Marché secondaire, nouvel horizon
Panama, Israël ou encore Nigeria: Europa Star vous emmène hors des sentiers battus de l’horlogerie mondiale ............................................p.10
L’horlogerie fait son entrée dans les nouveaux réseaux de la Blockchain. Rencontre avec ces entrepreneurspionniers ...................................p.24
Entre le rachat de Watchfinder par Richemont et l’implantation de WatchBox en Suisse, ça bouge du côté de l’occasion .......................p.26
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Montres et Bitcoin, pari d’avenir? DR
Marchés horlogers insolites
EUROPA STAR PREMIERE LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE
NO 4/18 (Vol.20) SEPTEMBRE 2018 | 12.00 CHF/€ | EUROPASTAR.CH
ISSN 2297-4008
ÉDITORIAL
La foire de Bâle, un virage culturel? par
Serge Maillard
Son principal concurrent est une fondation culturelle genevoise. Son siège est une ville reconnue au niveau international pour le rayonnement de son art. Son site même est signé par des architectes vénérés. Et pourtant, étrangement, Baselworld semble être passé à côté d’une transformation fondamentale de l’horlogerie: la montre mécanique est devenue à la fois une forme d’art contemporain apprécié des fortunes de ce monde et une véritable culture drainant les passions des plus jeunes pour ces trésors d’ingéniosité. Loin de tuer la montre en lui ôtant sa fonction de base, le virtuel a renforcé l’attrait pour l’objet physique. Instagram n‘a pas donné un coup de vieux à l’horlogerie, il a redonné leurs lettres de noblesse aux montres anciennes! Le temps court des réseaux sociaux a rendu toujours plus séduisant le temps long de l’industrie horlogère, comme nous l’expliquons dans une chronique autour du succès de l’opération Speedy Tuesday d’Omega, ce poids lourd qui va quitter Bâle (lire en p.3)... Baselworld aurait tout intérêt à se positionner en gardienne de la culture horlogère mondiale. Son image actuelle, celle d’une foire en déshérence, est le premier obstacle existentiel à dépasser pour le nouveau management qui vient de prendre les rênes de la foire et se trouve immédiatement confronté à une crise majeure avec le départ annoncé de son principal exposant. Arrêtons d’opposer le client final au client professionnel. Les détaillants sont des experts régionaux qui, s’ils ont survécu aux remaniements drastiques de la chaîne de distribution horlogère de ces dernières années, sont toujours là pour une bonne raison: leur carnet d’adresse, l’accès aux collectionneurs de leur région, leur dialogue permanent et culturel – pas uniquement chiffré – avec eux.
Les 72 montres présélectionnées
(voir au centre du journal)
Imaginons que les recettes engrangées par MCH, la maison-mère de Baselworld, servent pour partie à convier des détaillants reconnus du monde entier pour une «expérience» (le mot à la mode) avec un ou plusieurs de leurs meilleurs clients finaux. La foire pourrait devenir «B to B to C» afin de réunir véritablement le meilleur de l’horlogerie. Rêvons donc d’une foire plus «horizontale», en phase avec la culture managériale de notre époque.
Le patrimoine horloger constitue aussi le meilleur argument commercial de l’industrie aujourd’hui. Sur place, imaginons que loin de se contenter de stands – certes imposants – l’«expérience» Baselworld se retranscrive dans la réalité par des grandes rétrospectives horlogères avec des pièces exceptionnelles (le musée d’horlogerie de Genève, fermé depuis quinze ans, en aurait quelques-unes à disposition...), des expériences interactives au cœur du mouvement horloger, des panels de conférenciers sur les sujets chauds de l’industrie, sans langue de bois. Battons-nous (là, je prêche pour notre paroisse) pour la création d’un vrai espace central consacré aux beaux livres horlogers et à la culture de l’écrit, lieu dédié à la mémoire et au patrimoine. Avec par exemple, en exclusivité, des extraits d’archives tirés de la main même des pères de l’horlogerie. La Fondation Bodmer à Genève donne un bel exemple de ce que l’on peut réussir à faire en la matière, en mariant écrits anciens et technologies ultra-contemporaines. Baselworld appartient certes à MCH, en tant qu’entité chiffrée. Mais la foire de Bâle, plus que centenaire, appartient à toute l’industrie en tant qu’entité culturelle. Sa disparition serait un signal tout sauf positif, à commencer pour ce patrimoine horloger qui constitue aussi le meilleur argument commercial de l’industrie aujourd’hui. La catharsis horlogère ne doit pas reposer sur la destruction de ses rituels ancestraux.
Longines Conquest V.H.P. GMT Flash Setting Par Serge Maillard
La marque poursuit sa quête de l’ultra-précision à quartz à travers la collection V.H.P, avec une innovation surprenante. Le mode Flash Setting introduit dans le nouveau GMT de cette collection permet en effet d’utiliser le flash du téléphone portable pour régler le fuseau horaire, via la lumière. Pas d’émission d’ondes pour ce module intelligent sur une montre opérationnelle en toutes circonstances. La philosophie: mettre les nouvelles technologies au service de la montre plutôt que l’inverse. (Lire en page 4)
LE TE MPS , UN OB JET HE RMÈS .
Carré H Le temps, un autre carré Hermès.
LMH_HQ • Visual: Carre H • Magazine: Europa_ Star_Premiere 01092018 (CH) • Language: French
ESSAI
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Instagram, le temps court et le temps long Le paradoxe des nouveaux réseaux, censés être tournés vers l’avenir, est qu’ils nous replongent constamment dans un passé lointain et magnifié. Internet a permis une formidable ouverture des archives. La vente Speedy Tuesday d’une réédition des années 1970 par Omega sur Instagram en est une illustration forte. Analyse.
Jamais sans doute on aura tant rêvé des années 1970. Qui l’eût cru? Lorsqu’Internet est arrivé dans le champ horloger et a commencé à bouleverser en long et en large sa chaîne de distribution, parallèlement à l’arrivée soudaine de l’Apple Watch connectée, on aurait pu croire que le web ne serait tourné que vers la «disruption». Or, un phénomène inverse s’est produit simultanément, avec une formidable «revalorisation» d’un patrimoine horloger plus lointain. Et des jeunes générations qui rêvent de vintage et ressortent des oubliettes de l’histoire des modèles qui dormaient jusque-là de la paix du Juste. Nostalgie? Sans doute en partie, car à l’époque du «temps court» et de l’accélération d’absolument toutes les facettes du quotidien, le «temps long» fait rêver. Donnez à l’homme ce qu’il réclame, il se tournera toujours vers son contraire! Mais pas uniquement. Ce phénomène est aussi technologique, car le web a permis une poussée de connaissances inédite dans l’histoire de l’humanité. Et cela concerne bien sûr l’horlogerie, qui a fait du temps son industrie. Ouverture des archives, multiplication des sites spécialisés, émergence de plateformes de vente consacrées aux montres vintage et pre-owned, nouveaux records établis chaque année aux enchères... Le patrimoine horloger, autrefois difficile à consulter, enfermé dans des bibliothèques et des chambres froides, s’est extirpé de son tombeau glacial, ranimé par la chaleur des réseaux électroniques!
Les horlogers plus ou moins bien lotis Les marques comprennent bien l’avantage qu’elles peuvent tirer de cette vague bien informée de «retour aux fondamentaux». D’où la multiplication des propositions vintage et rééditions observée depuis deux ans lors des salons horlogers. Certaines marques comme Rolex ou Patek Philippe, prisées aux enchères, n’ont pas eu à se plier tant que cela à cet exercice, puisque leur histoire toute entière est celle de la consolidation d’un patrimoine, avec
le moins de ruptures possibles. Des évolutions, donc, chères aux yeux des collectionneurs. Les maisons qui n’ont pas eu cette chance ou cette sagesse, pénalisées par leurs zigzags stratégiques et autres changements de propriétaires ou de managers, doivent passer par des contre-révolutions qui prennent la forme d’une revalorisation de leur
De manière générale, la révolution de l’information qu’est d’abord internet – avant d’être peut-être demain une révolution de la vente – est donc une prime aux maisons les mieux établies sur le marché, celles au patrimoine le plus riche et qui ont conservé une forme de cohérence historique. L’une de celles qui est en train de remonter rapidement les marches de la cote vintage et qui a bien compris ce phénomène est Omega. L’an passé, sa Trilogie de 1957 (Seamaster 300, Railmaster et Speedmaster) donnait déjà le ton. Ou plus récemment son initiative donnant une nouvelle vie à des calibres datant de... 1913! A croire que ces modèles d’antan auraient plus de pouvoir de séduc-
Porsche 928 fera finalement l’affaire! Mais l’illustration la plus éclatante de la manière dont on peut naviguer avec succès entre temps court et temps long est sans doute la deuxième édition de l’opération Speedy Tuesday entreprise par Omega. Finement orchestrée sur Instagram, elle portait sur 2’012 exemplaires d’une montre 42 mm inspirée par la Speedmaster portée au début des années 1970 dans la saga japonaise Ultraman (l’un des plus fameux exemples du genre «kaiju» ou «monstre géant»!), qui se distingue notamment par son aiguille des secondes orange vif. Combiner réédition vintage avec la mode actuelle des super-héros sur grands et petits écrans (Netflix annonce d’ailleurs qu’elle va relancer une série animée Ultraman): succès garanti auprès des ces grands
dans le Speedy Tuesday, ce qui illustre le pouvoir des réseaux (et des hommes!) à créer des initiatives originales en toute indépendance sur le créneau vintage.
Les deux comptes de Bell & Ross Une autre marque, plus récente, a également adopté une approche fort intéressante quant à l’utilisation des réseaux sociaux: Bell & Ross. La maison franco-suisse fondée en 1992 possède en effet deux comptes Instagram, l’un pour le temps court, bellrosswatches, le plus populaire – le plus «classique» aussi – avec des posts rapides, hétéroclites et en continu sur les nouveautés, dans le rythme imposé par le réseau social; l’autre, bellross_chronology, plus
Le web a permis une poussée de connaissances inédite dans l’histoire de l’humanité. Et cela concerne bien sûr l’horlogerie, qui a fait du temps son industrie.
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Par Serge Maillard
Omega revient à l’alpha
La Speedmaster portée au début des années 1970 dans la saga japonaise Ultraman
patrimoine – avec parfois une tendance à l’exagération sémantique et aux raccourcis historiques... Et les marques qui n’ont aucun pedigree, par exemple les entrepreneurs en herbe qui se lancent presque quotidiennement sur Kickstarter, reprennent les codes esthétiques d’antan et s’inventent carrément une filiation historique via la montre léguée par leur grand-papa. Tout est bon pour se raccrocher à la longue histoire horlogère! Il faudrait encore mentionner ici les renaissances pures et simples de belles marques d’antan endormies. Et les belles qui dorment encore, comme Universal Genève, s’arrachent sur les plateformes de vente et lors des ventes aux enchères... et donnent de doux rêves aux aficionados. Des maisons qui n’ont pas encore renouvelé leurs collections mais déjà leur communauté! Et cela sans entreprendre aucune action marketing...
La révolution de l’information qu’est d’abord internet – avant d’être peut-être demain une révolution de la vente – est une prime aux maisons les mieux établies sur le marché. tion que James Bond lui-même auprès des nouveaux clients. Une franchise 007 qui, soit dit en passant, a décidé de faire revivre dans ses derniers opus la superbe Aston Martin DB5 de 1963. C’est aussi un signe des temps... D’ailleurs, il était impensable de détruire un aussi beau modèle pour les besoins du film Skyfall (ou comment le spectateur a pu passer en quelques instants de l’extase à l’effroi): une
adolescents connectés que sont les aficionados contemporains d’horlogerie! Proposés à 6’350 CHF mardi 10 juillet à midi pile sur le compte Instagram de la marque, les 2’012 exemplaires de l’édition limitée ont trouvé preneur en exactement 1h53m17s (on n’en attendait pas moins en terme de précision de la part d’un chronométreur olympique). Soit près de 13 millions de francs de ventes en moins de deux heures... A noter que le concept de Speedy Tuesday avait été lancé dès 2012 par le site de collectionneurs Fratello Watches, d’abord sous forme de hashtag sur Facebook puis de réunions d’amoureux d’Omega et de son modèle Speedmaster. Il est intéressant que cette idée émane de manière «organique» d’une communauté d’aficionados réunis via internet autour d’une montre aux origines anciennes... La marque n’était d’ailleurs pas impliquée au début
surprenant, pour le temps long, avec le recours à un nombre très limité de visuels et organisé de manière chronologique et ultra-maîtrisée. Le flux contre la mémoire, donc... «Ce second compte, c’est un peu l’anti-Instagram, nous expliquait Carlos-A. Rosillo, le co-fondateur de Bell & Ross rencontré récemment à Paris. Il est basé sur le concept de durabilité, contre le diktat de l’instantanéité que l’on voit partout. Nous réintroduisons une notion de mémoire sur un réseau qui a tendance à tout oublier. Le concept de «curateur» est aussi très fort sur ce compte.» Deux comptes et deux approches, donc, pour ne pas tomber dans la schizophrénie. Car l’on peut aussi se perdre entre temps long et temps court... Un compte régulier, tout le temps à jour, frénétique. Et un compte qui repose sur ce que l’on veut léguer au futur, la durabilité et la mémoire. N’est-ce pas précisément cet équilibre, si délicat, que l’être humain recherche aujourd’hui, entre un flux quotidien envahi de sollicitations, et sa volonté inaliénable de s’élever «au-dessus» de sa condition humaine, et de son sort d’homo digitalis? A noter qu’Europa Star est en phase de numérisation de ses riches archives de plus de 90 ans (la société ayant été fondée en 1927). A retrouver bientôt en ligne, ainsi que dans notre édition de novembre 2018, consacrée au Patrimoine.
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Longines Conquest V.H.P. GMT Flash Setting Le flash intelligent de Longines Par Serge Maillard
C’est une des montres les plus intrigantes de l’année. A première vue, la Conquest V.H.P. GMT Flash Setting de Longines a tout de l’élégance sportive et discrète des autres modèles à quartz de cette collection relancée en 2017 et vouée à l’ultra-précision, à ± 5 secondes de marge de variation annuelle. En observant la montre de plus près, on remarque cependant un petit trou sur l’index des 12h. Cette ouverture laisse pénétrer la lumière sous le cadran où un photo-détecteur a été placé. Celui-ci est en mesure de reconnaître les flashs lumineux émis par un téléphone portable. En téléchargeant une application dédiée, l’utilisateur choisit le fuseau horaire qu’il souhaite intégrer, oriente la montre et une expérience inédite se produit alors: durant quelques secondes, des flashs se propagent sur la montre, entraînant l’ajustement des aiguilles de l’heure locale et du GMT, via... le système binaire du code Morse! Le code Morse, permettant de communiquer des séries d’impulsions courtes et longues par des signes, de la lumière, des sons ou des gestes, a été inventé en 1832 (l’année de naissance de Longines!) pour le télégraphe – et est depuis lors entré dans l’imaginaire collectif comme l’un des premiers moyens de transmission à longue distance de l’ère moderne. Ce précurseur des communications numériques est toujours bien vivant aujourd’hui, utilisé pour la transmission dans le domaine militaire, la navigation et l’aviation... ainsi que par les scouts, les plongeurs ou les alpinistes. De là à l’appliquer à l’horlogerie, il n’y avait qu’un pas!
Deux modes d’utilisation C’est donc l’alliance d’un code plutôt «vintage» avec un outil de communication ultra-contemporain que réalise Longines, dans le but d’améliorer la performance de ses montres. On ne cherche pas ici à faire transiter des données mesurées au poignet
FLASH SETTING: MODE D’EMPLOI Pour passer en fonction Flash Setting sur la montre, une pression courte suivie d’une pression longue suffit. Les aiguilles des minutes, des secondes et du GMT se placent alors toutes à 12h et l’aiguille des heures se place sur l’index le plus proche. Le Flash Setting règle ensuite l’heure en cinq secondes, via les flashs lumineux émis depuis le smartphone. Lorsque, après un vol de plusieurs heures, on arrive dans la ville indiquée jusqu’alors par le GMT, il suffit ensuite de presser deux fois sur la couronne et son fuseau devient heure principale. La montre retient aussi, via le Flash Setting, des informations plus complexes, par exemple le fait que la Russie ne distingue pas d’heure d’été et d’hiver.
vers le téléphone via le Bluetooth. Aucune onde: c’est une fonction particulière du téléphone, son flash, qui est au service de la précision horlogère. La marque reste ainsi dans son exercice de contre-pied systématique au «tout connecté», se permettant au passage – comme un pied de nez supplémentaire – d’utiliser l’une des caractéristiques du téléphone pour en faire un module horloger intelligent... La philosophie de Longines, consistante dans sa quête de précision horlogère et d’élégance sur la durée, loin de l’obsolescence programmée du monde numérique ou des inconvénients de recharge de batterie ou
d’ondes des montres connectées, ne pourrait être mieux interprétée que sur ce modèle: à l’ère du «selfie», la montre reste reine ici – c’est bien elle qui est sous les flashs! Autre avantage: nul besoin d’avoir en permanence son téléphone sous la main. La montre est parfaitement opérationnelle sans la fonction Flash Setting. Pour la régler dans ce cas de figure, la marque a conçu un système fort pratique grâce à la couronne intelligente: une rotation lente de la couronne ajuste minute par minute. Une rotation rapide de la couronne ajuste heure par heure, en conservant la précision de la minute et de la seconde. >>
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Les ressources industrielles du Swatch Group Walter von Känel, le président de Longines, celui que tout le monde surnomme le «Chef» (lire son interview dans le Chapter 2/18 d’Europa Star), revient sur la genèse de cette innovation surprenante: «La fonction Flash Setting a été pensée depuis le début du concept V.H.P., mais à destination du service clients. Nous pensions en effet placer un photo-détecteur au dos de la montre pour le réglage du calendrier perpétuel lors du changement de pile. Mais nous avons réalisé que ce serait encore plus intéressant d’avoir cette fonctionnalité mise en avant et à destination directe du client!» Cette innovation, réservée à Longines au sein du groupe, est le fruit d’une collaboration avec ETA et les entreprises de recherche et développement du Swatch Group. Elle ouvre de nombreuses perspectives: utilisée aujourd’hui pour le réglage des fuseaux horaires, elle pourrait l’être demain pour d’autres projets.
Quête permanente de la précision horlogère L’histoire entre Longines et le quartz est longue. En 1954, la marque développait une horloge à quartz de très haute précision pour le chronométrage sportif. Suivra en 1969 l’Ultra-Quartz, premier mouvement
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électronique pour montre-bracelet, qui équipera également dès 1984 la Conquest V.H.P., véritable emblème de la précision dans l’histoire de l’horlogerie. En soi, la relance l’an passé du concept V.H.P. (acronyme de Very High Precision), comportait déjà de nombreuses innovations. Sa remise au goût du jour est un signal particulièrement fort lancé par Longines et son président Walter von Känel: si la production est aujourd’hui majoritairement automatique, la marque n’a jamais abandonné le quartz et la quête de l’ultra-précision électronique!
Dès 1954, Longines développait une horloge à quartz de très haute précision pour le chronométrage sportif. La remise au goût du jour, qui a débuté l’an passé avec des séries à trois aiguilles puis chronographes (la GMT Flash Setting est donc la troisième variation sur le thème V.H.P. contemporain), visait à repasser à un standard pour le quartz de ± 5 secondes par an. La ligne V.H.P. intègre un calendrier perpétuel réglé jusqu’en... 2399! Son autonomie est de plus de quatre ans. Mais la caractéristique la plus surprenante de cette collection est l’intégration d’un système de détection de la position des rouages (DPR). Il permet de rectifier les dérèglements entrainés par tout choc
sur la montre, en réinitialisant les aiguilles automatiquement, immédiatement pour les secousses légères ou toutes les 72 heures (3 jours) à 3h du matin pour les chocs plus conséquents. De même, il permet la détection des champs magnétiques, «gelant» le mécanisme de la montre à leur approche... et le relançant à l’heure dès que l’on s’en éloigne!
