : Échelle territoriale de la ville d’Arles, 2020, Hélène ESPARON. 7


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2. Dimension territoriale

51 000 hectares

114 000 hectares

FIG 6 : Arles au sein d’un riche territoire, 2020, Hélène ESPARON. 9


a. Le Pays d’Arles À l’échelle territoriale, Arles fait partie intégrante du Pays d’Arles (limité en orange sur les cartes p.9-10-11) organisé dans une dimension de territoire de projet par la structure juridique le Pôle d’Équilibre Territorial Rural (PETR). Un « pays » est un territoire caractérisé par une cohésion géographique, économique, culturelle et sociale; c’est un lieu d’action collective qui fédère des communes, des groupements de communes, des organismes socioprofessionnels, des entreprises, des associations autour d’un projet commun de développement durable. « L’échelon Pays d’Arles constitue un outil territorial de coopération infra et supra territorial qui favorise la mise en cohérence des politiques publiques au service des collectivités et de ses habitants. Le développement du territoire s’articule autour de la notion d’intelligence territoriale par la rencontre des notions de projets, des réseaux d’acteurs, de l’innovation et de la proximité. La dynamique consiste à associer les forces vives autour de savoirs partagés pour une connaissance et un apprentissage collectifs du contexte, de la conjoncture et des enjeux du territoire. À ce titre, travailler ensemble nécessite un accompagnement qui relève de l’animation, de la fabrication du lien et de la mobilisation de connaissances qui est porté par l’ingénierie territoriale (animateurs du développement local, chargés de missions, techniciens de bureaux d’étude…). Le PETR a pour objectif de faciliter la recherche de synergie et assure le suivi, l’infirmation et la communication des projets dans leur réalisation. Il anime et coordonne les contrats et les dispositifs en accompagnant les partenaires et acteurs du territoire. » 5

Le Pays d’Arles regroupe environ 171 684 habitants en 20176 sur un vaste territoire de 203 100 hectares, dont 70% sont situés dans les Parcs naturels régionaux de Camargue et des Alpilles. Il regroupe 3 intercommunalités : la Communauté d’Agglomération d’Arles-CrauCamargue-Montagnette, dans laquelle Arles se situe, la Communauté de commune Vallée des Baux-Alpilles et la Communauté d'Agglomération Terre de Provence. S’étendant entre la mer Méditerranée, le Rhône et la Durance, le Pays d’Arles jouit d’une situation exceptionnelle sur l’axe nord/sud et possède un extraordinaire patrimoine naturel, culturel et urbain façonné par un long passé géologique, historique et humain. Le territoire s’ancre autour des savoirs-faire et des initiatives individuelles et collectives de ceux qui vivent, qui font et qui aiment le Pays d’Arles. Le territoire rassemble des sites internationalement reconnus comme Arles, les Baux-deProvence, Saint-Rémy-de-Provence mais également les paysages emblématiques de la Camargue, des Alpilles et de la Montagnette, de la Crau, du Comtat, et de Val de Durance. Ces terroirs façonnés par la géographie sont entretenus et préservés par la main de l’homme : ils constituent de grandes zones homogènes d’un point de vue agricole et paysager et font référence aux productions dominantes de type riziculture, céréaliculture, oléiculture, élevage, maraîchage, viticulture…

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Tiré du site www.pays-arles.org

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Donnée 2017 de l’INSEE. statistiques-locales.insee.fr 10


Le territoire s’est développé autour d’un réseau de proximité de villes et villages dont Arles, ville centre qui joue le rôle de « capitale » du fait de son rayonnement culturel et touristique et de la présence de services et équipements structurants, établissements d’enseignements supérieurs, centre hospitalier, sous-préfecture, chambre de commerce et d’industrie du Pays d’Arles (…). La richesse de son histoire, la diversité de son patrimoine et sa biodiversité sont autant d’atouts sur lesquels le Pays d’Arles fonde son développement et sa capacité d’innovation. Quelques chiffres - Les intercommunalités du Pays d’Arles Les intercommunalités du Pays d’Arles présentent des caractéristiques différentes de par leur positionnement, leur population (…). Les graphiques montrent ces différences au niveau du nombre d’habitants, du nombre d’établissements commerciaux et salariés, du nombres d’industries et salariés ainsi que le nombre d’établissements liés au services et le nombre de salariés. En bleu sont représentées les données liées à la Communauté d’Agglomération Arles-Crau-CamargueMontagnette, en marron celles de Terre de Provence Agglomération et en vert celles de la Communauté de Commune Vallée des Baux Alpilles.

FIG 7 : Comparaisons des intercommunalités du Pays d’Arles. Données tirés de la CCI Pays d’Arles, 2019. Il est assez simple de constater, grâce aux graphiques, que la Communauté d’Agglomération Arles-CrauCamargue-Montagnette (en bleu) se place largement en tête des deux autres intercommunalités. Cela est très certainement dû à sa superficie supérieure aux autres, mais également au riche patrimoine qu’elle possède et qui la rend plus beaucoup plus attrayante. 11


b. Le patrimoine naturel paysager de Camargue Le Pays d’Arles est caractérisé par la présence d’une diversité de milieux, il se compose de nombreux espaces naturels protégés (Natura 2OOO7 , réserve de biosphère, sites classés et inscrits(…)) témoins d’un territoire à caractère rural et à forte valeur environnementale. Mais également par la forte présence de l’eau entre le Rhône et la mer Méditerranée. Nous allons ici nous intéresser aux paysages de la Camargue qui justifierons une grande richesse environnementale et soulignerons l’importance de l’eau au sein du Pays d’Arles. Le Rhône et la mer Méditerranée dessinent des paysages sous l’influence de l’eau douce ou salée. La formation du delta du Rhône et sa perpétuelle évolution au cours des siècles ont façonné un paysage spécifique, caractérisé par l’absence de relief important. Le point culminant du delta se trouve à 4 mètres au dessus du niveau de la mer, son point le plus bas à 1,5 mètres en dessous. La diversité des facteurs naturels (eaux saumâtres, eaux douces, soleil, vent) permet de distinguer deux grandes zones paysagères : LA CAMARGUE FLUVIO-LACUSTRE : TÊTE DU DELTA ET ROYAUME DE L’EAU DOUCE Les nombreuses divagations du fleuve y sont soulignées par un maillage de larges bourrelets alluviaux édifiés au fil des débordements et qui enferment des dépressions marécageuses (marais du Scaphandre, de la Grande Mar, du Vigueirat). En raison de la proximité de l’eau douce, ces bourrelets étaient le domaine de la forêt, mais depuis l’antiquité, l’homme y a installé, à l’abri des inondations, ses cultures, pâturages, habitations et voies de communication. Les dépressions humides sont, elles, colonisées par le roseau. Les capacités d’irrigation et de drainage développées au fil des siècles ont permis d’étendre les cultures, notamment les rizières, aux zones de pelouses puis aux parties basses marécageuses.

FIG 8 : Marais du Vigueirat, 2020, Hélène ESPARON.

Outils fondamentaux de la politique européenne de préservation de la biodiversité, les sites Natura 2000 visent une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité dans les activité humaines. www.natura2000.fr 7

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LA CAMARGUE LAGUNO-MARINE : PARTIE CENTRALE DU DELTA SOUS L’EMPRISE DU SEL Façonnée par les incursions marines, la Camargue laguno-marine est sous l’emprise du sel. Mosaïque de lagunes, immense, peu profonde (1 mètre environ) et de sansouïres8 s’étendant à perte de vue, elle possède une physionomie caractéristique, sauvage et attrayante (au Phare de la Gacholle notamment). L’altitude y est très faible (le point culminant est de 15 mètres à l’Espiguette), parfois inférieure au niveau de la mer. Son étendue a donc, par le passé, beaucoup fluctué avec celui-ci. La Camargue laguno-marine est le siège de conditions écologiques extrêmement variables, surtout d’un point de vue hydrologique, que les Salins de Giraud et d’Aigues-Mortes ont fortement atténué par la conversion des lagunes en bassins successifs de concentration du sel. L'étang du Vaccarès (6 300 ha) et ses marais périphériques, assurent la transition entre la Camargue fluvio-lacustre et la Camargue laguno-marine.

FIG 9 : Étang du Vaccarès, 2020, Hélène ESPARON.

La répartition des milieux naturels et la localisation des activités humaines en Camargue, sont soumises à trois paramètres physiques naturels : l’eau en termes de quantité, de rythme et de qualité; le sel sous forme dissoute ou minérale; la topographie couplée avec la texture des sols. Ces trois paramètres conditionnent et formes la répartition des espèces sauvages en groupement ou en association pour former des milieux naturels caractéristiques. L’étendue de la Camargue reste une de ses caractéristique majeure. Elle permet la présence de grands ensembles. C’est un élément écologique fondamental pour l’implantation de nombreuses espèces animales et qui accroit considérablement la capacité d’accueil des milieux. De plus, la juxtaposition de milieux différents sur un grand espace constitue un très fort interêt, notamment pour l’avifaune9. Ainsi la présence des milieux naturels du delta du Rhône est largement conditionnée par l’histoire agricole de la Camargue et donc l’aménagement foncier qui en découle. Nous allons ici voir les différents milieux existants. Les sansouïres apparaissent dans les zones de delta, sous l’influence de la nappe d’eau salée. La sansouïre est un milieu limoneux stérile couvert d’efflorescences salines, inondables, recouvert de salicornes, de soudes et de saladelles (…). zones-humides.org 8

Ensemble des espèces d’oiseaux d’une région donnée. L’avifaune comprendre des espèces sédentaires et des espèces saisonnières. www.larousse.fr 9

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LE LITTORAL

Entièrement sableux, il s’étend sur 95 km entre le Grau-du-Roi et Fos-sur-Mer. Son tracé a beaucoup bougé au fil des siècles. Ses sinuosités et sa largeur variable témoignent d'une érosion forte mais inégalement répartie. La pointe de Beauduc à l’est et celle de l’Espiguette à l’ouest, sont des lieux de dépôts de sédiments. La plage peut y atteindre un kilomètre de large. Au contraire, le littoral de Salin-de-Giraud et des SaintesMaries-de-la-Mer tend à reculer. Par endroits, les incursions marines ont ménagé dans le littoral d’étroites voies d’eau naturelles vers les lagunes intérieures. Ces « graus » sont d’une grand importance pour de nombreux poissons marins qui viennent grandir dans les lagunes. FIG 10 : Pointe de Beauduc, 2020, Hélène ESPARON.

LES DUNES

Elles ont deux origines, fluviales et marines. Celles érigées par le Rhône ont pratiquement disparu, arasées pour les besoins de l’agriculture. Le bourrelet lunaire littoral, est, lui, mouvant et attaqué par les tempêtes d’autant plus souvent que le niveau de la mer s’élève. Les dunes marines situées à l’intérieur sont relativement protégées, et peu mobiles car fixées par la végétation (tamaris, pins). Malgré une apparence très aride, chaque dune retient en son coeur une réserve d’eau douce qui permet à une flore riche et colorée de croitre.

FIG 11 : Dunes étang de Galabert, 2020, Hélène ESPARON. 14


FIG 12 : Carte touristique du parc de Camargue, Parc Naturel Régional de Camargue, www.parc-camargue.fr Cette carte proposée par le Parc Naturel Régional de Camargue est destinée aux touristes, aux visiteurs (…) qui souhaitent parcourir le Parc Naturel Régional de Camargue. Il est renseigné les différents sites de découverte, les promenades à cheval, les sentiers possibles, les hébergements (…), mais également les différentes villes à proximité, les plages, les différents milieux (marais, plages, étangs…). 15


Il est assez simple de se repérer grâce aux couleurs, aux annotations (…) de la carte qui la rend ludique. Les lieux mis en perpective permettent de se rendre compte de leur importance et de leur place. Il est annoté les différents offices du tourisme par le biais du logo, les différents « points de vue » (…).

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LES LAGUNES

FIG 13 : Étang de Galabert, 2020, Hélène ESPARON.

Ce sont des étangs saumâtres peu profonds ayant de nombreuses communications entre eux et autrefois avec la mer. Le plus bel ensemble lagunaire est celui de l’étang de Galabert situé au sud de l’étang du Vaccarès. Le vent joue un rôle considérable dans les variations, fréquences, de niveau d’eau et de salinité de ces étangs. Soufflant du nord (mistral), il remplit les étangs inférieurs avec l’eau peu salée du Vaccarès. S’interrompant ou soufflant du sud (marin), le vent permet le reflux de ces eaux vers le nord dans un mouvement de bascule qui s’accompagne d’un dessalement du Vaccarès.

LES SANSOUÏRES

Ces steppes rougeoyant à l’automne sont peuplées de plantes adaptées aux milieux salés. Ces plantes tempèrent les effets du sel sur leur organisme en se gorgeant d’eau, d'où l’aspect charnu de leur rameaux. Salée, desséchée en été et inondée l’hiver, la sansouïre est un milieu contraignant. Elle est floristiquement pauvre mais d'une grande originalité tant paysagère que biologique. En Camargue, les plus belles étendues sont aujourd’hui protégées.

FIG 14 : Sansouïre de Camargue, 2020, Hélène ESPARON.

LES MARAIS

FIG 15 : Étang du Vaccarès, 2020, Hélène ESPARON.

