Rions
Paysages patrimoniaux singuliers de l’Entre-deux-mers
Mémoire personnel de fin de 2nd cycle Formation des paysagistes D.P.L.G - ENSAPBx
Estelle LE COËNT
Sommaire Chapitre 1 : Une situation spatiale atypique..............................................7 Introduction............................................................................................................................................................................................................................ 8 - Rions dans son contexte Des unités paysagères, cloisonnées par le relief.................................................................................................................................................................10 - Le palus - Les ondulations viticoles - La terrasse Une situation spatiale atypique............................................................................................................................................................................................ 25
Chapitre 2 : D’une cité prospère vers de paysages figés......................31 Le socle géomorphologique................................................................................................................................................................................................. 32 Avant la révolution................................................................................................................................................................................................................ 35 - Les origines romaines - Les invasions - La période romane - Edification des remparts et renforcement du système défensif - Les guerres de religion Depuis la révolution.............................................................................................................................................................................................................. 40 - De la révolution au XIXème siècle - Le XXème siècle - Rions aujourd’hui - Les traces du passé - Les dynamiques actuelles - Les enjeux
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Sommaire Chapitre 3 : La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles....62 Un paysage protégé............................................................................................................................................................................................................. 63 - Les politiques publiques - Des protections adaptées, unité par unité Prospectives......................................................................................................................................................................................................................... 73
Conclusion.......................................................................................... 75 Bibliographie....................................................................................... 78
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Chapitre 1 :
Une situation spatiale atypique
Rions dans son contexte La commune de Rions, située sur la rive droite de la Garonne entre Cadillac et Langoiran, compte 1 565 habitants pour 10,65km2. A 30km au sud-est de Bordeaux, elle s’inscrit dans son aire urbaine. Elle appartient au Pays Coeur entre deux mers, à la Communauté de communes du Vallon de l’Artolie et au canton de Cadillac. C’est une commune viticole située dans la zone AOC des premières Côtes de Bordeaux. Rions dans le contexte départemental Dans le pays entre deux mers (Fond orthophotographie : google maps)
Surplombant la vallée de la Garonne, c’est l’une des plus anciennes villes de la Gironde. Elle a conservé un ensemble urbain et architectural remarquable témoignant de son importance historique. Son patrimoine architectural, historique, culturel et paysager font sa richesse. Depuis ses origines, Rions a subi de profondes modifications dans ses dynamiques et dans la structure de son territoire. On peut aujourd’hui dire qu’il s’agit d’une commune rurale peu dynamique, qui semble présenter un potentiel de développement urbain, touristique et paysager inexploité.
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Les principales composantes de la commune
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1. Une situation spatiale atypique La commune est desservie par la route départementale 10 qui la relie à Cadillac (à 7 kilomètres), et à Bordeaux (à 33 kilomètres). Le parcours stratégique de la RD 10, au bas du coteau délimitant le «plateau» de l’Entre-deux-mers, où l’urbanisation est plus marquée, traverse de nombreuses agglomérations situées en rive droite de la Garonne. Le pont de Podensac la place à une dizaine de kilomètres de la sortie de l’A62 reliant Bordeaux à Toulouse. Ainsi, l’accessibilité des pôles d’emplois, associée au caractère rural très recherché de la commune, à entraîné une importante attractivité résidentielle dans la seconde moitié du XXème siècle, à l’origine d’une urbanisation pavillonnaire diffuse des coteaux. Les modifications profondes de la structure et du paysage de la commune, associées à une situation spatiale atypique qui la différencie des autres communes situées à l’interface entre le plateau et la vallée de la Garonne, sont à l’origine de nouvelles problématiques et de nouveaux enjeux paysagers dont nous tenterons d’expliquer les tenants et les aboutissants. Le paysage communal La diversité du paysage communal est déterminée par ses caractéristiques physiques et topographiques. Le relief est marqué par le coteau d’une part, et la falaise d’autre part, délimitant respectivement le plateau sillonné de vallées intérieures de l’Entredeux-mers, et la terrasse surplombant le palus. Ainsi, on peut différencier trois unités topographiques et paysagères réparties d’ouest en est comme suit : celle du palus, en bordure de Garonne, celle de la terrasse, accueillant le bourg de Rions, et celle des collines viticoles. Le territoire communal est majoritairement couvert par la vigne, qui représente, avec son relief particulier, un élément marquant de son identité paysagère. On peut définir les paysages de Rions comme étant de façon générale, des paysages ouverts et de qualité, malgré l’urbanisation pavillonnaire qui pourrait les altérer.
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Rions - Carte de l’occupation du sol La vigne domine le territoire et représente un élément fort de l’identité paysagère de Rions. Les versants abrupts des nombreux vallons sont souvent couverts de boisements. L’urbanisation, contrainte par le relief, est présente principalement sur la terrasse avec le bourg, mais aussi au niveau des hauteurs sous forme de hameaux dispersés. Le palus est cultivé et inhabité.
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1. Une situation spatiale atypique Desunitéspaysagèrescloisonnéesparlerelief
• Le palus agricole
Situé en bordure de Garonne, il correspond à un vaste espace inondable au relief peu marqué, structuré par des fossés de drainage. C’est son caractère inondable, associé à la fertilité de ses terres qui a conditionné son occupation quasi exclusivement agricole. Le maïs, particulièrement propice à ce type de secteur hydromorphe, y est majoritairement présent.
• Les ondulations viticoles
L’unité des ondulations viticoles est la plus vaste et s’étend sur tout le plateau de l’Entre-deux-mers. Elle est caractérisée par un relief de collines très découpées qui détermine deux sous unités, avec les vallons boisés d’une part, et les hauteurs dominées par la viticulture et une urbanisation composée de hameaux dispersés et de rare bâti isolé d’autre part.
Les trois grandes unités paysagères
• La terrasse
A l’interface entre les collines viticoles et le palus se situe la terrasse. C’est sur cette unité que se trouvent la plupart des secteurs urbanisés de la commune, avec le bourg historique de Rions, et la départementale 10. Comme les collines, la terrasse est particulièrement adaptée à la viticulture, et celle-ci occupe une grande partie de l’espace.
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Le Palus agricole Le palus correspond à plaine inondable de la Garonne, nettement délimitée à l’est par la falaise. Jusqu’à il y a quelques siècles, la Garonne longeait la falaise. Depuis, son lit majeur s’est déplacé vers l’Ouest, et le palus ainsi découvert a été mis en culture. On trouve dans cet espace, une relative diversité de culture, où se côtoient les restes d’une agriculture traditionnelle, et de très larges parcelles de maïs.
L’espace agricole Du pied de la falaise aux berges de la Garonne, la quasi totalité du palus est cultivée.
Le long de la rive Quelques indices témoignent de la présence de la Garonne et des activités qui y sont liées.
Entre espace agricole et bourg médiéval Des espaces d’agrément, privés ou publics, pas toujours valorisés.
La falaise Forme une limite physique nette entre la zone du palus à vocation agricole et la terrasse urbanisée.
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1. Une situation spatiale atypique
L’espace agricole du palus est dominé par la maïsiculture, vient ensuite la céréaliculture, la viticulture, et de petites parcelles de populiculture en bordure de Garonne. Caractérisé par un parcellaire assez grand et relativement ouvert, il est structuré par la présence non systématique de haies en limite de parcelle et par un réseau de fossés de drainage.
La Garonne, presque imperceptible, est soulignée à l’horizon par sa ripisylve, étroite mais touffue, formant un écran végétal.
Au niveau des berges, différents éléments tels que des abris et cabanes de pêcheurs (carrelet), abandonnés ou non, témoignent d’anciennes activités liées au fleuve. Aujourd’hui quelques rionnais pêchent encore à loisir.
Un chemin d’accès délimite d’un coté l’espace agricole, et de l’autre, une étroite bande étendue jusqu’au pied de la falaise, à l’interface entre le palus et le bourg de Rions, occupée par des jardins privés ou jardins familiaux, prairies et terrain de sport. Certains de ces espaces ne sont ni entretenus ni valorisés.
La falaise, fortifiée par le mur d’enceinte au niveau du bourg de Rions, domine et sert de toile de fond aux paysages du palus. Le pied de la falaise regorge de témoignages historiques, avec par exemple la fontaine de Charles VII, qui servit longtemps de lavoir.
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Le Palus agricole Le palus est un vaste espace à dominante agricole, plan et ouvert, délimité à l’est par le relief de la terrasse qui le domine, et à l’ouest par la Garonne. Il présente une certaine variété paysagère, par la diversité de cultures qui le caractérise. La majorité de l’espace est occupé par les grandes cultures céréalières, principalement de maïs sur des parcelles très étendues, mais également de blé. On y trouve aussi de la vigne, et de très petites parcelles de populiculture. Les très grandes parcelles de maïsiculture se différencient des espaces de mosaïculture plus traditionnels, aux parcelles plus petites et plus diversifiées. L’espace est structuré par le réseau de fossés de drainage nécessaire à ces terres très humides, et par les boisements résiduels, sous forme de haies accompagnant les chemins ou délimitant des parcelles agricoles, ou encore d’arbres isolés. Les boisements sont également présents sur cette unité paysagère sous forme de ripisylve, constituée de saules, de peupliers, d’aulnes et de chênes, accompagnant la Garonne ou les cours d’eau secondaires. Ces boisements agissent comme des repères marqueurs du paysage en en soulignant la structure. Bien que discontinus, il assurent tout de même une certaine continuité écologique. Une zone étroite au pied de la falaise en contrebas du bourg n’est pas occupée par l’agriculture mais par des jardins (jardins privés de grandes propriétés mais aussi jardins familiaux), prairies et terrains de sports. Ils sont isolés du reste du palus par des murets bas laissant la vue dégagée. Certains de ces espaces ne sont pas entretenus ni valorisés mais restent très exposés à la vue et peuvent nuire à la qualité des paysages perçus depuis le palus comme depuis la falaise. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une falaise au sens géomorphologique mais plutôt d’un escarpement rocheux, souligné par les fortifications du bourg médiéval. Ce relief offre de nombreuses vues sur la vallée de la Garonne et la géométrie du palus. La Garonne a joué et joue encore un rôle déterminant dans le fonctionnement de cet espace et la formation de ces paysages. Sa proximité représente à la fois des avantages et des contraintes. On appelle «palus» une terre d’alluvions. Ici la plaine alluviale correspond au
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lit majeur de la Garonne. La présence du fleuve a doublement conditionné cet espace à une vocation quasi exclusivement agricole : D’une part, il est englobé dans le lit majeur de la Garonne, et son caractère inondable le rend inconstructible. Et d’autre part ces terres d’alluvions présentent l’avantage d’être riches et bien alimentées en eau, et sont donc agronomiquement très productives. L’humidité du sol implique la présence d’un réseau de fossés de drainage, nécessaire à l’exploitation de ces terres, qui dessine la structure du parcellaire. La proximité de l’eau conditionne également le type de culture. En effet, même si le palus présente une certaine diversité de cultures : viticulture, maïsiculture, populiculture etc. La très forte proportions de grandes parcelles de maïs, et à l’inverse, la proportion limitée de parcelles de vignes comparé au reste du territoire, s’expliquent par l’humidité des terres. En effet, si les importants besoins en eau du maïs sont parfaitement adaptés à l’humidité de ce sol, ce n’est pas le cas de la vigne dont les besoins en eau sont plus limités. On la trouve d’ailleurs plus souvent sur les zones les moins humides du palus. La Garonne, bien que visible depuis les points hauts, n’est que très peu perceptible depuis le palus. Elle est matérialisée par la ripisylve, peu épaisse mais dense, qui l’accompagne et marque l’horizon, mais la limite entre les deux rives n’est pas toujours appréciable, et il n’existe que peu d’accès directs à ses rives. Aujourd’hui encore, les berges de la Garonne portent les traces d’activités autrefois tournées vers le fleuve. Comme en témoignent des éléments tels que des cabanes de pêcheurs abandonnées, carrelets, vestiges de port et autres aménagements liés aux activités fluviales. A ce jour, si quelques rionnais pêchent encore à loisir, c’est plus par habitude, comme beaucoup le confessent, que dans l’espoir d’une pêche fructueuse puisqu’il n’y aurait aujourd’hui quasiment plus rien à pêcher. Nous verrons par la suite quelles circonstances ont engendré le bouleversement des activités fluviales de Rions.
1. Une situation spatiale atypique Parcelle de vigne
Haie mixte
Chemin d’accès enherbé
Canaux de drainage
Parcelles culitivées (maïs)
Peupleraie Depuis les points hauts, on devine la présence de la Garonne grâce à sa ripisylve dense et continue, et à sa rive gauche qui se démarque en arrière plan.
Vue sur le palus depuis le bourg (rue du Château)
Ripisylve
Peupleraie
Canaux de drainage
Chemins d’accès
O
E La Garonne
Grandes cultures
Viticulture, principalement du coté du coteau
Jardins
Ce territoire s’organise en fonction du fleuve mais aussi de la ville dont le bourg surplombe les paysages : les jardins et autres espaces d’agrément au pied du bourg, la vigne sur les zones les moins humides, les grandes cultures céréalières sur tout le reste du territoire, et la ripisylve accompagnant la Garonne.
Bourg médiéval
Coupe transversale Est/Ouest du palus
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Les ondulations viticoles Le paysage des collines viticoles, caractérisé par un relief souple et ondulant accueillant boisements et vignobles, semé de hameaux et châteaux viticoles sur les hauteurs, est celui que l’on retrouve sur tout le plateau de l’Entre-deux-mers. La configuration spatiale à Rions valorise les vues vers ce territoire qui représente un élément identitaire important des paysages rionais.
Les collines viticoles Les hauteurs sont majoritairement occupées par la culture de la vigne, élément caractéristique de cette unité.
Les vallons boisés Les zones les plus escarpées, en particulier dans la partie Est de la commune.
Les hameaux sur les hauteurs Dessinent la ligne de crête et dominent le paysage
Des typologies de bâti variée Avec des hameaux anciens aux extensions récentes, et un léger mitage
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1. Une situation spatiale atypique
Les hauteurs offrent des paysages ouverts au relief ondulé, souligné par la géométrie régulière de la viticulture, et structurés par la présence de quelques haies et arbres isolés. Ces paysages d’ondulations viticoles sont ceux qui caractérisent une grande partie du plateau de l’Entre-deux-mers.
Les boisements de feuillus occupent des parcelles nettement découpées là où la culture de la vigne n’est pas possible : sur les zones les plus escarpées du coteau, et plus particulièrement sur les versants les plus ombragés.
