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Témoignages

Le BCI interagit au quotidien avec de nombreux partenaires en soutenant des projets portés par les milieux associatifs. Durant la crise sanitaire, les partenaires ont fait preuve d’une adaptabilité, permettant ainsi de garantir des prestations de qualité et de développer de bonnes pratiques en faveur de l’intégration et de la prévention du racisme, et ce, malgré une situation complexe. Retrouvez les témoignages de trois organisations qui partagent leur expérience, les défis rencontrés et les bonnes pratiques issues de ce contexte inédit.

Lire et Ecrire Vaud

L’association Lire et Ecrire favorise l’accès des adultes à l’écrit, pour leur permettre de gagner en autonomie au quotidien et de participer pleinement aux différents aspects de la vie en société. Organisée en 4 régions, Lire et Ecrire Vaud est présente dans 17 localités et propose 90 cours pour des adultes qui parlent le français (B1 à l’oral), mais qui sont en difficulté avec l’écrit. De l’alphabétisation à l’entrée en formation qualifiante, les cours s’adaptent aux projets et aux rythmes des participant-e-s.

Sabina Gani, directrice

Qu’avez-vous mis en place pour continuer votre activité durant la première et/ou la deuxième vague de la pandémie?

L’ensemble des équipes s’est mobilisé très vite avec un énorme engagement pour maintenir le plus possible d’apprenant-e-s en formation. L’association a pu réagir rapidement et mettre en place des solutions adaptées à un très grand nombre de situations (90% des prestations ont ainsi été maintenues à distance lors de la première vague) grâce à un personnel formé et engagé, à une pédagogie centrée sur l’individu et à la confiance des principaux financeurs.

Quels défis et/ou quelles difficultés avez-vous identifié-e-s?

Le public faiblement qualifié qui participe aux cours de Lire et Ecrire a été particulièrement en difficulté dans la maîtrise des outils numériques, mais aussi dans la compréhension et le traitement des nombreuses informations émanant des autorités publiques, et ensuite dans la gestion de l’école à la maison. De grands progrès dans le domaine numérique doivent toutefois être soulignés. L’anticipation de la deuxième vague a permis d’équiper les apprenant-e-s en outils informatiques.

Y a-t-il une bonne pratique que vous allez pérenniser au sein de votre organisation?

Premièrement, la place du numérique dans les cours va être maintenue et développée grâce à une stratégie (2020-2024) qui vise à accompagner les personnes faiblement qualifiées dans le virage numérique. Deuxièmement, des pistes sont actuellement explorées pour proposer des cours à distance à des apprenant-e-s qui ont des horaires de travail irréguliers. Enfin, plusieurs autorités publiques ont pris conscience, pendant la crise, de l’importance de communiquer en français facile à lire et à comprendre (FALC) et/ou en langage simplifié. Lire et Ecrire poursuivra et développera son activité dans la simplification des documents.

Association Palabres

A travers une approche communautaire et participative, l’association Palabres a pour mission principale de favoriser les liens entre la société d’accueil et les personnes migrantes pour aller vers un mieux vivre-ensemble et de nouvelles formes de solidarités. Palabres a développé différentes activités visant la promotion des liens sociaux : espace d’accueil, ateliers de français orientés vers les besoins de la vie quotidienne, espaces de parole, orientation et information, encadrement pour des projets collectifs, ciné́-club, activités sportives et ludiques à visée socialisante.

Camilla Alberti, Valentine Archinard, Sophie Grangier, Carole Guignet, responsables

Qu’avez-vous mis en place pour continuer votre activité durant la première et/ou la deuxième vague de la pandémie ?