Ces milieux, généralement alimentés en eau douce ou peu salée par un réseau de canaux, possèdent une physionomie variée. Les plus profonds, autour des grands étangs (par exemple Vaccarès), sont dominés par le roseau, leur intérêt est surtout ornithologique (canards en hiver, hérons et passereaux au printemps). S'il est moins profond, le marais est colonisé par les iris, les joncs, ou s'il s’assèche fréquemment par une flore très remarquable adaptée aux contrastes hydriques. 17


LES PELOUSES

Ces pâturages autrefois étendus ont beaucoup régressé avec le développement de la riziculture. Ils sont actuellement petits et très morcelés. Leur richesse floristique est importante. Là où elles subsistent, les pelouses contribuent magnifiquement à la qualité des paysages camarguais : floraison de narcisses en hiver, de pâquerettes au printemps, de saladelles en été.

FIG 16 : Marais du Vigueirat, 2020, Hélène ESPARON.

LES FORÊTS

FIG 17 : Fôret de Camargue, 2020, Hélène ESPARON.

Les boisements ne couvrent que 3% de la superficie du delta. Ils devaient être beaucoup plus étendus autrefois bien que limités par la salinité des sols. La forêt de feuillus se cantonne aujourd’hui le long des bras du Rhône : bras actifs du grand et du petit Rhône, mais aussi bras morts tels que celui de Saint Ferréol au nord. Située à proximité du fleuve, elle est inondable, exubérante et dominée par le peuplier blanc et un sous-bois riche en arbustes. La forêt de petite Camargue est toute différente, installée sur les sables et les dunes et composée essentiellement de résineux (pins, pignons).

Zone humide d’importance exceptionnelle, la Camargue, unique delta Français de cette ampleur, se distingue en Europe par la richesse biologique de ses écosystèmes. Située dans l’axe de migration des oiseaux du nord de l’Europe vers l’Afrique, elle forme un relai vital pour l’avifaune. La Camargue est une halte migratoire majeure pour les canards et les oiseaux (plus de 150 000 oiseaux y transitent chaque années). Elle accueille de nombreuses espèces animales et végétales dont certaines sont emblématiques du territoire. De par sa richesse et son existence unique, la Camargue participe pleinement à l’identité culturelle du Pays d’Arles, et ainsi de la ville d’Arles.

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Observatoire de la Palunette

Marais du Vigueirat

Marais du Vigueirat

Étang du Vaccarès

Parc Naturel de Camargue

Étang de Galabert

Étang de Galabert

Étang de Galabert 19


Flore de Camargue

Flore de Camargue

Flore de Camargue

Flore de Camargue

Étang de Galabert

Étang de Galabert

Rizière

Château de Tourvieille

FIG 18 : Mosaïque des différents milieux de la Camargue, 2020, Hélène ESPARON. 20


c. Le Rhône Sauvage et de nature torrentiel, caractérisé par une forte pente, le Rhône est un des principaux cours d’eau d’Europe et le plus puissant fleuve français. Fleuve majestueux, il offre, malgré ses nombreux aménagements, le spectacle permanent d'une nature physique mouvante. Élément important du Pays d’Arles, facteur essentiel au bon développement de l’écosystème, agricultures (…) du territoire de Camargue; il participe activement à la richesse naturelle, culturelle et urbaine de la ville d’Arles. En effet, il a permis à la ville de développer, au temps de l’antiquité, un commerce fluvial et naval qui ont valu d’attirer l’oeil romain, et ainsi de devenir une cité prospère. Traversant la ville d’Arles, il est devenu aujourd’hui un patrimoine naturel à conserver et à mettre en valeur; de nombreuses vues, tout au long des berges du Rhône d’Arles, ont été classé à sauvegarder. Apprenons en un peu plus sur lui… LA DESCENTE DU RHÔNE Le Rhône prend sa source en Suisse à 2 200 mètres d’altitude dans le massif du St Gothard au coeur d’un glacier, au fond de la vallée de Gletsch, aux confins du Valais. C'est un torrent puis un cours d’eau de montagne aux eaux de jade ou aux sombres reflets de fer qui coule dans la vallée suisse, traversant Sion, capitale du Valais, puis cheminant jusqu’à Martigny à la confluence avec la France. Là, en un brusque coude il bifurque, pour se diriger vers le Léman, sa première embouchure. Après Genève, le Rhône reçoit l’Arve. Jusqu’à Lyon, il sillonne dans des gorges, entre les reliefs du Jura et des Alpes, il franchit le flanc oriental du Jura par la cluse de Bellegarde et l’imposant barrage de Génissiat, puis gagne les plaines. Après le canal de Savières, coulant entre massif du Bugey et plateau calcaire de l’île Crémieu près des grottes de la Palme, il est rejoint par la rivière d’Ain. Enfin à Lyon, il bifurque vers le sud avant d’accueillir la Saône son principal affluent, son prolongement vers l’Europe septentrionale, à tel point que l’on parle d’axe Rhône-Saône. Le Rhône coule dans sa vallée, entre Alpes et Massif Central, direction la Méditerranée, sa seconde embouchure après celle du Léman. Il reçoit l'Isère, la Drome puis la Durance en rive gauche, l’Ardèche, la Cèze et le Gardon en rive droite. Il franchit une série de défilés taillés depuis l’ère tertiaire dans le rebord du Massif Central, s'étire au pied des coteaux. Après le défilé de Donzère aux falaises calcaires, le Rhône rejoint la Provence et coule dans une large plaine. Il finit sa course dans la Méditerranée, après s’être divisé à l’entrée d’Arles en deux bras : le Petit et le Grand Rhône formant un delta. UN RÉGIME HYDRAULIQUE COMPLEXE Sur l’ensemble de son linéaire, le Rhône reçoit trois familles d’affluents aux climats variés; Au nord, le réseau hydrographique de la Saône alimenté par des pluies d’origines océaniques, en automne et en hiver; À l’est, les affluents alpins approvisionnés par les glaciers et la fonte des neiges au printemps; et au sud, le climat méditerranéen entraine des étiages marqués et des crues importantes en automne. 21


LES TYPES DE CRUES DU RHÔNE Les 4 types de crues du Rhône sont; Océaniques, avec un rôle prépondérant de la Saône; Méditerranéennes marquées par une forte contribution des affluents méditerranéens de rive gauche comme la Durance; Cévenoles avec les affluents méditerranéens de rive droite : l’Ardèche, la Cèze, le Gardon; et Généralisées, comme celle de 1856 ou plus récemment en 2003, elles conjuguent les trois types de crues avec risques de véritables catastrophes naturelles. L’AVENIR DU RHÔNE Le Rhône a été modifié par les aménagements du XIXe siècle avec les casiers et digues Girardon. Sa canalisation réalisée au XXe siècle sur plus de 300 km a diminué les débits de l’ancien cours, les Vieux-Rhône. Ses paysages ont été bouleversés. Hormis par l’intervention de l’homme ces derniers siècles, son parcours n’a pas fondamentalement changé durant des millénaires. Mais aujourd’hui, on constate des effets du changement climatique sur son cours; avec le recul du glacier du Rhône estimé à 2 km depuis 1850, la baisse de son débit, un réchauffement de ses eaux (…), l’avenir du Rhône, le plus puissant fleuve de France, est préoccupant.

À l’échelle du Pays d’Arles, de nombreuses villes bordent le Rhône comme Villeneuve-lèsAvignon, Avignon, Vallabrègue, Beaucaire, Tarascon, Fourques (…) et certaines sont même traversées comme c'est le cas pour la ville d’Arles. Au vu de ses nombreuses crues, les villes ont du se protéger des nombreuses inondations, pour cela elles ont entrepris des travaux pour la mise en place de digues. Nous verrons un peu plus tard, l’évolution du rapport frontal entre le Rhône et la ville d’Arles.

FIG 19 : La ville d’Arles face au Rhône, 2020, Hélène ESPARON. 22


FIG 20 : Un développement autour du centre ancien, 2020, Hélène ESPARON. 23





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3. Dimension urbaine Quittons l’échelle territoriale pour se rapprocher d’un peu plus près de la ville d’Arles. Arles commune d'environ 52 548 habitants en 2017 (selon le recensement de l’INSEE) dont la zone urbanisée fait 758,9 km2, s’est développée au fil du temps autour de son centre ancien, héritage de l’antiquité. Nous allons la découvrir à travers deux points différents : la rapport qu’elle entretient avec son héritage, le centre ancien, et comment elle s’est développée avec; puis la relation qu’elle entretient avec le Rhône, qui détient une place et un rôle important au sein du Pays d’Arles, comme nous avons pu le voir.

a. La ville et son héritage Le règne d’Auguste a marqué la construction de monuments emblématiques qui sont aujourd’hui les vestiges gallo-romains les plus impressionnants que ce soit par leur taille, leur vocation, ou leur état de conservation. Toutes ces richesses, concentrées dans le centre ancien, centre politique et religieux depuis l’antiquité, constituent l’héritage de la ville aujourd’hui. Nous allons d’abord voir le rapport que la ville entretient avec son héritage, le centre ancien; puis son développement autour de celui-ci. LE CENTRE HISTORIQUE

Fig 21 : Plan général de la ville d’Arles et de son faubourg 1842, G. Véran, Archives municipales.

La renommée et la richesse d'Arles lui ont valu d'être qualifiée comme étant la plus belle ville du monde méditerranéen par l’Unesco. Ses monuments ont été classé au patrimoine 25


mondial des biens culturels, de plus, de nombreuses réglementations ont été mises en place afin de sauvegarder cet héritage. Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur Un Plan de Sauvegardes et de Mise en Valeur est une mesure de protection pour la sauvegarde des centres historiques et plus largement d’ensembles urbains d’intérêt patrimonial. C’est le document d’urbanisme de référence qui règle les autorisations administratives (permis de construire et de démolir, autorisation de travaux) pour le secteur sauvegardé d’Arles, soit le centre ancien et ses alentours.10

Permettre le développement du centre ancien tout en préservant et valorisant son patrimoine architectural, c’est l’objectif du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du secteur sauvegardé. Ce document a été approuvé le 18 avril 2018 par arrêté préfectoral. Les enjeux ne sont pas seulement d’ordre architectural : il s’agit de conserver et promouvoir un atout culturel et touristique majeur d’Arles, son coeur de ville, autour des monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Depuis longtemps, Arles ne considère pas son patrimoine comme une charge ou une contrainte mais, tout au contraire, comme un atout majeur de son développement et son rayonnement. Le patrimoine et, plus largement, le cadre de vie, constituent un bien collectif d’une valeur irremplaçable. Décider de conserver, transformer, effacer, valoriser le bâti ou les espaces urbains, permettre le développement, préserver une vie sociale équilibrée et harmonieuse, sont des enjeux majeurs de notre société. En 1993, Arles a choisi de doter son centre ancien d’un secteur sauvegardé. Niveau le plus abouti du droit de l’urbanisme, cet outil réglementaire a permis l'évolution de quartiers anciens du centre ville tout en préservant architecture et cadre bâti, dans une démarche qui associe la sauvegarde et la mise en valeur. À partir de 2007, la Ville et l’État se sont engagés dans le projet d’extension et de révision du secteur sauvegardé. Extension pour inclure une partie des abords immédiats des monuments qui ont justifié l’inscription d'Arles au patrimoine mondial par l’Unesco. Révision pour préciser, affiner et adapter les règles posées 15 ans plus tôt. Les exigences en matière de confort, mais aussi celles en matière de maitrise des énergies ont changé. L’apparition de nouveaux matériaux, la maitrise de techniques différentes ouvrent ainsi de nouvelles perspectives. La superficie de ce secteur sauvegardé est de 92 ha.

Fig 22 : Extrait graphique du PSMV d’Arles, Commune d’Arles, www.ville-arles.fr 10

Définition du PSMV par la ville d’Arles, www.ville-arles.fr 26


FIG 23 : Le secteur sauvegardé de la ville d’Arles et son urbanisation, 2020, Hélène ESPARON. 27





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Le patrimoine mondial des biens culturels de l'Unesco Le patrimoine mondial ou patrimoine mondial de l'Unesco désigne un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité, actualisé chaque années depuis 1978 par la comité du patrimoine mondial de l’Unesco.11

Ici, nous nous intéresserons au patrimoine culturel de la ville d’Arles Selon la convention de l’article 112 du patrimoine mondial, sont considérés comme patrimoine culturel : Les monuments : oeuvres architecturales, de sculpture ou de peintures monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d’éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l'art ou de la science. Les ensembles : groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science. Les sites : oeuvres de l’homme ou oeuvres conjuguées de l'homme et de la nature, et zones incluant des sites archéologiques, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. Petit portrait du centre antique D’un charme pittoresque, le tissu urbain du centre ancien est très dense. On déambule dans de petites ruelles, entre commerces, cafés, restaurants, places, monuments, logements (…), en s’y perdant facilement. Le mobilier urbain et les espaces verts sont quasiment inexistants, il est donc difficile de trouver un endroit pour s’arrêter, lire un livre, s’asseoir, se reposer au sein du centre ancien (…) DÉVELOPPEMENT AUTOUR DU CENTRE

La ville s’est petit à petit développée autour de son centre historique, en s’organisant par quartiers. On en compte aujourd’hui 7 différents, qui ont tous des particularités différentes13 . On y retrouve divers services comme l’hôpital dans le quartier Fourchon, le plus au sud; le nouveau musée Arles Antique dans le quartier Barriol longeant le Rhône; mais également une zone industriel, plus au nord, dans le quartier Trébon, où des constructions sont encore en cours; et enfin, on retrouve dans chaque quartiers une multitude de logements tous différents (résidentiels, immeubles, villas, HLM…) qui viennent marquer le caractère propre de chaque quartier.