Les hameaux dominent les collines et la vallée de la Garonne. La structure lâche, irrégulière et peu homogène ainsi que la diversité architecturale de ces hameaux témoignent d’une densification progressive très étalée dans le temps autour de noyaux anciens.
Pour les hameaux comme pour l’habitat isolé, des typologies de bâtis relevant de périodes historiques différentes se confrontent directement. Ainsi, on peut voir des granges en pierre traditionnelles ou des chateaux viticoles du XVIIIème siècle, et des constructions récentes correspondant à un type d’urbanisation standardisé.
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Les ondulations viticoles Le relief y est ondulant, culminant à une centaine de mètres, marqué par de profonds vallons, et ne permet pas de deviner d’un coup d’oeil, l’étendue du paysage ; ce n’est qu’au détour d’un virage ou au sommet d’une crête, que l’on découvre le territoire de Rions. Bien que majoritairement occupée par la viticulture, ce territoire ne manque pas de diversité du fait des différences de perception liées au relief et aux boisements qui les accompagnent. On peut diviser l’unité paysagère des ondulations viticoles en deux sousunités, déterminées encore une fois par le relief : les vallées boisées, et les hauteurs cultivées et habitées. D’épais boisements de feuillus occupent les zones les plus escarpées des vallons, celles qui à cause du relief, mais également par manque d’ensoleillement, ne peuvent accueillir de vigne. La partie Est de la commune est plus boisée du fait d’un relief plus chahuté. Ces boisements présentent un cortège végétal caractéristique d’un milieu méso-xérophyte calcaire (chêne pubescent et sessile, érable champêtre et sycomore etc.), de plus en plus mésophile à mesure que l’on s’approche du cours d’eau en fond de vallon. Quelquefois, les fonds de vallons sont laissés ouverts à l’agriculture et aux prairies, mais ils représentent globalement des espaces fermés contrastant avec les espaces ouverts des hauteurs. Les hauteurs sont majoritairement plantées de vignes d’où émergent, de manière éparse, quelques boisements, haies ou arbres isolés. Les châteaux des domaines viticoles, isolés sur les hauteurs, participent à la richesse architecturale et paysagère des collines. Ce territoire est situé dans les zones AOC Cadillac «Terroirs de passion or» ; Cadillac Côtes de Bordeaux «Terroirs de passion rouge» ; Côtes de Bordeaux et Premières Côtes de Bordeaux «Terroirs de passion blanc». Les différents domaines viticoles produisent également d’autres appellations (Bordeaux blanc sec, Bordeaux rosé, Entre-deux-mers, etc.). La région des Cadillac côtes de Bordeaux, par ses terrains pentus et caillouteux, naturellement drainés offre à la vigne des sols de choix (graves caillouteuses, terres argilo-calcaires ou argilo graveleuses au sommet des coteaux), favorables à une production viticole de grande qualité.
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L’origine de l’implantation de la vigne sur ces terres remonte à l’occupation romaine. Depuis, l’occupation anglaise au XIIème siècle à développé l’exportation du vin par bateaux, contribuant à l’enrichissement de la ville. La vigne représente depuis les origines et malgré les crises, l’élément identitaire et immuable de ces paysages. Le bâti, présent sous forme d’habitat isolé ou de hameaux, est situé sur les sommets des collines, et principalement le long de la ligne de crête visuelle. Ces hameaux se sont développés ainsi dans une logique liée à la viticulture. En effet, les sommets des collines sont plus facilement constructibles, mais aussi moins propices au développement d’un vignoble de qualité que les pentes. Le bâti s’est alors densifié autour de fermes ou de châteaux viticoles. Les hameaux et les routes de crêtes qui les relient offrent des vues remarquables sur la vallée de la Garonne. Leur structure lâche, irrégulière et peu homogène ainsi que la diversité architecturale du bâti qui les composent témoigne d’une densification progressive très étalée dans le temps autour de noyaux anciens. L’attractivité résidentielle des coteaux dans la seconde moitié du XXème siècle, est à l’origine d’une urbanisation pavillonnaire diffuse. Peu valorisante pour ces hameaux, de par son architecture standardisée (forme, revêtement, couverture, clôtures...) elle dépareille avec l’architecture traditionnelle en pierre locale. Heureusement, leur intégration dans le paysage reste convenable et les hameaux conservent leur caractère rural. Bien que dispersés et relativement peu denses, ils restent limités aux lignes de crêtes et aux abords des routes principales, et la commune ne souffre que très peu d’un réel mitage. On peut dire de cette unité paysagère, que malgré l’urbanisation pavillonnaire diffuse relativement importante, le paysage d’ensemble conserve un caractère nettement rural, pittoresque, qualitatif, diversifié et valorisé.
1. Une situation spatiale atypique
Hameau de Larchey
Chateau Jourdan (Image : cheminsfaisant.blogs-de-voyage.fr)
Château Espinglet
(Image : chateau.espinglet.over-blog.com)
Coupe Nord/Sud d’une vallée boisée
Hameau On peut dire de l’urbanisation de Rions qu’elle est multipolaire. Le bâti, isolé ou regroupé en hameaux reliés par le réseau routier, est toujours situé sur les hauteurs des collines. Les boisements occupent les zones trop escarpées pour accueillir la vigne, et principalement les versants exposés au nord des vallons. Accolés aux hameaux, ou sur les pentes un peu plus douces au dessus des zones boisées, se trouvent quelques prairies, parcelles de céréales ou de rares vergers. Tout le reste du territoire est occupé par la vigne.
N
Vigne
Prairie
Boisement
Chateau viticole
S Coupe Nord/Sud d’une vallée boisée
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La terrasse En surplomb par rapport aux palus et en contrebas par rapport aux coteaux viticoles, l’unité paysagère de la terrasse est une zone charnière. C’est cette étroite terrasse qui dans sa configuration différencie Rions des communes plus au nord, offrant un potentiel d’urbanisation plus important autour de la départementale. C’est sur cette unité que se trouve la vieille ville de Rions.
Le centre bourg délimité par les remparts, densément bâti, il est riche d’un patrimoine architectural et historique abondant
Viticulture Les espaces cultivés de la terrasse dégagent de larges ouvertures paysagères , notamment sur le coteau.
Les extensions du bourg Habitations pavillonnaires, quartiers résidentiels et urbanisation linéaire
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1. Une situation spatiale atypique
Rions est, quasiment depuis ses origines, une cité fortifiée. Aujourd’hui on peut encore observer la muraille bâtie en 1330 qui ceinture le centre-bourg sur presque tout son pourtour, la citadelle, la tour du guet et la porte du Lhyan. Ces restes de fortifications représentent un patrimoine historique de grande valeur.
En périphérie du bourg fortifié se trouvent des espaces non urbanisés : les places extérieures, le secteur des anciennes douves et la propriété viticole du couvent. Ils offrent un espace de respiration à un bourg dense où les seuls espaces verts se trouvent au coeur des îlots.
Les zones non urbanisées de la terrasse sont occupées par la viticulture, plus rarement par des cultures céréalières, et de petites parcelles boisées. Elles créent un paysage ouvert offrant de larges vues sur les coteaux de Garonne.
En dehors du centre-bourg, on différencie plusieurs types d’extensions, correspondant à une première vague d’urbanisation pavillonnaire autour du bourg à la fin du XIXème siècle, et une seconde vague plus récente, de constructions souvent déconnectées du bourg, avec entre autres la résidence Saint Seurin.
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La terrasse En surplomb par rapport aux palus et en contrebas par rapport aux coteaux, une étroite terrasse alluviale sépare les deux précédentes unités paysagères. La terrasse représente une zone charnière. Elle est traversée par la RD 10, principale route de desserte de Rions et des autres agglomérations situées en rive droite de la Garonne. Le bourg fortifié de Rions s’y est implanté, dominant le palus du bord de la falaise. La viticulture y reste majoritaire. Apparaissent également quelques parcelles de céréaliculture ainsi que de rares et petits boisements. Sa situation entre palus et coteaux en fait un espace privilégié, offrant aussi bien des vues sur l’espace agricole de la vallée de la Garonne (notamment depuis le bourg et ses remparts), que sur les collines viticoles qui représentent une toile de fond dans laquelle s’inscrivent les paysages urbanisés du bourg Rions. Le centre-bourg de Rions et l’urbanisation Comme nous l’avons vu avec l’étude du coteau, l’urbanisation de Rions est historiquement éclatée, dispersée entre le bourg et plusieurs hameaux au sommet des collines viticoles. Nous avons vu également que la croissance démographique de la fin du XXème siècle, en favorisant l’urbanisation des coteaux, avait accentué ce phénomène d’éclatement et d’urbanisation multipolaire. Le développement urbain des coteaux s’était alors fait au détriment du bourg ancien, qui a eu tendance à se dépeupler. Nous n’avons donc pas une agglomération urbaine cohérente mais un territoire composé de plusieurs secteurs urbains juxtaposés, sans continuité. La RD 10 sépare deux secteurs d’urbanisation : d’une part l’urbanisation du bourg médiéval et de ses extensions, et d’autre part celle des hameaux des collines. Mais l’absence d’ensemble cohérent s’observe aussi à l’échelle du bourg et de ses extensions. De la fin du XIXème au début du XXème siècles, la ville s’est développée en dehors de ses murs, mais dans la continuité du bourg médiéval, et sous la forme d’un tissu relativement dense et regroupé. Par la suite de nouvelles extensions sont apparues sous forme de lotissements disséminés
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de pavillons disposés en ordre discontinu en milieu de parcelle, et d’une résidence de logements sociaux au nord, (la résidence Saint-Seurin). Entre l’urbanisation antérieure au XXème siècle et l’urbanisation plus récente se trouvent des espaces libres, ou occupés par de la vigne : entre la RD 10 et le bourg, entre la résidence Saint-Seurin et le bourg, l’espace du glacis autour de la muraille, et la parcelle viticole appartenant au couvent. Si certains de ces espaces sont valorisants (en permettant une lecture claire du système défensif médiéval, et une visibilité du bourg médiéval), globalement, leur manque de définition et de délimitation génère une impression de discontinuité dans l’armature urbaine. Le bourg fortifié a conservé une partie de ses remparts et une trame urbaine ancienne de qualité. Un nombre important de ses bâtiments est répertorié à l’inventaire général du patrimoine culturel. La structuration de l’espace urbain par le tracé des rues et des places, témoigne des transformations et des extensions successives de la ville. Nous avons donc un centre-bourg dense, riche d’un patrimoine historique et culturel abondant. Ce patrimoine représente un réel potentiel touristique (comme nous le verrons, pas forcément exploité) et confère à la cité son aspect pittoresque. Néanmoins, le bourg de Rions souffre d’un réel manque de dynamisme : La moitié de la population rionnaise vit dans les hameaux des hauteurs, et l’attractivité résidentielle et le dynamisme commercial du bourg restent très faibles. Nous tenterons par la suite de comprendre ce manque de dynamisme et les raisons qui justifient que ce potentiel de valorisation ne soit pas exploité.
1. Une situation spatiale atypique
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Les différents secteurs urbains selon leur période de construction. Cette carte fait clairement apparaître une première vague d’urbanisation dense en dehors des murs mais dans la continuité du bourg médiéval, et une seconde vague déconnectée du bourg et des premières extensions, laissant apparaître des espaces indéfinis entre les différents quartiers.
4 (photo (4) : google streetview
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Une situation spatiale atypique Bien qu’inscrite dans la continuité des communes reliées par la route départementale 10, en rive droite de la Garonne, Rions se différencie de celles-ci. L’organisation linéaire le long de la RD 10 s’explique par la présence de commerces et services dans les communes traversées. Seule Rions fait exception, avec un tissu commercial et de services très pauvre. Tout d’abord, on constate que les communes de Langoiran, Lestiac, Paillet, Beguey et Cadillac, sont toutes traversées par la route en leur centre-ville. Rions en revanche est en recul par rapport à son tracé, et seules quelques unes de ses extensions déconnectées du bourg s’en approchent. En observant les formes du relief et le développement urbain, on peut différencier les communes du «nord» : Langoiran, Lestiac et Paillet, et celles du «sud» : Beguey et Cadillac. Les communes du nord, fortement contraintes par le relief d’une part, et l’inondabilité de l’autre, présentent une urbanisation linéaire dense le long de la route départementale. Tandis que les communes de Beguey, Cadillac et Rions bénéficient d’une étroite terrasse alluviale offrant un potentiel d’urbanisation bien plus important entre le palus et le plateau de l’Entre-deux-mers. Rions se différencie alors nettement des communes voisines, par son caractère bien plus rural et isolé, de par les coupures d’urbanisation dont elle est la seule à bénéficier (les communes du nord, et du sud formant chacune un ensemble aggloméré continu le long de la départementale). Sa situation spatiale atypique représente à la fois un avantage en la préservant, et un inconvénient en l’isolant. Le bourg de Rions est bien moins contraint qu’au nord, mais moins développé et dynamique qu’au sud. Le nombre de ses habitants est comparable à celui de ces communes, mais leur répartition diffère avec un grosse moitié de la population installée sur les coteaux plutôt qu’au centre bourg. Rions bénéficie d’un potentiel d’urbanisation et de développement inexploité, qui la différencie des autres communes qui, comme nous le développerons plus tard, sont contraintes et limitées dans leur potentiel d’urbanisation par différents facteurs selon qu’elle se situent au nord ou au sud de Rions.
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Langoiran, Lestiac et Paillet, les communes du «sud», présentent une urbanisation dense et linéaire (Paillet s’enfonce légèrement dans la brèche d’une vallée secondaire). Situées au pied des falaises, dans le lit majeur de la Garonne, elles sont peu protégées des crues. La ville de Langoiran accueille un des importants ponts qui rejoignent l’autre rive. L’arrivée à Rions depuis Bordeaux se fait via ce pont, et la traversée de ces trois communes au profil bien plus urbain.
A Langoiran, Lestiac et Paillet l’urbanisation est réduite à une étroite bande accolée au relief, limitée d’un coté par le coteau boisé et de l’autre par la zone inondable.
1. Une situation spatiale atypique
Le bourg de Rions, plus rural, plus enclavé, moins développé et dynamique, se différencie des autres communes par de nettes coupures d’urbanisation qui l’isolent de la continuité agglomérée des communes du nord et du sud.
