Cordemais

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ESTUAIRE 2029

L'EAU QUI DORT Mettre en mouvement la ville post-industrielle

Dérives des rives

Arthur Barbara (PFE), Camille Bresteau (PFE), Edouard Eriaud (PFE), Héloïse Gevrey, Yaman Razouk Directeurs d'étude : Saweta Clouet, Chérif Hanna, Eric Chauvier ensa nantes - arts de faire

CORDEMAIS


ESTUAIRE 2029

arts de faire - janvier 2016


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Estuaire 2029 Estuaire de la Loire, territoire en mouvement

Equipe étudiants : Héloïse Gevrey

Camille Bresteau Arthur Barbara Edouard Eriaud Yaman Razouk

Equipe enseignante : Chérif Hanna, Architecte Urbaniste Eric Chauvier, Anthropologue Saweta Clouet, Architecte

Intervenants : Jennifer Aujame, Cinéaste

Flore Grassiot, Architecte et Artiste Ricardo Basualdo, Artiste et Scénographe Urbain Marine Le Roy, Architecte Margaux Vigne, Paysagiste et doctorante

Ouvrage édité en 20 exemplaires - Achevé d’imprimer en Janvier 2016 2


ESTUAIRE DE LA LOIRE TERRITOIRE EN MOUVEMENT

L'EAU QUI DORT CORDEMAIS

DÉRIVES DES RIVES! HÉLOÏSE GEVREY, YAMAN RAZOUK, CAMILLE BRESTEAU (PFE), ARTHUR BARBARA (PFE), EDOUARD ERIAUD (PFE) DIRECTEURS D’ÉTUDE : CHERIF HANNA, ERIC CHAUVIER, SAWETA CLOUET

École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes -arts de faire3


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SOMMAIRE 6

PRÉFACE

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RETOURNEMENT 2 : UN AUTRE CORDEMAIS

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AVANT-PROPOS

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UN COLLECTIF

54 58 60

Des usages à la marge Des associations contraintes Ville haute, ville basse

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INTRODUCTION

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CORDEMAIS, UN AUTRE REGARD

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ENTRE LES LIGNES

64 Un PLU à questionner 66 Notre PLU 68 Stratégie urbaine 70 Tirer Parti de l'existant 72 (A)ménager la rive 74 Donner place à l'habitant

16 Premiers pas 18 Centrale la centrale ? 20 Allers et retours 22 Où sont les Cordemaisiens ? 24 Le temps des ateliers

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RETOURNEMENT 1 : UN NOUVEAU PAYSAGE

28 32 34

Cécité paysagère Une ville territoire De la carte à la réalité

76 80

FAIRE LIEN Entre deux, Yaman Rayouk

86 Prendre Place, Camille Bresteau (PFE) 100 L'un passe, Arthur Barbara (PFE)

38 Au coeur de la métropole 40 Ville interdépendante 42 Des migrations pendulaires marquées 44 Les nouveaux arrivants 46 Une ville contrainte 48 De la ville industrielle à la ville marketing 50 Le nerf de la guerre

114 Incubateur urbain, Edouard Eriaud (PFE) 128 Le réveil de la Loire, Héloïse Gevrey

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MISE EN DÉBAT


PRÉFACE

Chérif Hanna et Jean-Yves Petiteau

Dérives des rives Ménager, aménager l'estuaire - un territoire en mouvement Le concept de « dérives des rives » évoque à l’évidence l’idée de bord. L’échange par nature se fait à la frontière. Et la frontière n’est jamais seulement une clôture. C’est un lieu de passage dans lequel on négocie. Des lieux de transitions qui deviennent des lieux de transactions. Tous les lieux stratégiques sont à la lisière des centres. Le marché est l’espace fondateur de la ville. Pour ces raisons, Roland Barthes1 rappelle que depuis l’Antiquité, la périphérie précède le centre.

Max Ernst (1891-1976) le jardin de la France

La rive est au bord et le bord est à la marge. La marge peut aussi expliquer certaines histoires et activités affranchies de contraintes, évocatrices de liberté, d’utopies. (…) un ailleurs où se projettent les phantasmes. « la nappe d’eau a agi comme un trucage réussi mais connu, les hommes ont eu le plaisir de voir des formes modifiées..(…) la crue a bouleversé l’optique quotidienne (…) toute rupture un peu ample du quotidien introduit la fête : or, la crue n’a pas seulement choisi et dépaysé certains objets, elle a bouleversé la cénesthésie du paysage, l’organisation ancestrale des horizons : Les lignes habituelles du cadastre, les rideaux d’arbres, les rangées de maisons, les routes, le lit même du fleuve (…) le phénomène le plus troublant est certainement la disparition même du fleuve (…) l’eau n’a plus de cours, le ruban de la rivière, cette forme élémentaire de toute perception géographique (…) passe de la ligne au plan » 2

Sur les rives de l’estuaire ; principalement sur l’estran, les rives , les bords, les berges, les quais ne subissent pas seulement les mouvements naturels du fleuve ou de la mer, ils sont au bord d’un territoire continental ; lieu par excellence des passages et transactions qui animent, modifient , obligent à réinvestir les espaces où les hommes et marchandises embarquent ou débarquent équipements et formes, sensibles aux grandes mutations économiques inscrites dans un rapport de mondialisation. Ces mutations sociales et économiques accélèrent le rythme historique des mutations qui modifient son urbanisation et son paysage. Ce lieu, croisement des traversées, n’est pas un réceptacle passif sur lequel s’exercent différentes transactions, mais un lieu révélateur du changement, où se mobilisent et se problématisent de nouvelles relations à la valeur.

Relever le défi de ce fleuve, qui paraît délaissé par l’industrie et les grandes activités portuaires, des lieux où des urbanités se sont construites, des lieux où il y a eu reconnaissance de cette urbanité.

1 Roland Barthes « L’empire des sens »éd. Points coll.essais

2 Paris n’a pas été inondé, in Des mythologies de Rolland Barthes, à propos de l’inondation de Paris en 1955. 6


Si le territoire porte une mémoire c’est qu’il y a un potentiel. A ce moment, il y une réactivation possible dans une dynamique nouvelle. Ce qui se passe dans cette relation d’échange est plus qu’un retour sur le passé. C’est la puissance du lieu dans sa dynamique actuelle.

œuvre d’une problématique de l’aménagement d’un territoire en mouvement. L’Estuaire de la Loire L’estuaire de la Loire est, de son origine à nos jours, le territoire de tous les départs, celui des voyageurs, des aventuriers, celui des conquérants et des émigrants.

Travailler sur les traces historiques qui se sont constituées une identité autour de cette idée de négociation de la valeur. Le potentiel de ressourcement de l’estuaire est lié à cette redécouverte des mobilités à travers la révélation des lieux d’échanges.

Les villes de l’estuaire se sont greffées sur les quais sur lesquels ont transité les hommes, les marchandises et la valeur. Ce territoire instable au rythme des crues, des marées, des creusements du lit d’un fleuve « sauvage » sur lequel se croisaient émigrants et commerçants est devenu l’espace privilégié d’une immigration. Le mouvement s’inverse, le territoire s’invente au fil de l’imaginaire et devient l’enjeu de multiples investissements.

Ce retour sur les traces est une reconstruction des liens que la frontière met en tension avec d’autres territoires, lointains ou proches. Cette reconnaissance construit un champ dynamique de force ; le bord apparaît parce qu’il sollicite ou sous tend une connexion plurielle où s’articulent et se jouent des rapports et des fonctions différentes entre les hommes et les lieux. Cette reconnaissance en acte des traces qui tissent les relations potentielles d’un bord par rapport à ses différents contextes permet d’évaluer, de choisir et de construire les liens qui placent chaque projet en attente d’une relation ou d’un échange.

La valeur de ce territoire repose sur un héritage, celui des mobilités antérieures, dont les infrastructures conservent la mémoire. Elle repose sur les déplacements et mouvements qui les investissent aujourd’hui multipliant les croisements, liens et coïncidences sur lesquels se jouent de nouveaux rapports de civilité et une nouvelle urbanité. Un monde s’invente au croisement de ces mouvements, une métropole originale se construit sur les liens que les nouveaux et anciens habitants tissent sur un paysage redécouvert donc réinventé. La question du déplacement demeure indissociable de celle de l’habiter.

A la quête de ressources qualitatives : des vocations nouvelles, ce qui est important n’est pas toujours la fonction première, mais ce qu’elle induit comme rapports sociaux. Ce qu’on échange dans l’échange. Ce n’est jamais ni l’objet lui même ni son usage mais sa valeur qui est totalement relative à la reconnaissance des partenaires qui sont dans l’échange.

La métropole estuarienne se construira sur une question délicate ; celle de la qualité de nouveaux « espaces-temps » lors la mise en résonance des différents territoires.

Sur un espace en mutation, la révélation de ce maillage dynamique est la première clé pour la mise en

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8


AVANT-PROPOS Pour certains d'entre nous, le choix du studio Estuaire 2029 sonne la découverte d’une approche nouvelle dans la manière de « faire projet », pour d’autres, une façon engagée de conclure cinq années d’études en architecture. En effet, la participation habitante dans l’élaboration du projet urbain et architectural est un élément central de la démarche du studio. Celleci bouleverse, depuis quelques décennies déjà, l’ordre établi que nous connaissions en terme de pouvoir décisionnel. Elle questionne par là même notre place en tant qu’architecte. La reconnaissance d'une parole habitante, d'une pratique ou d'un vécu, au travers de récits portés par des usagers d’un territoire donné réinterroge notre rapport au "pouvoir sachant". En effet, ces passeurs d'histoires partagées sont de fait réintroduits dans le cercle des acteurs du projet. "Leur prise de parole inaugure par l’énonciation de références et contextes d’ordinaire négligés ou invisibles “un passage à l’acte” qui agence dans l’espace/ temps des rapports qui construisent et ménagent un territoire."1 Nous endossons dès lors le rôle d'intermédiaire dans un processus nouveau de négociation entre usagers, institutions publiques, services techniques et experts mobilisés. Une part prégnante de notre immersion consiste donc à trouver des résonances entre les choses et faire émerger les problématiques d'un territoire en attente, une eau qui dort. Pour ceux d'entre nous qui ont eu la chance de le côtoyer, nous tenions à rendre hommage à Jean-Yves Petiteau qui a indéniablement marqué, par sa patience et son écoute, l'esprit de ce studio. La dimension anthropologique dans la construction commune d'un projet, par l'écoute sensible, s’appuie notamment sur une série d'outils transmis par l’équipe enseignante dans le but que nous construisions notre propre démarche et nos propres outils. Nous noterons la méthode des itinéraires qui, croisée à celle des dispositifs littéraires d’Eric Chauvier, nous ont permis de révéler l'inconscient d'un territoire à la fois réel et imaginaire. C'est une véritable aventure humaine dans laquelle nous nous sommes plongés, à cinq, en partant à la rencontre des acteurs de ces villes péri-métropolitaines. L'écoute, le partage et la confiance que nous avons pu nouer, ont sans nul doute nourri nos projets et donné une résonance nouvelle à l'acte de construire, dans une logique de réciprocité. Nous vous invitons donc à nous suivre dans le décryptage d'une ville que nous ne connaissions que de nom, à la croisée de nos rencontres, de nos introspections et enfin de nos propositions. 1 Jean-Yves Petiteau, « La méthode des itinéraires : récits et parcours » paru dans l’ouvrage collectif dirigé par Michèle Grosjean et Jean-Paul Thibaud, L’espace urbain en méthodes, Marseille, Éd. Parenthèses, 2001, pp. 63-77. 9


UN COLLECTIF Une part importante du travail mené durant ces six mois s'inscrit dans une négociation entre les habitants/usagers des lieux, et les institutions publiques (maririe, services techniques, conseils municipaux...). De ce fait, notre posture d'"intermédiaire" se devait d'être clairement établie dans l'esprit de tous. C'est pourquoi nous nous sommes présentés, dans l'ensemble de nos communications, en tant que collectif étudiant. Ce terme, par définition, n'a pas de statut juridique mais permet de rassembler sous une même entité des énergies qui ont un but commun, en dehors de toute institution à caractère politique. Entre terrain et travail cartographique, le collectif Cordemais, un autre regard, constitué de cinq étudiants de l'école d'architecture de Nantes, a nourri tout au long de ce semestre une analyse objective et sensible, nourrissant sans cesse un imaginaire qui prend source dans l'histoire et le parcours de chacun.

Edouard Eriaud, 26 ans, PFE Jeune loup de mer qui termine son parcours d'étude supérieure. Observant le tumulte des eaux bouillonnantes du monde professionnel de l’Architecture, il se questionne pour l’instant sur le monde de l'agence et le rôle de l'architecte. Son avenir se dessine dans la brume, avançant à vue et en apprenant de chaque expérience. Ce petit moussaillon possède une diversité d’ancrage. Attentif, amusant et généreux il est parfois le phare qui guide son équipage dans les « tempêtes de cerveaux». Parfois poète, un brin rêveur, il a décidé de s’amarrer de nouveau à l’option Estuaire 2029 afin d'accoster le projet, par l’introspection, l’écoute des gens et le faire ensemble.

Camille Bresteau, 26 ans, PFE Après avoir fréquenté les bancs de l’École Boulle deux années durant, Camille a choisi d'étudier l'architecture. Arrivée à la fin de son parcours, elle a choisi Estuaire 2029 pour sa démarche envers les habitants, qu'elle considère être au centre du projet. Cette joyeuse compère reconnaissable à son rire, apporte sa bonne humeur dans le groupe et permet sa cohésion. Rigoureuse néanmoins, c'est elle qui nous apporté l'organisation nécessaire au bon déroulement de ce semestre. 10


Héloïse Gevrey, 23 ans, Master 1 Issue de l'école centrale de Nantes, Héloïse revêtira bientôt le diplôme ingénieur-architecte. Parée de ses compétences scientifiques, elle découvre maintenant une approche plus sensible de l'architecture. Avec Estuaire 2029, elle enfile le costume de l'architecte-investigateur. Derrière son loup, elle se cache parfois mais observe beaucoup. Lorsqu'elle fait tomber le masque, elle se révèle alors volontaire et engagée.

Arthur Barbara, 24 ans, PFE Etudiant en fin de parcours, Arthur est avant tout un homme de terrain. Avec Estuaire 2029, il met à profit sa qualité d’écoute pour découvrir le territoire et ses problématiques à travers les récits de ses occupants. Son aisance et ses facultés de communication lui permettent de tisser des liens privilégiés avec les habitants, qu'il a à cœur de faire participer à la construction du projet. Investi et motivé, Arthur est quelqu'un sur qui l'on peut compter et dont la bonne humeur égaye les escapades sur le terrain.

Yaman Razouk, 36 ans, Master 1 Architecte syrien, chef du département d'urbanisme et du logement spontané à la mairie d'Alep, enseignant à l'école d'architecture, cet homme infatiguable et aux multiples casquettes exerçait également dans son agence depuis 2002. Il y a 3 ans, il quitte la Syrie pour mettre sa famille à l'abri de la guerre qui sévit. Discret et attentionné, l'aîné du groupe espère valider cette année son équivalence en France. Parallèlement à tout cela, il poursuit une thèse initiée en Syrie. La place de l'architecture dans la société française le questionne sur son exercice futur dans le pays. Dans son travail comme dans la vie de tous les jours, il aime à comparer les modèles de ses deux pays d'attache, avouant volontier être tombé amoureux d'un pan de la culture tricolore : le pain. 11


INTRODUCTION Cet ouvrage retrace le travail d’un semestre que notre équipe a mené sur une commune située au Nord de l’estuaire de la Loire : Cordemais. Nous aborderons dans ces quelques pages les diverses étapes de notre découverte de ce territoire, du choix du site à notre vision prospective et projectuelle pour ce dernier, en passant par les rencontres qui l'ont façonnée. Il convient dans un premier temps de resituer la ville de Cordemais dans son cadre géographique et institutionnel. La commune possède clairement une position d'entre-deux métropolitain. En effet, elle est respectivement distante de 35 Km et 40 Km de Nantes et SaintNazaire, les deux bassins structurants de la métropole. L’ensemble des communes bordant cette partie de l’estuaire est sous l’influence du SCOT métropolitain (Schéma de COhérence Territoriale). Le Nord de la Loire contraste nettement avec le Sud par la présence d'une activité industrielle diversifiée, persistante et au rayonnement national voire international. Néanmoins, la ville reste extrêmement liée à l'agriculture de par son histoire et sa localisation au sein de l'Echarpe Verte, cet ensemble de terres fertiles et de marais qui s'étendent de la Brière au Nord de Saint-Nazaire, jusqu'au Lac de Grand lieu au Sud de Nantes. Ni tout à fait urbaine, ni plus vraiment rurale, les quelques 3500 habitants de la commune se répartissent inégalement sur 35 Km2. Cette faible densité de population en fait un lieu de tous les désirs en terme de réserve foncière à grande échelle. Toutes ces données sont autant d'éléments qui impactent de manière

prégnante, nous verrons comment, les différentes strates économiques, politiques, et sociales de la vie locale. Avant même d'appréhender ce fragment estuarien, se dessinent à nous des problématiques liées aux zones périurbaines ou rurbaines (Bauer et Roux 1976). Ces "espacesmarges"1 semblent peu à peu subvertis par des politiques initiées par la ville. Nous nous penchons donc sur la question de l'apport important de nouvelles populations actives, l'intégration de nouveaux modes de vie en milieu initialement rural, les défis écologiques en terme de cohabitation entre zones urbaines et agricoles, les flux de populations 1 Monique Poulot, « Les territoires périurbains : « fin de partie » pour la géographie rurale ou nouvelles perspectives ? », Géocarrefour [En ligne], Vol. 83/4 | 2008 12


et les enjeux sociétaux que cela suggère. En d'autres termes, comment habiter le périurbain à l'heure de la métropolisation? Comment penser un cadre de vie "métissé"1 qui réponde aux attentes et usages des anciens et nouveaux habitants?

entre les différents interlocuteurs et acteurs de la ville. Car il nous semble que le réel enjeu pour cette commune est là : retrouver un lieu d'échanges et de débat public. Enfin, les projections urbaines s'attardent, nous le verrons par la suite, à penser les diverses échelles de temps et d’espace, en intégrant les besoins et désirs énoncés par les habitants à une échelle locale, et les aspirations métropolitaines d'une ville post-industrielle.

L’analyse que nous allons vous présenter est une vision subjective du territoire qui découle de notre histoire avec ce dernier. Les nombreux allers et retours sur le site, les rencontres, la manière dont nous nous sommes perdus dans le paysage, sont autant de composantes qui ont en effet orienté notre réflexion. Nous ne la pensons donc pas comme une série de recettes idéales pour Cordemais mais davantage comme un outil dialectique, un support de débat

Tout au long de notre immersion dans la vie de Cordemais, des temps forts, dérèglements psycho-affectifs et renversements de nos concepts premiers ont jalonné notre parcours. C'est donc l'évolution de notre regard que nous vous invitons à suivre ici. 13


14


ENTRE LES LIGNES Une lecture subjective du territoire

15


PREMIERS PAS C'est en groupe que nous avons effectué notre première visite sur ce site, guidés par les points de rendez-vous fixés à l’avance : la villa Cheminée à l'extrêmité Sud-Ouest de la ville, là où se situe la centrale thermique EDF, et le café du port « l’Ancre de marine ». Une terre de contraste Arrivés au bout de l’île de Cordemais, en bord de Loire, faisant face au territoire de Frossay, l'un d'entre nous note déjà ces quelques mots :

« Une vasière protégée fait face aux quais remblayés, au bout de l’île une perspective sur l’estuaire se dessine, on aperçoit Montoir et Donges, on nous raconte qu’ici c’est un territoire d’îles qui émergent à marée haute, qu’on y pêche le bar lorsqu’il remonte le courant. Pour le moment la marée est basse et ce sont des plages qui se dévoilent, des plages de vase. Les contrastes sont saisissants, l’horizontalité du grand paysage de marais côtoie la verticalité des cheminées de la centrale électrique ; Le bruit de l’eau, le gazouillis des oiseaux et, derrière celui des pelleteuses, la brume au sol laisse place aux fumées des cheminées dans le ciel. »

Villa Cheminée - Tatzu Nishi - oeuvre Estuaire

Ce fut donc un aperçu très orienté de ce que nous pensions être l’entité Cordemais : un petit bourg que nous avions traversé en voiture, deux ports, l’un à sec, l’autre au mouillage dans un bras de Loire, et enfin, dominant tout le reste par son gigantisme, la Centrale. Les contrastes visibles entre les échelles, entre un milieu protégé

Le port de Cordemais - Le restaurant "L'Ancre de Marine" et la capitainerie

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et un site industriel à risques, mais aussi entre un petit bourg semblaitt-il rural et une fourmilière ouvrière enserrée derrière des barbelés, furent autant d'éléments premiers dans notre questionnement et notre intérêt pour ce site.

et nous inquiète à la fois, quitte à en oublier parfois de regarder ailleurs.

Déplacement de référentiel

Un désert suréquipé ?

De notre point de vue "d'étudiants en architecture et citadins nantais", la présence d'une industrie classée SEVESO (Risques pour l'environnement et les populations alentours) dans un tel contexte déplace tous nos référentiels. La route qui mène à l'usine nous laisse entrevoir, derrière une masse végétale, des mâts de bateaux qui n'émergent qu'en arrière-plan, un volume bâti de tôle et de béton rouge et blanc se dresse à la place de l'eau. Ce dernier devient alors très vite l'objet de toute notre attention, de notre fascination. Elle nous happe

Ces premiers pas sur la terre cordemaisienne nous ont permis de constater que la commune était pourvue de nombreux équipements sportifs de pointe (centre aquatique, haras, hippodrome, gymase...). Néanmoins, chaque fois que nous arpentions les avenues qui les desservent, personne! Exception faite de quelques agents d'entretien municipaux qui nettoient routes et parterres déjà tirés au cordeau. Tout ceci est digne d'une commune riche à la démographie importante, et pourtant c'est le désert.

Deux questions nous taraudent : - "Pourquoi une telle centrale ici, entre Loire et bourg ?" - "Pourquoi choisit-on de vivre ici ?"