Prix modéré Outre la quête de précision, une autre bataille historique de Longines est celle du prix juste, c’est-à-dire abordable pour la qualité proposée. La Conquest V.H.P. démarre ainsi, pour le modèle trois aiguilles, à 950 CHF. La nouvelle version munie de la fonction GMT et réglable par Flash Setting, disponible en deux tailles 41 et 43 mm, coûte 1'250 CHF en acier et 1'550 CHF avec PVD noir. Cette proposition surprenante de pilotage de la montre par la lumière repose sur les capacités industrielles d’un groupe qui livre depuis longtemps des solutions au monde de l’électronique. Elle offre aussi un pied-de-nez à la mode du «tout connecté» de la part d’une marque en confiance, notamment grâce à sa forte assise chinoise. De nombreuses déclinaisons peuvent être imaginées à l’avenir pour autant de modules intelligents destinés à optimiser la montre. Surtout, cette nouveauté confirme la stratégie du Swatch Group de ne pas se lier à des géants de la Silicon Valley, privilégiant des solutions innovantes «maison» tirant parti des nouvelles technologies.
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Les nombreuses Traces du temps Perfect time ahead
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Trois institutions culturelles biennoises se sont regroupées sous le nom de Traces du Temps pour tenter d’apporter quelques étincelles de réflexion intellectuelle, visuelle, artistique et sensuelle à un mystère multiple qui nous constitue mais nous échappe sans cesse: qu’est-ce que le Temps? On trouvera des «traces» de réponse – ou de nouveaux questionnements - répartis entre le Nouveau Musée Bienne (NMB), le Photoforum Pasquart et le Centre d’art Pasquart. Une initiative bienvenue, dans une ville, la Bienne horlogère, qui a bâti son industrieuse destinée sur la meilleure façon de mesurer le temps. Par Pierre Maillard
Comme le dit la très célèbre mais incontournable citation de SaintAugustin, qui trône à l’entrée du Nouveau Musée Bienne, «Qu’estce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais; si je cherche à l’expliquer à celui qui m’interroge, je ne le sais plus.». Le même homme écrivait aussi de façon si précisément concise dans ses Mémoires que «le temps ne peut être qu’en cessant d’être». C’était entre 397 et 401 après J-C. et c’est dire si depuis, malgré tous nos philosophes, nos physiciens et nos appareils, nous n’en sommes guère plus loin que ce vertigineux constat. Alors, comment aborder cet insaisissable objet-temps? Par où le prendre? Par la physique, par sa mesure horlogère, par son vécu intime, par les odeurs, par le souvenir, par le travail et la discipline, par l’art, par le temps qui libère ou celui qui enchaîne…? Par tout ça à la fois… L’exposition conjointe Traces du Temps est ainsi le reflet de ce vertige. Elle ouvre des perspectives, soutient des intuitions, fait ressentir et réfléchir, sourire parfois, s’interroger, s’attendrir et s’inquiéter aussi. Elle y parvient précisément parce que toutes les approches s’y mêlent, aussi multiples que le temps l’est.
24 haltes au bord du temps Sous le titre D’un temps à l’autre, le Nouveau Musée Bienne (NMB) propose «une épopée temporelle» qui prend la forme de 24 haltes: Air du temps, Fin des temps, Gain de temps, Temps de travail, Temps libre, Temps des souvenirs, Accélération, Arrêter le temps… On ne pourra pas toutes les citer ici. Mais chacune de ces haltes thématiques mérite qu’on s’y arrête. Dans une muséographie sobre et chaleureuse à la fois, on passe d’un questionnement physique, métaphysique, technique, so-
cial ou historique à l’expérience olfactive quand on doit chercher à savoir à quoi un parfum nous fait penser, dans quel temps il nous fait «remonter» comme le savait si bien Proust. On s’intéresse à l’établissement de l’Heure universelle à l’époque pré-industrielle puis on se transporte dans les Saisons et leur retour, on se remémore l’heure du repas, on pensera à la mort avant de réfléchir à l’accélération de notre temps. Bref, à chaque visiteur sa libre pérégrination d’une halte à l’autre. Il en ressort la tête et les sens en plein éveil, remplie de plus de questionnements que de certitudes. Mais qu’est-ce que le temps? De là, il lui suffira de traverser la rue pour se rendre au Pasquart qui abrite le Centre d’Art et le Photoforum, histoire d’approfondir encore un peu plus le sujet.
Les publicités du temps Succédant aux interrogations muséales, Perfect time ahead, l’exposition du Photoforum, explore l’iconographie publicitaire horlogère à travers quelques uns des grands thèmes qui ont marqué son histoire. Dans une première partie, toute une série de publicités d’époque défilent sous nos yeux. A les parcourir, on comprend les diverses «valeurs» du temps sur lesquelles les marques se sont appuyées pour construire leur image en phase avec leur époque. Ce parcours photographique et graphique en dit donc aussi beaucoup sur la notion de temps, sur sa perception sociétale selon les époques traversées. Thématiquement répartie l’exposition recouvre une période allant des débuts du 20ème siècle à l’aube du 21ème, chroniquant l’évolution de l’horlogerie comme celle de la société: la montre «objet technique significatif» et emblématique du progrès technologique; la montre patriote des Guerres mondiales; la grande époque de la montre à la
conquête des airs, des mers et de l’espace; la montre et les corps masculins héroïques; la montre objet de statut et de pouvoir; la montre à la rescousse de la vie quotidienne; les performances techniques de la montre; la montre «en phase avec son temps». Si la thématique de la conquête de l’espace, par exemple, a déjà été largement documentée, certaines sont plus originales. L’héroïsation du corps masculin, par exemple, à travers des stéréotypes de la virilité – puissance, audace, endurance – est aussi là pour doter la montre de toutes ces qualités. Et si le corps masculin domine la publicité horlogère, quand le corps féminin, apparaît, c’est aussi sous une apparence sportive, audacieuse, volontaire… Plus insolite, la montre «en phase avec son temps» nous présente quelques publicités jouant sur les sujets sociaux, d’égalité des genres (la publicité Equal Pay. Equal Time de Timex, par exemple) ou encore d’environnement.
Slogans sans auteur Dans une seconde salle, ces différentes thématiques sont réinterprétées graphiquement et mises en scène. Encadrant des photos sans marque mais extraites des publicités que nous venons de voir, certains des slogans publicitaires et des mots les plus marquants sont reproduits en grandes lettres contre le mur: It doesn’t just tell time. It tells history.; Who Said Second Don’t Count?; Others Use it for Timing a Walk on the Moon. Voire l’inénarrable ChampagneProof. Ou encore les simples mots Power. Conquest. Record. Home. associés à des portraits extraits de publicités et censés incarner ces qualités. Cette mise en scène graphique, dont les noms des marques ellesmêmes sont absentes, met ainsi à nu les message essentiels, archéty-
piques, que les marques cherchent à faire passer et les qualités qu’elles aimeraient qu’on leur attribue.
Quand le temps inquiète, trouble, interpelle Si l’objectif des publicitaires est de rassurer et de promettre des lendemains meilleurs, le rôle des artistes est aussi d’inquiéter. Les thématiques de l’exposition, The Power of Now, qui se tient juste au-dessus, au Centre d’Art, suffisent à s’en convaincre et à faire l’expérience d’autres temps: Temps et malaise; Le temps malléable; Capture du temps: mise en scène du vivant; Temps spéculatif et planétaire. Ils sont 34 artistes de toutes provenances à s’y attaquer, chacun avec ses moyens qui sont totalement disparates. Vidéos, textes, installations, performances, accrochages, objets, peintures ou sons se partagent la tâche. Et chacun d’entre eux s’y affronte en toute subjectivité. Travailler artistiquement sur le temps impose souvent d’avoir soimême une forme de discipline du temps, volontiers répétitive, parfois tournant à l’obsessionnel, comme si pour en parler il fallait l’éprouver jusqu’au bout. A l’image de la Time-Clock Piece, une performance d’une année entière (1980-1981) durant laquelle l’artiste Tehching Hsieh s’est filmé timbrant chaque heure pendant douze mois, avant d’accélérer le tout pour en faire un film de 6 minutes. En se transformant en horloge humaine, l’artiste – alors clandestin dans New York – instille un trouble durable. Autre obsessionnel absolu, Peter Dreher. De 1974 à 2013, il a peint plus de 5'000 fois le même verre d’eau posé au même endroit, éclairé par la même fenêtre, saisissant le moindre changement de lumière, l’infime reflet du jour dit. Quelques dizaines de ces tableaux parfaite-
ment identiques et subtilement différents à la fois sont alignés le long d’un mur. On a l’impression de voir le temps d’une vie, concentré dans un verre d’eau et déroulé sous nos yeux. D’autres œuvres plus radicalement conceptuelles réclament la curiosité du visiteur. Mais dès lors, elles peuvent prendre tout leur sens. Exemple très marquant, les photographies grand format de Julian Charrière. Un bord de mer idyllique est constellé de curieuses taches lumineuses. Qu’est-ce à dire? Mais quand on apprend qu’il s’agit d’une plage de l’île de Bikini, où a eu lieu une formidable explosion atomique, et que les taches ont été provoquées par du sable irradié ramassé sur place et saupoudré sur la photo en cours de développement, l’image et le temps ainsi racontés prennent une tout autre dimension. Apocalyptique, mais le temps ne l’est-il pas également? A la question qu’est-ce que le temps, l’antique philosophe présocratique grec Héraclite répondait: «Un enfant qui joue aux osselets au bord de la mer.» Au sortir des Traces du temps, on en est à peu près au même point. Mais le détour en vaut la peine. NOUVEAU MUSÉE BIENNE D’un temps à l’autre Jusqu’au 27 janvier 2019 Faubourg du Lac 52, 2501 Bienne 032 328 70 30 PASQUART CENTRE D’ART The power of now Jusqu’au 18 novembre 2018 Faubourg du Lac 71, 2502 Bienne 032 322 55 86 PASQUART PHOTOFORUM Perfect time ahead Jusqu’au 18 novembre 2018 Faubourg du Lac 71, 2502 Bienne 032 322 44 82
CULTURE
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Les verres d’eau de Peter Dreher
DR
Union first light de Julian Charriere
CARNET DE VOYAGE
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Israël: en quête de touristes horlogers Malgré l’arrivée de compagnies lowcost comme EasyJet, le pays reste considéré comme une «destination «exotique» pour les Européens, en comparaison avec la Grèce par exemple». De manière générale, le détaillant estime que les montres plus accessibles sont achetées par des locaux et les plus onéreuses par des étrangers. «Les grands acheteurs ne viennent pas d’Israël. Les Israéliens achètent plutôt leurs montres à l’étranger car ils peuvent récupérer la TVA. C’est un peu ironique: les étrangers ont tendance à acheter ici et les locaux à l’étranger!»
Face à un marché local exigu, les détaillants israéliens comptent sur l’envol du tourisme pour encourager les ventes de montres. Les tensions géopolitiques fragilisent toutefois cette ambition. Europa Star s’est rendu sur place pour prendre le pouls de ce marché en compagnie de deux détaillants locaux de renom. Et aussi rencontrer un horloger israélien farouchement indépendant... Par Serge Maillard
Dans la Vieille Ville de Jaffa, au cœur d’une des plus anciennes civilisations que la planète ait connue, de celles qui, les premières, ont tenté de capturer le passage du temps, se trouve le chaleureux atelier d’Itay Noy. Il y assemble avec soin un peu moins de 200 montres originales par an. Israël compte en effet sur son territoire au moins un horloger farouchement indépendant! Itay Noy est fasciné par le concept de «dualité», qui point à travers nombre de ses créations. A commencer par la série des Duality, qui comptent systématiquement deux faces lisibles. La Part Time fonctionne pour sa part sur le thème jour-nuit, avec la partie gauche du cadran qui révèle les heures de 6:00 à 18:00, quand la lumière jaillit, alors que la partie droite s’anime au coucher du soleil, prenant le relais. La Full Month, elle, avec chiffres arabes ou hébreux, remplace les traditionnels index des heures par les jours du mois, se jouant elle aussi des codes usuels de l’horlogerie.
La Full Month de Itay Noy
La créativité déborde chez l’horloger indépendant israélien, qui s’intéresse aussi de près à la notion de «transparence» – à ce titre, on se doit encore de citer la Open Mind, memento mori qui va encore plus loin que les traditionnels crânes pour révéler ce qui se cache même dans le cerveau, soit l’activité mécanique des roues ainsi qu’un tic-tac constant. Et bien sûr la bien-nommée X-Ray, dont les dessins qui ornent le cadran reproduisent les rouages du mouvement qui se cache dans les profondeurs du
garde-temps – entre mise en abyme et dévoilement subtil... Avec Itay Noy, Israël compte ainsi sans nul doute l’un des horlogers indépendants les plus proprement créatifs du moment, et ce sur un créneau fort intéressant et inhabituel pour une production aussi limitée, à moins de 10’000 francs. Et il compte bien faire des émules: aujourd’hui enseignant dans l’établissement qui l’a formé, il tente d’encourager les nouvelles générations à s’intéresser au design des montres. «Je ne veux pas être le seul créateur indépendant en Israël!», nous confie-t-il.
Pas de concurrence des boutiques mono-brand
«Pas de culture horlogère»
Tourisme médical et industrie high-tech
Or justement, de quoi se compose l’écosystème horloger israélien? Avec un peu plus de 80 millions de francs d’importations l’an passé, le marché horloger israélien se trouve juste en dehors du top 30 des destinations mondiales de montres suisses, derrière la Malaisie et devant la Grèce. Un débouché de taille moyenne donc: pas insignifiant, non, mais pas non plus de quoi faire saliver les départements vente des marques horlogères suisses. «Vous savez, Israël est une terre de réfugiés, qui sont arrivés sans le sou... A sa création, les Juifs aisés sont restés dans les grandes capitales, à Paris, New York ou Londres, ils ne tenaient pas absolument à s’installer dans le désert! il n'y a donc pas une grande tradition ni culture horlogère chez ceux qui se sont établis en Israël», souligne Benny Padani, véritable «mémoire» horlogère du pays, aujourd’hui à la tête d’une chaîne de neuf boutiques et sans doute le détaillant le plus prestigieux d’Israël, y représentant notamment Patek Philippe. Fort d’une longue expérience et dans un français parfait (il est né à Bruxelles), il relate une anecdote savoureuse: «Je me souviens d’un rapport, à l’époque, de Breitling qui indiquait concernant Israël une sentence définitive: pas de culture horlogère!» Néanmoins, avec les nouvelles technologies de l’information et comme partout ailleurs sur la planète, les habitants en apprennent toujours davantage sur les montres.
Qui compose donc l’essentiel de la clientèle des boutiques horlogères de luxe en Israël? Différents sons de cloche chez Padani – où la clientèle est essentiellement étrangère – et chez Chronotime, un détaillant qui compte une boutique à Tel-Aviv et une autre dans le prestigieux Hôtel King David de Jérusalem et représente notamment Zenith, IWC ou encore Vacheron Constantin: «Notre clientèle est israélienne à 70%, explique son directeur Ro’i Aharoni. L’industrie high-tech notamment, qui connaît un vrai boom en Israël, est un bon pourvoyeur de clients.» De fait, une Silicon Valley locale (la «Silicon Wadi») s’est mise en place autour de Tel-Aviv. Ce sont des ingénieurs israéliens qui sont notamment les inventeurs de la clé USB en 1999! Benny Padani connaît bien lui aussi cette nouvelle clientèle high-tech... mais il s’agit d’une génération difficile à cerner, souligne-t-il: «Certains vont s’orienter vers l’Apple Watch, d’autres ne changent pas leurs habitudes de consommation quand ils commencent à gagner beaucoup d’argent. Ils sont très différents des générations qui les ont précédés.» Les deux détaillants s’accordent sur l’importance grandissante du tourisme d’achat, notamment du tourisme médical, qui prospère en Israël. «Il est fréquent que nous recevions un appel de Russie ou des Etats-Unis d’un client qui nous annonce qu’il viendra en Israël le mois prochain, explique Ro’i
Le centre de Tel-Aviv
Aharoni. Aujourd’hui, le monde est devenu un village global. Et en investissant sur le marché israélien, les Juifs de l’extérieur ont le sentiment de soutenir le pays. A terme, je pense qu’il y aura une égalisation des prix au niveau mondial. C’est le service qui fera la différence.» Le détaillant compte d’ailleurs un Service Center situé à City Garden, au centre de Tel Aviv.
Aléas géopolitiques Le tourisme se profile donc comme le créneau à même de donner un second souffle à l’industrie horlogère, sur un territoire qui reste très exigu. Avec neuf boutiques maillant ce petit pays, Padani y assure une forme d’omniprésence: «C’est peut-être même trop, car le territoire n’est pas bien grand, estime Benny Padani. Surtout, il faut être réactif et s’installer dans les lieux les plus stratégiques. Par exemple, Eilat n’est plus vraiment un «hot spot» pour la vente de montres.» Le pays tente aujourd’hui d’attirer davantage de touristes – entre Tel-Aviv, la «Miami» de la Méditerranée, et Jérusalem avec son patrimoine culturel et religieux inégalé. Pour preuve, le récent départ du tour cycliste d’Italie, le Giro, organisé à Jérusalem et sponsorisé à coup de millions. Mais tout dépend, au final, de la situation géopolitique. «L’industrie touristique n’est pas encore aussi grande qu’elle pourrait l’être, poursuit Benny Padani. Beaucoup craignent encore de se rendre en Israël.»
En parcourant le pays, on se rend aussi compte du coût élevé de la vie. «Tout est cher en Israël, se plaint Ro’i Aharoni. Nous essayons de nous adapter en proposant des prix plus accessibles, pour plus de volume. Mais je trouve que le niveau général de la demande horlogère stagne, malheureusement. Et cela affecte tout le monde. En hébreu, on dit: quand il pleut, tout le monde est mouillé!» Petit marché, au cœur de tensions régionales et mondiales, Israël reste une terre difficile pour vendre des montres, estime le détaillant: «Les clients ont de nombreuses exigences. Même la présence sur le cadran de la Croix de Malte de Vacheron Constantin peut poser problème pour certains...» L’exiguïté du territoire peut néanmoins tourner à l’avantage des détaillants bien implantés, car ils n’ont pas dû faire face, comme leurs homologues étrangers, à l’arrivée en force de boutiques mono-brand sur leur terrain de jeu: «Même si de manière générale, le business est sensible, car les marges pour les détaillants baissent, nous n’avons pas connu ce phénomène, reconnaît Benny Padani. Mais ce territoire exigu est aussi notre contrainte: la vente de 20 ou 30 modèles en plus ou en moins par an fait la différence.» Le web change lui aussi le quotidien des détaillants horlogers, en Israël comme ailleurs dans le monde. Chez Chronotime, Ro’i Aharoni a lancé le Chronoclub, un club horloger digital qui permet de recueillir des informations précieuses sur sa clientèle. «Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition. Mais nous ne cherchons pas à «éduquer le marché» ou à réinventer la roue! Au fond, il y a deux approches: vous pouvez tout faire sur votre iPhone, mais cela reste un peu froid; ou vous pouvez venir et parler à un connaisseur. Mon sentiment, c’est que les gens vont chercher l’information sur internet mais veulent venir voir la montre en magasin.»