11

Définition du patrimoine mondial par l’UNESCO, whc.unesco.org

12

whc.unesco.org

13

Voir carte « Un développement autour du centre ancien » p.23-24 29


Place de la République

Place du forum

Ruelle

Commerces

Restaurants, cafés (…)

En levant les yeux dans une ruelle

Ruelle antique

Fondation Vincent Van Gogh Arles

FIG 24 : Mosaïque du charme antique du centre ancien, 2020, Hélène ESPARON. 30


FIG 25 : Le front fluvial : la relation entre la ville et le fleuve, 2020, Hélène ESPARON. 31


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b. La ville et le fleuve Comme nous avons pu le constater, à travers l’histoire d'Arles, puis à l'échelle territoriale du Pays d’Arles, le Rhône avait et a toujours une grande importance. Mais quelle était sa place et sa relation avec la ville avant et quelle est-elle aujourd’hui? Nous allons, ici, nous intéresser plus particulièrement au front fluvial de la cité antique. HISTOIRE DE LA RELATION ENTRE LE RHÔNE ET LA VILLE L’ÉPOQUE ANTIQUE

FIG 26 : Arles au IIIe siècle, dessin de J.-C. Golvin, Musée départemental Arles antique.

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Si le lit du Rhône a peu évolué historiquement dans la zone urbaine d’Arles, il est bien difficile de se faire une image exacte des quais à l'époque romaine. Grâce aux fouilles récentes conduites par les services de l'État, le rôle de la rive droite, Trinquetaille, est plus clair, avec un caractère monumental très affirmé et surtout un important volume d'échanges commerciaux impliquant des équipements portuaires de qualité. On n'en sait cependant pas plus sur les quais eux même : étaient-ils construits en grand appareil? en bois? Comportaient-ils des estacades14 pour le déchargement? Y avait-il des plages aménagées ? Les constructions des époques moderne puis contemporaines ont re-dessiné les berges à maintes reprises et les éventuels vestiges sont désormais hors d'atteinte pour les chercheurs. Seul le site de l'Ile des Sables, en amont de la ville, permet de comprendre que, juste derrière les quais, des renforcements par lignes d’amphores étaient utilisées pour stabiliser les terrains limoneux de faible tenue. À la fin de l'Antiquité, période d'invasions et d'instabilité, la ville se protège dans une enceinte réduite. Au milieu du Ve siècle, le roi Théodoric II ordonne la réparation des murailles de la ville, cela concernait-il les bords du Rhône ? MOYEN ÂGE

Au Moyen Âge, une seule représentation de la ville, très imagée et peu détaillée, la montre comme une forteresse bordée par le fleuve qui vient en battre les murailles. Ce dessin (fig 27) date de la fin du XIVe siècle. Il semble bien que pendant toute cette période, les remparts protègent la ville non seulement des troupes guerrières, mais aussi des inondations. Cependant, on trouve trace en 1151 des premiers travaux pour consolider les berges. Le port est alors actif, ce qui implique leur aménagement pour l'amarrage des bateaux, le chargement et le déchargement. Au cours des siècles, les remparts sont reconstruits ou réparés à plusieurs reprises. PÉRIODE MODERNE

27 : Arle lo blanc, dessin de Bertrand Boysset, Le Roman d’Arles, 1372, Musée Paul Arbaud, Aix-enProvence. FIG

Au début du XVIe siècle, le conseil de ville décide de reconstruire les quais depuis la porte Notre-Dame jusqu’à celle de Lamanon (quai de la Roquette). Les aménagements continuent puisqu'en 1608, le quai devant l'église Saint-Martin du Méjan, près de la porte dite des châtaigniers, comprend un escalier de 17 marches. Des marques de fer y sont scellées dans le mur latéral. Elles servent à mesurer la montée du Rhône et à alerter la population si nécessaire.

Dans le domaine du génie civil, une estacade ou jetée à claire-voie est un ouvrage établi sur appuis discontinus, tels que pieux, colonnes (…), pour supporter une voix d’accès à un phare, permettre l’accostage de canots, (…). www.larousse.fr 14

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Mais les crues de 1637 et 1647 détruisent les murailles riveraines. Il faut les reconstruire, exproprier beaucoup de maisons, renforcer les quais. Au XVIIIe siècle, les quais sont prolongés pour les besoins du port. En 1762, on décide de poser des pilotis. Le devis est fait par le charpentier du roi. Le revêtement sera en pierre ou en cailloux. En 1785, le roi donne l’autorisation d'abattre le rempart côté Rhône. On se sert des pierres pour réparer les quais. ÉPOQUE CONTEMPORAINE

28 : La ville depuis le débarcadère, gravure M. Laurens, XIXe siècle, Archives départementales des Bouchesdu-Rhône. FIG

Au XIXe siècle une véritable lutte contre les inondations s’engage. En 1805, 1812, les délibérations municipales indiquent que la Roquette est « presque entièrement inhabitable » à cause des crues régulières. Une pétition est signée pour exiger des réparations. Celles-ci tardent à être réalisées. En 1827, G. Véran, géomètre et architecte de la ville, met en garde le maire : les berges sont dégradées, les escaliers des portes Saint-Jean et Rousset sont démolis. On rehausse et on élargit alors les quais, au niveau de la rue Baudanoni. Même chose à Trinquetaille, où le quai s'est éboulé. Le Maire écrit au directeur général des Ponts et Chaussées en 1832 pour qu'il intervienne. Ceux-ci lancent en 1837 un appel d’offres « pour des travaux de terrassement, maçonnerie et pavage pour la construction des murs des quais du port d'Arles, depuis la rue Roubion jusqu'aux abords du canal de Crapone (quai FIG 29 : Le trébuchet du pont de bateaux du côté de Trinquetaille, de la Roquette) (…) ». Ces travaux dessin de F. Gabillot, 1849, Museon Arlaten. sont sans doute entrepris, mais 35


les démarches sont longues : en 1846, « un devis estimatif des maisons ou parties de maisons à acquérir pour l'établissement des nouveaux quais sur la rive gauche du Rhône, entre le pont de bateau et la roubine dite du roy » est réalisé par l’architecte Véran.

30 : Quais d'Arles « Plan et liste des maison à détruire pour continuer les quais d'Arles depuis le portail des châtaignes jusqu'au bosquet de la Cavalerie » , d’après Véran, XIXe siècle, Archives communales d’Arles. FIG

Les inondations catastrophiques de 1856 précipitent les choses. L’eau envahit la basse vallée du Rhône, la Camargue, et à Arles tous les bas quartiers, du Trébon à la Roquette. Évènement exceptionnel, Napoléon III vient en personne, en train, dans la région d’Arles et de Tarascon pour constater l'ampleur des dégâts. Les travaux d'aménagement des digues d'Arles sont alors déclarés d’utilité publique. Le décret impérial du 20 Juillet 1862 avalise les études entreprises par les ingénieurs des Ponts et Chaussées en 1861. Le montant du devis global de la réfection des quais est de 882 000 francs, dont 588 000 pris en charge par l’État. Les expropriations s’accélèrent. Les travaux divisés en quatre lots peuvent alors commencer. En Janvier 1864, le Rhône est très bas : les fondations sont faites facilement. L’ensemble est achevé en 1866. Les digues sont en terre avec un perré maçonné dont le pied est « défendu » par des dalles en pierre de Barbentane. Pour le reste, les pierres choisies pour la construction ont plusieurs origines : carrières des Mouleyrès (pour les perrés en particulier. Mais elles sont insuffisantes pour l'ensemble du chantier), de Saint-Gabriel, de Fontvieille, de Beaucaire. On prend des pierres d'anciens ouvrages, dont la pierre de Cassis. Pour quelques escaliers, la pierre de Saint-Rémy est utilisée. Une grande partie du sable vient de l'île des Sables, à Trinquetaille; À la fin du siècle, entre 1886 et 1900, des travaux sont encore réalisés à Trinquetaille avec le prolongement du quai de la gare maritime (construite vers 1868), la construction d’un embarcadère et d'un débarcadère. Cette grande construction, sur les deux rives du Rhône, change l’aspect de la ville.

SE PROTÉGER DU RHÔNE : LA CRÉATION DU PLAN RHÔNE

La crue de 2003 est la 3e crue la plus importante après celle de 1856 et 1840. Cette crue est tout à fait remarquable, non seulement par les débits atteints, mais aussi par sa rapidité. Le Rhône est passé de 2400m3/s à 10 000m3/s en moins de 30h. Sa période de retour fut estimée à plus de 200 ans. Au total plus de 3 milliard de m3 d’eau se sont écoulés au droit de Beaucaire/Tarascon entre le 1er et le 4 décembre, date à laquelle la décrue à commencée. 36


Cette inondation après celle de 1993 et 1994 ont amené les pouvoirs publics à mettre en place une stratégie globale pour protéger les territoires des crues du fleuve. Un e n s e m b l e d ’é t u d e s , h y d r a u l i q u e s , techniques, environnementales, ont alors été confiées au préfet Jean-Pierre Lacroix, pour préparer un programme de travaux. C'est ainsi qu’est né le 12 Juillet 2005 le Plan Rhône, présenté comme un « projet global de développement durable » et qui présente une triple action : concilier la prévention des inondations et le développement en zone inondable; respecter et améliorer le cadre de vie des habitants; assurer un développement économique sur le long terme.

FIG 31 : Inondations Décembre 2003, 2003, SYMADREM.

Les moyens financiers en sont donnés par le Contrat Interrégional Plan Rhône pour la période de 2007 à 2013 qui prévoit un engagement à la hauteur de 614 M€ dont 310 M€ pour le seul volet inondation dont 182M€ en aval de Beaucaire. LES DERNIERS TRAVAUX EN DATE : 2013

Des travaux de restructuration et de réaménagement ont été entrepris sur tout le front fluvial de 2008 à 2011 pour un coût total de 20M€, financé à 40% par l’État, 30% par la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, 25% par le département des Bouches-du-Rhône et 5% par la ville; Il se sont déroulé sur les quais Saint-Pierre et Trinquetaille, qui présentaient de nombreux désordres : déstabilisation des maçonneries, colonisation par la végétation, circulation difficile, problèmes d'infiltration (…); et le quai de la Roquette, qui présentait aussi de nombreux désordres : sur la partie médiane du quai, le mur vertical était partiellement effondré sur 80 mètres de part et d’autre les maçonneries étaient disjointes (…). Le mur fut reconstruit avec son profil initial en utilisant des pierres de récupération ainsi que des pierres issues de carrières d’origine. Le projet prévoyais au maximum la récupération des matériaux du site pour réaliser les travaux (pierres de taille des perrés et galets de calade traditionnels).

FIG 32 : Début des travaux de restructuration des quais, 2008, SYMADREM.

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AVANT 33 : Avant/Après intentions de travaux du quai de la Roquette, photo de l’existant avant travaux et photomontage, 2008, SYMADREM. FIG

APRÈS

Le quai de la Roquette englobe toute la façade sur le Rhône du quartier de la Roquette du centre ancien, très populaire, il a été un foyer d’activités commerciales et artisanales. Lié au Rhône, il est aujourd’hui un quartier d’habitation populaire. La restructuration et les aménagements se sont prolongés jusqu’au quai Marx Dormoy, qui englobe toute la façade sur le Rhône du quartier Méjan et Cavalerie du centre ancien, qui sont tout aussi populaires.

FIG 34 : Quai de la Roquette aujourd’hui, vu depuis l’escalier y descendant, 2020, Hélène ESPARON.

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FIG 35 : Coupe schématique du profil du front fluvial, 2020, Hélène ESPARON.

Le projet prévoyais également une remise en état de la circulation piétonne sur les quais du Rhône en centre ville. Il s’agissait d'améliorer les aménagements existants en 4 points d’approche; la recherche de la continuité de la circulation piétonne, en créant des passerelles(…); l'amélioration de l’accessibilité, en remplaçant certains escaliers par des rampes douces ou des escaliers plus confortables(…); l’amélioration de la sécurité avec la création d’un mur de soutènements en guise de garde corps (…); et d’autres améliorations entrant dans le cadre du PSMV comme la reconstitution du mail d’arbres sur la presque totalité des quais, des lampadaires d’éclairage public (…). Plus qu’un renforcement du moyen de défense de la ville contre le Rhône, ce projet visait également à retrouver une proximité avec le fleuve pour permettre à chaque riverain la possibilité de s’approprier ou de se réapproprier ce patrimoine que représentent les quais; de redécouvrir la Rhône et ainsi d’avoir la possibilité d’être un acteur face au risque d’inondation, d’apprendre à vivre avec le fleuve (…).

Volonté de s’en protéger mais également de s’en rapprocher, le Rhône joue une place importante pour la ville, en effet, organe incontournable, support d’échange commerciaux mais également générateur de risques, il a façonné la ville mais la contraint encore aujourd’hui. Cependant, encore trop en retrait, la ville souhaite se tourner d’avantage vers lui : « il faut inciter la ville à se tourner vers le Rhône et composer avec lui, afin de bénéficier de son attrait tant environnemental, qu’économique ou paysager ».15 15

Plan Local d’Urbanisme Arles 2015. 39


CONCLUSION Son histoire depuis sa création, son grand territoire naturel de Camargue, unique et riche, son environnement propre à sa position géographique entre terre et mer, son héritage antique et ses nombreux monuments classés, inscrits, ainsi que son secteur sauvegardé, mais également sa relation forte avec le fleuve (…), sont des éléments qui contribuent à créer et enrichir l’identité d’Arles. Cette identité, unique et propre à la ville est d’une grande valeur, elle façonne le charme et l’authenticité d’Arles, elle est sa personnalité, son portrait, sa couleur, son caractère et bien plus encore… Il est alors bien évidemment essentiel de pouvoir conserver cette identité au fil du temps qui passe. Mais cette identité est également ce pourquoi on vient sur ces terres, ce pourquoi on vient visiter la région et la ville. En effet, nous allons voir, à travers la partie qui suit, que celle-ci attire de nombreux touristes et visiteurs depuis quelques temps.