"Le prévoir est l’illusion la plus grande. L’imprévisible est toujours certain. Cela ne veut pas dire qu’il faut être imprévoyant – et pourtant cela veut dire qu’il faut savoir commencer de telle manière que le commencement ménage l’imprévisible. Il y faut une réceptivité, une passivité dans laquelle un geste a lieu – et non la détermination d’une signification“ Mathilde Monnier, Jean-luc Nancy « Allitérations, conversations sur la danse » Galilée 2005 Paris.

Centrale thermique EDF de Cordemais - vue depuis la cale des Carris, Frossay

17


CENTRALE LA CENTRALE ? Nous la voyions partout, tout le temps. Dans un courtmétrage réalisé autour de notre première regard sur la ville, la centrale est au centre ou en fond de chacun de nos plans, comme une figure emblématique du paysage cordemaisien. Identitaire

Bretagne lorsqu'elle est éclairée."

La transition d'échelle entre une typologie d'habitations en R+1 du centre-bourg, et la plus haute cheminée de la centrale culminant à 220m de haut, la rend visible en tout point de la ville et au delà encore. Ici, on l'appelle la "Dame de Fer". Cet anthropomorphisme et comparaison avec l'icône de Paris, montre combien elle est devenue, depuis sa mise en activité en 1970, l'identité même de Cordemais. Pour certains habitants, elle revêt un caractère artialisé perçu au travers du discours de Michelle, tenancière du bar de la Croix-Morzel, qui nous dit la trouver "superbe la nuit, depuis le Sillon de

Une ville dans la ville

des

ouvriers

Elle emploie environ 700 personnes à l'année réparties entre salariés et prestataires externes et fait parler d'elle aujourd'hui avec l'arrivée de près de 2000 ouvriers et cadres supplémentaires pour ses travaux de rénovation. En effet, la politique d'ERDF à l'échelle nationale vise à diminuer les sites de production et rénover ceux capables d'être plus productifs. Dans un objectif de poursuite de l'activité d'approvisionnement d'appoint en énergie sur tout le grand ouest LARGEMENT de la moyenne d e m a i s

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LARGEMENT.

Là euh, y’a l’truc du tir à l’arc et le club canin.

Y’a pas d’habitations ! Les activités c’est jamais en journée, et y’a pas d’habitations donc euh… pttt !

Il s’passe rien. Là t’as un point d’eau, où l’association de commerçants, ils achètent des truites, des truites d’élevage, ils foutent ça là-d’dans et puis y’a un concours de pêche à la truite !

Ils ont fait une salle avec un club « house ».

C’est un pays de cheval.

route

C’bateau là ça fait des lustres qu’il est là j’sais pas à qui il est.

Ça c’est pareil, c’est des bruits qu’on n’entend plus quand on a l’habitude.

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C’est paisible hein ?

On appelait ça le Hall des paris, c’était un bâtiment en tôle avant.

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C’était un marchand de lunettes qu’avait la maison du port là.

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Et là,

on mange super bien !

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du club de triathlon qui est en plein essor sur Cordemais.

La cabane à frites. La BAF. Chez Croq’Dédé.

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Le port-à-sec, qu’est une belle idée !

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Les pylônes là, mes parents ils avaient du terrain ici. Y’avait de la vigne, c’était de la vigne !

Le premier port de Cordemais était en bordure de la plaine alluviale.

Là, le parking de l’hippodrome, qui sert aussi aux entraînements

on écolequand j’ s’b à Cor alla aig dem is à nait ais, ici.

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La centrale disparait, parce qu’elle fait partie de notre paysage. C’ depest un uis e va La 197 ch 0 la e à Lo ir cen lait e, tral on e.

Il est magnifique cet hippodrome. Il est plus beau que celui de Longchamp à Paris.

Est-ce qu’on a besoin d’un musée de la Loire à Cordemais ? Ce sera pas un musée, ce sera un centre de découverte.

avaTout ça c nt, ’était y’av des p ait rés rien .

Les oeuvres artistiques J’adore c’t’endroit ! qui ont été faites en Et LA justement t’as une haut de l’estuaire, vraie réappropriation c’est formidable ! potentielle de la Loire. La villa cheminée, qui était autrefois sur le Là, comment tu peux deviner qu’il y a territoire bouaisien, qui un endroit a intégré le territoire magnifique là ! cordemaisien.

Le haras, c’était un douanier qu’habitait là. Il va y avoir un museum, un musée, un truc comme ça par rapport à l’estuaire...

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Les parkings sont couverts là-bas,

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parce que souvent, il y a des dépôts de poussière qui se mettent sur les

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voitures, des rejets de fumée. Donc

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pour éviter à chaque fois de payer

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pour laver les voitures, ils ont protégé le parking.

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On a un nouvel espace, à l’hippodrome là, où vous avez une espèce de grande barre blanche.

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de l'usine. On s'inquiète de ce qui se passe ? Y a-t-il un problème? Y a-t-il danger?"

jusqu'en 2035, les tranches charbon de la centrale de Cordemais sont en cours de remise à neuf. Ce fait, couplé à la position insulaire de l'usine, lui donne l'image d'une forteresse impénétrable, qui avale et déverse chaque jour son lot de travailleurs : un paquebot amarré aux rives de la commune. C'est une ville dans la ville qui développe ses propres services, restaurant en interne, conciergerie, etc. En somme, une vie en vase clos. On s'interroge dès lors sur la vie de ces 3000 employés dans une ville compte tout autant d'habitants. Quelle place prennent-ils dans la ville? Où logent-ils? Y a-t-il eu une quelqueconque politique d'accueil?

La notion de risque industriel est très présente à nos yeux en arrivant sur ce site, en témoignent les notes de carnet sus-citées. Pour autant, les mots échangés sur ce sujet avec les usagers et habitants de Cordemais, semblent le minimiser. Seuls les plus jeunes2 l'évoquent au travers de l'aspect paysager, comparant les pylônes à des monstres. La maillage de lignes à haute tension, l'usine et les cheminées, le parc à charbon, celui de distribution, mais aussi le grésillement de l'électricité, et le bruit des pellleteuses sont autant d'éléments perceptibles en tous points, selon nos premières visions. Cependant, ils semblent oubliés dans l'esprit des gens qui passent et repassent en ces lieux.

Inquiétante étrangeté L'inquiétante étrangeté1, comme un reflet dans le miroir, qui nous dérange et nous questionne sur ce qu'est vraiment cette ville Cordemais, sa centrale et notre rapport à elle.

On oscille alors entre possible déni de leur part ou obsession de notre part.

"Midi jeudi, une alarme retentit dans l'enceinte 1 Sigmund Freud, L'inquiétante étrangeté, 1919

2 Enfants de Daniel, habitants à l'année du camping de Cordemais

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ALLERS ET RETOURS Comprendre une ville, c'est l'arpenter, tenter de l'épuiser, s'immerger dans sa vie sociale pour créer un lien intime et personnel avec elle, rendre familier ce qui nous est de prime abord étranger en elle. dispersées sur un territoire dont les limites semblent plus étendues que nous ne le concevions au départ.

La manière dont nous avons fait ces allers-retours entre studio et terrain, les personnes qui nous ont guidé, celles qui nous ont rejeté, sont autant d'éléments qui ont influencé notre lecture géographique, économique sociale et politique de la commune.

Vie locale De fil en aiguille, nous tissons des liens sur place, on se passe le mot dans la commune, on commence même à nous connaître, nous reconnaître. En témoigne ce déroulé d'une journée du 07 octobre 2015 qu'Arthur relate ainsi:

Entrer dans la ville Cette démarche d'arpentage débute toujours par le trajet permettant de se rendre au terrain d'étude. La route a été notre moyen de transport privilégié, tantôt via nos propres véhicules ou par covoiturage, échangeant sur Cordemais et ses alentours, tantôt par le bus. Au fil du temps, c'est une routine qui s'installe dans notre manière de pénétrer ce territoire, influençant de fait notre perception de ce dernier. En effet, les quelques dix premiers trajets se firent en empruntant la route du milieu, route traversant les marais entre la nationale et la Loire. Nous passions Saint-Etienne de Montluc, chef lieu de Communauté de commune avant d'arriver à la Croix Morzel... puis de nouveau une route départementale d'environ 2 Km à la fin de laquelle se suivent le centrebourg, sa zone d'équipements et la centrale. Insoupsonnée au premier abord, du fait de leur séparation, la Croix Morzel se révèle tardivement à nous comme faisant partie de Cordemais.

- 9h : Rendez-vous avec Eric Lemerle, directeur de l'association Estuarium - 10h : café au bar du bourg, coup de téléphone de Katell qui me dit "passe me voir, j'ai chopé les coordonnées de Philippe!" - 11h : Au food truck du bourg, alors que nous retrouvons Katell, Philippe arrive! Plus besoin de l'appeler. On discute avec Camille, Katell et moi. La discussion aboutit à un itinéraire en vélo, mercredi prochain. - 12h : direction le food truck du

La ville révèle dès lors son caractère diffus, de zones urbanisées,

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port, chez Josée. On y mange bien et faisons la connaissance de Hervé Criaud, employé à la CLT. Il nous raconte un peu son métier. Il y a moyen de faire un tour en barge à charbon, à suivre... On dégote également des "invitations" pour visiter la centrale. C'est Damien, cadre chez EDF, qui nous a pistoné. - 13h : petit café à l'Ancre de marine, chez Isa. - 13h30 : Nous nous dirigeons vers la passerelle, où deux pêcheurs discutent sous un parapluie. Emilien, 67 ans, est né à Cordemais, il y était garde-pêche pendant 30 ans. "Il en a vu", il a même connu Cordemais sans la centrale... - 16h : Retour sur Nantes.

ramène à notre propre "mémoire inconsciente"1, celle qui nous étonne et nous permet d'interpréter certains signes. L'accueil chaleureux de la plupart des usagers des lieux a pour nous été décisive dans notre investissement et de la volonté de trouver de la résonance entre les situations présentes et passées, en écho parfois à nos références et histoires personnelles.

L'autre et nous La question de l'altérité, de notre rapport à l'autre dans une démarche anthropologique est au centre de la compréhension même des interactions entre l'Homme et son environnement. Elle nous

1 Gilles Deleuze, « Proust et les signes » Éd. Quadrige / PUF 1998 Paris.

RESTITUTION PUBLIQUE La restitution publique des projets développés par l'équipe Cordemais de l'année passée fût pour nous l'occasion de créer de nouveaux liens auprès d'usagers de la commune, mais aussi de constater deux choses. La première étant que nous retrouvions souvent les mêmes personnes engagées et investies dans une démarche de participation et de partage de savoirs. La deuxième étant que ces moments rares d'échanges horizontaux entre élus présents et habitants, anciens comme nouveaux arrivants, pouvaient être extrêmement riches d'enseignement à l'instar de Marcel, qui a toujours vécu sur ces lieux, que l'on a vu prendre la parole pour expliquer l'histoire de la formation de la ville aux élus et experts présents.

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OÙ SONT LES CORDEMAISIENS? Lors de notre arrivée à Cordemais, les premières personnes que nous avons rencontré étaient commerçants, ouvriers, retraités... Difficile de rencontrer la jeune population active vivant à Cordemais. Le bourg nous a paru bien silencieux quand nous sommes arrivés pour la première fois à Cordemais. Un peu déçus de ne voir personne dans les rues, nous nous sommes rendus là où nous étions sûrs de trouver quelqu'un : les commerces. Mais en arpentant, nous avons également découvert des points de rencontre aussi inattendus qu'éphémères. Notre vagabondage s'est petit à petit transformé en recherche de lieux de vie.

José et Dédé, anciens propriétaires du café du Port ont choisi le food truck pour cette ambiance plus "franchouillarde", et "être au plus près des ouvriers" qu'ils connaissent presque tous. Ils nous ont été d'une grande aide pour nouer de nouveaux contacts en rapport avec la centrale. Sur la place de la Mairie, c'est Katell qui tient le foodtruck auprès duquel nous avons rencontré des Cordemaisiens comme Gaëlle de l'ACLC ou Miko.

La passerelle des pêcheurs

Au camping quatre étoiles

Mercredi ensoleillé, un jour d'octobre. Nous avons apreçu deux pêcheurs sur la passerelle du port. L'un vient de Couëron pour pêcher l'anguille du bras de Loire, l'autre est Cordemaisien, il accompagne son vieil ami. Retraités tous les deux, ils viennent ici parfois pour tuer le temps et ramasser quelques poissons. Cette passerelle, c'est leur lieu de rencontre et d'évasion qu'ils nous ont fait partager au cours d'une partie de pêche.

Quelques résidents permanents logent au camping de Cordemais. Cette forme d'habitat, plus conviviale que les maisons, nous a permis d'aller à la rencontre de personnes ayant choisi cette forme d'habitat. Daniel est l'un d'eux, il nous a ouvert les porte de "l'Escale", son mobilhome. Il vit ici depuis 5 ans pour une seule raison : son bateau est au port à sec. Pour lui Cordemais, c'est une ville côtière à la frontière d'un ailleurs. Et les autres ?

Un lieu de rencontre : le food truck

Après plusieurs allers et venues, entre Nantes et Cordemais, nous n'avions toujours pas rencontré un Cordemaisien qui ne soit pas retraité ou commerçant. "Tout le monde est au travail là" nous a confié Katell. Plusieurs questions nous sont donc venues : où habite cette population invisible ? Pourquoi ne viennent-ils pas au bourg, même après le travail ? Pourquoi même le week-end il est difficile de croiser quelqu'un ?

Cordemais nous a rapidement révélé son particularisme à un moment précis de la journée : la pause déjeuner. D'abord attirés par la question des ouvriers à Cordemais, nous avons tenté de les rencontrer en nous rendant aux food trucks qui s'installent sur le parking ou sur la Place de le l'Eglise. Sous le auvent du camion on discute, un verre de rouge à la main, en mangeant son sandwich. 22


Food truck de Katell dans le bourg, sur la Place de l'Eglise

Foodtruck de la centrale - José et Dédé préparant le repas des ouvriers

La passerelle des pêcheurs

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LE TEMPS DES ATELIERS Dans la continuité de notre démarche de terrain, nous avons organisé des ateliers publics pendant 3 jours, du 4 au 6 novembre, dans la Salle du Pressoir, située dans le bourg de Cordemais. Faire réagir

Lors de la distribution d'affiches, nous avons déjà pu déceler des réactions face à certaines citations, positives ou négatives. La Mairie a également réagi, nous demandant de retirer ces affiches par peur d'être associée à celles-ci, d'autant plus que certaines résonnaient avec la campagne électorale de l'opposition lors des dernières élections. Cela nous a permis de réaliser la manière dont notre travail pouvait faire réagir autant les politiques que les habitants, et donc participer au débat public.

Afin de communiquer autour de ces ateliers et de susciter l'intérêt des Cordemaisiens, notre campagne s'est voulue volontairement provocatrice. L'idée était d'allier une citation entendue lors de nos entretiens ou rencontres, à une photo de Cordemais entrant en contradiction avec celle-ci. Nous avons proposé ces affiches aux commerçants et établissements publics et avons effectué une distribution de flyers dans les boites aux lettres. Quatre modèles d'affiches ont été distribués, reprenant les quatres thématiques que nous souhaitions aborder lors des ateliers (la place de la Centrale, la Loire, l'urbanisation en poches et la ville-dortoir).

Un atelier hors les murs En dehors de notre lieu fixe, nous avons organisé un atelier à l'école publique Pierre et Marie Curie de Cordemais. Le but était de révéler, au travers du dessin, le regard des enfants sur leur commune, au travers de leur trajet entre l'école et la maison.

«LES CORDEMAISIENS, ILS EN ONT RIEN À FAIRE DE LA LOIRE»

Cela a permis de faire émerger les caractéristiques du paysage Cordemaisien selon eux : une centrale toute petite, voire inexistante, la Loire qui se limite au bras de Loire, l'urbanisation en poche des lotissements ou encore la place très importante donnée aux équipements publics comme le Citystade, l'école ou la cantine. Nous avons ensuite affiché ces dessins dans la salle du Pressoir, en espérant inciter les parents d'élèves à venir voir le travail effectué.

CORDEMAIS, UN AUTRE REGARD RACONTEZ-NOUS CORDEMAIS ! AUTOUR D’UN VERRE, LORS D’ATELIERS PUBLICS SALLE DU PRESSOIR LE 4 NOVEMBRE (14H/19H) ET LES 5 ET 6 NOVEMBRE (10H/19H) cordemais.unautreregard@gmail.com

Exemple d'affiche 24


Des supports d'expression variés

Des cartes permettent aux habitants de proposer des projets Le film projeté au fond permet aux habitants de réagir

Création d'une carte individuelle des usages "Cordemais à la carte"

Une habitante écrit sur le "Mur d'expression libre", qui se remplit au fur-et-à-mesure

Des citations d'habitants sont affichées dans le hall d'entrée, pour animer le débat

Un semi-échec

Une discussion riche

Dans l'ensemble, une quinzaine de personnes ont participé à ces ateliers pendant les 3 jours. Certains habitants que nous avions déjà rencontré lors de nos déambulations sur le territoire, d'autres habitants venus par curiosité ou investis, ainsi que des élus de la ville.

Très respectueusement, le Maire nous a rendu visite, accompagné d'une élue, à la toute fin des ateliers. Cela lui a permis de découvrir et de réagir sur tous les éléments que nous avions récolté. Ainsi, il s'est confronté à la parole habitante, en dehors des lieux institutionnalisés habituels. Cela a donné lieu à une discussion riche et ouverte, un dialogue délié qui a permis de faire émerger des problématiques porteuses d'enjeux et de projets. Cela a également révélé des discordances entre élus, comme la construction de logements sociaux à l'aplomb des lignes à haute tension.

Cependant, nous aurions souhaité attirer une diversité de personnes plus importante, et notamment toucher les jeunes ménages qui viennent de s'installer à Cordemais. Les travaux effectués à l'école avaient entre autre ce but, mais aucun parent d'élève n'est venu à la suite des ateliers à l'école.

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RETOURNEMENT 1 UN NOUVEAU PAYSAGE

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CÉCITÉ PAYSAGÈRE ? Lors de nos premieres visites, nous n'avons vu Cordemais qu'à travers le prisme de sa centrale. Tant par son impact paysager que social, l'industrie fut au centre de notre attention, véritable clé de lecture dans notre déchiffrage du territoire. Mais nos rencontres ont rapidement bousculé notre regard extrinsèque par l'immersion dans le quotidien. intéressant de voir les trajets de tous les jours, non ?"

14h, rue de l'Angle. C'est notre premier itinéraire. Jusqu'alors nous n'avions fait que des rencontres succintes, au cours desquelles nous avons rencontré Katell, au foodtruck du bourg. Katell a "tenté le coup" avec son camion pour changer de son métier de comptable qu'elle n'appréciait guère. Depuis trois mois, elle stationne tous les midis sur la Place de l'Église pour vendre ses galettes de sarrazin.

Nous avons effectué le circuit quotidien que Katell choisit pour promener sa chienne Ina. L'itinéraire s'est révélé être une découverte hors des sentiers balisés, des chemins contournant le "champs de pylônes", fortesse électrique "d'où tout part", protégé par de hauts murs et barbelés. Le mur, c'est la règle. Dans ce territoire "balafré"1 par les lignes électriques, Katell nous emmène dans ses endroits de liberté, ses morceaux de campagne où elle peut lâcher sa chienne, penser, et "écouter le silence", son silence, sans entendre le grésillement omniprésent des pylônes qui capte toute notre attention. "C'est comme tout, on s'y fait" nous dit Katell. Un sentiment de résilience, c'est certain, mais cet itinéraire nous a également permis de détourner notre regard de cette centrale, de se dire finalement, qu'il n'y a pas que ça... Mais aussi de prendre conscience que l'industrie constitue pour certains un "paysage oublié", illustrant la notion de "cécité paysagère" de l’ethnologue Françoise Zonabend.

"Ça marche pas mal pour l'instant, j'ai profité de l'arrivée des ouvriers pour lancer mon commerce, mais après peut-être que j'bougerai." Katell et sa famille sont venus à Cordemais il y a dix ans pour être à la campagne et parce que "au niveau financier, c'est quand même intéressant".

"Cordemais c'est l'idéal, car c'est la campagne proche de la ville." Paysage oublié Pour l'itinéraire, Katell a choisi de nous faire partager son quotidien.

"Au début je me suis dit je vais leur faire faire tout un tour, mais après je pense que c'est aussi

1 Citation du Maire de Cordemais, M.Geffroy 28


Carte mentale de l'itinéraire avec Katell

«On aperçoit qu’un bout de cheminée depuis ma chambre» « On passe au pied d‘un pylône. Quand c’est humide, ça grésille, mais on s’y fait.»

La maison où vivent Katell et sa famille. «Les lotissements, où l’on voit les jardins de chacun. Avant, il y avait des champs.»

«C’est la route principale qui descend sur la centrale, la route des ouvriers.»

«On passe dans la rue des mûriers, c’est la partie campagne. On est presque complètement dépaysé.»

Le champ de pylônes. «Le champ avec les chevaux, à qui elle ramène parfois du pain dur. »

Carte de l'itinéraire avec Katell 29


Donc on va aller dans la...la rue des mûriers. La rue des mûriers c’est à dire que c’est un peu dans la campagne, tout le long il y a des mûriers donc euh...fin août la plupart vont cueillir leurs mûres pour les confitures et ainsi de suite.

Je vois que le bout de la cheminée de ma chambre, c’est tout. Donc on subit juste les nuisances sonores qui sont de plus en plus rares, mais sinon niveau visuel on n’a pas grand chose. [...] Ici on fait partie de Cordemais bourg, mais extra-bourg.

Donc voilà. Donc là on arrive dans la partie euh... campagne. On a toujours la vue sur la centrale mais... (siffle son chien). 30


Ma fille va à l’école à pied, parce qu’il y a un pédibus qui est mis en place donc c’est des bénévoles, des adultes bénévoles qui prennent en charge un circuit, puis bah l’enfant il attend à l’arrêt comme un bus en fait sauf que c’est une personne à pied qui vient.

J’aurais dû amener mon pain dur, tiens. C’est rare quand je les caresse mais les chevaux ils adorent et puis ils se disent « si je peux récupérer un truc à manger au passage ».