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CARNET DE VOYAGE
12 | EUROPA STAR PREMIÈRE
Panama, un futur hub horloger? Le pays est déjà un hub commercial, logistique et financier pour l’Amérique centrale et la région des Caraïbes. Avec son infrastructure moderne, sa stabilité politique et ses faibles taxes, le Panama attire de plus en plus de résidents fortunés. Surtout, il compte sur la récente extension de son canal pour renforcer sa place dans la mondialisation des échanges. Alors, à quand un hub horloger? Par Serge Maillard
Le cargo arrive, l’écluse se ferme, le niveau de l’eau baisse, l’écluse s’ouvre: à Miraflores, dans la banlieue de Panama City, le ballet maritime se répète à l’infini, 24h sur 24. Il faut une dizaines d’heure à un navire pour passer, moyennant paiement, de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique ou vice-versa, via le canal de Panama. Ce raccourci lui évitera de devoir longer toute l’Amérique latine et le conduira bien plus rapidement depuis les Etats-Unis vers l’eldorado commercial chinois... ou le ramènera en sens inverse, rempli de marchandises produites dans les usines de l’Empire du Milieu! Le canal de Panama est l’«artère» économique de ce petit pays de quatre millions d’habitants, et en fait un hub commercial de l’Amérique centrale et des Caraïbes. L’économie panaméenne, l’une des grandes bénéficiaires de la mondialisation grandissante des échanges et de l’ouverture de la Chine depuis une vingtaine d’années, s’est fortement développée depuis la restitution du canal par les Etats-Unis le 31 décembre 1999. Le canal a été d’ailleurs agrandi il y a deux ans pour plus de 5 milliards de dollars afin d’accueillir de plus
grands navires, dits de type «post-panamax». Les cargos d’une capacité de 14’000 conteneurs peuvent désormais emprunter le canal (contre 5’000 auparavant). L’Autorité du canal de Panama compte tripler son chiffre d’affaires grâce à cette extension. Outre les revenus directs tirés des taxes sur le transit des navires, le canal a permis au pays de devenir une plaque tournante logistique et financière, attirant multinationales et banques. Quelques chiffres-clé sur ce point de passage stratégique de la planète: - 80 km de longueur entre l’Atlantique et le Pacifique. - Construction initiée par le Français Ferdinand de Lesseps en 1881 et achevée par les États-Unis en 1914. - Restitution du canal par les EtatsUnis à l’Etat du Panama le 31 décembre 1999. - Pour effectuer le transit, chaque navire doit passer par trois écluses. - 427m x 55m x 18,3m: en long, en large et en profondeur, les dimensions des nouvelles écluses du canal. - 14’000 navires empruntent le canal de Panama chaque année, soit à peu près 6% du du trafic maritime mondial. - 280’000 tonnes de marchandise transitent chaque année par le canal.
- L’Autorité du canal de Panama, l’agence gouvernementale qui gère le canal, représente 45% du PIB du pays. Le Panama s’est en outre développé comme hub aéronautique, à travers la compagnie Copa Airlines, point de relais entre l’Amérique latine (avec par exemple des vols directs vers pas moins de neuf villes brésiliennes) et l’Amérique du Nord. De fait, la plupart des passagers ne sont qu’en transit au Panama et ne sortent pas de l’aéroport – on s’en rend bien compte lorsqu’on en sort effectivement et qu’on cherche désespérément un taxi... Dans cette configuration, on pourrait également s’attendre à un marché horloger en plein boom! S’il se développe en effet, ce n’est cependant pas encore l’eldorado détaxé de la montre que l’on pourrait croire. Le Panama ne pointe en effet qu’à la 47ème place en matière de débouchés internationaux pour l’horlogerie suisse – certes juste devant le Brésil et son protectionnisme effarant... Le géant horloger latino-américain reste le Mexique, très friand de montres de luxe et très important pour des marques comme RJ ou Hublot (nous partirons en reportage au Mexique à l’occasion du SIAR en octobre). Et le hub horloger incontestable pour tous les LatinoAméricains reste Miami, où s’est d’ailleurs tenu une première édition du salon Watches & Wonders cette année – relocalisé pour l’occasion depuis Hong Kong... La structure de la distribution de montres au Panama comprend notamment des filiales de grandes holdings aux activités très variées, comme Motta et Grupo Wisa. Mais l’horloger le plus prestigieux du pays est sans conteste l’entreprise familiale Mercurio Joyeros, qui y
Vue de Panama City, sur la côte Pacifique
représente en exclusivité Rolex depuis 1981. Il compte quatre boutiques à Panama City et a ouvert récemment un nouveau point de vente à l’aéroport international – choix judicieux vu l’importance prise par le pays comme hub de transit aérien... L’histoire de ce détaillant remonte à 1944 avec l’ouverture d’une première boutique, par un immigré d’origine autrichienne. En 1977, elle a été reprise par Don Carlos Jelenszky, d’origine cubaine et qui avait quitté le pays suite à la révolution, avec sa famille comprenant neuf enfants dont huit garçons. Nous avons justement eu la chance de rencontrer l’un des héritiers de cette dynastie horlogère, Luis Jelenszky, dans la boutique principale de Mercurio Joyeros sur l’avenue Samuel Lewis à Panama City. Trois de ses frères
Le Panama est l’un des grands bénéficiaires de la mondialisation grandissante des échanges et de l’ouverture de la Chine depuis une vingtaine d’années. travaillent également dans la société et son fils vient de rejoindre la compagnie. Lui-même a étudié au Centre de Formation en Horlogerie à Lausanne. «C’est au 21ème siècle que l’économie panaméenne a vraiment trouvé son envol, avec des taux de croissance parmi les plus hauts d’Amérique latine, souligne-t-il. Depuis quelques années, la croissance s’est stabilisée aux alentours de 5%.» La clientèle du détaillant est résidente aux deux tiers. «Le Panama est un pays facile d’accès et à faibles taxes, précise l’horloger. Il bénéficie aujourd’hui de l’arrivée de multinationales comme Procter & Gamble ou Dell et d’autres entreprises qui fuient les troubles affectant le Venezuela.» Entouré d’une Colombie qui commence à se remettre de la guerre civile, d’un Venezuela plongé dans une crise profonde et d’une Amérique centrale rongée par le narco-trafic et les guerres des gangs, le Panama fait figure de havre de paix pour les habitants de la région, comme pour les capitaux et flux financiers, avec sa stabilité politique, commerciale et monétaire (on y utilise majoritairement le dollar américain, auquel la devise locale, le balboa panaméen, est indexé). Ce paradis fiscal tropical – voir les fameux «Panama Papers» – essaie d’ailleurs de ne plus être qu’une boîte aux lettres géante ou une caisse enregistreuse de flux douteux... et attire de plus en plus de
retraités issus de la classe moyenne européenne! Mercurio Joyeros compte également une clientèle de passage, pour le tiers de ses ventes. «Le pays tente de développer le tourisme, au point que l’offre hôtelière à Panama City est en surcapacité de chambres», explique Luis Jelenszky. Avec ses tours de soixante étages, qui font penser à un «Dubai latino», la ville paraît de fait disproportionnée pour ce petit pays. Ce qui permet, ceci dit, de trouver des chambres de luxe à un très bon prix... Contrairement à beaucoup de mégapoles congestionnées, ici il y a de la place pour se développer. L’infrastructure est déjà prête! L’ambition économique panaméenne s’affiche dès l’arrivée dans ce pays, via son architecture. En ce qui concerne le portfolio de marques représentées par Mercurio Joyeros*, Luis Jelenszky souligne le choix d’une pyramide de prix sans chevauchement, allant de Tissot à Audemars Piguet. La marque phare reste bien entendu Rolex – comme pour tout détaillant représentant la maison à la couronne à travers le monde! «Nous avons la chance de travailler avec des marques comme Rolex et Audemars Piguet, qui protègent leurs détaillants. Au Panama, ce n’est pas si facile de trouver des montres de qualité, nous bénéficions donc d’une bonne position historique et avons pu bâtir une forte crédibilité.» Quid d’Internet et du développement du e-commerce? «Quiconque dit que le digital n’est pas important serait un menteur! Mais la chose que nous faisons le mieux, c’est d’être un business familial qui offre une différence en matière de confiance, par rapport à ce que l’on trouve en ligne.» Mercurio Joyeros choisit avec soin ses axes de développement. Pour preuve, il a choisi de ne pas s’implanter à Colon, ville du nord du pays située sur l’accès au canal depuis la mer des Caraïbes. Une zone tax-free de ventes en gros, plutôt bon marché, mais très peu sécurisée et dont l’âge d’or était réellement dans les années 1990. Comme beaucoup de nations latino-américaines, le pays combine le pire et le meilleur, avec par exemple le plus fort taux de territoire au monde couvert par des parcs nationaux... et l’un des taux d’inégalités humaines les plus élevés de la planète. Le pays vient pourtant de rejoindre la liste des nations à «revenus élevés par habitant», selon la Banque mondiale. Le potentiel de développement horloger, s’il suit la courbe des ambitions économiques du Panama – notamment avec l’extension du canal –, est prometteur. *Marques représentées: Rolex, Tudor, Audemars Piguet, Officine Panerai, Baume & Mercier, Michel Herbelin, Tissot.
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CARNET DE VOYAGE
14 | EUROPA STAR PREMIÈRE
Les détaillants africains face à l’exode des capitaux
Par Serge Maillard
A l’heure d’évoquer l’Afrique, nombre de CEO horlogers parlent d’un continent en transformation, une terre jeune en plein boom, voire un futur eldorado du luxe. Mais lorsqu’il s’agit de passer à l’acte, d’investir pour bâtir un réseau de distribution du luxe sur le continent, c’est une autre affaire... Pourquoi en effet construire une boutique à Lagos au Nigeria si les résidents les plus riches passent la plupart de leur temps dans les grandes capitales européennes, où ils ne lésinent pas en achats de montres de luxe? Et la bonne poire dans l’histoire, c’est le détaillant africain local, qui promeut l’industrie et les sociétés horlogères, alors qu’in fine le marché lui échappera largement... ainsi qu’à toute l’économie locale. Deremi Ajidahun, l’un des plus grands distributeurs de montres en Afrique subsaharienne avec sept boutiques au Nigeria dans un groupe qui va bien au-delà de la seule horlogerie, n’a pas encore trouvé la solution à ce problème. Alors, il écoute attentivement les discours pleins d’entrain des dirigeants horlogers, sans être dupe, et en attendant de le leur remettre sous le nez à l’heure des négociations...
Crise chinoise à l’africaine L’an passé a été une année très compliquée sur le plan des achats horlogers au Nigeria. En cause, une «crise chinoise» à l’africaine, sous forme d’un nouveau gouvernement ayant mis en place une politique «mains propres» et une campagne anti-corruption qui, comme dans l’Empire du Milieu, restreint très fortement le gifting. Ces bons services entre bons amis politico-commerciaux, souvent sous forme de montres de luxe, représentaient jusqu’alors... 60% du chiffre d’affaires horloger du détaillant. D’autre part, le Nigeria est entré en 2016 dans la plus profonde récession
de ces dernières décennies, en raison de la baisse du prix du pétrole, dont le pays est un grand producteur. Heureusement pour lui, Deremi Ajidahun a plus d’une corde à son arc puisque l’activité à l’origine de son groupe Hole19 (fondé en 1987), le marketing BtoB dans le domaine du golf, continue de soutenir son chiffre d’affaires. Tout comme la vente de mobilier de luxe, dans un groupe aux actifs très divers – lui-même a lancé sa propre ligne de vêtements. Mais le coup a été plus rude pour ses boutiques horlogères. Il compte deux boutiques multimarques, à Abuja et à Lagos, où il représente notamment les marques du groupe LVMH mais aussi des indépendants comme Louis Moinet, Louis Erard et Seven Friday. Le détaillant opère également deux boutiques Hublot, deux boutiques TAG Heuer et une boutique Ulysse Nardin. «Il y a un peu moins de dix ans, mon épouse a eu l’idée de nous étendre au domaine du luxe. Puisque j’ai autant une passion pour les montres que pour le golf, l’horlogerie était un choix naturel», explique Deremi Ajidahun. Le détaillant a même créé un magazine consacré au domaine, pour accroître la notoriété de l’horlogerie sur place: «Il n’y a pas vraiment de publications spécialisées ici – et de manière générale, l’Afrique est toujours sous-représentée dans les grands magazines de luxe!»
Gourmands en montres de luxe... en Europe Jusqu’à l’an passé, la croissance était continue. La clientèle de la chaîne Zakaa – le nom du pôle horloger du groupe – est essentiellement locale. Comme il n’existe pas vraiment de classe moyenne dans ce pays aux fortes inégalités, les aficionados sont essentiellement des HNI (pour High Net Worth Individuals) ou des UHNI (pour Ultra High Net Worth Individuals), selon le jargon consa-
Photo: Igor Laski
Deremi Ajidahun reçoit souvent des félicitations de CEO suisses sur l’appétit horloger des Nigérians en villégiature à Paris, Londres ou New York. Le détaillant africain rétorque en se désolant que les achats de montres ne se fassent pas sur place, à Lagos ou Abuja. Le système tourne en rond et l’Afrique, malgré son potentiel démographique – 180 millions d’habitants rien qu’au Nigeria – et les éternelles promesses du développement, ne représente aujourd’hui guère que 2% à 3% des achats de luxe dans le monde.
Rencontre avec Deremi Ajidahun, fondateur de Hole19
cré. Si une marque comme Hublot a rencontré un succès constant sur place, Deremi Ajidahun explique en revanche que «vendre une marque de luxe abordable, moins connue, comme Louis Erard était moins évident au début». C’est finalement du côté des élégantes propositions féminines de la marque indépendante suisse qu’est venu le salut... Face à la crise qui a éclaté l’an dernier, le détaillant a dû concéder des promotions importantes dans ses magasins, «de l’ordre de 50% à 60%». Il souligne: «Nous avons en revanche tenu à garder tout notre effectif. Nous n’avons pas introduit de nouvelle marque et avons multiplié les événements locaux. Dans le passé, nous organisions de gros événements mais nous nous rendons compte que le retour sur investissement n’est pas aussi fort qu’avec des événements plus ciblés.»
«Richemont est un groupe d’origine africaine. Ils pourraient en faire plus pour le continent!» Le détaillant ne peut pas compter sur un quelconque patriotisme économique de la part de ses concitoyens pour relever la tête... Si les Nigérians «adorent» les montres, quelque «80% de leurs achats horlogers» se font à l’étranger. «Nous essayons de ramener les achats sur le marché domestique. Si nous avions une masse critique de modèles et de marques sur
place, la consolidation du marché serait beaucoup plus facile... A ce niveau, je dois tout de même rendre hommage à LVMH, qui a été précurseur sur l’horlogerie en Afrique.»
Manque de liquidités et contrefaçons Car le détaillant est catégorique: le potentiel de croissance est bien présent sur place... et pas uniquement dans une expansion par exemple vers l’Afrique du Sud, la première économie du continent. «Nous avons assez à développer au Nigeria, un pays de 180 millions d’habitants! Je crois que nous n’avons même pas atteint le 20% de notre potentiel.» A condition que les horlogers jouent le jeu et commencent à étoffer leurs réseaux de distribution en Afrique. «Richemont est un groupe d’origine africaine. Ils pourraient en faire plus sur le continent!» Deux écueils importants se posent néanmoins sur le chemin de la croissance horlogère en Afrique. D’une part, la faiblesse du système bancaire oblige les détaillants locaux à grandir quasiment uniquement à fonds propres, ce qui freine leur croissance. «Nous n’avons pas emprunté un seul centime, souligne Deremi Ajidahun. La première difficulté du business, au Nigeria comme sur une grande partie du continent, c’est le système bancaire. Il ne vous donne pas de crédits pour vous développer.» Un autre immense problème est la contrefaçon, qui s’enracine très profondément dans la société et l’économie locale. «Vous pouvez voir des hôtels trois étoiles au Nigeria
qui exposent de fausses montres... Il n’y a pas de loi qui combatte efficacement ce problème et nous recevons des flots de fausses montres chinoises, qui inondent le marché. Cela concerne tous les domaines: je vois même des contrefaçons de balles de golf!»
«Nous avons assez à développer au Nigeria, un pays de 180 millions d’habitants! Je crois que nous n’avons même pas atteint le 20% de notre potentiel.» Quant au e-commerce, il est lui-aussi inondé de fausses montres... «C’est pourquoi nous n’investissons pas dans la vente en ligne, souligne Deremi Ajidahun. Nous donnons la priorité à l’éducation dans un premier temps, pour éviter que les gens croient pouvoir trouver une Patek Philippe à moins de 2’500 dollars.» En une décennie, le détaillant a déjà tracé une voie possible pour l’horlogerie de luxe sur le continent. Il ne compte pas en rester là: «Je pense par exemple qu’il serait envisageable de multiplier par deux le nombre de boutiques d’une marque comme Hublot dans les prochaines années au Nigeria!» L’Afrique n’est sans doute pas l’eldorado dont certains parlent, mais une vision plus réaliste de son potentiel pourrait lui permettre de gagner quelques pour-cents de croissance réelle... sur place.