Beguey et Cadillac, les communes du «sud», sont implantées sur une étroite terrasse alluviale qui offre un potentiel d’urbanisation plus étendu, et une situation plus abritée des crues de la Garonne. Ces deux communes accueillent deux ponts importants, celui de Beguey est le seul des trois à permettre aux poids lourds la traversée et la liaison avec l’A 62 sur l’autre rive.
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La perception du paysage depuis la route départementale 10
De Langoiran à Paillet
La Route Départementale 10 est la voie d’accès principale à Rions, que l’on arrive de Bordeaux par le Nord, ou de Cadillac (ou encore de l’A 62), par le sud. Elle représente un axe de transit très fréquenté en reliant les communes de la rive droite de la Garonne directement à Bordeaux. Ainsi, le perception que l’on a du paysage communal depuis cette route est très importante puisqu’elle en est la première impression. De plus, nombre d’automobilistes ne perçoivent Rions que depuis cette route. L’observation de l’évolution du paysage depuis ce tracé stratégique, de Langoiran à Cadillac, démontre une différence de perception flagrante entre Rions et les autres communes. Les points de vue qu’elle offre sont assez représentatifs de différences qui les caractérisent. On observe une coupure d’urbanisation importante avant et après le bourg de Rions, qui l’isole des ensembles agglomérés du nord et du sud et lui confère un aspect plus rural. Son coeur historique, en retrait de la RD 10 est préservé de la fréquentation automobile. Mais sa perception depuis la route est limitée par la distance et par certaines extensions situées entre les deux.
L’arrivée par le pont de Langoiran offre une vue frontale du coteau, d’apparence très raide (1).
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Quand on sait que la RD 10, caractérisée par un trafic important et rapide, pose de réels problèmes de fonctionnement aux communes qu’elle traverse, on peu envisager le recul du centre bourg de Rions par rapport à celle-ci comme un avantage.
Cet ensemble aggloméré présente un profil plus oui moins urbain sur sa longueur, accentué par la fréquentation de la route.
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La route longe ensuite le pied du coteau en passant par les communes de Langoiran, Lestiacsur-Garonne et Paillet. Tout au long de cette section, l’urbanisation est quasi-continue, et le coteau proche de la route est très présent. A Langoiran, les bâtiments de pierre calcaire accrochés à la falaise créent une belle façade. La route est d’abord comprimée par la densité bâtie (2), puis rapidement, la vue sur la Garonne puis son palus se dégage du côté sud de la route. Arrivé à Lestiac, l’urbanisation se fait de nouveau de part et d’autre de la voirie, jusqu’à Paillet (3 et 4).
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La continuité bâtie s’interrompt juste avant la limite communale entre Paillet et Rions
1. Une situation spatiale atypique Rions
De Beguey à Cadillac La route légèrment surélevée entraîne un enfoncement des terrains situés au premier plan, et favorise de ce fait une large visibilité sur l’espace agricole et viticole de part et d’autre (5).
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L’urbanisation contemporaine qui s’est développée autour du bourg médiéval, en limite la perception visuelle depuis la route, et on peut facilement traverser la commune sans se rendre compte que l’on passe juste à coté de la cité médiévale de Rions. Les terrains non bâtis situés entre la départementale et le bourg permettent de dégager par endroits des points de vue vers la cité médiévale, mais leur manque de lisibilité fait que la perception d’ensemble d’une agglomération urbaine n’apparaît pas. La résidence Saint-Seurin représente le premier élément d’urbanisation perceptible depuis le nord (6). On peut distinguer en arrière plan la silhouette de certains points d’appel signalant la vieille-ville (le clocher de l’église, la tour de la citadelle, etc.).
Entre Rions et Beguey apparaît une nouvelle coupure d’urbanisation (9) avant l’agglomération regroupant Beguey et Cadillac, annoncée par une première zone d’activité.
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Le vaste espace non bâti entre la route et le bourg accueille le stade, des terres viticoles et des espaces peu définis.
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Plus loin, derrière les vignes on peut encore une fois deviner la silhouette du bourg médiéval. Mais de façon générale, il n’est que très peu perceptible. Certains éléments pourraient signaler le bourg, tels que les îlots centraux séparant la route en deux chaussées (7), ou l’intersection avec la RD 120, marquée par une surélévation obligeant à ralentir. Mais les éléments bâtis discontinus et la perceptibilité limitée du bourg en retrait ne donnent pas l’impression de traverser une agglomération urbaine.
Une voie secondaire incite à contourner la zone résidentielle de Beguey (10) pour arriver directement à Cadillac. Les deux itinéraires possibles se recoupent au niveau du rond-point marquant l’entrée d’agglomération de Cadillac. La portion de la RD 10 traversant Cadillac représente une artère importante de la ville, qui présente un profil très urbain (large chaussée, double alignement de platanes) (11) contrastant avec les paysages ruraux traversés jusqu’alors. Elle longe les remparts, et certains des monuments importants de la ville (12).
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Toutes les photographies depuis la RD 10 sont issues de Google streetview
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1. Une situation spatiale atypique Il se dégage de ces premières observations, le constat d’une ville riche d’un patrimoine architectural et paysager important. Rions bénéficie d’une situation spatiale atypique qui la distingue des modèles des communes voisines. Nous avons vu que ce qui la différencie de ces communes fait à la fois sa force et sa faiblesse, puisqu’elle jouit d’une situation qui a préservé ses paysages, son patrimoine et sa tranquillité, mais qui l’isole et la prive d’un certain dynamisme. Nous avons aussi vu que cette situation atypique peut offrir un potentiel d’urbanisation et de valorisation par la commune, plus important que dans les communes voisines, pourtant moins exploité. Nous tenterons de comprendre les différents facteurs qui expliquent cet état de fait, et nous nous demanderons si cette situation pourrait et surtout si elle devrait changer. Il convient alors d’étudier les dynamiques du territoire à une plus grande échelle temporelle, pour mieux en appréhender les éventuelles réponses.
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Chapitre 2 :
D’une cité prospère vers des paysages figés La ville de Rions s’est développée sur une terrasse rocheuse surplombant la Garonne qui, à l’époque baignait les pieds de l’escarpement. Par sa position défensive naturelle, associée à ses qualités agronomiques, cet emplacement était de nature à attirer les premières populations. Si son déterminisme géomorphologique a originairement conditionné l’occupation du sol et les activités, nous verrons que son évolution dans le temps est liée à de multiples facteurs circonstanciels. Nous verrons comment, depuis ses origines jusqu’à nos jours, Rions a connu une histoire riche en péripéties, marquée par un retournement de situations qui différencie son évolution avant et après la révolution. Il est nécessaire de remonter jusqu’aux origines pour appréhender l’état actuel des paysages rionais. Ils présentent la particularité de porter les traces de très nombreux événements qui ont marqué son histoire millénaire. Il convient donc de parler de son évolution à différentes échelles temporelles, afin de comprendre les changements qui ont affecté le paysage actuel, pour appréhender son évolution future.
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Carte topographique - Courbes de niveau = 5m
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Le socle géomorphologique Quatre couches géologiques se superposent : - Un socle de calcaire à Astéries. Roche calcaire datée de l’Oligocène inférieur, elle doit son nom aux innombrables osselets d’Asteria, (organisme apparenté aux étoiles de mer) qu’elle contient ; - Le palus. Terre d’alluvions, proche du niveau de la Garonne, il s’inscrit dans son lit majeur ; - Une couche de graves. Terrain détritique de l’ère tertiaire constitué de graviers fluviaux ; - Une couche de Limons. Formation sédimentaire dont les grains sont de taille intermédiaire entre argiles et sables.
La commune de Rions présente un relief marqué, avec un dénivelé d’une centaine de mètres entre les points hauts des collines à l’est et les berges de la Garonne. Ses formes sont façonnées par le fleuve et ses affluents. On distingue trois types de relief, déterminants dans la délimitation des unités paysagères : - Le palus, plan et proche du niveau de la Garonne ; - La terrasse alluviale, qui domine la palus à une vingtaine de mètres au dessus du niveau de la Garonne, et qui monte en pente douce vers l’Est jusqu’à une cinquantaine de mètres ; - Les collines de l’entre deux mers, présentant des formes rondes et découpées par des vallons marqués culminant à une centaine de mètres.
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Coupe transversale Est/Ouest - Couches géologiques
Graves Garonne
Palus
Limons
Alt
Calcaire à Astéries
100
Falaise
75 50 25
O
E
L’observation des caractéristiques topographiques, géologiques et édaphique du territoire permet de mieux comprendre et expliquer à la fois le passé et le présent de ces paysages. Il est évident que la Garonne joue un rôle important dans ces caractéristiques. En effet, ce sont les masses d’alluvions qu’elle a charrié tout au long d’une multitude de phases géologiques, notamment les ères glaciaires, qui vont construire sa vallée et ses paysages particuliers. Rions se situe en rive droite de Garonne, où les calcaires affleurent sous forme de falaises. Ce relief est dû d’une part au jeu de la « faille de la Garonne » qui a décalé verticalement les terrains de part et d’autre, et d’autre part à l’érosion du fleuve concentré sur la rive droite. Le relief, ainsi accentué, met en exergue le plateau de l’Entre-deux-Mers. Les calcaires à Astéries, proches du niveau de la Garonne n’affleurent pas en hauteur. Le relief calcaire a servi de fondations au bourg de Rions. Les remparts sont construits sur les calcaires à Astéries. En longeant les remparts, les affleurements présentent localement des figures de sédimentations à stratifications obliques caractéristiques de milieux à forts courants. Au pied de ces falaises formées par l’érosion, le fleuve a déposé des alluvions récentes du Flandrien composant le palus.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés Cartographie des couches géologiques et unités paysagères
En contre-bas du village coulent des sources, dont celle de la grotte de Charles VII, qui servit autrefois de lavoir. Les remparts et la tour de la citadelle, sont bâtis sur des calcaires à Astéries, que l’on perçoit en bancs horizontaux depuis la promenade qui longe la falaise.
Les observations croisées du socle géomorphologique et de l’occupation du sol mettent en avant un lien de causalité évident : Les limites des unités paysagères définies précédemment en fonction de l’occupation du sol sont en étroite relation avec la géomorphologie du territoire. Le socle calcaire délimite l’unité paysagère de la terrasse, dominant celle du palus. Quant à l’unité des collines viticoles, elle correspond aux couches de graves et de Limons, favorables à la viticulture. On comprend que les premières occupations du territoire, l’occupation du sol, les pratiques, ainsi que l’habitat, ont été déterminés par ces caractéristiques. Le site a donc été choisi pour ses qualités agronomiques, son caractère drainant et chauffant. Les dépots alluvionnaires accumulés par la garonne rendent les terres riches et biologiquement productives, donc favorables à l’agriculture. Les collines présentent des caractéristiques propices à la culture de la vigne de par leurs terrains pentus et caillouteux, naturellement drainés offrant des sols de graves caillouteuses, terres argilo-calcaires ou argilo-graveleuses au sommet des coteaux. Le bourg de Rions s’est implanté en un lieu stratégique, à la fois proche des ressources du fleuve et isolé de ses crues par le relief, sur des terres biologiquement moins productives que le reste du territoire. La Garonne a façonné le territoire en déterminant les caractéristiques topographiques, géologiques et édaphiques, qui ont conditionné la vie et les activités humaines sur ces territoires.
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Avant la révolution - Des origines romaines Très tôt, la position avantageuse du site, sa fertilité et sa salubrité l’ont rendu attractif. L’origine de Rions est incertaine, et bien que certains auteurs évoquent une histoire antérieure aux romains (l’occupation de grottes, ou encore un site pré-romain nommé Aquita), l’occupation Romaine est la première a avoir laissé de véritables traces encore perceptibles aujourd’hui. Le vicus (petite agglomération) de Rhyuntium, serait à l’origine de la création d’une cité gallo-romaine, dont le développement est lié à l’axe fluvial de la Garonne. Entre autres éléments témoignant de l’importance de la cité que fut Rions sous la domination romaine, on peut citer : le cimetière gallo-romain retrouvé lors du creusement des tranchées pour l’adduction de l’eau (place du repos) ; des sarcophages retrouvés devant l’église (le cimetière des étrangers), ils sont aujourd’hui exposés sur la place de l’église ; la mosaïque romaine qui se trouve cachée sous le plancher de l’église ; plusieurs villas ; ainsi que divers objets, bustes, dalles de marbre, pièces de monnaie, briques, poteries etc. L’abondance de ces témoignages dispersés sur le territoire communal révèle une densité de construction démontrant la présence d’une agglomération. Le Gallia Christiana (1), la cite comme étant l’une des quatre plus anciennes villes de la Gironde, et selon l’abbé Explelly, elle était le cheflieu des aquitains de l’Entre-deux-Mers. C’est l’occupation romaine qui est à l’origine de l’implantation de la vigne dans la région. Les troubles du IIIème sont propices au développement d’un castrum, ville fortifiée sur une corniche naturelle surplombant le fleuve. Elle comporte un accès depuis la terre et un autre depuis le port. La Garonne est alors bien plus proche de la falaise qu’aujourd’hui. S’en suit une période de prospérité profitable à la cité durant les deux premiers tiers du IVème siècle. - Les invasions De la fin du IVème à fin du Xème, période marquée par les grandes invasions, les Wisigoths, les Francs, les Basques puis les sarrasins envahissent successivement les territoires de la Gaule. Parmi les événements marquants
Un buste romain trouvé place Cazaux Cazalet est aujourd’hui visible, posé sur l’arc d’une des verrières de l’église. Des sarcophages retrouvés devant l’église, (où l’on situe le cimetière des étrangers).
de cette période, Rions subit l’invasion des wisigoths vers 410, puis celle des sarrasins en 731, et des normands, qui empruntent la vallée de la Garonne au IXème siècle. A l’extérieur du castrum, des faubourgs se développent dès le VIIème siècle. Au sud, le long de la rue de Lavidon et de la rue Judaïque, apparaissent un faubourg à caractère religieux et un faubourg marchand, à l’interface entre les exploitations agricoles sur les coteaux et le port. - La période romane Avec la fin des invasions et l’instauration de la féodalité, la période romane représente une période de prospérité et de renouveau pour la ville, qui permet à la démographie de reprendre son essor. Les communautés rurales confortent le réseau paroissial des églises, et le mouvement monastique progresse en fondant des abbayes, contribuant à la mise en valeur de zones jusque là boisées ou mal exploitées. L’histoire de Rions se rattache souvent à celle de la célèbre abbaye de La Sauve Majeure, fondée en 1079, dont les terres furent données à saint Gérard par le seigneur Auger de Rions. Cette institution puissante et fort possessionnée modifie profondément le paysage local par de grandes entreprises de mise en valeur du terroir jusqu’au XIIème siècle, notamment en développant la vigne.