Donc là c’est le dernier bout un peu sauvage et après on va récupérer... en fait on va arriver sur la route principale qui descend sur la centrale. Tout le long c’est des lotissements maintenant, qui se sont mis donc euh bah c’est plus pareil quoi. C’est le lotissement qui est sous les pylônes. 31


UNE VILLE TERRITOIRE L'analyse cartographique du territoire cordemaisien nous a révélé une commune étendue dont le bourg est excentré. Mais nous avons également découvert l'existence d'une ville émiettée sur toute l'emprise de son territoire, qui voit ses 3000 habitants parsemés sur 35km². Devant ce constat, nous avons décidé de mettre des noms sur cette constellation de hameaux afin de nous donner une connaissance toponymique du territoire (voir cicontre). Ce travail nous a permis d'acquérir une vivacité de représentation du territoire dans nos conversations avec les habitants. Nous pouvions ainsi facilement situer géographiquement où la personne habitait et donc recontextualiser son point de vue sur la ville. Cette connaissance nous a permis d'aller plus loin dans nos conversations, sans faire semblant de "voir où c'est".

Cordemaisien. Une topologie à deux niveaux Après quelques séjours à Cordemais, nous avons remarqué que nous n'étions restés que dans la partie basse de la commune, nous n'étions jamais montés sur les hauteurs du Sillon. Mais lors des ateliers publics, une habitante nous a confié : "Vous savez, moi, quand j'avais les enfants, j'allais pas beaucoup à Cordemais, j'allais plus à SaintEtienne ou au Temple." A l'inverse, Katell, qui habite "en bas" ne va que très rarement sur le Sillon. Avec la question de l'identité cordemaisienne, vient la question de la pratique de ce territoire fragmenté, qui à travers ce témoignage montre une pluralité significative du rapport à la ville. Nous avons découvert que ce clivage des pratiques est en parti généré par le Sillon-de-Bretagne et la route du milieu, frontières physique et sociologique qui participe à la fragmentation de la commune.

"Des" Cordemais ? A mesure des rencontres sur le terrain, nous demandions systématiquement le lieu d'habitation des gens lors de nos discussions. Certaines réponses nous ont surpris de prime abord : "Moi, je suis un Saint-Laurent ! Un vrai." ou "Moi je suis de la Charpenterais !". Ces réponses nous ont surpris par leur formulation. En effet à la question "Où habitezvous?", certains habitants ne se sont pas contentés de répondre par le nom du hameau mais ont introduit une revendication d'appartenance auxdits hameaux. Nous nous sommes alors demandé s'il y avait un ou plusieurs Cordemais, et autant de manières d'être

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«Cordemais, c’est grand.» Carte objective des zones construites et/ou constructibles

Carte subjective : amoncellement du bâti du bourg (à gauche) et des hameaux (à droite) Où est Cordemais ?

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DE LA CARTE À LA RÉALITÉ Une autre vision de Cordemais nous a permis de prendre du recul, tant par rapport à l'histoire qu'au paysage : celle de Marcel. Lors d'un voyage de 3h à bord de sa 405, Marcel, Cordemaisien depuis 78 ans à ouvert notre champs de vision sur la pluralité de son territoire dont les frontières ne sont pas celles des cartes mais celles des expériences. Nous arrivons chez Marcel à 9h.

aujourd'hui ? Marcel nous a fait découvrir l'autre Cordemais, celui des marais, les pieds dans l'eau quand les champs sont "à blanc". En contournant le marais, nous avons pris conscience de son étendue, de son impact sur le paysage mais nous avons aussi découvert l'adaptation des habitants à cette terre d'eau.

Il habite une petite maison du bourg de Cordemais, à deux minutes à pied de l'église. Cette maison, c'est celle de l'oncle de Geneviève, sa femme avec qui il vit ici depuis plus de cinquante ans. Notre itinéraire commence chez Marcel, autour d'un café et de quelques photos pour parler du "bon temps". Avant d'être charpentier, Marcel était "en ferme" pendant son enfance, il rendait des services aux agriculteurs en échange de légumes ou de gibier. Il entretient d'ailleurs toujours cette pratique : "Moi je ne vais pas trop souvent au supermarché vous savez... j'ai des copains alors je rends service et puis ils m'amènent des trucs quoi ! Après je fais des conserves et hop !"

"Je ne pars jamais sans mon calendrier des marées pour éviter de se retrouver à pousser la voiture !"

Avec Marcel, on ne parle pas de la centrale, mais des champs, des fermes et des marais ; du forgeron, du lavoir ou du bourrelier. Mais de ce Cordemais d'hier, que reste-t-il

Mais Cordemais c'est aussi les hauteurs du sillon, agricoles et résidentielles. Nous y avons découvert un point de vue insoupçonnable sur la plaine alluviale, entre exploitations agricoles et anciennes fermes rénovées. Mais ce territoire n'est plus celui que Marcel a connu. Lieu de vie et de travail jadis, il constitue désormais la partie ménagée de la ville, qui profite de la vue sur l'étendue marécageuse.

A milieu du champ la fameuse "roche" qui a donner son nom au marais de la Roche

Le café chez Marcel, avant de partir

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La Jaunais des Montagnes La Haute Moisonnais

La Gatais La Matais

La Furetterie Le Jaunet

La Borderie Le Joncherais

La Charpenterais

Le Ouare

Malnoe

La Noe Durée

La Delinais

Les Rochettes Les Mazarettes Les Bleuets

Le Clos

La Babouinais

Le Pontreau

La Cernais

Le Buisson Thebaud

Vieille Vigne Saint-Laurent

Butte aux Renards

La Croulais

Chef

La Colle

Les Premions

L’Angle

La Coudrée

Ker Batz

Cordemais

Le Landas

Le Berillais

La Rivière

Le Tertre Le Port

La Noe

La Jaunais des Douets La Fenêtre

Saint-Nicolas La Cote

La Poirie

L’Audiais

La Gaudinière

La Chevalerais Le Bas Venet

La Rue Simon

La Folie

Le Venet La Peille

La Cochinais

Carte des hameaux par lesquels nous sommes passés avec Marcel. S'il connait tant les hameaux, c'est parce qu'il a livré du lait et de la viande étant jeune, entre les différents villages

Marcel nous parlant de la maison où il est né, dans le bourg de Cordemais

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Bah là c’est l

ais Cordem !

Tout c’était des fe rm

a

d’araignée de Corde e l i m to

.. ais

es à

es

! Il y avait 137 t n a ferm av

Quand il mouille beaucoup, tout ça c’est à blanc Autre fois on passait à travers les champs, il y avait des petits passages

Ici il y a eu u allemande qu

jours au rythme u o t it de nv

oire la L

Nou so

On voit une pile de Saint-Nazaire, là-bas

Tout ça ça baigne ! Là c’est de l’eau de Loire. Si vous voulez aller plus loin, il va falloir pousser la voiture !

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Ici il y avait un vété Dartagnan. Sa femme puis lui il s’est tué a


C’est le châ teau

ectricité. ..l’él

te en fait. hau on

tais, c’est une m a M la ais de

it tout le marais, c o v ’es on

fique agni tm

Depuis sillo n

Ici il y avait une carrière, qui a été bouchée par EDF. Et il y avait une chapelle au bout

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blanc

Là c’est la laiterie du Menhir, qui vend son fromage au marché de Talensac !

trois jours, tout ç t n a ac ’ end

à est

érinaire, s’est tué et aussitot.

S’il ple ut p

un dépôt de munitions ui sont restées pendant 20 ans


AU COEUR DE LA MÉTROPOLE Cordemais fait partie, avec Saint-Etienne de Montluc et le Temple-de-Bretagne, de la communauté de communes Coeur d'Estuaire. A égale distance de Nantes et Saint-Nazaire, elle fait, à ce titre, également partie du pôle métropolitain dont les principaux enjeux sont fixés par le SCOT. Carte des enjeux de la métropole

Enjeux et métropolitaines

politiques

alimentant les populations de la région. C'est la reconnaissance et protection d'une activité agricole toute entière dans sa diversité de cultures et d'élevages dont il est question, et ceci sur l'ensemble de l'écharpe verte de l'estuaire. Le troisième axe important pour notre commune d'étude concerne la politique d'Ecométropole au travers notamment de la volonté de retrouver un accès à la Loire. Cordemais possède de fait une position privilégiée de façade sur la Loire marîtime, pouvant répondre à des attentes de développement touristique comme la Loire à Vélo passant par le Nord, ou bien de transport fluvial (Loire Princesse).

L'un des enjeux principaux du pôle métropolitain en terme d'aménagement du territoire concerne l'extension inévitable de la métropole. L'urbanisation des zones périurbaines dont la ville de Cordemais fait partie est donc une problématique à laquelle le SCOT tente de répondre en imposant un nombre de nouveaux logements par communauté de communes et par an. Un objectif annuel de 5 620 logements a été fixé pour faire face à l’augmentation de la population à l'échelle du pôle dont environ 80 pour la C.C. Coeur d'Estuaire. Cette densification des zones rurbaines doit cependant se faire dans le respect des politiques de préservation des zones naturelles protégées (Natura 2000, ZICO, zones humides majeures) et des terres agricoles, grenier fertile

Points d'interrogation L'apparition ou la disparition de deux équipements d'envergure pour le grand Ouest met en tension 38


le devenir de notre zone d'étude : le projet d'aéroport à Notre-Dame-DesLandes (NDDL) et l'arrêt potentiel de la centrale EDF d'ici 2035. Lorsque nous avions posé la question à Isabelle (propriétaire du restaurant du port L'ancre de Marine) "Que serait Cordemais sans la centrale?" cette dernière avait répondu "Rien, un petit bourg rural comme Bouée", sa commune voisine. Néanmoins, l'éventualité d'un arrêt de ce bassin d'activité libèrerait une partie de l'île de Cordemais. Combinée à la construction du nouvel aéroport, les nouveaux parcs d'activités pourraient être amenés à fortement se développer, ainsi que le Pôle Gare et les échanges fluviaux depuis la péninsule cordemaisienne.

territoire : - un axe ferroviaire Nantes-SaintNazaire, sur lequel la gare de la Croix-Morzel (Cordemais) située entre les communes de Savenay et Saint-Etienne-de-Montluc possède une position stratégique. - un axe routier et fluvial NDDLFrossay se dessine dans un alignement impliquant une traversée possible de la Loire vers le Sud. - un axe naviguable à l'échelle de l'estuaire qui répondrait notamment au développement d'une façade marîtime pour NDDL et d'un développement fluvial orienté sur le tourisme et le loisir.

Axes de développement Ainsi, trois axes de circulation sont amenés à se développer sur le 39


VILLE INTERDÉPENDANTE À une échelle intermédiaire, Cordemais entretient des relations avec les nombreuses communes voisines, dans une optique de complémentarité.

Les flux entre Cordemais et les communes voisines : une interdépendance des communes

Des équipements complémentaires

Nazaire.

La répartition des équipements sur le territoire intercommunal est pensée à une échelle métropolitaine. Une offre complémentaire de services dans les domaines commercial, scolaire, de santé, culturel et de loisirs est proposée. Ces services se concentrent principalement dans les communes où la population est la plus importante, comme Savenay ou Saint-Etienne de Montluc, les deux pôles structurants à l’échelle métropolitaine. Certains équipements à Cordemais ont néanmoins un rayonnement à l’échelle intercommunale, comme le centre Aquamaris ou le théâtre dont la programmation attire des populations de Nantes et Saint-

La centrale, génératrice de flux Mais la majorité des flux entrants dans Cordemais sont générés par l’attrait de la centrale, qui accueille chaque jour près de 3000 travailleurs venant de toute la région métropolitaine. Cordemais est donc un point de convergence des flux pendulaires dans le territoire intercommunal. Une fusion en débat La loi du 8 août 2015 portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (loi NOTRe) prévoit désormais pour chaque intercommunalité un seuil minimal de 15000 habitants. Si M.Geffroy, 40


Maire de Cordemais et résident de la communauté de communes Cœur d’Estuaire, envisage l’adjonction de Malville pour atteindre cet objectif, la préfecture prévoit une fusion de Cœur d’Estuaire (12000 habitants) avec Loire et Sillon ( 23900 habitants) pour former une communauté de de 11 communes. Naissent alors avec cette fusion la question du partage de gouvernance entre ces 11 communes et la prise en compte des intérêts de chacune.

Quilly 1334 hab

LOIRE ET SILLON 23905 hab

Campbon 3866 hab

PROJET DE FUSION DE LA PREFECTURE 35759 hab La Chapelle-Launay 2803 hab

Malville 3180 hab

Prinquiau 3289 hab

PROJET DE FUSION DU MAIRE 15034 hab

Savenay 7790 hab

Lavau-sur-Loire 764 hab

Le Temple-de-Bretagne

Bouée

1857 hab

879 hab

Cordemais 3147 hab

COEUR D’ESTUAIRE 11854 hab

L’émergence de nouveaux pôles dominants Avec l’extension du territoire intercommunal, de nouveaux pôles dominants émergent et remettent en cause le fonctionnement général de l’intercommunalité. Dans le cas d’une fusion de Cœur d’Estuaire avec Loire et Sillon, Savenay prendra certainement le pas sur Saint-Etienne de Montluc en partie grâce à sa position stratégique sur les réseaux routier et ferroviaire. La voie ferrée et les routes départementales offrent notamment une connexion directe avec Donges, connexion qui pourrait avoir son importance si le projet de franchissement entre les rives nord et sud du fleuve (projet évoqué dans le SCOT) se réalise entre Donges et Paimboeuf.

Saint-Etienne de Montluc 6850 hab

Les nouvelles frontières des communautés de communes

Fond de Péréquation des ressources Intercommunales et Communales (FPIC) devront être redéfinies. Aujourd’hui, Cœur d’Estuaire fait partie des intercommunalités qui donnent le plus (ramené au nombre d’habitants) aux communes les moins dotées, avec 1 400 000 euros de dotations. De nouveaux enjeux Aujourd’hui, la limite administrative qui existe entre Cordemais et Bouée du fait de l’appartenance de ces deux communes à deux communautés de communes différentes est un frein à la réalisation de projets communs. La fusion des deux intercommunalités et l’ouverture de cette frontière administrative pourraient favoriser les échanges entre les deux communes, qui malgré leur proximité continuent de fonctionner indépendamment l’une de l’autre.

La répartition des richesses Cette fusion risque également d’entrainer des conflits d’intérêt dans la répartition des équipements et des richesses sur le territoire, ce qui inquiète particulièrement M.Geffroy : « Une bonne gouvernance […] c’est aussi éviter qu’une commune qui est beaucoup plus grosse accapare la totalité de la richesse. » La fusion bouleversera également la répartition des aides financières entre les communes. La Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) donnée par l’État devra être répartie entre les 11 communes de la communauté de communes et les péréquations du

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DES MIGRATIONS PENDULAIRES MARQUÉES "Les gens de Cordemais, ils dorment là mais ils vivent à l'extérieur". Cordemais est donc une ville qui vit au rythme des allers et retours ponctuels et réguliers des ouvriers mais également de ses habitants. Suite aux entretiens que nous avons mené avec les habitants, nous avons découvert que paradoxalement, très peu de Cordemaisiens travaillaient à la centrale : ceux qui habitent à Cordemais n'y travaillent pas et ceux qui travaillent à Cordemais n'y habitent pas, exception faite d'une partie des ouvriers qui, le temps des quelques mois où ils sont employés à la centrale, logent au camping de Cordemais, chez l'habitant ou bien à l'hôtel.

du milieu et la départementale qui descend au bourg, devient également un lieu de passage important. Des réseaux de transports en commun propres à la centrale sont même mis en place. À cela s'ajoute, à l'intérieur du bourg, les trajets des écoliers guidés par le Pédibus. Puis, une fois passés les travailleurs et les écoliers, les rues de Cordemais redeviennent silencieuses. Le midi, la centrale libère momentanément son flot de travailleurs et tout s’anime à nouveau, les employés de la centrale font la queue chez Croq'Dédé et à l’Ancre de Marine au niveau du port, à la boulangerie, au Proxi et chez Katell dans le bourg, que les écoliers traversent également pour se rendre à la cantine scolaire. Le trafic routier reprend entre la centrale, le bourg et la Croix-Morzel et les voitures se succèdent sur les parkings du Proxi et de la boulangerie.

"C'est juste un dortoir ici" Cette particularité donne à Cordemais un caractère de "villedortoir", ressenti par les habitants eux-mêmes. La ville devient un lieu dont l'attractivité émane principalement de la centrale, et la grande majorité des nonCordemaisiens qui traversent la ville sont les employés de la centrale.

"On passe pas à Cordemais, c'est juste un cul-de-sac"

Puis treize heure passe et la foule et les voitures se dispersent à nouveau. Dans le bourg, Katell quitte son poste aux côtés de l'église, et le Proxi et la boulangerie abaissent leurs rideaux. Tout redevient calme, jusqu'au soir.

Des flux concentrés dans le bourg et la Croix-Morzel Ainsi, chaque matin et chaque soir, le bourg d'ordinaire si calme est encombré par les voitures et le trafic est dense sur ce que les Cordemaisiens appellent désormais "la route des ouvriers" qui descend jusqu'à la centrale. La Croix Morzel, qui forme un noeud entre la route

L'activité de la centrale crée donc dans la ville des temporalités très marquées liées aux flux pendulaires qu'elle génère.

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Les flux pendulaires le matin et le soir

Une activitĂŠ qui s'intensifie le midi

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LES NOUVEAUX ARRIVANTS Cordemais est aujourd'hui soumise à une forte pression foncière. En effet, la présence de la centrale sur le territoire entraine de nombreux avantages fiscaux qui attirent les populations.

“On a vu les maisons pousser comme des champignons”

à Cordemais la proximité d’un bourg et de ces petits commerces, comme Gilles et sa femme qui ont quitté leur maison familiale sur le Sillon pour passer leur retraite dans le nouveau lotissement.

Le profil des nouveaux arrivants Parmi ces nouveaux arrivants, de jeunes familles qui voient en Cordemais l'occasion de profiter de la vie à la campagne (proximité de la Loire, des marais, du sillon de Bretagne...) tout en restant relativement proches de la métropole nantaise. Ils profitent également des bas prix des terrains pour réaliser un premier investissement temporaire, et en acceptent les compromis, comme celui de vivre à proximité de lignes à haute tension. Si l’acquisition de ces terrains est pensée au départ comme provisoire, les habitants finissent parfois par rester plus longtemps, la proximité de la centrale et les dangers qu’elle représente faisant peu à peu partie de leur quotidien. D’autres habitants viennent chercher

“On paye très très peu d’impôts et de taxes d’habitation ici.” Un urbanisme "en poche" En réponse à cette pression foncière, un urbanisme "en poche" s'est développé avec l'apparition de nouveaux lotissements aux abords du bourg. Ces lotissements, s'ils offrent bien aux nouveaux arrivants cet idéal pavillonaire de la maison individuelle avec jardin, sont déconnectés du centre ville et donnent l'impression d'être conçus comme des cul-desac. Ils fonctionnent en autonomie et 44


Dessin subjectif de l'organisation de la ville

indépendemment du centre ville.

territoire, nous avons rapidement saisi la difficulté que nous aurions à entrer en contact avec cette nouvelle population. Les témoignages de Cordemaisiens plus anciens nous ont confirmé l'existence d'une certaine distance entre les nouveaux habitants et la vie cordemaisienne.

Lors de nos ateliers publics, nous avons organisé des ateliers de dessin avec les enfants de l'école primaire dont certains habitaient ces lotissements. La représentation qu'ils en ont fait révèlent bien leur configuration particulière qui en fait des espaces en marge du bourg.

"Il y a les cordemaisiens de souche, et il y a les nouveaux arrivants." La densification Cordemais connaît depuis le milieu du XXème siècle une croissance démographique exponentielle. Le SCoT impose un objectif de 4500 habitants en 2035, ce qui représente une augmentation de près de 30% en seulement 15 ans. Pour atteindre cet objectif et absorber les flux de nouveaux arrivants, les parcelles se font de plus en plus petites et sont passées d’une surface de 800 à 1000 mètres carrés il y a quelques années à 350 à 600 mètres carrés aujourd’hui. A cela s’ajoute les nombreuses contraintes physiques du territoire de Cordemais, dont les possibilités d’extension sont de plus en plus restreintes.

Dessins des lotissements par les enfants de l'école primaire.

Cela pose la question des projets urbains à venir et de la manière dont on peut répondre à cette pression foncière en proposant un cadre de vie agréable, sans tomber dans l'écueil de l'étalement urbain.

Une population peu accessible Exclusivement dédiés à la voiture, on y croise rarement leurs habitants et lors de nos investigations sur le

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UNE VILLE CONTRAINTE Par sa situation péninsulaire et par l'impact physique de la centrale, le territoire de Cordemais se trouve enserré par ces frontières physiques naturelles et construites.

Une implantation géologique Historiquement, l'implantation de Cordemais s'est faite selon les contraintes naturelles de ce territoire estuarien. Telles des dentelles, des péninsules de roches granitiques s'avancent sur la Loire, dessinant des poches de marais qui se heurtent au Sillon de Bretagne. Le bourg de Cordemais s'est développé sur l'une d'elle. Les marais qui l'enceintent créent alors une limite physique mais également réglementaire, en tant que zone naturelle protégée par Natura 2000 et ZICO. Les PPRI (Plan de Prévention des Risques d'Inondation) confortent cette limite d'urbanisation.

Carte des contraintes physiques

communale et intercommunale. Il est donc actuellement un frein à l'expansion urbaine de Cordemais. Le Sillon marque quant à lui une rupture topographique forte qui scinde le paysage et le territoire. Cette rupture est matérialisée par la ligne de chemin de fer et la route du milieu qui le longent.

Des frontières naturelles

Un paysage sous tension

Outre les limites des marais, les étiers qui en découlent forment également des limites fortes, comme celui qui sépare Bouée de Cordemais. Ainsi, il n'est plus seulement une limite physique mais également administrative, à l'échelle

Implantée sur d'anciennes îles, la centrale représente aujourd'hui une frontière dans l'accès à la Loire. Au-delà de la place prise par l'espace industriel en lui-même, les nombreuses lignes électriques et 46


les pylônes qui les accompagnent traversent le territoire et encerclent encore davantage l'espace du bourg. Par précaution, la construction sous les lignes électriques est interdite, ce qui représente un nouveau frein à l'urbanisation.

extension du bourg. Pourtant, pour poursuivre l'urbanisation du bourg, certains projets de logements sociaux vont à l'encontre de ces contraintes en construisant sous les lignes à haute-tension. Cela questionne la qualité urbaine et architecturale de ces espaces, construits par défaut. Peut-être y a t-il d'autres potentiels à exploiter ou des moyens de renouveler le bourg sur lui-même pour participer à une urbanisation raisonnée et qualitative. Il s'agit de repenser la contrainte et la réglementation comme de nouveaux possibles.