« Les quais d’Arles représentent pour les Arlésiens à la fois un patrimoine et le système de défense contre les crues du Rhône. » Hérvé Schiavetti, maire d’Arles et président du SYMADREM.

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FIG 36 : Arles, une ville en développement touristique, 2020, Hélène ESPARON.

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II. Face à un développement touristique Arles jouit par sa position géographique, d’une forte présence de l'activité touristique. En effet, elle fait partie du département des Bouches-Du-Rhône qui se place en quatrième position des départements les plus touristiques, selon une étude de l’INSEE, à l’échelle de la France en 2019; qui fait lui même parti de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur qui a reçu près de 31 millions de séjours touristiques en 2017 dont 6 millions internationaux16. De plus, bénéficiant à son échelle territoriale du Pays d’Arles d’un environnement riche et attractif, comme on l'a vu dans la Partie I, elle bénéficie de certaines dynamiques qui signerons la croissance inévitable de l'activité touristique au sein de son agglomération. Nous allons voir quelle place représente le tourisme et quelles sont les dynamiques existantes ou mises en place par la ville qui contribuent à cette activité; puis nous analyserons les différents impacts du tourisme sur la ville et ce qu’ils pourraient représenter à l'avenir au vu de l'accroissement de l’activité; enfin on s’intéressera au regard de la ville face à cette activité tertiaire en développement.

1.

Le tourisme a. L'activité touristique

À L’ÉCHELLE TERRITORIALE : LE PAYS D’ARLES

Le Pays d’Arles est essentiellement une destination de loisirs-vacances, il accueille près de 1,5 millions de touristes chaque années ce qui porte la consommation touristique à près de 470 millions d’euros. En moyenne ces touristes, venant principalement, environ 85%, de région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, de Rhône-Alpes et d’Ile de France, séjournent 5,3 jours et dépenses 59€ par personne et par jour17. La clientèle étrangère est surtout originaire d'Europe, venant de Belgique, Luxembourg, du Pays-Bas, d'Allemagne, du Royaume-Uni et d’Italie, mais également originaire des États-Unis. Le premier mode de transport utilisé pour se rendre dans le Pays d'Arles est la voiture, comme sur l'ensemble du département, viennent ensuite les déplacements en train, puis par avion. Les activités pratiquées par les touristes sont très nettement liées à la découverte du patrimoine naturel et culturel qui se placent en tête de liste devant d'autres activités comme la gastronomie, le shopping, le sport (…). En effet, 61% des touristes viennent pour découvrir des villages et des cités de caractères, 46,7 % pour découvrir des villes, 30% visitent des sites naturels, des espaces protégés et 24,2 % visitent des monuments et des musée, 20 % visitent des artisans et producteurs du terroir (…). En revanche, les activités en rapport avec l'eau, comme le nautisme, la pratique de la plaisance, ne représentent que 5,2% dans le Pays d’Arles, un chiffre assez faible pour un lieu où la place de l'eau a une grande importance. 16

Données tirées de la CCI Pays d’Arles, www.arles.cci.fr

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Toutes les données sont tirées d’une étude menée en 2019 par la CCI Pays d’Arles. www.arles.cci.fr 43


Dans le Pays d'Arles, comme dans l'ensemble de la région, l'été est la saison favorite des touristes, représentant plus de 4 séjours sur 10. Le printemps est également très attractif avec près d’un tiers des séjours. Voici un tableau représentant le pourcentage de touristes en fonction de la saison.

37 : Étude de fréquentation touristiques du Pays d’Arles menée auprès de touristes, 2019, Bouches-DuRhône-Tourisme. FIG

Les chiffres du tableau révèlent que la saison la plus touristique est celle de l’été. En revanche, la saison printanière est beaucoup plus rentable économiquement parlant, on consomme plus que l'on vient. À L’ÉCHELLE URBAINE : LA VILLE D’ARLES

Considérée comme étant la « capitale » du Pays d’Arles, la ville d’Arles est alors un point central à l’activité touristique exercée dans le secteur. 2 millions de touristes par ans sont accueillis dont 85% sont nationaux. En 2018, c’est plus de 152 000 visiteurs18 qui se sont présentés dans l’office de tourisme de la ville; ces visiteurs arrivent souvent en famille, entre amis, ou en groupe, d’eux même ou par le biais d’un tour opérateur de visite. Ils déambulent dans la ville, d’eux même ou en optant pour une des visites guidées proposées par l’office du tourisme, visites que nous détaillerons un peu plus loins.

FIG 38 : Groupe de touristes sur la place de la République, 2020, Hélène ESPARON.

Données tirées du "Rapport d’activités et de fréquentation touristiques à Arles en 2018 », par l’Office du tourisme. 18

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FIG 39 : Arles, patrimoine mondial 2020 2021, Carte proposĂŠe par la ville pour les touristes, 2020, www.arlestourisme.com

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b. Les dynamiques Le patrimoine naturel de Camargue, celui des Alpilles, les plages, les monuments classés, le patrimoine urbain au charme pittoresque des petites villes de Provence, les nouveaux projets (…) qui constituent la patrimoine matériel, font parti des différentes dynamiques du Pays d’Arles et de la ville d’Arles qui participent à l’accroissement de l’activité touristique, mais il existe également d’autres dynamiques qui contribuent à l’activité touristique, comme les évènements mis en place par la ville, les jours de fête, les expositions (…) qui constituent le patrimoine immatériel. Outre le côté touristique, toutes ces dynamiques visent à accroitre le côté culturel que la ville d’Arles cherche à renforcer. Nous allons voir quelque uns de ces patrimoines qui permettent à l’activité touristique d’exister et de s’accroitre. PATRIMOINE MATÉRIEL

Il est représenté à Arles, par les monuments classé par l’Unesco, que l’on a vu dans la Partie I, par les monuments historiques, les bâtiments du centre ancien, par le Rhône qui tient une place importante dans l’histoire, par les vestiges des remparts de la ville, (…) par tout l’héritage antique; mais il y a également tout ce qui constitue le patrimoine matériel plus récent comme les musées qui accueillent un bon nombre de visiteurs ou encore les nouveaux centres d’intérêt comme le nouveau Parc Luma en cours de réalisation. Les visiteurs peuvent choisir de simplifier leurs visites de la ville et du territoire, pour découvrir le patrimoine, en optant pour des visites guidées en groupe. En 2018, le nombre de visite guidées vendues était de 3 000 ce qui représentait un chiffre d’affaire s’élevant à 412 000€19. Nombreuses et diverses, il en existe pour toutes les demandes, « La digue à la mer », « Le marais », « Le taureau et la vigne », « Cheval et riz », « Sur les rives du Rhône » (…) toutes proposant des circuits visant à montrer les lieux « à voir » pour effectuer une « bonne » visite; celles-ci peuvent durer une journée comme s’étendre sur plusieurs jours.

FIG 40 : Nombre d’entrées des monuments pour l’année 2018, 2018, Bilan de fréquentation touristique 2018.

L’Amphithéâtre, situé au coeur de la cité, est le monument inscrit le plus sollicité de la ville antique.

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Bilan de fréquentation touristique 2018, uniquement disponible sur demande à l’office du tourisme. 47


Pour entrer dans un monument, il faut disposer d’un ticket d’entrée acheté directement sur place ou au préalable via l’office du tourisme ou sur le site officiel d’Arles Tourisme. En 2018, le nombre total d’entrées dans les monuments s’élevait à 754 79320, un chiffre légèrement en hausse par rapport à l’année précédente. Voici deux tableaux, qui indiquent les prix et les différents pass proposés pour chaque monuments et musées ouverts au public.

FIG 41 : Prix d’entrée des monuments/musées et offres pass, 2020, www.arlestourisme.com

Plus récemment, en 2013, s’est déroulé la construction et l’ouverture du centre culturel Luma par l’initiative de Maja Hoffman, créatrice de la fondation Luma en 2004. La fondation Luma produit, soutient et finance des projets artistiques audacieux qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits humains, à l’éducation et à la culture. C’est en 2013 que Maja Hoffman lance Luma Arles, un centre culturel qui offre aux artistes la possibilité d’expérimenter la réalisation et la présentation de nouvelles oeuvres en étroite collaboration avec d’autres artistes, des curateurs, des scientifiques, des innovateurs et le public. Depuis sa création, Luma Arles a commandité et présenté le travail de plus de 100 artistes, penseurs et innovateurs dans de multiples lieux de la cité arlésienne. Luma Arles a également supervisé la transformation du Parc des Ateliers, un ancien site industriel de 7 hectares à Arles. 20

Bilan de fréquentation touristique 2018, uniquement disponible sur demande à l’office du tourisme. 48


Luma Arles rassemble six bâtiments industriels historiques, dont cinq ont été réhabilités par l’architecte allemande Annabelle Selldorf, installée à New-York, afin d’accueillir des présentations, des installations, des expositions et des résidences d’artistes. La pièce maitresse de Luma Arles est le Centre de ressources artistiques conçu par l’architecte Franck Ghery, basé à Los Angeles, dont l’ouverture est prévue au printemps 2021. Les jardins et les parcs publics environnants, dessinés par l’architecte de paysages belge Bas Smets, seront aménagés en deux phases. La première devait être prévue pour ce printemps 2020 et la seconde pour printemps 2021. Chaque été, le festival international de photographie Les Rencontres d’Arles et le festival de musique du monde Les Suds sont invités à rejoindre le programme présenté aux Parcs des Ateliers de Luma. Luma produit également un mini festival de musique en partenariat avec We Love Green, en septembre. Avec l’arrivée de Luma Arles, près de 500 000 touristes supplémentaires étaient envisagés pour 201921.

FIG 42 : Centre de ressources artistiques par Ghery, 2020, Hélène ESPARON.

43 : Entrée du Parc des Ateliers toujours en travaux à ce jour, 2020, Hélène ESPARON. FIG

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www.luma-arles.org 49


PATRIMOINE IMMATÉRIEL

Il est représenté à Arles comme tous les évènements que la ville met en place, les festivals, expositions, fêtes, férias (…) qui contribuent à l’attraction touristique dans la ville. On peut en dénombrer plus d’une vingtaine, qui s’étalent tout au long de l’année, sur un ou plusieurs jours. Tout ces évènements contribuent fortement à faire marcher l’économie de la ville. Un des évènements les plus célèbres et attendus sont Les Rencontres d’Arles. Festival annuel de photographie fondé en 1970, Les Rencontres d’Arles ont acquis une réputation internationale en proposant chaque été une radiographie annuelle de la création photographique contemporaine. Près d’une quarantaine d’expositions y sont présentées chaque années dans une vingtaine de lieux patrimoniaux de la ville d’Arles et font l’objet d’une scénographie unique. Cette année malheureusement en raison des conditions actuelles, le festival a été annulé, une première en 50ans…

FIG 44 : Exposition & lieux Data zone Phillippe Chancel, église des Frères Prêcheurs, 2019, Claude DEPUSSAY.

45 : Stage et action pédagogique, Place du forum, 1997, Jeff DUNAS. 50 FIG

46 : Exposition & lieux, Grande Halle, 2012, François ESCOFFIER. FIG


Un autre évènement est celui du festival Les Suds. Le festival offre 7 jours et 6 nuits de concerts au coeur de la cité antique. Avec une exigence artistique revendiquée, le festival est également reconnu pour son état d’esprit populaire qui, pendant une semaine, fait vibrer toute la ville au rythme des plus grandes voix et sonorités du monde, des plus festives aux plus intimistes, sur des répertoires sacrés ou profanes, acoustiques, électriques ou électroniques. La 25ème édition est prévue du 11 au 18 Juillet 2020, aucunes indications n’est données au vu de la situation actuelle. 47 : Festival Les Suds, concert dans le théâtre antique, 2018, www.suds-arles.com FIG

La Féria de Pâques constitue un des plus g r a n d s é v è n e m e n t d e l ’a n n é e également. Elle est le premier rendezvous de la tauromachie espagnole en France. Cette fête taurine et populaire rassemble Aficionados et passionnés de la tauromachie mais aussi de nombreuses personnes venues pour faire la fête. Toute la ville se transforme. L’amphithéâtre Romain devient arène ou Plaza de Toros où se déroulent les corridas matin et après-midi. Le spectacle est aussi dans la rue : abrivado, encierro, bandido, fanfares rythment la journée. Le soir après la corrida, les « bodegas » ouvrent leurs portes : amis et inconnus s’y retrouvent pour prendre un verre et manger quelques tapas, les passionnés de sevillane dansent ou regardent le spectacle (…) une fête à ne pas manquer pour de nombreuses personnes.