1) - La Gallia Christiana (La France chrétienne), est un ensemble encyclopédique en seize volumes rédigés en latin, qui a connu plusieurs éditions et rééditions du XVIIe au XIXe siècle. Il s’agit d’un guide historique
32détaillé de la totalité des diocèses et des monastères français.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés - Edification des remparts et renforcement du système défensif Rions connaît à partir du XIIIème siècle une succession de guerres et de changements de seigneurie qui lui sont néfastes. Elle subit d’importantes destructions (muraille à la fin du XIIIème siècle, ville et château en 1313...) En 1329, les Cordeliers implantent leur couvent, occupant une surface importante jusqu’à la Révolution, à l’Est des premiers faubourgs. Et en face du couvent se trouve l’hôpital de la ville, qui se maintiendra jusqu’au XVIIème siècle. Restée trop longtemps sans muraille, la création d’une enceinte devient capitale et de nouveaux remparts sont érigés en 1330. Leur tracé inclut la cité romane et le faubourg du XIVème siècle, mais exclut le couvent des cordeliers et l’hôpital, comme il est d’usage à l’époque. Les remparts adoptent donc la forme allongée, ponctuée de tours aux angles, que nous leur connaissons aujourd’hui. Des trois portes monumentales qui en contrôlent l’entrée, seule subsiste la porte Est, la porte du Lhyan, restaurée au XIXème siècle. Deux poternes (petites portes intégrées aux murailles), permettaient l’accès au port. Lors de la guerre de Cent Ans (Qui oppose la France et l’Angleterre de 1337 à 1453), Rions, comme Bordeaux et d’autres villes de la région, fut alternativement prise par les anglais et les français. Pendant cette période, vignes et champs sont laissés en friche. En 1379, Bordeaux entreprit d’organiser une sorte de confédération des principales cités de la région bordelaise; Rions et sept autres cités (Blaye, Bourg, Libourne, Saint Emilion, Castillon, Cadillac et Saint Macaire) rejoignent la ligue des «Filleules de Bordeaux». Le choix de ces filleules relève d’une manoeuvre stratégique lui assurant une double ligne de défense par leur position géographique. Rions renforce son système défensif, avec un «double glacis» : un système de double fossé divisé par un étroit passage surélevé, en avant de la muraille côté terre. Ces fossés sont encore visibles par endroits, en particulier au niveau de la porte de Lhyan. Plan de Rions en 1330, date de la création de la nouvelle enceinte (Extrait de La Guienne militaire, Léo Drouyn)
Les nom des rues rappellent les étapes marquantes de l’histoire de Rions : La rue Romaine pour ses origines, La rue des Normands par exemple évoque les invasions du IXè siècle, tandis que la rue des Anglais rappelle la guerre de 100 ans et l’occupation anglaise, etc.
La Porte du Lhyan La seule des trois portes fortifiées encore présente aujourd’hui, contrôlait l’entrée Est.
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- Les guerres de religion A la guerre de Cent Ans succéda la longue période des guerres religieuses et les troubles politiques de la Ligue et de la Fronde. Les guerres de religions qui opposent catholiques et protestants ravagent le royaume de France dans la seconde moitié du XVIème siècle, et trouvent un prolongement aux XVIIème et XVIIIème siècles. Un système de double-fossé divisé par une étroite langue de terre en avant de la muraille est mis en place au XIVème siècle pour renforcer le système défensif. Ce dispositif est encore perceptible notamment depuis la rue «Le Bourg» qui emprunte la bande centrale de l’ancien double-glacis.
La carte de Cassini du XVIIIème siècle représente Rions comme une ville importante, encore relativement proche de la Garonne dont le lit commence déjà à l’éloigner.
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Rions subit les désastres de la guerre civile : « Au mois d’octobre 1590, durant les troubles qui suivirent l’avènement d’Henri IV, Paris était tenu par la Ligue. Les ligueurs surprirent et occupèrent Rions. Le maréchal de Matignon, venu de Bordeaux, se heurta à une résistance telle qu’il dut négocier et accorder aux rebelles une capitulation honorable. En 1591, les Huguenots ont établi leur quartier général à Créon, et déjà, se livrent aux pillages. Une de ces bandes se présenta à Rions : on leur livra la ville et le couvent des cordeliers qu’ils démolirent. En 1652, les Rionnais repoussèrent le fameux marquis de Galapian, envoyé par Conti : on ferma les portes, et le terrible colonel fut obligé de lever le siège. Depuis lors, et jusqu’en 1789, Rions a vécu tranquille, son rôle dans l’histoire politique et militaire de la Guienne était terminé. » (André FOUILLEUL - Mon joli village gallo-romain fortifié Rions - 1989) Rions en sort ravagée. Plus de grains à semer ni de bêtes de labour, en août 1654 il ne reste de la ville que ses murailles.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés Les étapes d’urbanisation du bourg avant la révolution - Période post romaine (V
ème
Au cours de cette période, les fortifications sont entretenues et renforcées par une citadelle à l’angle Nord-Ouest à partir du XVIème siècle, et par une échauguette, guérite en pierre placée en encorbellement sur la muraille à l’extrémité SudEst, au XVIIème siècle lors d’une reconstruction partielle de l’enceinte.
Encore présente aujourd’hui, la Citadelle, est une tour carrée de trois étages. Dressée face à la Garonne, elle domine la vallée.
-XI
ème
siècle)
Au bord de la falaise se trouve le castrum, cité romaine fortifiée dès le IIIème siècle. Des faubourgs apparaissent coté terre avec un premier faubourg monastique, qui se développe le long de la rue de Lavidon et de la rue Judaïque, du VIIème siècle au IXème siècle. Puis un faubourg marchand autour de la rue du Lhyan, à l’interface entre les exploitations agricoles sur les coteaux et le port, du IXème siècle au Xème siècle.
- Réoccupation et extension de la ville (XIème siècle - 1329) La fin des invasions et l’instauration de la féodalité au Xème siècle, marque une période de prospérité. Le noyau urbain roman, a continué à se développer du XIème au XIIIème siècle. Au sud apparaît une nouvelle extension du bourg dans le prolongement sud de la rue de Lavidon à partir du XIVème siècle.
- Édification des remparts et renforcement du système défensif (1330 - XVIIème siècle) Le nouveau mur d’enceinte, comprenant le noyau urbain roman et le faubourg est bâti en 1330. Il exclut les extensions du couvent des cordeliers et l’hôpital. Le double-glacis (fin XIVème), puis la citadelle, située à l’angle Nord-Ouest de l’enceinte en front de fleuve, viennent renforcer le système défensif. La Garonne commence à s’éloigner de la falaise.
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2. D’une cité prospère vers des paysages figés Depuis la révolution L’histoire antérieure à la révolution a profondément marqué Rions en donnant au coeur de bourg une physionomie proche de celle que nous lui connaissons. Les invasions diverses, les occupations qui l’ont parfois dévasté, parfois rendue florissante, ont laissé d’innombrables traces dans le paysage. Ce sont ces témoignages historiques qui font sa richesse et sa particularité. Ce bref aperçu de l’histoire de Rions avant le XIXème siècle démontre avant tout que la ville n’a pas toujours été ce bourg rural un peu isolé, et qu’elle a eu un rôle politique et militaire important dans l’histoire de la Guyenne. La révolution avec la période de crise qui l’accompagne marque le premier jalon vers une accumulation d’événements qui vont inverser la tendance et amener Rions à la situation enclavée et peu dynamique que nous lui connaissons. Avant la révolution, sa position stratégique en tous points de vue (militaire, agricole, culturel), amènent Rions à devenir une grande ville, dense, développée, riche, puissante et stratégique, malgré des hauts et des bas en fonction des circonstances et des évènements marquants de son histoire. Les invasions dévastatrices qu’elle subit témoignent justement de l’intérêt commercial, et militaire qu’elle représente. Après la révolution, une accumulation de nouveaux événements inverse la tendance. On peut alors parler de «concours de circonstances» qui joue en défaveur de Rions. Nous verrons comment la ville va se détourner de la Garonne pour s’orienter vers les terres, puis s’enclaver réellement, perdant certains liens avec son territoire.
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De la Révolution au XIXème siècle Bloc de l’organisation du territoire au XIXème siècle, d’après la Carte de l’étatmajor (1820-1866) Si l’occupation des collines par la viticulture, et des fonds de vallons par les boisements est déjà fidèle à ce que nous pouvons en observer aujourd’hui, on note toutefois la présence de vergers sur de petites parcelles généralement accolées aux boisements en partie haute. Le palus, très différent de sa physionomie actuelle, présente une étape intermédiaire de sa transformation : la Garonne a amorcé son déplacement vers l’ouest, et les terres ainsi émergées commencent à être drainées et mises en culture, dans un premier temps par des vergers et cultures céréalières. Les îles sont occupées par des boisements et vergers. Pour ce qui est de l’urbanisation, au niveau de la terrasse, elle ne déborde que très peu du centre bourg, en dehors de petits hameaux isolés en bordure de falaise. Au niveau des collines, elle est constituée de petits hameaux isolés sur les points hauts.
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La période révolutionnaire La période révolutionnaire représente une nouvelle période de troubles qui a marqué la ville de Rions. En 1788 Le marquis de Sallegourde, alors seigneur des terres s’empare des douves et fossés de la ville, se saisit du droit de pêche, et ses officiers s’opposent à l’usage par les jurats de la prison municipale. Les jurats de Rions obtiennent l’autorisation d’assigner le marquis de Sallegourde, mais la Révolution, en supprimant les droits et privilèges seigneuriaux et communaux, rend inutile une solution judiciaire. La tranquillité de Rions n’est pas assurée pour autant.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés Suivant un décret de l’Assemblée Nationale du 14 décembre 1789, des élections municipales ont lieu à Rions le 7 février 1790. Si l’élection du maire se fait sans encombres, celle des officiers municipaux sera sujette à de violentes contestations. La commune, refuse de se plier aux décisions de l’Assemblée Nationale malgré ses menaces et interventions armée. Ces élections mouvementées trouvent un aboutissement presque un an plus tard quand, suite à la démission des officiers municipaux en fonction, de nouvelles élections eurent lieux. L’exécution de Louis XVI provoque la formation de la première coalition européenne contre la France révolutionnaire, puis en réaction, le décret de la levée en masse de trois cent mille hommes par la Convention, pour laquelle la commune de Rions dût fournir quatre hommes. Tous les troubles survenus à cette période font négliger l’agriculture, et la famine se fait sentir. Un comité de salut public est formé en réaction aux menaces et réactions violentes contre la municipalité, malgré ses efforts pour réagir face à la crise. Règne alors un climat de peur. Et la famine ne fait que s’accentuer à la suite de nombreuses réquisitions.
A cette période, certains des monuments endomagés par les évènements passés sont restaurés ou reconstruits, mais ces restaurations entreprises par les autorités civiles et ecclésiastiques sont quelquefois jugées néfastes.
«Les fantaisies de Cardinal Donnet avaient fait plus de mal aux églises girondines que la guerre de Cent Ans, les guerres de religion et la Révolution réunies!» Léo Drouyn Son propre fils, Léon drouyn, architecte, entreprit pourtant à Rions des restaurations qu’il pourrait également qualifier de fantaisistes : Il se permit lors de la restauration de la porte du Lhyan, entreprise en 1881, des libertés ornementales par rapport à sa forme d’origine avec l’ajout d’une tour et de mâchicoulis.
La Porte du Lhyan, aujourd’hui, et un Dessin de Henri Maignan antérieur à la restauration (vraisemblablement mi-XIXème).
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Le bourg de Rions au XVIII ème siècle Depuis le 1330, date de construction de la muraille, la physionomie générale du bourg n’a connu que peu d’évolutions, si ce n’est l’ouverture des places publiques au niveau du double glacis devenu inutile, et la disparition de l’hôpital. Rions au XIXème siècle, d’après la Carte de l’état-major (1820-1866) Des caractère fixes, implantés depuis longtemps et qui ont peu évolué jusqu’à nos jours : Les boisements de fonds de vallée, la viticulture sur la terrasse et les collines (mais pas encore sur le palus que l’on commence tout juste à apprivoiser). Des caractères en pleine mutation : la Garonne, qui présente une position intermédiaire dans son déplacement vers l’ouest et le palus. Les hameaux situés sur les hauteurs des collines, et en bordure de falaise n’ont que peu évolué, mais des extensions du centre bourg sont apparues dans la continuité de la rue de Lavidon.
Transformation du territoire
Les fléaux sur le vignoble
Au cours des XVIIIème et XIXème siècles, les marais Girondins sont progressivement assainis et mis en culture, principalement avec le développement d’un vignoble extensif. A Rions, le lit de la Garonne s’est peu à peu déplacé et éloigné vers l’Ouest, dégageant une zone de palus, qui sont alors drainés de fossés et mis en culture, dans un premier temps avec des céréales et vergers. La vallée de la Garonne connaît une période de croissance grâce au vignoble et à la batellerie. Mais le port de Rions est victime de l’éloignement du fleuve, et perd de son importance au profit de celui de Cadillac. Au XVIIIème siècle, le glacis n’est plus nécessaire et deux places y sont aménagées : la place Jules de Gères et la place d’Armes.
Au XIXème siècle, grêle, gelées et phylloxera mettent à mal la culture de la vigne. Pour faire face à ces situations de crise, différentes alternatives ont été proposées. En 1812, après un épisode de grêle ravageur, le contrôleur des contributions directes invite les vignerons à ensemencer leurs terrains en betteraves. Par la suite, en 1884, alors que le phylloxera fait des ravages, la demande d’autorisation de planter du tabac faite au préfet est acceptée. Ainsi, durant quelques années, et jusqu’à remise en état du vignoble après le traitement du phylloxera, les viticulteurs rionnais portent leurs efforts sur la culture du tabac. Ces fléaux expliquent également l’abondance de vergers à cette période puisque les paysans se sont aussi tournés vers d’autres types de cultures, telles que pêchers, poiriers, cerisiers, mais aussi petits pois.