Une urbanisation par défaut De fait, les projets d'urbanisation se font par soustraction en espaces bâtis existants et les espaces considérés inconstructibles (en rapport aux contraintes). Ceci ayant pour conséquence un développement urbain bipolaire, par l'urbanisation de la Croix-Morzel, comme d'une 47


DE LA VILLE INDUSTRIELLE À LA VILLE MARKETING Depuis 1970 et la construction de la centrale thermique EDF, Cordemais s'est développé autour de cette activité industrielle. L'essor économique et l'attrait nouveau pour ce territoire grâce aux possibilités d'emplois ont permis le développement de ce bourg de 800 habitants à une ville de 3500 habitants aujourd'hui. Un développement urbain rapide

Une nouvelle image

D'un petit bourg qui vivait de l'agriculture, Cordemais est donc devenue une commune développée et très équipée. En effet, bénéficiant de taxes spécifiques (telle que la taxe liée aux pylônes électriques ou la taxe allouée à la ville lors des dégazages de la centrale), la ville s'est enrichie rapidement. Cet argent public a ainsi permis à la ville de s'offrir une piscine "cash", d'investir dans les haras, etc. Aujourd'hui, la ville a pour projet la construction d'un centre de découverte de l'estuaire "Loirestua", dont le budget est estimé à 10 millions d'euros.

Par le recours à une main d'oeuvre extérieure et mobile, et par le développement d'autres secteurs d'activités, Cordemais est passée d'une ville industrielle à une ville post-industrielle. Ainsi, elle cherche aujourd'hui à développer une nouvelle image, notamment au travers du développement d'équipements sportifs et de loisirs de pointe, mais aussi au travers du développement du tourisme, via l'installation de la Villa Cheminée, de la Loire à vélo, ou encore du projet Loirestua.

" Genre y’a un moment où Cordemais va être la ville la plus équipée d’France, et ils sauront plus quoi faire de leur argent tellement ils auront investi dans tous les équipements possibles ! " De l'éco-marketing Le paysage urbain de Cordemais est donc fortement marqué par son activité industrielle, que ce soit par la centrale elle-même, mais aussi par les pylônes qui occupent les champs, les lignes à haute-tension ou encore le trafic routier. Tous ces éléments créent des signaux visuels ou sonores qui maintiennent ce territoire sous tension. Ils nous rappellent les risques industriels possibles, mais aussi le déclin possible de cette industrie à plus ou moins long terme. De ce fait, se pose

La nouvelle tribune de l'hippodrome 48


Image du concours - Projet Loirestua - Agence SOA

la question de l'avenir de Cordemais sans la centrale. Les projets urbains marquants de la ville cherchent ainsi à contrebalançer cette image par le développement d'un éco-marketing. La municipalité a par exemple pour projet la construction d'un écoquartier dans le bourg, d'une écoZAC à la Croix-Morzel, l'enterrement des lignes électriques ou encore la zone d'activités de la Folaine dédiée aux entreprises d'éco-construction.

nouvelles politiques urbaines visant à attirer une autre classe habitante. La rupture souhaitée avec l'image industrielle de la ville et la montée du chomâge l'obligent à chercher des solutions à court terme grâce à des opérations de marketing urbain. Ainsi les projets actuels se développent dans un contexte global et métropolitain, plus qu'à l'échelle locale. Le Parc de la Folaine, situé en bordure du Temple et construit il y a 10 ans dans l'optique de la construction de l'aéroport, est ainsi toujours inoccupé. Selon M.Geffroy, maire de Cordemais, de nombreuses entreprises seraient pourtant intéressées pour s'y installer.

L'après-industrie ? En développant une nouvelle croissance économique basée sur les atouts supposés de la ville, telle que le tourisme ou les zones d'activités liées à la construction du nouvel aéroport, la ville s'oriente vers de

Image de concours - Parc de la Folaine - Proudreed 49


LE NERF DE LA GUERRE Grâce à l'activité économique qu'elle induit, la centrale engendre un rapport fort à l'argent, qui est devenu "le nerf de la guerre". Le système économique spécifique qu'elle génère participe alors aux rapports politiques du territoire. Un bon compromis

"Une vache à lait"

Grâce à cette situation financière particulière, les habitants bénéficient de taxes foncières et taxes d'habitation fortement réduites (de 30%). L'argent public permet également de subventionner largement les associations de Cordemais. Ces différents avantages, ainsi que les nombreux équipements mis à leur disposition participent à l'acceptation de la centrale par les habitants, comme l'a évoqué la gérante du camping : "La Mairie est très sympa, une ville qui a un endettement de zéro !"

Les habitants sont donc conscients des avantages fiscaux et de la qualité des services et équipements de la ville. Pour certains commerçants, cet argent permet de continuer à travailler. En effet, la boulangerie, le Proxi, le camping ou encore l'Ancre de Marine sont propriétés de la ville, mises à disposition par délégation de service public. Isabelle, gérante de l'Ancre de Marine, reconnait ces avantages : “Sans la Centrale, Cordemais serait un bourg, un village, une commune comme ailleurs, ça vivoterait. Cet argent qui rentre, c’est merci la Centrale hein !”

Jusqu'à l'acceptation

Un contre-pouvoir limité

Au delà de l'impact sur les projets urbains menés par la ville, l'argent issu de l'activité de la centrale bénéficie également directement aux habitants. Via des "chèques" qu'EDF envoie aux habitants pour les naissances ou pour la fin d'année, les habitants semblent être "achetés". L'argent semble utilisé pour faire oublier les désagréments, les nuisances et les risques liés à la centrale. Partant du principe que la ville leur offrait déjà beaucoup d'avantages, ils semblent être entrés dans une logique de conciliance.

Dans un contexte post-industriel, l'influence de la classe ouvrière, qui représentait auparavant un électorat majoritaire, sur le pouvoir urbain, décroît au profit du recours une main d'oeuvre détachée, parfois immigrée en sous-traitance ponctuelle. Comme on a pu le constater, peu d'ouvriers vivent aujourd'hui à Cordemais, ce qui représente un contre-pouvoir limité. Par ailleurs, la puissance du pouvoir en place a été confortée par l'autonomie laissée aux villes dans les politiques urbaines, même si cela tend aujourd'hui à diminuer avec le développement des communautés de communes et donc à la répartition de l'argent public entre les villes.

Toutes ces ruses donnent alors aux institutions un pouvoir politique fort, que leur électorat semble enclin à encourager. 50


Extrait du "mur d'expression libre" proposé aux habitants lors des ateliers publics

Le Maire quant à lui nous a expliqué qu'il était préférable de dépenser la majorité de cet argent, pour ne pas être soumis à la péréquation entre les communes et ainsi en faire profiter les Cordemaisiens directement. Aujourd'hui, ce rapport à l'argent public risque d'être remis en cause par les fusions des communautés de communes, qui va bouleverser le système économique actuel de la ville.

De l'argent à dépenser Dans un contexte économique difficile et dans l'éventualité de la fermeture de la centrale, certains habitants s'inquiètent de l'avenir de la ville, comme Raymond : “Ça fait partie des anomalies… De l’argent, nous avons de l’argent.” Car si les Cordemaisiens se félicitent de la qualité de leurs équipements, d'autres s'inquiètent de la manière dont la municipalité utilise l'argent public. Miko pose par exemple la question de la légitimité du projet Loirestua, évoquant un gaspillage d'argent public et un projet hors contexte : “Est-ce qu’on a besoin d’un musée de la Loire à Cordemais ?” Comme pour la piscine qui a été récemment construite, les habitants s'inquiètent de ces équipements qui sont déficitaires mais qu'il faut tout de même continuer à entretenir.

Faire avec rien En contrepoint de cela, nous avons pu constater que les Cordemaisiens avaient d'autres ambitions pour leur ville, à une échelle plus locale, comme Miko : “Moi j’aimerais qu’à Cordemais on puisse faire des choses comme ça, avec les moyens que chacun a, et tu mets pas forcément de l’argent dessus.” 51


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RETOURNEMENT 2 UN AUTRE CORDEMAIS

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DES USAGES À LA MARGE Cette première vision d'une ville sous contrôle, maitrisée a pourtant été faussée par la découverte de contreusages et d'usages à la marge, tant dans le bourg que dans le marais ou au Sillon. Une rencontre charnière Par l'intermédiaire de Katell, nous rencontrons Philippe Miko, que tout le monde surnomme simplement Miko. Couëronnais d'origine, il habite Cordemais depuis 18 ans avec ses quatre enfants. Conteur pour enfants, il travaille chez lui et dans la région essentiellement. Il accepte de nous rencontrer pour faire un entretien puis un itinéraire. Très vite, on découvre un personnage très investi dans la vie de sa commune, et plutôt critique envers la municipalité de Cordemais : " Et Cordemais, j’dis « Mais c’est le Maire qui signe, qui acte [...] » Non mais c’est pas lui qui prend toutes les décisions, et l’adjoint m’avait dit « Bah si quasiment, enfin une grande partie, si y’a des échanges, etc », c’est lui qu’est en haut de la pyramide."

" Là en fait c’est LA maison de la chaussée. [...] Et y’avait un squat en fait, de dans l’bâtiment principal [...] et les jeunes en fait ils s’regroupaient là-d’dans pour euh… Pour boire des coups quoi ! "

Anciennement élu à la ville de Couëron, il ne souhaite pas s'engager de nouveau politiquement, mais participe activement aux Conseils Municipaux et est force de proposition auprès de la Mairie. L'entretien puis l'itinéraire seront d'ailleurs essentiellement orientés sur les potentiels de projets qu'il imagine sur son territoire, des petites ruines du bourg jusqu'au marais. Au travers de notre parcours, il nous raconte également des anecdotes qui révèlent une vie sociale et culturelle portée par un vivier d'habitants qui connaissent et pratiquent leur territoire, parfois en dehors des espaces institutionnalisés.

" Là dans l’ptit bois pendant un moment y’avait un squat. Y’a un gars qu’avait fait des cabanes et qu’habitait dedans. Ils avaient défriché tout ça et il s’était fait des cabanes là dedans. "

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"On s'adapte à la situation" Depuis le début du chantier de réhabilitation de la centrale, la ville et les commerçants ont dû s'adapter à l'arrivée de nombreux ouvriers, des immigrés venus d'Europe de l'Est mais aussi des sous-traitants de la région. Cela a favorisé le développement d'une ville parallèle, avec l'apparition des deux foodtrucks qui s'installent le midi, l'ouverture du camping à l'année (malgré que cela soit interdit) pour accueillir les ouvriers. Ces 'lieux de vérité sociale"1 sont alors venus révéler en partie les singularités de ce territoire et de ses usagers. Le cas particulier du bras de Loire Par ailleurs, les habitants ont su s'approprier la centrale et en tirer profit. Par exemple, le bras de Loire qui contourne l'île sur laquelle se trouve la centrale, est devenu un endroit très prisé des pêcheurs. En effet, celle-ci rejette l'eau qui sert à son refroidissement dans le bras, créant un courant d'eau chaude qui attire la civelle, "l'or blanc" de la région. Ainsi, les pêcheurs ont su tirer parti de la présence de la centrale pour leur propre activité. Par ailleurs, ce bras de Loire et son estran dévoilé par la marée appartiennent au domaine maritime donc public, que les pêcheurs investissent au grand dam des agents de sécurité :

Le plan d’eau «Les Jackie et Michel qui vont s’amuser là.» Les étiers et la Loire «Y’en a plein qui viennent braconner là.»

Carte des contre-usages et autres usages à la marge

" - C’est la Loire qui traverse la centrale. Et chose qui est bizarre, au niveau du stock, quand vous arrivez, jusqu’ici, c’est privé, et quand vous êtes sur la Loire, c’est le domaine public. Donc vous pouvez traverser la centrale en bateau. - Ah d’accord ! - Oui c’est bizarre. Parfois il y a les pêcheurs qui passent, on est là on les regarde, y’a des caméras qui sont positionnées dessus mais on dit rien."

Des espaces de liberté ? La découverte de ces contre-usages révèle une recherche d'espaces de liberté, non-institutionnalisés ou qui possèdent un potentiel d'usage nonattendu. Lors d'un entretien avec Mika, sur son bateau, il nous explique pourquoi la Loire représente pour lui un espace de liberté à part entière. C'est aussi le lieu privilégié pour le braconnage de grenouilles et de civelles.

1 Extrait d'une discussion avec Eric Chauvier

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Le marais «Y’a un mec qui a fait des cabanes dedans» «On se baigne ici des fois.» «Y’a du braconnage de grenouilles là-dedans.»

La Maison de la Chaussée «Y’avait un squat là en fait, les jeunes ils venaient boire des coups.»

Chez Pichon «On a oranisé une soirée Chant c’était génial !»

La cour du théâtre «Le Club des Anciens, ils jouent aux boules le jeudi après-midi.» L’ancien lavoir «Bah y’a des canettes, des jeunes qui squattent.»

A côté de l’église «Chez Katell» Le parking de la salle de poterie «On a fait la fête de la musique ici, c’était génial !» La cour de l’école «Y’a des jeunes qui sont venus alors du coup ils ont augmenté les clôtures.»

Le camping 5 «Normalement Le boulodrome couvert c’est interdit de «Qui a été demandé par les anciens, vivre sur un 3 mais il est squatté par les jeunes.» camping à l’année.» La petite salle du tir à l’arc «Bon les jeunes ils viennent là.»

Le parking de l’hippodrome «Chez Croq’Dédé» «Y’a l’entraînement de triathlon ici le dimanche.»

Le bras de Loire «Parfois il y a les pêcheurs qui passent, on est là on les regarde, y’a des caméras qui sont positionnées dessus mais on dit rien.»

La rencontre et l'itinéraire que nous avons fait avec Miko, nous a également fait découvrir comment les habitants ont pris possession de l'espace bâti, naturel ou délaissé. Il nous a ainsi parlé de différents endroits qui sont squattés par les jeunes, comme la Maison de la Chaussée, l'ancien lavoir ou encore la cour de l'école, où l'on a retrouvé des canettes vides ou des paquets de gâteaux. Il nous a également raconté comment le marais a été squatté par "un mec qui a fait des cabanes là-

dedans", ou encore quand il va se baigner avec ses enfants dans les étiers ou y faire des pique-niques. Enfin, il nous a parlé des soirées "Chant", organisées dans la quincaillerie, chez Pichon, par bouche-à-oreille, en dehors de toute activité associative, où chacun peut venir librement. De même, la fête de la musique qui s'est tenue en Juin dernier sur le parking devant la salle de la Poterie, organisée par les habitants et par l'école de musique.

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DES ASSOCIATIONS CONTRAINTES En discutant avec des habitants ainsi qu'avec le Maire lors des ateliers publics, nous avons découvert un fonctionnement associatif atypique, historique et représentatif d'une certaine volonté de contrôle. Une hiérarchie associative

Regrouper pour mieux contrôler

Contrairement au système "classique" où chaque association possède son indépendance, Cordemais a mis en place un système avec deux associations principales, l'une culturelle, l'autre sportive, gérées par un secrétariat. La demande de subvention n'est donc pas directe, les bénévoles se sentent ainsi "bridés", tandis que le Maire leur reproche aujourd'hui "de ne plus mouiller la chemise". Aujourd'hui, et avec l'augmentation de la population et donc du nombre de bénévoles, le Maire reconnait que ce système mérite peut-être d'être repensé.

Représentatif de ce système hiérarchique, le Maire souhaite mener à bien son projet de pôle culturel . Ainsi, comme il l'a déjà fait avec la Maison des Sports, il souhaite rassembler toutes les antennes associatives liées à l'ACLC (Association Culturelle et de Loisirs de Cordemais), dans un unique bâtiment, qui se situerait dans le quartier des équipements. De fait, ce projet implique l'abandon de plusieurs bâtiments dans le bourg ainsi que la destruction du théâtre historique. En parlant de ce projet ainsi que du système associatif avec le Maire, il a admis que cela était une manière pour lui de "rassembler pour mieux maitriser".

Ecole de musique

Locaux ACLC Théâtre

Pôle sportif existant

Poterie

Pôle culturel projeté

Carte des lieux culturels de Cordemais 58

Ecole de danse


«On est la vache à lait des associations.»

«Les associations deviennent des offices communaux, des services publics.» Association culturelle ACLC

Association sportive ASC

«Ce sont des antennes associatives.»

«Ils ne mouillent plus la chemise, tout leur est dû.» «Ce sont des consommateurs.» Le système associatif vu par le Maire

«La Mairie finance, la Mairie maitrise.»

«On ne peut pas créer une association en dehors de l’ACLC ou l’ASC.» Association culturelle ACLC

Association sportive ASC

«Pas de pouvoir associatif.»

«On est bridé, on n’a pas d’indépendance.»

Le système associatif vu par ses habitants 59


VILLE HAUTE, VILLE BASSE

Centrale EDF

Bourg de Cordemais

«Les gens d’en bas» «Ceux qui ont les pieds dans l’eau

Alors que notre vision de ce territoire était celle d'un bourg avec un vaste arrière-pays fait de marais et de vastes terres agricoles sur le Sillon, les ateliers sont venus déplacer notre regard sur ce territoire.

Sur la Loire

Au travers d'expressions utilisées par les habitants mais également par le travail cartographique mené lors des ateliers, notre vision de Cordemais s'est modifiée, pour faire apparaître un territoire scindé en deux : "une ville haute" et "une ville basse". La frontière physique, matérialisée par "la route du milieu qui fait frontière" et qui traverse la Croix-Morzel, est vue comme une fracture dans le territoire, accentuée par la voie de chemin de fer qui lui est parallèle et par le Sillon qui s'élève de l'autre côté.

Entre deux marais

La ville aménagée

Traversée Cordemaisienne, entre perception et réalité

certains habitants du "haut" ont évoqué la beauté de la Centrale la nuit, de manière presque poétique, comme un repère dans le paysage au loin. A l'inverse, les autres habitants évoquent plutôt les nuisances sonores, les débris de poussière ou encore les bouchons dûs aux allers et retours des ouvriers aux heures de pointe. Ainsi, ceux du bas vivent avec la centrale, ses potentielles nuisances et risques, tandis que ceux du haut la voient comme un "objet-paysage".

Les gens du haut et les gens du bas Au-delà d'une simple frontière physique, cette fracture semble également représentative d'une distinction sociale forte, entre "les gens du haut et les gens du bas". Ceux du bas, qui ont "les pieds dans l'eau" et qui sont donc soumis à de potentiels risques, tandis que ceux du haut sont à l'abri. D'autre part, 60


Le Temple

La route du milieu

Collège public La Croix-Morzel Paul Gaugain

«Les gens d’en haut» «Il y a de grosses baraques sur le Sillon.»

Sur le Sillon de Bretagne

PERCEPTION

RÉALITÉ

La ville ménagée

Ville ménagée, ville aménagée

ainsi que la gare de la Croix-Morzel. Tous les projets urbains prennent place sur cet espace. Le paysage est marqué par l'omniprésence de la centrale, soit par le bâtiment même, soit par tous les pylônes et lignes électriques qui le traversent.

Les logiques d'urbanisation semblent également conforter ces disparités. Sur le Sillon, l'espace est "figé", aucun projet urbain n'est envisagé. On y trouve "de grosses baraques comme celle du Maire", réparties dans les hameaux. Seul le collège public vient troubler cette homogénéité. En partie basse, la ville est plus aménagée : elle accueille le bourg et tous les équipements et services publics, les lotissements 61


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CORDEMAIS, UN AUTRE REGARD De l'analyse à la projection

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UN PLU À QUESTIONNER L'analyse du PLU nous a permis de comprendre les orientations futures de la ville en matière d'urbanisme. - Les zones naturelles : le PLU délimite clairement les zones inconstructibles correspondant aux zones boisées et aux marais, dans un but de préservation. Mais préservation est-il incompatible avec appropriation ? - Les hameaux : afin de préserver l'activité agricole de la commune, il est interdit de construire dans les hameaux, pour éviter le mitage. N'y a-t-il pas d'autres ressources foncières disponibles qui n'entraîneraient pas de mitage ? - Les équipements : la ville prévoit des réserves foncières pour accueillir de grands équipements comme le Pôle Culturel ou le musée Loirestua. Est-ce la priorité pour Cordemais ? - Les lignes à haute tension : la réserve foncière sous les lignes à haute tension accueille désormais des logements sociaux, ce qui questionne la qualité urbaine proposée et la sécurité de leurs habitants. - L'accès à la Loire : quasi inexistant dans le PLU, mais ne serait-il pas un point clé de l'identité de Cordemais ? - Le développement de la CroixMorzel : doit-il se résoudre à la construction d'une ZAC ?

Le

Maintien d’une densité élevée dans le centre ancien

Secteurs d’urbanisation future

Densification de l’habitat

Hameaux figés où seul le comblement des espaces vacants est autorisé

Développement de zones d’activités économiques

Espaces et zones naturels à vocation culturelle et de loisirs

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La Folaine

La Croix Morzel

es Petites Landes

Zones agricoles

Zones d’activités liées à la centrale Espaces boisés classés Zones naturelles protégées Zones Natura 2000

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POINTS DE DIVERGENCE En réaction au PLU en vigueur nous avons synthétisé nos désaccords selon ce que nous avons retiré du territoire.

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Densification du centre bourg sur l’existant et dans les poches Zones d’urbanisation, espaces densifiable dans les hameaux DÊsenclaver les poches urbaines Investir la rive Mise en valeur du marais Travailler autour de connexions douces en cheminements secondaires Zone inconstructible - Danger HT Franchir les limites

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STRATÉGIE URBAINE TIRER PARTI DE L'EXISTANT Aux vues des contraintes de ce territoire, il s'agit de requestionner certains espaces qui le caractérisent comme de nouveaux potentiels urbains.