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LES 72 MONTRES NOMINÉES
16 | EUROPA STAR PREMIÈRE
DAME
COMPLICATION DAME
BOVET Amadeo Fleurier 39 Fan
BULGARI Lvcea Tubogas Skeleton
CHAUMET Laurier
Tefnut Twist Classic
MORITZ GROSSMANN
CHANEL Boy-friend Skeleton
PIAGET
Possession Lapis Lazuli
AKRIVIA
MB&F
Legacy Machine Split Escapement
DE BETHUNE
DB28 Steel Wheels
VACHERON CONSTANTIN
Historiques Triple calendrier 1942
H. MOSER & CIE
Endeavour Flying Hours
VOUTILAINEN
217QRS
CHRONOGRAPHE
CZAPEK
L'Heure Bleue
SINGER REIMAGINED
Singer Track1 Hong Kong Edition
LUDOVIC BALLOUARD
Pink Hours
BULGARI
Diva Finissima Minute Repeater
PARMIGIANI FLEURIER
Kalpa Tourbillon Galaxy
CHAUMET
Espiègleries
VAN CLEEF & ARPELS
Lady Arpels Planétarium
COMPLICATION HOMME
HOMME
Chronomètre Contemporain
BEAUREGARD
Dahlia C1
GIRARD-PERREGAUX
Laureato Chronograph
TAG HEUER
Monaco Bamford
BULGARI
Octo Finissimo Tourbillon Automatic
KRAYON
Everywhere Horizon
GIRARD-PERREGAUX
Neo Tourbillon With Three Bridges Skeleton
LAURENT FERRIER
Galet Annual Calendar School Piece
H. MOSER & CIE
Endeavour Perpetual Moon Concept Vantablack®
VACHERON CONSTANTIN
Overseas Ultra-thin Perpetual Calendar
CHRONOMÉTRIE
MONTBLANC
1858 Monopusher Chronograph Limited Edition 100
ZENITH
Defy El Primero 21
DAVID CANDAUX
DE BETHUNE
MONTBLANC
Half Hunter
DB25 Starry Varius Chronomètre Tourbillon
Star Legacy Suspended Exo Tourbillon Limited Edition 58
TAG HEUER
ULYSSE NARDIN
ZENITH
Carrera Tourbillon Chronograph Executive Tourbillon Free Wheel Defy Zero G Tête de Vipère Chronometer
GRAND PRIX DE L'HORLOGERIE DE GENÈVE 2018 EXCEPTION MÉCANIQUE
ANDERSEN GENÈVE & KONSTANTIN CHAYKIN
Automaton Joker
GIRARD-PERREGAUX
Minute Repeater Tri-Axial Tourbillon
BOVET
Récital 22 Grand Récital
GREUBLEL FORSEY
Grande Sonnerie
SPORT
BULGARI
Octo Finissimo Minute Repeater Carbon
ULYSSE NARDIN
Freak Vision
JOAILLERIE
ANTOINE PREZIUSO
Trillion Tourbillon of Tourbillons
DE GRISOGONO
Cascata
HABRING2
MING
19.01
FABERGÉ
Visionnaire Chronograph Dynamique
TAG HEUER
Monaco Gulf
MONTBLANC
1858 Pocket Watch Limited Edition 100
ULYSSE NARDIN
Diver
SEIKO
Seiko Prospex 1968 Diver’s Recreation
ZENITH
Pilot Cronometro Tipo CP-2 Flyback
MÉTIERS D’ARTS
BULGARI
Serpenti High Jewellery
PIAGET
High Jewellery Cuff Watch Dentelle d'Or
CHANEL
Bouton de Camélia
VAN CLEEF & ARPELS
Secret de Coccinelle
K. CHAYKIN
Clown
ULYSSE NARDIN
Marine Torpilleur
CHAUMET
FABERGÉ
Ecritures de Chaumet - limited edi- Clover tion inspired from Renoir's work
PIAGET
Altiplano Tourbillon Malachite
VACHERON CONSTANTIN
Métiers d'Art Les Aérostiers Paris 1783
HERMÈS
Arceau Robe du soir
VAN'T HOFF
Ballet in Blue
CHALLENGE
PETITE AIGUILLE
Doppel-Felix
EUROPA STAR PREMIÈRE | 17
LONGINES
Record
VINCETERRA
Tycho Brahe "série" T2 Anthra
GORILLA
Fastback Drift
RESERVOIR
Longbridge British Racing
LONGINES
Conquest V.H.P. GMT flash setting
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Seiko Presage Shippo Enamel
NOMOS
Tangente Neomatik 41 Update
TUDOR
Black Bay GMT
MARQUES
18 | EUROPA STAR PREMIÈRE
Bell & Ross, entretien Business & Ruptures La marque fièrement indépendante franco-suisse, qui a fait du tableau de bord un incontournable du poignet, suit une trajectoire très précise et sans zigzags stratégico-politiques. Pionnière du format XXL, de la lisibilité extrême, de nouveaux matériaux, de nouveaux motifs comme le Skull, et même du e-commerce (dix ans déjà!), elle est l’une des rares marques créées dans les années 1990 qui se sont véritablement enracinées dans le terroir horloger, avec le soutien d’un puissant mentor à la philosophie élégante, Chanel. Rencontre avec son co-fondateur Carlos Rosillo. Par Serge Maillard
Bell & Ross est une dualité. Pas que dans son nom, lié au binôme de fondateurs et amis d’enfance, Bruno Belamich (le designer) et Carlos Rosillo (le développeur). Tout semble double au sein de la marque franco-suisse lancée en 1992, qui évolue principalement sur une gamme allant de 2’000 à 10’000 francs. Montres rondes des débuts et montres carrées entrées dans l’imaginaire collectif. Rupture dans les formes et les matériaux tout en cherchant à s’enraciner dans la grande tradition horlogère suisse. Gestion des attentes pointues de la clientèle mi-
litaire originelle et des exigences esthétiques des «civils». Petite sœur autonome de la grande Chanel, actionnaire minoritaire et bienveillante. Jusqu’au compte Instagram, double lui aussi pour se jouer du temps court et du temps long, comme nous le soulignions dans une chronique récente (lire en page 3). Car la marque, qui a redonné des couleurs à l’horlogerie française au moment où ses derniers grands monuments vacillaient, joue aussi à contre-courant: «vintage» à ses débuts dans les années 1990, alors que l’horlogerie s’affranchissait de ses carcans... et misant sur la «rupture» futuriste aujourd’hui, notam-
ment via les nouveaux matériaux, alors que l’industrie actuelle s’est téléportée dans les années 1960! Pourquoi choisir, quand on peut s’amuser avec les deux mouvements? «Aujourd’hui, nous travaillons en parallèle au prolongement de notre ligne Vintage et à l’expérimentation via notre ligne BR-X1, explique Carlos Rosillo. Nous nous situons entre la tentation du vintage et celle d’exploser tous les codes... Le paradoxe, sans doute, c’est que nous cherchons à exprimer notre créativité de manière subtile mais aussi disruptive. C’est simplement le dosage qui varie!» L’esperluette qui unit Bell & Ross est du reste «le symbole de l’union des compétences», comme l’explique Carlos Rosillo. Si le cerveau et le cœur de la marque sont à Paris, ses bras et ses jambes se trouvent en Suisse, à la manufacture horlogère G&F Châtelain de La Chauxde-Fonds, propriété de Chanel, où sont produites les collections à forte valeur ajoutée (notamment les lignes «expérimentales» BR-X1 et BR-X2 avec mouvement maison – par ailleurs Bell & Ross fait également appel à des assembleurs sur place, pour les montres équipées de calibres ETA ou Sellita). A leurs débuts portés par la marque allemande Sinn, dépositaire d’une longue tradition de la montre d’aviation, et personnellement pris sous
l’aile d’Helmut Sinn, disparu cette année à l’âge enviable de 101 ans, Carlos Rosillo et Bruno Belamich continuent aujourd’hui de faire appel à des compétences extérieures, qu’il s’agisse de Vincent Calabrese pour les heures sautantes ou de Pierre Favre chez MHC. Et ne le mettent pas sous le boisseau comme beaucoup d’autres...
«Nous nous situons entre la tentation du vintage et celle d’exploser tous les codes.» Bell & Ross, qui fournit toujours les troupes d’élite du RAID et du GIGN, s’est structurée autour de quatre solides principes de design: lisibilité, fiabilité, fonctionnalité et précision. Comme peu d’autres, elle a contribué au boom de modernité ayant fait évoluer l’industrie ces vingt dernières années. Et reste l’une des plus belles marques horlogères indépendantes en activité, alors qu’on imagine bien que des offres alléchantes ont dû passer sur le bureau de Carlos Rosillo, à une époque de consolidation qui a vu les rachats se multiplier... Rencontre, sous le signe là aussi de la dualité, entre business et ruptures!
Ruptures Vraie rupture ou simple retour en arrière, aujourd’hui, on voit de l’inspiration vintage ou des rééditions quasiment partout en horlogerie... Vous avez même une collection intitulée Vintage, avec par exemple la BR V2-94 Racing Bird Chronograph sortie cette année. Pourtant, vous êtes une marque relativement récente. Comment abordez-vous ce phénomène? Nous avons commencé à nous intéresser au «vintage» il y a 25 ans, à une époque où ce n’était pas forcément bien vu. C’était une période de couleurs. Or, nous étions spécialisés dans les montres rondes militaires à chiffres blancs sur cadrans noirs. Certaines marques très établies n’avaient plus aucun modèle de ce type! Le vintage, sous forme des cadrans noirs notamment, n’était pas populaire. Pour nous, ce qui était intéressant, c’était avant tout la lisibilité avec le contraste positif-négatif. Mais quand nous avons démarré, ce n’était ni la mode du vintage ni celle des montres militaires. Comment est arrivée l’idée de la montre carrée? Nous avons initié quelque chose avec nos modèles... et avons en réalité rapidement été dépassés par
Bell & Ross BR 01 Laughing Skull
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le mouvement que cela a suscité. Comment rester assez distinctif? Après avoir produit uniquement des montres rondes, nous avons introduit dès 2005 des modèles carrés. Notre inspiration était le tableau de bord des avions, qui figurent de manière schématique des «ronds sur des carrés». Concrètement, nous mettons le tableau de bord au poignet. Aujourd’hui, nous proposons des montres de poche, des montres rondes, des montres carrées...
lière avec son fond du mouvement spectaculaire. C’est aussi la première fois que l’on sort un automate. Elle pose une question existentielle: fautil rire ou pleurer de la mort?
Parallèlement, vous figurez aussi parmi les pionniers de l’intégration de nouveaux matériaux en horlogerie, dans toute la ligne «expérimentale» BR-X1...
Nous comptons 750 points de vente dans plus de 80 pays. L’Europe est un des pôles que nous avons le plus développé. Il y a deux ans, nous avons repris la distribution en Asie à l’interne et nous avons déjà une filiale en Amérique du Nord. Aujourd’hui, nos marchés les plus porteurs sont les Etats-Unis, la France et le SudEst asiatique.
Nous avons en effet toujours pratiqué la rupture et l’innovation, mais en essayant de respecter les aspects les plus traditionnels de l’horlogerie, sur la base de quatre principes: la lisibilité, la fiabilité, la fonctionnalité et la précision. Concernant les nouveaux matériaux, nous avons entre autres introduit le carbone forgé ou encore le titane renforcé - nous essayons ensuite d’essaimer ces innovations sur différentes collections, même si une question de prix de revient entre alors en compte. Nos montres saphir démarrent ainsi à 69’000 francs, ce qui est plutôt abordable par rapport aux autres modèles sur le marché dans ce créneau. Et je crois que c’est la première fois qu’une marque horlogère réalise une montre sans boîtier, puisque deux plaques de saphir sont posées directement sur le mouvement du BR-X2 Tourbillon Micro-Rotor! Vous avez aussi pleinement participé au surdimensionnement des montres lors des deux dernières décennies, ayant même choqué l’industrie au début avec vos montres XXL. Le mouvement serait toutefois plutôt au «rétrécissement» aujourd’hui... En même temps, on imagine mal des Bell & Ross «mini»! La tendance n’est certes plus au gigantisme, mais il faut tout de même
Business Où se situent les principaux marchés de Bell & Ross et combien de détaillants vous représentent aujourd’hui?
Quels sont les marchés où Bell & Ross est encore sous-développé, par rapport à son potentiel? La Chine, très certainement. Nous avons «semé» mais pas surinvesti: le boom du marché chinois a en effet commencé sur des propositions horlogères plus classiques, mais notre tour viendra bientôt.
Carlos Rosillo, co-fondateur de Bell & Ross
garder une certaine taille pour des montres de sport. Nous sommes forcément plutôt grands, car nous miniaturisons déjà quelque chose de volumineux à la base. Par ailleurs, une certaine taille correspond à nos principes de lisibilité et de précision. Mais très peu de nos montres sont «surdimensionnées»: aujourd’hui, nous allons de 39 mm à 46 mm de diamètre. Nous avons plutôt travaillé à la réduction de l’épaisseur des montres. Ainsi, le modèle BR-X2 Tourbillon MicroRotor a un mouvement tourbillon volant extraplat automatique de seulement 4.05 mm d’épaisseur... et c’est un mouvement carré.
Autre tendance qui reste forte malgré les années qui passent... le Skull. On a beaucoup parlé de votre Laughing Skull introduite au salon CoutureTime de Las Vegas. A qui s’adresse ce type de produits? Nous avons lancé une Skull dès 2009, alors qu’on était en pleine crise horlogère. Cela marque les esprits. Le symbole de la tête de mort est notamment très glorieux pour les militaires, c’est un talisman qui représente le courage d’affronter la mort. Au début, cela a fait un peu scandale! Cette année, nous lançons la Laughing Skull, qui est très particu-
Beaucoup de marques ont ouvert des boutiques en propre cette dernière décennie. Certains détaillants ont pu se sentir dépassés... Vous disposez de 13 boutiques dans le monde. Quelle est votre stratégie sur ce point? Nous n’avons pas exagéré les ouvertures de boutiques en propre, qui se destinent en priorité aux purs aficionados de la marque. Nous n’avons jamais fait concurrence à nos propres représentants. Les boutiques en propre visent à contenter le marché... et surtout elles sont rentables, ce n’est pas juste du marketing ou de l’ego! Comment considérez-vous internet pour votre marque: un outil
de communication ou un outil de vente... ou les deux? Je crois que nous avons été la première marque de belle horlogerie à lancer une e-boutique, il y a déjà 10 ans. Nous nous sommes dit à l’époque que le digital allait de toute façon prendre une place prépondérante et que nous ne pouvions laisser cela à des tiers. Nous affichons le prix de nos montres depuis longtemps. Par ailleurs nous avons aussi établi des partenariats avec des entreprises sérieuses comme Mr. Porter ou Farfetch. C’est la meilleure stratégie face à l’effervescence du web. Aujourd’hui, le digital est pour nous une source de croissance. Nous enregistrons plus de 2 millions de visiteurs par an, avec une moyenne de 6 à 7 minutes passées sur notre site, et les ventes commencent à être conséquentes. Nous avons aussi inclus des détaillants dans le processus.
«Les boutiques en propre visent à contenter le marché... et surtout elles sont rentables, ce n’est pas juste du marketing ou de l’ego!» Où en est aujourd’hui votre relation avec Chanel, en termes de production comme de participation? Chanel détient une participation minoritaire dans Bell & Ross et apporte énormément de savoir-faire. Ils sont par exemple très forts dans le domaine juridique. L’approche de Chanel à notre égard, c’est «aucune obligation mais volontiers une collaboration». Ce que je trouve remarquable, c’est qu’ils ont vraiment une vision à long terme du luxe. Ce sont des géants avec une maîtrise artisanale, évitant la standardisation pour ne pas diluer la marque. C’est un bel exemple à suivre.
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Bulgari, le luxe hors de l’espace-temps
Par Serge Maillard
De la haute joaillerie, essentiellement, et quelques garde-temps exclusifs, exposés dans le cadre somptueux de la Villa Farnesina, construite au début du 16ème siècle pour un banquier du Pape et ornée de fresques de Raphaël, à Rome. Et le soir, un show sous tente tonitruant aux sons des années 1980, avec des mannequins recréant l’atmosphère des Supermodels, dans un cadre tout aussi «monumental», le Stade des Marbres de 1932 et ses 64 statues colossales de marbre de Carrare, juste à côté du Stade Olympique sur le Foro Italico. Des pièces uniques pour la plupart, dans un «choc des contrastes» qui rappelle un peu ce qu’a pu faire dans le passé un Jeff Koons exposant ses figurines de homards et
ballons gonflables XXL à Versailles (et représentant aujourd’hui la Joconde ou Van Gogh sur les sacs de Louis Vuitton), lorsque la pop est mêlée à l’art classique – entrant elle-même symboliquement dans les classiques de notre temps. Car les années 1980, si elles ne sont pas aussi distantes que la Renaissance, sont déjà devenues un classique, un bon cru, comme l’âge d’or perdu de l’insouciance, celle d’avant la chute du Mur, alors que le monde était binaire... Une ère classique dont Bulgari s’est emparée pour son thème créatif annuel, intitulé «Wild Pop», sur fond d’installations d’Andy Warhol et de performance de Duran Duran. Le luxe mondialisé n’a plus de territoire ni de chronologie – il évolue au-delà de l’espace-temps, fusionnant, entrelaçant et métissant des
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Comment une grande maison de mode peut-elle renouveler ses propositions sans subir le diktat des réseaux sociaux? Sans céder, donc, aux instantanés de l’époque? Une solution consiste à retrouver des temps pas si anciens mais déjà considérés comme «classiques», devant l’accélération du monde. Avec son thème Wild Pop et les années 1980, la joaillerie Bulgari esquisse une réponse. L’industrie du luxe mondialisé se joue désormais de l’espace-temps.
Jean-Christophe Babin, à la tête de Bulgari depuis 2013
époques dont il cherche à extraire l’essence esthétique et spirituelle, explosant toutes les frontières spatiotemporelles, de Raphaël à Duran Duran et de la vieille cité romaine aux nouvelles mégalopoles de l’arrière-pays chinois... Les clientes, elles aussi, comme dans un jeu de miroirs, ne s’embarrassent plus des codes chers à la bourgeoisie d’antan. A une époque où tout le monde entend faire «sa» différence et où les produits de luxe n’ont jamais été tant copiés et diffusés, une parure à plusieurs milliers
de francs ne jure plus forcément sur un T-shirt porté avec jeans taille haute et fesses rebondies sur des escarpins vertigineux. Au sein de toutes les grandes marques de luxe, on tente de cerner ce phénomène, entre la nécessité d’évoluer face à des goûts volatiles, un appétit financier certain devant l’agrandissement extraordinaire du bassin potentiel de clientèle (il n’est que de voir les résultats annuels de groupes comme LVMH depuis quelques années pour observer cette croissance inouïe*),
Lorsque la pop est mêlée à l’art classique, elle entre elle-même symboliquement dans les classiques de notre temps. Les années 1980, si elles ne sont pas aussi distantes que la Renaissance, sont déjà devenues un classique pour l’industrie du luxe. Le rythme s’accélère... mais aussi le risque de se disperser et de perdre son exclusivité et son rôle de «prescripteur». Chez Bulgari, le directeur JeanChristophe Babin a trouvé le mot juste, en italien naturellement, pour appréhender ce nouveau monde: la quotidianità (qui pourrait être traduit en français par «réalité quotidienne»). Car les jalons de la vie où l’on «se devait» de porter de la joaillerie, du mariage à la première communion des enfants, ont perdu de leur sacralité dans nos sociétés séculaires et consuméristes, où l’on a cessé de regarder vers le Très-Haut pour accorder toute son attention à sa propre personne.
À l’inverse, à travers la mise en scène via les réseaux sociaux comme Instagram, c’est bien la vie quotidienne qui est aujourd’hui sacralisée, avec des primes à l’originalité des compositions et des couleurs. Le selfie qui «déifie»... Les iconoclastes, qui réprouvaient l’idolâtrie par l’image, ont perdu la bataille! «Aujourd’hui, il y a de moins en moins de segmentation, observe Jean-Christophe Babin. Cela nous donne aussi plus de possibilités de nous exprimer, de variétés de designs, puisque nous sortons de la domination du cadeau d’anniversaire ou de mariage pour le bijou!» Entre la diva Grace Kelly, princesse au sens propre et figuré des années 1960, et Bella Hadid, Beauty Queen des années 2010, Bulgari se raccroche aux années 1980 comme à un terrain d’expression «intermédiaire» dans cet espace-temps transcendé. Une décennie où les couleurs, les formes et les conventions d’autrefois sont bousculées, mais où la mode est encore intégralement aux mains des marques dans une logique «top down»; alors que les maisons de luxe se doivent aujourd’hui de danser en équilibristes réactives avec des consommatrices dont beaucoup se veulent créatrices - et qui via les réseaux sociaux produisent sans doute en une journée autant d’images qu’une marque d’autrefois en une année... C’est notamment en jouant sur la versatilité des matériaux que Bulgari compte tirer son épingle du jeu dans cette nouvelle configuration du luxe. Ainsi de l’or jaune ou de l’or rose, par exemple, moins formels que l’or blanc ou le platine. «Dès les années 1960, nous insistions sur la polyvalence dans le porter du bijou, rappelle Jean-Christophe Babin. L’or jaune permet une quotidianità plus importante!» «Les nouvelles générations portent les bijoux de manière décontractée, renchérit Fabrizio Buonamassa,
MARQUES directeur de la création artistique pour l’horlogerie Bulgari. C’est très important de suivre ces évolutions et nous différencions toujours nos produits selon les publics. Ainsi, la Serpenti en onyx noir a un côté plus formel que la nouvelle Serpenti pixellisée.» La maison romaine, qui a inauguré un grand centre de joaillerie à Valenza l’an passé, mise plutôt sur son artisanat pour ces pièces d’exception aux formes audacieuses, aux couleurs vives et aux pierres rares, empreintes de l’extravagance des années 1980, qui n’étaient définitivement pas une décennie minimaliste, mais le temps de la disco, des yuppies et du XXL, un monde retranscrit notamment dans le «Loup de Wall Street». Un collier imaginé par Bulgari reproduisant des motifs de... feuilles de cannabis donne le ton de cette décennie stupéfiante.
Chez Bulgari, le directeur JeanChristophe Babin a trouvé le mot juste, en italien naturellement, pour appréhender ce nouveau monde: la quotidianità.