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Le XXème siècle Durant le XXème siècle, le fleuve se détourne encore un peu plus du pied de la falaise, gagnant sa position actuelle; le bourg n’est plus desservi que par le bras de Garonne de l’Estey. Cet éloignement, associé à l’apparition de nouveaux modes de transports terrestres entraînent le déclin définitif de l’activité fluviale, entre les deux guerres mondiales. L’organisation de la ville s’en voit transformée : elle ignore le fleuve, et se tourne désormais vers l’intérieur des terres.
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Bloc de l’organisation du territoire à la fin du XXème siècle, d’après une série de photos aériennes de 1965 Depuis le XIXème siècle, les principales transformations du territoire résident dans l’urbanisation et l’occupation du palus : La Garonne a gagné son lit actuel, dégageant l’espace du palus alors drainé et cultivé, avec toujours des vergers et de la céréaliculture, mais depuis peu de la vigne. On note par ailleurs la diminution des vergers sur les collines. Avec la route nationale, et le chemin de fer (qui n’existe déjà plus à la fin du XXème siècle), de nouveaux quartiers se sont développés, le long de la nationale, et au niveau de l’espace compris entre le bourg médiéval et la nationale (où se trouvait la gare), ainsi qu’au nord et au sud du bourg. Les hameaux sur les collines se sont légèrement étendus.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés De profondes transformations s’opèrent, à l’intérieur du bourg médiéval, transformé et modernisé, comme à l’extérieur des murs, qui ne représentent déjà plus qu’un symbole de son important passé. - Le double glacis, devenu inutile, est divisé en parcelles rachetées par des particuliers. - La route nationale et le chemin de fer apparaissent. - La ville, jusque là confinée dans la muraille, connaît un développement urbain important audelà de son enceinte, s’implantant partiellement au niveau de l’ancien glacis, au Nord et à l’Est du bourg, mais également le long de la nouvelle route nationale. - L’école et la mairie déménagent pour leur emplacement actuel, sur la place Jules de Gères. - Les rues du Lhyan et de Lavidon sont alignées et élargies. - Le cimetière, originairement situé derrière l’église, est déplacé libérant une nouvelle place publique à l’intérieur des murs. - La muraille est percée et les portes d’accès Nord et Sud sont détruites. - La porte Est, dite de Lhyan est conservée et restaurée. Elle devient l’entrée principale de la ville, commandant l’accès à la gare et à la nouvelle route nationale. - Plusieurs constructions sont détruites au SudOuest du bourg.
Le bourg de Rions au début du XXème siècle Le bourg de Rions se voit radicalement transformé : le centre est restructuré par l’ouverture de places à l’intérieur et à l’extérieur des murs, et par l’alignement et l’élargissement des rues du Lhyan et de Lavidon. Entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, de nombreux quartiers voient le jour, entre le bourg et le long de la nationale, ainsi qu’au Nord et au Sud du bourg, dans le prolongement de la rue de Lavidon. Le chemin de fer reliant Bordeaux à Cadillac passe entre le bourg et la nationale.
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Rions au XXème siècle, d’après une série de photos aériennes de 1965 La Garonne a gagné la position que nous lui connaissons actuellement. Les vergers ont régressé au profit de la vigne sur les coteaux, et de céréaliculture sur les palus. L’urbanisation s’est développée, en particulier sur la terrasse.
A la fin du XXème siècle, Rions ressemble à peu de choses près au village que nous pouvons observer aujourd’hui. Vers 1930, le chemin de fer apparu en 1897, disparaît. Le trafic routier s’effectue essentiellement par la route nationale (nationale déclassée et devenue Route Départementale 10, en raison de la création de l’autoroute A63, qui a permis de diminuer le transit routier local). A la fin des années 1970 apparaît la résidence Saint-Seurin, ensemble d’une centaine de logements au Nord du bourg.
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Rions aujourd’hui Suite à l’urbanisation importante aux abords du bourg et surtout au niveaux des hameaux sur les coteaux transformant radicalement le paysage urbain, les élus locaux commencent à s’intéresser à la question du patrimoine paysager et historique, et engagent des démarches politiques enrayant la dynamique de mitage sur les collines viticoles et la dévalorisation du paysage du centre bourg. Le bourg est classé en site inscrit dans sa totalité par décret du 26 mars 1973. L’enceinte est classée monument historique en 1862 et l’église en 1908. Par la suite, la ZPPAUP mise en place sur un périmètre recouvrant une très grande partie de la commune tentera de regrouper toutes les prescriptions nécessaires à la préservation et à la valorisation du patrimoine historique et paysager de Rions.
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Bloc de l’organisation du territoire à la fin du XXème siècle, d’après une série de photos aériennes de 1965 Depuis le XIXème siècle, les principales transformations du territoire résident dans l’urbanisation et l’occupation du palus : La Garonne a gagné son lit actuel, dégageant l’espace du palus alors drainé et cultivé, avec toujours des vergers et de la céréaliculture, mais depuis peu de la vigne. On note par ailleurs la diminution des vergers sur les collines. Avec la nationale, et le chemin de fer (qui n’existe déjà plus à la fin du XXème siècle), de nouveaux quartiers se sont développés, le long de la route, et au niveau de l’espace compris entre le bourg médiéval et la route (où se trouvait la gare), ainsi qu’au Nord et au Sud du bourg. Les hameaux sur les collines se sont également étendus.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés L’attractivité résidentielle de la ville à la fin du XXème siècle avait entraîné une extension urbaine importante, modifiant profondément la structure du paysage urbain de Rions. L’urbanisation s’est poursuivie dans la continuité des extensions du XXème siècle : entre le bourg et la route nationale (place de l’ancienne gare), le long de la route nationale, le long de la falaise, et en continuité des hameaux anciens sur les collines. La nouvelle répartition spatiale de la population semble délaisser le centre bourg qui paraît «déserté», au profit des hameaux situés sur les hauteurs des collines. Bien que récemment, on aie pu observer un regain d’intérêt de la population pour l’habitat ancien du bourg, faisant fortement reculer la vacance. On assiste alors à un début de reconquête du bâti ancien qui privilégie une mise en valeur des structures en pierre et néglige le traitement des façades avec des enduits et des badigeons. On peut tout de même déplorer le développement d’un type d’habitat pavillonnaire à l’architecture standardisée, à coté d’un habitat de caractère, participant à une banalisation du paysage. Cet état de fait s’observe aussi bien au niveau du bourg qu’au niveau des hameaux des collines. Les démarches de protection du paysage engagées par les élus minimisent toutefois cet impact.
Le bourg de Rions aujourd’hui Une nouvelle vague d’urbanisation déconnectée du bourg et de ses extensions de la fin du XIXème siècle s’est développée. Elle prend place le long des routes, et plus particulièrement de la départementale, et au Nord du bourg avec la résidence SaintSeurin. Elle laisse de grandes coupures d’urbanisation entre la départementale et le bourg, et entre la résidence et le bourg.
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Rions Aujourd’hui Depuis le début du XXème siècle on a pu observer la disparition de la voie ferrée et le déclassement de la nationale en route départementale. Les fortifications se sont ouvertes sur leur façade Est. A la fin des années 1970 apparaît la résidence Saint-Seurin, ensemble d’une centaine de logements sociaux au Nord du bourg. Le développement notable de l’urbanisation sur la quasi totalité du territoire, au niveau des hameaux et du bourg comme le long de la route départementale, grignote l’espace viticole.
Ici, chemin du passage, on peut observer un pavillon récemment implanté en confrontation directe avec le mur de la vieille ville. C’est le type d’aménagement, aussi surprenant que peu valorisant pour le vieux bourg, que les politiques publiques de préservation du patrimoine paysager tenteront d’éviter.
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«Les occasions manquées» Les circonstances qui ont participé à l’enclavement de la ville apparaissent comme des «occasions manquées». Une succession d’événements qui participent à l’isoler du réseau de communications, malgré des tentatives de reconnections. - Le port Le port, premier moyen d’échanges entre la ville et sa région, était à l’origine situé au pied de la cité fortifiée, et desservi par l’Estey, bras de Garonne longeant la falaise. Depuis longtemps, la Garonne et l’Estey se sont rejoints, faisant disparaître l’île qu’ils formaient. Mais entre temps, les rionnais ont lutté pour la préservation du port, extrêmement important pour la ville : C’est là que se terminent les principales voies de communication de la contrée, là que l’on vient débarquer et embarquer divers produits et récoltes, là que partent le vin, les fruits, les grains, le bois, les tuiles etc... Ce port est également extrêmement utile a Paillet, ainsi qu’à d’autres communes plus à l’intérieur des terres. C’est pourquoi, dès 1823, l’administration propose le recreusement du chenal (financé par l’état, Paillet et Rions), puis la construction d’une digue, qui n’eût malheureusement pas les effets escomptés. Par la suite, le projet de réparation du port semble s’inscrire dans le plan général du redressement de la rivière, mais il apparaît finalement qu’il n’en sera rien. Et malgré de nombreuses protestations de la part des rionnais, rien n’a été réalisé en faveur du port et on laissa l’Estey devenir un simple filet d’eau, et le port disparaître. - Le tramway de Bordeaux à Cadillac Le tramway de Bordeaux à Cadillac apparaît en 1897. Depuis longtemps, un moyen de transport public était souhaité, car après la fermeture du port et les épisodes de grêle et de phylloxera ravageant la vigne, la ligne de chemin de fer apparaît comme le moyen le plus assuré de relancer l’économie en préparant à un retour de la production naturelle du pays, et de faire renaître une prospérité avantageuse au pays tout entier. Elle représente un moyen pratique d’acheminer vers Bordeaux hommes, bêtes, vins et légumes. La ligne Bordeaux-Cadillac rencontre un grand succès dès sa mise en service, autant pour le transport de voyageurs que de marchandises. Mais bientôt, la ligne qui avait perturbé le service fluvial, va à son tour subir la concurrence de nouveaux moyens de transports. En effet, les camions
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automobiles, cars, et services de bus, offrant des moyens de transport moins coûteux et plus rapide, vont rapidement le remplacer, et la ligne ferme en 1930, après 30 ans de bons services. - La proposition de pont Un projet de pont reliant Rions à Podensac est évoqué dès 1855 mais n’a pas pu être réalisé faute de moyens. Par la suite, de nouvelles propositions sont faites, et un mémoire daté du 15 nov 1863 adressé à la commission d’enquête développe dans un argumentaire détaillé les raisons qui justifieraient le financement d’un nouveau pont passant par Rions. D’autres villes sont également candidates a de pareilles subventions et concurrencent le projet Rions-Podensac. Parmi les arguments cités en faveur de ce projet, est évoquée la position stratégique de Rions : «Car Podensac, Chef-Lieu de Canton, dont il occupe le centre, et Rions, également bien placé entre les deux extrémités de son canton (Cadillac), cela fait deux foyers de population importants, privés jusqu’alors de relations commodes et vivant, pour ainsi dire, isolément l’un de l’autre, quoiqu’ils soient situés en face l’un de l’autre, qui ont résolu de doter d’une voie directe leurs cités et les entrées y aboutissant» (1) Le profil de la rivière et de son lit, ainsi que ses berges semblent en faire l’endroit tout indiqué : «aucun emplacement n’est donc plus favorable dans tout le cours du fleuve à l’établissement d’un point à cet endroit» (1) Les arguments économiques sont également invoqués : «Le village est, par ailleurs, le centre où convergent toutes les routes de la Benauge et de l’Entre-deux-Mers. Son port est celui qui fournit le plus de voyageurs ; le péage du débarcadère est affermé 5250 francs par an. Quant au bac, sis à l’endroit même où l’administration a choisi l’emplacement du pont, il est le plus fréquenté de tous ceux qui traversent la Garonne, et il a été affermé 2 200 francs par an en Décembre 1869 (Gaubert, Maire)» «Oui, vraiment, un pont lui rendrait vite le rang, la valeur et la puissance commerciale qu’a retenue sa vieille histoire» (1) Malgré les motifs de tous ordres légitimant le pont, c’est Langoiran qui obtient finalement les fonds nécessaires à la construction d’un pont chez elle, bien que le site semble moins intéressant pour différentes raisons (pour des questions de sécurité, mais également de réseaux). Rions passe ainsi
2. D’une cité prospère vers des paysages figés Schéma issu de Mon joli village gallo-romain fortifié - Rions de André Fouilleul
Rions et son contexte de transport routier
une nouvelle fois à côté d’une opportunité qui lui aurait été profitable. La construction du pont de Langoiran est achevée en 1881.
de Podensac sur l’A 62 représente un avantage certain. On espère ainsi redynamiser la région.
Par la suite, après un siècle d’hésitations, le pont reliant Beguey (accolé à Cadillac) à Podensac est réalisé en 1984, financé par le Conseil Général. Ce pont présente un intérêt économique et une position géographique avantageuse. En effet, les ponts de Portet/Langoiran et Cadillac/Cérons, datant du 19ème siècle ne supportent pas les convois trop lourds, et la sortie
1) André Fouilleul, a propos du mémoire argumentant en faveur de Rions, extraits de Mon joli village gallo-romain fortifié - Rions
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Aujourd’hui, les traces du passé
Parcellaire quasi orthonormé autour du bourg
Ainsi, la ville de Rions, qui a connu un passé glorieux, été une grande ville gallo-romaine et une place forte redoutable, n’est aujourd’hui qu’un bourg rural enclavé et peu dynamique. Elle porte toutefois de très nombreux témoignages de sa grandeur passée avec un ensemble urbain et architectural remarquable. «Rions est encore aujourd’hui l’une des villes les plus intéressantes du département de la Gironde, seulement en raison de ses monuments. Du jour où on les détruirait ou les laisserait tomber, elle perdrait sa qualité de ville et descendrait au rang de bourgade!» André Fouilleul - Mon joli village gallo-romain fortifié - Rions Les événements précédemment énumérés, faisant passer successivement Rions d’un castrum à une cité romane, une ville fortifiée gothique, puis un important bourg et enfin une petite agglomération, représentent autant d’étapes de son développement urbain qui ont laissé de nombreuses traces encore visibles aujourd’hui. Ces traces historiques qui font encore la richesse de la commune, malgré les mutations récentes. Au delà de la structure du bourg, qui par le tracé de ses rues et places, témoigne des transformations et extensions successives de la ville, et de ses construction historiques (murailles, douves, bâti etc.), l’histoire de Rions s’inscrit dans le paysage jusque dans le parcellaire. Au niveau des coteaux, l’évolution agraire du territoire se traduit par différentes typologies de parcellaire : carré et régulier autour du bourg, et laniéré ou en éventail au niveau des reliefs. Ceci est révélateur de périodes et de modes de mise en valeur différents. Au niveau du palus, le parcellaire agricole porte les traces des limites successives de la zone cultivable, induites par le déplacement de la Garonne. Ainsi, l’évolution de la configuration hydrographique se trouve fossilisée dans le tracé du découpage parcellaire. On retrouve alors des traces de l’histoire riche et mouvementée de Rions sur l’ensemble du territoire communal. Cette richesse représente un atout patrimonial et paysager mais aussi un potentiel touristique important.