(A)MÉNAGER LA RIVE Par le territoire marécageux qui l'entoure, Cordemais possède un rivage, qui représente un lieu de nouveaux possibles.

DONNER PLACE À L'HABITANT Par la poursuite de cette démarche et par la mise en place de projets à l'échelle locale, il s'agit de replacer l'habitant au coeur de la fabrique de son territoire.

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TIRER PARTI DE L'EXISTANT L'analyse des documents d'urbanisme ainsi que nos discussions avec les acteurs de la ville nous ont permis de constater que Cordemais est considéré comme un territoire particulièrement contraint. Mais qu'en est-il des potentiels ? Le tissu urbain cordemaisien est profondément marqué par son passé rural et le territoire marécageux qui l'entoure, lui confèrant sa spécificité. En découle un réseau complexe de connexions entre hameaux, des implantations en rive des marais ou sur les hauteurs du Sillon, offrant une diversité de typologies. Ce potentiel ne peut être révélé par de grands principes d'urbanisme, mais par des interventions in situ, tenant compte du particularisme de chaque situation.

importante à Cordemais, du fait de l'arrivée récente de nouvelles populations. Le bourg de Cordemais est caractérisé par son tracé de venelles et par le développement des activités socio-culturelles en arrière-cour. Ce potentiel de complexité urbaine est aujourd'hui remis en question par le projet du Pôle Culturel, qui rassemblerait toutes les associations en même endroit. La densification du bourg pourrait s'appuyer sur l'existant, et en retirer son potentiel d'aménité.

Non au mitage ?

La Croix-Morzel, un second bourg ?

Cordemais est une ancienne commune rurale, de ce fait elle est composée d'une multitude de hameaux, qui ont eu tendance à s'agrandir ces dernières années. La politique actuelle de la ville est de mettre fin au "mitage" afin de préserver les terres agricoles. Cependant, en analysant précisément ces espaces, nous avons décelé de nombreuses parcelles enclavées dans des îlots (comme La Peille) ou des hameaux qui n'impacteraient pas sur l'activité agricole. Cependant, le potentiel de densification douce de certains hameaux est anihilé par la Mairie qui considère l'agriculture comme une contrainte à l'urbanisation.

Le hameau de la gare de la CroixMorzel est aujourd'hui destiné à devenir une ZAC. Néanmoins l'établissement d'un programme précis est un réel enjeu pour ce hameau. En effet, ce deuxième pôle ne devrait pas se poser en concurrence avec le bourg mais dans un rapport de complémentarité, permettant des connexions entre les deux entités. Retrouver le marais L'analyse de l'évolution du bâti sur le territoire de Cordemais nous a montré l'implantation historique d'habitations le long des rives du marais. Cette urbanisation spontanée ne se pratique plus aujourd'hui, les habitations s'éloignent de la rive. Les bords de marais constituent pourtant un potentiel notable sur cette terre d'eau qu'il convient d'interroger.

Comment densifier le bourg ? Le sujet de la densification des centre-bourgs est récurrente dans les communes de l'écharpe verte. Cependant elle prend une part 70


"Cordemais c'est très grand ! Il y a beaucoup de hameaux sur le SIllon, là-haut"

"Ces lignes électriques, c'est comme des toiles d'araignées"

"Nous on vit dans les marais, c'est comme ça chez nous."

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(A)MÉNAGER LA RIVE Le renversement de la notion de ville contrainte passe par la création d'un nouveau rapport à la rive, lieu de frontière, de passage et de détournement.

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Une réelle contrainte?

Cette composante du territoire est complètement patrimonialisé, voire figée par la commune. Positions soutenues par des associations en charge du patrimoine estuarien telles qu'Estuarium. A la lisière de ces terres d'eaux, soumises au marnage, les réglementations telles que les PPRI ramènent une dimension inconstructible à ces espaces. Cependant, la limite fixée aujourd'hui, en ayant pour référentiel nouveau la tempête Xynthia, est amenée à bouger dans le temps. Des études comme "Living with water" tendent non pas à figer ces zones mais penser un "habiter" en lien étroit avec l'eau.

La décomposition du territoire selon les différentes strates paysagères montrent que la ville de Cordemais considère ses limites comme de véritables contraintes à son développement. Or, "cette situation d'altérité favorise quotidiennement ou périodiquement l'invention de nouvelles pratiques génératrices sur le champ symbolique ou économique de nouvelles valeurs".1 Ce sont par définition des espaces à la marge, autrement dit des espaces de liberté, de transition entre deux milieux où se développent des pratiques souvent cachées. Nous ne parlons pas ici des infrastructures industrielles telles que les lignes électriques mais des rives naturelles délimitées notamment par le marais, la Loire et le Sillon.

Référence histoirique L'étude historique et géographique de la formation de la commune nous apprend que ces rives de marais étaient des lieux privilégiés pour l'installation de l'Homme. Il en est de même dans le développement de l'urbanisation des divers hameaux de la ville qui s'est fait en lien direct avec les aires d'élevage et de pâturage qui les bordaient, de même que le village de l'ancien Port Saint-Nicolas au pied de la montée des eaux au plus fort marnage. Jean-Yves Petiteau nous rappelle que les communautés se sont souvent développées en liaison étroite avec les moines qui participaient à la création des zones marécageauses, et que ce qui donne sens et valeur à ces rives, "c'est à la fois son instabilité et sa position frontalière."

Terre d'eau, terre intouchable ? Cordemais est une commune comprise dans "l'écharpe verte" de l'Estuaire et à ce titre comprend de grandes étendues de marais, protégées par plusieurs règlementations type Natura 2000, ZICO, ou zones humides. 1 Jean-Yves Petiteau, "Estran", extrait d'une conférence prononcée à Saint-Nazaire , 1990.

C'est l'invention d'un nouveau rivage pour Cordemais que nous énonçons, en tant qu'espace d'aménités, chaque jour réinventé par l'action et l'imaginaire de l'Homme; zones de passage, riches en échanges, qu'il nous faut ménager.

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DONNER PLACE À L'HABITANT Au travers de notre démarche, nous avons découvert une diversité habitante, entre les anciens habitants, les nouveaux arrivants et les ouvriers, qu'ils soient là de manière temporaire ou pérenne. L'intergénérationalité et la diversité sociale qui en résulte révèlent la singularité de ce territoire.

Au coeur d'une métropole en plein développement, la pression foncière et le développement de nouveaux modes de vie font de Cordemais un territoire attractif. Les nouvelles populations qui viennent s'y installer se mêlent aux autres habitants et participent à une nouvelle dynamique urbaine et sociale. En parallèle, les travaux de rénovation engagés depuis un an sur la centrale mènent à l'accueil d'une main d'oeuvre immigrée nombreuse. Ces ouvriers mobiles participent de manière ponctuelle à la dynamique de la ville mais ne sont pas intégrés dans son tissu urbain et social.

retournement de l'image marketing développée par la ville, en permettant l'appropriation de ce territoire par ses habitants. Enfin, la situtation économique particulière liée à l'activité de la centrale mène à la modification du rapport politique. Le développement d'une nouvelle image de la ville, soutenu par un fort apport d'argent public, conduit Cordemais à se développer à une échelle métropolitaine. Par ailleurs, l'affaiblissement du contre-pouvoir, encouragé par la manière dont la parole habitante semble "achetée", n'encourage pas les Cordemaisiens à s'investir dans le développement urbain de leur ville.

Ainsi, un des premiers enjeux est de permettre la reconnaissance de cette diversité habitante et d'encourager leur interaction, afin que chacun puisse prendre place sur ce territoire.

L'idée est donc de recréer le dialogue entre une municipalité qui a des visions métropolitaines et une population qui peine à exprimer des problématiques plus locales. Notre démarche a ainsi permis d'initier une libération de la parole habitante. Notre volonté est de poursuivre ce processus participatif au travers d'autres évènements, mais également d'engager les habitants dans la construction de leur propre ville, par des projets dont ils peuvent être acteurs.

Par ailleurs, la découverte de contreusages et d'usages à la marge a permis de révéler la manière dont les habitants s'approprient ce territoire, malgré la volonté de "maitrise" de la municipalité. Le second enjeu est donc d'encourager ces pratiques, les reconnaitre et participer au

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MARCHE URBAINE "La marche reste un acte fondateur par rapport au langage, et par le déplacement qu'elle opère, un geste libérateur qui met la pensée en mouvement." Jean-Yves Petiteau et Elisabeth Pasquier, "Je marche donc je suis"

La marche urbaine est l'occasion de rassembler tous les acteurs de la ville (habitants, institutions, experts...) et de les faire déambuler ensemble au travers d'un parcours défini au préalable, porteur d'enjeux. C'est l’occasion d’observer les atouts, dysfonctionnements et problématiques de chacun des lieux choisis, de recenser les besoins, mais également les points de satisfaction d’un territoire ou quartier. L’objectif est de croiser les regards afin de révéler les potentiels du territoire, de débuter un processus de concertation et de créer un moment de débat libre entre habitants et institutions. Cette marche est donc un outil qui peut servir, par la suite, à trouver des solutions ensemble et repenser des politiques urbaines et des projets d’aménagement. Notre marche s'est déroulée le samedi 12 décembre et s'est concentrée sur les problématiques liées au bourg. Trois habitants ont pris part à cette marche et nous ont permis de confronter nos sites de projets et nos premières esquisses à une réalité habitante. Le Maire nous avait confirmé au préalable qu'aucun élu ne pourrait nous accompagner car un autre évènement avait lieu en parallèle. Cependant, nous avons convenu avec lui d'une restitution au Conseil Municipal, courant janvier.

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FAIRE LIEN Cinq projets pour Cordemais

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Yaman Razouk Entre deux Arthur Barbara L’un passe, entre autres Camille Breteau Prendre Place Edouard Eriaud Incubateur Urbain Heloïse Gevrey Le Rêveil de la Loire

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ENTITÉ D'ENTRE-DEUX Urbanisme rural - La Croix Morzel Yaman Razouk

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DES HAMEAUX Cordemais est une commune rurale comme en témoigne son activité agricole omniprésente. Entre terre et fleuve, la commune révèle un paysage riche et contrasté, entouré par les marais et la nature. La commune est caractérisée par une ponctuation de nombreux hameaux (un hameau est un groupe d'habitations en milieu rural, généralement trop petit pour être considéré comme un village, sans église paroissiale, et dont l'élement fondateur trés souvent une ferme) de petite taille. Certains d'entre eux se sont progressivement agrandis.,

comme par exemple la Croix Morzel, et perdant parfois leur structure initiale. En effet, de nombreuses habitations se sont greffées à proximité directe du hameau, le long de la voirie et au coup par coup, ignorant la structure orginelle ou le topographie du site, et induisant des covisibilités peu flateuses par endroit.

Carte de la commune de Cordemais 82


TROIX SITES DIFFERENTS La Peille

La Hurette

Au sein de la vallée, les hameaux connaissent également une urbanisation récente, qui est souvent peu en lien avec la sructure initiale du hameau. Dans le cas de la Peille, les constructions historiques ont une architecture au vocabulaire régional. Les nouvelles constructions sont venues s'implanter le long de la voie de circulation, au gré des opportunités foncières. Ce type d'urbanisation rend difficile la lecture de l'espace; les repères de déplacement ne sont pas intuitifs. Le caractére bocager du secteur permet d'atténuer les covisibilités en instaurant des plans intermédiares dans les perspectives.

Sur le plateau, l'extension des hameaux est relativement inégale dans le traitement. Certains d'entre eux ont utilisé la trame bocagère comme base d'insertion, et conservé les arbres de grande hauteur atténuant ainsi leur impact paysager. Le cas de la Hurette l'illustre : les circulations ne sont pas évidentes et se terminent parfois en impasses. Les lisières urbaines atteignent 6 à 8 maisons et entrainent un impact paysager fort.

Les constructions historiques

La Croix Morzel un véritable carrefour, un lieu de passage important à l'échelle de la commune mais peu mis en valeur. Le trafic fort (voitures, camions...) et la vitesse des véhicules rendent dangereux les déplacements doux dans cet espace. Un vaste parking marque la centralité du hameau mais il ne joue pas un rôle de place pour autant, un lieu de rencontre. Le développement du secteur de la Croix Morzel est envisageable pour l'habitat, en contiuité du noyau historique.

La Croix Morzel est une entité urbaine à part entière mais constitue difficilement un ensemble homogène. On distingue aisément le coeur du hameau, l'implantation historique, et une urbanisation de type industrielle qui s'est ensuite développée autour. Puis des constructions à usage d'habitation sont venues s'implanter le long de la voie de circulation. L'habitat est dispersé et peu ordonné, les formes et matériaux trés hétérocilites, ce qui accentue cet effet d'éclatement urbain à l'Est. Le hameau est

Chambre d'hôtes, Café de la Croix Morzel 83


SECONDE CENTRALITÉ ?

Vue aérienne de Croix Morzel

Le parc d’activité La Croix Morzel est une zone économique d'activité mécanique bordée d'une grande qualité paysagère. Située à l'endroit le plus étroit du territoire, coincée entre le marais de La Roche et celui du Lot, entre le bourg et le sillon, Elle possède une place de choix. Photo de la zone économique

La gare La gare se situe dans le hameau de la Croix–Morzel sur la grande route départementale menant au temple de Bretagne. Actuellement elle est entourée de quelques habitations et de deux zones d’activité: l’une artisanale au sud, ZA des petites Landes, et l’autre industrielle, au nord. Le bâtiment de la gare est luimême, fermé. Il n’y a plus de guichet, ni même un distributeur de titre de transport. Pourtant elle rassemble environ 10 000 passagers par an. On peut imaginer que l’aménagement de ce quartier avec de nouveaux logements, de nouveaux services et la desserte du tram train, viendra augmenter ce nombre de voyageurs.

Photos de le chemin de fer - gare de la Croix Morzel 84


la croix Morzel, le Bourg et la Loire,

Developper les circulations douces

Donner la vie aux hameaux

Entre le centre Bourg et la gare, la liaison le long de la route principale n’est pas batie (à cause de ligne électrique à haute tension). La rupture entre les deux zones se fait par des terres agricoles. Il est important de conserver cette activité, tant économique qu’utile dans le développement écologique de la commune. Cette voie n’est que très peu aménagée pour les liaisons douces. Il est donc envisagé d’utiliser les routes secondaires, parallèles a cette départementale, comme lien entre les deux zones. L’aménagement de liaisons douces sur ces axes est un réel besoin, car ces dernières sont déjà utilisées comme telles, mais l’absence de voies dédiées, les rend assez dangereuses et mal adaptées. Ces axes permettraient de connecter

Développer des lieux de partage: créer des zones de regroupement entre les différents hameaux en offrant des lieux de rencontre, pour les habitants mais aussi pour les visiteurs. Une possibilité est aussi de mettre en place un partage de certains équipements. Mobilité commerciale: faire déambuler le commerce d’un hameau à l’autre, comme moyen de connexion, d’échange.

Densification du bati Pour coudre le tissu résidentiel, il nous faut créer des modes d’habitats spécifiques à chaque territoire. Cette logique vise à offrir une alternative au pavillonnaire redondant, et une manière d’habiter qui soit propre au lieu investi. Nouvelle production du logement : Il importe d'intégrer du logement social comme contre proposition à celui proposé par la mairie qui les installe sous les lignes électriques à haute tension.

Photo de l'axe entre Croix Morzel et le Bourg

Photo de l'axe entre Croix Morzel et le Bourg 85


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L'UN PASSE Le bout de la rue, ce bout de la ville Arthur Barbara (PFE)

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DANS LA POCHE Derrière le panneau "impasse" se cachent 7 hectares du bourg, 90 maisons dans lesquelles vivent environ 350 personnes : les nouveaux arrivants de Cordemais.

Equidistante de Nantes et SaintNazaire, Cordemais est au coeur de la métropole estuarienne, qui de par son attractivité, subit une pression foncière depuis ces dernières années. Cependant, Cordemais fait figure d'exception dans l'offre du prix au mètre carré. Grâce à sa centrale, le coût de la taxe foncière est de 30% inférieur aux communes voisines, sans compter les petits avantages (chèques cadeaux, indémnisations, etc...).

Il en résulte un urbanisme en poche, complexifiant les déplacements doux et sectorisant le bourg en quartiers hermétiques et fonctionnalistes (équipements, commerces, habitat). Ceci contribue à la désuétude progressive du bourg, comme le montre l'exemple de Mme Pichon qui ferme actuellement sa quincaillerie. De plus, Cordemais fait face à une difficulté de densification de son centre bourg, comme le montre le projet de destruction de l'ancien EHPAD (pour récupérer du foncier) ou encore la construction actuelle de logements sociaux sous les lignes à haute-tension.

Ces avantages fiscaux attirent beaucoup de jeunes ménages, qui recherchent la campagne près de la ville. Pour une ville très équipée comme Cordemais, ces nouveaux rurbains sont attendus, afin d'augmenter son nombre d'habitants et atteindre un bon "turn over" entre dépense et recettes. Cordemais s'est donc adaptée à cette demande en ouvrant des terrains à la construction de lotissements. Cette solution économique pour la Mairie est aussi un gain de temps important sur la réfléxion à la fabrication de la ville ; déléguée à des constructeurs privés.

Avec plus de 1000 habitants attendus d'ici à 2030, Cordemais pense aujourd'hui à développer la Croix-Morzel, qui prendrait la forme d'une ZAC, un quartier de gare s'apparentant à une annexe métropolitaine détachée de son centre bourg. La démarche de groupe qui a donné lieu à un arpentage du territoire tout en croisant la parole habitante, nous a rapidement dissuadés de l'idée d'une ville bi-polaire, mais plutôt d'une ville plurielle, morcelée d'histoires et de singularités.

Mais le résultat pose de nouvelles questions auxquelles la municipalité semble désormais ne plus pouvoir déroger. En effet, ces étendues pavillonnaires en impasse sont gourmandes en fonciers et, une fois construites, les élus montrent une certaine pudeur à intervenir dans ces quartiers.

C'est dans cette ville plurielle et singulière que s'inscrit le projet, en s'intéressant à un fragment du bourg, une "poche" de lotissements en frange du bourg.

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Carte subjective de la ville en poches

Carte objective du bourg de Cordemais

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Le constat de la fragmentation du bourg nous a très vite sauté aux yeux lors de notre première visite, en particulier dans les zones de lotissements, pour lesquelles nous avons eu un franc rejet.

dérivés et adaptés constituant une singularité fragile qu'il s'agit d'intégrer dans le processus projectuel. Dans ce contexte sectorisé et fonctionnaliste, le projet propose une alternative à la fois urbaine et sociale, en s'appuyant sur les singularités du bourg de Cordemais, comme son réseau de venelles et ses activités en arrière-cour ou son dynamisme associatif, mais également ses initiatives spontanées (comme les soirées chant, la fête de la musique, l'ouverture d'un passage vers l'école). Les interventions prennent place à la lisière entre le bourg et les quartiers pavillonnaires afin de devenir un prétexte à la rencontre, au lien, à l'échange. Ainsi la couture entre ces deux entités n'est plus simplement urbaine, mais humaine.