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«Le thème Wild Pop est très intéressant en ce qui concerne l’exploration de toutes sortes de formes géométriques, de couleurs, de combinaisons et de constructions, souligne Jean-Christophe Babin. Les années 1980 étaient une période hédoniste, nous sommes dans une forme de «retour du rêve».» En ce qui concerne les montres, on notera en particulier une nouvelle Serpenti à structures «pixellisées» (comme un clin d’oeil au pixel qui est partout sans qu’on le remarque),
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l’animal préféré de Bulgari ayant la capacité de changer rapidement de peau... «Cette montre est composée de petites boules d’or montées à la main et inspirée d’une pièce des années 1970», précise Fabrizio Buonamassa. Les «nouvelles technologies» ne vont d’ailleurs pas toujours dans le sens de l’automatisation: ainsi dans les années 1970, les boules étaient soudées alors qu’aujourd’hui elles peuvent être montées à la main... et elles bougent! «C’est de la joaillerie animée, qui donne à la montre un design complètement différent.» On trouve aussi, quelque peu cachée par la profusion des propositions de haute joaillerie et un peu décalée par rapport au thème dominant, une montée ultra-technique, cumulant le plus grand nombre de complications à ce jour pour Bulgari, dont Grande et Petite Sonnerie! Espérons la revoir bientôt dans un autre contexte. Car pour l’horlogerie Bulgari, on peut dire que cette année est plus «Finissimo», dans l’ultra-plat futuriste, que dans le Wild Pop exubérant! Avec cette propriété de caméléon de regarder devant et derrière tout en adaptant ses couleurs et ses stratégies, revenant toujours d’une manière ou d’une autre à son terroir romain, Bulgari porte les activités joaillières du groupe LVMH. Un secteur en «progression rapide» alors que les montres ont connu encore l’an dernier un «marché difficile», selon le PDG Bernard Arnault, qui note l’«excellente année» 2017 avec des «gains de parts de marchés» réalisée par la marque. Si le marché joailler est plus important que le marché horloger en termes de revenus, il n’existe pas de «monopole» sur l’origine, comme c’est le cas de la Suisse pour la montre. «Le marché joailler se développe structurellement et il est véritablement universel: dès le début de l’humanité, les bijoux ou les
pierres précieuses étaient révérées, relève Jean-Christophe Babin. La bijouterie a pris constamment de l’importance au fur et à mesure que l’humanité s’est développée.» Autre facteur de société important pour le développement de la maison: le nomadisme contemporain. «Si l’on naît à Genève, se marie à Tokyo et vit à New York, la notion de «bijoutier de quartier» perd de son sens. Dans cet environnement cosmopolite, les marques globales comme Bulgari deviennent une référence. Elles suscitent la confiance. Le différentiel de croissance est donc favorable aux marques globales.» Par ailleurs, beaucoup moins «branded» que la montre, la joaillerie a toujours eu un marché important du pre-owned, qui est seulement en train de prendre son envol en horlogerie. «La gestion des stocks est très différente en joaillerie qu’en hor-
Aujourd’hui, c’est bien la vie quotidienne qui est sacralisée. Le selfie qui «déifie»... Les iconoclastes, qui réprouvaient l’idolâtrie par l’image, ont perdu la bataille! logerie... car les matériaux sont récupérables. On peut même gagner de l’argent selon l’évolution de leur cours! Du coup, on peut aussi risquer davantage qu’en horlogerie sur de nouveaux designs par exemple, ayant cette garantie en tête.» La fonctionnalité est aussi la limite de la montre... Et la joaillerie de se muer en «locomotive» lorsque l’horlogerie bat de l’aile, qu’il s’agisse
de Bulgari chez LVMH, de Cartier et Van Cleef & Arpels chez Richemont ou au sein du leader mondial du secteur joaillier, Tiffany & Co, qui a pourtant aussi une longue histoire dans la montre. Car si l’horlogerie fait régulièrement face à des menaces, de la crise du quartz à l’arrivée de la montre connectée ou plus globalement à «l’obsolescence proclamée» de ses fonctions et de son statut, la joaillerie, elle, avance sans cette épée de Damoclès... *L’évolution du chiffre d’affaires de groupes majeurs de luxe entre 2013 et 2017: LVMH: de 29,1 à 42,6 milliards d’euros; Kering: de 9,7 à 15,5 milliards d’euros; Hermès: de 3,8 à 5,5 milliards d’euros L’horlogerie est plus contrastée... Richemont: de 10,1 à 11 milliards d’euros (exercices décalés 2012/13–2017/18); Swatch Group: de 8,5 à 8 milliards de francs.
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WatchBox, quand un détaillant réussit sa transition digitale – garde-temps qu’elle se chargera ensuite d’écouler à ses contacts, via l’emploi de traders spécialisés en horlogerie (deux sont basés au bureau de Neuchâtel, contre une vingtaine à Philadelphie et six à Hong Kong). «Nous ne vendons que ce que nous avons en stock, résume Susanne Hurni, responsable du marketing de la nouvelle filiale suisse de WatchBox. Nous ne sommes ni une place de marché ni un site de consignation. Actuellement, nous possédons ainsi des montres pour une valeur de l’ordre de 60 millions de dollars.» Tout est parti en réalité d’un module de l’application WatchBox permettant aux clients d’enregistrer en
Physiquement, voilà le pre-owned, jusqu’à présent assimilé presque exclusivement au marché gris, qui s’installe à deux pas des manufactures! Le symbole est fort.
Danny Govberg est l’héritier d’une illustre famille de détaillants horlogers de Philadelphie. En quelques années, l’Américain a complètement bouleversé son business model autour de deux axes: le e-commerce et les montres d’occasion. L’entrepreneur vise un chiffre d’affaires de plus 200 millions de dollars avec sa plateforme WatchBox cette année. Celle-ci s’étend à l’international, à commencer par la Suisse. Par Serge Maillard
Au bord du lac de Neuchâtel, dans une superbe maison patricienne, nous sommes accueillis par Susanne Hurni et Patrik Hoffmann. Un duo que l’on associe instinctivement à Ulysse Nardin, puisque ces deux figures de l’horlogerie suisse y ont passé plusieurs décennies! Et pourtant il faudra désormais s’habituer à les voir porter une casquette différente, pour l’heure bien mieux connue outre-Atlantique qu’en Suisse: celle de la plateforme en ligne de vente de montres d’occasion WatchBox. Aux Etats-Unis, Danny Govberg,
qui a imaginé et co-fondé WatchBox avec Tay Liam Wee et Justin Reis, est lui aussi une figure locale importante du paysage horloger. L’héritier d’une famille de détaillants installés à Philadelphie depuis 1916, qu’Europa Star avait interviewé l’an passé dans le cadre de son édition spéciale sur l’avenir du Retail, a un carnet d’adresses comme peu d’autres dans l’industrie – il représente le meilleur de l’horlogerie aux Etats-Unis, avec Patek Philippe, Rolex, Audemars Piguet ou Omega, mais aussi des marques ultra-exclusives comme Greubel Forsey par exemple, dont il est un revendeur très important.
Les deux intuitions de Danny Govberg On aurait pu croire qu’un acteur de sa trempe et de son dynamisme s’étendrait progressivement vers d’autres Etats aux USA. Pourtant, Danny Govberg a choisi de rester «confiné» à la région de Philadelphie, où il opère aujourd’hui trois boutiques. Car c’est bien davantage vers le digital que l’homme d’affaires a senti – à juste titre – que le vent tournait: une ambition qui devenait du coup mondiale, plutôt que nationale! Autre intuition: les ventes en ligne horlogères sont indissociables des modèles d’occasion ou «pre-owned». On traite après tout d’un produit qui tient la durée, bien mieux qu’une automobile par exemple. D’autant que les marques ont eu tendance à sur-stocker ces dernières années, laissant des listes d’invendus parfois assez hallucinantes. Richemont a par exemple consenti plus de 200 millions de dollars l’an passé pour racheter des stocks. Là aussi, Danny Govberg a eu le nez fin: alors que la vague vintage s’étend, une forme de légitimation de ce mar-
Danny Govberg, le fondateur de WatchBox
ché du pre-owned est en cours, par exemple avec le rachat récent par le même Richemont de la plateforme en ligne spécialisée Watchfinder. Les étoiles semblent donc s’aligner pour l’entrepreneur qui a tôt parié sur le digital et le pre-owned. Et après des bureaux à Philadelphie et Hong Kong, voici l’inauguration d’un premier site en Suisse, au cœur de l’écosystème horloger. Physiquement, voilà le pre-owned, jusqu’à présent assimilé presque exclusivement au marché gris, qui s’installe à deux pas des manufactures! Le symbole est fort.
«60 millions de dollars de stocks horlogers» Comment opère WatchBox? Assez différemment, en réalité, d’une grande partie des plateformes en ligne qui se contentent de mettre en relation vendeurs – la plupart du temps des dealers dont c’est le métier – et acheteurs privés. Car la société lancée par Danny Govberg achète elle-même à des privés les montres, «souvent dans un délai de 24 heures»
ligne leur collection, afin d’évaluer et de suivre la cote des montres en leur possession. Le premier pas du trader, en quelque sorte... Susanne Hurni précise: «Avec les nouveaux outils de tracking et le Big Data, nous pouvons facilement identifier et recouper quelles montres de quel collectionneur intéressent quel autre collectionneur enregistré.»
Rassurer les investisseurs Les traders de WatchBox peuvent alors entrer en action auprès des clients enregistrés sur l’app, pour faire se rencontrer offre et demande, selon un «prix équitable, établi à la manière de valeurs boursières»... De façon assez intéressante, le site ajoute donc une étape à la «main invisible» digitale et impersonnelle qui anime les autres plateformes d’intermédiation (dont beaucoup possèdent un système similaire d’enregistrement de ses collections en ligne), à travers l’action bien visible et «humaine» de ses propres traders. Ou comment trouver le meilleur équilibre possible entre l’homme et la machine... Vaste question! Mais surtout, ce qui change tout est le fait que la société achète elle-même les montres, «prise de risque» qui lui donne en contrepartie un contrôle accru sur les opérations en cours et rassure aussi les investisseurs potentiels. «Lorsque vous mettez votre montre aux enchères, vous la placez en consignation mais vous
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Tournant sociologique
Susanne Hurni, responsable marketing de la nouvelle filiale suisse de WatchBox à Neuchâtel
Patrik Hoffmann, ancien CEO d'Ulysse Nardin, dirige la nouvelle filiale suisse de WatchBox
n’êtes pas sûr qu’elle trouve preneur, souligne Susanne Hurni. Si vous nous appelez, vous avez bien souvent votre paiement dans les 24 à 48 heures plus tard.» Bien entendu, encore faut-il être en mesure d’évaluer la pièce. «Nous avons engagé un horloger qui intervient sur ces évaluations. Si nous constatons que la montre n’est pas dans l’état promis, il peut y avoir une moins-value. Par ailleurs, nous ne nous spécialisons pas dans les montres datant d’avant 1985.». Quid de la garantie apposée sur les garde-temps acquis et revendus? «Nous donnons une nouvelle garantie de 15 mois, répond Patrik Hoffmann. Ce qui est intéressant, via les données que nous recueillons, c’est que nous traçons l’historique de la montre dès lors qu’elle entre dans notre patrimoine. Elle sera d’autant plus facile à entretenir et réparer, le cas échéant.» Le service après-vente de WatchBox pour l’Europe se trouve à Neuchâtel.
terme, la plateforme vise à intégrer les détaillants dans la boucle, qui sont une formidable ressource potentielle en montres pre-owned et sont actuellement sous pression de changer de business model. A long terme, l’objectif consiste enfin à nouer des partenariats directement avec les marques, qui ne manquent pas non plus de stocks... D’où, également, l’importance stratégique de s’établir en Suisse pour WatchBox. «Nous sommes déjà dans des négociations très avancées avec des détaillants en Suisse, révèle Susanne Hurni. Nous leur offrons un prix intéressant et c’est notre nom qui s’affiche puisque nous achetons nousmême les montres; sur d’autres plateformes, les revendeurs peuvent se mettre en porte-à-faux avec les marques qu’ils représentent.» Mais c’est bien sûr auprès des marques que WatchBox espère un tournant psychologique, dont on commence d’ailleurs à discerner les signes avant-coureurs. «Nous proposons une forme de nettoyage du marché qui permet en même temps de préserver l’image de marque, plutôt que de faire du prix cassé ou de détruire les montres... Laisser les détaillants revendre les montres de l’an dernier 40% moins cher ou détruire les stocks ne fait qu’affaiblir l’image de marque et énerver les collectionneurs.»
Convaincre détaillants... et marques A court terme, le but de WatchBox est de confirmer l’essai réalisé aux Etats-Unis dans le reste du monde, en Europe et en Asie, via les nouveaux bureaux locaux. A moyen
Pour Susanne Hurni, le marché gris reste le symptôme d’une inadéquation entre l’offre et la demande horlogère. Avec son système de «cotation», WatchBox entend proposer le «prix juste» du marché. C’est donc l’utilisation du Big Data, avec la collecte d’informations qui collent le plus près aux attentes réelles d’acheteurs réels, qui change la donne... Les CEO commencent certes à se rendre compte de tout le potentiel du marché de l’occasion. «Comment a-t-on pu fermer les yeux aussi longtemps sur ce phénomène? Il y a eu une forme d’arrogance de la part des marques à vouloir imposer des montres neuves. Les jeunes ont changé leurs modes de consommation, ils ne tiennent plus forcément à pos-
autres. Elle s’apprête à faire de même en Suisse. «Que ce soit avec nos contenus ou via des partenariats avec des influenceurs, nous augmenterons l’intérêt autour de certains modèles», souligne Patrik Hoffmann.
Un marché à construire L’ancien patron d’Ulysse Nardin avance des objectifs chiffrés ambitieux: plus de 200 millions de dollars de ventes de montres pre-owned cette année, soit une croissance annuelle de 40%, et une aspiration à 500 millions de dollars de chiffre d’affaires pour WatchBox «dans les années à venir». Aujourd’hui, 160 personnes travaillent pour la société à travers le monde. «A Neuchâtel, nous serons entre 12 et 15 collabo-
ligne. Et sur ce point, le berceau américain de WatchBox compte un temps d’avance: «Les Américains font déjà plus confiance à American Express qu’à quelqu’un derrière un guichet, souligne Patrik Hoffmann. Cela prendra certes plus de temps en Asie et en Europe qu’aux EtatsUnis. Mais en Chine, les consommateurs commencent déjà à s’habituer à recevoir à domicile des colis achetés via WeChat.» En ce qui concerne la distribution justement, il est possible de recevoir une montre achetée sur WatchBox par shipping ou de se rendre dans une filiale locale pour la récupérer en mains propres... en attendant, si les partenariats avec les détaillants aboutissent, d’aller réceptionner une montre chez son horloger de quartier! C’est encore une musique d’avenir – qui pourrait néanmoins revaloriser le concept de proximité, via une
La salle de trading de WatchBox, dans les nouveaux locaux de la société à Philadelphie
séder à long terme. Avec des plateformes comme la nôtre, ils peuvent acheter et revendre des montres facilement.» Un tournant sociologique autant que commercial? Toujours est-il que la plateforme n’entend pas en rester à un rôle de trader ou d’intermédiaire financier – elle se veut carrément prescripteur de tendance... via ses propres contenus. A Philadelphie, WatchBox a déjà inauguré un studio vidéo où elle réalise des présentations et reviews de montres, entre
rateurs d’ici la fin de l’an prochain.» Le nouveau directeur de la filiale suisse de WatchBox est conscient qu’il s’agit encore d’un marché à construire, «avec une bonne dose de pédagogie, tant auprès des marques que des détaillants et des collectionneurs». Outre le tournant psychologique des marques quant à leur attitude par rapport au marché de l’occasion, l’autre grand tournant reste celui du consommateur par rapport au paiement et à l’achat en
forme de «glocalisation» horlogère. Avec sa plateforme, WatchBox se positionne donc en pionnière sur l’une des grandes mutations en cours de la grande Histoire horlogère: après la rupture technologique de la montre quartz dans les années 1970, la revalorisation de la montre mécanique des années 1990, la mondialisation horlogère des années 2000, voici donc venu le temps du bouleversement numérique, qui capture tout sur son passage, des productions d’antan à celles d’après-demain.
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24 | EUROPA STAR PREMIÈRE
L’horlogerie dans la Blockchain Les nouvelles monnaies virtuelles comme le fameux Bitcoin ne sont que la première illustration de la grande révolution promise par les libertariens du web: un système d’échange de données cryptées décentralisé, sans organe de contrôle humain défaillant et corruptible. Et pourquoi pas y intégrer l’horlogerie? Les premières montres inspirées par cette révolution et même certifiées dans la Blockchain ont vu le jour: des garde-temps que l’on pourra régler en... Bitcoins bien sûr. Par Serge Maillard
C’est la nouvelle grande étape de la révolution digitale: celle qui devrait finalement permettre à l’humain de s’affranchir de tout intermédiaire... humain dans ses transactions. Et si les monnaies, les données privées ou les échanges commerciaux pouvaient être sécurisés dans un espace entièrement crypté et décentralisé, où les informations sont si «découpées» qu’elles en deviennent infalsifiables? C’est la promesse de la «Blockchain», nouvel étalon-or de la quatrième révolution industrielle, cette disruption numérique qui voit la disparition progressive de tous intermédiaires et la constitution clic après clic d’un monde Business to Consumer (le Consumer to Consumer étant progressivement ramené dans le droit chemin), libéré de toute «friction» entre l’émetteur d’un service ou d’un produit et son récepteur – les détaillants horlogers en savent quelque chose... La Blockchain est aussi une véritable révolution des dogmes contemporains, réalisant ainsi le grand vœu libertarien: un système à la fois confidentiel au niveau micro (anonymat individuel) et transparent au niveau macro (avec la traçabilité de toutes les transactions)... alors qu’aujourd’hui, les individus sont soumis à la transparence, notamment à travers la vie privée qui s’affiche sur les réseaux sociaux, tandis qu’entreprises, institutions bancaires et Etats peuvent encore (pour combien de temps?) se draper dans une forme de confidentialité. Espionner la NSA plutôt que l’inverse, donc...
La flambée du Bitcoin Son incarnation la plus fameuse aujourd’hui est le «Bitcoin», crypto-monnaie évoluant dans la Blockchain, introduite en 2009 et qui a connu une flambée spéculative en décembre dernier l’emmenant à une valeur à l’unité proche des 20’000 dollars... Le mystérieux «inventeur» du Bitcoin et de la pre-
mière «chaîne de blocs» se fait appeler Satoshi Nakamoto, mais il s’agit sans doute d’un prête-nom, qui recouvre un individu ou un groupe d’individus. Tout détenteur de Bitcoins les conserve à travers un code numérique dans un «wallet» – et mieux vaut ne pas perdre ou se faire voler la clé de son compte, car aucune assurance ne viendra à la rescousse! La monnaie virtuelle reste controversée, accusée par de nombreux économistes (et même par le «Loup de Wall Street» Jordan Belfort...) d’être une spéculation constamment sur le point d’éclater, et d’être utilisée, tout comme le Dark Web, pour des activités illicites, loin du regard étatique. Par ailleurs, plusieurs vols de la crypto-monnaie ont été observés, la monnaie préférée du Parti Pirate se faisant pirater à l’occasion. Menée en particulier par des établissements bancaires qui commencent à être nerveux face à ce phénomène, la contestation s’organise donc contre un procédé qui remet en cause de fond en comble le fonctionnement de notre système monétaire, commercial et économique...