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Parcellaire en lanière au niveau des reliefs
2. D’une cité prospère vers des paysages figés 1. La Garonne au XVIème siècle
2. La Garonne au XVIIIème siècle
3. La Garonne aujourd’hui Les traces des lits successifs de la Garonne dans le parcellaire (Plan cadastral : géoportail)
Aujourd’hui encore, l’observation du cadastre est révélatrice de l’histoire du site, plus particulièrement celui du parcellaire agricole au niveau des palus qui porte les marques de l’histoire en fossilisant les lits successifs de la Garonne et de ses bras.
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Les dynamiques actuelles André Fouilleul écrit en 1989 dans Mon joli village gallo-romain fortifié - Rions : «Le village serait quelque peu monotonne si la municipalité n’avait organisé des expositions diverses à l’intérieur de la Porte d’Hyan et quelques reconstitutions villageoises dans les rues.» Presque 15 ans plus tard, on peut effectivement dire de la vie à Rions qu’elle parait un peu monotone, comme en témoignent certains habitants du centre bourg. Ceux-ci se disent navrés de l’endormissement général, du manque de dynamisme, de projets et d’initiatives de la municipalité, de la non-communication entre les habitants. En effet, Rions s’est en quelque sorte transformée en une ville dortoir. Son centre bourg parait déserté et n’accueille quasiment plus de commerces. Quant à la municipalité, on ne peut qu’admettre que, se reposant sur des acquis, elle manque de prise d’initiatives, comme nous le développerons plus loin. Les habitants des coteaux, de l’autre coté de la RD 10, sont complètement déconnectés du centre bourg. Ils n’y passent qu’exceptionnellement, et ne font pas vivre ses commerces et son économie. Les viticulteurs notamment, vivent sur les coteaux et se voient totalement déconnectés de la vie du bourg. Certains parlent de «village fantôme». Il est intéressent de comparer Rions à Beguey, commune adjacente, qui avec un nombre d’habitants moins élevé et une situation qui pourrait sembler similaire, présente bien plus de services et commerces. Mais malgré certains témoignages accablants, de rares rionais apprécient cet état de fait et considèrent le manque de dynamique de la ville comme «le prix à payer» pour leur tranquillité. Voyons aujourd’hui quelles dynamiques agissent sur le territoire, à l’échelle de son pays, l’Entre-deux-Mers, de sa communauté de communes, le Vallon de l’Artolie, et de la commune en elle-même, pour pouvoir appréhender ses perspectives d’évolutions.
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A l’échelle du pays Entre-deux-mers La problématique de la périurbanisation s’étend du Nord vers le Sud, mais le pays Entre-deux-Mers affirme son caractère rural avec une densité de population faible, en particulier dans le Sud, caractérisé par une forte ruralité et des centralités claires (comme Créons et Cadillac). Un territoire globalement vieillissant, en particulier pour des communautés de communes moins attractives (comme celle du Vallon de l’Artolie). Si les élus souhaitent généralement voir la population de leur commune croître, ce n’est pas le cas dans le Sud, où les orientations sont partagées entre croissance de la population, stabilisation, et croissance modérée, en raison du manque de terrains disponibles, du fait de l’emprise viticole, et de la volonté de préserver des zones rurales. Le Pays possède un potentiel relativement important de création d’emplois. L’agriculture, représente un secteur économique important. Elle suit la tendance nationale et présente des exploitations de moins en moins nombreuses mais sur des superficies plus importantes. Elle n’est alors pas en recul, mais les exploitations tendent à se regrouper. La viticulture occupe une place grandissante dans la SAU, jusqu’à 80 % en 2000 dans le canton de Cadillac (dont Rions fait partie). Le pays est toutefois touché par le contexte de « crise viticole ». Le risque à terme est que les parcelles de vignes abandonnées soient vendues en tant que terrain constructible viabilisé, faisant perdre au territoire une richesse économique ainsi qu’un patrimoine identitaire fort. Ce contre quoi les élus luttent. L’amélioration du réseau routier facilite la mobilité et encourage l’installation sur des secteurs de plus en plus éloignés de Bordeaux, développant la migration alternante par voiture. Ce qui pose des problèmes de sécurisation des voies et de traversées de centre-bourgs (la RD 10). Le pays connaît une certaine dynamique immobilière avec une réduction de la vacance et de l’inconfort (qui n’exclut pas la persistance de ce dysfonctionnement sur certains secteurs du pays, comme à Rions).
2. D’une cité prospère vers des paysages figés A l’échelle de la communauté de communes Vallons de l’Artolie
A l’échelle de la commune
La proximité de Bordeaux et Langon, des prix encore abordables et un cadre de vie préservé constituent des atouts qui pourraient rendre le territoire de la communauté de commune du Vallon de l’Artolie attractif. Mais la politique de l’habitat répond à l’objectif d’une croissance maîtrisée de la population afin de conserver un caractère rural et de protéger l’environnement. De plus, divers éléments contraignent et limitent son potentiel d’urbanisation (zones inondables, emprise des vignobles AOC, réseaux insuffisants etc.), et les possibilités d’accueil sont limitées malgré une demande forte. La population y est donc vieillissante. L’activité économique et l’emploi baissent car les artisans manquent de travail (du fait de la faiblesse de la construction et de la viticulture qui se mécanise et embauche moins). En cinq ans, les prix des terrains et locations ont été multiplié par 2 ou 3 selon les secteurs. Ces prix restent toutefois attractifs par rapport à l’agglomération bordelaise. Langoiran et Rions représentent les deux villes importantes de la communauté de commune. L’organisation linéaire le long de la RD 10 s’explique par la présence de commerces et services dans les communes traversées par cette voie (exception faite de Rions). Un des objectifs de développement de la communauté de commune est d’améliorer les équipements et la sécurité des infrastructures routières (notamment de la RD 10). La politique menée par la communauté de commune est en cohérence avec l’objectif de croissance démographique modérée et la volonté de préservation de son identité rurale.
La démographie Depuis les années 1960, on peu distinguer deux périodes de croissance : - De 1960 à 1980, une croissance démographique soutenue, principalement due à un solde migratoire important ; - De 1982 à nos jours, une croissance ralentie, cette fois-ci due à un solde naturel positif. La population rionaise est modérément agée, et les ménages sont essentiellement familiaux. La viticulture représente un secteur d’emploi relativement important, mais la migration pendulaire est de plus en plus importante, et on observe un taux de chômage conséquent. Commerces et services Aujourd’hui le tissus commercial et de services, qui n’est plus représenté que par un unique restaurant ouvert à l’année, une épicerie et quelques artisans, est concentré dans la ville close et ses abords.
L’évolution démographique A partir d’un graphique tiré de wikipédia d’après les données suivantes : De 1962 à 1999: population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale. (Sources : Ldh/EHESS/ Cassini jusqu’en 1962 puis Insee à partir de 1968).
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Le tourisme
La viticulture
Nous avons vu que Rion jouissait d’un patrimoine historique et paysager riche, offrant un potentiel touristique non négligeable, incomparable aux communes voisines. Cependant, ce potentiel ne semble pas exploité autant qu’il pourrait l’être : la municipalité n’oriente pas ses efforts vers un développement touristique. Mais la commune dépend de «l’Office de Tourisme du Cadillacais et du Langoirannais», et est indiquée par certains guides touristiques. Il semblerait que cela suffise à un tourisme difficile à quantifier mais apparemment bien présent. En effet, seules de très rares visites guidées sont organisées par l’office du tourisme avec l’historien local, et cela ne permet pas d’évaluer l’afflux touristique, mais les habitants témoignent du passage très régulier de touristes. Paradoxalement, ce ne sont pas les rionais qui font vivre le dernier restaurant du bourg, mais les touristes de passage.
Nous avons vu que la viticulture était présente sur le territoire quasiment depuis ses origines, et que la zone des Premières Côtes de Bordeaux et Cadillac dans laquelle s’inscrit la commune de Rions, représente un contexte privilégié aux terroirs variés et de grande qualité. Les différents domaines viticoles de la commune écoulent leur production en vente directe, en vrac ou en négoce. Aujourd’hui, on n’observe pas de signe visible de déprise ou d’abandon, et la pérennité de la viticulture ne parait à première vue pas compromise. Toutefois, en interrogeant le syndicat viticole des Premières Côtes de Bordeaux et Cadillac, il apparaît qu’elle rencontre tout de même des difficultés. La crise viticole est un problème complexe qui n’épargne personne depuis les années 2000. Les charges et contraintes administratives augmentant, face à un prix de vente qui lui reste fixe, les exploitants réduisent leurs marges. Mais pour l’instant, la vente se maintient. Sur le territoire de l’AOC des Premières Côtes de Bordeaux et Cadillac, des propriétés sont en vente, les viticulteurs partant en retraite ne sont pas toujours remplacés, et les jeunes rencontrent des difficultés à se lancer. Bien que Rions ne soit pas la plus touchée par les abandons, ses exploitants font le même constat.
L’immobilier Aujourd’hui, l’attractivité résidentielle et le dynamisme commercial du bourg restant faibles, et la population communale est répartie pour moitié dans les hameaux des collines. On observe une rupture dans le parc immobilier, de part et d’autre de la RD10, accompagnée d’une coupure urbaine et sociale : - Le bâti ancien du centre bourg est constitué de rares demeures rénovées, et d’une multitude de bâtiments plus modestes, souffrant globalement d’une déficience en confort. La vacance y a reculé récemment mais est toujours présente. La résidence Saint-Seurin constitue une part importante du parc locatif. - L’habitat pavillonnaire des coteaux est majoritairement en accession à la propriété.
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Nous avons donc une culture qui globalement se maintient grâce à un terroir de qualité qui lui assure une certaine reconnaissance, mais qui reste fragile en ces temps de crise viticole. La défense de l’appellation et la protection des terroirs par les politiques publiques la mettent pour l’instant à l’abri de la pression urbaine, mais les choses peuvent évoluer.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés
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Les enjeux paysagers La commune de Rions est caractérisée par des points forts importants, mais des points faibles non négligeables. En spatialisant les enjeux paysagers, on se rend compte qu’il s’agit avant tout de trouver un équilibre entre un développement maîtrisé et la préservation/valorisation de qualités existantes. Les évolutions futures doivent aller dans le sens d’une maîtrise du développement urbain et de l’amélioration de la perception de la vieille ville, Il convient également de préserver le paysage viticole des coteaux et sa perception visuelle en limitant l’impact paysager de l’urbanisation diffuse, et de préserver le palus d’une uniformisation des cultures. De cette façon, le bourg affirmerait sa connotation urbaine, mais que le territoire conserverait dans l’ensemble son caractère rural et ses qualités paysagères.
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Le centre-bourg La vieille ville concentre à elle seule une grande partie des points forts et des points faibles du paysage communal. Nous avons vu que la richesse de son patrimoine architectural et historique était un atout majeur, conférant à la cité son aspect pittoresque. Mais son tissu urbain ancien de qualité ne se suffit pas à lui même, et le bourg souffre d’un manque de vie et d’attractivité importants. Les dynamiques urbaines de la fin du XXème siècle sont à l’origine de la désertion du bourg, qui souffre globalement d’une déficience en confort. Les espaces publics sont insuffisamment qualifiés et manquent de lisibilité. Les places publiques, la voirie secondaire et les bâtiments anciens manquent d’entretien (pavages, façades) et tendent à se détériorer malgré leur intérêt patrimonial. L’instabilité de la muraille et de la falaise pose également problème puisque pour l’instant les choses sont laissées en l’état. Au delà d’un manque d’entretien et de valorisation, le centre bourg subit également un recul de la qualité de vie urbaine, avec un tissu de commerces et de service de plus en plus pauvre. Les habitants parlent de «ville-fantôme». Nous somme donc globalement en présence d’un patrimoine reconnu mais pas encore suffisamment entretenu ni valorisé. La mise en valeur du patrimoine et le développement touristique pourraient revitaliser le centre bourg.
2. D’une cité prospère vers des paysages figés Les extensions du bourg
Les espaces naturels, agricoles et viticoles
Un intérêt tout particulier doit être porté sur les évolutions des extensions du bourg. Leur développement trop important induirait la transformation progressive de Rions en une ville pavillonnaire ordinaire, mais il ne doit pas être stoppé pour autant. En gardant à l’esprit un souci d’intégration du bâti récent dans le paysage, des efforts doivent être faits dans le sens d’une structuration urbaine cohérente. Les espaces vacants doivent être repensés et mieux définis, les perspectives visuelles qu’ils ouvrent sur le bourg doivent être préservées. La perception du bourg comme un ensemble urbain aggloméré, de façon générale mais surtout depuis la route départementale, est également un enjeu important.
Les espaces agricoles du palus, comme ceux à dominante viticole de la terrasse et des collines, représentent un élément identitaire important des paysages rionais. Valorisés par la configuration topographique, et par l’urbanisation limitée le long de la RD 10 (par rapport aux communes voisines), ils sont responsables du caractère rural et bucolique de Rions. Si ces paysages ne semblent à priori pas menacés, il convient de se méfier des dynamiques agricoles du palus ainsi que des dynamiques urbaines de la terrasse et du palus qui pourraient avoir un impact négatif sur leur configuration et sur leur emprise.
Les hameaux des collines Le ralentissement de l’urbanisation pavillonnaire des collines ainsi que son intégration paysagère permettront de préserver l’espace viticole d’une uniformisation du paysage.