Mais ce constat ne peut être valide que s'il s'appuie sur l'étude des pratiques et de la perception que les habitants ont de ce lieu, afin de savoir s'il est réellement détaché ou non. Or à travers nos expériences sur le terrain comme les ateliers de dessins avec les enfants, la marche urbaine ou les itinéraires, nous avons pu soumettre cette question aux habitants et ainsi confirmer notre première impression, à ceci près que les zones pavillonnaires de Cordemais ne constituent pas ces no man's lands stériles comme pourrait le décrire J-L Débry dans Le cauchemar pavillionnaire, mais des lieux complexes emplis d'usages

Discussion sur les arrières-cours pendant la marche urbaine

La cour de la poterie 90


poches d'habitat

Carte dessinée par les enfants de Cordemais

Les anciens jouent aux boules dans l'arrière-cour du théâtre 91


DU BOURG À L'EXTRA-BOURG L'extra-bourg, c'est une partie du bourg, mais en marge de celui-ci. Cette appellation antinomique questionne : elle désigne un fragment de ville qui se définit par l'entité à laquelle il est extérieur, mais dont il fait partie. Le choix du lotissement comme site de projet est arrivé à la fin des ateliers publics avec un constat simple : aucune personne de moins de 40 ans n'était venue nous voir. Nous étions passés à côté des nouveaux arrivants, pourtant nombreux dans la population cordemaisienne. Il s'agissait donc d'aller à la rencontre de ces habitants des lotissements de la Quénaudais et du Grand Clos, construits respectivement en 2010 et 2014. Ce quartier pavillonnaire situé au sud-est du bourg est majoritairement peuplé de jeunes couples avec un ou deux enfants en bas âge. Une partie de la rue A.Rodin a même une moyenne d'âge inférieure à 30 ans. L'"extra-bourg" dont parle Katell, c'est là où l'on est proche du bourg et en même temps de petits morceaux de campagne tranquille. Le lien avec le bourg est donc présent dans sa perception du quartier. Cependant, "pas question de laisser les enfants seuls aller au bourg, c'est dangereux, il y a les voitures" a précisé une habitante du quartier. Sur le terrain, il semble beaucoup moins évident que les lotissements étudiés soient connectés au bourg, alors qu'ils y sont adossés. Le projet propose donc dans un premier temps de désenclaver ce fragment du bourg en ouvrant des cheminements piétons vers le bourg, mais aussi vers les équipements alentours comme l'école, l'école de musique ou la salle de danse. Ce nouveau réseau de sentiers s'appuie sur un réseau déjà existant -caractéristique des zones pavillonnaires- et vient le prolonger tout en respectant

l'échelle domestique et intime que l'on connait de ces cheminements. Cette premiere intervention s'accompagne également d'une révision de la rue Yvon Labarre. Déjà intégrée dans l'itinéraire des Pédibus*, cette rue est apparue comme structurante dans les pratiques du bourg, reliant l'école, la danse, la musique et les lotissements de l'est de Cordemais. Le projet propose donc de la rendre plus praticable pour les piétons, mais également d'optimiser le stationnement en vue de la programmation du projet. En effet, les cheminements créés sont l'occasion de développer des activités dans le quartier et induire ainsi une traversée dans les deux sens : vers le bourg, mais également du bourg vers l'extra-bourg. Pour cela il s'agit de trouver un programme à l'échelle du tissu pavillonnaire, répondant à des besoins locaux, sans oublier que ces quartiers ont été choisis en partie pour leur tranquillité. *initiative habitante dans le but d'accompagner collectivement les enfants à l'école

Katell : "Ici on fait partie de Cordemais bourg, mais extra-bourg." 92


Ecole de musique le bourg

Vers l’extra-bourg (suite)

Salle de danse

jardin partagé

l’école l’extra bourg

Vers l’école

cheminement créé ou adapté cheminement existant conservé

équipement existant conservé traitement de l’esp. public

Discussion avec Gilles, Jaqueline et Gildas sur l'éventualité d'une traversée vers le bourg 93


SUBVERSION D'UN SOCIOTOPE La figure urbaine de l'impasse en raquette -aride surface d'asphalte, est ici cultivée, habitée, mais aussi traversée. Elle offre un nouveau lieu à la lisière entre espace public et privé, entre urbain et résidentiel. Le projet s'intéresse aux impasses en s'appuyant sur une caractéristique du bourg de Cordmemais : un tissu composé de venelles avec des activités en "arrière cour" comme le théâtre, la salle de poterie ou l'école de musique. Par l'ouverture de cheminements piétons, le projet désenclave la

poche de 7 hectares pour la rendre poreuse, mais vient également la dynamiser, en faire un lieu de frottements, de pause, un recoin d'aménité. L'adaptation du réseau existant est aussi intégrée au projet afin de négocier les besoins des piétons et voitures.

ouverture du jar créa

L’impasse Paressant

Vers le Port

construction d’un mini skatepark/garage de rue

Vers le Bourg L’Ecole

Vers l’Ecole

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Ouvrir l’impasse

Création d’un sentier piéton


ACTUEL

l'extra-bourg

le bourg

PROJET

donner place au piéton optimiser le stationnement

activer l'impasse habiter l'impasse

Espace public Habiter, nuancer

rdin de l’école de musique ation d’un jardin partagé

Rue Y. Labarre

Prolongation de la rue de la Quénaudais Création d’une continuité résidentielle

Rue actuellement passante (piétonne) Modification du sol : inciter le partage modal Traitement des murets de séparation optimisation du stationnement végétalisation

Traversée

Ecole de musique

Traitement du passage de la route, sécurisation

maintien de l’emplacement actuel création d’une extension en lien avec le lotissement

Lier les impasses

Création d’un sentier piéton

ouvrir l'impasse connecter

L’impasse Renoir

Potentiel de l’impasse création d’une salle de danse avec des lgt en R+1

Vers l’extra-bourg

Salle de danse

maintien de l’emplacement facilitation de l’accès piéton

Recoin boisé

Plus de vis à vis des fonds de parcelles 95


LAISSER, RESPECTER "L'habitant possède toujours un trésor perdu par les architectes : une culture de l'échelle domestique et de la complexité, une bonhomie qui fait les paysages aimables. Les architectes mettent de l'ordre et de la grandeur et stérilisent le tout..." Lucien Kroll

1

Les entretiens et itinéraires sur site nous ont révélé des espaces que nous ne connaissions qu'en carte. Habité depuis seulement cinq ans, le quartier n'en n'est qu'à ses débuts, mais recèle déjà des appropriations de l'espace public qu'il convient de ne pas entraver. Concevoir un projet en site habité, c'est aussi accepter de savoir laisser ces espaces ajustés par l'usage qui participent à la complexité du quartier. En voici quelques exemples.

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1/ Le chemin du marais, où les enfants

2/ Les fonds de parcelle ouverts comme

viennent jouer et où les adultes se retrouvent pour jouer aux boules les jours de beau temps. C'est aussi un lieu de promenade.

celui de Gilles et Jaqueline : "il donne sur le petit bois, donc on n'a pas besoin de clôtures, les souches suffisent, sauf pour les chiens..."

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2 3

4

3/ Le petit bois. C'est un carré rempli de

4/ Le coin de la rue A.Rodin. C'est là que

jeunes chênes où les enfants viennent jouer à cache cache et aux indiens, il empêche le vis à vis entre les maisons. On y trouve des champignons paraît-il.

Benoit et ses voisins se retrouvent pour fumer une clope une fois les gamins couchés, pour débriefer sur leur journée.

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PETIT À PETIT "Le pavillon, c'est le passage quotidien [...] du général au particulier, de l'univers à l'intimité, de la poésie à la trivialité. C'est un plein-pied sur le songe." Lucien Maillard La délicatesse de la zone pavillonnaire réside dans son introversion. Nicolas Laruelle parle des lotissements comme d'une "ville cachée où les élus montrent une certaine pudeur à intervenir". Dans ce contexte, la proposition architecturale ne peut s'imposer, mais doit plutôt se négocier, s'éprouver, s'"incrémentaliser". C'est pourquoi le projet propose un scénario éventuel décomposé en plusieurs temps, dans le but de créer la rencontre entre les différents acteurs de la fabrication de la ville. Chaque temps est une histoire du projet , il est renégociable, incertain et s'ouvre à la spontanéité de l'appropriation. Premier collage conceptuel

DONNER ACCES : découvrir l'impasse - Ouverture des cheminements piétons et adaptation de la voirie existante. Début d'un désenclavement

CULTIVER L'IMPASSE : la friche fertile - Lancement du jardin partagé : chantier effectué par les services techniques de la Mairie, en collaboration avec les élèves des écoles de Cordemais et cordemaisiens volontaires - Construction du skateparking

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SE RETROUVER - Construction de l'extension de l'école de musique en relation avec le jardin partagé, et de jeux pour enfants - Entretien du jardin partagé par les élèves en collaboration avec les services techniques et les cordemaisiens volontaires

HABITER LE JARDIN PUBLIC - Construction de la salle de danse - Construction collective de logements intermédiaires (avec les futurs occupants) - Construction du four à bois commun

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PRENDRE PLACE Un nouvel esprit de clocher Camille Bresteau (PFE)

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LA VILLE AUX DEUX VISAGES De cette ville dont on a découvert la complexité, au furet-à-mesure de nos rencontres et déambulations, j'ai été marquée par la dichotomie, entre l'image renvoyée de cette ville riche, propre et entretenue, et cette ville sous-jacente, qui prend vie grâce à un vivier d'habitants attachés à leur territoire. Un espace de rassemblement

Retrouver le bourg

A la suite des ateliers publics, une problématique s'est révélée : les habitants ont en effet évoqué "un manque d'espace de liberté, de rassemblement, un lieu noncommercial pour se retrouver", discuter, échanger...

Le choix de travailler sur le bourg a naturellement découlé de ces différents constats. Aujourd'hui, le bourg vivote grâce à la boulangerie, au Proxi et au PMU qui subsistent encore autour de l'église. Son caractère historique et patrimonial en font pourtant un lieu stratégique et symbolique de ces communes autrefois rurales. Les habitants semblent attachés à ce bourg qui représente l'âme villageoise : le lieu où l'on se rencontre lorsque l'on va chercher le pain, lorsque l'on emmène ses enfants à l'école ou lorsque que l'on va faire une petite course à la supérette ou au bar-tabac.

Cette problématique est ainsi entrée en corrélation avec notre découverte des contre-usages et des pratiques à la marge, révélateurs de ce besoin d'aller chercher un espace de liberté et d'expression, en dehors des lieux institutionnalisés. Ainsi s'est posée la question du traitement de l'espace public dans le bourg. Souvent mono-fonctionnel et dédié principalement à la voiture, il n'invite pas au rassemblement, à la rencontre ou à la pause, et ne joue pas son rôle de catalyseur social.

Pourtant, ce bourg tend à perdre son âme. Si Cordemais attire aujourd'hui de nouveaux arrivants, ceux-ci ne participent pas activement à la revitalisation du bourg. Même les plus anciens disent préférer faire leurs courses à Atlantis ou à St Etienne de Montluc, "parce qu'on trouve tout, et c'est moins cher."

En questionnant l'aménagement de ces espaces pour permettre leur réappropriation par ses habitants, ces points de rencontre pourraient révéler et permettre l'intéraction de cette diversité habitante qui fait la richesse de Cordemais : les anciens, les jeunes ménages qui s'installent mais aussi les ouvriers, qui font vivre la ville.

Participer à la conservation de ce bourg, à son histoire et le redynamiser représente donc un enjeu essentiel dans une métropole en plein développement. 102


Collage subjectif Ce collage, effectué après les ateliers publics, met en évidence les deux visages de la ville. Le premier, en partie haute, celui qu'on nous donne à voir. "La Dame de fer", centrale et majestueuse, menacée et menaçante, mise en évidence par la perspective de cette route qui nous y mène. A droite de cette route, le "Guggenheim" de Cordemais, ou le futur projet de musée Loirestua, hors d'échelle et hors contexte. Au centre, un employé qui nettoie la route, et dont on s'imagine qu'il entretient aussi les jolis parterres parfaitement fleuris, l'herbe parfaitement verte, mangée par une vache communale pour promouvoir "l'éco-paturâge". A gauche, un pavillon classique devant lequel pose une famille jeune, qui représente les nouveaux arrivants de Cordemais, attirés par les avantages fonciers proposés par la ville. Le second visage de cette ville, en partie basse, révèle les activités et les usages à la marge, une ville et une vie sous-jacente, avec les foodtrucks et ces ouvriers qu'on ne voit presque pas, le squat au camping ou dans le marais, ou encore les soirées "Chant" dans la quincaillerie. Cachés dans leur souterrain, ils ne demandent qu'à être révélés, au grand jour, mais l'escalier ne débouche nulle part, et le puits non plus... Comment faire intéragir alors ces deux villes qui se complètent et se cotoient mais ne fusionnent pas ? Comment révéler la singularité de ce territoire et la diversité de ses habitants ? 103


RECONQUÉRIR LE BOURG Perché sur sa colline, surplombant la Loire et la centrale, le bourg est révélateur de la singularité de ce territoire, entre marais, Sillon et activité industrielle. Longtemps considéré comme "la terre des cultivateurs", ce village, qui vivait de sa culture locale, s'est transformé en une ville péri-urbaine métropolitaine, avec l'arrivée de la centrale et le développement de la métropole. Le bourg a alors changé de physionomie pour devenir un lieu de passage, traversé uniquement aux heures stratégiques. L'activité agricole a laissé place à l'activité industrielle, contribuant au déclin de "l'âme du village".

Vue aérienne du bourg de Cordemais

urbanisation rapide, faite de lotissements repliés sur eux-mêmes, sans lien avec le bourg, son histoire ou son identité. Enclavé entre les marais et les lignes à haute-tension, enserré par la couronne pavillonnaire, le bourg tend à étouffer.

Du rural au rurbain Depuis, le développement de grosses infrastructures commerciales en périphérie des grandes villes, l'augmentation du chômage, la concentration des activités tertiaires en ville ainsi que la pression foncière sur la métropole participent à l'attractivité des communes comme Cordemais, qui sont "au milieu de beaucoup de choses." Cette métropolisation influe sur le mode de vie, qui n'est plus rural, mais rurbain. Les anciens comme les nouveaux arrivants y participent : "On vit ici, mais on n'y travaille pas, on va faire nos courses à St Etienne ou à Nantes."

Il s'agit donc de répondre à la pression foncière et au développement de la métropole sans tomber dans l'écueil de l'étalement urbain qui mène le bourg à son exctinction. En révélant ses potentiels et en renouvelant le bourg sur lui-même, il faut parvenir à le reconquérir, à poursuivre une histoire déjà riche et affirmer sa singularité. Du village à la ville métropolitaine Traversé par une voie principale, la rue du Calvaire puis la rue de la Loire qui mène au port, le bourg historique s'organise de manière concentrique

L'attractivité de ce territoire qui s'intensifie mène alors à une 104


autour de l'église. L'architecture qui l'entoure est caractérisée par de petites maisons mitoyennes en bordure de rue, dont la parcelle en lanière, révèle le passé agraire du territoire. Ces maisons, constituées d'un rez-de-chaussée et d'un étage ou deux, tout au plus, forment un front bâti dense.

Au-delà de cette première couronne historique, l'urbanisation contemporaine est marquée par un développement en poches de lotissements et d'équipements publics, en dehors de la structure historique, jusqu'en rive de marais et de Loire.

Les commerces (boulangerie, Proxi, PMU, coiffeur, quincaillerie) qui subsistent prennent place essentiellement à proximité de l'église. Seul le restaurant "l'Ancre de marine" se situe au pied du port et constitue le lieu de rassemblement des pêcheurs et des ouvriers le midi.

Au nord de l'église, le tissu pavillonnaire est associé à quelques équipements publics, comme la Mairie, la médiathèque ou l'EHPAD. Au sud, la concentration des équipements publics sportifs et de loisirs vs'ancrent dans un urbanisme fonctionnel, priviliégiant l'usage de la voiture.

De nombreux passages et venelles, définis par des murets ou des haies bocagères, constituent un maillage urbain fin du bourg qui permet une porosité par des liaisons douces, alternatives et fonctionnelles entre les différents ilôts.

Le manque de cohésion et de liens entre ces différentes phases d'urbanisation laisse place à des délaissés urbains, des non-lieux qui représentent des potentiels urbains pouvant participer à l'écriture de l'histoire du bourg. 105


PRENDRE PLACE

Allée des Marronniers > Espace arboré agréable > Fonds de parcelles inexploités > Emplacement en coeur de bourg

Intervenir sur le bourg permet donc d'interroger son devenir, en tant qu'espace patrimonial et comme espace d'interaction potentiel, au coeur d'une métropole en perpétuelle évolution.

Place de l'Eglise - Phase 1 > Espace étouffé > Carrefour - Lieu de croisement important > Espace symbolique > Centralité - Proximité des commerces

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Fort de la diversité des acteurs de ce territoire, il s'agit de s'appuyer sur l'existant pour proposer un schéma de développement urbain local et ancré dans des problématiques actuelles et à venir.

Vers l'école (voiture), les équipements, le port et la Centrale Rue de la Loire

Faire lieu

"Le lieu est le nom du vide quand s'y loge un corps. [...] Le lieu n'est donc pas cet ancrage profond dans la stabilité d'une terre-mère, mais un état vacillant de passage, la transformation du vide en corps."1

Vers l'école (à pied) Plan du bourg- Potentiels de projet

de permettre l'interaction et la réappropriation de l'espace public par ses habitants, pour qu'il redevienne "lieu".

Pour faire lieu, il faut donc un espace, vide à l'origine, qui possède une densité frictionnelle ou historique, qui transforme cet espace en lieu. Ainsi le lieu est bien davantage qu'un fragment d'espace délimité, il est lié à l'évènement, à l'action, à l'histoire.

La place de la Place La Place publique est un des lieux symbolique fort et historique de chaque village. Par sa physionomie et sa centralité, elle participe à l'histoire au travers de tous les évènements qu'elle peut accueillir et fait ainsi partie de la mémoire commune, de la singularité d'un village. Par sa publicité, elle est le support privilégié d'interactions sociales fluctuantes, imprévisibles et libres. Par l'usage qu'en fait

L'enjeu est donc de révéler de potentiels lieux de friction, ces endroits de rassemblement spontané et non-institutionnalisés, 1 Cauquelin A., "Parler du lieu", dans Communications, Autour du lieu, 2010 106


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Parcelles à exploiter Phase 2

Parcelles à exploiter Phase 3

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Place de la Mairie - Phase 2 > Espace minéral en surplomb > Bâtiment de l'ancienne Poste inutilisé > A proximité de l'Eglise > Espace symbolique et politique

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Vers la Croix-Morzel et la route du Milieu

Rue du Calvaire

Commerces > A proximité les uns des autres > Rue de la Loire qui fait barrage > Participent au dynamisme du bourg

chaque individu, elle devient le théâtre d'une histoire commune qui s'écrit continuellement. Enfin, par sa capacité à rassembler et sa centralité, la Place possède également une dimension politique, historique et symbolique.

dans le bourg a permis de mettre en évidence un traitement urbain fonctionnel, organisé autour de la place de la voiture. Deux places principales existent pourtant : la Place de l'Église, en plein coeur du bourg, et la Place de la Mairie, située sur l'avenue adjacente, l'avenue des 4 vents.

Toutes ces caractéristiques lui permettent donc d'être ce potentiel espace "pour se retrouver" ou "se donner rendez-vous" qui semble manquer à Cordemais. "Il n'y a pas de place publique à Cordemais !"

Il est vrai que leur physionomie actuelle ne leur donne pas un statut de place, au sens d'un lieu de circulation piétonne, de lieu de pause, de jeu ou de rassemblement.

Fort de ce constat, l'analyse de l'espace public à Cordemais et la question du traitement de la Place

La Place de l'Eglise, située au croisement de trois rues, se retrouve phagocytée par l'espace donné 107


Photo de la Place de l'Eglise actuelle

affectation à un usage particulier mais par le mélange entre le mouvement libre des piétons et toute une séries d’activités publiques ou privées, qui peuvent s’y dérouler de façon temporaire et en tous cas s’y interfacent à partir des espaces plus spécialisés qui le bordent."2

à la voiture. Entourée par des places de parkings, étouffée par des jardinières, des parterres de fleurs et des panneaux d'affichage, la "Place" n'est plus lisible et ne permet plus la déambulation, la flânerie ou le rendez-vous. La Place de la Mairie, récemment rénovée, prend la forme d'une vaste estrade minérale blanche, sur laquelle la Mairie se met en scène. Accessible par de vaste rampes et et de longues marches, elle participe, par son architecture, au marketing urbain développé par la commune, d'une ville riche aux aspirations métropolitaines.

Le défi est donc de conforter la vie de quartier, les activités existantes sur ces Places et de permettre le développement de nouveaux usages par la mutation des espaces qui les entourent. Ainsi, il s'agit de s'appuyer sur les bâtiments existants symboliques, qui font l'identité de la Place, en proposant leur réappropriation par les habitants.

Dans un contexte de ville postindustrielle où la place du contrepouvoir est limitée, l'absence de "Place publique" à Cordemais, au sens de la place citoyenne et libre d'appropriation, apparait alors d'autant plus comme un moyen de minimiser toute forme de rebellion sociale ou citoyenne.

Dans le cadre de ce PFE, je m'intéresserai à la reconquête de la Place de l'Eglise ; la Place de la Mairie serait pourrait être traitée dans un second temps.

Reconquérir la Place

2 Jacobs J., Déclin et survie des grandes villes américaines, 1993

"L’espace public se caractérise par la non

Photo de la Place de la Mairie actuelle 108


LE DEVENIR D'UN PATRIMOINE Marqueur fort de l'identité du bourg, l'Eglise SaintJean-Baptiste représente un patrimoine commun, un lieu de mémoire, de recueillement mais aussi de rassemblement. A la fois symbole et objet "signal" dans le paysage urbain de chaque village, l'Eglise fait également office de repère, par son emplacement central et ses proportions. Une histoire chaotique Après avoir été déplacée plusieurs fois, l'Eglise actuelle se situe à la place de l'ancien cimetière, au croisement de la rue de la Loire, de la rue du Commerce et de la rue d'Appée. Démarrée en 1878 pour remplacer l'ancienne Eglise tombant en ruines, sa construction s'achève en 1896. Pour des raisons financières, le plan imaginé à l'origine est simplifié : suppression de chapelles absidiales, diminution de la longueur et hauteur de l'édifice et du clocher. Son architecture simple et sobre s'appuie donc sur un plan en forme de croix-latine, avec une sacristie et une chapelle de part et d'autre du choeur. Sa capacité d'accueil est alors de 1000 fidèles. Afin de réduire le coût des travaux, des Cordemaisiens se sont portés volontaires pour transporter le granit, de la carrière, située à Vigneux de Bretagne, au chantier. Une partie de l'Eglise est également construite à partir des matériaux de démolition de l'ancienne Eglise. Un siècle plus tard, un vaste programme de rénovation intérieur et extérieur est entrepris par la ville de Cordemais. Achevé en 2004, il a permis de redonner un second souffle à ce bâtiment historique.

L'Eglise Saint-Jean-Baptiste, début du XXème

Un espace disproportionné Ainsi, l'Eglise Saint-Jean-Baptiste s'impose dans le bourg. Le bâtiment massif, surélevé d'une dizaine de marches, domine la place. Ouverte uniquement lors de l'office bimensuel, l'Eglise représente un obstacle à contourner, un objet mystérieux et renfermé sur luimême. Encerclée par trois rues, la Place de l'Eglise est restreinte. L'aménagement urbain de cet espace, dédié au parking et à diverses plantations, permet à peine au piéton de la contourner et n'invite pas à la rencontre ou à la pause. Ainsi, il existe aujourd'hui 109


une disproportion entre la taille de l'édifice, sa massivité, et la place qui l'entoure, réduite et chaotique.

que de nombreuses églises ont été vendues et donnent lieu à des reconversions de toutes sortes, qui prennent peu en compte le caractère symbolique de ces lieux de culte. Cela questionne la manière dont le cadre législatif est aujourd'hui défini concernant l'avenir de ces édifices.

Un avenir incertain Un entretien réalisé avec M.Lecerf, diacre de l'Eglise, a permis de confirmer la forte de baisse de l'activité cultuelle. L'office, qui a lieu un samedi sur deux, n'attire plus que 80 fidèles. Cependant, ponctuellement, lors de grandes messes (Noël, Pâques, Rameaux, mariages, baptêmes et enterrements), l'Eglise peut être comble. Un moment de prière est également proposé le jeudi matin : rassemblant une dizaine de fidèles, il a lieu dans la petite chapelle accolée au choeur. Enfin, un office religieux a lieu le dimanche matin à l'EHPAD, afin de permettre aux fidèles qui ne peuvent pas se déplacer de participer à un moment de prière commune.

La Loi de 1905 Aujourd'hui, c'est la loi de 1905, dite "Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat", qui régit le statut de ces édifices. Ainsi, la commune est propriétaire du bâtiment et du mobilier qu'il renferme, la rendant responsable des travaux et de son entretien. Elle ne possède cependant pas la jouissance de ce bien car c'est le clergé qui en est l'unique affectataire. Tout usage qui ne serait pas lié au culte doit donc faire l'objet de son approbation. Seule une désaffectation, consentie par l'évêque, en cas de non-célébration cultuelle pendant 6 mois consécutifs, peut permettre à la commune d'en reprendre pleinement possession. Dans ce cas, le bâtiment peut-être détruit, vendu ou reconverti par la municipalité, dans le respect des règlementations de protection du patrimoine en vigueur. Ce cadre ne permet donc pas de mixité d'usages au sein de l'Eglise, incitant alors à des choix extrêmes dans le traitement de ces édifices.