La fin de la corruption? Il n’empêche que le Bitcoin s’est popularisé depuis sa flambée médiatisée de l’an dernier – et l’intérêt pour la Blockchain s’est également propagé au-delà du seul cercle des «initiés». On nous promet par exemple des informations médicales personnelles cryptées inscrites dans la Blockchain qui pourraient permettre d’harmoniser les systèmes médicaux mondiaux – alors qu’aujourd’hui, on ne peut guère faire passer une ordonnance délivrée en Suisse aux Etats-Unis. Ou la fin de la corruption grâce à des échanges commerciaux dont le règlement sera à la fois transparent et infalsifiable. Un bon résumé des enjeux est disponible en cliquant ici et ici. L’objectif de la Blockchain, outil mondialiste par excellence, est donc la désintermédiation de toute transaction, qui pourra être opé-
Chronoswiss Flying Regulator Open Gear Bitcoin Edition
rée directement et instantanément via des réseaux décentralisés, cryptés et sécurisés. Avec elle, on évolue constamment entre la promesse d’un monde toujours plus «fluide» et «performant» grâce aux réseaux digitaux et la crainte d’une déshumanisation digne d’un épisode de la série futuriste de Netflix «Black Mirror». Un monde sans organe de contrôle, sans puissance publique d’intermédiation, peut-il éviter l’anarchie d’une part, la réduction de l’être humain à sa seule valeur fonctionnelle, d’autre part? Vaste question...
La Masterblock, une montre certifiée infalsifiable Concentrons-nous plutôt sur l’horlogerie! Nous avons vu de premiers revendeurs en ligne (en principe non agréés par les circuits de distribution officiels) commencer à accepter les Bitcoins et autres crypto-monnaies comme moyen de paiement. Dans les circuits officiels, la Blockchain fait aujourd’hui une première incursion dans le secteur, du côté des fabricants. Le spécialiste du sertissage Shant Ghouchian, qui a fondé il y a quelques années sa propre marque horlogère Gvchiani, vient en effet de s’allier à la société Cryptolex pour lancer une montre certifiée dans la Blockchain, baptisée «Masterblock». Un chronographe mécanique qui est protégé par un certificat lié à la Blockchain émis par Cryptolex, le rendant ainsi «infalsifiable». Chaque MasterBlock numérotée aura sa propre adresse Blockchain. Il s’agit plus précisément d’une édition limité à 2010 pièces, du numéro 0000 au numéro 2009, année du lancement du Bitcoin. Quelque 2008 pièces seront vendues sur le site www.masterblock.ch et deux pièces personnalisables seront mises aux enchères: la 0000, dénom-
mée «Genesis», et la 2009, baptisée «Satoshi» en hommage au créateur du Bitcoin. L’adresse unique de la montre sur la Blockchain est inscrite sur le cadran de la MasterBlock. Comment se crée concrètement une «chaîne des blocs» horlogère? Chaque montre MasterBlock numérotée est reliée au garde-temps qui porte le numéro précédent, et chaque étape de production est «gravée» dans la Blockchain, ce qui permet la traçabilité de toutes les montres depuis leur naissance. Comme exposé précédemment, la Blockchain vise à la fois la confidentialité, en sécurisant les montres contre la falsification, et une transparence des produits intégrés au réseau...
On évolue constamment entre la promesse d’un monde toujours plus «fluide» et «performant» grâce aux réseaux digitaux et la crainte d’une déshumanisation digne d’un épisode de la série futuriste de Netflix «Black Mirror». Les montres elles-même, d’une valeur de 16’500 CHF (ou 2 Bitcoins au cours actuel...), affichent un design hors norme, qui ne se cache pas dans la cryptosphère, avec le large X caractéristique de Gvchiani sur le boîtier au volume généreux qui «ouvre» sur le cadran! L’horloger a voulu intégrer plusieurs clins d’œil, dont un «block» de titane DLC, un bracelet cuir qui représente un réseau décentralisé ou le tracé du X vu pour l’occasion comme reflétant le code monétaire du Bitcoin (XBT). Une crypto-monnaie qui sera bien entendu acceptée en guise de paiement, tout comme un autre protocole d’échanges moins connu, l’«Ethereum».
Chronoswiss et ses montres au «crypto-design» Un autre horloger s’est lancé dans la production de montres inspirées par les crypto-monnaies: Chronoswiss a collaboré avec Tech Bureau Europe pour créer cinq séries de montres spéciales en édition limitée de 101 pièces. Celles-ci sont disponibles uniquement sur la plateforme d’échange de crypto-monnaies Zaif. «Les crypto-monnaies et les technologies de la Blockchain constituent un pan éblouissant de notre avenir, explique Oliver Ebstein, le propriétaire et CEO de Chronoswiss. A travers cet hommage, nous relions les racines historiques de l’horlogerie traditionnelle à la révolution numérique en cours.» Deux caractéristiques ressortent particulièrement pour relier ces gardetemps, tous basés sur le modèle Flying Regulator Open Gear, à l’univers de la Blockchain: un design directement inspiré par les crypto-monnaies et la possibilité de les acquérir à travers ce moyen de paiement d’un nouveau genre. Les premières séries ont été vendues via des enchères en ligne en avril. Leurs noms? «Bitcoin», «NEM», «Ethereum», «Zaif» ou encore «COMSA». Le logo de chaque devise est squeletté sur le cadran.
La Blockchain bientôt mainstream? Alors que les labels horlogers font débat, que l’authenticité et la traçabilité des montres sont constamment questionnées, et que le e-commerce horloger vient seulement de réellement commencer à émerger (et est déjà considéré par les adeptes de la Blockchain comme faisant partie du «vieux monde»), cette première incursion de l’horlogerie dans ce réseau futuriste offre des perspectives certes radicales mais fort intéressantes. Elle oblige à repenser entièrement la production, la certification et la distribution horlogère. «L’avenir, c’est l’évolution de l’horlogerie dans la Blockchain!», soutient avec enthousiasme Shant Ghouchian, le créateur de la Masterblock. Traditionnellement plutôt conservatrice, on imagine cependant mal l’industrie adopter rapidement la Blockchain. A ce titre, la Masterblock fait réellement figure de pionnière. Mais notre planète en phase de mondialisation numérique a les aiguilles qui tournent plus rapidement que celles de l’industrie horlogère suisse. Si réellement les monnaies virtuelles, et plus largement la technologie de la Blockchain, convainquent à plus large échelle et parviennent à lever les nombreux doutes qui les entourent, alors ce sera un tout nouveau chapitre de l’Histoire... et de l’horlogerie qui s’ouvrira!
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Watchfinder et le tournant du marché de l’occasion
Par Serge Maillard
Le 1er juin, Richemont annonçait le rachat de 100% du site de montres d’occasion britannique Watchfinder. co.uk. Etablie il y a un peu plus de 15 ans et employant quelque 200 personnes, la plateforme s’est affirmée comme l’un des plus grands acteurs du genre pre-owned, avec plusieurs traits particuliers qui la distinguent
Watchfinder a réussi à susciter une forme de reconnaissance officielle de la part de marques bien établies, en plus de choisir une stratégie combinant briques et clics, le fameux «omnichannel». d’autres géants du secteur comme Chrono24 ou Chronext: elle dispose de huit boutiques au RoyaumeUni et surtout d’un centre de service à Maidstone, agréé par des marques comme Omega, IWC, Cartier, Audemars Piguet et Officine Panerai. Son chiffre d’affaires dépasse les 100 millions de francs. Online et offline, Watchfinder a réussi à susciter une forme de reconnaissance officielle de la part de marques
bien établies, en plus de choisir une stratégie combinant briques et clics, le fameux «omnichannel» qui est sur toutes les lèvres de l’industrie. Cela alors même que le marché parallèle de la montre d’occasion était surtout vu comme un débouché à prix cassé pour les stocks d’invendus fournis en douce par les détaillants. Ce qu’il est... sans doute toujours! Mais cette fois coopté par les marques elles-mêmes, qui se rendent bien compte de ce qu'elles peuvent en retirer. Quand on ne peut pas lutter, mieux vaut intégrer...
Le début d’une nouvelle ère Le rachat de Watchfinder par Richemont est donc un tournant pour le marché de l’occasion, qui entre désormais dans l’orbite officielle des marques. La montre est un objet idéal pour ce type de marché, qui n’est pas près de disparaître, mais commence seulement sa croissance. En plus de collectionneurs sincères, il est également le rendez-vous d’investisseurs et de dealers semi-officiels. Pour l’industrie, il est désormais temps de «nettoyer la vitrine»... Ce n’est que le début du grand nettoyage, qui passera sans doute par force rachats et alliances. La planète de l’occasion est en mouvement, comme le montre l’installa-
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La montre d’occasion est la «Next Big Thing» pour l’industrie horlogère. Le rachat de la plateforme de montres d’occasion britannique par le groupe Richemont «légitime» un marché du pre-owned qui échappe encore largement au segment officiel et a longtemps été uniquement assimilé à l’économie parallèle. Sonnées par l’explosion de la montre de seconde main, les marques veulent reprendre le contrôle des opérations. Et y trouveront aussi une occasion en or pour revaloriser leurs (gros) stocks d’invendus. Voici la première phase.
La disruption causée par internet n’a pas tant profité à la montre neuve qu’à la montre d’occasion. Le marché officiel ne fait que valider cette nouvelle réalité.
tion récente de WatchBox en Suisse ou la volonté de Chrono24 de nouer des partenariats avec les marques. Mouvement qui s’inscrit plus largement dans la vague du vintage, qui voit le vieux et le neuf ne faire plus qu’un, dans une «danse économico-sociale» entre temps long et temps court. Plusieurs autres signaux confirment ce tournant et la légitimation progressive du marché de l’occasion en horlogerie, cooptation en vigueur depuis longtemps dans le secteur automobile. Comme le commentait Johann Rupert, le président de Richemont, lors de l’annonce du rachat de Watchfinder, il s’agit d’«un segment de l’industrie complémentaire, en croissance et encore relati-
vement non structuré». Nouveaux éléments de langage, passant de la concurrence à la complémentarité; opportunités alors que le marché de l’occasion n’a pas connu le recul du neuf; enfin, concentration et réorganisation en vue pour ce qui ressemble pour l’heure encore largement à une «jungle digitale»... A noter que le fils du président de Richemont, Anton Rupert Jr., a été nommé parmi les directeurs de Watchfinder.
Pre-owned ou never worn? Si l’on «défend» volontiers le marché de l’occasion comme le paradis de collectionneurs, la réalité est qu’une majorité de montres écoulées par ce medium sont quasiment ou carrément neuves. Outre une «optimisation» de la gestion des stocks et un meilleur contrôle de son identité de marque, c’est la possibilité, aussi, de toucher d’autres clientèles qui ne mettraient jamais les pieds en boutique. Au sein de Richemont, Vacheron Constantin possède déjà son service spécialisé en pre-owned. Du côté d’autres grands acteurs, Georges Kern insistait récemment auprès de nos confrères de Fratello Watches sur la «nécessité urgente de structurer le marché secondaire, aujourd’hui totalement dominé par le marché gris». Chez Audemars Piguet, FrançoisHenry Bennahmias a déjà annoncé que la marque lancerait une activité de deuxième main cette année. Et cela concerne également les petites marques... et les médias. Max Büsser vient en effet de lancer son propre service de pre-owned. Et une bonne partie des médias spécialisés
en horlogerie, comme Hodinkee ou Revolution, sont en train de se muer en plateformes de vente de seconde main. La disruption causée par internet n’a pas tant profité à la montre neuve (bien au contraire) qu’à la montre d’occasion, revalorisée à bon prix auprès de nouvelles générations «hipstérisées». Le marché officiel ne fait que valider cette nouvelle réalité. Cela a donc commencé par le mariage en secondes noces de la «belle» Watchfinder (qui fait aujourd’hui de Richemont l’un des plus gros revendeurs de Rolex d’occasion). Son co-fondateur Lloyd Amsdon expliquait dans un entretien au Financial
Plusieurs signaux confirment la légitimation progressive du marché de l’occasion en horlogerie, en vigueur de longue date pour l’automobile. Times comment il avait simplement capitalisé sur les observations faites via un premier site d’occasion lancé dans le secteur automobile: «J’y ai vu comment des Ferrari et Porsche de deuxième main étaient revendues par le réseau de concessionnaires. Les similarités avec l’horlogerie étaient nombreuses. (...) Nous avons rapidement réalisé que personne ne voulait parler d’échange [de montres]. C’est devenu le coeur de notre business.» La grande Histoire humaine n’est souvent que recyclage... de montres comme d’idées!
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Pas de bulle financière pour la Rolex Bubble Back
En 1933, les ingénieurs de Rolex ont modifié le boîtier de l’Oyster en lui donnant une forme distinctive, plus ronde et proéminente, afin de laisser place au nouveau rotor révolutionnaire et breveté qui transforma les montres à remontage manuel en montres automatiques. Par Lorenzo Maillard
Origines A la fin des années 1920, la course à la création d’un mouvement à remontage automatique fait rage chez les horlogers. En 1931, la marque à la couronne créa «l’Auto-Rotor», basé sur un modèle produit par Aegler, un fabricant de calibre pour Rolex (racheté par la marque en 1930). Le mouvement fut le pionnier de ce qui deviendra le système à remontage automatique tel que nous le connaissons aujourd’hui. En ajoutant à leur mouvement manuel une masse périphérique capable de tourner en arc de 360° dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens inverse, les ingénieurs trouvèrent une solution plus simple, plus robuste et plus fiable que les mouvements «bumper» de l’époque. Bien qu’elles aient été très appréciées et recherchées par les collectionneurs Rolex des années 70 aux années 90, les Bubble Backs sont aujourd’hui largement négligées au profit de modèles plus sportifs de la marque tels que les Daytona, Submariner ou Explorer. Cependant, les collectionneurs japonais sont toujours à la recherche de tels garde-temps et, comme toujours, leur regard aiguisé et leur
bon goût ont vu juste. Les Bubble Backs sont en effet réminiscentes d’une époque particulière de l’horlogerie (années 1930-1940). Deux décennies durant lesquelles le mouvement Art Déco, associé aux formes les plus pures et les plus élégantes, constituera la pierre angulaire d’une période majestueuse pour l’esthétisme et le design, un mélange de pureté et d’un certain sens de l’audace. Les collectionneurs italiens traquent également ces garde-temps qu’ils aiment appeler «Ovetto» ou «petit œuf» en italien, en référence à l’étrange forme arrondie du nouveau boîtier Oyster. Pendant plus de vingt ans, les Rolex Bubble Backs furent les modèles les plus vendus de la marque et bâtirent les fondements de la réputation des montres Rolex: des tanks robustes mais élégants. Cet héritage ainsi que ses codes esthétiques, transmis aux modèles successeurs Datejust et Day-date, est encore visible aujourd’hui au sein de la marque.
Modèles et versions Étant donné que «Bubble Back» n’était qu’un surnom pour diverses références d’Oyster Perpetual avec un fond de boîtier arrondi, de nombreuses variantes existent sur le marché.
De même, le style Art Déco, très influent et esthétique, se retrouve dans les différentes combinaisons de cadrans des Rolex de cette époque. Certaines d’entre elles ont des cadrans à secteurs impressionnants, tandis que d’autres ont été conçues avec un mélange de chiffres romains et arabes, également appelés cadran californien. Il en va de même pour les aiguilles; certaines utilisaient la très célèbre aiguille Mercedes/Rising Star, tandis que d’autres venaient avec des aiguilles plus conventionnelles pour l’époque.
Les collectionneurs italiens traquent ces garde-temps qu’ils aiment appeler «Ovetto» ou «petit œuf». Les années 30 et 40 ont été un banc d’essai pour le design et l’originalité; la liberté et la volonté d’expérimenter, ainsi qu’une certaine imagination futuriste, ont conduit à des créations incroyablement belles qui sont encore aujourd’hui considérées par la plupart comme la pure définition du style. Néanmoins, quand on parle de Bubble Backs, on pense à toutes les montres Rolex automatiques/perpétuelles, construites autour du célèbre boîtier Oyster et de sa couronne vissée. Parce qu’elles étaient particulièrement robustes pour leur époque, notamment grâce à la conception de leur boîtier, leur résistance à l’eau et par leur importante popularité, ces montres peuvent encore être trouvées en relativement bon état en considérant leurs âges (presque 90 ans). Encore une fois, les calibres peuvent
aussi varier légèrement en termes de performances techniques et de caractéristiques. La majorité des Rolex Oyster Perpetual sont accompagnées d’une certification chronométrique, mais quelques rares exemplaires n’en font pas mention sur le cadran. J’ai personnellement une préférence pour celles avec l’affichage de la petite seconde, plus esthétiques que les versions avec l’aiguille centrale des secondes, plus contemporaines. Les Bubble Backs étaient proposées en acier inoxydable, mais également disponibles dans des boîtiers en or jaune ou rose de 14k ou 18k ainsi qu’en différentes tailles allant de 32mm à 34mm. Bien que petites par rapport aux standards modernes, ces montres ont toujours une présence élégante et originale au poignet, et ne sont en aucun cas choquantes ou ridicules à porter. A noter que les montres de 36 mm, également connues sous le nom de jumbo Bubble Backs, sont déjà plus proches du modèle qui allait leur succéder, à savoir la famille Datejust. Une lunette marquée a été ajoutée à certaines références, et fut disponible en acier ou en or rose. Cette pièce métallique et esthétique a parfois donné lieu à des combinaisons bicolores inhabituelles mais néanmoins très belles. Complétées par un bracelet en cuir «vitello martellato» ou par un bracelet en acier riveté Gay Frères, ces montres peuvent être portées avec pratiquement tout. Cependant, si vous voulez aller plus loin, je vous recommande de porter votre Bubble Back lors de votre prochaine escapade italienne, chemise en lin, manches retroussées et vous serez sans doute pris pour un revendeur horloger italien!
Prix Les prix des Rolex Oyster Perpetual de cette époque peuvent fluctuer énormément selon l’état, la qualité du cadran, l’originalité, les caractéristiques et l’état de fonctionnement. Bien qu’il ne s’agisse pas vraiment de Bubble Backs, certaines Oyster Juniors, réservées à l’époque à une clientèle plus jeune ou plus féminine, capturent encore l’allure et le look de leurs grandes sœurs automatiques, tout en bénéficiant d’un tarif intéressant, avoisinant les 1'000 CHF. Par la suite, entre 1'500 et 2'000 CHF, vous pourrez éventuellement trouver des exemplaires en piteux état, mais je vous conseille de rester à l’écart de ce type de pièces. De 2'500 CHF à 4'000 CHF, et avec un œil aiguisé, vous pouvez trouver une bonne et respectable pièce sans trop de problèmes. Au-delà de la frontière des 4'000 CHF, vous pouvez viser les versions en or, avec des cadrans rares ou signés par le détaillant et, éventuellement, accompagnées de leur bracelet d’époque en acier.
Ce qu’il faut rechercher Condition, condition, condition, condition! Étant donné qu’elles sont difficiles à réparer, en raison d’un manque de fournitures d’origine, je vous conseille vivement de rechercher des montres qui ont l’air en état et fonctionnant correctement. Faites attention aux cadrans contrefaits ou repeints. Vérifiez que les montres ne sont pas trop polies (rare en raison de la longue durée de vie de ces modèles) et possèdent les bonnes aiguilles. Il existe beaucoup de littérature sur les Bubble Backs, alors faites vos devoirs et vérifiez si la version du cadran que vous recherchez existe ailleurs. Ne vous préoccupez pas de la boîte et des papiers, qui sont presque impossibles à trouver et ajoutent une importante plus-value sur le prix final. Le Saint Graal serait pour moi symbolisé par une pièce en acier inoxydable avec lunette marquée, cadran secteur, aiguilles Mercedes au radium, compteur des secondes et, bien sûr, le bracelet en acier de chez Gay Frères.