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2. D’une cité prospère vers des paysages figés L’occupation du site de Rions s’est profondément renouvelée, modelée au fil des siècles par une succession d’événements qui la font passer d’un castrum au Bas-Empire, à une cité romane puis à une ville fortifiée, pour devenir un important bourg puis la petite agglomération que nous connaissons. Autant d’étapes de son développement urbain qui ont marqué ses paysages, et dont les témoignages encore visibles représentent la richesse. La Garonne, qui baignait originellement ses murailles s’en est écartée. La vie commerciale n’a pas été suffisamment prospère pour remplacer la vie guerrière. Elle regagne difficilement sa place dans le concert des villes girondines au début du XXème siècle. Malheureusement, la crise économique survient et la remontée est difficile. Rions a perdu au fil des siècles son rôle dominant pour devenir un village rural enclavé et peu dynamique. Aujourd’hui se sont de nouvelles problématiques qui se posent. Celle de la préservation d’un héritage patrimonial précieux, menacé par des dynamiques apparues au XXème siècle : l’attractivité résidentielle qui a entraîné une extension urbaine importante, modifiant profondément la structure paysagère, associée à des dynamiques agricoles nouvelles au niveau du palus comme au niveau des coteaux. La question de l’équilibre entre préservation et développement et entre dynamiques urbaines et rurales se posent pour cette ville à la situation si particulière.
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Chapitre 3 :
La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles Des critiques ont souvent été faites par les habitants à l’égard de la municipalité actuelle, à laquelle ils reprochent un certain attentisme et un manque d’initiative général, laissant Rions évoluer vers une perte de dynamisme du centre bourg, et une dégradation de son patrimoine bâti par manque d’entretien. En y regardant de plus près, les politiques publiques semblent pourtant aller dans le sens d’un maintien du caractère rural, et des qualités paysagères, historiques et patrimoniales de Rions. On constate toutefois un manque de communicabilité des décisions relatives à l’aménagement du territoire. Pour commencer, les documents réglementaires et de planification sont peu accessibles, non numérisés et pas toujours complets. Il semblerait par exemple que le rapport de présentation qui devrait accompagner et introduire les choix retenus par le POS n’existe plus. Beaucoup de décisions relatives à l’aménagement ou à la planification sont mises en suspens, dans l’attente d’un changement de municipalité à venir (un an). Le maire, Jean Despujols est en fonction depuis 2001 et ne renouvelle pas sa candidature. Beaucoup attendent alors l’élection de la nouvelle municipalité comme un nouveau départ et y voient l’occasion de voir Rions sortir de sa torpeur. Le coté «endormi» de Rions représente pour certains une qualité de vie, mais un inconvénient pour d’autres. Nous avons pu constater que la situation particulière de Rions en fait un territoire à enjeux plus importants que les communes voisines, dans la mesure où, étant moins contrainte, plus de choix s’offrent à elle, et son patrimoine est plus riche et préservé. Quel que soient le résultat de l’élection à venir, Rions devra très prochainement prendre des décisions importantes, comme par exemple celui d’un nouveau document de planification, et se poser la question de transformer la ZPPAUP en AVAP ou de la laisser disparaître. L’étude critique des politiques actuelles permettra alors d’y voir plus clair et éventuellement de formuler des débuts de réflexion à engager à l’avenir.
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Superposition des différents champs d’application des procédures réglementaires ou périmètres de protections, naturelles, patrimoniales, ou liées à la sécurité publique.
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3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles La carte montrant la superposition des différents champs d’application des procédures réglementaires ou périmètres de protections applicables sur la commune de Rions démontre un effort de protection de nature variable sur l’ensemble du territoire. Nous avons pour commencer des protections naturelles, avec le site Natura 2000 de la Garonne, et la ZNIEFF de type 2 vallées et coteaux de l’Euille et de ses Affluents. Ces protections naturelles n’ont pas de valeur réglementaire, mais doivent être prises en compte par les documents de planification. Des servitudes d’utilité publique liées à la protection du patrimoine : les périmètres de protection des monument historiques, le site inscrit du bourg de Rions et la ZPPAUP de Rions (La ZPPAUP se substitue au site inscrit et aux périmètres de protection des abords des monuments historiques, c’est pourquoi ces derniers ne sont pas figurés sur la carte) ; ainsi que des servitudes d’utilité publique relatives à la salubrité et à la sécurité publique : le PPRI vallée de la Garonne, secteur Rions-Toulenne. Les servitudes d’utilité publique sont annexées au POS et celui-ci doit leur être compatible. Doivent également être prises en compte, les zones de protection archéologiques. Le service Régional de l’Archéologie doit être consulté pour tout permis de construire ou tout projet de travaux susceptibles d’affecter le sous-sol dans une de ces zones. Sont répertoriées comme zones sensibles des vestiges gallo-romains, cimetières, villas gallo-romaines, une motte castrale, etc.
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La ZPPAUP
La Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager de Rions, est créée le 27 mai 2009. Elle constitue un outil de cohérence permettant une protection globale et concertée du patrimoine, en énonçant les règles constructives à respecter et des conseils pour protéger et mettre en valeur un ensemble architectural urbain et paysager remarquable. Le périmètre de protection défini par la ZPPAUP se subsistue aux périmètres des abords des Monuments Historiques énoncés précédemment, et fait l’objet de prescriptions et recommandations qui s’additionnent au POS. Les effets du site inscrit du bourg de Rions sont également suspendus par l’institution de la ZPPAUP. Le périmètre défini par la ZPPAUP est très étendu et couvre la quasi totalité du territoire communal. Seule la zone située à l’est de la RD13 n’est pas concernée (voir cartographie). Le rapport de présentation de la ZPPAUP décrit un zonage des unités paysagères un peu différent de celui détaillé précédemment, regroupant sous une même unité la terrasse et une partie des collines viticoles. Le périmètre de protection correspond alors à ce qui est décrit comme la limité d’unité paysagère de la vallée. « Le périmètre de la ZPPAUP comprendra toute la partie de la commune de Rions placée plus ou moins en dessous de la ligne de crête. L’essentiel de ce territoire étant à vocation naturelle ou agricole, c’est l’ensemble du territoire communal qui sera concerné à l’exception de la partie extrême à l’est en deçà de la ligne de crête de la vallée. » (Extrait du règlement de la ZPPAUP) La ZPPAUP répond à trois types d’enjeux : des enjeux de préservation du patrimoine architectural,des enjeux paysagers et des enjeux urbains. Les enjeux paysagers couvrent la vallée avec les coteaux et les palus. Le zonage et le règlement de la ZPPAUP sont élaborés à partir de ces enjeux. Pour chacun de ces trois types d’enjeux, des objectifs sont énoncés, et des moyens mis en place. Quatre zones ont été déterminées : P1 pour la ville ancienne intra-muros, P2 pour le périmètre d’extension ancien du bourg, P3 pour les principaux hameaux des coteaux de la vallée de la Garonne, P4 pour les palus et les coteaux de la vallée de la Garonne et P5 pour les périmètres de protection des remparts, des lices et du front urbain de la ville close. Les prescriptions et interdictions sont alors applicables différemment en
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fonction de la zone concernée. Par exemple, pour répondre à l’objectif «Préserver la qualité et l’authenticité du bâti ancien», un des moyens mis en place est « d’imposer des matériaux et des mises en oeuvre compatibles avec le bâti et ses pathologies». Ces recommandations sont applicables différemment suivant le zonage. La ZPPAUP correspond à une réglementation stricte, puisqu’elle impose des prescriptions et interdictions de tous ordres concernant toute construction/ démolition/transformation/plantation/déboisement. Elle parait d’autant plus contraignante qu’elle concerne la quasi-totalité de la commune. Toutefois, en guidant les aménagements vers un ensemble cohérent et valorisé, elle préserve le territoire d’une éventuelle dégradation de son patrimoine par l’agriculture intensive, des déboisements importants ou une urbanisation irraisonnée. On peu toutefois déplorer que, bien que prenant en compte dans son périmètre les zones des palus et des coteaux de Garonne, ceux-ci paraissent délaissés. La ZPPAUP se focalise beaucoup sur les contraintes de constructibilité, la protection du patrimoine identitaire du bourg ou les vues à préserver, mais peu sur les espaces cultivés qui jouent pourtant un rôle majeur dans la qualité du patrimoine paysager de Rions. Il existe des prescriptions concernant la mise en place et la protection de bandes boisées (peu nombreuses), et une interdiction de plantation de massifs boisés dans la zone P5. Parmi les enjeux paysager énoncés, on peut noter : «Conserver et mettre en avant le découpage parcellaire du palus en tant que témoignage de l’évolution de la configuration hydrographique» ; «Préserver le paysage viticole des coteaux et sa perception visuelle en limitant l’impact paysager de l’urbanisation diffuse» ; «Préserver le découpage parcellaire des coteaux en tant que témoignage de l’évolution des pratiques agricoles et de la mise en valeur du territoire communal depuis l’Antiquité» Mais aucun moyen n’est mis en oeuvre pour préserver l’agriculture et la viticulture. Ainsi, sur les coteaux, rien n’interdirait une réorientation agricole, et le passage de la vigne à un autre type de culture. Et sur le palus, rien n’est mis en place pour limiter le développement d’immenses parcelles de maïsiculture, au détriment de la polyculture, qui pourrait à terme conduire à une banalisation du paysage.
3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles
Z.P.P.A.U.P. de Rions
Rapport de présentation
«Schéma d’identification des enjeux au niveau du Schéma d’identification des enjeux au niveau du bourg élargis. bourg élargis» Extrait du rapport de présentation
Plan de zonage de la ZPPAUP
Si la viticulture, n’est (pour l’instant) pas menacée de réorientation, la diversité paysagère du palus pourrait l’être en revanche.
Agence J.-L Montarnier architecture – patrimoine – urbanisme - paysage
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La ZPPAUP cessera de produire ses effets de droits le 14 juillet 2015. D’ici là, le choix doit être fait par la municipalité de la remplacer par une AVAP (Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine) ou non. Pour les raisons précédemment citées, le choix d’une AVAP parait tout indiqué. Comme la ZPPAUP, cet outil réglementaire, bien que contraignant, guide le territoire vers un ensemble cohérent et valorisé. De plus, ce serait l’occasion de procéder à certains ajustements. Si le périmètre et les prescriptions
actuellement appliquées par la ZPPAUP paraissent appropriés, et semblent répondre aux enjeux de valorisation urbains et architecturaux, quelques ajouts peuvent être faits concernant les enjeux paysager, notamment concernant les paysages agricoles du palus.
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Le ppri Le plan de prévention du risque inondation (PPRI), approuvé en 2001, implique la conservation de certains caractères de l’espace du palus. En effet, le périmètre du PPRI inscrit l’espace du palus en zone rouge, représentant la zone d’expansion de crue centennale devant être absolument préservée. Le PPRI réglemente cette zone inondable comme suit : les constructions y sont interdites, seules sont autorisées la rénovation, l’entretien et la reconstruction de bâtiments déjà existants, et les extensions inférieures à une certaine superficie. Sont également autorisés la construction de bâtiments agricoles selon des normes définies, et certaines opérations d’aménagement. Pour ce qui est de l’exploitation des terres, il autorise les cultures annuelles, le pacage et les pépinières, la viticulture respectant les distances de plantation imposés entre les rangs et les pieds, et la culture arboricole avec également des intervalle de plantation a respecter, variables en fonction des zones et de la vitesse du courant. Le POS, qui se doit d’être compatible avec le PPRI, inscrit alors l’espace du palus dans une zone de sites naturels à protéger particulière, la zone NDI, (pour inondable), une zone inconstructible. Ainsi la réglementation du PPRI, bien qu’ayant pour vocation principale d’assurer la sécurité des habitants et des constructions face aux crues de la Garonne, a une influence sur les paysages en imposant d’en maintenir certains aspects. Les nouvelles constructions sont interdites, et des techniques de mise en oeuvre sont imposées pour l’arboriculture et la viticulture. Le palus conservera alors sa vocation agricole. Mais aucune réglementation n’influence les dynamiques agricoles propres au palus, et la culture intensive du maïs peut être amenée à se développer encore, au détriment de la polyculture en mosaïque et de sa diversité. Pourtant, le développement de ces grandes cultures ouvertes, en plus de nuire à la qualité et à la diversité paysagère, pourrait avoir des conséquences sur le courant des crues en supprimant les obstacles entre les différentes parcelles.
Plan de zonage du PPRI vallée de la Garonne - Rions - Toulenne Commune de Rions
3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles
«Renaturation» de l’île de Raymond
L’île de Raymond, située sur les communes de Rions et Paillet et formée par l’Estey, un bras mort de la garonne, représente la dernière zone humide alluviale de la Gironde. Le Syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne (Sméag), identifie l’île comme zone à enjeux forts à l’échelle de la Garonne, sur les volets écologiques, sécuritaires, économiques et paysagers. C’est principalement son intérêt écologique qui a motivé la communauté de commune des Vallons de l’Artolie à faire l’acquisition en 2010 de ces terres agricoles.
L’île de Raymond Images tirée de l’article «Île de Raymond, site naturel à Paillet» sur www.france-voyage.com
Le projet de la CDC consiste en sa renaturation et son ouverture au public, projet également composé d’un volet agricole, construit en concertation avec les différents partenaires et les habitants, sous la forme d’un plan de gestion sur cinq ans. Les objectifs sont, en plus de la préservation des milieux naturels, la sensibilisation et l’éducation à l’environnement du public, permettant de «renouer avec la Garonne et la nature». Ce projet agro-environnemental réponds à des enjeux socio-économiques, éthiques, et culturels. La SAFER impose que les terres restent agricoles pendant encore dix ans, c’est pourquoi elles seront paturées de façon à assurer la transition vers la renaturation de l’île. La mise en place de promenades et circuits de randonnée accompagnés de panneaux explicatifs sur la faune et la flore permettront au grand public de découvrir des paysages jusqu’ici peu valorisés.
Pour assurer la transition jusqu’à une renaturation, les terres sont actuellement pâturées par des moutons.
Ce projet est un premier pas vers de prochains engagements de la CDC dans le sens de la valorisation des berges de la Garonne et de son patrimoine historique et agricole, comme par exemple, la restauration des chemins de halages.