48 : Bodéga Les Andalouses à l’église des Frères Prêcheurs, 2019, www.thegoodarles.com FIG

49 : L’amphithéâtre devient arène pour les évènements, 2019, www.thegoodarles.com FIG

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OUTILS DU TOURISME

En plus des dynamiques que forment les patrimoines matériels et immatériels, la ville met en place des outils, spécialement destinés aux touristes, afin de faciliter leur venue, de les accompagner et surtout de leur donner envie de venir. Un site internet « Arles Tourisme » est consultable en ligne. Il a pour but d’accompagner le touriste à préparer sa venue, de lui présenter la ville et les différentes activités, excursions, possibilités qu’il pourra entreprendre. Il se décline en 5 onglets différents : « Arles en Provence », où sont présentées toutes les choses à faire et à découvrir dans la ville et ses alentours; « Je prépare mon séjour », où sont téléchargeables certaines brochures, cartes de la ville (…); « Je dors », où sont conseillées une multitude de logements en fonction de nombreux critères, comme la façon dont on arrive, avec qui, si l’on désire une piscine (…); « Je déguste », où sont répertoriées les différentes gastronomies en fonction de ce que l’on cherche; « Arles pratique », où l’on retrouve tous les points pratiques, notamment où se garer, d’où on arrive (…). Arles s’est également lancée dans la création de comptes sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter) afin de partager des informations, des évènements, des photos de la ville. Les réseaux sociaux sont une façon rapide et efficace aujourd’hui de communiquer et partager des informations. Les comptes accessibles et visibles par tous propagent une image de la ville dont le but est de donner l’envie de venir. C’est une manière directe d’accroitre l’activité touristique au sein de la ville. D'autres éléments vont participer à l’activité touristique, comme la création de produits dérivés, de souvenirs qui vont contribuer à l’économie de la ville; mais également des programmes d'animations romains qui se déroulent dans les monuments arlésiens, activités très prisées des établissements scolaires et des agences de voyage; en 2018, la programmation annuelle a représentée 69 000€ pour 119 groupes; et encore de nombreux festivals, évènements (…). Cependant, il existe peu d'éléments attractifs au niveau du front fluvial, une seule activité est en lien avec la ville, celle des visites guidées en bateau de croisière. En 2018, le service a assuré les visites guidées pour 12 bateaux de croisière, dont 3 arrivant à Tarascon. Le plus gros client du service est une agence traitant des croisières arrivant à Tarascon et ont généré plus de 303 000 € de chiffre d’affaire. Toutes ces dynamiques contribuent aujourd’hui à l’activité touristique qui s’est légèrement développée par rapport aux années précédentes. Même si la saison touristique semble s’étendre sur 6 mois, les évènements devenant de plus en plus populaires, la facilitée dans notre société à obtenir des informations via internet, à se déplacer, à voyager (…) justifient la grande possibilité d’une croissance de cette activité dans les années à venir. Arles se voit alors mise en danger par cette activité menaçante, dégradante pour son patrimoine mais également pour ses habitants. Arles pourrait être, dans un futur proche, bouleversée.

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2.

Les impacts de l’activité touristique

L’activité touristique dans la ville d’Arles est aujourd’hui encore soutenable. En effet, il n’y pas eu de grands bouleversements notables justifiant la mise en péril de son patrimoine ou l’inconfort de ses habitants. Cependant, il faut être vigilant et quelques signes du début de potentiel bouleversements, également causé par les habitants, apparaissent déjà. Nous allons voir quels sont ces bouleversements présents aujourd’hui et ce qu’ils pourraient représenter à l’avenir.

a. Aujourd’hui Usages sauvages de l’espace, dégradations de l’espace public, engorgement des ruelles du centre ancien, et des voies de circulations (…) sont les conséquences, encore faibles et soutenables de l’activité touristique que subi la ville d’Arles. En voici quelques exemple en photo :

GRAFFITIS AU THÉÂTRE ANTIQUE

DÉCHETS SUR LES QUAIS

VISITE DE L’AMPHITHÉÂTRE

S’ASSEOIR SUR UN MONUMENT

ÉTALEMENT DES COMMERCES

VÉLOS ACCROCHÉS AUX BARRIÈRES

FIG 50 : Bouleversements existants, 2020, Hélène ESPARON.

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b. Demain À l’avenir, Arles pourrait connaitre des bouleversements plus grave si son activité touristique s’accroit considérablement. Engorgement total des rues, usages sauvages de l’espace multipliés, fortes dégradations, non respect des lieux (…). En voici quelques exemples illustrés:

Les rues pourraient être engorgées de touristes stationnants dans les lieux de passages, des vélos pourraient être accrochés aux rambardes, des gens s’assiéraient sur les trottoirs, monteraient sur les monuments pour prendre des photos (…).

Les murs des bâtiments pourraient être dégradés d’affiches, de tags, d’usure (…). Les étroites rues pourraient être engorgées, il serait difficile d’y passer, d’admirer le charme des bâtiments historiques (…).

Les monuments pourraient être saturés de touristes, dégradés par les nombreux usages sauvages, s'asseoir par terre, monter sur les ruines pour prendre des photos, s’amuser (…) et le lieu pourrait fermer par la suite (…).

La forte affluence touristique envahirait les rues, les devants des monuments, mettant en péril l'identité de la ville et son charme authentique (…).

FIG 51 : Photomontages des bouleversements à venir, montage photo 2020, Hélène ESPARON.

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Ces bouleversements à long termes auront des conséquences sur la ville : le départ de certains de ses habitants, lassés et fatigués de subir au quotidien cette activité qui deviendra hasardeuse, ingérable et désagréable; la possible fermeture de certains monuments à la visite, car trop de demandes, de monde et pas assez d’organisation; la privatisation ou l’interdiction de certains espaces, autrefois accessibles par tous, car trop importants et à conserver intacts; la dégradation de la cité antique; la perte du plaisir à visiter et inévitablement la perte du charme antique de la ville.

S’IL N’Y A PLUS D’HABITANTS, QUE LES MONUMENTS SONT FERMÉS, CERTAINS LIEUX PRIVATISÉS, QUE RESTERAT-IL DE L’ARLES ANTIQUE, DE SON IDENTITÉ, SI CE N’EST QU’UN MUSÉE À PHOTOGRAPHIER ?

3. La ville face à cette activité croissante Face à cette activité, la ville d’Arles ne ferme pas les yeux, au contraire, elle s’ouvre à de nouvelles perspectives, et se pose des questions pour son avenir. C’est dans le cadre de la première édition des Luma Days en mai 2017 que des questionnements se sont soulevés. Les Luma Days sont des moments d’intelligences collectives rassemblant des experts locaux et internationaux, afin de faire émerger des idées, qui une fois associées, produiraient de nouvelles façon de penser et faire le monde à travers des expériences novatrices et complémentaires.

L’édition de mai 2017 intitulée « Imaginer des futurs pour une ville et une Biorégion » a étudié des scénarios possibles pour la villes d’Arles et son contexte rural. En rassemblant des experts locaux, internationaux et des personnalités influentes, les ateliers qui ont eu lieu tout au long de la semaine du 22 au 27 mai, ont analysé 5 scénarios pour le futur de la ville : « Ville de culture et d’agriculture », « Ville « campus » », « Ville usine du XXIe siècle », « Ville UNESCO 3.0 » et « Village global ». Le scénario qui nous intéresse ici plus particulièrement est celui du « Village Global ». « Face à l’uniformisation du monde, Arles peut-elle incarner la ville de demain dans une version humaine et durable? L’histoire d’Arles et de son patrimoine sont-ils des atouts pour inventer de nouvelles façons de travailler et de vivre? Comment rendre Arles attractive toute l’année en s’appuyant sur la richesse de sa Transrégion? Comment faire d’Arles une plate-forme pour imaginer le futur de l’hébergement, du commerce, de l’emploi etc. ? Comment Arles peut-elle conserver son authenticité tout en étant connectée aux enjeux nationaux et internationaux? »22

Le périmètre étudié dans le cadre de ce scénario est le centre ville qui pourrait être le point de départ d’une « plateforme » dynamique de nouvelles manières de travailler et de vivre avec le passé tout en se tournant vers le futur, pour éviter l’image d’un site touristique Unesco/village de vacance « temporaire ». Le cadre de réflexion se compose d’abord d’une mise en perspective du sujet, puis sont évoqués deux récits et propositions de scénarios. Si vous avez plusieurs minutes devant vous, 22

Cadre de réflexion du scénario « Village global », 2017, Revue Luma Days #1, p.158. 55


maintenant ou plus tard, je vous invite fortement à lire ce chapitre de 14 pages qui est absolument intéressant.23 Pour résumer, l’idée clé de ce scénario serait d’inventer un modèle de mini-globale ville connectée et « de charme » afin de proposer une alternative à la saisonnalité et à la prédation du tourisme de masse. Périmètre de réflexion qui rejoint alors le mien dans le cadre de ce PFE. Plusieurs solutions sont exposées, imaginées, et détaillées, je ne vais pas vous les détailler, ce qui importe ici est de voir que la ville est, quelque part, consciente du développement de son activité touristique, et qu’elle prend des mesures pour réfléchir à comment aborder son futur.

Des idées soulevées et des réflexions menées, mais rien n’a encore été concrètement mis en oeuvre afin de protéger la ville du possible tourisme de masse qu’elle pourrait subir dans les années à venir.

CONCLUSION Ville centrale du Pays d’Arles, centre touristique en développement, accroissement de ses activités, de sa renommée et de sa population touristique, Arles est en chemin vers un éventuel phénomène de tourisme de masse. À l'heure d’aujourd’hui, les conséquences de l'activité touristique sont faibles, mais le phénomène du tourisme de masse accentuerait ces conséquences et nuirait à l'avenir de la ville s’il décidait de se présenter. Arles n’a aujourd'hui, rien mis en place pour envisager ce possible phénomène, et se retrouve donc face à l'obligation d'en subir les conséquences s'il devait se présenter dans un avenir proche. Son identité tant préservée, façonnant sa renommée, ses qualités et son charme authentique pourrait alors s'effacer peu à peu, s’oublier, voire disparaitre au profit de cette activité touristique.

23

Scénario 5 p.157 à 172, lumadays.org 56





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III. Adopte une stratégie d’accueil Les chapitres précédents nous ont permis de comprendre deux choses, la première est que la ville d’Arles s’inscrit dans un contexte territorial riche, unique et important à l’échelle nationale, qu’elle possède une identité propre à elle, un patrimoine naturel, culturel et urbain des plus prestigieux, le charme authentique d'une cité antique (…) en bref une multitude de richesses qui sont à préserver; la seconde est le fait que, grâce à son identité, sa renommée et toutes ses richesses, elle a développée une activité touristique et met tout en oeuvre, par le biais d’évènements en tout genre, pour accroitre encore plus cette activité. Ces deux facteurs, l’identité d’une ville et l'activité touristique, n'ont jamais entretenus de bonnes relations. En effet, l’activité touristique a très souvent, pour de nombreuses villes, pris le dessus sur l’identité au point de la faire disparaitre. Le tourisme est vue très généralement comme étant un facteur de destruction urbaine, architecturale et sociale pour les villes qui en subissent les conséquences. Arles ne mettant rien en place pour éviter cette « mauvaise » relation, se verra alors très certainement, dans un futur proche, subir les conséquences de cette activité. Je me suis alors posée de nombreuses questions; Comment préserver l’identité d'Arles des bouleversements de l’activité touristique sans supprimer cette activité essentielle à l’économie de la ville et à son développement ? Comment appréhender l'accroissement de l'activité touristique à Arles ? Comment préparer la ville à recevoir, dans quelques années, un éventuel tourisme de masse ? Il existe très certainement de nombreuses réponses à ces questionnements, de nombreuses pistes de recherches à developper, des hypothèses et de nombreux projets possibles (…), mais la piste que j’ai choisi de développer pour répondre à ces questionnements est celle de mettre en place, développer et concevoir une stratégie d’accueil pour le centre antique d'Arles, au sein du secteur sauvegardé d’Arles. Nous allons voir dans ce chapitre en quoi consiste cette stratégie d'accueil et où elle s’implantera.

1.

La stratégie d’accueil

Une stratégie d’accueil, c’est une réflexion sur comment mieux accueillir des visiteurs dans un endroit qu'ils ne connaissent pas, à les guider, les accompagner; c’est un programme visant à créer une transition douce entre la ville et le monde extérieur, à rendre l'activité plus agréable pour les touristes mais également pour les habitants; c’est une façon subtile de diriger, influencer le touriste afin d'avoir un minimum de contrôle sur l’activité et d’améliorer sa présence dans la ville afin d'éviter au maximum les bouleversements qu'elle pourrait causer; et sa mise en place est également l'occasion de réfléchir à une façon plus respectueuse de l’environnement, plus durable, de visiter un lieu, pour au mieux préserver son identité. 59


a. Les objectifs Afin de concevoir au mieux cette stratégie d'accueil, il a fallut définir les objectifs, qui serviront de lignes directrices pour le projet, les voici : ACCUEILLIR ET INFORMER LE TOURISTE

Bien souvent, quand on arrive dans une ville la première fois, on a la sensation d'être lâché au milieu de nul part, il est compliqué de se repérer sans carte, de savoir ou dormir, où manger, quoi visiter(…) si un office du tourisme n’est pas à porté de vue. La stratégie d'accueil sera un point d’entrée de la ville et permettra d'une façon simple d’informer le touriste et de répondre à toute ses questions.

Hélène ESPARON

PARTAGER L’IDENTITÉ DE LA VILLE ET DU TERRITOIRE

En tant que touriste, on arrive bien rarement dans une ville en connaissant son histoire, son patrimoine, son terroir (…). La stratégie d’accueil permettra au touriste de s’imprégner de l’identité de la ville, et de ce fait le sensibiliser à l'importance et à la richesse de la ville d’Arles.