Conclusion En établissant les deux piliers qui feront la renommée de Rolex - le mouvement automatique et le boîtier étanche - les Bubble Backs sont à l’origine du lancement et de la mise sur rails de la plus célèbre des marques horlogères. Aujourd’hui encore, la couronne vissée, le boîtier Oyster, le mouvement automatique et l’aiguille Mercedes occupent une place importante dans l’offre Rolex contemporaine.
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Les vagues successives du néo-vintage L’horlogerie est un perpétuel recommencement et ce ne sont pas les seules aiguilles qui toujours repassent par le même endroit. Les styles et les tendances font aussi sans cesse leur «tour du cadran», viennent, s’en vont et reviennent. Baselworld a confirmé pleinement cet éternel retour. Mais la tendance du vintage ne date pas d’hier, si l’on peut dire. Par Pierre Maillard
Prenez l’exemple d’Oris, la marque «citoyenne», comme elle aime à définir son «horlogerie sérieuse vendue à un prix qui fait sens». Oris vient de sortir ou de ressortir ou même de re-ressortir sa montre de pilote Big Crown Pointer Date. L’histoire de la Big Crown d’Oris remonte à 1938, date de sa première sortie. Elle a ensuite été un peu oubliée et elle est ressortie au début des années 1980 «pour bien signifier la mission d’Oris en champion des valeurs éternelles de la montre mécanique», déclarait la marque à l’époque. Elle a de nouveau été un peu oubliée et enfin, elle ressort à nouveau aujourd’hui, dans sa version Pointer Date, en acier voire en bronze (une très belle édition, ceci dit, avec un cadran vert pastel qui s’accorde parfaitement à la texture et à la couleur du bronze). Vintage une fois, vintage deux fois.
Mathey-Tissot 1886
il est décoré de fins motifs gaufrés «typiques des premiers temps de la production de Tudor», nous est-il expliqué. Afin de mieux souligner cet aspect vintage, la mention «historique» Rotor Self-Winding y a été apposée. Enfin, le bracelet métallique bicolore donne la touche finale. Au total, ce n’est pas à proprement dire une montre directement vintage mais une démonstration de l’utilisation de codes anciens, mélangeant les époques, pour aboutir à une montre certes contemporaine mais qui dégage un sentiment, un feeling vintage.
Un feeling vintage Si l’on met en avant cet exemple, c’est qu’à Baselworld, toutes les marques ou presque proposaient leur propre néo-vintage. Une véritable épidémie galopante qui confirme avec force le pouvoir d’attraction et d’influence qu’exerce le passé - souvent mythifié - sur tous ou presque. Tudor a bâti - avec réussite - toute sa stratégie de renaissance sur le vintage et semble bien décidée à poursuivre dans cette voie. Mais après les montres sportives issues des années 40 et 50, Tudor propose aujourd’hui une montre de ville, élégante et classique, nommée Tudor 1926. Ce n’est pas à proprement parler une vintage qui reprendrait un modèle précis, mais un hommage composite à «l’héritage» de la marque. Ainsi, le cadran bombé donne-t-il déjà une touche vintage, mais qui plus est,
Entre recréation et réinterprétation Chez Seiko, on donne le choix au consommateur: veut-il une recréation parfaitement conforme à l’original ou préfère-t-il une réinterprétation? La grande marque japonaise a une longue histoire avec les montres de plongée. Deux modèles en particulier ont marqué son histoire, la Prospex de 1968 et celle de 1978. Afin de ne décevoir personne, Seiko offre le choix à son public en rééditant à l’identique et l’une et l’autre. Mais la marque ne se contente pas de recréer ces deux modèles emblématiques, elle entend aussi les «célébrer» en les réinterprétant. Leur design «fait écho» au design original, mais le reconfigure à la sauce
contemporaine. La nouvelle montre de plongée inspirée de la Prospex de 1968 arbore ainsi une lunette plus étroite en céramique de zircon, est taillée dans un acier recouvert d’un traitement particulièrement résistant, et arbore, en édition limitée de 1968 exemplaires, une couleur vert profond présentée comme un hommage à l’île de Yakushima, un «spot» de plongée renommé et un World Natural Heritage Site connu pour la luxuriance de ses forêts. Opération identique menée avec la Prospex de 1978, elle aussi réinterprétée et proposée en édition limitée de 1978 exemplaires, comme il se doit. La grande différence, outre quelques détails de son design, est l’utilisation de Cermet sur l’extérieur de sa boîte. Ce matériau composite de céramique et de métal est huit fois plus dur que l’acier, est destiné à offrir une plus grande protection contre les chocs mais aussi permet à Seiko de proposer un fini particulier, couleur or violacé, «inspiré par la lumière magique des couchers de soleil sur l’océan», explique poétiquement la marque.
«Créer une icône»
Oris Big Crown Pointer Date Bronze Version
Fondée en 1886, Mathey-Tissot, qui produit aujourd’hui environ 50’000 montres par an, s’est récemment souvenue que son patrimoine de plus de 130 ans renfermait des «trésors» qu’il était sans doute judicieux de ressortir pour mieux s’en inspirer. Constatant que sur e-Bay et autres plateformes de vente en ligne certains de ses modèles se négociaient fort bien et que l’air du temps était au retour des années 70 - une riche période pour la marque - elle a
fait appel au designer Eric Giroud pour créer ou recréer une «icône» contemporaine. Dans les tiroirs de la marque, dormait ainsi une montre spéciale Elvis Presley qui servait de «All-Access aux intimes du King».
Tudor a bâti - avec réussite - toute sa stratégie de renaissance sur le vintage et semble bien décidée à poursuivre dans cette voie. S’inspirant de cette redécouverte mais ne se contentant pas de simplement la redessiner, le très fin Eric Giroud a cherché à exprimer la «quintessence» du style MatheyTissot des seventies en recherchant avant tout l’élégance des formes au travers de leur simplicité. Il en résulte une montre d’une grande sobriété, une trois aiguilles et date au boîtier en forme de doux et fin galet subtilement sablé mat, au toucher particulièrement agréable, protégé par une glace légèrement bombée, une couronne s’inscrivant dans une carrure qui se prolonge par d’élégantes cornes. Série limitée à 1886 pièces, la nouvelle «icône» de Mathey-Tissot se présente avec couleurs de cadran noir, vert fumé, rouge fumé, gris fumé bleu fumé et marron fumé, qui ajoutent encore une touche nostalgique à ces modèles motorisés en automatique - 1’500 CHF hors taxe - ou quartz - 500 CHF hors taxe. Des prix très assurément compétitifs pour cette montre néo-vintage assumée et parfaitement dessinée.
CURIOSITAS
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Les réveils-matin les plus étranges tinguer entre la grimace plus ou moins volontaire et le franc sourire entre frères émoticônes. Un conseil: laisser sonner, aller se rafraîchir le visage, se coiffer en arrière et revenir avec un sourire en forme de banane.
L’objet horloger le plus ignoré, voire parfois même méprisé, oublié tout du moins, est l’humble et indispensable réveil-matin. Sans doute parce que c’est un objet totalement pragmatique, qui n’est enrobé d’aucun «romantisme» et qui est la détestation intime de presque tous. Le réveil-matin a aussi le don de nous instiller chaque matin une goutte de culpabilité: il est temps de se bouger! Par Pierre Maillard
Au cours de l’histoire, l’homme, très imaginatif à cet effet, a conçu mille et une manières de se réveiller. On se souvient ainsi d’images de Salvador Dali qui, entre deux montres molles, montrait comment les moines bénedictins pouvaient se permettre de mini-siestes sans risquer de tomber dans les limbes. Ils tenaient une grosse clé au-dessus d’une assiette. A la tombée de la seconde paupière, le bruit fracassant de la clé sur la céramique était un rappel à l’ordre immédiat. Ce sont les mêmes qui inventèrent la bougie graduée qui leur indiquait les heures nocturnes en fondant.
B
A la force du biceps
F
J
Casse-tête matinal
C
G
K
D
E
H
L
Bacon & Coffee Si aux chatouillis vous préférez l’odeur du café, et pourquoi pas, allons-y, entremêlée à celle du bacon grillé, il vous suffit d’une double
prise pour conjuguer et accorder précisément deux réveils-matin distincts: Oscar Meyer a mis au point une cartouche à brancher sur son smartphone D, qui se synchronise à son réveil pour relâcher à l’heure dite un fort parfum de bacon grillé dans l’atmosphère. «Incredibly powerful» dit l’inventeur. De son côté, «The Barister Coffee Brewing Alarm System» E se chargera de la partie café «fraîchement moulu», en vous fournissant votre dose de caféine réglementaire, et le parfum qui vient avec. Inconvénient: ça prend un peu de place! Et le bacon, où le placer?
Un peu plus bas de plafond, si l’on ose dire, il est possible aussi d’opter pour le réveil-pistolet-laser J, à pointer sur une cible, jusqu’à toucher le centre qui s’illumine dès lors avant faire taire l’engin. Amazon le distribue. Compter une ristourne pour membres de la NRA.
Zigs-zags en tous sens
I
RingRing Il y a plus doux, plus «romantique» si l’on ose dire. Comme ce Réveil pour Deux C, proposé par Ring!!Ring!!. Exemple: l’un(e) à 7h30, l’autre à 9h30. Comment gérer cet embarras? Via deux «vibrations» différentes, garanties pour chatouiller l’un(e) sans toucher à l’autre. Pour amateurs de petits frissons via bracelet connecté. (Alternativement, des bagues).
Vous êtes plus cerveau que biceps? Vous pouvez opter pour le IQ Clock I qui ne vous lâchera pas la bride jusqu’à ce que vous ayez résolu un casse-tête logique et neuronal chaque matin différent. Pour ceux qui ont besoin de vérifier leur QI immédiatement au réveil. Pour les autres, il y a une porte de sortie: appuyer pendant 30 secondes pleines sur un bouton difficile à trouver dans l’obscurité. A choix.
Pan dans le mille
Le mur du son Mais en ce brave 21ème siècle si friand en solutions technologiques, on dépasse - littéralement, presque - le mur du son. Ainsi ce Sonic Bomb B, proposé sur walmart.com, qui vous explose les tympans avec ses 113db, l’équivalent d’une tronçonneuse ou d’un gros concert country-rock. Uniquement pour professionnels de la scie et de la gueule de bois. Si ça ne vous suffit pas, vous pouvez y adjoindre quelques appendices comme des lumières de phares qui vous vrillent le visage, voire «a special unit» qui se charge de vous secouer le lit.
Mais il y a plus physique aussi, comme cet haltère H de chez Gadgetsandgear.com qui exige d’être soulevé, et pas qu’une fois, trente fois, avant d’accepter d’être mis au silence. Formidable avancée humaine: faire sa gym avant d’être réveillé.
Se réveiller est un don
Anonymes). A déconseiller sous peine de mauvaise surprise à tous ceux qui ont un réveil difficile.
Vous vous sentez coupable? Coupable d’être chiffonné chaque matin au réveil alors que tant d’autres souffrent de par le monde? Un réveil est pour vous. Répondant au doux nom de Snuznluz F, il est connecté à internet pour que chaque fois que vous appuyez sur la touche snooze afin de retarder de 5 minutes votre réveil, vous faites automatiquement un don à une oeuvre de charité de votre choix (par exemple, Les Dormeurs
Sourire jaune obligatoire Yankodesign.com propose une App de réveil G à mon sens problématique: pour faire cesser cette sonnerie insupportable, il s’agit de répondre par un sourire droit dans les yeux de l’émoticône qui vient de s’allumer sur votre smartphone. Dotée d’outils de reconnaissance faciale, elle saura très bien dis-
La liste semble infinie. On pourrait citer encore la Clocky Rolly K qui court en tous sens sur ses deux pneus crantés et qu’il vous faut poursuivre pour l’attraper et lui taper dessus pour qu'elle se la coince. Ou pire encore, cette très irritante mouche-drone L à observer sur muddlex.com qui vole en tous sens dans la pièce et qu’il vous faut coincer quelque part, au risque de quelques contusions, pour la reposer dans son vilain nid qui ressemble à un autocuiseur à oeuf de l’ère soviétique. Un côté neo-vintage à la sauce techno.
Volets mi-clos Mais pour tous les nostalgiques ou les chanceux, il existe aussi cette simple lueur qui monte derrière des volets à-demi clos, qui gagne en intensité et qui dit doucement qu’il est l’heure de se lever. Que le monde est de retour.
ANNUAIRE DES MARQUES HORLOGÈRES EN SUISSE
30 | EUROPA STAR PREMIÈRE
VICTORINOX SWISS ARMY Bienne www.victorinox.com VOGARD Nidau www.vogard.com W. GABUS Bienne www.wgabus.com ZEITWINKEL St-Imier www.zeitwinkel.ch FRIBOURG BULOVA Fribourg www.bulova.com CARBON 14 Givisiez www.carbon14.ch CECIL PURNELL Fribourg www.cecilpurnell.com GUEPARD Fribourg www.guepard.ch JO SIFFERT Fribourg www.josiffert.com LINDE WERDELIN Fribourg www.lindewerdelin.com MAURON & MUSY Saint-Aubin www.mauronmusy.com SAINT HONORE Fribourg www.sainthonore.com
18-21 JUIN 2019 PALEXPO GENÈVE 20’000
VISITEURS PROFESSIONNELS
PLUS DE
800
EXPOSANTS
W W W. E P H J. C H
ARGOVIE AIGNER Wallbach www.aignerworld.com CONTINENTAL Möhlin www.continental-watches.ch CRUISER Möhlin www.cruiser-watches.ch EVERSWISS Möhlin www.everswiss.ch HANOWA Wallbach www.hanowa.ch MONTEGA Busslingen www.montegauhren.ch POLICE Wallbach www.policelifestyle.com
BÂLE CHARMEX Bubendorf www.charmex.ch DUBOIS & FILS Bâle www.duboisfils.ch EMKA Binningen www.emka-watches.com EMPORIO ARMANI (Fossil) Bâle www.armani.com FOSSIL (Fossil) Bâle www.fossil.com GROVANA Tenniken www.grovana.ch JAQUET&GIRARD Binningen www.jaquet-girard.com ORIS Hölstein www.oris.ch REVUE THOMMEN Tenniken www.revue-thommen.ch SWISS ALPINE MILITARY Tenniken www.swissalpinemilitary.com SWISSPACE Tenniken www.swisspace.it ZEITCENTRALE TIMM DELFS Bâle www.zeitzentrale.ch ZENO WATCH Bâle www.zeno-watch.ch
CONCORD (Movado Group) Bienne www.concord.ch DAVIDOFF Bienne www.zinodavidoff.com DAVOSA Tramelan www.davosa.com DE BORTOLI Bienne www.debortoliwatches.com DELANCE Macolin www.delance.ch DELBANA Lengnau www.delbana-watches.ch DELMA Lengnau www.delma.ch DOXA Bienne www.doxa.ch EBEL (Movado Group) Bienne www.ebel.com EPOS Lengnau www.epos.ch FORMEX Lengnau www.formexwatch.com FRANK JUTZI Wichtrach www.frankjutzi.com GEORGE J VON BURG Brügg www.gjvb.com GEVRIL Tramelan www.gevrilgroup.com GIBERG Bienne www.giberg.com GLASHUTTE ORIGINAL (Swatch Group) Bienne www.glashuette-original.com GLYCINE Bienne www.glycine-watch.ch HALDIMANN Thun www.haldimann-horology.ch HAMILTON (Swatch Group) Bienne www.hamiltonwatch.com HERMES Bienne www.hermes.com HORAGE Bienne www.horage.com HUGO BOSS Bienne www.hugoboss.com HUGUENOT Bienne www.huguenot.com INDUCTA Gwatt www.inducta.ch JAGUAR (Festina Group) Bienne www.jaguarwatches.ch JOVIAL Bienne www.jovial.ch L.LEROY Bienne www.montres-leroy.com LEON HATOT (Swatch Group) Corcelles www.leonhatot.com LONGINES (Swatch Group) St-Imier www.longines.com MARANELLO Bienne www.rotapmaranello.com MILLERET Bienne www.milleret.ch MILUS Bienne www.milus.com MOVADO (Movado Group) Bienne www.movado.com OMEGA (Swatch Group) Bienne www.omegawatches.com PERRELET (Festina Group) Bienne www.perrelet.com PIERCE Bienne www.pierce1883.com PIERRE JUNOD Bienne www.pierrejunod.com RADO (Swatch Group) Lengnau www.rado.com RODANIA Koeniz www.rodania.com ROVENTA-HENEX Bienne www.roventa-henex.com RSW La Neuveville www.rsw-swiss.com
BERNE A.B.ART Nidau www.abartwatches.com ANGULAR MOMENTUM Ittigen www.angularmomentum.com ANTIMA Bienne www.antima.ch ARMAND NICOLET Tramelan www.armandnicolet.com ARMIN STROM Bienne www.arminstrom.com ATLANTIC Lengnau www.atlantic-watches.ch AUGUSTE REYMOND Tramelan www.augustereymond.ch AZZARO La Neuveville www.azzaro-watch.com BALMAIN (Swatch Group) St-Imier www.balmainwatches.com BISSET Lengnau www.bisset.ch BOEGLI Bienne www.boegliwatch.ch BREMONT Bienne www.bremont.com CALVIN KLEIN (Swatch Group) Bienne www.calvinklein.com CANDINO (Festina Group) Bienne www.candino.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CENTURY Nidau www.century.ch CIMIER Bienne www.cimier.com CLARO WATCH Bienne www.clarowatch.com CODEX Bienne www.codexwatches.com
www.horotec.ch