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Le plan d’occupation des sols
Le zonage du POS au niveau du bourg
La dernière révision du plan d’occupation des sols de Rions date de 2009. Du zonage du POS se dégagent de grandes orientations qui vont dans le sens d’une préservation des qualités paysagères et patrimoniales du territoire : - Confortement de l’urbanisation aux abords du Centre-Bourg Les zones UA (Centre bourg), UB (Extensions du centre bourg ou hameaux anciens) et UC (Urbanisation contemporaine peu dense) sont concernées. - Organisation d’une armatrure urbaine cohérente Les zones I NA (Destinée à une urbanisation future organisée) et II NA (Réserve foncière destinée à une urbanisation à long terme). - Maîtrise de l’urbanisation diffuse Les zones NB correspondent aux zones d’habitat diffus peu dense. « Ce sont des zones naturelles peu équipées dont le caractère rural doit être protégé mais où une urbanisation peu importante peut être admise dans la limite de la capacité des équipements existants. » - Renforcement des équipements publics Les zones UE sont destinées aux équipements collectifs et sportifs. - Préserver les secteurs viticoles Les zones NC, zones naturelles agricoles. - Protéger les espaces naturels sensibles et les zones à risques Les zones ND, zones de sites naturels à protéger. Sont concernés, toute la longueur des coteaux de Garonne, et un grande partie des coteaux des vallées intérieures. Le POS est compatible avec le PPRI et avec la ZPPAUP. Il protège la totalité des boisements présents sur le territoire communal en les classant en espaces boisés classés, ce qui interdit toute modification de nature à compromettre la conservation ou la protection de ces boisements. La trame bocagère doit être pérennisée, entretenue et développée par endroits. Et les points de vue doivent être préservés. Le POS semble à première vue aller dans le sens d’une préservation des qualités paysagères de l’ensemble du territoire. Certains points améliorables sont toutefois à relever. Premièrement, si certains choix faits par la municipalité sont évidemment compréhensibles, d’autres mériteraient d’être justifiés pour être mieux appréhendés. Or la mairie n’est, semble-t-il pas en possession du rapport de présentation qui devrait accompagner le POS et éclairer certaines sur ces orientations.
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Par exemple, alors même que le POS semble tendre vers un confortement du centre bourg comme un ensemble cohérent, certaines des parcelles proches du bourg, inscrites au POS en zone ND, qui fragmentent la zone urbanisée, posent question. Les zones ND correspondent aux espaces naturels qu’il convient de protéger strictement de toute urbanisation. Le classement du glacis en zone ND se justifie aisément par son intérêt tant paysager que patrimonial. Il en est de même pour la parcelle viticole qui ouvre une large vue sur le bourg depuis la RD 10. Mais le choix de classer certains terrains vagues ou peu définis en zone ND aurait mérité d’être explicité (ou requestionné).
3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles Plan de zonage du POS
Un autre point a améliorer serait les nombreuses zones NB, «Des zones naturelles peu équipées dont le caractère rural doit être protégé mais où une urbanisation peu importante peut être admise dans la limite de la capacité des équipements existants.», présentes au niveaux des hameaux des collines viticoles. Cette notion pourrait laisser le champ libre aux initiatives individuelles et au mitage. C’est aussi pour ces raisons que la catégorie NB n’existe pas pour les PLU, et que les territoires ainsi classés sont reclassés. La question du PLU est d’ailleurs à poser. Depuis le 1er janvier 2010, toute révision simplifiée devra entraîner la transformation du POS en PLU. Des remaniements successifs ont été apportés au POS, notamment avec les modifications soulevées lors de l’élaboration de la ZPPAUP. Il apparaît qu’aujourd’hui, un PLU redonnerait une cohérence à l’actuel POS. Ce serait
l’occasion de mieux intégrer des notions d’aménagement et de développement durable avec le PADD, ainsi que l’objectif d’utilisation économe du sol, de requestionner et reclasser les zones NB, de réaffirmer certains choix, ou de les remettre en question, et de redéfinir les zones à urbaniser. Au POS actuel, parmi les rares zones indiquées comme destinées à une urbanisation future, certaines sont aujourd’hui effectivement urbanisées. De même que les nombreuses zones NB où l’urbanisation n’est souvent plus possible.
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3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles Synthèse par unité paysagère Le palus est doublement réglementé, par le PPRI et la ZPPAUP. Ces réglementations en protègent certains aspects (l’inconstructibilité, et quelques techniques de mise en oeuvre imposées), mais elle pourraient aller plus loin en anticipant d’éventuelles dynamiques agricoles qui pourraient conduire à une uniformisation paysagère de la zone. Des réglementations pourraient intégrer ces notions de façon à limiter l’agrandissement des parcelles et la spécialisation des cultures vers la maïsiculture. Ces réglementations pourraient s’intégrer au PPRI car les dynamiques agricoles du palus ont indirectement des répercutions sur ses propriété hydrologiques, mais également à l’éventuelle future AVAP puisque ce sont avant tout des considérations d’ordre paysager, ou encore dans le cadre de mesures agro-environnementales territorialisées (MAEt). Les coteaux et ondulations viticoles paraissent plus protégés, avec la ZPPAUP associée aux réglementations du POS et à la protection des syndicats viticoles qui défendent le maintien des paysages viticoles. Le classement d’une grande partie du coteau en zone ND au POS est tout à fait bienvenue. Toutefois, une réglementation plus précise au niveau du futur document de planification, qui laisserait moins de liberté à l’urbanisation des hameaux, compléterait ces protections. La terrasse, avec le bourg de Rions, représente la zone la plus contrainte par les politiques publiques, avec la réglementation précise et détaillée de la ZPPAUP, et celle du POS. L’urbanisation est contrainte selon un schéma orienté vers une amélioration de la cohérence du bourg aggloméré, et la protection de coupures d’urbanisations. Certains choix mériteraient tout de même d’être réaffirmés ou remis en question. De façon générale, les politiques publiques se sont orientées vers une démarche conservatrice de préservation du patrimoine paysager et historique, et du caractère rural de Rions. Face aux nouvelles dynamiques, notamment urbaines, il convient de se questionner quant au positionnement à adopter par la nouvelle municipalité à l’avenir. Les élus devront soit conforter les positions précédemment adoptées, soit les remettre en question, mais toujours en les justifiant, et les communiquant aux habitants.
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prospectives Bloc prospectif à l’échelle d’une vingtaine d’années dans l’hypothèse d’un maintient des dynamiques et des politiques publiques établies.
Dynamiques agricoles
Structuration du bourg
Extension des hameaux
- Développement de la maïsiculture, - Agrandissement des parcelles,
- Structuration du bourg, - Détérioration du patrimoine bâti par manque d’entretien,
- Extension des hameaux pas suffisamment maîtrisée,
> Uniformisation paysagère, > Modification des dynamiques hydrologiques du palus.
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> Meilleure perception cohérence du bourg.
de
la
> Risque de dévalorisation du paysage viticole.
3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles Bloc prospectif à l’échelle d’une vingtaine d’années en procédant à des ajustements des politiques publiques, toujours dans le sens de la préservation du patrimoine historique et paysager. On choisirait de privilégier la densification du bourg plutôt que de laisser la possibilité d’extension aux hameaux, et de protéger le palus d’une uniformisation du paysage.
Maintien du palus - Protection de la diversité paysagère du palus.
Structuration du bourg - Structuration du bourg, - Entretien du patrimoine bâti, - Densification modérée, en conservant des coupures d’urbanisations, > Meilleure perception de la cohérence du bourg.
Extension des hameaux - Maîtrise, voire blocage du développement des hameaux, > Préservation du paysage viticole.
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Les communes voisines En repositionnant ces conclusions dans le contexte des communes voisines, on peut tenter de répondre à la problématique qui s’était dégagée, à savoir : Rions, par sa situation spatiale atypique présente un gros potentiel d’urbanisation et de valorisation de la commune par le territoire, plus important que dans les communes voisines, pourtant moins exploité. Pourquoi?
Pour les communes voisines, au nord comme au sud, des points communs apparaissent dans la gestion des paysages par les politiques publiques. Les territoires des coteaux comme des palus connaissent les mêmes enjeux et dynamiques qu’à Rions, et à peu de choses près le même type de protection. Ils évolueront vraisemblablement dans le même sens : le PPRI contraint l’espace du palus a rester agricole et inconstructible, tandis que les boisement des coteaux sont classés en EBC. Une grande partie du territoire est concernée soit par une ZPAUP (Langoiran, Cadillac), soit par un périmètre de protection de monument historique. Et les syndicats viticoles défendent les paysages des vignobles (comme par exemple à Cadillac où le syndicat viticole s’est opposé aux propositions d’urbanisation du PLU). La seule variable réside dans le développement urbain de l’espace compris entre les coteaux de Garonne et les palus, pour lequel la nature des contraintes et les volontés politiques changent d’une commune à l’autre. Les communes du nord, Lestiac, Paillet et Langoiran. Contraintes par le relief du coteau et l’inondabilité, leur urbanisation est limitée à une bande étroite. Elle n’a quasiment aucune possibilité d’extensions. En effet, en plus des contraintes liées au terrain, la bande boisée qui occupe le coteau est classée en EBC, et le périmètre de la ZPPAUP de Langoiran associé à ceux des monuments historiques de la bande bâtie recouvre la quasi-totalisé de la zone urbanisée, imposant une évolution cohérente qui n’altère pas l’état du paysage actuel. L’observation des PLU et POS de ces communes révèle effectivement un potentiel d’urbanisation très limité. Il ne reste à Langoiran que deux parcelles urbanisables. Lestiac et Paillet en possèdent à peine plus. L’espace urbanisable arrivera alors très prochainement à saturation. Le prix du terrain constructible sur ces communes se situe autour d’une
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centaine d’euros par mètre carré. Ce prix a largement augmenté ces dernières années, mais il reste inférieur au prix moyen en gironde. Les communes du sud, Beguey et Cadillac. Les contraintes à l’urbanisation ne sont pas d’ordre physique. Ces communes pourraient, et voudraient développer leur urbanisation, mais d’autres facteurs les contraignent. Beguey présente un potentiel d’urbanisation important, et la municipalité souhaite aller dans le sens d’un développement urbain, notamment par le biais de deux lotissements en projet, de 63 et 20 lots, puis par de nouveaux terrains envisagés à la suite. L’augmentation du prix au mètre carré a finalement entravé la finalisation du projet. Ainsi, le développement urbain de Beguey se fait de façon générale bien plus lentement que la commune le souhaiterait, selon le maire, principalement par manque d’attractivité. On notera par ailleurs que beaucoup de logements y sont déjà vacants. La commune envisage très prochainement d’engager la procédure d’élaboration de son PLU, mais elle espère toujours qu’un PLU intercommunal soit mis en place par la CDC de Coteaux de Garonne (qui englobe également Cadillac). Cadillac de son coté, a vu son PLU refusé. Les syndicats viticoles et les particuliers se sont vivement opposés aux propositions du PLU qui n’a donc pas été approuvé. De retour à son POS, Cadillac se retrouve avec une quantité très limitée de terrains constructibles. En 2012, treize permis de construire avaient été délivrés (pour une quinzaine de demandes). C’est déjà bien plus qu’à Rions. Au milieu, Rions a pour l’instant fait le choix politique de limiter son développement urbain, pour préserver son paysage, son patrimoine et sa tranquillité.
3. La protection du patrimoine au regard des dynamiques actuelles Ainsi se confirme l’idée d’un potentiel singulier à Rions. Les enjeux y sont plus importants, puisque contrairement au Nord, le commune aurait la possibilité d’étendre son urbanisation, et comparé à Cadillac, elle présente un prix du terrain au mètre carré inférieur et une proximité de Bordeaux supérieure, la rendant plus attractive. Ce potentiel, associé à un patrimoine historique et paysager plus important, en fait une commune à enjeux plus forts. Jusqu’à maintenant, on peut considérer que la commune à fait des choix conservateurs, qui s’expliquent aisément par la volonté pour Rions de rester une ville rurale et préservée. Les nouvelles dynamiques urbaines liées à la proximité de Bordeaux, ainsi que les nouvelles dynamiques agricoles et viticoles, doivent amener à requestionner ce positionnement. Pour l’instant l’économie de la viticulture maintient encore le territoire, mais après? De plus, la pression urbaine est pour l’instant encore modérée, mais elle sera forcément amenée à augmenter. Nous avons vu que les habitants semblaient partagés entre le souhait d’un centre-bourg plus vivant, et celui du maintien d’une tranquilité qui leur est chère. Ainsi, l’élection d’une nouvelle municipalité est déterminante, d’autant plus que des décisions aux enjeux importants devront être prises. Tout en conservant les objectifs de maintenir son patrimoine et son caractère rural, l’orientation des politiques publiques vers un équilibre entre développement modéré (via le tourisme et l’urbanisation) et préservation, permettrait de redynamiser le bourg, sans risquer une perte d’identité. Rions pourrait alors se densifier raisonnablement tout en restant un bourg rural, avec des coupures d’urbanisation, et des coteaux viticoles préservés. Certaines communes ont exprimé la volonté de voir apparaître un PLU intercommunal. Ce choix permettrait un développement cohérent à l’échelle de la communauté de communes du Vallon de l’Artolie. Cette option semble d’autant plus intéressante pour Rions que la communauté de commune semble adopter orientation plutot rurale, proche des choix politiques adoptés jusqu’à maintenant par la commune. Quoi qu’il en soit, un nouveau document de planification doit être adopté. Et la transformation de la ZPPAUP en AVAP semble être essentielle au maintient des qualités paysagères de Rions, et sa suppression (comme cela a été évoqué) ne doit pas être envisagée.
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Bibliographie Les sites des collectivités : - Communauté de communes Vallon de l’Artolie : www.cc-artolie.fr - Mairies de Rions/Langoiran/Lestiac-sur-Garonne/Paillet/Beguey/ Cadillac - Pays Coeur Entre-Deux-Mers : www.coeurentre2mers.com Cartographies et images : - Géoportail www.geoportail.fr - Cartes & données en aquitaine DREAL AQUITAINE - DRAC Aquitaine sig.cartogip.fr - Carte de végétation de Bordeaux - Pigma, Plate-forme de l’Information Géographique Mutualisée en Aquitaine - Inventaire national du patrimoine naturel Informations sur le territoire : - - - - -
Atlas des paysages de la Gironde atlas-paysages.gironde.fr Saison vives, histoire des vendanges www.saisons-vives.com Mon joli village gallo-romain fortifié : Rions, André Fouilleul Rions, souvenirs historiques, J. Barrère, th. Durepaire et G. Videau Rions, une filleule de Bordeaux, Y. Comme
Données statistiques : - INSEE www.recensement.insee.fr - AGRESTE agreste.agriculture.gouv.fr Politique publiques : - Règlement du POS - Règlement de la ZPPAUP - Règlement de la PPRI vallée de la Garonne, secteur Rions/Toulenne Interlocuteurs interviewé : - - - - - -
Historien/habitant de Rions Élus à la municipalité Habitants du bourg Touristes Aubergiste Syndicat viticole Cadillac Côtes de Bordeaux
Dossiers : - Programme Local de l’Habitat du Pays Cour Entre-Deux-Mers Diagnostic - Approche paysagère dans le Pays Coeur Entre Deux Mers. ENSAPBX. 2007.
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