Hélène ESPARON

ASSURER UNE TRANSITION DOUCE ENTRE LE MONDE EXTÉRIEUR ET LA VILLE

Lorsque l'on se rend dans une ville pour la première fois, on ne sais rien d’elle, de son mode de vie (…) on arrive dans un lieu différent du notre, de nos habitudes, et cela est accentué encore plus pour les visiteurs venu d'un autre pays. La stratégie d’accueil veillera à assurer une transition douce pour éviter le « choc » monde extérieur / Arles, en favorisant la rencontre avec la culture locale, les habitants, et en proposant une entrée plus fluide dans la ville (…).

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Hélène ESPARON


PRÉSERVER L’IDENTITÉ DE LA VILLE

Les conséquences de l'activité touristique viennent bouleverser l’identité de la ville par le biais d'usages sauvages de l’espace, de la dégradation des lieux protégés, de l'engorgement des rues (…). La stratégie d’accueil aura pour but de préserver les lieux protégés de ces bouleversements, d’éviter l'engorgement des rues, de réduire la dégradation des lieux (…), en venant créer des nouveaux lieux attractifs, en léger retrait de ceux connaissant déjà la forte affluence touristique, afin d'éviter le sur-engorgement de ces lieux; en mettant en place des moyens sensibilisant le touriste à ne pas dégrader les lieux et ne pas à avoir recourt à des usages sauvages de l'espace (…).

Hélène ESPARON

INFLUENCER L’ACTIVITÉ TOURISTIQUE

À un certain moment, le tourisme, et encore plus celui de masse, prendra le dessus sur la ville, effacera peu à peu son identité et deviendra presque incontrôlable. La stratégie d’accueil a pour but ici, de prévoir ce phénomène redouté. Pour éviter de se faire dominer par le tourisme , il est préférable d’essayer subtilement de le diriger, de l'influencer dans ce qu'on veut lui monter, vers les lieux où il sera accueilli, et où l’activité y sera bénéfique afin de garder un léger contrôle sur son activité.

Hélène ESPARON

Tout ces objectifs, pour la mise en place de la stratégie d’accueil, s’inscrivent dans une démarche durable. En effet, ils participent, en plus de répondre aux différentes problématiques, à développer le concept du tourisme durable.

b. Le tourisme durable « Le tourisme durable peut se définir comme impliquant un développement raisonné, qui associe les acteurs du tourisme, publics et privés, les OGN et les populations locales. Il doit contribuer à un développement local grâce à un partage équitable des bénéfices et des charges crées par le tourisme. Il doit favoriser le rapprochement et la paix entre les peuples, et faire prendre conscience de la 61


diversité des cultures et des modes de vie. Il doit être respectueux de l’environnement (gestion des déchets, réduction de la pollution). »24

Le tourisme durable se développe autour de 5 facteurs différents : le slow tourisme, le tourisme communautaire, le tourisme équitable, le tourisme solidaire et l’écotourisme. Dans chaque facteurs vont se développer les différents objectifs qui vont participer à la mise en place du programme du projet.

Proposer de nouveaux parcours Amoindrir l’usage de la voiture Proposer des temps de pause Emprunter des vélos Évènements participatifs Sensibiliser à la gestion des déchets

Évènements ouvert à tous

Zones vertes

Sensibiliser sur la valeur des lieux

Favoriser le partage

Informer sur la région

Lieux d’échange

Favoriser l'achat de produits locaux

Visite guidées par l’habitant Privilegier le local

Découverte de la culture Interventions d’artistes

FIG 52 : Principe du tourisme durable, 2020, Hélène ESPARON.

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Atlas du développement durable, p.57. 62


FIG 53: Une stratégie d'accueil le long des berges du Rhône, 2020, Hélène ESPARON.

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VUE PANORAMIQUE 1 Le front fluvial du centre ancien - Quai du 8 Mai 1945, Quai Marx Dormoy, Quai de la Roquette.

VUE PANORAMIQUE 2 Le front fluvial du quartier Trinquetaille - Quai de Trinquetaille, Quai Saint-Pierre.

FIG 54: Collage de photos pour créer des vues panoramiques du front fluvial, 2020, Hélène ESPARON.

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2.

Le long des berges du Rhône

Après avoir défini ce qu’est la stratégie d’accueil, en quoi elle consiste et ce qu'elle comprend, il faut savoir où la mettre en place pour qu'elle fonctionne au mieux. Le choix du lieu est important, il va déterminer l’efficacité de la stratégie. En effet, le lieu doit permettre la réalisation et le bon fonctionnement de chaque objectifs définis, il doit pouvoir évoluer en fonction de l'accroissement touristique (…). Le lieu, ou plutôt les lieux choisis pour la mise en place de la stratégie d’accueil sont sur le long des berges du Rhône, plus particulièrement tout au long du front fluvial du secteur sauvegardé. Nous allons voir d'abord en quoi ces lieux sont favorables à la mise en place de la stratégie d'accueil, puis nous en ferons l’analyse.

FIG 55: Vue sur le quai Marx Dormoy depuis la promenade, 2020, Hélène ESPARON.

a. Un potentiel à exploiter Situé à la limite entre la ville et le fleuve, les quais du 8 Mai 1945, Marx Dormoy et de la Roquette, bordent le secteur sauvegardé d’Arles. Ils sont des lieux intéressant à la mise en place de la stratégie d'accueil pour diverses raisons : LEURS POSITIONS

Ils sont à l'écart des lieux convoités, mais à quelques minutes de marche de tous les centres d’intérêts de la ville. Créer des lieux d’accueil attractifs ici, permettrait de désengorger les rues, de disperser les foules et de ce fait contribuer à éviter les impacts négatifs. Hélène ESPARON

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Ils sont la limite entre la ville et le Rhône. Créer un lieu d'accueil ici serait l'occasion de réfléchir à comment transformer cette limite en lien entre le Rhône et la ville, à mettre en valeur les qualités paysagères et de ce fait l’identité. Hélène ESPARON

Ils donnent accès sur le fleuve grâce aux quais. Créer un lieu d'accueil ici permettrai, comme l’exprimais le PLU, de développer le commerce et le tourisme fluvial. C’est envisager une nouvelle manière d’arriver dans la ville d’Arles et donc une nouvelle connexion avec le monde extérieur. Hélène ESPARON

LEURS QUALITÉS PAYSAGÈRES

Les quais, ainsi que la promenade en surplomb, offrent une vue imprenable sur le Rhône et le quartier de Trinquetaille. Aujourd’hui ces vues, qui sont nombreuses, sont inscrites « à préserver » dans le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du secteur sauvegardé. Véritable élément qui reflète l’identité du Pays d'Arles et de la ville d'Arles, le Rhône fait parti du patrimoine de la ville, il est alors intéressant, d'exploiter ses qualités paysagères afin d'en faire profiter à la fois les visiteurs et les habitants. Le profil du front fluvial caractérisé par des différences de hauteurs, est intéressant par les nombreuses vues qu'il propose sur le Rhône et la ville.

FIG 56: Profil schématique du front fluvial, 2020, Hélène ESPARON.

b. Analyse du front fluvial Afin de comprendre comment on peut intervenir sur cette zone, il est essentiel d'en faire l’analyse. Je vous propose de découvrir cette analyse à travers divers éléments graphique qui vont suivre dans les prochaines pages. 68


FIG 57: Analyse en perspective de l'existant du front fluvial du centre ancien, 2020, Hélène ESPARON.

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FIG 58: Analyse en plan de l'existant du front fluvial du centre ancien, 2020, Hélène ESPARON.

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Nous nous trouvons ici sur la promenade en surplomb du Quai Marx Dormoy. Ce positionnement nous permet d'avoir une vue la fois sur le Rhône en contrebas du muret et à la fois sur la ville de l'autre coté également en contrebas de la pente enherbé, où se trouvent les voitures.

FIG 59: Vues panoramiques des potentielles surfaces d’implantation , 2020, Hélène ESPARON.

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Le rapport entre la ville et le fleuve est ici, comme on peut le constater, quasiment inexistant. Il existe un contraste entre les quais, qui ont été refait à neuf, et le côté de la ville qui semble « mal entretenu » où les seuls occupants, bénéficiants des qualités du lieu, sont les voitures.

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FIG 60: Analyse en coupe du front fluvial , 2020, Hélène ESPARON.

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CONCLUSION Les berges du Rhône côté centre ancien de la ville, sont des lieux intéressants pour l'implantation de la stratégie d’accueil. En effet, leurs emplacements, leurs qualités paysagères, leurs typologies et leurs profils sont favorables à la mise en place du projet, tout comme leurs diverses dégradations et points négatifs, qui s’apparenterons à des opportunités pour améliorer leurs états actuels et de renforcer les objectifs de la stratégie. Les quais ainsi que la promenade en surplomb, offrent des vues sur le Rhône et la ville à exploiter; cependant, les jeux de hauteurs, qui sont un atout pour ces vues, caractérisent l’aspect protecteur de la ville face au Rhône, et viennent créer une limite entre la ville et le fleuve. Cette limite, partiellement franchissable grâce à des escaliers, vient rompre le lien entre la ville et le fleuve, de plus qu’une seconde limite apparait en contrebas de la promenade, sur la chaussée, au niveau des espaces de dilatation où des parkings se sont formés, venant éloigner un peu plus le fleuve du centre ancien. Implanter la stratégie d'accueil le long des berges du Rhône permettrait de revaloriser le lieu; de redonner une importance au Rhône en transformant les limites existantes en liens entre le centre ancien et le fleuve; de développer le commerce, tourisme fluvial et maritime; de créer des lieux de partages en requalifiant les espaces (…) de répondre aux différents objectifs de sa mise en place. L'implantation de la stratégie d’accueil sur le front fluvial du secteur sauvegardé permettra aux visiteurs et touristes de se préparer à découvrir la ville et son identité en profitant des multiples qualités des lieux, et aux habitants de découvrir ou de redécouvrir leur ville sous un nouvel angle.

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FIG 61: Les deux types d’interventions de la stratégie d’accueil , 2020, Hélène ESPARON.

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IV. Pour un avenir durable Les objectifs déterminés pour la stratégie d’accueil et le choix du lieu ainsi que son analyse permettent de dessiner les contours du programme du projet. La stratégie d’accueil évolue donc, comme vu sur le plan p. 79-80, le long des berges du Rhône, sur les quais du 8 Mars 1945, Marx Dormoy et de la Roquette, par le biais de deux interventions. En effet, il s'agit de mettre en place une intervention linéaire, comprenant les quais et la promenade, et trois interventions ponctuelles, au niveau des dilations de l'espace public repérées sur les plans précédents. Tous les éléments graphiques qui vont vous être présentés dans cette partie sont des éléments d’intention de projet, des croquis, des essais de coupes, de plans avec des collages de textures, de couleurs visants à illustrer mes pensées pour la conception de la stratégie d'accueil qui est, à ce jour encore, en réflexion.

1.

Réhabilitation de la promenade : intervention linéaire

Les berges possèdent une promenade en surplomb des quais avec un grand potentiel qui n'est aujourd'hui pas exploité. Cette promenade permet de profiter de diverses vues sauvegardées sur le Rhône et d'avoir à certains moments, par le biais des dilatations de l’espace public, des vues sur la cité antique. Pour cette intervention, il s’agit de réhabiliter la promenade afin de la rendre accessible et praticable par tous; de l’aménager afin de rendre son cheminement agréable, par le biais de mobiliers urbains, d’assises, de panneaux informatifs (…) ainsi que d’éléments permettant le franchissement plus simple du quai à la ville. Pour créer un lien, les quais en contrebas seront eux aussi aménagés par du mobilier urbain rappelant celui de la promenade en hauteur. Ces aménagements permettrons aux touristes, visiteurs ainsi qu'aux habitants de profiter des qualités paysagères des berges, d'y rester quelques heures, quelques minutes ou le temps d'un passage.

FIG 62: Profil schématique de l'implantation de l'intervention linéaire , 2020, Hélène ESPARON.

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PROGRAMME D’INTERVENTION RÉHABILITATION DE LA PROMENADE

‣ Mise en place de mobilier urbain ‣ Réhabilitation du sol dégradé en un sol en béton désactivé et galet de calade comme sur les quais

AMÉNAGEMENTS DES QUAIS ET DE LA PROMENADE Hélène ESPARON

‣ Mise en place de panneaux de découverte « point de vue » sur le Rhône avec photo avant/après. AMÉNAGEMENT DES QUAIS

‣ Mise en place de mobilier urbain

FRANCHISSEMENT DE LA DIGUE ET ACCESSIBILITÉ

Hélène ESPARON

ASSURER LE FRANCHISSEMENT DE LA DIGUE

‣ Réhabilitation des escaliers ‣ Création d’accès PMR permettant de franchir la digue.

PANNEAU DÉCOUVERTE Hélène ESPARON

ASSISES LE LONG DES QUAIS ET DE LA PROMENADE

USAGES CRÉES OU RETROUVÉS POUR LES TOURISTES ‣ Admirer les paysages du Rhône ‣ Découvrir la ville d’Arles ‣ Rencontrer des habitants ‣ Manger son sandwich le long des quais ‣ (…) POUR LES HABITANTS

MOMENTS DE VIE LE LONG DES BERGES Hélène ESPARON

‣ Se promener ‣ Faire son jogging ‣ Retrouver ses amis ‣ Discuter avec des touristes ‣ (…)

L'intervention linéaire, plus qu'une promenade agréable, jouera un élément clé pour assurer le lien entre le Rhône et la ville; la transition douce entre le monde extérieur et intérieur, ainsi qu’entre le touriste et l’habitant; par la mise en place d'éléments « liants » permettant un franchissement plus aisé des quais à la ville. 
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FIG 63: Plan schématique d’intention d'aménagement de la stratégie d’accueil , 2020, Hélène ESPARON.