Dès la première vague, nous avons rapidement adapté nos activités pour qu’elles puissent se réaliser le plus régulièrement possible, notamment des cours de français par visioconférence. Afin de maintenir le lien lors des périodes de confinement, nous avons également augmenté les moments d’échanges (virtuels) en organisant des espaces de parole hebdomadaires. Des échanges de pratiques entre les bénévolesformatrices et formateurs ont également rencontré beaucoup de succès. Grâce au soutien de nombreuses et nombreux bénévoles et à leur flexibilité, certaines activités ont été maintenues. Les activités proposées ont également permis de créer et de maintenir des liens privilégiés entre bénévoles et participant-e-s.

Quels défis et/ou quelles difficultés avez-vous identifié-e-s?

Cette période a notamment nécessité un travail de coordination plus important. L’organisation des activités à distance a fait surgir plusieurs défis, tant pour les formatrices et formateurs, les bénévoles, les participant-e-s, que pour les coordinatrices et coordinateurs. Outres les aspects techniques, les difficultés pouvaient être de différentes natures: trouver un espace de tranquillité pour l’apprentissage du côté des participant-e-s, gérer le temps passé devant un écran ou encore assurer le suivi pour les formatrices, formateurs et bénévoles. De manière générale, nous avons également constaté une baisse générale des participations aux espaces de parole en ligne.

Y a-t-il une bonne pratique que vous allez pérenniser au sein de votre organisation?

Les contacts réguliers tant avec les bénévoles que les participant-e-s vont être maintenus pour garder le lien que ce soit en présentiel ou en ligne. Il est pour l’instant difficile de savoir comment se passera l’après-pandémie. Est-ce que tous les participant-e-s vont revenir ? Avec quelle aisance ? Pour certain-e-s participant-e-s vulnérables, il est possible que les cours de français en ligne soient maintenus, les demandes seront traitées au cas par cas.

Commission Intercommunale d’intégration Suisses Etrangers et de prévention du Racisme Orbe-Chavornay (CISEROC), Café Contact d’Orbe

La mission du Café Contact est l’accueil des nouvelles et nouveaux habitant-e-s, ainsi que des Urbigènes suisses étrangères et étrangers. Pour tous les âges, des bébés aux personnes âgées. Beaucoup de femmes, de jeunes et des hommes également. L’intégration est l’objectif principal. Le Café Contact se tient les jeudis et les mardis matin et propose des activités comme le CREA (ateliers créatifs), le chant, la danse, la couture, un free shop. Une offre existe également pour les recherches d’emploi. Des cours de français et la permanence du Centre social protestant (CSP-Vaud) ont également lieu dans les mêmes locaux.

Regula De Souza, responsable et Nicole Grivat-Urfer, bénévole

Qu’avez-vous mis en place pour continuer votre activité durant la première et/ou la deuxième vague de la pandémie ?

Des masques ont été confectionnés et offerts aux participant-e-s. Des téléphones individuels distribués pour prendre des nouvelles. Des contacts par whatsApp. Des selfies de chacune et de chacun buvant son café à la maison aboutissant à des photomontages sur les vitres du local. Des poèmes et des dessins. Lors du second confinement, le CREA a dessiné sur les grands-pères ou grands-mères depuis la maison.

Quels défis et/ou quelles difficultés avez-vous identifié-e-s ?

Une certaine crainte surtout chez les personnes âgées. Une perte assez rapide du français pour les personnes étrangères. De la peur et de la confusion devant la maladie et les informations, du stress à la fermeture de l’école. Certains n’osaient plus sortir avec les enfants (« Restez à la maison ! »). Le défi était de garder le lien malgré tout. Après la seconde vague et la réouverture, la plupart sont revenus progressivement.

Y a-t-il une bonne pratique que vous allez pérenniser au sein de votre organisation ?

Rester très actifs et créatifs même à distance, en gardant le lien si les gens le souhaitaient. Que personne ne se sente oublié, tout en étant libre. Rester très disponibles, prudents mais sans peur. Ouvrir dès que ça a été possible tout en respectant les consignes. Montrer qu’on peut vivre comme un grand corps où chaque organe a sa place. Dépasser l’égoïsme et la crainte et inventer constamment.

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