Face à une activité cultuelle en baisse, M.Lecerf a évoqué l'avenir incertain des édifices de sa paroisse (qui comprend les églises de Cordemais, Temple, de Vigneux, de St Etienne et de la Paquelais). Ainsi, si cela venait à se confirmer, les plus petites églises, comme celle de Cordemais, pourraient être désaffectées, au profit d'un rassemblement des offices et du personnel religieux dans l'Eglise de St Etienne.

Un rapport culturel à l'Eglise

Une situation caractéristique

Au cours de son histoire, l'Eglise a accueilli toute sorte d'usages qui dépassent largement sa fonction première. Outre les célébrations et les offices, elle a également été le lieu privilégié de réunion pour traiter les affaires du village, a pu servir de salle de classe, de lieu de divertissement ou encore de refuge en cas de danger : "L'église est alors la maison commune, autant sinon plus, que la maison de Dieu."1 De plus, chacun d'entre nous, croyant ou non, développe un sentiment

La densité des lieux de culte en France porte le témoignage d'une histoire marquée par la forte emprise de la religion catholique. L'avenir de ces nombreux édifices religieux, corrélés à la décroissance du nombre de pratiquants, est donc une question patrimoniale nationale contemporaine. Dans ce contexte, en France mais aussi à l'étranger, des réponses sont apportées. A Montréal notamment, surnommée "la ville aux 100 clochers", le phénomène est tel

1 Tranvouez Y., "Vers un nouvel esprit de clocher", Quel avenir pour nos églises ?, 2005 110


L'intérieur de l'Eglise actuelle - Photo prise depuis la nef vers le choeur

identitaire du lieu de culte lié à l’habitude ou à l’attachement. En effet, par les baptêmes, les mariages et les enterrements, l'Eglise marque nos vies, les ponctuent d'évènements qui sont autant d'éléments qui participent à un attachement populaire et à une appropriation culturelle. Celle-ci est confortée par la valeur architecturale, esthétique et patrimoniale que nous attribuons à ces édifices souvent monumentaux, qui marquent notre paysage au quotidien.

d'une appartenance commune et peut-être engager un "nouvel esprit de clocher".

"Le territoire est présent au travers de certains lieux parce qu’ils sont dotés de cette capacité à le symboliser.» 3 Quelle cohabitation possible ? Cette cohabitation ne peut alors être possible que par la mise en place d'une concertation entre le clergé, les fidèles et les habitants pour élaborer les stratégies communes de valorisation et de réappropriation de ces édifices. Dans ce but, peutêtre faut-il réinterroger le statut de ces lieux pour qu'ils redeviennent la propriété des citoyens. Il pourrait être supervisé par un organisme public à but non-lucratif, qui aurait pour but de permettre la réappropriation des églises et de veiller à leur conservation, leur reconversion et le cas échéant, leur vente, pour permettre la pérennité de l’identité de ces lieux dans leur territoire. Associé à un concepteur, il pourrait alors être le médiateur privilégié de concertation entre les différents acteurs concernés, dans un cadre "éthique et moral" prédéfini.

Un nouvel "esprit de clocher" 2 Le maintien de l'activité cultuelle, dans les plus petites villes et villages semble essentiel, en ce sens qu'il s'assimile à la conservation d'un "service de proximité" qui permet de conforter un lien socio-culturel local et participe ainsi à "l'âme du village". Cette activité, combinée à d'autres activités communautaires dans une optique de bien commun, permettrait alors une densité d'usages, une démultiplication des interactions et une réappropriation de cet espace par ses habitants. Ainsi l'édifice qui s'est particularisé pourrait redevenir le symbole 2 Febvre L., Le problème de l'incroyance au XVIème siècle. La religion de Rabelais, 1942 Définit l'attachement exclusif à son village, à sa ville, au milieu dans lequel on vit.

3 Debarbieux B, "Le lieu, fragment et symbole du territoire" dans Espaces et sociétés n°80, 1995 111


VERS UNE EXTRAVERSION Face à l'avenir incertain de ce patrimoine, l'idée est d'initier de nouveaux usages, permettant de redonner à l'Eglise son rôle historique de lieu de partage, d'échange et de rassemblement. Une réaffectation de l'espace

ponctuels divers (projection cinéma, expositions, marché de Noël...)

L'espace de l'Eglise, réattribué à un organisme public à but nonlucratif, autorise une liberté dans l'aménagement possible de l'espace, au sens où il appartient autant au clergé qu'aux habitants.

Le densité d'usages permettrait ainsi de faire vivre l'édifice dans le temps et dans l'espace, favorisant les interactions sociales et le vivre ensemble.

L'idée est donc d'imaginer un dispositif mobile qui permette la conservation d'un lieu de culte intime et propice à la prière pour les offices réguliers, mais également l'accueil des grandes messes qui nécessitent la disponibilité totale de l'espace de l'Eglise. Le reste de l'espace pourrait en parallèle accueillir les activités communautaires. Des espaces "fixes" pourraient héberger des activités régulières (café-citoyen, activités manuelles, jeux de société, chant, locaux associatifs...) proposées par les habitants tandis qu'un espace plus vaste, laissé libre, permettraient la tenue d'évènements

Commerce

Rue de la Loire

Parvis

Dilater le seuil

"Le seuil qui sépare les deux espaces indique en même temps la distance entre les deux modes d’être, profane et religieux. Le seuil est à la fois la borne, la frontière qui distingue et oppose deux mondes, et le lieu paradoxal où ces deux mondes communiquent, où peut s’effectuer le passage du monde profane au monde sacré."1 Actuellement, ce seuil est matérialisé par la dizaine de marches qui surélèvent l'édifice par rapport à la Place, ainsi que par le porche d'entrée situé à la base du clocher. Par la création d'un parvis et par 1 Eliade M., Le sacré et le profane, Idées, 1969

Eglise Dilatation du seuil

Coupe projectuelle 112

Parvis

Rue du Commerce


Espace de culte Maintien de l'office du samedi et d'autres messes ponctuelles Parvis Nécessité de travailler le passage du niveau haut au niveau bas, de l'église à sa Place

Espace public Permet l'accueil des évènements organisés par les habitants

Espace de concertation Utilisation de l'étage intermédiaire du clocher

Commerces Conforter le lien entre les commerces et la Place

Axonométrie projectuelle

les nouvelles ouvertures crées au rez-de-chaussée, le seuil se dilate à l'intérieur et à l'extérieur. Cet espace d'interface entre l'espace du culte et l'espace de la rue prend alors la forme d'un espace public couvert qui s'extériorise et renoue avec sa Place, un espace où le monde profane et le monde sacré intéragissent.

habitants (fidèles ou non) de porter un nouveau regard sur cet espace et de s'imprégner de son échelle et de son atmosphère, pour en imaginer le devenir. Ce temps marquerait alors une première étape dans la réappropriation de l'édifice par les habitants. L'idée est donc d'engager un processus de réappropriation par les habitants et de rendre cet espace évolutif, selon les besoins. Le programme des activités se constitue au fil des propositions de ses usagers, dans une optique de partage et de transfert des savoirs, dans le respect des règles définies ensemble.

Un processus d'appropriation Afin de définir les besoins et les envies de chacun des acteurs de ce territoire (appartenant au clergé, habitants fidèles ou non) et de permettre la cohabitation, un temps de concertation semble indispensable. Il s'agit en effet de définir le cadre de cohabitation dans le temps et dans l'espace, des règles de vie commune et de partage. Celui-ci prendrait place à l'étage du clocher, espace de seuil symbolique entre le monde profane et le monde sacré. Des réunions de concertation et des ateliers in-situ permettraient aux

Il s'agit ainsi d'assurer la continuité de l'histoire, par l'addition progressive de fonctions, comme des passages successifs de l'histoire. Par sa publicité et sa capacité à rassembler, ce lieu pourrait alors être le reflet de la diversité et de la singularité de la ville et de ses habitants. 113


114


INCUBATEUR URBAIN Penser l'urbanisation des rives du marais Edouard Eriaud (PFE)

115


TERRITOIRE EN PLEINE EXPANSION Les enjeux de développement urbain de la métropole impacte d'ores-et-déjà les zones rurbaines telles que Cordemais. Au fil des années, de nouvelles populations s'installent et les zones pavillonnaires fleurissent. Contexte péri-urbain

chacun. De fait, comme nous l'avons vu précédemment, les cordemaisiens travaillent peu sur la commune même. Cela signifie que ces nouveaux arrivants vivent d'avantage à l'extérieur de celle-ci. Ils ne font donc que dormir et deviennent dès lors simples "consommateurs" d'espace et de services (associations, équipements,...).

Nous l'avons vu dans l'étude cidessus, la croissance démographique des villes périurbaines se fait proportionnellement à la taille des structures urbaines actuelles. Ainsi, dans le cas de Cordemais, le SCOT impose la construction d'environ 30 nouveaux logements par an pour répondre à la demande de foncier. A l'aube de la révision du SCOT à l'échelle du pôle métropolitaine, on peut aisément considérer que ce chiffre va sensiblement augmenter. La crainte de voir évoluer ces aires, historiquement rurales, en cité-jardin voire dortoirs pour les deux principaux bassins d'emplois Nantes et Saint-Nazaire, nous amène à considérer la question de l'urbanisation et de la densification dans ces zones comme étant de premier plan.

Le développement bourg

du

centre

Les cartographies montrant l'évolution du bâti de la ville entre 1949 et nos jours ci-jointes, nous apprennent deux choses. La première est que l'implantation des constructions s'est principalement faite en lien direct avec la rive de marais. Historiquement, la plupart d'entre elles étaient des fermes en lien direct avec les marais, espaces de pâturage et de fourrage privilégiés. On pense que les terres hautes émergées, d'avantage draînées, étaient réservées aux autres cultures. Cependant, l'urbanisation du centrebourg ne suit pas cette logique mais celle d'une implantation tournée autour d'un lieu de culte protégé et surplombant Cordemais, l'église. C'est aussi le lieu du commerce et de l'artisanat, qui connaît une forte activité au milieu du siècle dernier, en témoigne la présence des quelques 8 cafés pour 1500 habitants contre 2 aujourd'hui, alors que la population a doublé.

Nouveaux arrivants Le prix encore "attractif" des terrains sur la ville, couplé à leur faible taux d'imposition, attire de nouveaux habitants desireux de faire construire ou d'acheter une maison sur la commune. Nous avons pu constater lors des ateliers publics qu'il s'agissait dans la majorité des cas, soit de jeunes ménages d'actifs avec enfants, soit de retraités venus profiter d'un cadre de vie rural à deux pas de la ville. Cette différenciation marque des modes d'habiter propres à 116


L'expansion rapide et très récente du centre-bourg s'est faite à la manière d'un collage, une accumulation de zones pavillonnaires en poches, au détriment d'une continuité urbaine en terme de cheminements, séquences bâties, et rapport au paysage. Ces formes urbaines mettent en avant un tracé de géomètre au détriment des interactions sociales et spatiales

qu'elles pourraient succiter. Dans l'optique d'une densification inévitable des espaces vacants dans le bourg de la ville, nous nous demandons comment générer un projet urbain ancré dans le territoire et en lien avec les attentes plurielles des nouveaux et anciens cordemaisiens.

Carte de Cordemais en 1949

Carte de Cordemais en 2015 117


PENSER LA VILLE ENSEMBLE "Et, petit à petit, les habitants sortiraient de leur mutisme et se mettraient à agir. [...] Ce n'est pas une révolution, bien au contraire, c'est une réconciliation..." - Lucien Kroll -

L'expérience des ateliers publics, de la marche urbaine ainsi que des restitutions prévues auprès du conseil municipal et des habitants, nous place dès lors comme intermédiaire dans un processus de négociation, tentant de faire la synthèse des attentes énoncées par les divers acteurs de la ville, à différentes échelles. Mettre l'ensemble de ces dits acteurs autour d'une même table pour parler de la ville de demain, c'est initier une dynamique participative dans la création d'un projet commun, humain et intégré pour Cordemais.

leur arrivée dans la commune, à se dire "cordemaisiens". C'est notre engagement auprès de toutes les personnalités que nous avons rencontré (élus, habitants, techniciens, employés, experts), ainsi que l'intérêt et les attentes qu'ils portent envers notre démarche qui sont les moteurs premiers de ce projet. Des exemples alternatifs Le participatif au sens large du terme est désormais un processus imposé par la règlementation française, au travers notamment de la loi SRU et l'ANRU. Cependant, ce qui est entendu comme concertation habitante, se transforme souvent en présentation des formes urbaines ou architecturales pré-établies aux intéressés. A contrario, les projets et réflexions développés par Lucien et Simone Kroll depuis la fin des années 70 donnent un autre écho à l'acte constructif partagé. Pour lui, « il est irrationnel d’imposer des éléments identiques à des habitants divers. Cela les rend identiques, amorphes

Cette expérimentation d'une démarche de terrain nous a aussi montré que sur cette commune, la création d'un lien fort et de confiance avec les usagers, nécessitait que nous restions sur un temps long. Réintégrer l'habitant au sein d'un processus démocratique de construction de la ville permettrait nous le pensons d'être un réponse aux problématiques de poches urbaines que nous avons évoquées. De plus, cela permettrait de palier à la déprise des nouveaux arrivants qui ont du mal, des années encore après 118


ou révoltés ».1 Patrick Bouchain lui aussi, à la manière de l'université foraine qu'il développe à Rennes, fait de la "permanence architecturale" un acte militant permettant notamment de faire émerger un projet par la participation en travaillant sur l'appropriation préalable des lieux. Cette expérimentation de l'espace par le corps, mobilise autour de programmations culturelles entre autres, l'ensemble des savoirs experts et quotidiens. Le chantier est pour lui un moment permettant "à ceux qui construisent de laisser la trace de leur sentiment et c'est cette charge émotionnelle qui va donner de l'enchantement à l'architecture qui sera alors chargée de substance de ceux qui l'on réalisée."2

de mairie vise à identifier et mettre en relations les différents acteurs de la municipalité dans le but de mieux définir la commande et les personnes qu'elle implique. Quels dispositifs et structures permettraient ainsi de réprésenter les différentes instances (habitantes, institutionnelles, associatives,...) autour d'un projet urbain commun? Organisation en CLT Les CLT ou Community Land Trust ont été pensées et expérimentées aux Etats-unis, puis importées notamment au Royaume-Uni et en Belgique. Encore à l'étude en France, la Loi ALUR, prévoit d'en reprendre les principes fondateurs au travers des Organismes Fonciers Solidaires. Un CLT est un organisme à but non lucratif (type association) qui a pour objectif d'acquérir des parcelles pour une gestion collaborative de l'habitat. Ainsi, le CLT reste propriétaire des terrains qu'il loue par un bail classique. Les personnes désireuses de faire construire peuvent le faire et restent elles propriétaires du bien.

Lieu de la participation Le recul pris sur la démarche initiée sur Cordemais nous a permis de mettre en évidence une difficulté à mobiliser des populations aux profils sociaux divers sur des temporalités très marquées (les ateliers publics étendus sur trois journées successives). Ceci suggère que la permanence architecturale, sur un temps long, peut être seule garante d'une reprise politique au sens noble du terme, des habitants, dans la vie de leur commune et des projets qu'elle porte. Un "habiter avant de bâtir" qui ne considèrerait pas seulement la participation au sens habitante mais citoyenne, c'està-dire qu'elle concerne aussi bien la concertation entre les élus, services administratifs et techniques des communes ou intercommunalités, qu'entre habitants, usagers et associations locales. L'exemple du projet du Teil mené par l'association "De l'Aire" et qui nous a été présenté lors d'une conférence débat, appuie le fait que la participation concerne aussi et surtout ce qui est aujourd'hui le pouvoir décisionnel: leur portait

Schéma classique critiqué:

Mairie possède ou préempte puis vend

promoteurs et géomètres divisent en lots

Nouveaux arrivants construisent leurs logements

1 Lucien Kroll, conférence avec Patrick Bouchain au Lieu Unique, 2015. 2 Patrick Bouchain, construire autrement, éditions Actes Sud, 2006. 119


Elles peuvent par la suite le revendre en fonction du prix du marché. De plus, en séparant bien immobilier et propriété du sol, les CLT sont garantes de la co-construction et de la co-gestion du projet, d'un accès favorable aux personnes à revenus modérés, d'une pérennité d'accès au logement et évite tout effet spéculatif. L'ensemble des acteurs communautaires, à savoir les habitants du territoire en question, mais aussi des associations engagées en ces lieux et les élus de la ville, font tous parti du conseil d'administration à parts égales. Cette organisation horizontale et non hiérarchique permet de créer un projet urbain commun intégrant les besoins réels du territoire et des usagers. A l'inverse d'un foncier revendu par le ville à un promoteur qui, par un tracé géomètre, optimisera l'investissement financier vis-àvis ses potentielles retombées, ce type d'organisation privilégie les intéractions sociales dans le projet urbain : La négociation et la coconstruction sont entendus comme acte permettant d'habiter, au sens défendu par Heidegger, c'est-à-dire "la façon dont tu es et dont je suis, la manière dont nous autres hommes sommes sur terre."3

Organisation en CLT :

Un travail de collage réalisé durant le temps de workshop avait fait émerger cette dimension du "penser ensemble" et d'une nouvelle façon

d'habiter. Celui-ci prenait place autour d'un site précis et à enjeux, l'étier de Cordemais.

Mairie possède ou préempte puis vend

Participation de tous les membres de la CLT au projet urbain

?

Les biens appartiennent aux propriétaires

Terrains de la CLT loués

3 Martin Heidegger, essais et conférences, "Bâtir, habiter, penser.", p.172

Collage projectuel 120


RETOURNER LA CONTRAINTE

Marais de la Roche Prés deRohars

"Le marais, l'étier et la lisière"

L'étier de Cordemais marque une limite physique mais aussi administrative du développement urbain du centre-bourg. Néanmoins, bien plus qu'une contrainte, il est le lieu de nouveaux possibles, propice à l'échange et aux interactions. En lisière d'étier après les basses mers, et au dessus d’un coefficient 70 selon Michael Vallet, notre pêcheur local et passeur d’histoire de Loire. En témoigne aussi le carrelet en bois de Marcel, immiscé entre la végétation des berges, et surplombant l'eau. Du plan d'eau créé par la ville et juxtant le port de plaisance jusqu'à la maison de la chaussée, future gîte également créé à l'initiative de cette dernière, chemine une promenade, un parcours santé. On circule alors entre le marais, le cour d'eau, et une végétation hélophyte (plantes de berges, roseaux, joncs et fougères...) d'un côté, des prairies inoccupées, parsemées de frênes, de chênes et de haies bocagères de l'autre.

Le développement du bourg s’étend désormais de manière centripète. Entre zone de marais et espaces bâtis, se créer dès lors une marge qui se dilate et se rétrécie au fil du pourtour de la péninsule émergée de Cordemais : une lisière constituée de prés boisés en dénivelé, d'une ripisylve et d'un cour d'eau. Ce dernier, l'étier de Cordemais, s'étend du bras de Loire, en aval du port, aux coulées vertes du sillon de bretagne dessinées par le ruissellement des eaux de pluie plus au Nord. Il joue un rôle essentiel dans l'alimentation en eaux des prés de Rohars et du marais de la Roche. Il est aussi un lieu de pêche, à la civelle notamment, navigable jusqu’à une heure avant et 121


Une limite à franchir

des deux intercommunalités, ainsi que le passage de la Loire à Vélo Nord dans ces espaces, la mise en relation de ces derniers est un enjeu d'aménagement que nous avons identifié.

Cet étier marque une frontière physique et administrative. En effet, il constitue une ligne quasi infranchissable entre le centrebourg et les terres d’eau. Plus encore, il est l’élément « naturel » choisi comme délimitation entre la commune de Bouée, à l’Ouest, de celle de Cordemais, à l'Est. Cette fracture territoriale, ne se résume pas à une simple dichotomie intercommunale. Elle fait intervenir des enjeux d’aménagement à une échelle supérieure, celle de deux Communautés de communes distinctes : CC Cœur d’Estuaire (Cordemais) et CC Loire & Sillon (Bouée). Le manque de politiques territoriales communes et de répartition des richesses (taxes, dotations,…) entre celles-ci, explique que les aménagements et communications entre elles ne se résument qu’à un pont routier situé au niveau de l’écluse de la chaussée, là où les terres hautes se rejoignent. Pour exemple, les sentiers de randonnées tracés et régulièrement arpentés, évoluent en parallèle de part et d’autre de l’étier sans pour autant que l’on puisse passer d'un sentier à l’autre. Pourtant les circuits de Bouée nous emmènent à la découverte de hameaux tels que La Coquerais ou Rohars qui recellent d'un patrimoine estuarien commun à l'histoire des deux villes (villages de pêcheurs, Chapelle de Rohars,...). Dans une logique de réunion future

Quel statut ? L'ensemble des terrains en rive de l'étier, côté Cordemais appartiennent à la commune. La politique actuelle de la ville concernant ces espaces tend à les figer, dans une volonté de conservation d'un corridor végétal. Ainsi, la mairie a signé des contrats avec des agriculteurs locaux pour que quelques bovins investissent les lieux et garantissent un pâturage d'entretien, plusieurs mois dans l'année. Nous questionnons de fait l'avenir de ce corridor selon deux aspects. Le premier étant l'immensité du marais et des prés de Rohars qui s'étendent tout autour des espaces bâtis et constituent en eux un "corridor" où se développent une végétation et une faune endogène et riche. Le deuxième concerne l'objectif de 4500 habitants fixé par le SCOT pour 2030, donnant de fait à cette marge un caractère de réserve foncière indéniable. Même si la majorité du périmètre de pertinence identifié ne fait pas partie des zones concernées par le PPRI, dont la limite correspond à la montée des eaux de 2010 (Xynthia), il convient d'apporter une attention particulière à créer une urbanisation

L'étier de cordemais 122


Ancien Hameau

Gîte de la maison de la chaussée

Nouvel EHPAD Nouvelles maisons individuelles Ancien EHPAD/ projet d'Ecoquartier Rue Saint-Samson Périmètre de pertinence

prenant en compte la gestion des risques liés à l'eau. Caractéristiques Penser l'insertion dans un tel lieu nécessite d'identifier quelques éléments constitutifs environnants et permettant d'introduire les premiers principes urbains. Le lien avec le bourg se fait par le rue Saint-Samson qui longe un périmètre de pertinence urbanisable. De l'autre côté de celle-ci, un ancien EHPAD qui va être détruit pour accueillir un Ecoquartier. Mis à l'étude auprès d'un contructeur, il devra, selon le cahier des charges de la mairie, travailler autour de la continuation de tracés et percées vers l'étier et le marais. Les venelles végétales ou minérales, circulant entre les constructions du bourg nous semblent un élément indentitaire qu'il convient de réinterpréter dans une logique de circulation douces et de transition vers le privé. Enfin, le dénivelé d'environ 8 mètres du terrain d'étude et la présence de voies carrossables permettent de penser des accès différenciés aux habitations et un lien physique fort avec le paysage.