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FIG 63: Coupe schématique d’intention d'aménagement de la stratégie d’accueil , 2020, Hélène ESPARON.

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2. Conception de lieux attractifs : interventions ponctuelles Comme on l’a vu sur les cartes précédentes, il existe trois points de dilatations dans le tissu urbain au niveau du front fluvial. Aujourd’hui ayant des usages de parking, ils pourraient être réaménagés en lieu attractifs, culturels, d’échanges et de partages pour les touristes et les habitants. Pour aider le touriste à entrer dans la ville, à s’acclimater à son identité et à le préparer à une visite plus responsable et durable, la stratégie d'accueil prendra forme sur trois lieux qui présenterons des caractéristiques et ambiances différentes. Le premier lieu, appelé Espace Caesar, sera le lieu d'accueil principal des touristes. Cet espace principalement à caractère informatif et à ambiances propices aux divertissements, permettra aux touristes de se préparer à visiter la ville, d’acheter leurs billets pour les musées, d'écouter un concert (…). Le second lieu, appelé Espace Octavius, sera le lieu exposant l’identité de la ville et du territoire. Cet espace principalement à caractère culturel et à ambiances de découvertes, permettra aux touristes et habitants de s’imprégner de l’identité de la ville et du territoire, de connaitre l'histoire d'Arles, de participer à des expositions photographiques, de découvrir ou de déguster des produits locaux (…). Le troisième lieu, appelé Espace Constantinus, sera le lieu de repos et de détente pour les touristes et les habitants. Cet espace principalement à caractère reposant et à ambiances propices au calme, permettra aux touristes et aux habitants de profiter d'un lieu de pause dans la ville, de s’arrêter quelques minutes voire quelques heures.

a. Espace Caesar L’Espace Caesar rend hommage, comme son nom l’indique, à Jules César. En effet, principal lieu d’accueil, attractif et d’importance pour les touristes de par les usages qu’il propose, il vient marquer, principalement, le commencement de la visite de la ville, en préparant le touriste à y entrer et à en découvrir ses qualités (…). Jules César fut le premier grand personnage à avoir permis à la ville d'Arles d’entrer dans l’histoire, de développer sa renommée, c'est grâce à lui que tout à commencé. L’Espace Caesar est donc une subtile comparaison entre l’histoire, « le début de la ville », « le commencement » (…) et l'activité touristique, « le début de la visite », « l’entrée » (…). L’implantation de l’Espace Caesar se fera sur l’actuelle place Marius Jouveau qui est actuellement un espace de circulation automobile autour duquel se trouvent essentiellement des places de parkings. Il s'agit pour cette première intervention de redéfinir l’espace en détournant l'axe routier et en déplaçant les places de parkings afin de pouvoir mettre en place la stratégie d’accueil. Cet espace participera, de par son programme d’intervention et de par les usages qu'il créera, au concept du tourisme durable. 87


PROGRAMME D’INTERVENTION RÉAMÉNAGEMENT DE L’ESPACE

‣ Réaménagement partiel du sol en béton désactivé beige et galet de calade. ‣ Transformation de la pente en gradins, assises, paliers enherbés (…)

UN ESPACE LIÉ À LA VILLE, À LA PROMENADE, AUX QUAIS ET AU RHÔNE

‣ Création de rampes PMR et d’escaliers. ‣ Aménagement d'un « jardin » de style camarguais. ‣ Conception d'une structure légère p e r m e t t a n t d ’a b r i t e r e t d e d i r i g e r inconsciemment le touriste dans sa visite. MISE EN PLACE DE SERVICES

UN ESPACE GUIDANT ET DIRIGEANT LE TOURISTE DANS SA VISITE

‣ Mise en place de mobilier urbain. ‣ Mise en place de bornes électroniques interactives. ‣ Mise en place de sanitaires publiques. ‣ Mise en place d'élément sensibilisant à la gestion des déchets. STRUCTURE LÉGÈRE

‣ Mise en place de panneaux informatifs sur la ville

Hélène ESPARON

USAGES CRÉES OU RETROUVÉS POUR LES TOURISTES ‣ S’informer sur la ville ‣ Acheter son ticket de musée ‣ Rencontrer des habitants S'AMUSER ET SE DIVERTIR

‣ Écouter un concert ‣ (…) POUR LES HABITANTS ‣ Participer à un évènement ‣ Rigoler avec ses amis ‣ Faire un spectacle devant la ville ‣ Discuter avec des touristes ‣ (…) S’INFORMER ET SE RENSEIGNER Hélène ESPARON

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b. Espace Octavius L'Espace Octavius rend hommage, comme son nom l’indique, à Octave, plus connu sous le nom de l’empereur Auguste. Auguste est le second personnage à avoir marqué l'histoire d'Arles, en effet, c'est lui qui a entrepris les nombreux travaux d'urbanisme dans la ville, et la construction de tout les monuments historiques, constituant l’actuel héritage de la ville, qui sont aujourd’hui reconnus et classés au patrimoine mondial des biens culturels par l’Unesco. Ces multiples interventions ont permis à la ville d’Arles d’accroitre sa renommée, ses richesses et sa valeur aux yeux des autres villes. L’Espace Octavius aura alors pour but de faire connaitre les diverses richesses de la ville mais également celles du territoire, en permettant de découvrir l’histoire de la ville, de déguster ou d'acheter des produits locaux, d’admirer une exposition d'artistes locaux (…). L’implantation de l’Espace Octavius se fait sur l’actuelle place André Suarez, qui est actuellement réservé au stationnement automobile. Enclavé entre des bâtiments d'habitation reflétant le charme pittoresque de la ville antique; il s'agit pour cette intervention de redéfinir l’espace en déplaçant les places de parking afin de pouvoir mettre en place le second élément de la stratégie d’accueil. Cet espace participera également au concept du tourisme durable à travers le programme d'intervention et les divers usages créés.

PROGRAMME D’INTERVENTION RÉAMÉNAGEMENT DE L’ESPACE

‣ Réaménagement partiel du sol en béton désactivé beige et galet de calade. ‣ Transformation de la pente en escaliers et paliers enherbés. ‣ Création d'une rampe PMR ‣ Aménagement d'un « jardin » de style camarguais

UN ESPACE GUIDANT ET DIRIGEANT LE TOURISTE DANS SA VISITE

‣ Conception d'une structure légère p e r m e t t a n t d ’a b r i t e r e t d e d i r i g e r inconsciemment le touriste dans sa visite. MISE EN PLACE DE SERVICES

TRANSFORMATION DE LA PENTE EN LIEU DE FRANCHISSEMENT

‣ Mise en place de mobilier urbain. ‣ Mise en place d'un local de rangement ‣ Mise en place de panneaux informatifs sur la ville ASSURER LE FRANCHISSEMENT ENTRE LA PROMENADE ET L'ESPACE OCTAVIUS Hélène ESPARON

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USAGES CRÉES OU RETROUVÉS POUR LES TOURISTES ‣ Découvrir/ acheter des produits locaux ‣ Observer une exposition photographique ‣ Rencontrer des habitants

DÉCOUVRIR L’IDENTITÉ DU TERRITOIRE ET DE LA VILLE

‣ Découvrir l'histoire de la ville ‣ (…) POUR LES HABITANTS

ADMIRER UNE EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE

‣ Faire ses achats au marché ‣ Rencontrer des touristes ‣ Se faire connaitre en vendant ses produits ‣ Rigoler avec ses amis ‣ (…)

ÉCHANGER AVEC LES HABITANTS Hélène ESPARON

c. Espace Constantinus L'Espace Constantinus rend hommage, comme son nom l’indique, à l’empereur Constantin Ier. Constantin Ier est le troisième personnage à avoir marqué l'histoire d'Arles, en effet, il a contribué à l’essor de la ville à partir du Vème siècle; il y a fait entreprendre des travaux et a convoqué le premier concile chrétien, c'est grâce à lui que la ville d’Arles acquiert à l'époque le statut de capitale politique, religieuse et économique. L’empereur édifia au bord du Rhône un sanctuaire en son nom, les Thermes de Constantin, qui est aujourd’hui classé au patrimoine mondial des biens culturels par l’Unesco. L’Espace Constantinus, de caractère reposant et d'ambiances calmes, rappelant celles des bains des thermes, marquera un temps de pause dans la ville, en proposant un lieu aménagé propice à la détente. L’implantation de l’Espace Constantinus se fait sur l’actuelle place Constantin, qui est actuellement un espace de circulation automobile autour duquel se trouvent essentiellement des places de parkings. Il s'agit pour cette troisième intervention, comme pour les deux autres, de redéfinir l’espace en détournant l'axe routier et en déplaçant les places de parkings afin de pouvoir mettre en place la dernière stratégie d’accueil. Cet espace participera également au concept du tourisme durable à travers le programme d'intervention et les divers usages créés.

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PROGRAMME D’INTERVENTION RÉAMÉNAGEMENT DE L’ESPACE

‣ Réaménagement partiel du sol en béton désactivé beige et galet de calade. ‣ Création d'une rampe PMR

ASSURER LE FRANCHISSEMENT ENTRE LA PROMENADE ET L'ESPACE CONSTANTINUS.

‣ Aménagement d'un « jardin » de style camarguais MISE EN PLACE DE SERVICES

‣ Mise en place de mobilier urbain.

Hélène ESPARON

USAGES CRÉES OU RETROUVÉS POUR LES TOURISTES ‣ Se reposer après un long voyage ‣ Jouer avec ses copains ‣ Écouter une histoire narrée par un habitant. ‣ Manger sa salade / son sandwich ‣ (…) POUR LES HABITANTS ‣ Retrouver ses amis ‣ Lire un livre ‣ Rencontrer des touristes ‣ Se promener en famille ‣ (…)

Hélène ESPARON

Ces interventions ponctuelles, l’Espace Caesar, l’Espace Octavius et l’Espace Constantinus remplissent pleinement leurs usages de stratégie d’accueil pendant les saisons estivales, qui sont comme on l'a vu dans la première partie, l’été et le printemps. En dehors des saisons touristiques, ces lieux, se transforment pour laisser place aux marchés en semaine, aux évènements locaux, aux fêtes de voisins, en lieux de détente, lieux de rassemblement (…) pour les habitants de la ville d’Arles et de ses alentours. 91


3. La Voie Théliné La stratégie, conçue comme un espace d’accueil pour les touristes, un lieu de partage avec les habitants et un lieu de transition mettant en avant l’identité de la ville et renforçant le lien entre le Rhône et la cité antique, prend alors forme en assemblant les deux interventions de projet: linéaire et ponctuelles. Cette intervention globale, multi-sites, pensée comme un élément liant le monde extérieur à la ville, créé un nouvel espace attractif au sein de la cité antique, un nouveau lieu « à visiter », « à aller voir », différent des monuments, musées, expositions habituelles et lieux prisés par les touristes (…). Ce projet répondant, à travers les divers objectifs et programmes mis en place, à la problématique de la conservation de l’identité du centre antique de la ville et du territoire face aux bouleversements que pourrait cause le tourisme de masse, répond également à la problématique de la relation entre le fleuve et la ville. Ce nouveau site, appelé la Voie Théliné se veut, en plus d'être une stratégie d’accueil du secteur sauvegardé d'Arles pour un tourisme durable, être un lien entre le Rhône et la cité antique. En effet, il créer les liens d’aujourd’hui rappelant ceux que la ville entretenaient hier, en espérant pouvoir établir ceux de demain dans un contexte durable. C’est ainsi qu'est née la Voie Théliné, lien entre hier, aujourd’hui et demain.

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Conclusion La réalisation de ce projet de fin d'étude m'a questionné, impliqué et passionné. Le choix de mon sujet est la suite d'un cheminement que j'ai réalisé pendant mon parcours au sein de l’école durant ces 5 années d’études. Je me suis questionnée sur un bon nombre de sujets touchant au patrimoine, à la culture, à l’identité d'un lieu, à la préservation et à la conservation; je me suis intéressée de près, lors de réalisations de projets de studio, à l'importance des lieux, à leurs caractères et aux impacts des interventions qui allaient être réalisées; à travers le mémoire, j'ai questionné les bouleversements de l'activité touristique sur un lieu sauvegardé, un lieu chargé d'histoire et particulier; c'est ainsi que se sont dessinés les contours de mon sujet de projet de fin d’étude. Un sujet, qui depuis le début, façonné par mes questionnements, à petit à petit émergé pour se retrouver aujourd’hui au coeur de mon projet de fin d’étude, celui qui déterminera mon avenir. Une grande place. Ce sujet m’a impliquée, m'implique et m’impliquera toujours, moi, en tant que future architecte, à réfléchir à des alternatives et à des propositions concernant le phénomène du tourisme qui touche de plus en plus nos villes. Ce sujet, qui me parait important à traiter dans notre société actuelle, ne peut s’arrêter à un simple projet de fin d’étude étudiant, ce sont des analyses et des recherches plus poussées qui doivent être entreprises à ce sujet. Comment préserver notre héritage commun face à l'activité touristique ? J’ai développé, ici, une réponse, sans doutes parmi tant d'autres, pour la ville d'Arles, mais qu'en est-il pour les autres ville menacées par le tourisme de masse ? Comment devraient-elle se protéger? Quels éléments seraient mis en place pour conserver leurs patrimoines? Leurs héritages? Leurs identités ? (…) Ce sont tout autant de questions qui se posent encore aujourd'hui et auxquelles il faudrai réussir à répondre dans un avenir proche. Mais il ne s'agit, malheureusement pas, de créer un remède miracle applicable à toutes les villes, il s'agit, bien au contraire, d'étudier chaque lieux, d'analyser chaque territoires, de comprendre chaque fonctionnements et de s’imprégner des identités propres aux lieux afin de trouver une réponse des plus cohérente. Je suis convaincue qu'un projet doit être en lien avec son passé, son territoire, son lieu, tout en étant à l’écoute de ce qu'il se passe aujourd'hui, pour mieux envisager demain et afin de pouvoir persister dans le temps. Mes recherches et mon implication pour ce projet m’ont passionné. En effet, l’idée de répondre à des questionnements qui sont réels et d'actualités m'a motivée, intriguée. J'ai pu également, en traitant des registres qui m’intéressent, liés au patrimoine, à l’urbanisation (…) enrichir mes connaissances, mon vocabulaire et me confronter à des documents complexes. J’ai passé des journées à parcourir la ville d’Arles et son territoire, à capturer des images reflétant son identité, dont je me suis finalement imprégné. Pour conclure, je suis convaincue que ce sujet tient une place importante et qu'il doit être développé par nous, architectes, qui tenons ce fabuleux rôle de « façonneur » de ville, de créateurs de concepts, de générateurs de l’héritage de demain. Nous avons le pouvoir d’améliorer, de changer les choses, alors faisons le pour nos architectures et nos milieux. 93


FIG 64: Au détour d'une ruelle dans le centre antique , 2020, Hélène ESPARON.