SCUDERIA FERRARI OROLOGI (Movado Group) Bienne www.store.ferrari.com SECULUS Bienne www.seculus.ch STROM Bienne www.stromwatch.ch STUHRLING ORIGINAL Bienne www.stuhrling.com SWATCH (Swatch Group) Bienne www.swatch.com SWISS TIME Bienne www.swisstimeintl.com TALLER Bienne www.tallerwatch.ch THOMAS PRESCHER T Ispach www.prescher.ch TRASER H3 Niederwangen www.traser.com UNION GLASHUTTE (Swatch Group) Bienne www. union-glashuette.com URBAN JÜRGENSEN Bienne www.ujs-chronometry.ch VASTO Tramelan www.vasto.ch
GENÈVE AKRIVIA Genève www.akrivia.com ALAIN PHILIPPE Genève www.alainphilippe.com ALFRED DUNHILL (Richemont) Genève www.dunhill.com ALPINA Plan-les-Ouates www.alpina-watches.com ALTANUS Genève www.altanus.com ANDERSEN GENEVE Genève www.andersen-geneve.ch ANTOINE PREZIUSO Arare www.antoine-preziuso.com AQUANAUTIC Genève www.aquanautic.com ARTYA Vésenaz www.artya.com ATELIERS DE MONACO Plan-Les-Ouates www.ateliers-demonaco.com BACKES & STRAUSS Genthod www.backesandstrauss.com BADOLLET Genève www.badollet.com BAUME & MERCIER (Richemont) Bellevue www. baume-et-mercier.com BEDAT & Co. Genève www.bedat.com BERTOLUCCI Genève www.bertolucci-watches.com BLACK BELT Vésenaz www.blackbeltwatch.com BLACKSAND Genève www.blacksandgeneve.com BOGH-ART Genève www.bogh-art.com BOVET Plan-les-Ouates www.bovet.com BREVA Genève www.breva-watch.com CARTIER (Richemont) Genève www.cartier.com CHANEL Genève www.chanel.com CHARRIOL Genève www.charriol.com CHOPARD Meyrin www.chopard.com CLERC Genève www.clercwatches.com CVSTOS Genève www.cvstos.com CYRUS Plan-les-Ouates www.cyrus-watches.ch CZAPEK genève www.czapek.com DA VINDICE Genève www.davindice.com DANIEL ROTH (Bulgari) Meyrin www.danielroth.com DAVID VAN HEIM Carouge www.david-van-heim.com DE BETHUNE Genève www.debethune.ch
DE BOUGAINVILLE Plan-les-Ouates www.debougainville.com DE GRISOGONO Plan-les-Ouates www.degrisogono.com DELACOUR Genève www.delacour.ch DELALOYE Carouge www.garde-temps.ch DEWITT Meyrin www.dewitt.ch EMILE CHOURIET Meyrin www.emile-chouriet.ch ENIGMA Genève www.gbenigma.com FLORIAN TRESLER SA Genève www.floriantresler.com F.P. JOURNE Genève www.fpjourne.com FABERGE Genève www.faberge.com FRANCK DUBARRY Genève www.franckdubarry.com FRANC VILA / Genève www.francvila.com FRANCK MULLER Genthod www.franckmuller.com FRED (LVMH) Genève www.fred.com FREDERIQUE CONSTANT Plan-les-Ouates www.frederique-constant.com GERALD GENTA (BULGARI) Meyrin www.geraldgenta.com GIO MONACO Genève www.giomonaco.com GRAFF Genève www.graffdiamonds.com GRECO GENEVE Plan-les-Ouates www.greco-watches.com GRENACHER Genève www.grenacher.com GVCHIANI Genève www.gvchiani.com HARRY WINSTON (Swatch Group) Plan-les-Ouates www.harrywinston.com HELFER Genève www.helferwatches.com HERITAGE Neuchâtel www.hwm-watch.com ICELINK Genève www.icelinkwatch.com IMPERIALI Genève www.imperiali-geneve.com JACOB & CO. Genève www.jacobandco.com LAURENT FERRIER Plan-les-Ouates www.laurentferrier.ch LE RHONE Satigny www.lerhone.com LEBEAUCOURALLY Genève www.lebeaucourally.com LEONARD Genève www.leonardwatches.com LOUIS VUITTON Genève www.louisvuitton.com M. STEPHANE Vésenaz www.m-stephane.com MAGELLAN Genève www.magellanwatch.com MAREMONTI Genève www.maremontiwatch.ru
MATHEY-TISSOT Genève www.mathey-tissot.net MB&F Genève www.mbandf.com MECCANICHE VELOCI Genève www.meccanicheveloci.ch MONTBLANC (Richemont) Versoix www.montblanc.com MONTRES AF&F SA Genève www.afavrefils.com MOYA Genève www.moyawatch.com MYKRONOZ Genthod www.mykronoz.com OGIVAL Genève www.ogival-watch.com PATEK PHILIPPE Plan-les-Ouates www.patek.com PIAGET (Richemont) Plan-les-Ouates www.piaget.com PIERRE KUNZ Genthod www.pierrekunzgeneve.com PILO & CO Carouge www.pilo-watches.com QUINTING Genève www.quinting-watches.com RALPH LAUREN Plan-les-Ouates www.ralphlauren.com RATEL Genève www.cyrilratel.com RAYMOND WEIL Genève www.raymond-weil.com RJ - ROMAIN JEROME Genève www.romainjerome.ch
ROGER DUBUIS (Richemont) Meyrin www.rogerdubuis.com ROLEX Genève www.rolex.com SARCAR Vésenaz www.sarcar.com SNYPER Genève www.snyperwatches.com TF EST 1968 Carouge www.tfco.ch TUDOR Genève www.tudorwatch.com UNIVERSAL GENEVE Meyrin www.universal.ch URWERK Genève www.urwerk.com VACHERON CONSTANTIN (Richemont) Plan-les-Ouates www.vacheron-constantin.com VAN CLEEF & ARPELS (Richemont) Meyrin www.vancleefarpels.com VAN DER BAUWEDE Genève www.vdb.ch VENUS Genève www.montresvenus.com YESLAM Genève www.yeslam.ch
CHRONOGRAPHE SUISSE CIE La Chaux-de-Fonds www.chronographesuisse.ch CORONA WATCH Neuchâtel CORUM (Haidian) La Chaux-de-Fonds www.corum.ch DIOR HORLOGERIE (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.dior.com DREYFUSS & CO La Chaux-de-Fonds www.dreyfussandco.com DUBEY & SCHALDENBRAND La Chaux-de-Fonds www.dubeywatch.com EBSA EMMANUEL BOUCHET SA Les Bayards www.emmanuelbouchet.com ELLICOTT 1738 La Chaux-de-Fonds www.ellicott.ch ENICAR La Chaux-de-Fonds www.enicar.com ETOILE Le Locle www.montres-etoile.ch FENDI Marin-Epagnier www.fendi.com FERDINAND BERTHOUD Fleurier www.ferdinandberthoud.ch FESTINA Bienne www.festina.com FLIK FLAK (Swatch Group) Cormondrèche www.flikflak.com FREDERIC JOUVENOT La Chaux-de-Fonds www.fjouvenot.com GAMIL WATCH La Chaux-de-Fonds GERGE Neuchâtel www.gergeswiss.com GIRARD-PERREGAUX (Kering) La Chaux-de-Fonds www.girard-perregaux.com GRAHAM La Chaux-de-Fonds www.graham-london.com GREUBEL FORSEY La Chaux-de-Fonds www.greubelforsey.com GUCCI (Kering) Cortaillod www.gucciwatches.com HAUTLENCE (Melb Holding) La Chaux-de-Fonds www.hautlence.com HESJY Fleurier www.hesjy.ch HOROSWISS La Chaux-de-Fonds www.horoswiss.com HYT Neuchâtel www.hytwatches.com JAERMANN & STUBI Le Locle www.jaermann-stuebi.com JAMES C. PELLATON Le Locle www.jamespellaton.com JAQUET DROZ (Swatch Group) La Chaux-de-Fonds www.jaquet-droz.com JEAN D'EVE La Chaux-de-Fonds www.jeandeve.ch JEAN DUNAND Le Locle www.jeandunand.com JEANRICHARD (Kering) La Chaux-de-Fonds www.jeanrichard.com
JURA AEROWATCH Saignelégier www.aerowatch.com ANDRE MOUCHE Fahy www.andremouche.swiss AVIATOR Porrentruy www.aviatorwatch.ch CATOREX Les Breuleux www.catorex.ch CLAUDE BERNARD Les Genevez www.claudebernard.ch EDOX Les Genevez www.edox.ch ERNEST BOREL Le Noirmont www.ernestborel.ch L'DUCHEN Saignelegier www.lduchen.com L'EPEE Delémont www.lepee-clock.ch LOUIS CHEVROLET Porrentruy www.louischevrolet.ch LOUIS ERARD Le Noirmont www.louiserard.ch LUNDIS BLEUS La Chaux-de-Fonds www.lundis-bleus.com MATTHEW NORMAN Delémont www.matthew-norman.ch MAURICE LACROIX Saignelégier www.mauricelacroix.com PAUL PICOT Le Noirmont www.paulpicot.ch RICHARD MILLE (Horométrie) Les Breuleux www.richardmille.com RUDIS SYLVA Les Bois www.rudissylva.com SWIZA Delémont www.swiza.ch VALGINE Les Breuleux www.jic.ch/valgine VICENTERRA Boncourt www.vicenterra.ch WENGER Delémont www.wenger.ch LUCERNE CARL F. BUCHERER Lucerne www.carl-f-bucherer.com CHRONOSWISS Lucerne www.chronoswiss.com OCHS UND JUNIOR Lucerne www.ochsundjunior.ch SEQUENT Lucerne www.sequentwatch.com NEUCHÂTEL ACCORD WATCH La Chaux-de-Fonds www.accordwatch.com ALEXIS GARIN Les Verrières www.alexisgarin.ch ARNOLD & SON La Chaux-de-Fonds www.arnoldandson.com AZIMUTH Neuchâtel www.azimuthwatch.com BALL WATCH La Chaux-de-Fonds www.ballwatch.com BIJOUMONTRE La Chaux-de-Fonds www.bijoumontre.com BLAULING Chézard-Saint-Martin www.blauling.com BOMBERG Neuchâtel www.bomberg.ch BOUCHERON (Kering) Cortaillod www.boucheron.com BULER La Chaux-de-Fonds www.buler.ch BULGARI (LVMH) Neuchâtel www.bulgari.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CERTINA (Swatch Group) Le Locle www.certina.com CHAMPS ÉLYSÉES Neuchâtel www.champselyseestimepieces.com CHATELAIN La Chaux-de-Fonds www.chatelain.ch CHRISTOPHE CLARET Le Locle www.christopheclaret.com CHRISTOPHE SCHAFFO La Brévine
JULIEN COUDRAY 1518 Le Locle www.juliencoudray1518.ch JUVENIA La Chaux-de-Fonds www.juvenia.com LOUIS MOINET Saint-Blaise www.louismoinet.com MAITRES DU TEMPS La Chaux-de-Fonds www.maitresdutemps.com MARATHON La Chaux-de-Fonds www.marathonwatch.com MARVIN Vaumarcus www.marvinwatches.com MCGONIGLE STEPHEN Neuchâtel www.mcgonigle.ie MCT Neuchâtel www.mctwatches.com METAL.CH Neuchâtel www.metalch.com MIDO (Swatch Group) Le Locle www.mido.ch MOUAWAD Les Breuleux www.mouawad.com MUREX Le Locle www.murexwatch.com OPTIMA Le Locle www.optimawatch.com PANERAI (Richemont) Neuchâtel www.panerai.com PARMIGIANI FLEURIER Fleurier www.parmigiani.ch PIERRE THOMAS La Chaux-de-Fonds www.pierrethomas.ch RAIDOX Le Locle www.raidox.ch RENLEY Neuchâtel www.renley.com RIBA MUREX Le Locle www.murexwatch.com ROTARY La Chaux-de-Fonds www.rotarywatches.com SCHWARZ-ETIENNE La Chaux-de-Fonds www.schwarz-etienne.ch SULTANA La Chaux-de-Fonds www.sultana.ch TAG HEUER (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.tagheuer.com TAUCHMEISTER La Chaux-de-Fonds www.michel-perrenoud.ch TELOS La Chaux-de-Fonds www.teloswatch.ch TEMPVS COMPVTARE Neuchâtel www.tempvscompvtare.ch TISSOT (Swatch Group) Le Locle www.tissot.ch ULYSSE NARDIN (Kering) Le Locle www.ulysse-nardin.com VOUTILAINEN Môtiers www.voutilainen.ch VULCAIN Le Locle www.vulcain-watches.ch WAKMANN La Chaux-de-Fonds www.wakmann.ch WALTHAM Marin-Epagnier www.waltham.ch ZENITH (LVMH) Le Locle www.zenith-watches.com OBWALD ALBERT RIELE Sarnen www.albertriele.ch ANTOINE MARTIN Alpnach www.antoinemartin.ch
EUROPA STAR PREMIÈRE | 31
MUSE St-Cergue www.muse-watches.com PHILIPPE DUFOUR Le Sentier www.philippedufour.com PIERRE DEROCHE Le Lieu www.pierrederoche.com REBELLION Lonay www.rebellion-timepieces.com REUGE (automates) Sainte Croix www.reuge.com REVELATION Lully www.revelation-watches.ch ROD Lausanne www.rodwatches.ch ROMAIN GAUTHIER Le Sentier www.romaingauthier.com SLYDE Luins www.slyde.ch SPEAKE-MARIN Bursins www.speake-marin.com VALBRAY Lausanne www.valbray.ch VINCENT CALABRESE Morges www.vincent-calabrese.ch
SCHAFFHOUSE A. LANGE & SOEHNE (Richemont) Schaffhouse www.lange-soehne.com H. MOSER & CIE (Melb Holding) Neuhausen am Rheinfall www.h-moser.com IWC (Richemont) Schaffhouse www.iwc.ch SCHWYTZ COINWATCH Pfäffikon www.coinwatch.ch LUMINOX Freienbach www.luminox.com MIRA Pfäffikon www.mirawatch.ch PHILIP ZEPTER Wollerau www.zepter.com SOLEURE
THE GLOBAL WATCH WORLD BROUGHT TO YOU 5 TIMES PER YEAR 5 issues | 130-160 pages airmail delivery | CHF 90 / US$ 90
ZOUG
ARLEA Wolfwil AUREMA Grenchen www.aurema.ch BREITLING Grenchen www.breitling.com CAT Solothurn www.catwatches.com COACH Grenchen www.coach.com COVER WATCHES Solothurn www.coverwatches.com CYCLOS Dornach www.cyclos-watch.ch ETERNA (Haidian) Grenchen www.eterna.ch FAVRE LEUBA Solothurn www.favre-leuba.com FORTIS Grenchen www.fortis-watches.com GENIE Lohn-Ammannsegg www.genieswiss.ch HARWOOD WATCH CO. Grenchen www.harwood-watches.com JOWISSA UHREN Bettlach www.jowissa-watches.com KIENZLE Egerkingen www.kienzleuhren.de MANJAZ Nidau www.manjaz.ch NORD ZEITMASCHINE Büsserach www.nord-zeitmaschine.ch PORSCHE DESIGN Grenchen www.porsche-design.com ROAMER Soleure www.roamer.ch SWISS MILITARY-HANOWA Solothurn www.swissmilitary.ch TITONI Grenchen www.titoni.ch
TIMEX (Timex Group) Manno www.timexgroup.com VERSACE (Timex Group) Manno www.versace.com ZITURA WATCH Magliaso www.zitura.com THURGOVIE ANDREAS STREHLER Sirnach www.astrehler.ch HANHART Diessenhofen www.hanhart.com VALAIS WEST-END Leytron www.westendwatchco.ch
DIETRICH Zoug www.dietrich-watches.com GC WATCHES (Timex Group) Zoug www.gcwatches.com RAM Cham www.ram-watches.ch RECONVILIER Zoug www.reconvilier.com ZURICH ALEXORA Zurich www.alexora.com BÓLIDO WATCH SÀRL Dübendorf www.bolido.rocks CAMEL ACTIVE Zurich www.mondaine.com CARL SUCHY Zurich www.carlsuchy.com
VAUD
ADRIANO VALENTE Lausanne www.adrianovalente.com ALAIN SAUSER CRÉATION Chamby www.alainsauser.ch ALFRED ROCHAT - AROLA Les Bioux www.arola-alfred-rochat.ch ANONIMO Chavannes-de-Bogis www.anonimo.com ARCADIA Versoix www.arcadiageneve.ch AUDEMARS PIGUET Le Brassus www.audemarspiguet.com BLANCPAIN (Swatch Group) Paudex ST. GALL www.blancpain.com BREGUET (Swatch Group) L'Abbaye www.breguet.com LUNESA Sevelen www.lunesa.com C3H5N3O9 Gand www.c3h5n3o9.com CHAUMET (LVMH) Nyon www.chaumet.com TESSIN CHRISTIAN JACQUES Lausanne www.christian-jacques.com ADRIATICA Camorino www.adriaticawatches.ch CLAUDE MEYLAN Le Pont www.claudemeylan.ch ALFEX Manno www.alfex.com DE HAVILLAND Yverdon-les-bains BALCO WATCH Mendrisio www.balcowatch.ch www.dehavilland-watches.com BUCCELLATI Chiasso www.buccellati.com DODICI Montreux www.dodici.ch CANOPUS Magliaso www.amanzoni.com EVILARD WATCH SA Aubonne www.evilard-watch.com CUERVO Y SOBRINOS Capolago FRERES ROCHAT (Automates) Le Brassus www.cuervoysobrinos.com www.freres-rochat.com DAMIANI Manno www.damiani.com HD3 COMPLICATION Luins DIANTUS Mendrisio www.hd3complication.com DWISS Lugano www.dwiss.com HUBLOT (LVMH) Nyon www.hublot.com EBERHARD Paradiso www.eberhard-co-watches.ch HYSEK Lussy-sur-Morges www.hysek.com GUESS Bioggio www.guesswatches.com JAEGER-LECOULTRE (Richemont) Le Sentier ORA Locarno www.oraswisswatch.com www.jaeger-lecoultre.com SALVATORE FERRAGAMO (Timex Group) Manno JANVIER Ste-Croix www.vianney-halter.com www.ferragamotimepieces.com JORDI Nyon www.jordiwatches.com SEA-GOD Chiasso www.sea-god.ch LOUIS GOLAY Lonay www.louisgolay.com RL_Eurotec-Bulletin_98x47_v1.pdf 1 13.02.17 18:30 TENDENCE Lugano www.tendencewatches.com MANUFACTURE ROYALE Vallorbe TIFFANY Chiasso www.tiffany.com www.manufacture-royale.com
CORNAVIN Zurich www.cornavin-watches.ch HELVETICA Zurich www.mondaine.com JUSTEX Zurich www.justex.ch LALIQUE Zollikerberg www.lalique.com LES MILLIONNAIRES Zurich www.millionnaires.ch M-WATCH Zurich www.mondaine.com MARC JENNI Zurich www.marcjenni.com MAURICE DE MAURIAC Zurich www.mauricedemauriac.ch MIKI ELETA (Pendules) Zurich www.eleta.ch MONDAINE Zurich www.mondaine.com MONTILIER Zurich www.montilier.com O&W Zurich www.chronotime.ch PAUL GERBER Zurich www.gerber-uhren.ch PHILIP STEIN Kilchberg www.philipstein.com SEVENFRIDAY Zurich www.sevenfriday.com SWAROVSKI Männedorf www.swarovski.com TORSO Zurich www.torsoswiss.ch URBACH Zurich www.urbach.ch WEINBECK Zurich www.weinbeck.ch WERENBACH Zurich www.werenbach.ch XEMEX Zurich www.xemex.ch ZASPERO Regensdorf www.zaspero.com (Liste non contractuelle)
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EUROPA STAR PREMIÈRE 25 route des Acacias, P.O. Box 1355, CH-1211 Genève 26 / Suisse / Tel: +41 22 307 78 37 / Fax: +41 22 300 37 48 / contact@europastar.com / www.europastar.ch/abo Rédaction: Pierre Maillard: pmaillard@europastar.com, Serge Maillard: smaillard@europastar.com, Ashkhen Longet (digital): longet@europastar.com Publicité, Marketing & Communication: Marianne Bechtel (Bab-Consulting): mac@bab-consulting.com tél. +41 79 379 82 71, Nathalie Glattfelder: nglattfelder@europastar.com, Véronique Zorzi: vzorzi@eurotec-bi.com, Catherine Giloux: cgiloux@europastar.com, Jocelyne Bailly: jbailly@europastar.com, Ashkhen Longet: longet@europastar.com, Myriam Laugier (Force Promotion), mlaugier@force-promotion.ch tél. +41 22 343 02 02 Graphisme: Alexis Sgouridis: asgouridis@europastar.com Direction du groupe Europa Star HBM: Philippe Maillard Éditeur: Serge Maillard Les publications du groupe Europa Star HBM: Europa Star Global, Europa Star Première, Watch Aficionado, Watches for China, Eurotec & Bulletin d’informations Sites web & iPad du groupe Europa Star HBM: www.europastar.ch, www.europastar.com, www.watches-for-china.com, www.watches-for-china.cn, www.watch-aficionado.com, www.horalatina.com, www.europastar.es, www.europastarwatch.ru, www.cijintl.com, www.worldwatchweb.com, www.eurotec-online.com UNE PUBLICATION D'EUROPA STAR HBM SA. Les propos exprimés par les auteurs n’engagent que ces derniers. EUROPA STAR, MANUFACTURE ÉDITORIALE HORLOGÈRE DEPUIS 1927
ABONNEMENT EUROPA STAR PREMIÈRE (journal, français) • 5 numéros/an CHF 50.EUROPA STAR GLOBAL (magazine, anglais) • 5 numéros/an CHF 90.BULLETIN D'INFORMATIONS (français, allemand) Environnement professionnel • 7 numéros/an CHF 65.-
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