Route carrossable et parcours santé

Venelles végétalisées

Carrelet en surplomb de l'étier 123


L'INVENTION D'UN NOUVEAU RIVAGE

Schéma : du bourg au marais.

La posture de rive implique un rapport d'altérité avec ce qui lui fait face : le marais et les prés de Loire. Ce sitepaysage, façonné par l'homme, appelle à un ailleurs, et l'histoire des pratiques qui y sont associées esquisse aujourd'hui les contours d'un nouveau rivage. Vers un troisième rivage?

puis des syndicats de marais et aboutissent à la création du marais dit moderne, grâce à un large réseau de canaux et d'étiers. Les capitalistes voient dans la création de poldères, une oportunité d'optimiser le rendement des terres pour les louer à prix d'or. La reprise de gestion de ces espaces par les syndicats tend par la suite à prôner l'intérêt général et un entretien collectif des 1750 Km de canaux.

Dans l'histoire de la formation du marais, les constructions se sont toujours développées à la jonction de ces terres d'eau et des plateaux émergés. Selon Eric Lemerle, directeur de l'association Estuarium, ce sont deux nouveaux rivages qui ont été créés au cours du temps. En effet, ces zones humides majeures ont été façonnées au cours du XIIème siècle par les moines, pour un usage strictement agricole. Ils se seraient plutôt attardés à la construction du "marais du fond", à savoir le marais du Lot et de la Roche, plus facile à aménager car moins submersible. Une deuxième "passe" au XVIII-XIXème siècle marque la reprise de ces zones par des groupements capitalistes

La fin du XXème siècle voit l'avènement d'un troisième regard porté sur ces terres, celui d'un espace de loisirs (randonnées, chasse, pêche,...) et l'émergence de préoccupations écologiques. Ces dernières ont été en grande partie portées par des universitaires et associations, qui ont

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milité pour une phase de protection et le maintien de l'activité agricole, garante de l'écosystème endogène. Un territoire pratiqué Les pratiques de pêche, de fourrage et de pâturage ont été à l'origine de la formation de ces zones et contribuent encore de nos jours à les faire vivre. Néanmoins, d'autres usages de ces espaces participent à en faire un espace de loisirs et d'aménité sociale et paysagère. Dans une étude sur la chasse au gibier d’eau en France au XIXème siècle, Christian Estève, nous raconte à la manière d'Alain Corbin dans l'invention de la plage, comment une activité populaire de chasse a, au cours du siècle dernier, été récupérée par une classe bourgeoise, Investissant et modifiant l'usage social de ces prairies humides :

La Brume ou l'inconnu sous forme de mystère

haute du site, le marais qui se remplit "à blanc" lors des grandes marées, la végétation en présence sont autant de manières de sentir la Loire. La montée des eaux efface les limites connues pour en définir de nouvelles, redonnant à Cordemais son caractère insulaire. Ces rives se transforment dès lors en un lieu d'échanges inédit et éphémère, un échappatoire vers l'autre bout du monde, en écho à l'histoire portuaire de Nantes. Michael Vallet évoque le caractère privilégié qu'il entretient avec l'eau et le sentiment de "liberté" qu'elle lui inspire . Le retournement de l'image du marais concerne également l'artialisation de ces lieux, alimentant l'imaginaire et la représentation que nous en avons. Des artistes locaux comme Bernard Bretonnière ou en encore Yvon Labarre, ont contribué à révéler le charme et la diversité de ces paysages de Loire, évoquant aussi parfois la brume et le passé sombre de l'histoire du fleuve. Enfin, Lors de la Marche Urbaine, Gilles et sa femme nous ont expliqué qu'ils avaient souhaité acheter une maison puis un terrain le long de la rue Saint-Samson, évoquant le plaisir de contemplation matinal d'un tel paysage.

"En Brière, pour la chasse et la pêche, on finit par accepter des « étrangers », à charge pour eux de payer des taxes plusieurs fois supérieures à celles des autochtones.1 Les habitants de Nantes pouvaient se rendre dans la baie de Saint-Nazaire pour chasser le canard dans une sorte de prairie inondée l’hiver."

Ces pratiques ont participé à la création du désir d'habiter l'espace rurbain. Un site paysage Depuis la situation de berge en pente que nous avons identifiée, se dessine un horizon paysager dégagé, appelant au voyage et à l'évasion. Le fleuve visible en partie 1 Albert GUIHAIRE, La Brière en droit coutumier, thèse pour le doctorat, Rennes, impr. Simon, 1942

Vue depuis la rive 125


INCUBATEUR URBAIN "Il faut permettre à ceux qui construisent de laisser la trace de leur sentiment et c'est cette charge émotionnelle qui va donner de l'enchantement à l'architecture qui sera alors chargée de substance de ceux qui l'on réalisée." - Patrick Bouchain -

Temps 0: • Constitution de l'association sur le modèle des CLT, regroupant tous les acteurs du projet urbain. • Travail d'identification des éléments bâtis et paysagers à conserver et/ou réinterpréter.

L'incubateur urbain, comme lieu dans lequel prennent place la démarche participative et la co-construction d'un projet urbain, s'installe à la lisière de l'étier. Il se situe dans un temps suivant la constitution d'une association suivant le modèle des CLT. Son insciption dans le site et l'écriture architectural qu'il développe se donne pour principe de mettre en valeur l'environnement paysager qui lui est attenant, ainsi que les pratiques qui y sont liées. Il est le lieu d'un habiter avant de bâtir:

Temps 1: • Poser la première pierre du projet : construction de l'incubateur urbain comme lieu de négociation et siège de l'association. • Construction de premières habitations expérimentant une insertion dans le site.

"Quant aux constructions qui ne sont pas des logements, elles demeurent toutefois déterminées à partir de l'habitation, pour autant qu'elles servent à l'habitation des hommes. [...] Habiter et bâtir sont l'un à l'autre dans la relation de la fin et du moyen."1

Temps 2: • Co-construction du projet urbain menant à la viabilisation et desserte des différentes parcelles. • Création d'un franchissement vers le marais.

L'expérimentation de nouvelles typologies d'habitat en rive accompagnera la création de cet incubateur ainsi que le franchissement de l'étier vers les espaces de marais et les sentiers de bouée.

Temps 3: • Construction des diverses habitations. • Dynamique de quartier portée par des projets socio-culturels qui peuvent prendre place dans l'incubateur.

1 Martin Heidegger, essais et conférences, "Bâtir, habiter, penser.", p.172

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Ancien résidents

Ancien hameau englobé dans le bourg

Nouveaux arrivants

Projet Eco-quartier urbanisation de la rive

Elus et services techniques

Acteurs socioculturels

Gîte de la maison de la chaussée

Résidents de la maison de retraite

Nouvelle maison de retraite «le prieuré»

Architectes & urbanistes

Acteurs en mobilisé par le projet

rue saint-samson

usagers de passage

Plan masse

Coupe sur Terrain Naturel - en rive de marais 127


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LE RÉVEIL DE LA LOIRE Vers une redécouverte du fleuve et de ses rives Héloïse Gevrey

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CORDEMAIS, COEUR DE MER? La Loire de Cordemais, c’est en fait le bras de Loire, ce que les habitants appellent « le trou ». Et la Loire, la vraie, oubliée de ses habitants, s’écoule secrètement derrière la centrale, qui empêche tout rapport direct des habitants avec le fleuve et avec ce qu’il y a au-delà. Un fleuve inaccessible

Cordemais aujourd’hui retraité, a gardé ce lien étroit avec le fleuve et porte toujours sur lui un calendrier des marées :

Arrivé en bord de Loire, sur l’île de la centrale, on a la sensation d’être arrivé « au bout ». On va voir le fleuve, au pied de la Villa Cheminée, et il ne s’agit que d’un aller-retour, c’est comme si le fleuve restait figé en un objet purement contemplatif. Malgré sa proximité, le fleuve semble inaccessible.

« On a toujours vécu avec la Loire, on va toujours au rythme de la Loire » Des témoins de cet ancien rapport à la Loire restent malgré la présence de centrale : les cales du quai neuf, l’ancien port abandonné dans le courant du XXème siècle ; la cale des Carris, sur la berge d’en face, témoin d’une connexion passée entre les deux rives ; la rue de la Loire qui s’arrête désormais au port mais dont le nom rappelle sa destination d’origine : le fleuve.

La sensation d'arriver au bout

La rupture avec le fleuve : l'arrivée de la centrale L’usage du fleuve par ses habitants a peu à peu disparu, et l’arrivée de la centrale en 1970 a achevé cette déconnexion. Les champs cultivés et la petite plage de l’île ont disparu, l’hippodrome a fait place au parc à charbon et la centrale s’est

Un lien historique fort Pourtant, il existe un lien historique fort entre la Loire et les cordemaisiens. Marcel, natif de

Les bords de Loire sur l'île de la centrale : on devine le fleuve derrière les roselières.

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« La centrale, elle nous prive de la Loire » appropriée la rive, bloquant l’accès au fleuve. Les quelques promeneurs que l'on y croisent sont attirés par la Villa Cheminée, qui trône depuis 2009 à l'extrémité de l'île dans le cadre de la biennale d'art contemporain Estuaire. Le reste de l'île semble appartenir à la centrale et l'on y ressent comme un malaise, la sensation d'une présence illégitime . La centrale indissociables

et

la

Une interdépendance s’est créée entre les deux : l’eau du fleuve est utilisée pour refroidir les turbines de la centrale, et son rejet dans le bras de Loire permet d’empêcher son envasement. Le port du bras de Loire a ainsi pu être réhabilité pour les activités de plaisance et la pêche à la civelle, qui a connu une recrudescence grâce au réchauffement de l’eau provoqué par l'activité de la centrale et qui en favorise la prolifération. Le fleuve prend également part au fonctionnement de la centrale en permettant l’acheminement de charbon et de fioul par barges depuis Montoir de Bretagne et Donges. Ainsi, si le fleuve est bel et bien actif à l’échelle de la centrale, c’est à une échelle plus humaine qu’il convient de le remettre en mouvement, afin de réactiver le caractère ligérien de Cordemais.

Loire,

Cependant, avec le temps, les habitants ont appris à vivre avec la centrale. Ils ne la voient plus, la "Grande Dame" est devenue un élément indissociable du paysage cordemaisien. Elle en fait un lieu fortement identifiable dans l’estuaire grâce à ses monumentales cheminées, véritable repère dans le paysage qui sont comme le clocher de la ville. Elle représente aujourd’hui son patrimoine industriel, dont l'influence s'étend à l'ensemble du territoire à l'échelle régionale. Paradoxalement, cette centrale qui met une distance entre le fleuve et ses habitants y est étroitement liée.

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LA LOIRE, VECTEUR DE CONNEXIONS Aujourd'hui, l'estuaire est devenu un lieu de passage où transitent chaque année près de 35 millions de tonnes de marchandises. Les voies fluviales sont de plus en plus perçues comme des alternatives au trafic routier, et leur utilisation va être amenée à se développer suite à la décision du Grenelle de l’environnement d’augmenter la part des transports non routiers de 12% à 25% d’ici 2020. Le fleuve est donc un vecteur de connexions naturel entre les différents ports de l’estuaire.

reste limité, et l'en face reste pour les cordemaisiens un territoire presque inconnu malgré sa proximité. En renouant avec l’usage du transport fluvial sur la Loire, on met à profit ce potentiel et l’eau, élément structurant du paysage estuarien, redevient le support de ces échanges. On donne alors aux habitants de Cordemais et d'ailleurs la possibilité de traverser et pratiquer ce qui représentait une frontière, et le trajet sur l'eau devient l’occasion de découvrir le territoire sous un angle nouveau en en inversant la polarité. Ces liaisons offrent en se couplant aux autres connexions établies dans l'estuaire (comme par exemple l'itinéraire de la Loire à vélo) une mixité de parcours.

Le fleuve, intermédiaire entre les deux rives Seulement, il est aujourd'hui un lieu de passage plus que d'échanges. Le dialogue entre ses rives nord et sud

Des potentiels de connexions entre les deux rives du fleuve LEGENDE Réseau ferroviaire Gare SNCF

SAVENAY

Réseau routier Port ou embarcadère

MONTOIR-DEBRETAGNE

Connexions nord-sud potentielles Loire à vélo rive sud projet de Loire à vélo rive nord Pont Traversée par bac

DONGES

SAINT-NAZAIRE CORDEMAIS

PAIMBOEUF

SAINT-ETIENNE-DEMONTLUC

cale des Carris COUËRON NANTES

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ENTRE DEUX ÉCHELLES

Un espace entre eau, nature et industrie

Un espace de contrastes

entités : l’espace boisé de la villa cheminée, l’eau, et l’industrie. Elle est une amorce sur le fleuve et entame déjà, avant même le début de la traversée en bateau, le processus de connexion et d’immersion dans le fleuve. Cette halte est un belvédère qui vient se mesurer à la grandeur de la centrale et souligne les contrastes d’échelles. Un café et une halte à vélos complète le programme. C’est un lieu de croisement où se rencontrent, au gré des saisons et des temporalités, cordemaisiens, habitants venus d’ailleurs et visiteurs de l’estuaire.

Une des particularités de l’île de la centrale est qu’elle confronte deux échelles contrastées. Au milieu du paysage monotone et horizontal des rives ligériennes, la centrale, monumentale, vient briser cette monotonie et se dresse, haute et verticale, faisant de ce lieu un lieu hors échelle. C’est donc naturellement que le projet vient prendre place à la jonction entre ces deux échelles. Cet espace est également le théâtre d'une rencontre entre un paysage industriel très marqué avec celui, plus sauvage, de la rive du fleuve. Une halte fluviale Le programme est une halte fluviale qui vient créer un lien entre trois

Le contraste des échelles : la centrale, un repère dans le paysage 133


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MISE EN DÉBAT Suite à la marche urbaine, et dans la continuité de notre démarche, nous avons convenu, avec M.Geffroy, d'une restitution de notre travail le mercredi 13 Janvier, à 18h, en séance plénière.

Le rendez-vous était donné dans l'imposante Salle du Conseil. Une quinzaine d'élus ainsi que le Maire ont pris place derrière une longue table, tandis que nous étions debout, face à eux. Une synthèse de notre analyse et une présentation succinte de nos projets individuels ont permis de lancer le débat. Le Maire a été le premier à réagir, en évoquant sa surprise et sa "déception" quant à la modestie de nos projets : "Je m'attendais à des projets qui décoiffent un peu plus !". Cette réaction nous a semblé entrer en cohérence avec notre posture globale, de faire des projets à une échelle locale, ancrée dans le territoire, en contrepoids des visions métropolitaines de la municipalité. Certains sujets, comme la gestion de la vie associative ou l'aménagement de la Place de la Mairie et de l'allée des Marronniers, ont également suscité le débat, entre le Maire et nous, mais également entre les élus, qui n'étaient pas tous d'accord. Ces désaccords entre élus, qui sont aussi des habitants, ont révélé la nécessité du "faire ensemble". Ainsi, nous avons longuement discuté autour de l'intérêt de la démarche participative et de l'implication des habitants dans la fabrication de leur ville. Plusieurs élus, ainsi que le Maire, ont évoqué leur peur que le discours soit accaparé par quelques personnes, et qu'il se développe un contre-pouvoir. Si la municipalité ne semble pas prête à initier des projets dans ce sens, notre démarche aura sans doute permis de déplacer leur regard sur leur territoire et sur la manière dont ils fabriquent leur ville aujourd'hui. Enfin, nous avons été plusieurs fois interpellés en tant que "futurs jeunes architectes", autour de questions générales sur l'avenir à long terme de la ville et de la métropole. Cette posture professionnalisante, à l'approche du diplôme, nous a permis de questionner notre rôle de jeune architecte, et l'intérêt porté à notre travail. Le débat s'est clos autour d'un verre, avec quelques élus et le Maire. Ces discussions plus déliées ont révélé un discours progressiste du Maire, autour de la nécessité d'aller au-delà des règlementations et de développer des projets audacieux. Certains élus ont également conforté leur opposition à certains projets et la nécessité de mieux communiquer auprès des habitants, et de changer les modalités du débat public pour qu'il soit plus fructueux. 135


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Remerciements à : Christian Dautel, directeur de l’ENSA Nantes ; Nicolas Schmitt, secrétaire général de l’ENSA Nantes ; Pascal Pras, vice-Président de Nantes Métropole pour son investissement pour l'association arts de faire ; Flore Grassiot, architecte, pour le partage d'expériences et ses astuces pour la préparation des ateliers publics ; Ricardo Basualdo, artiste et scénographe urbain, pour ses analyses pertinentes et son regard décalé ; Chérif Hanna, Saweta Clouet et Eric Chauvier, enseignants à l’ENSA Nantes, pour leurs connaissances et leurs apports théoriques toujours pertinents, pour les longues et riches discussions que cela a suscité, mais aussi et surtout pour leur humanité, leur patience et leur écoute ; Le Collectif De l'Aire, le Collectif Le bruit du frigo et le Collectif Bivouac, pour leur retour d'expériences, leur travail et les débats que cela a pu générer ; Jennifer Aujame, cinéaste, pour la découverte de nouveaux outils qui ont contribué à enrichir notre travail ; Evelyne Thoby, responsable de la reprographie de l’ENSA Nantes, pour son travail ; Et surtout à tous les habitants qui ont contribué à ce travail, par leurs récits et par le partage de leurs connaissances, pour leur gentillesse et leur accueil chaleureux : Monsieur Geffroy, Maire de Cordemais, et ses élus, pour le temps, l'écoute et la confiance qu'ils nous ont accordés tout au long de notre démarche ; Marie-Noëlle Le Corre, responsable du service Urbanisme, pour sa disponibilité et pour son aide, ainsi que l'ensemble des services techniques et du personnel municipal, pour leur accueil ; Josée et Dédé, nos passeurs privilégiés, qui ont su nous intégrer et nous mettre en contact avec de nombreux habitants (et leurs sandwichs gargantuesques !) ; Katell, qui nous a fait partager un bout de son quotidien au travers de son itinéraire (et ses délicieuses galettes !) ; Miko, pour la longue ballade à vélo, son investissement continu et son accueil chaleureux ; Marcel, pour toutes les histoires qu'il nous a raconté, pour sa gentillesse et sa bienveillance ; Eric Lemerle, pour ses connaissances approfondies du territoire, qu'il nous a généreusement fait partager, Raymond, pour le temps qu'il nous a accordé et pour ses discours sans langue de bois ! ; Mika, pour l'escapade sur la Loire et son sentiment de liberté partagé ; Monsieur Lecerf, pour son investissement à tous points de vue, en tant qu'habitant, élu et diacre, et pour son ouverture d'esprit ; Isabelle, gérante de l'Ancre de Marine, pour sa gentillesse, son accueil et les moments agréables passés là-bas ; Isabelle, de la quincaillerie Pichon, pour son engagement et ses idées ; Michèle, du café la Croix-Morzel, pour son accueil et les anecdotes qu'elle nous a fait partager ; Daniel, qui nous a ouvert la porte de son mobil-home mais aussi d'un bout de sa vie ; Alain, Jean-Pierre, Jean-Paul, l'autre Alain, André et Sylvie, pour leur participation aux ateliers publics, leur curiosité et l'intérêt porté à notre travail ; Jean-Pierre, journaliste à Presse Océan, pour le bel article qu'il a écrit sur nos ateliers publics, mais également pour les discussions riches que l'on a eu à cette occasion ; Gildas, Gilles et Jacqueline, pour leur participation à la marche urbaine, l'intérêt qu'ils portent à leur territoire et à notre démarche, et pour les riches discussions que cela a engendré. Enfin, nous remercions Eglantine, Colette et Joffrey, pour le partage de leurs connaissances du territoire, leur aide et pour les astuces et les contacts qu'ils nous ont donnés ; Tous les étudiants de l'option Estuaire 2029, pour les bons moments passés ensemble, l'entre-aide, la solidarité et l'investissement de chacun ; Bohra, Rossila et Pierre, pour leur soutien, leur écoute et l'aide apportée ; Et pour tous les proches, amis et famille, qui nous ont soutenus et supportés tout le long de ce semestre.


ESTUAIRE 2029

Dérives des rives « Une vasière protégée fait face aux quais remblayés, au bout de l’île une perspective sur l’estuaire se dessine, on aperçoit Montoir et Donges. On nous raconte qu’ici c’est un territoire d’îles qui émergent à marée haute, qu’on y pêche le bar lorsqu’il remonte le courant. Pour le moment la marée est basse et ce sont des plages qui se dévoilent, des plages de vase. Les contrastes sont saisissants, l’horizontalité du grand paysage de marais côtoie la verticalité des cheminées de la centrale électrique ; Le bruit de l’eau, le gazouillis des oiseaux et, derrière celui des pelleteuses, la brume au sol laisse place aux fumées des cheminées dans le ciel. » Ce mémoire retrace l'approche urbaine et architecturale d'un collectif étudiant, parti à la rencontre des cordemaisiens. Au travers d'une démarche de terrain croisant l'analyse cartographique aux récits du quotidien, il dresse un portrait subjectif d'une ville postindustrielle en pleine mutation.

arts de faire - janvier 2016


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