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Lexique AVIFAUNE — Une avifaune est un groupe composé d'oiseaux, de la même espèce ou d'espèces diverses, qui partagent le même écosystème. L’avifaune permet donc de désigner une population d’oiseaux à un endroit spécifique.

BERGE — Bord d'un cours d’eau (ruisseau, rivière, fleuve, canal) ou d'un lac, en pente, souvent escarpé, formé naturellement ou dû à la main de l’homme. BIORÉGION — Une Biorégion correspond à un territoire dont les limites ne sont pas définies par des frontières politiques mais par des limites géographiques et culturelles qui prennent en compte tant les communautés humaines que les écosystèmes.

CRT — Comité Régional du Tourisme. Les comités régionaux du tourisme sont, en France, des organismes institutionnels ayant pour mission l'observation, l'organisation du tourisme et la promotion de leur région au niveau national et à l’étranger.

CRUE — La crue est une forte augmentation, un accroissement du débit, de la hauteur d'eau en écoulement d'un fleuve, d'une rivière, d'un cours d’eau. Le mot s'utilise fréquemment quand le débordement du lit mineur du cours d'eau commence à provoquer des dommages.

DELTA — Un delta est un type d'embouchure, une zone où se déposent des alluvions et qui divise un fleuve en plusieurs bras.

DIGUE — Une digue est un remblai longitudinal, de nature artificielle et le plus souvent composé de terre. La fonction principale de cet « ouvrage continu sur une certaine longueur » est d’empêcher la submersion des basses-terres par les eaux d'un lac, d'une rivière, d'un fleuve ou de la mer. ESPACES PROTÉGÉS — Les espaces protégés sont des ensembles urbains ou paysagers remarquables par leur intérêt patrimonial au sens culturel du terme, notamment aux titres de l’Histoire, de l'architecture, de l'urbanisme, du paysage, de l'archéologie.
 Les espaces protégés couvrent environ 6 % de notre territoire et englobent des éléments bâtis et paysagers de nature et d’époque différentes. Ils peuvent être de 4 types : Abords des monuments historiques, Secteurs sauvegardés, Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) qui doivent être transformées en aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP), Sites classés ou inscrits. Les interventions en espaces protégés doivent respecter l’harmonie, la cohérence des espaces qui les entourent. Il faut donc veiller à la qualité des interventions, des travaux, au choix et à la mise en œuvre des matériaux : ravalements de façades, travaux de toitures, traitement des sols, mobilier urbain, plantations, éclairage, etc.

ESTACADE — Dans le domaine du génie civil, une estacade ou jetée à claire-voie est un ouvrage établi sur appuis discontinus, tels que pieux, colonnes (…), pour supporter une voix d’accès à un phare, permettre l'accostage de canots (…). 95


EXCURSIONNISTE — Visiteur dont le séjour ne comporte aucune nuitée dans le pays visité (y compris les passagers et membres d’équipage des navires en transit, de croisière ou de plaisance, logés à bord).

HÉRITAGE — L'héritage est un patrimoine transmis par succession. IDENTITÉ — Données qui détermine, caractérise un élément et qui permet de le différencier des autres.

INTERCOMMUNALITÉ — L'intercommunalité permet aux communes de se regrouper au sein d'un établissement public soit pour assurer certaines prestations (ramassage des ordures ménagères, assainissement, transports urbains…), soit pour élaborer de véritables projets de développement économiques, d'aménagement ou d'urbanisme. Depuis la loi de 1999, les communes ne peuvent pas adhérer à plus d’un établissement de coopération intercommunale à fiscalité propre.

NATURA 2000 — Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l’Union Européenne ayant une valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.

NUITÉE — Unité de compte de la durée du séjour, constituée d’une nuit par personne passée en

hébergement hors de son domicile déclaré. Cette unité de mesure permet de mesurer la durée de séjour moyenne des touristes dans les lieux touristiques.

OMT — Organisation Mondiale du Tourisme. L'organisation mondiale du tourisme est une institution spécialisée des Nations Unies destinée à promouvoir et à développer le tourisme. L'OMT joue un rôle dans la promotion du développement du tourisme responsable, durable et accessible à tous, en veillant sur l’intérêt des pays en développement.

PATRIMOINE — Le patrimoine est l'ensemble des constructions humaines qui ont une grande valeur parce qu'elles caractérisent une époque, une civilisation ou un évènement et que, à cause de cette valeur, nous voulons transmettre aux générations futures.

PATRIMOINE

— Le patrimoine mondial ou patrimoine mondial de l'Unesco désigne un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l'héritage commun de l'humanité, actualisé chaque années depuis 1978 par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco. MONDIAL DES BIENS CULTURELS

QUAI — Un quai est un dispositif permettant le chargement et le déchargement de passagers et de biens au bord d’une étendue d’eau.

PLAN RHÔNE — Le Plan Rhône est une stratégie élaborée en 2004 et qui court jusqu’a 2025, dont l’objectif est de définir et mettre en oeuvre un programme de développement durable autour du Rhône et de la Saône, prenant en compte l’ensemble des usages, par le biais de la labellisation et du financement de projets portés par les acteurs de ces territoires (collectivités, associations, entreprises…). 96


PLU — Plan Local d’Urbanisme. En France, le plan local d’urbanisme, ou le plan local d’urbanisme intercommunal, est le principal document de planification de l’urbanisme au niveau communal ou intercommunal.

PSMV — Plan de sauvegarde et de mise en valeur. Relevant du code de l’urbanisme, le PSMV est une démarche d’urbanisme qualitatif dont l’objectif est autant de conserver le cadre urbain et l’architecture ancienne que d’en permettre l’évolution harmonieuse au regard des fonctions urbaines contemporaines et en relation avec l’ensemble de la ville. SECTEUR SAUVEGARDÉ — Les secteurs sauvegardés correspondent aux ensembles urbains - aux quartiers historiques les plus remarquables, du point de vue du patrimoine culturel : architectural, urbain, historique, esthétique, notamment. Ils sont destinés à garantir la sauvegarde et la mise en valeur de ces quartiers historiques. Les règles particulières d’urbanisme et d'architecture qui s’y appliquent sont regroupées dans un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) qui a valeur de document d’urbanisme et se substitue alors au plan local d’urbanisme (PLU). Créé par la loi du 4 août 1962 dite « Loi Malraux », le dispositif des secteurs sauvegardés avait pour objectif de préserver les centres urbains et d’éviter la destruction massive des centres anciens menacés par des opérations de rénovations urbaines radicales. En effet, alors jugés insalubres, ils étaient menacés de destruction par souci d'hygiène et de modernité afin de les remplacer par un nouvel urbanisme de tours et de barres noyées dans la verdure.

SANSOUÏRES — Les sansouïres apparaissent dans les zones du delta, comme la Camargue, sous l’influence de la nappe d’eau salée. La sansouïre est un milieu limoneux stérile couvert d’efflorescence saline, inondable, recouvert de salicornes, de soudes et de saladelles.

SÉJOUR — Période continue incluant au moins une nuit, durant laquelle un touriste est physiquement présent sur ce territoire.

SITE

— Les sites classés ont une valeur patrimoniale qui entraine une politique vigoureuse de préservation tandis que les sites inscrits peuvent être modifiés dans le respect de sa qualité. CLASSÉ OU INSCRIT

SYMADREM — Syndicat Mixte Interrégional d’Aménagement des Digues du Delta du Rhône et de la Mer. Il est compétant sur l’ensemble des digues depuis Beaucaire/Tarascon jusqu’a la mer y compris la digue à la mer sur le littoral et réuni depuis 2005 les deux rives du Rhône. Il possède aussi un Plan de Gestion des Ouvrages (PGO), des niveaux d’alertes ont été définis en fonction du seuil des débits atteints par le Rhône sur les digues du Rhône et de Beaucaire, ainsi que sur les quais.

TOURISTE — Visiteur qui passe au moins une nuit dans le pays visité (y compris les membres d’équipage des compagnies aériennes non résidents et les transitaires, le cas échéant).

TOURISME

— Il peut se définir comme impliquant un développement raisonné, qui associe les acteurs du tourisme, publics et privés, les ONG et les populations locales. Il doit DURABLE

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contribuer à un développement local grâce à un partage équitable des bénéfices et des charges crées par le tourisme. Il doit favoriser le rapprochement et la paix entre les peuples, et faire prendre conscience de la diversité des cultures et des modes de vie. Il doit être respectueux de l’environnement (gestion des déchets, réduction de la pollution…). Il se développe autour de 5 facteurs; le slow tourisme, le tourisme communautaire, le tourisme équitable, le tourisme solidaire et l’écotourisme.

UNESCO — United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la Culture). La mission de l’Unesco est de contribuer à l’édification d’une culture de la paix, à l’éradication de la pauvreté, au développement durable et au dialogue inter culturel par l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information. L’Unesco s’emploie à créer les conditions d’un dialogue entre les civilisations, les cultures et les peuples, fondé sur le respect de valeurs partagées par tous. C’est par ce dialogue que le monde peut parvenir à des conceptions globales du développement durable intégrant le respect des droits de l’homme, le respect mutuel et la réduction de la pauvreté, tous ces points étant au coeur de la mission de l’Unesco et de son action.

VISITEURS — Personne qui se rend dans un pays autre que celui où elle réside habituellement, pour une durée inférieure ou égale à 12 mois et pour une raison autre que celle d’y exercer une activité rémunérée (non compris les voyageurs qui, juridiquement, ne pénètrent pas dans le pays, comme les transitaires restant en zone sous douane).

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Bibliographie OUVRAGES BERNIÉ - BOISSARD Catherine, CHASTAGNER Claude, CROZAT Dominique, FOURNIER Laurent Sébastien (dir), Patrimoine et valorisation des territoires, Paris, L’Harmattan, Octobre 2012, 300p. CLANCY Michael, Slow tourism, food and cities, New-York, Routledge, 2018, 243 p. ORILLARD Clément, PICON Antoine, De la ville nouvelle à la ville durable : Marne-La-Vallée, Marseille, Parenthèse, Octobre 2012, 296 p. VEYRET Yvette, ARNOULD Paul, Atlas du développement durable; société, économie, environnement : un monde en transition, Paris, Autrement, Mars 2019, 96 p.

DOCUMENTS EN LIGNE Le Plan Local d’Urbanisme de la ville d’Arles, (consulté en Mai 2020) Disponible sur : www.ville-arles.fr RESCH Aurélie, Tourisme durable ; faut-il des quotas pour préserver les sites touristiques ?, magasine TourMag pour l’IFTM, 8 Octobre 2017 (consulté le 2 Mars 2020). Disponible sur : www.tourmag.com SYMADREM, VILLE D’ARLES, Les quais d’Arles, un patrimoine face au Rhône, 2007, 31 p. (consulté le 5 Avril 2020). Disponible sur : livret-exposition-quai-du-rhone.pdf Tous les documents relatifs au PSMV de la ville d’Arles, (consultés en Avril 2020) Disponibles sur : www.ville-arles.fr Toutes les brochures du site Arles Tourisme, (consultées en Mai 2020) Disponibles sur : www.arlestourisme.com

REVUE ARLES TOURISME, Bilan de fréquentation touristique 2016, 2016, 43p. (consulté en Mars 2020) Disponible uniquement sur demande. ARLES TOURISME, Rapport d’activité et de fréquentation 2017, 2017, 43p. (consulté en Mars 2020) Disponible uniquement sur demande. ARLES TOURISME, Rapport d’activité et de fréquentation 2018, 2018, 43p. (consulté en Mars 2020) Disponible uniquement sur demande. 99


HOFFMANN Maja, Imaginer des futurs pour une ville et une Biorégion, Arles, LUMA DAYS #1, Mai 2017, 135p. (consulté le 20 Mars 2020) Disponible sur : lumadays.org

SITES WEB CHAMBRES DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE D’ARLES Disponible sur : www.arles.cci.fr INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES Disponible sur : https://insee.fr/fr/accueil LA VILLE D’ARLES Disponible sur : https://www.ville-arles.fr PARC NATUREL RÉGIONAL DE CAMARGUE Disponible sur : www.parc-camargue.fr PAYS D’ARLES Disponible sur : https://www.pays-arles.org

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