POINT DE VUE Thorax
Radiofréquence pulmonaire pour pathologie pulmonaire maligne Point de vue de l’anesthésiste Dr Fabrice Lakdja*, Dr Jean Palussière **, Hélène Labeyrie-Lagardère***
SCÉNARIO
RÉSUMÉ Le traitement par ablathermie des lésions pulmonaires cancéreuses, primitives ou secondaires, est une approche thérapeutique éprouvée depuis la première série clinique en 2000. L’objectif est de maîtriser par voie locale l’évolution tumorale au moyen d’agents physiques, en détruisant les cellules par des modifications de température et sous guidage de l’imagerie. Hormis ses prétentions curatives dans le cadre des tumeurs malignes pulmonaires, ce traitement offre de nouvelles possibilités dans la prise en charge palliative des tumeurs primitives non opérables. Cette procédure, bien que décrite comme “minimal invasive” reste douloureuse, inconfortable et sujette à complications pour un patient soumis à une simple anesthésie locale. Elle nécessite le plus souvent le recours à l’anesthésie générale ou locorégionale dans une logique de sécurité, même si elle se déroule hors du bloc opératoire dans une salle d’imagerie (sous contrôle de TDM le plus souvent). Les conditions interventionnelles sont régies par les mêmes règles sécuritaires que dans un bloc opératoire en y incluant les garanties de radioprotection. L’interdisciplinarité incluant le radiologue, l’anesthésiste et parfois le psychologue représente une plus-value de prise en charge concertée pour des patients atteints de cancers pulmonaires souvent fragiles avec une faible réserve physiologique et une lourde charge allostatique.
INTRODUCTION De nouvelles dispositions législatives et réglementaires placent l’individu au cœur de la pratique médicale (loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé). Ainsi sont privilégiés son autonomie et son consentement, ses droits et ses devoirs ainsi que ceux des professionnels de la santé.
*Département d’anesthésie-réanimation et département du CARE (coordination, accompagnement, réhabilitation, éducation), Institut Bergonié, Centre régional de lutte contre le cancer, Bordeaux ** Département d’imagerie médicale, Institut Bergonié, Centre régional de lutte contre le cancer, Bordeaux ***Psycho-oncologue, Institut Bergonié, Bordeaux
La relation thérapeutique prend la forme d’un partenariat dans lequel le patient joue un rôle actif tout au long du traitement. Le patient est aussi un acteur de l’amélioration de la qualité des soins. Il a donc droit aux soins, au libre choix du professionnel et de l’institution de santé, à la personne de confiance, à être accompagné et informé. Il a également des devoirs, notamment celui de donner aux professionnels les renseignements les plus complets sur sa santé. Tous ces principes sont à réunir pour assurer un parcours “sans trop de fautes” au patient qui bénéficie d’une anesthésie pour radiofréquence pulmonaire (1, 2).
onKo + • Novembre-Décembre 2013 • vol. 5 • numéro 42
La première rencontre, habituellement, entre l’anesthésiste et le patient, a lieu lors de la consultation. C’est donc à ce moment clé de l’engagement mutuel que les explications sur le déroulement de l’acte de radiologie interventionnelle, coanimé par le radiologue et l’anesthésiste, doivent être précisées de manière claire et loyale. Après avoir noté, avec détail, les antécédents du patient (y compris les médications en cours), le dialogue singulier pourrait alors prendre la forme suivante : L’anesthésiste : Bonjour, votre cancérologue vous a proposé un traitement par radiofréquence de la lésion qui existe dans votre poumon. Ce traitement semble être le plus approprié pour vous. Le radiologue que vous avez vu récemment vous a expliqué la technique, n’est-ce pas ? Vous avez également dû signer le consentement qui signifie que vous êtes d’accord. Permettez-moi de vous rappeler que cette technique consiste en l’ablation par radiofréquence (RFA) des tumeurs en utilisant comme source d’énergie un générateur de radiofréquence. Ce dernier permet de faire passer du courant électrique alternatif à l’aide d’une aiguille introduite par voie percutanée dans la tumeur, en la guidant par échographie, par scanner ou par IRM. Au fur et à mesure que les cellules chauffent, elles sont détruites. 161